- bAlexb a écrit:
- "Un ténor est né" : http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=6324&cntnt01origid=57&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54 ...
CR à suivre.
Globalement, pas grand-chose à ajouter au bon article de FO.
Mise en scène très lisible et pleine de poésie (y compris visuelle) de
Fréchuret. De belles frondaisons aux lumières changeantes, une séquence de la nuit de Noël qui n'est pas sans rappeler Franju (moi, ça me touche : la longue allée parcourue en sens inverse dans un noir et blanc extrêmement classique/épuré qui me rappelle
Thérèse Desqueyroux cru 1962). un échiquier humain qui s'agrège/se désagrège au gré de l'intrigue et un tableau final sous la neige magnifique avec quelque résonance christique. Du travail solide, des chanteurs/corps chantant bien mis en valeur (et je dis "corps chantant" parce qu'ils sont bien considérés comme tels par le metteur en scène c'est à dire dans le corporalité théâtrale et dans leur essence/nécessité de chanteurs).
Bel orchestre : toujours valeureux, toujours bien fourbi par
Campellone. A mon goût il touche ses limites (expressivité, qualité d'ensemble) dans les passages
ff (et c'est cruellement surexposé dès les premières mesures) mais le tissu en lui-même est de toute beauté, les pupitres de bois/vents surtout (et surtout les vents graves, cf. airs des larmes) sonnent pleins et goûteux, etc. Dommage que le chef soit tellement bruyant (et tellement plus à chaque production) !
Côté plateau tout le monde a souligné l'excellence de la troupe (et j'ajoute : son français impeccable) ; tout le monde aussi a noté les limites de
Damiano Salerno en Albert (très petit instrument dans une acoustique en général très favorable aux voix ; timbre extrêmement clair, presque ténorisant mais sans charpente, sans armature).
Abdellah Lasri : c'est la révélation pour moi. Un timbre d'une plénitude tranquille. Tout armé comme Minerve, qui ne semble jamais à la peine ; qui peut se permettre de phraser large, sans économie mais (apparemment, et c'est ce qui est beau) sans limites. Un personnage à la fois introverti mais pleinement incarné ; un parcours comme une nécessité, avançant vers la mort comme s'il s'agissait d'un tribut naturel (ce qui redouble la vision christique voulue par Fréchuret). Chant à la fête et personnage déjà très complet ; voix à suivre.
Des commentateurs ont noté des limites chez la Charlotte belle à en crever de
Marie Kalinine. Je crois, moi, qu'elle n'a de limites que celles qu'elle se fixe/qu'on lui fixe. Ce que j'ai vu : un personnage violemment incarné, déchiré ; pas une femme enfant, c'est évident. Ce que j'ai entendu : le pendant volontaire (toujours ce sentiment de nécessité presque mathématique) de cette féminité. La Charlotte de Kalinine n'est pas une épure/abstraction ; elle tire clairement plus du côté de Gorr ou Crespin que de celui de Los Angeles. Le timbre est extrêmement charnu/charnel, sombre, concentré mais tenu de manière implacable dans les deux airs du III (et notamment celui des "Larmes" qui se déploie comme un long
lamento aux inflexions millimétrées). A mon sens une vraie réussite qui appelle des reprises pour éliminer quelques (très) rares scories ; notamment un français un peu perfectible dans les dynamiques élevées et dès lors que le tiers supérieur de la voix est sollicité.
Lakmé, les
Barbares,
Werther : j'ai vu cette saison à Saint-Etienne trois productions qui classent haut la maison dans la présentation du répertoire français.