Mon petit CR personnel ; si certains l'ont vu, libre à eux de compléter/infirmer/confirmer.
Ici, un bouquet de critiques :
http://www.lemonde.fr/culture/article/2013/03/29/un-
fidelio-intergalactique-a-l-opera-de-lyon_3150603_3246.html
http://www.lesechos.fr/culture-loisirs/sorties/spectacles/0202674255112-
fidelio-dans-un-trou-noir-553996.php
http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=5005&cntnt01origid=57&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54
Pour moi, je me place plutôt du côté des deux premières que de la troisième ; cette dernière ne disant pas, par ailleurs, la bordée de huées qui a accueilli le rideau final (ça sifflote pendant les apparitions de l'actrice qui "dit" les poèmes fadasses surajoutés et ça hurle "Remboursé" pour finir). M'enfin...
J'ai été assez hermétique au propos futuriste de
Hill. Moins tant pour la performance visuelle (technique suprême et suprêmement gérée, même si elle peut confiner, parfois, au remplissage par souci de rentabilité) que parce que, pour que l'oeuvre prenne toute sa puissance, l'idée que cet arbitraire abject dénoncé par le livret est là, hic et nunc, dans un présent permanent et pas comme une fiction ! Là, je pense que l'artiste est passé à côté du propos et du potentiel de l'oeuvre.
Visuellement c'est parfois beau (la vision de Florestan en lévitation dans un vortex), souvent inutile (les
segways pour "faire" futuriste), toujours inconfortable pour les chanteurs (ces mêmes
segways qui les obligent à une station instable, des positions invraisemblables, le rideau à l'avant-scène sur lequel se font les projections).
Orchestre plutôt piteux dirigé sans vraie imagination par
Ono (quand on compare l'ouverture avec celle, au cordeau, entendue à Lyon par le LPO sous la baguette de Jurowski il y a quelques semaines à peine
). Décalages, mise en place brouillonne (les cuivres dès l'ouverture), même si la pâte avec ses bois verts et ses cuivres affûtés n'est pas sans intérêt.
Les critiques ont pointé du doigt l'investissement nécessaire à la création du
Claude d'Escaich/Badinter ; de fait,l'impréparation paraît évidente.
Sur le plateau ?
Kaune vibre énormément (qu'on vienne me parler de Jones
), avec un timbre sa accroche, sans vrais graves aussi et, surtout, une intonation rien moins que douteuse dans les longues vocalises d'
Abscheulicher !
Schukoff n'est pas forcément à l'aise avec son air chanté recroquevillé mais le timbre seul, son rayonnement intense, imposent une présence charnelle/charnue et le personnage souffre, vit et brûle les planches (et c'est bien à peu près le seul ici, après tout).
Schwinghammer est un Rocco traditionnel ; gentiment paternel, bien phrasé. Pas de quoi se relever la nuit. Hagen, il y a quelques années, quand Lyon avait repris la production de Lenhoff vue à Salzburg en imposait autrement avec plus d'humanité.
Hunka, même s'il peine à lacher pleinement les aigus sulfureux de Pizarro (mais avec un tel accoutrement) impressionne, par la présence, la couleur générale, la véhémence sans histrionisme, le contrôle du chant, etc.
Schroeder en ministre ne laisse pas de souvenir (là aussi, à Lyon, Gysen il y a quelques années était superbe de phrasé dans sa brève apparition).
Couple "ancilaire" vraiment déplaisant à écouter (
V'ourch très acide et pas forcément très audible, sans doute à cause du fameux rideau, fût-il léger).
La représentation ne fonctionne, finalement, que parce que la musique elle-même est une locomotive irrépressible (la "strette" du final, le choeur des prisonniers sublime, les quatuor du I et du II) ; et la déception est à la hauteur de l'attente !