Je rebondis sur la question d'Hidraot : ça concerne quel champ ?
Musique vocale et instrumentale ?
Musique sacrée et profane ?
Apparemment, ton sujet inclut aussi bien l'esthétique que le langage en lui-même. C'est quand même fort vaste, et le cas échéant appelle à un redoutable effort de synthèse.
La réponse va varier en fonction du périmètre, et tu devrais déjà compartimenter ta réflexion.
Un plan possible, ou à défaut une clé d'analyse, serait : 1) les genres, l'organologie 2) l'esthétique, les thématiques 3) le langage
On peut déjà noter que certains répertoires disparaissent, ou cessent d'être productifs : la musique pour luth par exemple, ce confident des humeurs de la Renaissance, qui ne connaît qu'une timide survivance à l'âge prébaroque, au profit du développement de la musique pour clavier -le clavecin endossant à mon sens ce rôle élargi, hérité du virginal et de l'épinette.
Un autre instrument soliste va s'émanciper : l'orgue, qui se voit doté d'un répertoire propre alors que jusque là il restait cantonné à une fonction d'illustration liturgique très sommaire.
La musique d'ensemble varie considérablement : regarde les orchestres type Renaissance, tels que décrits par Praetorius, où dominent les vents et cuivres, et ceux du Baroque, témoin d'un appauvrissement de la variété organologique, recentré sur flûtes, hautbois, bassons et les cordes qui sont une des grandes acquisitions du XVIII° Siècle ; un socle qui annonce l'orchestre moderne.
On ne doit pas oublier l'apparition du Concerto de soliste, notamment pour violon, sous l'obédience italienne.
Le processus créatif poursuit son individuation, l'autorité du compositeur s'affirme à mesure que déclinent les gloses et paraphrases puisant à un fonds commun, souvent anonymes, d'airs à la mode.
La notion d'oeuvres se modifie en même temps que leur forme.
A la Renaissance : plutôt brèves, souvent réunies en recueils, compilations d'imprimeurs regroupant parfois plusieurs auteurs (Cancionero, Books...)
Au Baroque, la morphologie s'amplifie, se complexifie, avec l'émergence de genres structurés, et en plusieurs parties : Suites (souvent dérivées des danses de cour), Sonates (tri ou quadri partites), Concertos Grossos.
Cette musique d'ensemble, le jeu entre les familles instrumentales permet le développement du contrepoint qui culmine chez un Bach. Tandis que perdurent des expressions plus homophones (Telemann, pour citer un contemporain et compatriote). Et que sous influence italienne s'affirme la prédilection de la séduction mélodique.
Concernant la musique vocale, certainement le coeur de ton sujet, on observe une mutation de tous les paramètres qui avaient constitué la polyphonie de la Renaissance : les thèmes, les genres, le langage. Comme le remarque Jérôme, l'accompagnement en
continuo me semble un des vecteurs majeurs de cette évolution qui voit quasiment disparaître l'a cappella (hors insertions plainchantesques pour les Messes), et à l'exception du Madrigal, qui vibre au gré du maniérisme.
Dans le champ profane, qui fleurit dans tous les pays, apparaissent des formes théatrales telles que l'Opéra, les Ballets, les Tragédies lyriques, qui elles puisent dans un mode de représentation plus ancien que la Renaissance : les
Mystères médiévaux... tout en s'inspirant de littérature et mythologie antiques redécouvertes par l'Humanisme du XVI° Siècle.
La chanson, de souche populaire, acquiert ses lettres de noblesse et se mue en Air, Aria.
Désolé pour ce message, ce ne sont que quelques pistes non exhaustives, écrites à l'improviste par un simple mélomane