Handel_Water Music, Pierre Boulez, New York Philharmonic.
Celui-là c’est pour en finir avec la musique baroque !
Pourquoi ne pas ensuite recommencer avec ces deux-ci ?
Ils sont fort antithétiques et montrent ce que la musique baroque du début du XVIIIe siècle contient et peut exprimer.
Dramma (airs d’opéra de Porpora, de Majo, Hasse et Händel)_Simone Kermes et la Magnifica Comunità.
JS Bach_Three or one, Fred Thomas (piano), Aisha Orazbayeva (violon), Lucy Railton (violoncelle).
24 transcriptions de préludes de choral pour orgue, d’airs de cantates et de sinfonias. L’exubérance est du côté du disque de la soprano coloratura Simone Kermes. Certes c’était là des airs pour castrats, quel dégoût ! Au moins ils n’auront pas chanté que de la m****. L’air
Alto Giove de Porpora, que l’on peut entendre dans la B.O. du film
Farinelli, prend ici une dimension sonore supérieure. J’adore aussi
Per trionfar pugnando, qui ouvre l’album : pourquoi se priver de chanter ce qui peut passer pour une totale kitscherie lorsqu’on a la folie et la voix extraordinaire de Simone Kermes !
À l’époque de la parution de
Dramma, sa recension dans une émission de France Musique avait été pénible. Les artistes s’étaient fait descendre en flèche par un ou deux critiques, selon des motifs que j’ai estimé fallacieux : il y a un petit effet de studio à l’ouverture du disque, pendant quelques secondes. Cela avait suffi à un critique pour étaler son mépris, au milieu d’autres considérations d’une aussi « fine bouche ».
Mais ce disque diffuse quelque chose de la dinguerie que les opéras de l’époque suscitaient en certaines occasions (j’avoue que j’en parle par ouï-dire, sans avoir étudié cela sous l’angle historiographique). La tension qui anime ces œuvres est palpable, des airs décomplexés aux airs altiers, la palette est grande. Chapeau bas !
Le disque de Fred Thomas et ses deux partenaires,
Three or one, offre des transcriptions de Jean-Sébastien Bach. Parfois piano seul, le plus souvent en trio. C’est très crédible. Le langage de Bach, sa signature, est constamment présente. Mieux, les musiciens offrent une parcelle de paix et d’attention qui crée un silence singulier, plus beau que maints silences qui correspondent à une définition plus intellectuelle du mot, sans en avoir la perfection.
À côté de cette heure dédiée à Bach, bien des musiques d’avant ou d’après sonnent presque aussi bruyamment que la cacophonie de l’impensé, celle des camisoles médiatiques, des ménageries hyper urbaines, des chantiers énervants où le port du casque est obligatoire, pas qu’aux audiophiles mélomanes.
Mais demeurer dans cette sphère virginale de l’art et de la sensation est impossible à nos oreilles saturées. On peut toujours y revenir, s’y sentir chez soi et rêver de la vie, à côté de la vie, en marge du monde.