ONP : Tosca, Octobre-Novembre 2012 (Carignani, Schroeter)

Tosca : 29/10/2012

Opéra Bastille, Paris

Floria Tosca : Martina Serafin
Il Cavaliere Cavaradossi : Marco Berti
Scarpia : Sergey Murzaev
Cesare Angelotti : Nicolas Testé
Il Sagrestano : Luciano Di Pasquale
Spoletta : Simeon Esper
Sciarrone : Michal Partyka
Un Carceriere : Christian Tréguier

Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine
Direction : Paolo Carignani

Mise en scène : Werner Schroeter


La mise en scène de Tosca par Schroeter est une de celles qui est sûrement la plus reprise depuis des années... et on se demande un peu pourquoi vu la relative pauvreté de la mise en scène.
Le premier acte a le mérite de se renouveler en fonction des années avec un nouveau tableau... mais sinon, on nage dans la mise en scène la plus banale possible avec un jeu d'acteurs réduits souvent au néant...
Le deuxième acte est déjà plus oppressant, avec ces formes géométriques, ces yeux qui surveillent l'action... et ce gouffre en fond de scène. Et si on dispose de deux bons acteurs, le tout prend miraculeusement vie !
Le troisième enfin est plutôt passe partout, avec toujours une Tosca dans la ligne de mire des fusils...

Du coup, c'est vraiment du côté musical qu'on attend quelque chose.
Pour l'orchestre, Paolo Carignani propose des choses intéressantes, en relevant des thèmes ou des soli d'instruments. Par contre, il semble avoir quelques difficultés à donner ses ordres aux musiciens vu les différents ratés qui émaillent la soirée. Mais la direction reste intéressante et l'orchestre très beau.

Comme souvent, les petits rôles sont très bien servis, même si on pourrait espérer un peu plus de caractérisation chez le Sacristain. Nicolas Testé fait sonner sa belle voix de basse dans les quelques répliques d'Angelotti, alors que le ténor Simeon Esper est un Spoletta parfait, glacial et veule.

C'est bien sûr le trio de tête qui est attendu. On commencera par la grosse faiblesse de la distribution : Marco Berti. Il y a déjà bien des années, il montrait un chant très massif et peu nuancé dans cette même salle de Bastille dans le rôle de Pinkerton. Ici, les débuts sont catastrophiques, avec une voix droite, des attaques fausses, des nuances inexistantes... autant dire que les couleurs du premier air passent totalement à la trappe... En cours d'acte, la voix se chauffe et les faussetés sont moins marquées... mais on reste toujours avec une voix très droite et passant du mezzo-forte au fortissimo sans beaucoup de nuances. On est loin de l'artiste exalté ici...
Sergey Murzaev par contre est impressionnant. Dès son entrée, son timbre franc et sa voix puissante donnent corps au personnage. Moins méchant et noir que souvent, il montre se failles et sa réelle passion dans le deuxième acte. Très à l'aise dans une tessiture qui montre aigus et graves superbes du chanteur, on trouve ici un vrai Scarpia en chair et en os, qui sait jouer et nuancer. Après ses très belles prestations à Bastille (Gérard dans Andrea Chénier, Tonio dans I Pagliacci, …), on peut espérer un Chaklovity magnifique puis un Barnaba maléfique à souhait !
Enfin Martina Serafin... La voix est lyrique, superbe, douce et puissant à la fois. Sa Tosca n'est pas la tragédienne dans la vie qu'elle est sur scène, mais bien une vraie femme amoureuse et passionnée. Alors si on passe un peu à côté de la hauteur que peuvent donner certaines interprètes, on est touché par la simplicité du chant et de la composition au final, qui est à l'image de sa prière : lyrique et passionnée, très belle... mais pas totalement bouleversante.

Au final, une bonne soirée, mais qui aurait demandé un Cavaradossi au niveau. En espérant par contre que cette reprise soit la dernière et qu'on puisse voir Tosca habillée de nouveaux habits à Paris !

Oui cette m e s est d'une ringardise totale, elle doit remonter à une vingtaine d'année - pour une oeuvre aussi populaire, l'ONP devrait la balancer et en concevoir une nouvelle !!

Cela étant, j'ai des proches qui ont vu cette reprise et m'ont dit ne pas avoir regretté le déplacement à cause de Serafin.

Montfort

Merci pour le CR !
Serafin revient bientôt à Bastille, pour la reprise de la Walkyrie. J'ai souvent lu beaucoup de louanges sur cette artiste que je n'ai jamais vue sur scène ; après avoir entendu sa Tosca, tu pourrais l'imaginer en Sieglinde, Polyeucte ?

Je l'imagine même plus en Sieglinde qu'en Tosca... elle pourra plus lacher la bride je pense... Et y aller franchement dans le lyrisme. Ici, elle semblait essayer de trouver un juste milieu entre lyrisme et drame... et du coup se retrouvait un peu trop retenue par moments...

En tout cas, elle saute très bien dans le vide à la fin!


Mais ça peut donner une très bonne Sieglinde je pense!

Montfort a écrit:

Oui cette m e s est d'une ringardise totale, elle doit remonter à une vingtaine d'année - pour une oeuvre aussi populaire, l'ONP devrait la balancer et en concevoir une nouvelle !!

Cela étant, j'ai des proches qui ont vu cette reprise et m'ont dit ne pas avoir regretté le déplacement à cause de Serafin.

Montfort

Du moment qu'elle fait le bonheur de la billetterie. Nul besoin d'investir ici. D'autant moins que nous nous sommes habitués à un faible nombre de nouvelles productions.

Polyeucte a écrit:

Je l'imagine même plus en Sieglinde qu'en Tosca... elle pourra plus lacher la bride je pense... Et y aller franchement dans le lyrisme. Ici, elle semblait essayer de trouver un juste milieu entre lyrisme et drame... et du coup se retrouvait un peu trop retenue par moments...

En tout cas, elle saute très bien dans le vide à la fin!


Mais ça peut donner une très bonne Sieglinde je pense!

Très impressionnant ce saut dans la vide, c'est presque la seule chose qui n'est pas complètement à côté de la plaque dans ce spectacle sinistre...

Tant mieux pour Serafin, j'attends donc sa Sieglinde avec une impatience redoublée

Je trouve que le deuxième acte fonctionne plutôt pas mal... sinon le reste est franchement moche et vide...

Polyeucte a écrit:

Je trouve que le deuxième acte fonctionne plutôt pas mal... sinon le reste est franchement moche et vide...

Scarpia broute toujours une fleur à la fin du I ?

Ah non... ça y avait que Samuel Ramey qui le faisait! (ni Ferrari ni Murzayev ne le font en tout cas...)

Polyeucte a écrit:

Ah non... ça y avait que Samuel Ramey qui le faisait! (ni Ferrari ni Murzayev ne le font en tout cas...)

Je ne me souviens pas si Laffont le faisait ou pas.

Polyeucte a écrit:

Ah non... ça y avait que Samuel Ramey qui le faisait! (ni Ferrari ni Murzayev ne le font en tout cas...)

Et encore, il paraît que certains soirs Ramey lui-même renonçait à ce geste gastro-botanique. Dommage, ça donnait à son interprétation un poids dramatique considérable...

Montfort a écrit:

Oui cette m e s est d'une ringardise totale, elle doit remonter à une vingtaine d'année - pour une oeuvre aussi populaire, l'ONP devrait la balancer et en concevoir une nouvelle !!

Il y a quinze ou vingt ans, j'y étais, elle était déjà d'une ringardise, d'une laideur et d'une indigence totales. Et ringarde en se voulant moderne, le pire donc.
La servir encore, ça devient vraiment indigne.