Pleyel 18 Juin LSO Haitink Pires Purcell Mozart Schubert

Chaconne Purcell
Concerto K488 23 Mozart
Symphonie 9 Schubert

Parti à l'entracte après la Chaconne et le Concerto, ce que je n'avais fait qu'une seule fois en 40 ans.

Je n'en dis pas plus pour le moment, préférant laisser du temps à l'installation d'un peu de tempérance, pour un avis qui va être très tranché, hélas

dimanche 17/06 2012 16:00

Henry Purcell Funeral Music for Queen Mary (arr. Steven Stucky)
Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour piano n° 20
Anton Bruckner Symphonie n° 7

lundi 18/06 2012 20:00
Henry Purcell Chaconne en sol mineur
Wolfgang Amadeus Mozart Concerto pour piano n° 23
Franz Schubert Symphonie n° 9 " La Grande "

London Symphony Orchestra
Bernard Haitink : direction
Maria-João Pires : piano

Je n'ai assisté qu'au concert de lundi, mais il se peut que certains membres du forum soient venus dimanche.

Le LSO en fin de saison, c'est fini ! Déjà l'an passé ! Que se passe-t-il avec Haitink ?
La Chaconne, ça allait. Le 23e de Mozart, ce n'était pas très habité et le 3e mouvement était plutôt chiant, mais bon...
Par contre la 9e de Schubert, alors là non !
Ce fut un massacre, et en particulier le 3e mouvement ! J'ai eu du mal à me retenir d'éclater de rire par moment, en particulier pendant les tutti grossiers, où le timbaliers devait penser qu'il jouait la 4e de Chosta !
Le LSO jouit encore d'une grande réputation, il faut voir comment ils ont été accueillis dans une salle comble, mais quelle déception. Quand à Haitink...
On était à des années lumières de la Grande donnée par le BFO et Fisher cette saison !
Quelqu'un m' a raconté que c'était mieux le lundi que le dimanche, et j'ai du mal à me l'imaginer.
Allez on oublie ce concert au plus vite.

Dis donc y avait déjà un sujet ouvert par Thierry juste la ligne d'en dessous!

Xavier a écrit:

Dis donc y avait déjà un sujet ouvert par Thierry juste la ligne d'en dessous!

Tu vois à quel point je suis traumatisé !

Sinon Thierry a bien fait de partir à l'entracte !

À la fois énervé et peiné.

Énervé (très) parce que:
- orchestre brouillon (je reste poli), moins en place qu'un orchestre d'élèves de conservatoire de quartier

- semblant découvrir les partitions (les premiers et seconds violons oh my god..), décalages permanents entre les instruments d'un pupitre, entre les pupitres, entre l'orchestre et le piano

- Purcell joué en pensant sans doute que c'était la Nuit Transfigurée

- Texture de l'orchestre dans le concerto pouilleuse, informe, aléatoire (très) quand la texture de cet orchestre se veut jouissive (premier mouvement) par l'introduction des clarinettes dont WAM parle abondamment dans ses lettres

- Toutes les phrases de l'orchestre jouées "à plat" sans aucun discernement rhythmique et mélodique

- une direction absente, totalement

- Pires: seul objectif apparent: essayer de jouer "joli" au milieu d'un orchestre en pleine débâcle. Etait-il possible d'avoir d'autres intentions? Oui sans aucun doute, tant pis pour le LSO et Haitink!

Un pied droit frénétique sur la pédale forte, mais qui ne s'en sert quasiment pas!!!! Comme si quelqu'un lui avait dit juste avant de rentrer sur scène: la pédale dans Mozart, c'est MAL. Bilan: piano inaudible au 8eme rang. Aberration totale d'un choix débile de jouer avec le moins de pédale possible dans une salle comme Pleyel.

Tout ce qui est "festif" ou un peu "espiègle" dans le premier mouvement (comme les petites gammes descendantes et montantes entre le premier thème au piano et le second) est joué pianissimo, "joli", sans aucune articulation, comme si ces parties étaient à cacher, parce que ce ne sont que des gammes.

Un adagio dont le tempo m'a paru juste (un peu plus rapide que la tradition actuelle), mais encore et toujours tout joué à plat, sans aucune vision ni pensée.
Et une ornementation affligeante dans la dernière partie de ce mouvement, au moment où le piano égraine très peu de notes, et où tout le challenge est de conduire cette longue et lente agonie, sans fioritures déplacées, où le vide au sein de ce chant à toute sa signification, et où il s'agit de transmettre la ligne aux auditeurs par les intensités de chaque note. Mais pour çà, il faut à la fois avoir essayé de faire sien l'ADN de ce mouvement, et ne pas avoir peur de son instrument pour sortir par son intermédiaire les choses les plus profondes que l'on a en soi.

Peiné parce qu'il est triste d'assister à la déchéance d'un grand chef, parce que c'était la première fois que j'écoutais le LSO, parc que le public a quand même fait un triomphe à la fin du concerto. Sans doute pour WAM. J'espère. J'espère. J'espère.

Je me trouve bien indulgent du coup !

Si tu as trouvé tous ces défauts, je ne sais pas ce que tu aurais pensé de la 9e de Schubert.

Le plus triste en effet, c'est de voir Haitink diriger de cette façon, surtout quand on a connu de si grands concerts avec ce chef.
Je ne retournerai pas l'écouter, ça fait trop mal.

J'y étais dimanche soir pour le 20e concerto et la 7e de Bruckner et ce fut un moment bien douloureux, pas seulement à cause de la chaleur de bête qui a rendu totalement vaine la lutte contre le sommeil. Un 20e concerto à peine décoratif, joli joli, sans intérêt, Pires quoi. Une 7e de Bruckner dirigée façon loukoum, d'une mollesse rare, creuse de bout en bout, à vous dégoûter de Bruckner. En fin de compte, l'arrangement de Purcell par Steven Stucky fut le meilleur moment de la soirée... L'orchestre est plutôt très beau, d'habitude toujours un peu lisse, mais là avec l'ami Bernard dans Bruckner c'était du sirop de synthèse. On est surtout triste pour Haitink.

@ Utnapistim: tu n'as pas vu la jambe droite de Pires s'agiter en permanence? A un moment, j'ai cru qu'elle était souffrante. Et puis, je crois que non. Son pied se posait sur la pédale sans l'enfoncer, précisément, comme si elle s'empêchait de mettre la pédale prévue de longue date.

La "direction" de ce concerto n'est pas "monstrueusement difficile", de nombreux pianistes le dirigent du piano, y compris en concert. Je l'ai joué. Les difficultés sont ailleurs. Et il peut arriver que malgré un travail en profondeur avant le concert, le concert lui-même ne soit pas à la hauteur de ce qui a été investi. La fraction de seconde de naturel, la liberté d'esprit, se mettre devant son piano et l'orchestre et jouer comme si on composait le concerto, en osant se surprendre soi-même. Pour moi les grands interprètes de Mozart sont ceux qui ne jouent pas deux fois de la même manière parce qu'ils préservent une part d'inconnu.
Mais le langage, la prononciation, le discours et le dialogue sont toujours là.
Dans ce concerto d'hier soir, il n'y avait même pas ça qui est le résultat d'un travail. Comme une pièce de théâtre en allemand où les acteurs ne comprennent pas l'allemand. Alors le reste...

Alors quand j'ai vu ce concerto, je n'ai pas voulu assister au Schubert, presque par respect pour Haitink.

@ Hippolyte, je n'ose imaginer le 20 dans cette configuration. Ce concerto, lui, nécessite, une direction bien plus présente, la lutte piano-orchestre est violente.

En cherchant sur internet, j'ai trouvé cette critique virulente (LIEN) d'un concert identique donné l'année dernière le 18 juin 2011

Et malgré la monstruosité de leur réalisation, ils ont recommencé cette année. C'est se foutre de notre g....

Tant qu'ils seront acclamés par une salle comble, ils continueront. Il y a des gens qui me regardent comme un extraterrestre parce que j'ose critiquer le LSO et Haitink. Parfois dans la foule, on se sent bien seul...

Utnapištim a écrit:

Tant qu'ils seront acclamés par une salle comble, ils continueront. Il y a des gens qui me regardent comme un extraterrestre parce que j'ose critiquer le LSO et Haitink. Parfois dans la foule, on se sent bien seul...

Moi j'adore le LSO, mais pas Haitink... j'avais d'ailleurs vu cette 7è de Bruckner, mais avec le Chicago. Quand je lis l'intervention d'Hippolyte, ça correspond à ce que j'avais alors entendu.

Je serais tout de même un peu moins négatif, au moins en partie.

Passons sur le Purcell, espèce de globi-boulga assez infâme. De belles cordes, certes, mais très épaisses, au point qu'on ne se rendait même pas compte que c'était une chaconne. Aucun intérêt.

Personnellement, j'avais bien aimé le K 595 de Pires et Hatink la saison dernière, que j'avais trouvé pudique et juste. Mais leur K 488 était vraiment rasoir. Pas tant à cause de Haitink, d'ailleurs, dont j'ai trouvé la direction "seulement" sans intérêt particulier mais pas honteuse, qu'à cause de Pires. Pendant un temps, je me suis dit que ce piano qui se fondait dans l'orchestre n'était pas désagréable ni même hors sujet dans ce concerto. Mais, au fur et à mesure qu'on avançait, ce jeu si peu timbré, si peu engagé est devenu d'un ennui pénible. On n'avait même pas du vrai beau son : le début de l'adagio était incroyablement passe-partout (Lupu dans Schumann était tout aussi rasoir, mais il y avait au moins de belles sonorités). D'accord avec Thierry N sur le côté agaçant de l'ornementation à la fin de l'adagio.

La symphonie fut bizarre, mais pas si mal. Haitink est devenu un mystère pour moi depuis quelques années. Il alterne l'excellent et le plan-plan de façon déconcertante. Il peut être vif et engagé (ses Beethoven avec le LSO, une fabuleuse 101e de Haydn avec Chicago), un peu bon papy mais avec de la tenue (le reste de ses concerts avec Chicago, sa 4e de Bruckner avec le LSO) ou juste chiant (ses Beethoven avec le COE).

Nouvelle facette hier, pas Boring Bernard, mais Weird Bernard. L'introduction du premier mouvement était loupée, plate, les cornistes incapables de créer une atmosphère au début et le reste à l'avenant. Suit un allegro rapide et martial, assez excitant et anti-sentimental au possible, parfois un peu léger à mon goût (thème aux trombones à la fin de l'exposition). Fin sur un pataquès : on le sait, le retour du thème des cors à la fin du mouvement ne sonne pas bien dans l'orchestration originale. Je suis pour une retouche de l'orchestration (cf. versions Böhm/Dresde ou Jochum/radio bavaroise). Haitink a tenté quelque chose, je pense en modifiant la partie des cors, en les faisant jouer à quatre au lieu de deux. Mais le dosage entre les pupitres n'était pas bon, et, en refusant de ralentir à l'apparition du thème, comme c'est en général le cas, il a juste donné l'impression d'un foutoir pas possible.

Andante pris assez rapidement, mais très curieux dans ses équilibres orchestraux. J'ai l'impression que Haitink voulait faire entendre des choses un peu enfouies d'habitude. Dans ce sens, c'était réussi, mais on entendait parfois le secondaire au détriment du principal, spécialement dans le thème lyrique, curieusement présenté.

Scherzo pas mal, mais trio assez grossier. Ce n'est pas la première fois que je l'entends joué trop fort, il doit être assez difficile à réussir. Finale plus classique, bien projeté en avant, manquant un poil de grandeur à mon goût.

Je me suis dit que Haitink avait voulu rééditer ce qu'il avait fait avec Beethoven, c'est-à-dire une lecture influencée par les baroqueux, plus rapide et plus sèche. Ca marchait bien avec Beethoven, moins avec Schubert, mais ce n'était pas inintéressant, au total.

@ Stolzing: Heuhhh, ce que tu dis et les termes choisis me semblent au moins aussi que les miens

Pour l'adagio, je recommande une réécoute sur Radio Classique de Pennetier aujourd'hui vers 12h (émission de Morin).
Il est sublime. Et la fin de mouvement est parfaitement dite en "mots" et silences et non en phrases ornementées qui démontrent à quel point on s'en fout de l'œuvre, du style, du langage, discours et dialogues de cette musique qui parle.
J'adore ce pianiste dont à la fois le son et la vision me semblent au-delà de beaucoup d'autres. L'année dernière salle Gaveau fantaisie et sonate en ut mineur dont je ne me suis toujours pas remis et un 22ème concerto sublississime (avec un petit trou de mémoire dans le second mouvement qui montre qu'il est quand même humain ).

Je viens de réaliser avec un soupçon d'angoisse que j'ai réservé pour le 4ème concerto de Beethoven, Murray Perahia, philarmonique de Vienne, et... Haitink.

Pourvu que le Vienne prenne la décision de jouer tout seul