RÉéditions: Votre nouvel achat ancien

Étant entendu que les téléchargements pullulent et donnent accès à tout, le meilleur et le pire, le légal et le pas légal, il est normal que la production de nouveaux disques soit en déclin - un déclin presque terminal.

À l'opposé, il semble que dans un dernier sursaut de production légitime, les rééditions soient devenues la norme - et la manne - des discophiles. Cela a commencé il y a une quinzaine d'années, avec les 'Decca Legends', 'DG The Originals', 'EMI Great Recordings of the Century' etc. Et, maintenant que les droits expirent comme les pestiférés au Moyen-Âge, ce sont particulièrement les 'big box' de tout acabit qui sont le dernier joujou - et le dernier espoir - des marketeurs modernes.

Bref, en raison de cette combinaison de qualité et de quantité, il y a un regain d'intérêt vers le disque en tant que produit acheté - plutôt qu'emprunté ou volé

Ce qui est bien est que les éditeurs ont désormais intérêt à fouiller leurs archives pour nous offrir tout ce qui est désormais libre de droits - ou le sera demain. Entre vous et moi, je doute fortement que les bonzes de EMI se doutent qu'ils nous offrent une des plus belles intégrales des sonates de Beethoven avec Eric Heidsieck, ou que Sony/BMG se rende compte qu'ils nous offrent des classiques du répertoire à la pelletée avec leurs coffrets 'petit prix' de Munch ou Leinsdorf. Malheureusement DGG et EMI tardent à nous présenter des compilations semblables à prix raisonnable

Une des conséquences de ce déluge de nouveaux arrivages est que nous sommes exposés à des styles d'interprétations différents et souvent, à une grande quantité d'information musicale presque contradictoire. Lorsqu'on a dans la même année une intégrale des symphonies de Beethoven par Ansermet, Leinsdorf et Bernstein datant de quarante ou cinquante ans, ou un premier concerto de Brahms par Graffman-Munch, Cliburn-Leinsdorf, Rubinstein-Reiner ou Arrau-Giulini, il faut quelquefois revoir ses repères.

DONC, ce fil a pour but de nous faire revoir le familier à la lumière de l'ancien. Postez ici les nouveaux achats faits à partir de 'matériel musical recyclé'. Et ce qu'ils vous inspirent en tant que réflexion, appréciation de l'oeuvre ou du style d'interprétation.

André a écrit:

Malheureusement DGG et EMI tardent à nous présenter des compilations semblables à prix raisonnable

Euhhh, pour Emi, y a la série Icon quand même, qui continue de produire de vastes coffrets consacrés aux grands artistes de la maison.

J'ai bien compris l'esprit de ton message. Pour le grand répertoire, j'écoute essentiellement des enregistrements de cette période 1950-1970. Ce sont ceux qui me sont déjà les plus familiers, ceux qui ont forgé mes repères (même si bien sûr je suis loin de tout connaître encore).
J'ai donc tendance à situer les enregistrements récents (ou le peu que j'ai envie d'en découvrir) dans le sillage de ces disques anciens, et non l'inverses.

Je connais la série Icon de EMI, mais je la trouve plutôt chère comparée aux coffrets Sony-BMG. Ces derniers varient de 15$ à 25$ selon le nombre de disques, soit en moyenne 2$ le disque (1 euro 50 ?).

Parmi mes derniers achats:

Les symphonies de Beethoven et de Prokofiev par Leinsdorf, celles de Haydn et Beethoven par Bernstein, les Mahler de Walter, et beaucoup d'autres encore.

Mélomaniac, je suis entièrement d'accord avec toi. Les enregistrements des années 50-70 avaient une personnalité qu'on ne retrouve généralement plus aujourd'hui. Ce n'est pas une vérité universelle, mais ça vaut pour une grande partie du répertoire de concert courant.

Ce qui m'amène à accumuler ces rééditions à petit prix n'est pas un désordre compulsif incontrôlable Mais plutôt la rumeur persistante voulant que le cd soit appelé à disparaître d'ici quelques courtes années. On ne sait pas alors quel sera le sort de ces archives discographiques irremplaçables.

Mon lecteur cd montre des signes évidents de fatigue. Déjà l'année dernière quand je suis allé chez mon fournisseur d'appareils hi-fi (mi-fi dans mon cas ), j'ai appris avec surprise que les lecteurs cd étaient déjà en phase de transition avec des machines hybrides (reliées à un ordinateur). Je suis vieux jeu et préfère encore la séparation des activités intellectuelles - pas de multi task pour moi merci. Et comme mon ordi est dans une autre pièce, je préfère continuer d'observer cette 'séparation des pouvoirs' qui me convient parfaitement. À l'exception de mon Ipad qui me sert pour 98% de mes activités d'internaute - comme par exemple écrire ce message - tout en me permettant d'écouter de la musique. Soit dit en passant, je n'ai pas encore trouvé comment on poste une image avec un ipad, sinon j'aurais utilisé le truc depuis longtemps. Je suis parfaitement conscient qu'une image se reconnait en une fraction de seconde et est toujours le meilleur moyen de reconnaissance d'un produit.

Bref, pour en revenir au sujet, je thésaurise. Et comme ce qu'il y a à thésauriser combine quantité et qualité, le tout à un prix imbattable, je me demande sérieusement quel intérêt on peut avoir à acheter des disques récents. Sauf dans le cas où je décide d'encourager un artiste vivant en achetant ses disques sur le marché.

Cette mise au point faite, j'aimerais parler plus spécifiquement des rééditions dans ce fil. Dans le but de partager des expériences musicales renouvelées (pour les anciens ), pour guider la masse des générations XYZ qui ne connaissent forcément pas la façon de faire de la musique dans les générations précédentes, et pour permettre un plus grand accès à de grands témoignages discographiques en voie de disparition.

PS: si qqun sait comment poster une image à partir d'un Ipad sans me faire perdre les quelques cheveux qui me restent, ne vous gênez pas!

Au risque de passer pour un odieux réactionnaire, me voici d'accord avec tout ce que tu viens d'écrire.

Ma platine de lecture CD fête ses vingt ans d'âge, elle tourne encore, et j'espère qu'elle continuera longtemps... Car je ne suis pas prêt à passer au téléchargement ni aux supports virtuels, ni aux appareils multifonctions...

Quel intérêt à acheter de disques récents dans le grand répertoire... On connaît déjà la réponse. Quand on admire déjà les grands anciens, qui ont passé l'épreuve du temps, dont les options esthétiques étaient souvent plus marquées qu'aujourd'hui (défaut de personnalité, homogénéisation des styles : hypothèse de grincheux misonéiste ou triste réalité ?), la probabilité qu'un artiste nous apprenne du neuf sur une oeuvre est très marginale...
Reste bien sûr l'intérêt d'entendre le témoignage d'artistes vivants... et de rémunérer leur talent, ne l'oublions pas.
Ce qui pose la question, moins évidente : un artiste peut-il se permettre de mener une carrière sur la seule base de ses concerts, sans avoir besoin d'enregistrer ?

Rappelons que certains des anciens entraient à reculons dans les studios (au hasard, parmi les pianistes : Schnabel ou Curzon), alors que la discographie n'était pas encore aussi encombrée qu'aujourd'hui.

Je viens de voir qu'un fil intitulé les Discopathes anonymes recoupait tant les achats de nouveaux disques que ceux de rééditions, et que ce fil est par surcroît très actif

Donc nul besoin de dédoubler les posts sur les rééditions. On se rejoint dans l'autre fil !