Romans qui s'inspirent de l'opéra

En feuilletant d'une main distraite ''Un Faiblesse de Carlotta Delmont'' (qui s'inspire de Callas et de son entourage), je me suis demandée s'il y avait d'autres romans s'inspirant de près où de loin du monde de l'opéra.
Je connaissais déjà l'ouvrage de Donna Leon sur Steffani (assez médiocre d'ailleurs) et un ami m'a recommandé ''Carmela'' de Paul Gillette (les rares commentaires glanés ici où là ne m'inspirent pas trop cependant).

Quels sont selon vous les romans les plus réussis dans ce domaine?

ce n'est pas un roman, mais je suppose que tu connais ce texte fondateur:
http://fr.wikisource.org/wiki/Don_Juan_%28Hoffmann%29

Oui merci! Je n'avais pas lu ce texte depuis quelques années et je dois admettre que je l'ai un peu oublié depuis C'était vraiment un plaisir de le relire.

A noter que dans un tout autre genre (plus prosaïque mais infiniment plus décapant), il y a les écrits de Tolstoï sur l'opéra qu'on pourra sans peine classer dans la catégorie ''la-musique-vocale-c'est-mauvais'' (presque la réincarnation de Siegmund sauf que Tolostoï semble détester Wagner également).

En ce qui concerne Don Juan lui même, le récit de Mérimée (''les âmes du purgatoire'') m'a toujours intriguée dans le sens où la scène finale ressemble beaucoup à la dernière scène de....La Force du Destin! Les modalités, le cadre et le déroulement du duel final sont les mêmes dans les deux cas. Je me demande si c'est Rivas (à l'origine du livret de la ''Force'') qui s'est inspiré de Mérimée ou si c'est l'inverse. A moins que cette scène (le protagoniste devenu moine expire ses péchés dans un monastère avant de tuer le fils de la famille qu'il a offensée par le passé, poussé à bout par les provocations de ce dernier), ne soit un leitmotiv de la littérature espagnole avec une origine plus ancienne .....

Je me rappelle que dans "Le loup des steppes", Hermann Hesse délire pas mal sur Don Giovanni.

Il me semble aussi, mais je n'ai pas le livre sous la main. Je crois aussi que la musique y joue un rôle assez important (encore un livre que je dois relire pour me rafraîchir la mémoire...).

De toute façon, il me semble que le mythe de Don Juan en général, et l'opéra de Mozart en particulier, ait inspiré beaucoup d'ouvrages qu'ils soit romancés ou non. Cela mériterait un sujet a lui tout seul....

PS: Au risque d'être indiscrète, qui est cette belle femme sur ton avatar? (il me semble avoir déjà vu ce visage quelque part)

Juturna a écrit:

Il me semble aussi, mais je n'ai pas le livre sous la main. Je crois aussi que la musique y joue un rôle assez important (encore un livre que je dois relire pour me rafraîchir la mémoire...).

De toute façon, il me semble que le mythe de Don Juan en général, et l'opéra de Mozart en particulier, ait inspiré beaucoup d'ouvrages qu'ils soit romancés ou non. Cela mériterait un sujet a lui tout seul....

PS: Au risque d'être indiscrète, qui est cette belle femme sur ton avatar? (il me semble avoir déjà vu ce visage quelque part)

C'est Mischa Barton. Moi aussi je devrais le relire, effectivement ça il me semble que ça parle pas mal de musique mais lorsque je l'ai lu je ne connaissais rien au classique du coup je ne saisissais pas bien tout. Ca tourne surtout autour de Don Giovanni genre "cette oeuvre contient toutes les réponses à toutes les questions ouhlala comme c'est bien !!!" mais je me souviens qu'à un moment il parle des relations entre Brahms et Wagner.

...sinon, il y a une nouvelle de James Cain, célèbre auteur de polars en vogue dans les années 50 ("le facteur sonne toujours deux fois", cela vous dit certainement quelque chose?).

La nouvelle s'appelle "Carrière en do majeur", et c'est la première du recueil "Assurance sur la mort", qui se trouve facilement en Folio. Elle décrit une espèce de Jon Vickers à l'âme simple, entrepreneur en bâtiment, affligé d'une femme acariâtre, cantatrice dont le talent est inversement proportionnel à l'ambition professionnelle. Notre héros découvre par hasard qu'il a une voix de chanteur d'opéra: sous l'aile d'une cantatrice renommée, il se trouve propulsé en quelques mois sur la scène internationale.

J'ai trouvé cela savoureux, et mine de rien, la description des coulisses d'un opéra est efficace et convaincante.

Sinon, je cite à titre documentaire un roman feuilleté (mais non acheté) l'autre jour dans une librairie: "La voix des anges", d'Anne Rice. Apparemment, c'est un roman sur les castrats dans l'Italie du XVIIe siècle, mais elle aurait pu choisir un titre un peu moins bateau. De toute façon, j'aime pas les romans historiques

math a écrit:

Sinon, je cite à titre documentaire un roman feuilleté (mais non acheté) l'autre jour dans une librairie: "La voix des anges", d'Anne Rice. Apparemment, c'est un roman sur les castrats dans l'Italie du XVIIe siècle, mais elle aurait pu choisir un titre un peu moins bateau. De toute façon, j'aime pas les romans historiques

Anne Rice c'est un peu de la littérature Harlequin. Dans le genre Harlequin j'avais entamé "les violons du roi" de Jean Diwo, qui se passe dans les ateliers de Stradivarius et divers opéras italiens du XVIIe.

(je n'ai pas trouvé de smiley exprimant le dégoût).

math a écrit:

(je n'ai pas trouvé de smiley exprimant le dégoût).

Oui c'est clair, à vrai dire c'est des choses que j'avais oubliées et quand tu as parlé d'Anne Rice j'ai essayé de me remémorer les trucs les plus merdiques que j'avais lus et ça a fait tilt.

math a écrit:

La nouvelle s'appelle "Carrière en do majeur", et c'est la première du recueil "Assurance sur la mort", qui se trouve facilement en Folio.

Merci pour cette recommandation ça donne vraiment envie. Il semble y avoir quelques similitudes entre la femme du personnage principal et les épouses de certains ténors italiens....A noter que l'adaptation du ''Facteur'' par Visconti (Ossessione) est marquée par l'opéra: le malheureux mari est un passionné de l'art lyrique qui chante ''Di Provenza..'' continuellement dans l'espoir de gagner un concours amateur d'opéra a Ancône (qui par coincidence se trouve être la ville natale de mon avatar...)

math a écrit:

elle aurait pu choisir un titre un peu moins bateau. De toute façon, j'aime pas les romans historiques

Crois moi, ce n'est pas seulement le titre qui est bateau J'aime bien les romans historiques mais il faut bien reconnaître qu'il y en a pas beaucoup qui soient bons. Cela dit, comme je porte un amour coupable pour les péplums (genre ''Hercule aux Enfers'' ) je ne peux pas me permettre d'être exigeante....

Glocktahr a écrit:

j'avais entamé "les violons du roi" de Jean Diwo

Le monde est vraiment petit. J'ai essayé de lire ce machin mais j'ai du vite abandonner

Deux suggestions :

- L'Opéra de Vigàta de Camilleri, un roman policier qui a bonne réputation. Je l'ai dans ma bibliothèque (depuis sa parution à peu près ) mais pas encore ouvert, je ne peux donc pas en dire davantage.

- Bruges-la-Morte de Rodenbach, bien sûr ! Un beau roman décadent où la danseuse (l'abbesse Hélène de Robert le Diable) incarne la confusion entre réalité et souvenirs.

Sinon, il y a bien sûr les moments dans Nana ou dans Madame Bovary, où l'on se retrouve à l'Opéra, mais ce n'est pas très flatteur pour le genre. (Au passage, Senso, un des petits bijoux de Camillo Boito, vous décevra si vous le lisez pour sa scène d'opéra, entièrement ajoutée par Visconti, de même que l'intrigue politique.)

J'avais trouvé que la série des sorcières d'Anne Rice (dont est tiré Entretien avec un Vampire...) assez chouette moi (mais tout le monde sait que j'ai des goût m...iques)...

Sinon, personne ne parle du Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux??? Une plongée dans l'Opéra Garnier et son petit fonctionnement avec rivalités entre divas, directeurs, public... et puis toute cette histoire sur l'Opéra-Garnier!
Un de mes livres de chevet en fait!

Il y a aussi "Bel canto" d'Ann Patchet. Je l'ai lu il y a pas mal de temps, mais j'en garde un excellent souvenir.

Il s'agit d'une fiction, mais inspirée de faits historiques - la prise d'otages, à Lima, par le Sentier Lumineux à l'ambassade du Japon.
Dans le roman, une cantatrice américaine, Roxane Coss, est dans l'ambassade pour donner un récital au moment de la prise d'otages - alors que toutes les femmes sont libérées, elle décide de rester, se fait livrer des partitions et chante pour les reclus jusqu'au dénouement, sanglant.

Le roman a été publié en 2001 chez Harpers & Collins et il existe en traduction française.

Montfort

Polyeucte a écrit:

J'avais trouvé que la série des sorcières d'Anne Rice (dont est tiré Entretien avec un Vampire...) assez chouette moi (mais tout le monde sait que j'ai des goût m...iques)...

Entretien avec un vampire, c'est tiré de la série des vampires, pas des sorcières. Moi j'avais lu une bonne partie de celle des sorcières, j'avais beaucoup aimé les premières parties mais au bout d'un moment ça devenait sentimentalo-erotique, on se serait cru dans amour gloire et beauté, j'ai laissé tomber.

Glocktahr a écrit:

Polyeucte a écrit:

J'avais trouvé que la série des sorcières d'Anne Rice (dont est tiré Entretien avec un Vampire...) assez chouette moi (mais tout le monde sait que j'ai des goût m...iques)...

Entretien avec un vampire, c'est tiré de la série des vampires, pas des sorcières. Moi j'avais lu une bonne partie de celle des sorcières, j'avais beaucoup aimé les premières parties mais au bout d'un moment ça devenait sentimentalo-erotique, on se serait cru dans amour gloire et beauté, j'ai laissé tomber.

D'ailleurs, dans entretien avec un vampire (le film) il y a un truc musical qui m'avait fait tiquer. Les vampires à un moment, dans leur plantation à la nouvelle orléans, à la fin du XVIIIe siecle ou au début du XIXe (je ne sais pas exactement), chantent l'air des noces de figaro (repris dans Don Giovanni)"non piu andrei". Ca me parait pas très crédible (bon ce sont des vampires c'est pas possible non plus, mais que des habitants de la nouvelle orléans de cette époque aient connaissance de cette musique ça me parait impossible)

Citation :

des habitants de la nouvelle orléans de cette époque ait connaissance de cette musique ça me parait impossible)

Ben pourquoi ? (C'était une capitale, il y a avait des échanges commerciaux avec l'europe, et quelqu'un comme Mozart pouvait — et devait probablement être — connu dans ce coin là ; et puis vu qu'il ne devait pas non plus être à la dernière mode européenne… ).

Les yeux qui fascinent a écrit:

Citation :

des habitants de la nouvelle orléans de cette époque ait connaissance de cette musique ça me parait impossible)

Ben pourquoi ? (C'était une capitale, il y a avait des échanges commerciaux avec l'europe, et quelqu'un comme Mozart pouvait — et devait probablement être — connu dans ce coin là ; et puis vu qu'il ne devait pas non plus être à la dernière mode européenne… ).

Alors là je n'y connais pas grand chose mais j'ai du mal à l'imaginer. Je doute qu'il y ait eu un opéra là bas à cette époque...Je doute que quelqu'un qui se tapait le trajet Europe/Amérique emmène avec lui une partition de Mozart...Bon après ce n'est pas une certitude absolue mais ça m'étonnerait beaucoup.

Quoique la page wiki quand on tape "new orleans opera" nous indique que la première représentation d'un opéra la bas dont on ait une trace date de 1796. Ca m'étonne, je me demande si c'était fréquent dans les colonies, j'imaginais mal des représentations la bas, et plus encore en indochine ou en algérie.

C'était (et c'est) une capitale quand même — donc avec son aristocratie etc. — et pas trou-du-cul-les-oies au fin fond du bayou !

Et je ne vois pas pourquoi on n'amènerait pas des partitions de mozart (ou je ne sais qui), ou même un orchestre, par bateau ; surtout quand on sait qu'un pirate, un siècle avant, comme Bartholomew Roberts adorait la musique savante et avait, dit-on, toujours un orchestre, ou des partitions, à bord pour son agrément.

Les yeux qui fascinent a écrit:

C'était (et c'est) une capitale quand même — donc avec son aristocratie etc. — et pas trou-du-cul-les-oies au fin fond du bayou !

Et je ne vois pas pourquoi on n'amènerait pas des partitions de mozart (ou je ne sais qui), ou même un orchestre, par bateau ; surtout quand on sait qu'un pirate, un siècle avant, comme Bartholomew Roberts adorait la musique savante et avait, dit-on, toujours un orchestre, ou des partitions, à bord pour son agrément.

Enfin il me semble que Bartholomew Roberts est resté dans l'histoire en partie parce qu'il était super snob. (je suis preneur de livres sur lui ou sur la piraterie en général, je le connais par les infos que j'avais dans un jeu de plateau sur la piraterie dans mon enfance).

Quand tu vois la façon dont les mélomanes parisiens de 2013 considèrent l'offre musicale en province (et parfois avec raison), qu'est ce que ça pouvait-être la Louisiane en 1800 ? Nous ne sommes pas historiens, on ne peut pas avoir d'avis vraiment définitif et serieux là dessus, mais le point ne me parait pas aussi évident que tu le dis.

Citation :

Enfin il me semble que Bartholomew Roberts est resté dans l'histoire en partie parce qu'il était super snob. (je suis preneur de livres sur lui ou sur la piraterie en général, je le connais par les infos que j'avais dans un jeu de plateau sur la piraterie dans mon enfance).

Il y a les livres sur la piraterie du captain johnson [qui est, assez probablement, Daniel Defoe], qui sont assez fabuleux, bien que peut-être pas historiquement et scientifiquement hyper exactes…

Citation :

Quand tu vois la façon dont les mélomanes parisiens de 2013 considèrent l'offre musicale en province (et parfois avec raison), qu'est ce que ça pouvait-être la Louisiane en 1800 ? Nous ne sommes pas historiens, on ne peut pas avoir d'avis vraiment définitif et serieux là dessus, mais le point ne me parait pas aussi évident que tu le dis.

certes, mais en ce temps là, les snobs ça se muter (ou s'exiler) facilement à l'autre bout du monde…

Tiens en faisant des recherches sur la piraterie je vois qu'il y a un film "capitaine blood" avec Erol Flynn et une musique d'E-W Korngold, c'est pour Xavier ça. (Dsl là on est HS depuis longtemps).

Glocktahr a écrit:

Tiens en faisant des recherches sur la piraterie je vois qu'il y a un film "capitaine blood" avec Erol Flynn et une musique d'E-W Korngold, c'est pour Xavier ça. (Dsl là on est HS depuis longtemps).

oui et un très bon film d'ailleurs, par contre autant je me souviens de la musique de l'aigle des mers autre film maritime avec Errol Flynn que j'aime beaucoup et qui est également de Korngold autant Capitaine Blood je l'ai complétement zappé
mais effectivement ça n'a plus rien a voir avec le sujet

Les deux sont (très) très bien, mais la musique du Sea Hawk est nettement supérieure, un bijou à part entière.

Pour ce qui est de la qualité propre du film, on peut davantage discuter, Blood étant moins épique et (un tout petit peu) plus psychologique - et ne répondant donc pas tout à fait aux mêmes goûts.

La Pandora de Pierre Jean Rémy, ainsi que sa Mort de Floria Tosca, l'Affaire Callas d'Alain Germain, Consuelo de Georges Sand, Le Fantôme de l'Opéra de Leroux, Le Château des Carpathes, de Jules Verne....

puisque les balzaciens ne les ont pas encore citées, Massimilla Doni et les Gambara dans les Etudes philosophiques (l'une des 2 était à l'origine une commande d'une revue musicale)

Alifie a écrit:

puisque les balzaciens ne les ont pas encore citées, Massimilla Doni et les Gambara dans les Etudes philosophiques (l'une des 2 était à l'origine une commande d'une revue musicale)

Arnaud ne vient plus

celà dit ... Balzac a tellement écrit que c'est dur d'avoir tout lu.

Très juste. D'ailleurs la matière de Gambara contient beaucoup de discours presque techniques sur les tendances de la musique du temps.

On peut ajouter Sarrasine du même, qui n'est qu'une nouvelle, mais très saisissante.