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| La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques | |
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Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:22 | |
| Le but de ce fil est de donner un éclairage sur la musique religieuse française au 17ème et 18ème siècle afin de guider le mélomane dans ses choix discographiques. Le répertoire étant assez touffu et, à mon humble avis, confus pour un grand nombre d'entre nous.
I CONTEXTE HISTORIQUE
Suite à la naissance du protestantisme, l’Eglise catholique est affaiblie. Cette dernière, afin de fortifier la foi des catholiques, mène une révolution intérieure et convoque un concile : le concile de Trente (1545-1563). Il s’agit de rétablir la morale, en particulier au sein du clergé, et de punir l’hérésie. Le concile de trente contribuera également à rapprocher le peuple de son Eglise. La messe étant au centre de la vie du fidèle catholique, les efforts du clergé se portent sur l’établissement d’une grand-messe chantée fastueuse ayant pour but d’augmenter la ferveur religieuse des fidèles. Si Louis XIV a toujours refusé l’ingérence du pape dans la réforme de l’Eglise de France, les réformes morales sont en revanche bien reçues. Par goût personnel et aussi certainement pour marquer sa différence, Louis XIV choisit pour sa messe quotidienne non pas la grand-messe mais la messe basse solennelle qui va petit à petit à partir de 1669 être également d’usage les dimanches et jours de fête permettant le développement du motet versaillais. L’ordinaire de messe n’est donc plus chanté à la Chapelle Royale. Le catholicisme des XVII et XVIII siècles est une religion qui se vit intérieurement mais l’intériorité ne peut pas atteindre le fidèle sans passer par l’extériorité sublime. Cette extériorité est manifestée, entre autre, par la musique.
Dernière édition par Hidraot le Mar 27 Nov 2012 - 12:46, édité 5 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:26 | |
| II DEFINITIONS
La liturgie catholique est complexe et il m’a semblé utile de définir certains termes qui nous serviront par la suite.
• La messe : célébration du sacrifice de l’eucharistie, point centrale de la vie du chrétien.
• L’office divin : prière basée sur l’écriture sainte que les clercs et les religieux sont tenus de réciter à des heures précises (liturgie des heures). Les offices sont différents en fonction de l’heure de la journée mais aussi du temps liturgique et des fêtes. Ils sont quasiment tous composés de la même manière : - psaume - lecture des écritures - répons - cantique
• Le psaume : il s’agit d’une prière poétique composée de plusieurs versets. Les textes sont d’origine hébraïque et sont regroupés dans le livre des psaumes. Ils sont au nombre de 150. Avant et après le psaume on chante une antienne. Parfois l’antienne peut être chantée entre les versets du psaume.
• L’antienne : c’est une courte pièce chantée avant et après un psaume ou un cantique lors des offices ou de la messe. Le texte est extrait de la Bible ou d’un texte de psaume ou encore est issu de la tradition chrétienne. Il est sensé éclairer le psaume ou le cantique en mettant en valeur un élément. Pendant la messe, l’antienne constitue également une partie du propre de la messe : l’introït, l’offertoire et la communion. Il existe également l’antienne libre qui est une prière chantée indépendante d’un psaume ou d’un cantique. Il existe 4 anciennes mariales (relatives à la Vierge) célèbres : - Alma maria redemptoris mater que l’on chante pendant l’avent et à Noël - Ave regina pour le carême jusqu’au mercredi Saint - Regina caeli de Pâques à la Pentecôte - Salve regina aux autres temps liturgiques
• Le répons : est une reprise chantée d’un court passage de la Bible lié au temps liturgique.
• Le cantique : il s’agit d’un chant d’action de grâce qui n’appartient pas au livre des psaumes et qui est intégré à la liturgie. Il est de forme versifiée et dérive de la Bible. Il y a 3 cantiques évangéliques du Nouveau Testament : - Benedictus chanté à Laudes - Magnificat chanté aux vêpres - Nunc dimittis à complies Il y a également 14 cantiques de l’Ancien Testament : 7 pour le carême et 7 pour le temps ordinaire. Il existe également un genre appelé le cantique spirituel qui est une sorte de « méditation lyrique à domicile ». Racine a ainsi traduit les écritures saintes et ces textes, en français, ont été mis en musique entre autre par Delalande et Collasse.
• L’hymne : est un poème religieux dit ou chanté pendant l’office divin. Les hymnes sont propres à l’heure, au temps liturgique ou à la fête.
• La séquence : pièce liturgique chantée à certaines fêtes faisant suite à l’alleluia (ou au trait pour les messes des défunts) - Le Victimae paschali chanté à Pâques - Le Veni sancte spiritus à la Pentecôte - Le Lauda sion salvatorem à la Fête-Dieu - Le Dies Irae (ou prose des morts) chanté en commémoration des défunts le 2 novembre ou lors des messe de requiem - Le fameux Stabat mater dolorosa chanté le jour de la mater dolorosa
• La leçon : est un passage de la Sainte Ecriture, des Pères de l'Eglise ou de la légende d'un Saint lu ou chanté à l'office des matines. Les matines comportent en général 9 leçons réparties réparties en 3 nocturnes.
Dernière édition par Hidraot le Lun 19 Nov 2012 - 16:29, édité 3 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:28 | |
| III LES DIFFERENTS OFFICES DE LA JOURNEE
Les offices sont donc des prières que récitent les clercs et les religieux en fonction des heures du jour. Ils sont des « compléments » à la messe quotidienne. • Matines (ou vigiles) : a lieu vers minuit • Laudes : à l’aurore • Primes : à la première heure du jour • Tierce : à la troisième heure • Sexte : à la sixième heure • None : à la neuvième heure • Vêpres : au coucher du soleil • Complies : au coucher, prière intime. J’ai choisi de détailler 2 offices que l’on rencontre régulièrement dans la musique.
• Vêpres : elles ont lieu au coucher du soleil, en pratique aux alentours de 17h-19h. il s’agit du changement de jour liturgique. Elles sont composées de : - 5 psaumes accompagnés de leur antiennes - Une lecture - Une hymne - Un cantique : le magnificat - Une oraison
• Laudes : signifie louange, il s’agit de rendre grâce à Dieu pour le jour qui se lève. Elles sont composées de : - Une hymne - Un psaume et son antienne - Un cantique de l’Ancien Testament - Un répons - Un cantique du Nouveau Testament : Le Benedictus - Une oraison
Un Office particulier : L'Office des Ténèbres
• Composition de l'office des Ténèbres
Cet office avaient lieu aux matines des jeudi, vendredi et samedi Saint. Chaque office est composé de 3 nocturnes contenant chacun : - 3 leçons - 3 psaumes - 3 répons Donc il y avait 9 leçons par jour. Seules les leçons du premier nocturne étaient chantées soit 3 par jours et 9 au total.
Le premier nocturne (avec les leçons chantées) s'articulaient de cette manière : - Une antienne - Un psaume - Reprise de l'antienne - Première leçon - Premier répons - Deuxième leçon - Deuxième répons - Troisième leçon - Troisième répons - Miserere (psaume 50)
Les trois premières pièces sont en plain-chant ou en faux-bourdon et constituent l'introduction solennelle aux leçons. Les répons sont dans un style très différent des leçons. Le texte des leçons est inspiré des lamentation de Jérémie et évoque la destruction de Jérusalem. Chaque leçon (sauf la troisième du vendredi Saint) est divisée en verset chacun précédé d'une lettre de l'alphabet hébraïque (aleph, beth, ghimel, daleth, he ...) Chaque leçon se termine par un Jerusalem convertere
• Les leçons de Ténèbres (1660-1735) : un genre typiquement français
Les offices des Ténèbres avait donc lieu aux matines des jeudi, vendredi et samedi Saint. A la fin du règne de Louis XIV la célébration de ces offices est devenu un véritable évènement mondain : on payait un droit d'entrée et des chanteuses d'opéra venaient les chanter. Les offices ont alors été déplacés à la veille dans l'après-midi (les matines ayant lieu vers minuit ...) La tradition consistait à éteindre 14 des 15 cierges fixés sur un chandelier après chaque psaume plongeant ainsi l'assemblée progressivement dans l'obscurité. Les 15 cierges représentaient les 12 apôtres et les 3 Marie présentes au tombeau. L'extinction progressive représente les Ténèbres qui couvrirent la Terre à la crucifixion de Jesus Christ. C'est dans les temps les plus forts de la Passion que se déroulaient ses offices sublimes et d'une solennité à toute épreuve.
C'est Michel Lambert qui composa pour la première fois des leçons de Ténèbres en 1660 même si Guillaume Bouzignac avait fourni les premières esquisses. Lambert a réussi dans ses leçons une synthèse parfaite entre la monodie italienne et l'air de cour à la française, un mélange entre le mélisme pour les lettres hébraïques et la déclamation. Les leçons sont en général composées pour 1, 2 ou 3 voix et une basse continue.
Le style atteint son apogée avec Marc-Antoine Charpentier qui a composé 31 leçons, Michel-Richard Delalande et François Couperin. Mais de nombreux compositeurs se sont illustrés avec succès dans ce genre : - Jean Gilles : leçons avec choeur et orchestre - Jean-Baptiste Gouffet (1705) : 9 leçons - Sébastien de Brossard (1721): 9 leçons - Nicolas Bernier (1704-1726) : 15 leçons - Nicolas Clérambault : ses leçons ont été perdues. - Joseph Michel (1735) qui marque l'évolution finale de la leçon de Ténèbres. On perd en austérité et en solennité les voix sont plus utilisées dans des arias et les instruments concertant on fait leur apparition.
Il y a eu néanmoins, des évocations de leçons de Ténèbres plus tardivement : Jean-Jacques Rousseau a composé une leçon en 1772 et Michel Corrette 9 leçons en 1784.
Dernière édition par Hidraot le Lun 19 Nov 2012 - 17:24, édité 4 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:30 | |
| IV LA MESSE
Il s’agit du point central de la vie de chrétien. On y célèbre le sacrifice de l’Eucharistie. Elle est célébrée tous les jours sauf le vendredi Saint où les hosties utilisées ont été consacrées la veille. Musicalement, elle se compose : • D’un propre (spécifique d’une fête ou d’un Saint) : - Introït - Graduel - Alleluia - Offertoire - Communion • D’un ordinaire : les autres pièces qui peuvent donc être chantées quelque soit le temps liturgique.
• L’enchainement des pièces musicales est le suivant : - l’introït - Le Kyrie eleison - Le Gloria (n’est pas chanté en temps de pénitence = avent, carême …) - Le graduel, c’est à dire un psaume antiphoné ( = psaume + antienne) - L’Alleluia pour l’acclamation de l’évangile. Le credo - Une antienne d’offertoire - Le sanctus - Agnus dei - Une antienne de communion - Ite missa est qui clôture la célébration (+/- suivi du Deo Gratias)
• La messe de Requiem ou messe des défunts Elle est célébrée avant l’enterrement ou en souvenir des défunts. Le Gloria et le Credo sont supprimés L’Alleluia est également absent mais est remplacé par un trait accompagné d’une séquence : le Dies Irae. Cette messe est composée de : - Un introït : Requiem aeternam dona eis (Donne leur le repos éternel) - Un Kyrie - Un Graduel - Un trait + une séquence - Un offertoire - Un sanctus - Un agnus dei aux paroles spécifiques : le miserere nobis est remplacé par le dona eis requiem (prends pitié de nous -> donne leur le repos) et le dona nobis pacem est remplacé par le dona eis requiem sempiternam (donne nous la paix -> donne leur le repos éternel) - Une antienne de communion à structure de répons - Un Libera me
Dernière édition par Hidraot le Dim 18 Nov 2012 - 20:39, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:31 | |
| V USAGE DE LA MUSIQUE DANS LA LITURGIE
Il faut bien différencier la musique liturgique proprement dite et la musique non liturgique réservée à la Chapelle Royale.
• Musique à usage liturgique Cette musique est utilisée pour l’ordinaire et le propre de la messe et pour les offices. Il existe 3 sortes de musique à usage liturgique : - Le plain-chant : chanté uniquement par la schola de la Chapelle Royale. - Le faux bourdon : accompagnement du plain-chant en style note-contre-note. Ce style est peu utilisé et est généralement réservé au Miserere (psaume de Laudes). - La polyphonie : remplace parfois le plain-chant pour appuyer la solennité.
• Musique non liturgique Il s’agit du motet.
Dernière édition par Hidraot le Dim 18 Nov 2012 - 20:39, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:35 | |
| V LE MOTET
A l’origine, le motet est une composition à plusieurs voix qui nait au XIIIème siècle. Les textes sont alors profanes ou sacrés. Sous l’influence de Dufay, la langue vulgaire est remplacée par le latin. Au XVIème siècle le motet est uniquement religieux.
Le genre du motet religieux est réellement instauré fin XVI début XVII par Bouzignac, Formé et Moulinié pour ne citer que les plus connus.
Louis XIV, préférant la messe basse avec motet plutôt que la grand-messe chantée, c’est à lui que l’on doit le développement de ce qui florissait déjà. Les motets sont chantées pendant la messe basse et sont en général au nombre de 3 : - un grand motet - un petit motet - un domine salvum fac regem pour le salut du roi. Ils sont consignés dans des livres édités par quartier, destinés aux fidèles qui assistaient à la messe à la Chapelle Royale A la mort de Veillot, Louis XIV réorganise la Chapelle Royale : Les sous-maitres sont répartis en 4 quartiers au lieu de 2 semestres. Sont alors nommés deux compositeurs majeurs : Henry du Mont et Pierre Robert. Ils développent tous deux l’orchestre qu’ils veulent indépendant de la voix. Ainsi, alternent des parties orchestrales pures et des parties chantées. LULLY a bien sûr ajouté sa pierre à l’édifice et a fini d’asseoir le style du motet propre à la France.
Charpentier et Delalande représentent l’apogée du style. Charpentier, qui n’a jamais eu de charge à la Chapelle Royale, compose des motets sur des textes très variés et avec des effectifs plus important. En effet, ces motets étaient composés pour être chantés dans les couvents qui se multiplient dans la capitale (+77 couvents à Paris entre 1600 et 1670). Charpentier est également un des seuls compositeurs qui continuent à composer des messes. Delalande, avec ses 43 ans passés au service du roi Louis XIV puis Louis XV couvre une longue période allant de LULLY aux pré-ramistes. Il cherche à donner un rôle plus important aux solistes. Il est impossible de parler de motets sans citer Collasse, Campra et Bernier à Versailles, Desmarest et Gilles qui ne sont pas au service du roi et Nivers et Clérambault chargés des demoiselles de Saint-Cyr. Il ne faut pas oublier F. Couperin, célèbre pour ses messes pour orgues et les non moins célèbres Leçons de Ténèbres qui a également composé quelques motets.
On voit petit à petit s’éteindre le style du motet à la fin du XVIIIème siècle. Les derniers représentant de ce style étant Rameau et Mondonville.
Les motets sont de deux types : • Les grands motets : ce sont des hymnes, des psaumes ou des cantiques. L’effectif nécessaire au grand motet est : - des solistes formant le petit chœur - un grand chœur - un orchestre Il débute par une introduction orchestrale suivie des versets chantés en alternance par le grands chœur, le petit chœur, les solistes. Les chœurs et l’orchestre concluent la pièce. • Les petits motets : il s’agit de psaumes, hymnes, cantiques, poèmes ou autres textes liturgiques. Le texte est assez libre. L’effectif est plus petit : - une, deux ou trois voix - basse continue - parfois des flûtes ou des bassons
Disco à venir dans les jours qui viennent. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 20:54 | |
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| | | Glocktahr Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4707 Date d'inscription : 22/03/2009
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 21:05 | |
| Déjà j'ai une question : antienne, c'est masculin ou féminin ? Je n'ai jamais réussi à savoir. Merci pour ce sujet que je relirai avec concentration. Si le sujet des différents offices intéresse du monde, j'ai chez moi la règle de saint Benoit qui parle en détail de ces questions ("à tel office il faut chanter tel psaume ou tel autre..."), je n'ai fait que survoler ces passages mais je peux trouver les détails facilement. |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 21:39 | |
| C'est pénible mais c'est une hymne, une antienne et un répons Sinon, pour la règle de Saint Benoît, ce n'est pas valable pour tous les ordres monastiques, ça ne fonctionne que pour les bénédictins et les cisterciens. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 21:44 | |
| - Hidraot a écrit:
- Sinon, pour la règle de Saint Benoît, ce n'est pas valable pour tous les ordres monastiques, ça ne fonctionne que pour les bénédictins et les cisterciens.
Ca ne concerne que les monastères, ou les Soeurs aussi vivent sous la même règle ?
Dernière édition par Mélomaniac le Dim 18 Nov 2012 - 21:55, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 21:52 | |
| Les soeurs aussi ont leur règles. - Les mêmes que celles des hommes, par exemple, il y a des bénédictines et des cistérciennes - Des règles propres aux soeurs avec par exemple la règle pour les vierges. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 22:07 | |
| Ta synthèse est vraiment admirable ! Félicitations ! Elle va dissiper quelques confusions pour les néophytes (non les Matines n'ont pas lieu le matin !), et espérons que ce dossier va pousser le plus grand nombre à découvrir les trésors de ce répertoire ! ! Petite remarque : peut-être pourrais-tu ajouter dans ton §3 une explication de ce qu'est l'Office des Ténèbres (?) |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 22:12 | |
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| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 22:19 | |
| Pour la discographie, je vais procéder par thème et chaque thème sera étudié chronologiquement :
- Les grands motets - Les petits motets - Les messes - Les leçons de Ténèbres - Les cantiques spirituels - Les requiem - Les histoires sacrées - Les divers antiennes, hymnes, chants du salut ...
Dernière édition par Hidraot le Lun 19 Nov 2012 - 0:57, édité 1 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 22:28 | |
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| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 18 Nov 2012 - 22:52 | |
| LES CANTIQUES SPIRITUELS Je vais commencer par les cantiques spirituels parce-que c'est ce qu'il y a de plus simple. Racine a traduit les saintes écritures et a ainsi créée les cantiques spirituels, destinés à la maison de Saint-Cyr. Cette maison est une école ouverte par madame de Maintenon pour l'éducation des jeunes filles pauvres de la noblesse. Austérité et religiosité sont de mise. Ils sont au nombre de quatre : - Cantique I à la louange de la charité - Cantique II sur le bonheur des justes et sur le malheur des réprouvés - Cantique III plaintes d'un chrétien sur les contrariétés qu'il éprouve au dedans de lui-même - Cantique IV sur les vaines occupations des gens du siècle C'est à Moreau qu'a été confiée la mise en musique de ces cantiques. Elle n'a guère été appréciée et a été oubliée au profit de celle d'autres compositeurs : Pascal Collasse, élève de LULLY, il est sous-maitre de la Chapelle Royale avec Delalande a mis en musique les quatre cantiques. Il les définit lui même de façon admirable "Il faut remarquer que ces cantiques sont composés très simplement dans la pure explication des paroles". Il existe 2 enregistrements : - Christophe Rousset et les Talens lyriques Cette enregistrement est épuisé et j'ai jamais pu l'écouter. Sur le papier ça a l'air très bon. - Bismuth et le Concert Royal dont il n'existe pas de visuel mais que j'ai en ma possession qui est de grande qualité. Cet enregistrement est facilement trouvable en occasion. Michel-Richard Delalande n'a, à ma connaissance, composé que pour le cantique II S'il n'y a qu'un seul cantique spirituel à retenir ce sera pour moi celui-ci. Magnifique. 2 voix de dessus et un positif : le strict minimum garantissant une sublime austérité diablement efficace. Ce cantique n'a été enregistré que par William Christie et les Arts Florissants mais d'une telle façon qu'on a pas à le regretter. Jean-Noël Marchand a également composé pour les quatre cantiques. Sa mise en musique est intéressante car assez différente de ce qui se faisait à l'époque. Il existe un enregistrement tout à fait convenable. A noter que l'une des partie est tenue par une taille. Choix du chef ou prévu ainsi par le compositeur ? Je l'ignore. |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 0:20 | |
| LES MESSES POUR LES DEFUNTS Rares sont les compositions françaises ayant pour texte la messe de requiem. En effet, conformément au goût du monarque Louis XIV, les défunts sont célébrés lors de messes basses comprenant des motets tels le De profundis ou le Miserere. Marc-Antoine Charpentier Il a composé trois messes des morts : - la messe pour les trépassés H.2 (1671) - la messe des morts H.7 - la messe des morts H.10 Aucune d'entre elle n'utilise le texte du Requiem. La messe pour les trépassésComposée pour solistes, double choeur et orchestre, c'est la plus imposante messe des morts de Charpentier. Elle compte 5 parties : - Kyrie - Dies Irae, partie la plus imposante - Graduel et offertoire sont remplacés par un motet pour les trépassés appelé 'plainte pour les âmes du purgatoire' - Sanctus - Agnus Il n'y a donc ni Introït, ni antienne de communion ni Libera me. J'en connais 3 enregistrements, je ne crois pas qu'il y en ait d'autres. 2 sont au dessus : - Christie - Tubéry - Corboz a enregistré cette messe, mais elle est un peu hors style. La messe des morts H.7 Composée pour un choeur de moyenne importance et une basse continue. Elle est composée de : - un kyrie - un sanctus - un pie Jesu - un benedictus - un agnus dei au texte classique Elle a été enregistrée par Hervé Niquet et le concert spirituel La messe des morts H.10 Elle est composée pour 4 voix. Elle compte : ` - un kyrie - un dies irae - un sanctus - un pie jesu - un benedictus - un agnus dei Elle a été enregistrée lors de la saison anniversaire du Centre de Musique Baroque de Versailles par Pierlot et est contenue dans le coffret "200 ans de musique baroque à Versailles". André CampraSon requiem est daté des années 1700. Il est à la marge de la composition de Campra mais est pourtant une de ses oeuvres la plus jouée et la plus célèbre. Il est d'une grande austérité et d'une grande sérénité. Il n'y a qu'une seule couleur mais qui n'invite pas à l'ennui. Même la joie du Et lux perpetua est atténuée. A noter : ce requiem ne comporte pas de Dies Irae. Il existe de nombreux enregistrements de ce requiem. Mes préférées sont : Herreweghe : Niquet J'ai commenté un peu et classé les différentes versions dans le fil Campra : https://classik.forumactif.com/t4035p50-andre-campra-1666-1744?highlight=campraJean GillesIl n'a probablement jamais été joué du vivant du compositeur et la légende veut que la première interprétation ait eu lieu pour les funérailles de Gilles lui même. La promotion de ce requiem a été faite par Campra qui a présenté cette oeuvre au concert spirituel et où elle a eu un grand succès. On l'a par exemple joué aux funérailles de Rameau. Il y règne une certaine profondeur et une certaine noblesse teintée de joie. L'atmosphère est sereine. Il n'y a pas non plus de Dies Irae. Il existe là aussi beaucoup d'enregistrements. J'en ai choisi deux qui me semblent majeurs En haut du panier : Herreweghe. Malheureusement en rupture de stock et plus éditée. On peut la trouver d'occasion. Niquet Version un peu trop rapide et brillante pour moi mais très honnête tout de même. Pierre Bouteiller Il s'agit d'un Requiem pour voix d'hommes uniquement. Les trois voix sont utilisées en choeur, il n'y a aucune intervention soliste. La particularité de ce requiem, c'est qu'il est à peu près contemporain de ceux de Campra et Gilles mais ont dirait presque de la polyphonie de la Renaissance type Josquin Des près. Il n'y a pas beaucoup d'innovation et pas beaucoup d'audace. Je trouve l'ensemble un peu trop homogène, sans réelle différence de caractère entre les différentes pièces. Le Pie Jesu (motet qui peut faire partie de la messe de requiem) et l'agnus sont pour moi les pièces les plus réussies. Niquet a enregistré ce requiem et a proposer une reconstitution d'un office des défunts. Le prélude, les méditations et les élévations ne sont pas de Pierre Bouteiller. L'interprétation est parfaite. On retrouve le son de Niquet, une belle homogénéité des voix.
Dernière édition par Hidraot le Mar 20 Nov 2012 - 16:08, édité 2 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 1:35 | |
| - Hidraot a écrit:
- [...]
Jean Gilles [...] Il existe là aussi beaucoup d'enregistrements. J'en ai choisi deux qui me semblent majeurs
En haut du panier : Herreweghe. Malheureusement en rupture de stock et plus éditée. On peut la trouver d'occasion.
Hidraot, c'est pas bien de faire peur comme ça à tes lecteurs Sa version de 1990 chez Harmonia Mundi a été rééditée : on la trouve en cliquant ici. Par ailleurs, sa précédente interprétation de 1981 chez Archiv a été rééditée par le label Brilliant : on la trouve en cliquant là. J'aime bien aussi le disque de Joël Cohen chez Erato, qui intercale du chant grégorien sans négliger un fastueux decorum. On la trouve pour pas très cher (clic). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 1:39 | |
| - Hidraot a écrit:
- [...]
Rares sont les compositions françaises ayant pour texte la messe de requiem[...] Comptes-tu évoquer le Requiem d'Eustache du Caurroy (1549-1609), certes un peu en amont de la période dont nous traitons dans ce sujet ? |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 1:47 | |
| - Mélomaniac a écrit:
Hidraot, c'est pas bien de faire peur comme ça à tes lecteurs
Sa version de 1990 chez Harmonia Mundi a été rééditée : on la trouve en cliquant ici.
Par ailleurs, sa précédente interprétation de 1981 chez Archiv a été rééditée par le label Brilliant : on la trouve en cliquant là.
J'aime bien aussi le disque de Joël Cohen chez Erato, qui intercale du chant grégorien sans négliger un fastueux decorum. On la trouve pour pas très cher (clic). Ah ben tant mieux ! Il n'y a pas longtemps que la réédition est à nouveau disponible pour la version de 90. Oui la version de 81 a bénéficié de plusieurs rééditions bon marché, mais elle est en quand même en dessous de celle de 90. Cohen ne m'avait pas marqué tant que ça. Faudrait que je réécoute. - Mélomaniac a écrit:
Comptes-tu évoquer le Requiem d'Eustache du Caurroy (1549-1609), certes un peu en amont de la période dont nous traitons dans ce sujet ? Non pour la simple et bonne raison que j'ai dû l'écouter une fois dans ma vie et que je serais bien en peine d'en parler. Mais peut-être un jour ... Ou bien si tu as une version à conseiller ? |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 17:16 | |
| - Mélomaniac a écrit:
Petite remarque : peut-être pourrais-tu ajouter dans ton §3 une explication de ce qu'est l'Office des Ténèbres (?) En fait tu as raison, j'ai rajouté une partie sur l'Office des Ténèbres. Il manquait des petites précisions au beau travail de Natrav sur le fil Charpentier. |
| | | Mariefran Mélomane nécrophile
Nombre de messages : 14259 Age : 63 Localisation : Lille Date d'inscription : 25/02/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 17:59 | |
| Merci beaucoup pour cet énorme travail, Hidraot, j'ai appris plein de choses |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 19:00 | |
| Super, c'est le but recherché |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 19:23 | |
| LES LECONS DE TENEBRES J'attire d'abord votre attention, pour vos choix discographiques, à bien différencier les leçons des Ténèbres et les offices des Ténèbres. La plupart des compositeurs n'a écrit que les leçons, les psaumes, antiennes et miserere qui constituent le reste de l'office étant souvent empruntés : - à Nivers qui a effectué un énorme travail sur le plain-chant en France - à Charpentier Certains CD proposent des reconstitution d'office d'autres uniquement les leçons. Michel Lambert Michel Lambert a composé 2 cycles de leçons. Le premier en 1660 et le second en 1689. Seules les leçons de 1689 ont été enregistrées. Premier représentant du genre, les leçons de Lambert respectent la mélodie grégorienne et la prosodie latine. Il y a peu d'ornementation et la musique est réellement mise au service du texte. Nous sommes plongés dans un climat unique de spiritualité. Il n'existe qu'un enregistrement (3€ sur Amazon ) qui est très bien : Marc-Antoine CharpentierCharpentier a composé 31 leçons dont seulement une partie nous est parvenue. Il composait beaucoup pour les couvents, ce n'est donc pas étonnant qu'il y en ait autant. Les leçons et répons sont numérotés de H.91 à H.144. Les leçons de Charpentier sont pour des effectifs allant de 1 à 3 voix. Il utilise une ornementation décorative servant à magnifier la gravité de l'office. Il laisse également un rôle important au silence, et comme toujours chez lui, l'harmonie joue un rôle prépondérant. Il est extrêmement difficile de dresser une discographie de ces leçons parce-que les enregistrements reconstituent parfois les offices mais en mélangeant complétement les leçons. Gerard Lesne a reconstitué 3 offices avec les leçons - H.120, H.138, H.141 pour le mercredi - H.121, H.139, H.136 pour le jeudi - H.105, H.140, H.95 pour le vendredi L'ensemble Grandiva a enregistré les leçons H.92, H.107, H.104 MacLeod pour les leçons : H.120, H.121 et H.122 Devos, hors style, les leçons H.135, H.136, H.137, H.125, H.124, H.123 Niquet a enregistré plusieurs leçons que je n'ai pas écouté et je ne sais pas desquelles il s'agit. Certains forumeurs en ont parlé ici : https://classik.forumactif.com/t1197-lecons-de-tenebres-charpentier?highlight=le%E7ons+de+t%E9n%E8bres
Dernière édition par Hidraot le Mar 11 Déc 2012 - 17:44, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 19:35 | |
| Michel-Richard Delalande Delalande a composé 1 cycle complet de leçons mais ne nous sont parvenues que la troisième leçon de chaque jour. Il est réputé pour l'attention qu'il porte au texte, il n'est pas étonnant qu'il excelle dans ces leçons très expressives. Il utilise comme Charpentier la pause expressive, l'ornementation est assez légère, le climat passionné. Il existe deux enregistrement de ces leçons, tous deux très bons. Vincent Dumestre avec l'excellente Claire Leffilliâtre : Isabelle Desrochers François Couperin Ah les voilà les fameuses leçons de Couperin qui font frémir ... qui n'en a jamais écouté un bout ? Le film tous les matins du monde les utilise en bande son. Couperin a composé un cycle de 9 leçons mais seules les trois pour le mercredi Saint ont été éditées. Couperin emprunte à Charpentier la riche ornementation et la grande expressivité. Il pousse l'ornementation à son paroxysme dans le mélisme des lettres hébraïques. La basse continue instaure un véritable dialogue avec la voix. Il existe déjà 2 fils discographiques sur les leçons de Couperin, je pense que ça suffira https://classik.forumactif.com/t4077-couperin-lecons-de-tenebres?highlight=le%E7ons+de+t%E9n%E8breshttps://classik.forumactif.com/t4849-francois-couperin-3-lecons-de-tenebres-du-mercredi-saint?highlight=le%E7ons+de+t%E9n%E8bres |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 19:36 | |
| Jean GillesLes leçons de Gilles sont un peu particulières. Elles sont sous forme de motet appelé "Lamentation". On les connait d'ailleurs mieux sous le titre de "Lamentations de Jérémies". Elles avaient pourtant les même fonctions et la même organisation en versets précédés des lettres de l'alphabet. Elles paraissent moins austères que les leçons habituelle grâce à la présence d'un orchestre et de choeurs mais en réalité, tout comme pour son requiem, Gilles sait très bien créer un climat de gravité sereine sans réduire l'effectif. Il en existe 2 enregistrements : Niquet Une version idéale, c'est pour cette raison que je n'ai jamais pris la peine d'écouter le second enregistrement : Andrieu Jean-Baptiste GouffetLes leçons de Ténèbres de Jean-Baptiste Gouffet (1669-1729) ont été composées en 1705, à l'apogée du genre. Ce père franciscain a écrit 9 leçons permettant ainsi de constituer les 3 offices des Ténèbres du mercredi, jeudi et vendredi. Dans cet enregistrement sont présentées les 3 leçons pour le premier jour accompagnées de leur répons. L'oeuvre est marquée par une influence italienne assez présente. Ces 3 leçons sont loin d'être aussi célèbres que celles de Couperin ou même celles de Charpentier, et pour cause ... Le tout est un peu lourdaud, on ne retrouve pas la gravité habituellement présente dans ce genre d'oeuvre. A noter tout de même une simplicité d'écriture qui fait de ces leçons un ensemble de pièces charmantes et agréables à écouter. J'ai une préférence pour la troisième leçon où l'ont peut entendre un petit bout de chaconne Nicolas BernierBernier à composé 15 leçons : 1 cycle de neuf leçons pour voix de femmes et basse continue et 6 leçons. Comme Charpentier, Bernier a effectué un voyage en italie et il est étonnant de voir ce compositeur italianisant composer une oeuvre typiquement française. Il a également composé quelques motets en tant que sous maitre de la Chapelle Royale mais on le connait surtout pour ses magnifiques cantates exécutée lors des nuits de Sceaux entre autres. Au niveau du style, je dirais que ces leçons se situent entre celles de Charpentier et celles de Couperin. Seules les 3 leçons du premier jour ont été enregistrées par l'ensemble Da Pacem. Les psaumes et les antiennes utilisées sont ceux de Nivers.
Dernière édition par Hidraot le Mar 20 Nov 2012 - 16:40, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 19:38 | |
| Joseph Michel Joseph Michel, complétement inconnu au bataillon pour moi si ce n'était ses leçons est considéré comme le dernier a avoir composé des leçons de Ténèbres dignes de ce nom en 1735. Il a composé 9 leçons qui sont réparties de façons classiques, les vocalises sur les lettres hébraïques sont présentes même si elles n'ont plus rien à voir avec celles de Charpentier ou Couperin. Nous sommes déjà plus dans l'air d'opéra que dans la prière. L'austérité et la solennité sont un peu loin mais grâce à la persistance de la rigueur de la forme on oublie pas complétement qu'il s'agit d'une oeuvre religieuse. Gilles avait commencé à introduire l'orchestre, Michel est allé plus loin. Si les premières et deuxièmes leçons de chaque jour restent classiques (voix plus basse continue) les troisièmes leçons nous réservent des surprises. La troisième du premier jour rajoute 2 violons concertants à l'effectif. La troisième du deuxième est carrément composée pour voix, basson et violoncelle (un petit bijou) et la dernière du troisième jour pour flûte, basson, violon et basse continue. On assiste à un véritable dialogue voix-instrument. Les 9 leçons ont été enregistrées par Niquet : Mais aussi par l'ensemble Mundo Corde que je n'ai pas écouté. Michel Corrette Les leçons de Corrette sont assez en marge de composition. En effet on le connait davantage pour ses concerts comiques et ses concertos divers et variés. On se rapproche là encore de l'opéra mais il règne un équilibre parfait entre le religieux et la démonstration lyrique. L'accompagnement est sobre et signe quelque part un retour en arrière : juste une basse continue. Ces leçons sont magnifiquement servies au disque par l'excellente Catherine Greuillet
Dernière édition par Hidraot le Mar 20 Nov 2012 - 17:06, édité 1 fois |
| | | WoO Surintendant
Nombre de messages : 14355 Date d'inscription : 14/04/2007
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 20:01 | |
| Bravo et merci pour ce fil. J'ai bien envie de faire la même chose pour le chant orthodoxe mais c'est un énorme chantier et je n'ai pas le temps pour le moment, on verra plus tard... J'ai hâte de lire ce que tu vas écrire sur les Leçons de Corrette (ce disque est un must pour moi en grande partie pour la sublimissime Catherine Greuillet). Les Leçons de Joseph Michel : le double disque de Niquet est très bien (j'aime beaucoup la voix de Marie-Louise Duthoit), j'ai vu qu'il existait un enregistrement plus récent de ces Leçons mais je ne le connais pas. Les mélomanes disposent de plusieurs interprétations pour chacune des 3000 cantates de Bach alors que seul un nombre infime des grands motets de Lalande ont eu l'honneur d'être enregistrés ! |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Lun 19 Nov 2012 - 20:28 | |
| - Mariefran a écrit:
- Merci beaucoup pour cet énorme travail, Hidraot, j'ai appris plein de choses
Enfin, c'est pas fini : Hidraot ne fait que commencer ! Elle est partie, on ne l'arrêtera plus ! _______________________________________________________________________________________________________________________________ A l'appui de ce qu'a déjà rédigé Hidraot, j'ai effectué quelques recherches complémentaires concernant la Missa pro Defunctis. > 1) Il apparaît que certaines de ces Messes, célèbres en leur temps, se sont égarées à travers les Siècles. Hélas perdus : les Requiem de Jean-Baptiste Moreau (1656-1733), Michel Pignolet de Montéclair (1667-1737), et celui que François-André Danican Philidor (1726-1795) écrivit en 1764, donné pour le deuil de Rameau. Egalement disparues, les deux messes de Pierre Etienne-Joseph Floquet (1748-1785). > 2) Parmi les partitions dont on garde trace, n'ont à ma connaissance pas encore été enregistrés : Le Requiem publié à Douai en 1619 par Jean de Bournonville (1585-1632), ni celui d'Etienne Moulinié (1599-1676) publié par Ballard en 1636. Aucune trace discographique des trois Requiem de l'abbé Jean-Marie Rousseau (début 18°s.-1784), ni des cinq Requiem de Henri Hardouin (1727-1808), ni de celui du compositeur provencal Guillaume Poitevin (1646-1706). > 3) Parmi les oeuvres préservées, et qui ont déjà été enregistrées : Eustache du Caurroy (1549-1609) : le fameux Requiem des Rois de France dont on trouve plusieurs versions, parmi lesquelles celle de Denis Raisin Dadre. Charles d'Helfer (milieu XVII°) : Messe de Funérailles des Ducs de Lorraine. Grand apparat pour cette oeuvre qui a connu coup sur coup deux enregistrements au milieu des années 1990, et puis plus rien. La version de Bernard Fabre-Garrus reste disponible en coffret de 2 CDs. Pierre Tabart (c1650-c1711) : un seul et très bel enregistrement dirigé par Jean Tubéry chez Virgin Pierre Bouteiller (c1655-1717) : enregistré par Hervé Niquet chez Glossa (on peut lire une éminente critique sur Amazon). François-Joseph Gossec (1734-1829) : ce Requiem de 1760, très joué aux temps révolutionnaires, a été très bien traité par Louis Devos (Erato) qui y voit quelques similitudes avec celui de Mozart, tandis que le Tuba Mirum annonce plutôt Berlioz. Le très rare Requiem de Marc-Antoine Désaugiers (1739-1793) a été enregistré en première mondiale par Jean-Pierre Lo Ré. |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mar 20 Nov 2012 - 16:11 | |
| - WoO a écrit:
- Bravo et merci pour ce fil. J'ai bien envie de faire la même chose pour le chant orthodoxe mais c'est un énorme chantier et je n'ai pas le temps pour le moment, on verra plus tard... J'ai hâte de lire ce que tu vas écrire sur les Leçons de Corrette (ce disque est un must pour moi en grande partie pour la sublimissime Catherine Greuillet). Les Leçons de Joseph Michel : le double disque de Niquet est très bien (j'aime beaucoup la voix de Marie-Louise Duthoit), j'ai vu qu'il existait un enregistrement plus récent de ces Leçons mais je ne le connais pas.
Les mélomanes disposent de plusieurs interprétations pour chacune des 3000 cantates de Bach alors que seul un nombre infime des grands motets de Lalande ont eu l'honneur d'être enregistrés ! Merci Oui ce serait une bonne idée ! Puis là j'y connais vraiment rien Il me semble qu'on avait déjà parlé de ces leçons de Corrette et qu'on avait pensé la même chose. Oui c'est un must ! Et en plus ça en bouche un coin à tous ceux qui pensent que Corrette est un clown Je suis bien d'accord, c'est totalement injuste ... et s'il n'y avait que Delalande qui n'était pas enregistré ce serait déjà bien - Mélomaniac a écrit:
Pierre Tabart (c1650-c1711) : un seul et très bel enregistrement dirigé par Jean Tubéry chez Virgin Pierre Bouteiller (c1655-1717) : enregistré par Hervé Niquet chez Glossa (on peut lire une éminente critique sur Amazon). François-Joseph Gossec (1734-1829) : ce Requiem de 1760, très joué aux temps révolutionnaires, a été très bien traité par Louis Devos (Erato) qui y voit quelques similitudes avec celui de Mozart, tandis que le Tuba Mirum annonce plutôt Berlioz.
Merci d'avoir parlé du requiem de Bouteiller, je l'avais complétement oublié alors qu'il est pas mal du tout Je l'ai rajouté du coup. Pour Tabart je l'ai mais pas encore écouté. Quand à Gossec, je ne l'ai pas mis parce-que c'est vraiment un requiem classique tout à fait dans le goût de celui de Mozart en effet donc j'ai pensé qu'il n'avait pas sa place au côté des maîtres baroques. |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mar 20 Nov 2012 - 22:45 | |
| Les Messes • Les Messes pour orgue Je vous renvoie directement aux fils généraux et discographiques sur l'orgue très bien achalandés https://classik.forumactif.com/t6324-l-ecole-d-orgue-francaise-au-xviieme-et-au-xviiieme-sieclehttps://classik.forumactif.com/t6486-l-orgue-sous-l-ancien-regime-parcours-discographique • Les Messes chantées Certaines messe ne comportent que l'ordinaire, d'autres l'ordinaire et le propre. Les messes ne sont plus à la mode à la Chapelle Royale mais certains compositeurs ont continué à en composer. Parmi eux, Charpentier, qui n'a jamais eu de poste à la cour mais composait pour les couvents. Marc-Antoine CharpentierIl a écrit 12 messes : - Messe à 8 voix H.1 - Messe pour les trépassés H.2 - Messe à 8 voix, 8 violons et flûtes H.3 - Messe à 4 choeurs H.4 - Messe pour le Port-Royal H.5 - Messe pour monsieur de Mauroy H.6 - Messe des morts H.7 - Messe pour le samedi de Pâques H.8 - Messe de minuit pour Noël H.9 - Messe des morts H.10 - Missa assumpta est Maria H.11 - Messe pour plusieurs instruments au lieu de l'orgue H.513 Toutes les messes ont été enregistrées à l'exception de la messe H.8 pour le samedi de Pâques. Les messes des morts ont déjà été traités dans la partie sur les requiem. Messe à 8 voix H.1 Première messe de Charpentier et première originalité : les 8 voix c'est-à-dire un double choeur direct importé d'Italie. C'est probablement la première que Charpentier a composé. Elle est donc encore très ancrée dans la tradition polyphonique. Elle est assez austère de ce fait. Le style se cherche encore mais il y a de bien belles choses, surtout dans le credo. Une très belle interprétation de Niquet. Cette messe est en plus couplée avec le Benedictus H. 345 qui est très beau et assez étrange. Messe à 8 voix, 8 violons et flûtes H.3Là aussi nous avons une messe à double choeur qui inclue en plus des instruments concertants. La structure laisse le génie de Charpentier s'exprimer dans l'harmonie. Il y règne une certaine douceur et une certaine intimité malgré l'effectif. L'interprétation de Niquet est là exceptionnelle. Messe à 4 choeurs et 4 orchestres H.4Ou Charpentier fait des recherches en harmonie L'effectif de cette messe est le résultat de l'influence italienne qu'à vécu Charpentier. L'effectif est réellement impressionnant. On est directement mis dans le bain avec le Kyrie ou les 4 choeurs entrent tour à tour avant de chanter ensemble. Les Choeurs sont ensuite associés par 2, par 3 ... fournissant une palette de couleurs impressionnante. On atteint l'expressivité maximale avec le credo et surtout le fabuleux Amen repris longuement. Son aspect très architectural n'étouffe jamais l'expressivité. Elle a été enregistrée à 2 reprises : Par Malgoire, une interprétation qui me parait un peu monolithique. Skidmore, une très belle interprétation avec un beau choeur bien homogène. Messe pour le Port-Royal H.5 (1680) Cette messe d'une solennité folle est considérée à juste titre comme étant la plus austère de Charpentier. La monodie y règne pratiquement en permanence. L'offertoire est écrit dans le style du petit motet avec l'alternance air/récitatif. Le mystère de l'incarnation est particulièrement appuyé dans le credo avec le " et incarnatus est de spiritus sancto ex Maria virgine : et homo factus est" (par l'Esprit Saint il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme) en faux bourdon suivi d'un silence expressif. Cette messe réserve une place importante à l'orgue. En effet l'accompagnement du chant est à l'orgue et à la basse de viole, Charpentier a annoté la partition laissant des passages pour l'improvisation à l'orgue. On trouve la Messe pour le Port-Royal en 3 versions. Une enregistrée par les demoiselles de Saint-Cyr dirigées par Mandrin avec Chapuis à l'orgue. le disque est composé d'une messe et d'un ensemble de pièces religieuses composées pour l'Abbaye du Port-Royal de Paris (par opposition à l'Abbaye du Port-Royal des Champs de la vallée de Chevreuse). L'archevêque de Paris, François de Harlay de Champvallon installe sa soeur Marguerite en tant qu'abbesse de Port-Royal. En plus de l'ordinaire cette messe contient des parties propres : introït, graduel, offertoire et communion pour deux saints, Marguerite et François. C'est la version en l'honneur de Saint-François qui a été retenue pour ce disque. Cet enregistrement par l'ensemble Arianna et Munoz à l'orgue propose la version avec le propre dédié à Sainte Marguerite . L'interprétation est moins propre au niveau des voix que celle des demoiselles de Saint Cyr mais la partie d'orgue est intéressante. Les pièces d'orgue sont de Nivers et sont interposées en lieu et place de l'improvisation à l'orgue. L'ensemble Capella Ricercar a également enregistré cette messe dans sa version pour Sainte-Marguerite. Elle présente des pièces d'orgue du premier livre d'André Raison à la place des improvisations. Les rôles de solistes sont tenus par Jill Feldman, Greta de Reyghere et Isabelle Poulenard. Inutile de vanter donc la qualité du chant. CD difficile à trouver. Nous avons donc la chance de posséder 3 enregistrements de grande qualité pour cette messe exceptionnelle. Messe de monsieur de Mauroy H.6 (1691)C'est la messe la plus longue de Charpentier, souvent considéré comme la plus belle. Elle est écrite pour 4 voix, 4 violons, 2 flûtes et 2 hautbois. Certaines parties sont laissées libres pour l'improvisation à l'orgue. Le but de cette messe de traduire un sentiment "sévère et magnifique" d'après Charpentier. En effet, c'est la magnificence qui vient à l'esprit à l'écoute de cette messe. Tout est étiré, déployé. Les hypothèses vont bon train quand à l'identité de monsieur de Mauroy. Elle a été très bien enregistrée par Hervé Niquet Messe de minuit H.9 (1690) La grande originalité de cette messe est qu'elle s'inspire des 11 Noëls de la liturgie. Charpentier a ainsi réalisé la parfaire synthèse entre le "folklore profane" et le religieux. S'il s'appuie sur la mélodie des Noëls, certaines pièces, les plus importantes de la messe, on leur propre mélodie. Il n'y a cependant pas de rupture entre les parties inspirées des Noëls et les "parties sérieuses". C'est sans doute la messe de Charpentier qui a été le plus enregistrée. J'ai choisi 2 interprétation qui valent chacune son pesant de cacahuètes. Christie : Minkowski : Missa assumpta est Maria H.11 Là aussi, l'originalité prime : effectif d'un choeur à 6 voix, un orchestre et 8 voix solistes. La Missa assumpta est Maria est pour moi parmi les plus belles de Charpentier. On trouve ici l'équilibre parfait entre magnificence et religiosité. Cette messe est loin d'être austère, on ressent parfaitement les moments d'intense recueillement et ceux de glorification. Personnellement j'ai un petit faible pour le Kyrie, le credo et l'Agnus Dei. Pour ce qui est du choix de l'interprétation, je ne suis pas encore bien décidée, je trouve que les 2 idées se défendent. Christie a choisi d'enregistrer uniquement l'ordinaire de messe , Niquet de l'agrémenter de motet, d'une élévation et d'un offertoire qui à priori ne faisaient pas partie de cette messe. Messe pour plusieurs instruments au lieu de l'orgue H.513 (1674) Les instruments jouent en alternance avec le plain-chant à la manière des messes pour orgue. Ce sont des instruments concertants qui remplacent les voix, en effet, cette messe est composée pour 2 flûtes, 2 hautbois, cromorne et cordes. Il s'agit en réalité d'une des premières messes de Charpentier même si elle porte un numéro de catalogue élevé. Cette messe est intéressante grâce à la grande expressivité des instruments héritée du style italien. Elle a été enregistré 2 fois, je ne connais qu'un seul enregistrement, le plus récent, par Tubéry. 12 messes c'est peu et beaucoup à la fois. Alors, si je devais choisir 3 messes de Charpentier (dont celles pour les défunts) je prendrais : - La messe pour le Port-Royal - La messe pour monsieur de Mauroy - la missa assumpta est Maria
Dernière édition par Hidraot le Jeu 27 Déc 2012 - 16:50, édité 5 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mar 20 Nov 2012 - 22:56 | |
| André Campra (1699)Missa ad majorem Dei gloriam Campra a composé une et unique messe et seulement l'ordinaire de messe. C'est donc très court ... une petite vingtaine de minutes. Elle est composée pour voix, choeur et basse continue. Les choeurs sont utilisés majoritairement par rapport aux solistes. On a globalement un ton plus joyeux que chez Charpentier. Les pièces maitresses de cette messe sont pour moi le Gloria et évidemment le Credo. Le credo est vraiment une belle réussite avec une musique qui colle exactement au texte, nous avons une certaine insistance sur le "et homo factus est" suivi d'une pause expressive et une joie explosive sur "et resurrexit". Bref, une bien jolie petite messe, qui a été enregistrée avec succès pas Niquet. Henry DesmarestDesmarest a également composé une seule messe qui n'est pas datée avec précision. C'est une oeuvre qui est à la marge de l'oeuvre de Desmarest que l'on recontre davantage dans le profane même s'il a laissé des motets assez célèbres (les grands motets lorrains). Il s'agit d'une messe à 2 choeurs et 2 orchestres ( et oui, moins bien que Charpentier avec ses 4 choeurs !) ainsi que quelques instruments concertants. Cette messe ressemble pour moi davantage à un grand motet qu'à messe. Elle est assez imposante tant au niveau de l'effectif que de la longueur. J'avoue avoir un peu de mal avec l'univers sacré de Desmarest. Autant je me vendrais pour sa Didon, autant sa messes et ses motets me laissent plutôt de marbre. Cette messe a été enregistrée dans une belle interprétation de Olivier Schneebeli. Jacques-Antoine Denoyé Jacques-Antoine Denoyé , un compostieur dont on ne sait rien sauf qu'il est mort à Strasbourg en 1759. Cette messe a été retrouvée il y a peu dans une bibliothèque et a été jouée pour la première fois au festival d'Ambronay de 2007. C'est une messe en hommage à Rameau et Denoyé lui fait le plus beau des hommages : utiliser des thèmes de ses opéras et en faire un ordinaire de la messe. On peut ainsi reconnaître un petit bout de Castor et Pollux par ci, un petit bout d'Hippolyte et Aricie par là. Denoyé va même jusqu'à glisser des intermèdes instrumentaux dans sa messe qui sont tout à fait du goût des divertissements ramistes puisqu'il y a une sarabande, une passacaille et ... une scène de sommeil ! Au delà de la curiosité de la chose, c'est une très belle messe, très élégante et très subtile. On y trouve pas toute la virtuosité qu'il y a dans les grands motets de Mondonville ou même dans ceux de Rameau mais on ressent davantage de délicatesse et d'apaisement ... l'apothéose étant pour moi la scène du sommeil placée très justement juste avant l'agnus dei. Les choeurs sont très beaux et très bien utilisés, tout à fait dans le goût versaillais.
Dernière édition par Hidraot le Lun 3 Déc 2012 - 0:24, édité 3 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 0:40 | |
| - Hidraot a écrit:
- Les Messes
• Les Messes pour orgue
Je vous renvoie directement aux fils généraux et discographiques sur l'orgue très bien achalandés
Certes ces fils organophiles sont déjà bien fournis, et fréquentés par des gens de qualité, mais l'on souhaiterait que les chalands se pressent davantage devant nos vitrines... |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 0:52 | |
| - Hidraot a écrit:
- [...]
Marc-Antoine Charpentier [...] Toutes les messes ont été enregistrées à l'exception de la messe H.8 pour le samedi de Pâques. [...] Si si, cette Messe avait déjà été enregistrée au temps du microsillon, notamment chez Erato en 1958, sous la direction du Révérend Père Emile Martin : - Spoiler:
Plus récemment, une version désormais introuvable parue en CD, en 1989 chez l'éditeur Calig-Verlag... |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 0:54 | |
| Super, ça c'est une bonne nouvelle ! Mais laisse moi douter de la qualité de l'interprétation |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 1:02 | |
| - Hidraot a écrit:
- Super, ça c'est une bonne nouvelle ! Mais laisse moi douter de la qualité de l'interprétation
Oh la vilaine moqueuse T'as vu quand même les organistes ! Jamais entendu ce disque, mais à la tribune de Saint Eustache, ça devait sonner effectivement bien pompeux comme interprétation... Déjà que tu qualifies Louis Devos de hors style, là tu risquerais de trouver ça antédiluvien...
Dernière édition par Mélomaniac le Mer 21 Nov 2012 - 1:30, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 1:08 | |
| Oui encore que ... à l'orgue ça peut passer. C'est surtout les messes avec orchestre qui font vraiment démodées dans des interprétations anciennes. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 1:32 | |
| - Hidraot a écrit:
- C'est surtout les messes avec orchestre qui font vraiment démodées dans des interprétations anciennes.
Bah, même avec deux orgues et cinq clavecins pour contrebalancer les 80 cordes ? |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 1:44 | |
| Bon, peut-être pas |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 1:54 | |
| - Hidraot a écrit:
- Bon, peut-être pas
Eh beh voilà... J'ai toujours pensé que les Baroqueux étaient sectaires... |
| | | Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33433 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 8:46 | |
| Façon Saint Eustache je crois que ça peut remplacer un orchestre wagnérien sans pb _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mer 21 Nov 2012 - 10:36 | |
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| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 25 Nov 2012 - 16:34 | |
| LES GRANDS MOTETS Pour rappel, on appelle grands motets : - les hymnes - les psaumes - les cantiques chantés pendant la messe basse. L'instrumentation est composée d'un orchestre, d'une basse continue et éventuellement d'instruments concertants. Les instrumentations ne sont pas toujours précisées sur la partition permettant une grande liberté d'interprétation. Il en est de même pour les voix. Certains grands motets sont chantés quotidiennement, ce sont des motets que l'on pourrait qualifier "d'ordinaire" et des motets de circonstance (fêtes, motets pour un Saint, motet à la Vierge ... ) LES TEXTES LES PLUS UTILISES POUR LES GRANDS MOTETS Le Te Deum Le Te Deum est une hymne chantée à l'office des matines, à la messe dominicale et certains jours de fête comme un couronnement, une naissance dans la famille royale, un baptême, une victoire ... C'est une hymne d'action de grâce. Il est chanté après la proclamation de l'évangile. Généralement le Te deum est pompeux, fastueux et très joyeux. C'est un des motets les plus longs. Texte du Te Deum : - Spoiler:
Texte latin original
Te Deum laudamus, te Dominum confitemur. Te aeternum Patrem, omnis terra veneratur.
Tibi omnes angeli, tibi caeli et universae potestates, tibi cherubim et seraphim, incessabili voce proclamant :
« Sanctus, Sanctus, Sanctus Dominus Deus Sabaoth. Pleni sunt caeli et terra maiestatis gloriae tuae. »
Te gloriosus Apostolorum chorus, te prophetarum laudabilis numerus, te martyrum candidatus laudat exercitus.
Te per orbem terrarum sancta confitetur Ecclesia, Patrem immensae maiestatis; venerandum tuum verum et unicum Filium ; Sanctum quoque Paraclitum Spiritum.
Tu rex gloriae, Christe. Tu Patris sempiternus es Filius. Tu, ad liberandum suscepturus hominem, non horruisti Virginis uterum.
Tu, devicto mortis aculeo, aperuisti credentibus regna caelorum. Tu ad dexteram Dei sedes, in gloria Patris.
Iudex crederis esse venturus. Te ergo quaesumus, tuis famulis subveni, Quos pretioso sanguine redemisti Aeterna fac cum sanctis tuis in gloria numerari7.
Salvum fac populum tuum, Domine, et benedic hereditati tuae. Et rege eos et extolle illos usque in aeternum.
Per singulos dies benedicimus te ; et laudamus nomen tuum in saeculum, et in saeculum saeculi.
Dignare, Domine, die isto sine peccato nos custodire. Miserere nostri, Domine, miserere nostri.
Fiat misericordia tua, Domine, super nos, quemadmodum speravimus in te. In te, Domine, speravi : non confundar in aeternum.
Texte français
Nous te louons, Dieu, Nous t'acclamons, Seigneur. Père éternel, Toute la Terre te vénère.
C'est pour toi que tous les anges, les cieux, toutes les puissances, les chérubins et les séraphins chantent inlassablement :
« Saint, Saint, Saint, Dieu, Seigneur de l'univers ; le ciel et la terre sont remplis de la gloire de ta majesté. »
C'est toi que les Apôtres glorifient, toi que proclament les prophètes, toi dont témoignent les martyrs.
C'est toi que par le monde entier l'Église annonce et reconnaît ; Nous t'adorons, Père infiniment saint, ton Fils unique et bien-aimé, et aussi le Saint Esprit.
Toi, Christ, tu es Seigneur de la gloire, Tu es le Fils de Dieu, Toi, pour libérer l'humanité captive, Tu n'as pas craint le corps d'une vierge.
Par ta victoire sur la mort, tu as ouvert à tout croyant le Royaume des Cieux ; tu sièges à la droite de Dieu dans la gloire du Père.
Nous croyons que tu viendras en juge. Aussi, défends tes serviteurs, sauvés par ton sang : prends-les avec tous les saints pour jouir avec eux de la gloire éternelle.
Sauvez ton peuple, Seigneur, et bénis ceux qui ont recueilli ton héritage. Et conduis-les Et donne-leur l'éternité.
Chaque jour nous te bénissons ; Nous louons ton nom pour toujours, Et pour les siècles des siècles.
Pitié, Seigneur, aujourd'hui, garde nous du péché. Prends pitié de nous, Seigneur, prends pitié de nous.
Que ta miséricorde, Seigneur, soit sur nous, ainsi que nous l'espérons. C'est en toi, Seigneur, que j'ai espéré. Que je ne sois jamais confondu
• Guillaume Bouzignac (1587-1643)Bouzignac est un des premier à composer sur le Te Deum. Il faut dire que ça n'a rien à voir avec le Grand Te Deum Versaillais tel que LULLY va le concevoir. Déjà, le format n'est pas le même : là où Bouzignac réalise une oeuvre d'une bonne dizaine de minutes, les générations futures passeront à 30-40 minutes. L'effectif est également moins important. Enfin, le style n'est pas du tout le même. Avec Bouzignac on est encore dans la fin de la polyphonie. Le Te Deum de Bouzignac a été enregistré avec d'autres motets par Les Arts Florissants. C'est un CD très intéressant par sa qualité d'interprétation, par l'originalité du programme et par le faible coût. • Jean-Baptiste LULLY (1677)Le Te Deum de LULLY est celui qui est le plus connu et ce pour plusieurs raisons. D'abord c'est celui qui est la base du Grand Te Deum versaillais qui sera copié. Ensuite parce-que c'est pendant une représentation de ce Te Deum que LULLY se traverse le pied avec son bâton de direction, cela lui sera fatal. C'est donc par excellence le Te Deum pompeux, brillant, réunissant de grands moyens (jusqu'à 300 musiciens). LULLY en tant que compositeur de profane a su colorer à merveille son Te Deum qui est une grande réussite et qui a d'ailleurs eu un véritable succès. Malheureusement Ce Te Deum est très mal servi au disque. Paillard, complétement suranné et plombé. C'est vraiment hors style, quasiment inécoutable. Malgoire que je n'ai jamais écouté ... difficile à trouver apparemment. La distribution fait envie en tout cas. Niquet, un enregistrement qui confond énergie et précipitation. L'oeuvre perd de sa noblesse, les chanteurs peinent à suivre, c'est pénible à suivre tellement tout va trop vite. Niquet met 10 minutes dans la vue des autres enregistrements, c'est dire ! Je ne suis satisfaite par aucun de ces enregistrements. Heureusement que certains concerts sont disponibles sur le tube. Dumestre en 2011 qui est encore un peu rapide Christie en 2012 qui est quasi parfait. • CharpentierCharpentier a composé 4 Te Deum : H.145, H.146, H.147 et H.148. A ma connaissance, seuls 3 ont fait l'objet d'enregistrement. -> H.145 (1672) Ce Te Deum est donc antérieur à celui de LULLY et est assez différents des autres de Charpentier qui copiera le modèle LULLYste pour ces Te Deum plus tardifs. Il est composé pour 8 voix, flûtes, violons et basse continue. Charpentier nous plonge ici dans une atmosphère majestueuse, le côté démonstratif et brillant en moins. C'est un de mes préférés. Il a été enregistré par Niquet sur le même CD que la messe H.3 -> H.146 (1692) C'est le plus connu et par conséquent le plus enregistré des Te Deum de Charpentier. En effet, la marche qui sert de prélude est le jingle de l'Eurovision. LULLY est passé par là, cette oeuvre est très pompeuse et pétaradante, on y entend force trompettes et timbales. C'est un style qui personnellement me parle beaucoup moins et me laisse un peu de marbre, il y a pour moi un peu trop de brillant. Ce ne sont pas les enregistrements qui manquent. J'en ai choisi quelques uns parmi ceux que je connais mais la liste n'est évidemment pas exhaustive. Minkowski Christie : 2 versions différentes Niquet : Tubéry : -> H.147 (1693) Je ne connais qu'une version, que je confesse avoir écouté il y a longtemps. Je ne peux pas en dire plus pour l'instant. Niquet : • Pierre Tabart (1645 - 1716)Tabart est un contemporain de Charpentier mais il n'a pas cédé à la tentation de faire un Te Deum sur le modèle de celui de LULLY. Il reste plus dans la tradition de Bouzignac, du point de vue de la longueur (10-15 minutes) comme du style. La dévotion est beaucoup plus intériorisée. Ce Te Deum est d'une grande beauté, plus simple par l'effectif mais plus complexe par l'écriture. L'harmonie est très riche et est digne de Charpentier. Les voix s'entremêlent à la perfection et de façon complexe rappelant un peu la polyphonie de la Renaissance. Il a été enregistré par Tubéry avec un magnificat et et le Requiem de ce même Pierre Tabart. • Michel-Richard Delalande (1684)Ce Te Deum composé et joué pour la première fois en 1684 a en fait été remanié jusqu'en 1715 pour coller au goût du roi. Chez Delalande nous avons une ouverture qui copie celle de LULLY avec timbales et trompettes. L'orchestre est indépendant de la voix et seule la basse continue double celle-ci. Il y a une jolie variété en les différentes parties du Te Deum et surtout un OVNI : le sanctus. Cette partie semble totalement hors du temps. Un instant de grâce infinie qui démarre à une voix et basse continue et qui s'étoffe petit à petit. Je connais 2 enregistrements de ce Te Deum qui sont tous les 2 très bien, j'ai malgré tout une petite préférence pour Christie. Colleaux Skidmore a également enregistré ce Te Deum, je ne l'ai pas écouté, il est apparemment difficile à trouver. • Henry Desmarest (1687) Son Te Deum est connu sous le nom de Te Deum de Paris (par opposition à ses oeuvres lorraines) Ce Te Deum est quasiment contemporain de ceux de LULLY, Charpentier et Delalande mais lui n'a pas suivi le modèle LULLYste. Le genre est beaucoup plus intime, rompant ainsi avec l'éclat des Grands Te Deum. Nous sommes mis dans le bain dès le prélude qui ne comportent ni trompettes ni timbales. J'ai plutôt avec le sacré de Desmarest mais ce Te Deum est délicieux. Il a été enregistré avec succès par Niquet. • Jean Gilles ( 1698) Jean Gilles ne fait jamais rien comme tout le monde et c'est encore le cas pour son Te Deum. Son oeuvre globale est très intéressante a écouté car la majorité des compositions baroques qui nous sont parvenues sont des compositions pour la Chapelle Royale ou pour des couvents parisiens. Avec Desmarest et surtout avec Gilles nous avons une démonstration de la musique française provinciale. La symphonie du prélude est composé uniquement pour cordes. Ce Te Deum est bien moins pompeux et pléthorique que le modèle LULLYen. Le style est presque opératique. Gilles nous réserve un petit bijou : un trio de basses-tailles qui est une combinaison insolite. Je ne connais que la version de Niquet qui est très honnête. • André Campra (1729) De tous les Te Deum, c'est celui de Campra qui me semble le moins intéressant. Il n'a pas tellement de caractère. C'est une grosse machine qui tente d'imiter le faste de LULLY sans y parvenir. La structure est assez lourde et ne réserve aucune surprise. Ce Te Deum n'a jamais été enregistré il me semble, mais il a été au programme du festival de Ribeauvillé (en 2010 si mes souvenirs sont bons) et il doit être disponible sur le tube. Campra est largement plus intéressant dans les petits motets. • Esprit Antoine Blanchard (1745) Ce compositeur est essentiellement connu pour son oeuvre religieuse. Il laisse 46 motets dont un Te Deum. Il s'agit d'une oeuvre très curieuse, à cheval entre le néo-classicisme et le baroque de Rameau, le tout parsemé d'accents haendéliens. Le style est pictural et opératique. Rien de bien marquant en ce qui me concerne si ce n'est la curiosité de la chose. Un enregistrement qui ne me parait pas excellent mais qui a le mérite d'exister.
Dernière édition par Hidraot le Dim 25 Nov 2012 - 20:42, édité 1 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 25 Nov 2012 - 20:37 | |
| Le Miserere Le Miserere est également connu sous le nom de psaume 50. Il s'agit d'un psaume d'affliction. On le chante au cours des Laudes de la semaines Sainte, lors du sacrement de la réconciliation (confession) à l'office des morts et si vous vous souvenez bien on le chante également à la fin de l'office des Ténèbres. Le Miserere était le motet préféré de Louis XIV. C'est un psaume dont certains versets sont utilisés à part. Le premier verset "O Dieu prends pitié" est en fait la prière de préparation pénitielle à l'Eucharistie que l'on chante au début de la messe : "Kyrie Eleison" Le verset 7 est utilisé pour l'aspersion. Texte du Miserere - Spoiler:
1 Ô Dieu ! aie pitié de moi dans ta bonté ; selon ta grande miséricorde, efface mes transgressions ; Miserere mei Deus secundum magnam; misericordiam tuam et ; secundum multitudinem miserationum tuarum dele iniquitatem meam 2 Lave-moi complètement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Amplius lava me ab iniquitate mea et a peccato meo munda me 3 Car je reconnais mes transgressions, et mon péché est constamment devant moi. Quoniam iniquitatem meam ego cognosco et peccatum meum contra me est semper 4 J’ai péché contre toi seul, et j’ai fait ce qui est mal à tes yeux, en sorte que tu seras juste dans ta sentence, sans reproche dans ton jugement. Tibi soli peccavi et malum coram te feci ut iustificeris in sermonibus tuis et vincas cum iudicaris 5 Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché. Ecce enim in iniquitatibus conceptus sum et in peccatis concepit me mater mea 6 Mais tu veux que la vérité soit au fond du cœur : Fais donc pénétrer la sagesse au dedans de moi ! Ecce enim veritatem dilexisti incerta et occulta sapientiae tuae manifestasti mihi 7 Purifie-moi avec l’hysope, et je serai pur ; lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. Asparges me hysopo et mundabor lavabis me et super nivem dealbabor 8 Annonce-moi l’allégresse et la joie, et les os que tu as brisés se réjouiront. Auditui meo dabis gaudium et laetitiam exultabunt ossa humiliata 9 Détourne ton regard de mes péchés, efface toutes mes iniquités. Averte faciem tuam a peccatis meis et omnes iniquitates meas dele 10 Ô Dieu ! crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit bien disposé. Cor mundum crea in me Deus et spiritum rectum innova in visceribus meis 11 Ne me rejette pas loin de ta face, ne me retire pas ton esprit saint. Ne proicias me a facie tua et spiritum sanctum tuum ne auferas a me 12 Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit de bonne volonté me soutienne ! Redde mihi laetitiam salutaris tui et spiritu principali confirma me 13 J’enseignerai tes voies à ceux qui les transgressent, et les pécheurs reviendront à toi. Docebo iniquos vias tuas et impii ad te convertentur 14 Ô Dieu, Dieu de mon salut ! délivre-moi du sang versé, et ma langue célébrera ta miséricorde. Libera me de sanguinibus Deus Deus salutis meae exultabit lingua mea iustitiam tuam 15 Seigneur ! ouvre mes lèvres, et ma bouche publiera ta louange. Domine labia mea aperies et os meum adnuntiabit laudem tuam 16 Si tu eusses voulu des sacrifices, je t’en aurais offert ; mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Quoniam si voluisses sacrificium dedissem utique holocaustis non delectaberis 17 Les sacrifices qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : Ô Dieu ! tu ne dédaignes pas un cœur brisé et contrit. Sacrificium Deo spiritus contribulatus cor contritum et humiliatum Deus non spernet 18 Répands par ta grâce tes bienfaits sur Sion, bâtis les murs de Jérusalem ! Benigne fac Domine in bona voluntate tua Sion et aedificentur muri Hierusalem 19 Alors tu agréeras des sacrifices de justice, des holocaustes et des victimes tout entières ; alors on offrira des taureaux sur ton autel. Tunc acceptabis sacrificium iustitiae oblationes et holocausta tunc inponent super altare tuum vitulos
• LULLY (1664) Première incursion de LULLY à la Chapelle Royale, le Miserere va rester un de ses plus grands succès. Il n'est pourtant pas dans les attributions de LULLY d'écrire pour la Chapelle Royale, celle-ci possédant déjà deux sous-maitres : Pierre Robert et Henry Dumont. Madame de Sévigné écrit qu'elle a pleuré à la représentation de ce Miserere. Ce motet appartient à la première manière du motet versaillais, celle de Dumont et Robert avec de grandes masses chorales, le dialogue grand choeur et petit choeur etc. LULLY ne s'est pas affranchi du modèle instauré par Dumont mais se démarque tout de suite par sa théâtralité. Le texte du Miserere lui permet de déployer une grande palette de couleurs. On note également que LULLY n'hésite pas à puiser à sa source italienne pour le Libera Me par exemple. Le Miserere de LULLY a été utilisé pour la bande son du jeu vidéo Versailles. Je connais 3 enregistrements de ce Miserere, tous très corrects. Herreweghe et la Chapelle Royale, de très beaux solistes mais le tout manque peut-être un peu d'emphase. Niquet Je pense avoir une préférence pour la version de Schneebeli qui me parait être le parfait équilibre entre l'énergie de Niquet et la grandeur de Herreweghe. • CharpentierCharpentier a composé 4 Miserere : - H.157 - H.173 - H.193 baptisé Miserere des jésuites - H.219 à destination des jésuites également. -> Miserere des Jésuites H.193 (1685 remanié en 1690) Composé au départ pour sa protectrice Mademoiselle de Guise, le Miserere H.193 est remanié en 1690 lorsque Charpentier entre au service des jésuites. Ce Miserere est caractéristique du grand motet français avec son alternance solistes-petitchoeur-grand choeur. La même lignée mélodique est reprise par chaque partie en superposition. Cette oeuvre, malgré son aspect typiquement français est beaucoup moins imposante que celle de LULLY. Ce Miserere est plein de vitalité et d'allégresse. le choeur final est à se pâmer d'admiration. Il a été enregistré par Tubéry -> Miserere H.219 La diversité entre les différents versets est encore très présente ici. Les vocalises côtoient la stationnarité. C'est une oeuvre beaucoup moins massive que celle de LULLY ou encore de Delalande. L'écriture harmonique est vraiment remarquable. Charpentier, malgré la multiplicité de compositions sur le même texte reste au service du texte et de la foi authentique et ne perd jamais l'inspiration. Il sait recréer du neuf avec la même base. Le Miserere H.219 a été enregistré par Herreweghe, il est disponible pour une bouchée de pain. • Delalande (S.27)Le Miserere (S.27) de Delalande a été composé en 1687, année de la mort de LULLY. Hasard ou hommage au surintendant de la musique du roi ? Les musicologues n'ont pas tranché. Ce Miserere est surprenant par sa ligne mélodique qui nous donne quasiment l'impression d'être face à des cantates. L'orchestre est particulièrement travaillé et est sans équivalent dans toute l'oeuvre de Delalande et même dans aucune autre oeuvre religieuse de cette époque. On est presque dans de la tragédie en musique avec la basse obstinée de l'Aseprges me, l'air héroïque pour haute-contre et l'air majestueux pour baryton. Seul l'utilisation du choeur nous rappelle où nous sommes. Pour ceux qui connaissent, le Benige fac fait partie de la BO de l'allée du roi, un film de Nina Companeez. Ce miserere a été enregistré par Herreweghe Disponible sur le tube : /watch?v=g6EWhnQMECg Et par Higginbottom que je n'ai jamais écouté. Tous deux sont indisponibles • Campra Le miserere de Campra est daté comme postérieur à 1713. Il est bâti un peu sur le même modèle que le Requiem. C'est une oeuvre tout en douceur, en fondus-enchainés. Ca sonne rond et lisse mais pas au sens péjoratif du terme. Il y a quelque chose de léger, presque aérien. Le style est français mais on peut noter une liberté d'ornementation et des vocalises très italiennes. Campra est d'ailleurs connu pour le mélange des styles français et italiens. J'aime beaucoup la musique religieuse de Campra mais je la trouve assez insaisissable, j'avoue avoir un peu de mal à en parler Le Miserere a été enregistré par Malgoire dans une très belle version avec une belle homogénéité des choeurs. Cet enregistrement fait également partie d'un coffret sur la musique à la Chapelle Royale avec des motets de Dumont, Couperin, Clérambault et Rameau. • Nicolas Bernier Bernier est contemporain de François Couperin, la mode est alors aux fameux "goûts réunis". Bernier nous offre une parfaite synthèse des styles italiens et français apportant le même soin à l'harmonie et au contrepoint. Pour moi, une synthèse pareille n'a son pendant que chez Charpentier. Il fournit également un travail important sur la rythmique qui est variée et très peu habituelle. Je ne connais pas les circonstances d'écriture de son Miserere. Au point de vue du style on s'approche déjà beaucoup de Rameau. Le motet démarre par un court prélude en symphonie puis par un récit de basse-taille. Nous avons ensuite une alternance entre récits de voix solo et grand choeur. Les choeurs sont particulièrement travaillés et originaux. Ce Miserere contrairement aux autres décrits ci-dessus est plutôt gai et dansant. Peut-être a-t-il été exécuté uniquement au concert spirituel ? Il n'existe qu'un enregistrement de ce Miserere qui n'est clairement pas une merveille mais il a au moins le mérite d'exister. La prise de son ferait frémir les audiophiles • Sébastien de Brossard
Dernière édition par Hidraot le Ven 15 Fév 2013 - 13:09, édité 8 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 25 Nov 2012 - 20:39 | |
| De Profundis Le De Profundis est le psaume 130. C'est un psaume de pénitence chanté lors de funérailles ou de l'absoute (prière pénitentielle pour le pardon des péchés du défunt) • RobertLe De profundis de Robert semble avoir été joué lors d'une messe ordinaire en commémoration des défunts. Ah Robert ... Il m'est très difficile de parler de sa musique tant elle me parait insaisissable. Il s'agit d'une musique d'une grande sobriété touchant presque à l'austérité. Là où LULLY est, malgré une grande justesse, dans la théâtralité, le pathos, Robert est dans le vrai, la simplicité bouleversante. C'est une musique très subtile et difficile à appréhender mais très riche en couleur et ce, grâce aux variations d'effectif. Robert assoit les bases du récit à la française et utilise l'alternance entre grand choeur et petit choeur de solistes. Le grand choeur sert d'amplificateur au petit créant ainsi le grandiose du grand motet. Le motet se termine par un "requiem aeternam" magnifique, totalement hors du temps qui donne une impression d'apaisement après l'angoisse de la première partie. Le seul enregistrement qui existe est celui de Schneebeli avec les pages et les chantres du CMBV qui fournit comme à son habitude un travail exceptionnel. • LULLYLe De profundis de LULLY n'a, à priori, pas été composé pour une occasion particulière mais à été joué à Saint-Denis lors des funérailles de la reine Marie-Thérèse. Ce n'est pas le motet de LULLY le plus beau mais ce qui est frappant c'est toujours la justesse du ton employé. LULLY avec sa grande habitude du théâtre sait s'adapter merveilleusement au texte. Nous avons ainsi un mélange entre contrition et joie, dans l'espoir du pardon. Une perle tout de même au sein de ce motet : le requiem aeternam dont je ne me lasse pas. Il a été enregistré par Hervé Niquet et le concert spirituel de façon très honnête. • DelalandeLe de profundis de Delalande est un des motets les plus apprécié et célèbre du compositeur. Je n'ai, pour ma part, jamais compris cet engouement. C'est un motet que je trouve assez quelconque, mis à part le "requiem aeternam" et qui est loin d'être ce qu'il a composé de mieux. Il est entonné de façon assez caricaturale par la basse. Ce motet est particulièrement gai et dépourvu de gravité. Il y a tout de même des passages très beaux comme le charmant "quia apud te" ou le "sustinuit anima mea où dialoguent dessus et hautbois. La symphonie précédent le "requiem aeternam" ainsi que ce dernier sont vraiment bouleversants, la symphonie est très courte, avec une très grande efficacité dramatique. On trouve comme chez Charpentier quelques dissonances qui font ressortir la douleur et la gravité de l'instant. Je n'ai entendu ce motet que dans un enregistrement radio, je ne peux donc pas vous parler de discographie. Un seul enregistrement est encore disponible : Je ne sais pas du tout ce que ça vaut. La pochette aurait plutôt tendance à me faire fuir mais ça ne veut rien dire ... Les enregistrements suivants sont indisponibles : • Mondonville Le De profundis de Mondonville a été composé en 1748 alors qu'il est sous-maitre de la Chapelle Royale, pour les funérailles de son collègue Henri Madin. Il a après ça été repris un grand nombre de fois au Concert Spirituel. On est dans l'ultime manière du motet versaillais mais celui-ci n'a quasiment pas évolué depuis Du Mont et Robert. Nous avons droit à un choeur introductif et conclusif avec alternance de choeurs et voix solos dans la plus grande tradition. Les instruments concertants sont bien sur de mise ici avec en particulier des interventions de flûtes et de bassons. Le début, "de profundis" entonné par le choeur plante le décor inquiétant et solennel qui sied pour une telle occasion. Suit un air solo en chaconne libre très lente pour basse taille puis un air da capo pour haute-contre. Alternent le choeur et le dessus par la suite. On termine avec un très noble et très angoissant "requiem aeternam". C'est un motet que j'aime beaucoup, qui est resté dans la tradition des motets plus anciens et qui garde un climat de religiosité et de grandeur malgré une certaine théâtralité. Il a été enregistré par William Christie et ses Arts Florissants avec une excellente équipe de chanteurs. Il a également été enregistré par Higginbottom mais l'enregistrement n'est plus disponible. Je n'ai jamais pu l'écouter.
Dernière édition par Hidraot le Dim 23 Déc 2012 - 18:48, édité 5 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 25 Nov 2012 - 20:40 | |
| Dies Irae (séquence) Le Dies Irae n'est pas à proprement parlé un motet mais il a été considéré et traité comme un grand motet : alternance de solistes et de choeurs, présence d'un orchestre. Les 3 Dies Irae présentés ci-dessous suivent (au moins au début) le thème grégorien en plain-chant d'où une certaine ressemblance. • LULLY (1674)Le Dies Irae de LULLY a été joué aux funérailles de la reine Marie-Thérèse (épouse de Louis XIV). En 1674 LULLY a déjà composé Cadmus et Hermione et Alceste, c'est donc à l'homme de théâtre que nous avons affaire. L'oeuvre est massive, franche, sans chichis. La structure et les effets sont simples. Cela nous garantit une efficacité redoutable. La théâtralité est importante mais n'étouffe pas la sévérité de mise pour une telle oeuvre. Dans les solistes, on ne trouvera pas de passages solos pour les dessus. Les solos sont réservés aux voix d'homme en particulier la basse-taille. A noter un lacrimosa à 5 voix à tomber par terre. Le dernier verset (Pie Jesu) est également d'une grande beauté, chantée par un choeur majestueux. Plusieurs versions de ce Dies Irae sont disponibles. J'élimine d'emblée celle de Paillard mais sachez que ça existe. La plus belle pour moi : Herreweghe qui respecte le côté sévère et solennel de l'oeuvre. les voix solistes sont magnifiques. Kooy dans le terrible Dies irae dies illa, Crook dans la fragilité et du liber scriptus proferetur. Le choeur a une belle homogénéité et nous livre un Pie Jesu extraordinaire. Niquet, qui manque cruellement de religiosité. Comme il fait souvent, tout est rapide, pressé même, alors oui on gagne en énergie mais on perd en intensité dramatique. Je sais bien que beaucoup préfèrent cet enregistrement justement pour son dynamisme mais pour moi il a plus sa place à un baptême ou a un couronnement qu'à des funérailles. • CharpentierLa date de composition et les circonstances de la première exécution du Dies Irae de Charpentier sont incertaines. On trouve plus volontiers cette oeuvre sous le nom de Prose des morts (H.12) que Dies Irae. C'est une oeuvre imposante par l'effectif vocal : 6 voix et choeur à 8 parties mais la partie orchestrale est peu importante ce qui en fait une oeuvre beaucoup moins massive que celle de LULLY. L'harmonie est encore une fois très travaillée et très riche. Par l'effectif et l'aspect moins strict, ce Dies Irae est assez différent de celui de LULLY et est davantage intimiste. Le début est un peu brutal et peu distingué ce qui surprend quand on connait bien Charpentier. Le Tuba mirum est particulièrement joyeux et pompeux, chose étrange également, Charpentier étant connu pour son austérité. Il y a beaucoup de duo et trios à voix d'homme qui sont très intéressants. C'est une oeuvre assez inégale je trouve, j'ai eu du mal a bien la saisir dans son ensemble, mais c'est finalement une séquence d'une grande sensibilité qui établit un climat serein. La fin est vraiment magnifique avec un Pie Jesu et un Amen vraiment bouleversants. Il a été enregistré par Corboz dans le même CD que la messe pour les trépassés (H.2) mais est un peu hors style Il fait partie également du programme du CD de Christie sur l'office des morts dans une version vraiment très belle. • Delalande (S.31)Composé pour les funérailles de la dauphine Marie Anne Victoire de Bavière (épouse de Monseigneur le dauphin) en 1690, le Dies Irae de Delalande sera remanié en 1711 pour les funérailles du dauphin. Si LULLY a entamé la théâtralité à l'église, Delalande l'emmène ici à son paroxysme. On sait déjà que Delalande excelle dans les oeuvres sombres et méditatives mais il va encore plus loin avec ce Dies Irae. Le style est clairement dramatique. Le début du Dies Irae est saisissant, le milieu méditatif et serein, la fin ... merveilleuse. Delalande célèbre pour coller la musique au texte réussit encore avec ce Dies Irae l'exploit en créant un climat propre à chacune des 18 strophes créant ainsi énormément de contrastes. Le Quantus tremar et plus particulièrement le Mors stupebit sont particulièrement marquant. Ils sont tous deux tranchant, des silences séparent les phrases créant un climat très angoissant . Dans le Mors stupebit les dessus passent au delà du choeur par un judicanti responsura déchirant. Le Tuba mirum est aussi très particulier. A l'orchestre une batterie frémissante de cordes fait songer à une scène de tempête tandis qu'une voix de baryton entonne le Tuba mirum donnant l'impression d'un Neptune s'adressant aux divinités des eaux. Bref je vais m'arrêter là, je pourrais en parler pendant des heures C'est, vous l'aurez compris mon Dies Irae préféré. Il fait partie également de la BO de l'allée du roi et est utilisé très justement au moment de l'hécatombe dans la famille royale. Il a été enregistré par Herreweghe et la chapelle royale dans une version magnifique. Solistes parfaits, orchestre remarquable, choeur exemplaire, le seul défaut de cet enregistrement est d'être indisponible On arrive tout de même à le trouver d'occasion. Heureusement une bonne âme l'a mis sur le tube. A écouter d'urgence. /watch?v=IxHt2_4AgQg
Dernière édition par Hidraot le Dim 9 Déc 2012 - 16:23, édité 2 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 25 Nov 2012 - 20:44 | |
| Stabat Mater dolorosa (séquence) Le Stabat Mater Dolorosa (à ne pas confondre avec le Stabat Mater speciosa) est une séquence dont le texte est attribué à un père franciscain italien du 13ème siècle. Elle était chantée lors de la fête de Notre-Dame des sept douleurs. Cette séquence a été mise en musique pas très peu de musiciens dans la période qui nous intéresse pour la simple raison qu'elle a été supprimée de la liturgie lors du concile de Trente mais réintégrée en 1727 ce qui explique également que d'autres compositeurs soient célèbres pour leur Stabat Mater (Pergolesi, Vivaldi, Porpora, Scarlatti, Rossini, Dvorak, Poulenc ...) Il s'agit d'une prière à la Vierge Marie, en particulier sur sa douleur lors de la crucifixion du Christ. Le Texte sous spoiler - Spoiler:
Stabat Mater dolorosa Iuxta crucem lacrimosa dum pendebat Filius.
Cuius animam gementem, contristatam et dolentem, pertransiuit gladius.
O quam tristis et afflicta fuit illa benedicta Mater Vnigeniti.
Quæ mœrebat et dolebat, Pia Mater cum uidebat Nati pœnas incliti.
Quis est homo qui non fleret, Matrem Christi si videret in tanto supplicio?
Quis non posset contristari, Christi Matrem contemplari dolentem cum Filio?
Pro peccatis suæ gentis uidit Iesum in tormentis et flagellis subditum.
Vidit suum dulcem natum morientem desolatum, dum emisit spiritum.
Eia Mater, fons amoris, me sentire uim doloris fac, ut tecum lugeam.
Fac ut ardeat cor meum in amando Christum Deum, ut sibi complaceam.
Sancta Mater, istud agas, Crucifixi fige plagas cordi meo ualide.
Tui nati uulnerati, tam dignati pro me pati, pœnas mecum divide.
Fac me vere tecum flere, Crucifixo condolere, donec ego vixero.
Iuxta crucem tecum stare, et me tibi sociare in planctu desidero.
Virgo uirginum præclara, mihi iam non sis amara: fac me tecum plangere.
Fac ut portem Christi mortem, passionis fac consortem, et plagas recolere.
Fac me plagis uulnerari, fac me cruce inebriari, et cruore Filii.
Flammis ne urar succensus per te Virgo, sim defensus in die judicii
Christe, cum sit hinc exire, da per Matrem me venire ad palmam victoriae.
Quando corpus morietur, fac ut animæ donetur Paradisi gloria.
Amen ! In sempiterna sæcula. Amen.
TRADUCTION FRANCAISE
Debout, la Mère, pleine de douleur,
Se tenait en larmes, près de la croix , Tandis que son Fils subissait son calvaire.
Alors, son âme gémissante, Toute triste et toute dolente, Un glaive transperça.
Qu'elle était triste, anéantie, La femme entre toutes bénie, La Mère du Fils de Dieu !
Dans le chagrin qui la poignait, Cette tendre Mère pleurait Son Fils mourant sous ses yeux.
Quel homme sans verser de pleurs Verrait la Mère du Seigneur Endurer si grand supplice ?
Qui pourrait dans l'indifférence Contempler en cette souffrance La Mère auprès de son Fils ?
Pour toutes les fautes humaines, Elle vit Jésus dans la peine Et sous les fouets meurtri.
Elle vit l'Enfant bien-aimé Mourant seul, abandonné, Et soudain rendre l'esprit.
Ô Mère, source de tendresse, Fais-moi sentir grande tristesse Pour que je pleure avec toi.
Fais que mon âme soit de feu Dans l'amour du Seigneur mon Dieu : Que je Lui plaise avec toi.
Mère sainte, daigne imprimer Les plaies de Jésus crucifié En mon cœur très fortement.
Pour moi, ton Fils voulut mourir, Aussi donne-moi de souffrir Une part de Ses tourments.
Donne-moi de pleurer en toute vérité, Comme toi près du Crucifié, Tant que je vivrai !
Je désire auprès de la croix Me tenir, debout avec toi, Dans ta plainte et ta souffrance.
Vierge des vierges, toute pure, Ne sois pas envers moi trop dure, Fais que je pleure avec toi.
Du Christ fais-moi porter la mort, Revivre le douloureux sort Et les plaies, au fond de moi.
Fais que Ses propres plaies me blessent, Que la croix me donne l'ivresse Du Sang versé par ton Fils.
Je crains les flammes éternelles; Ô Vierge, assure ma tutelle À l'heure de la justice.
Ô Christ, à l'heure de partir, Puisse ta Mère me conduire À la palme des vainqueurs.
À l'heure où mon corps va mourir, À mon âme, fais obtenir La gloire du paradis.
• Marc-Antoine Charpentier Charpentier a donc composé sur le stabat mater (H.15) pour des religieuses. Il est écrit pour religieuse soliste en alternance avec un choeur de religieuses. Il a sans doute été composé pour les religieuses du couvent de Port-Royal de Paris. C'est une oeuvre vraiment magnifique, qui dégage une atmosphère de contrition. Ca m'émeut tellement que je manque de mots pour l'exprimer. La mélodie est très simple et est reprise pendant la quinzaine de minutes que dure ce stabat mater. Cela est particulièrement propice aux variations d'interprétation entre les différents versets de la séquence. Par variation d'interprétation, j'entends variation d'effectif de voix, variation de basse continue permettant de mettre en valeur certains passages et de rompre avec l'éventuelle monotonie que l'on pourrait ressentir face à l'utilisation en boucle de la même mélodie. Ce stabat mater a été enregistré par Savall en 1989. Ce CD est apparemment épuisé mais est facilement trouvable d'occasion : Il a également fait l'objet d'un enregistrement par l'ensemble Ricercar Consort qui est épuisé et qui est un peu plus difficile à trouver. Le plus facile est d'écouter ça sur le tube, Savall a rejoué ce Stabat Mater il y a quelques années à la chapelle royale de Versailles. C'est en plus, le plus bel enregistrement je trouve. /watch?v=lXQtIwXYX7Q • Sébastien de Brossard (1702) La Stabat Mater de Brossard est à l'origine composé pour 5 voix mixtes et basse continue. Pour moi, cette pièce est assez inégale et surtout très "archaïque" par rapport au reste de la composition de Brossard. Le début de cette séquence est très impersonnelle, très lisse, assez belle tout de même. Il y a une belle recherche harmonique sans le génie de Charpentier. C'est une oeuvre très austère ce qui est assez rare dans la production de Brossard. La fin par contre est de toute beauté avec un Amen explosif dont je ne me lasse pas. Pour l'interprétation, il existe 2 enregistrements. Le premier, enregistré par le CMBV et Olivier Schneebeli, n'est plus disponible. Je l'ai écouté il y a longtemps et je ne me souviens plus du tout de ce que ça vaut. Il semble que la séquence soit complète contrairement au deuxième enregistrement, celui de Niquet (couplé au Requiem de Bouteiller) Niquet a pris le parti de reconstituer un office. Il a introduit des pièces instrumentales de divers compositeurs en lieu et place de certaines strophes du Stabat Mater. Il manque donc une partie du texte et de l'oeuvre vocale de Brossard. Je ne trouve pas ce choix très judicieux même si c'était l'usage à l'époque. Les pièces instrumentales par leur légèreté font vraiment un énorme contraste avec la gravité de l'oeuvre de Brossard. Il y a une véritable homogénéité des voix et des instruments offrant un son rond et plein vraiment appréciable.
Dernière édition par Hidraot le Dim 10 Fév 2013 - 15:55, édité 11 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 2 Déc 2012 - 23:04 | |
| LES AUTRES GRANDS MOTETS
Du Mont Robert LULLY Gilles Nivers Delalande Desmarest Brossard Campra Rameau Mondonville
Dernière édition par Hidraot le Dim 10 Fév 2013 - 15:59, édité 2 fois |
| | | Hidraot Mélomane chevronné
Nombre de messages : 12971 Localisation : Paris Date d'inscription : 27/12/2008
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Dim 2 Déc 2012 - 23:07 | |
| Pour résumer, les grands motets peuvent se classer de la sorte : • Les psaumes : - De profundis - Te decet hymnus - Quare fremuerunt gentes - Nisi Dominus - Miserere - Dominus regnavit - In exitu Israel - Diligam te Domine - Laudate pueri Domine - Exaudiat te Dominus - Jubilate Deo omnis terra - Beatus vir - In convertendo - Laboravi clamans - Usquequo Domine - Laude Jerusalem - Cum invocarem - Confitebor - Quam dilecta - Super flumina Babylonis - ...
• Les Hymnes : - Te Deum - Domine salvum fac regem - Veni creator
• Les Poèmes : - Plaude laetare Gallia (Pierre Perrin) - O lachrymae (Pierre Perrin) - O dulcissime (anonyme)
• Les cantiques : - Benedictus - Magnificat - Audite caeli (cantique de Moïse) - Tota pulchra es ( cantique des cantiques)
• Les séquences : - Dies Irae - Stabat Mater dolorosa |
| | | ojoj Mélomaniaque
Nombre de messages : 654 Age : 38 Localisation : Bayonne/Bordeaux Date d'inscription : 22/10/2009
| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques Mar 4 Déc 2012 - 16:35 | |
| Pas d'accord à propos du Te Deum de Lully par paillard, on a le droit de ne pas aimer mais pas de dire que c'est inécoutable ..bien des baroqueux sont in,écoutables pour moi dans certaines oeuvres et je ne dis rien |
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| Sujet: Re: La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques | |
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| | | | La musique sacrée au XVII XVIII siècle : contexte et disques | |
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