Cello Chtchello
Nombre de messages : 5754 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Oliver Knussen (1952-2018) Lun 18 Mar 2013 - 10:20 | |
| Suite à cet avis de David sur Benjamin: - \"DavidLeMarrec a écrit:
- Disons que par rapport à la moyenne de ce qui se fait aujourd'hui, Benjamin est relativement intelligible, utilise des procédés structurels relativement intéressants, et produit une musique relativement écoutable. Mais ce n'est pas renversant non plus, à mon sens. Je n'ai pas croisé beaucoup de fanatiques non plus.
Je me suis demandé quel pouvait être le compositeur britannique le mieux coté pour le moment. C'est ainsi que j'ai repensé aux nombreux éloges que j'ai lu au fil des années sur Oliver Knussen dans les médias anglo-saxons. Nombre d'entre eux le considèrent comme le compositeur d'Outre-Manche le plus important de ces dernières décennies. Né en 1952 à Glasgow dans une famille musicale - son père est contrebassiste au LSO - il est projeté sur le devant de la scène comme chef d'orchestre et comme compositeur à 15 ans (!) quand il dirige au pied levé la création de sa 1ère symphonie. Knussen écrit peu (une trentaine d'opus en 45 ans de carrière), peaufine énormément et ne livre ses partitions qu'au bout de longues années, souvent en retard d'ailleurs: il y a un concerto pour violoncelle en rade depuis 5 ans et un pour piano dont la création était prévue pour... 2005. La disparition de sa femme en 2003 semble avoir encore réduit sa cadence de travail: il n'a achevé que trois oeuvres ces 10 dernières années dont un Requiem: Songs for Sue qui lui est dédié. Parmi ses oeuvres les plus citées, on trouve un concerto pour cor, un concerto pour violon, 3 symphonies, de la musique vocale et deux mini-opéras pour enfants: Where the Wild Things Are et Higglety Pigglety Pop!Le concerto pour cor (1994) m'avait laissé un sentiment mitigé à la première écoute mais j'ai appris à l'apprécier. Il est écrit dans un langage ni ultra-radical, ni néo-machin avec une orchestration séduisante: scintillante et occasionnellement musclée. S'il n'y a pas de mélodie aisément identifiable, le cor se voit quand même confier un joli motif de 5-6 notes qui revient périodiquement. C'est intéressant et bien fait à défaut d'être particulièrement original. Xavier semblait pour sa part on ne peut plus dubitatif dans un (ancien) compte-rendu de concert: - Xavier (en 2005) a écrit:
- Le concert se terminait avec la pénible 3è symphonie de Knussen.
Ce n'est pas moche, mais c'est assez chiant... Ca part dans tout les sens, on a l'impression que ce n'est absolument pas construit. La 2è partie est plus séduisante, avec des longues tenues de cordes et d'assez jolies harmonies... mais ça tourne à vide. Knussen croit surement innover avec son petit ensemble guitare-célesta-harpe devant l'orchestre, mais cette "trouvaille" semble bien vaine, tant le guitariste et même le harpiste sont constamment couverts; en général quand on est compositeur et chef d'orchestre on a quand même quelques notions d'orchestration... J'ai bien observé Dutilleux, et il a semblé s'ennuyer lui aussi!
Dernière édition par Cello le Mer 11 Juil 2018 - 15:19, édité 2 fois |
|
Cello Chtchello
Nombre de messages : 5754 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Oliver Knussen (1952-2018) Lun 25 Mar 2013 - 9:31 | |
| Je continue mes explorations.
Le concerto pour violon (2002) est plus marquant que celui pour cor. Doté d'une structure très lisible en trois mouvements reprenant le schéma classique vif-lent-vif, il commence par un récitatif bouillonnant d'énergie où l'orchestre et le soliste se répondent nerveusement. L'aria qui suit voit le violon s'élever avec passion, après des début hésitants, au-dessus des ondulations langoureuses de l'orchestre. Pour finir, Knussen nous offre une gigue bien vivifiante, reprenant ainsi un procédé cher à Britten et qui consiste à ancrer des harmonies modernes dans une forme ancienne. C'est vraiment pas mal du tout.
Je ne partage pas tout à fait l'opinion très négative de Xavier quant à la 3ème symphonie (1973-1979). Certes, je n'ai en effet remarqué la présence ni de la guitare, ni de la harpe et les deux premiers mouvements sont un peu brouillons bien qu'on puisse sentir un arc de tension croissante qui se libère dans une belle déflagration au milieu de la pièce. Par contre, le mouvement lent qui vient ensuite est réellement enchanteur. On n'est pas loin de ceux de Messiaen pour le climat.
Enfin, la cantate pour hautbois et trio de cordes (1977) suit un schéma similaire. La première moitié, après un joli chant hésitant, vire pointilliste et nerveuse. Mais cela laisse soudainement la place à un beau revirement: les cordes se calent sur un doux balancement laissant le hautbois libre d'explorer une sorte de berceuse qui retourne lentement au silence dans un esprit proche de l'improvisation.
Voilà, je ne suis pas entièrement convaincu par ce que j'ai entendu mais je ne serais pas non plus aussi sévère que Xavier. Il y a de fort belles choses chez Knussen. Le concerto pour violon en particulier me semble mériter quelques écoutes.
Et je viens de m'apercevoir que son concerto pour violoncelle, initialement prévu pour 2008, devrait enfin être créé par Karttunen en octobre prochain. Je vais tenir ça à l’œil.
http://www.laphil.com/tickets/10th-anniversary-celebration-salonen-conducts-debussy-amp-bartok/2013-10-18 |
|
Cello Chtchello
Nombre de messages : 5754 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Oliver Knussen (1952-2018) Mer 11 Juil 2018 - 15:18 | |
| https://www.francemusique.fr/actualite-musicale/disparition-du-compositeur-britannique-oliver-knussen-a-l-age-de-66-ans-63751 |
|
JosefK Mélomane averti
Nombre de messages : 412 Date d'inscription : 13/04/2018
| Sujet: Re: Oliver Knussen (1952-2018) Mer 11 Juil 2018 - 23:26 | |
| Je vois que nous sommes plusieurs ici à ne pas avoir raté les quelques occasions données il y a quelques années à Paris d'entendre l'une des rares oeuvres de Knussen.
De fait, sa Troisième Symphonie (1979), qu'il dirigeait lui-même à Garnier en 2005, avait peut-être souffert de venir en conclusion d'un programme par ailleurs de qualité stratosphérique et de densité tellurique: l'Opus 6 de Webern, les Altenberg-Lieder (avec Christine Schäfer) et "Correspondances" de Dutilleux (avec Barbara Hannigan). Le raffinement de l’orchestration – avec ces guitare/mandoline, célesta et harpe déjà relevés dans ce fil – ainsi que l’expressionnisme du propos m'avaient parfois rappelé la manière de Henze.
Mais c'était assurément moins immédiatement séduisant que son Concerto pour violon (2002), défendu quelques mois plus tôt par Pinchas Zukerman avec l'Orchestre de Paris et Eschenbach.
L'année suivante à (l'Amphithéâtre) Bastille, George Benjamin avait dirigé l'Ensemble Modern dans les "Songs without Voices" (1992), "mélodies imaginaires" fondées sur des poèmes de Whitman, dont le caractère lyrique et apaisé m'avait frappé. |
|
Cello Chtchello
Nombre de messages : 5754 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Oliver Knussen (1952-2018) Jeu 12 Juil 2018 - 9:43 | |
| Ah ben, il y a quand même un autre fan . Il me semble que Knussen suive une trajectoire comparable à celle Britten, un de ses mentors : adulé chez lui, reconnu dans tout le monde anglo-saxon mais assez discret ici. |
|
Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Oliver Knussen (1952-2018) | |
| |
|