Vos derniers DVD musicaux regardés (Avril 2006)

Le topic du mois d'avril.

A vos critiques!

2è vision, et je suis encore plus enthousiaste.
C'est décidément un de mes opéras favoris de Strauss juste derrière Salomé et Elektra, qu'il dépasse peut-être en profondeur et en complexité musicale.
Je ne comprends pas qu'il soit si peu représenté et enregistré en comparaison du Chevalier à la rose ou d'autres... peut-être est-ce dû à son caractère moins immédiat et moins facile d'accès, toujours est-il que c'est une oeuvre d'une richesse inouïe à tous les plans.
Un régal au niveau orchestral comme souvent chez Strauss, dramatiquement c'est mené de main de maître, c'est vocalement très périlleux, vraiment une gageure pour les chanteurs.
Le livret ne livre pas tous ses secrets au premier abord, mais ça vaut la peine de s'y plonger.
Harmoniquement on atteint à mon avis au sommet de l'art de Strauss, il y a des atmosphères inouïes.
Le côté onirique-fantastique lui va à merveille.

Le metteur en scène Gotz Friedrich a d'ailleurs raison de ne pas du tout gommer cet aspect, au contraire il le met merveilleusement en valeur; c'est même une des plus belles mises en scène d'opéra que j'ai vues à ce jour, les éclairages et les décors sont magnifiques.
Les costumes sont également très bien choisis.

La direction de Solti (ici à la fin de sa vie) est vive, dramatique mais pas du tout bourrin comme on peut parfois lui reprocher, au contraire tous les raffinements de la partition sont parfaitement mis en valeur.

La distribution est d'un très bon niveau, avec un imposant Bryn Terfel pour le messager, Marjana Lipovsek qui campe une exceptionnelle Nourrice, perfide comme jamais, Robert Hale un Barak assez émouvant, Eva Marton un peu hurlante en femme de Barak, Thomas Moser est un bon empereur et Studer très touchante en Impératrice.

Si vous ne connaissez pas encore cet opéra, c'est l'occasion idéale.

Oeuvre: 10/10
Interprétation: 9/10
Mise en scène: 9,5/10
Technique: 8/10

Premier vrai contact avec cet opéra.
C'est très beau, magnifique même, mais je trouve ça moins inventif, moins surprenant que Les Noces, moins dramatique et moins profond que Don Giovanni.
Je parle surtout d'un point de vue musical, le livret étant très amusant mais aussi très léger je trouve.
L'écriture vocale est magnifique, bien que manquant de variété à mon goût, combien de duos à la tierce, à la sixte... ok ça marche du tonnerre, mais on peut trouver ça un peu long.

Je n'ai pas encore de points de comparaison mais les chanteurs sont tous excellents, c'est bien joué, la mise en scène est correcte, la direction de Gardiner très enlevée.

Oeuvre: 8/10
Interprétation: 8/10
Mise en scène: 8/10
Technique: 8/10

Xavier a écrit:

...moins profond que Don Giovanni.
Je parle surtout d'un point de vue musical, le livret étant très amusant mais aussi très léger je trouve.

En première écoute, oui, c'est léger, à y regarder de plus près, c'est passablement cruel voire sombre:

Un vieux barbon aigri prend plaisir à pervertir des jeunes gens bien inexpérimentés dans les choses de l'amour et facilement manipulables.

En cela il se fait aider par une servante quelque peu dévergondée qui suborne ses maîtresses.

Ces pauvres jeunes gens se rendent comptent que leur couple initial était mal assorti, ils découvrent l'amour (la passion) le temps de quelques soirées d'été, avant de retourner docilement vers leur promis(e) qu'ils épouseront avec quelques regrets (ça, ça devrait te toucher, Xavier, quand même! ).

Je ne trouve pas que l'issue de cette comédie soit très heureuse.

Bah justement je trouve à peine crédible la réconciliation finale...
Tout cela est en fait censé être léger mais peine à l'être; c'est même limite pervers en fait!

Le seul opéra de Dvorak véritablement passé à la postérité, crée en 1901, on peut s'attendre à quelque chose d'intéressant... eh ben bof.
Quelques traces d'influence wagnérienne, quelques beaux passages, une orchestration parfois assez belle, mais on est plus proche de Tchaïkovsky voire de Puccini que de Wagner.
C'est finalement assez banal, dramatiquement ça ne tient pas la longueur, rien de très marquant... je me suis ennuyé dans l'ensemble.

La mise en scène est chiante.
Nous sommes dans un conte de fées, et nous avons droit aux costards, à des chorégraphies complètement foireuses, à des chambres d'hôtel 3 étoiles...

Côté distribution, Fleming est exaspérante d'approximation vocale, on dirait que pour elle les notes de la partition ne sont que des points de repères et qu'on fait ce qu'on veut entre... et puis les attaques rauques, fausses, le maniérisme permanent...
Pour le reste, Sergei Larin est honnête, Sénéchal abominable, l'Ondin et les ondines sont très bien... c'est globalement bien dirigé.

Oeuvre: 6/10
Mise en scène: 5,5/10
Interprétation: 6,5/10
Technique: 6,5/10 (image et son excellents comme d'habitude chez TDK, sauf que là un souffle important apparaît assez fréquemment et gâche quelque peu l'écoute)

Xavier a écrit:

Premier vrai contact avec cet opéra.
C'est très beau, magnifique même, mais je trouve ça moins inventif, moins surprenant que Les Noces, moins dramatique et moins profond que Don Giovanni.
Je parle surtout d'un point de vue musical, le livret étant très amusant mais aussi très léger je trouve.

Comme le souligne Vartan, c'est passablement sordide, si on y réfléchit à deux fois.
En effet, ça n'a pas le rythme dramatique des Noces (ou, si l'on veut, l'atmosphère de DG), mais, peut-être paradoxalement, il me semble que c'est le plus profond des trois, si jamais cette hiérarchie peut avoir un sens.

Un opéra absolument fascinant à mon sens. Il est farci de références à son époque musicale, et se prête à de nombreuses relectures, selon le jeu des responsabilités. Récemment, à Vienne : "et si elles savaient ?".


Pour répondre à ton interrogation, ce n'est pas "limite pervers", c'est pervers.

Xavier a écrit:

La mise en scène est chiante.
Nous sommes dans un conte de fées, et nous avons droit aux costards, à des chorégraphies complètement foireuses, à des chambres d'hôtel 3 étoiles...

Si c'est la mise en scène passée à Bastille il y a quelques temps, je ne suis pas d'accord. C'était certes très costume-hôtel, mais il y avait un côté très ludique qui correspondait bien au livret (les chorégraphies, les effets mirroirs), même si l'univers était en apparence différent. L'opéra n'a rien de transcendant, mais la mise en scène était sympa.

Xavier a écrit:

Le seul opéra de Dvorak véritablement passé à la postérité, crée en 1901, on peut s'attendre à quelque chose d'intéressant... eh ben bof.
Quelques traces d'influence wagnérienne, quelques beaux passages, une orchestration parfois assez belle, mais on est plus proche de Tchaïkovsky voire de Puccini que de Wagner.
C'est finalement assez banal, dramatiquement ça ne tient pas la longueur, rien de très marquant... je me suis ennuyé dans l'ensemble.

Banal ? Tu rigoles ? C'est sans doute trop lyrique pour toi (pourtant, Frosch...), mais ça a une sacrée personnalité !

Citation :

La mise en scène est chiante.
Nous sommes dans un conte de fées, et nous avons droit aux costards, à des chorégraphies complètement foireuses, à des chambres d'hôtel 3 étoiles...

Il paraît que Carsen a fait ça très bien. Honnêtement, si je suis assez dubitatif sur le carton-pâte, les transpositions réalistes me laissent toujours très défiant.
Pour avoir vu Traviata de Carsen dans une esthétique proche, je compatis.

Citation :

Côté distribution, Fleming est exaspérante d'approximation vocale, on dirait que pour elle les notes de la partition ne sont que des points de repères et qu'on fait ce qu'on veut entre... et puis les attaques rauques, fausses, le maniérisme permanent...

C'est vrai qu'elle est moins à son aise que dans le disque de Mackerras. Pourtant, Rusalka est probablement son meilleur rôle, qu'elle chante avec une grande musicalité. Il est vrai que la caractérisation est plus floue.

Citation :

Pour le reste, Sergei Larin est honnête,

Après Heppner, c'est même un peu pénible. J'ai toujours l'impression qu'il a un rhume !

Citation :

l'Ondin et les ondines sont très bien... c'est globalement bien dirigé.

L'Ondin n'est pas Hawlata ? Je le trouve assez vulgaire, tout de même, bien que très honnête.

Citation :

Technique: 6,5/10 (image et son excellents comme d'habitude chez TDK, sauf que là un souffle important apparaît assez fréquemment et gâche quelque peu l'écoute)

Mais qu'il est chatouilleux !
(Cela dit, le son des DVDs est souvent infâme.)

Franchement je ne vois aucune véritable personnalité là-dedans... un peu de Tchaïkovsky, un peu de Puccini, un peu de Wagner... pas grand chose d'autre, en tout cas rien de marquant pour moi.

Trop "lyrique"? Je ne sais pas...

C'est quoi, "Frosch"?

Xavier a écrit:

Franchement je ne vois aucune véritable personnalité là-dedans...

C'est tellement évident pour moi que je ne sais quoi te dire.

Citation :

Trop "lyrique"? Je ne sais pas...

Il y a un côté "facile", peut-être, qui n'est pas pour te plaire.

Citation :

C'est quoi, "Frosch"?

L'abréviation de Die Frau ohne Schatten.

Sur quels points peux-tu comparer Rusalka et la Femme sans ombre? Strauss c'est d'une telle richesse musicale en comparaison, d'une telle puissance expressive, d'une telle variété d'écriture, d'une telle maîtrise orchestale...

Xavier a écrit:

Sur quels points peux-tu comparer Rusalka et la Femme sans ombre?

Le climat, le lyrisme.

Citation :

Strauss c'est d'une telle richesse musicale en comparaison, d'une telle puissance expressive, d'une telle variété d'écriture, d'une telle maîtrise orchestale...

L'orchestre de Dvořak est très loin du ridicule, sa puissance expressive est au moins supérieure à Frosch.
Mais je ne suis pas très étonné que tu n'aimes pas.

A propos de la richesse de Frosch, quelques lignes qui m'ont glacé d'effroi : http://chanteur.net/spectacles/20030108-Bastille-FrauOhneSchatten.htm .

Figure-toi que j'avais lu cet "article"... lamentable.

Pour Rusalka, je reconnais que c'est dans l'ensemble bien orchestré, que c'est bien écrit, qu'il y a de belles choses... mais rien qui ne justifie une 2è écoute à mon goût.

Xavier a écrit:

Figure-toi que j'avais lu cet "article"... lamentable.

Pourtant, Alain Zürcher est quelqu'un de fort sympathique, pas un adepte du bashing. Mais trouver des tautologies harmoniques dans du Strauss - certes, ce n'est pas Klytämnestra -, ça m'a un peu laissé pantois.
En plus, cette Frosch était très réussie, même si on n'en comprenait pas un mot chez les femmes...

On s'en fout!

Tout à fait. D'ailleurs, dans un forum peuplé de musicologues, je me demande pourquoi on parle de musique.

Mr Bloom a écrit:

On s'en fout!

Tu vas bientôt épuiser ton quota de messages profonds par jour, fais attention.

Xavier a écrit:

Tu vas bientôt épuiser ton quota de messages profonds par jour, fais attention.

Arrête j'ai répondu sur la mise en scène et tu as même pas répondu! Sur l'opéra lui-même je suis plutôt d'accord avec toi, ca s'écoute plutôt bien une fois mais pas deux.
Et Vicarious c'est bien mieux.

Mr Bloom a écrit:

Et Vicarious c'est bien mieux.

Moi je préfère les hameçons de 4. Ou les rainettes, avec du persil.

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

Figure-toi que j'avais lu cet "article"... lamentable.

Pourtant, Alain Zürcher est quelqu'un de fort sympathique, pas un adepte du bashing. Mais trouver des tautologies harmoniques dans du Strauss - certes, ce n'est pas Klytämnestra -, ça m'a un peu laissé pantois.
En plus, cette Frosch était très réussie, même si on n'en comprenait pas un mot chez les femmes...

Oui, étonnant qu'on puisse trouver aussi peu de "musique" dans la Frosch...

Par contre j'ai assez aimé ce paragraphe plutot pertinent :

"Le choix de Robert Wilson pour mettre en scène La Femme sans Ombre est d'ailleurs un gag en soi, son système étant fondé sur les poursuites découpant chaque personnage et projetant, justement, son ombre bien distincte.
Le plus stupéfiant est peut-être que Robert Wilson n'ait absolument rien changé à sa recette pour traduire d'une manière ou d'une autre l'absence d'ombre, renonçant ainsi à utiliser sa maîtrise de la lumière à une fin pour une fois non gratuite."

Musicalement c'est vraiment très moyen.
L'orchestre est plat, sans couleurs, la direction de Boulez neutre et impersonnelle au possible.
Vocalement c'est moins que moyen pour les rôles principaux. (McIntyre et Becht...)

Au niveau mise en scène, ça reste mon volet préféré de Chéreau, disons que c'est celui où il y a le moins de trucs qui m'agacent. (le meurtre de Fasolt ridicule quand même, et à la fin de la 1ère scène on dirait que les filles du Rhin arrivent à mettre Alberich à terre et à récupérer l'anneau... )
Autrement si on accepte le côté surjoué c'est très bon.
Le problème c'est que les décors exposent la même grisaille que l'orchestre, c'est vraiment laid à voir.
Reste la question de la transposition qui met de côté l'aspect mythologique du Ring...

Oeuvre: 10/10
Interprétation: 6,5/10
Mise en scène: 7/10
Technique: 6,5/10

Je complète.
Schwarz, une mezzo assez fade d'habitude, tient ici les représentations de sa vie, malgré son format pas très volumineux. Zednik est d'une grande finesse, as usual. Jerusalem le Froh idéal. Hübner est à peu près supportable en Fafner (contrairement à son Hagen).

Totalement d'accord sur Boulez, ce n'est pas mauvais, c'est juste sec, gris et plat - sans intérêt, donc, dans cette discographie pléthorique. Pas aidé par un orchestre au fond du trou noir (et sous la fosse).

Je suis en revanche en désaccord sur McIntyre. Le timbre n'est pas beau, mais la voix est solide, et la caractérisation tout à fait présente. Lorsqu'on s'est habitué à cette espèce de mollesse verdâtre qui gêne de prime abord, c'est vraiment un Wotan de tout premier plan : bien chanté, bien pensé, bien incarné, tout y est.
C'est l'un de ceux auxquels je reviens avec beaucoup de plaisir. Plus que le Hotter d'après 1950, plus que Hale, largement plus que Terfel. Sans doute pour cette grande simplicité désarmante. Contrairement aux deux derniers, on ne sent pas la voix, mais le personnage d'abord.

Stewart (et Nimsgern ), c'est pas mal non plus, soit.

DavidLeMarrec a écrit:

Je suis en revanche en désaccord sur McIntyre. Le timbre n'est pas beau, mais la voix est solide, et la caractérisation tout à fait présente. Lorsqu'on s'est habitué à cette espèce de mollesse verdâtre qui gêne de prime abord, c'est vraiment un Wotan de tout premier plan : bien chanté, bien pensé, bien incarné, tout y est.

Tu as raison en fait, je suis d'accord avec tout ça.

Sauf que je trouve sa voix très laide. (et ça m'embête)

Mais effectivement il incarne très bien Wotan.

Et tu n'aimes pas James Morris?

DavidLeMarrec a écrit:

Zednik est d'une grande finesse, as usual.

Il cabotine quand même pas mal; et puis il est tellement bon en Mime... même en Loge il me fait penser à Mime. (et puis je trouve ça bête de prendre un autre Mime pour l'Or du Rhin...)

Xavier a écrit:

Sauf que je trouve sa voix très laide. (et ça m'embête)

Si ça peut te rassurer, ça m'a longtemps gêné aussi. A présent, je l'aime absolument partout et il fait vraiment partie des chanteurs que j'admire. Dans le genre timbre ingrat, difficile de faire pire cependant (chez les hommes).

Citation :

Et tu n'aimes pas James Morris?

Pas beaucoup. Je l'ai découvert dans le répertoire français (Roi de Lahore), la voix était chevrotante, le français vilain et le timbre affreux. Je pensais à un mauvais comprimario professionnel du genre Plishka. Il était tout jeune, il faut dire, et mal employé. On aurait dit un centenaire...

Dans son répertoire d'élection (pas Verdi non plus, donc Wagner et puis c'est tout), c'est tout à fait convenable, mais je le trouve très sage, vraiment propret. La voix est solide, le timbre n'est pas laid, mais je n'y discerne aucune personnalité.

Du coup, je dirais que ça ne me ferait pas plus reculer pour acheter un disque que ça ne m'y inciterait.

Xavier a écrit:

Il cabotine quand même pas mal;

Là encore, question d'habitude : j'ai vu le Ring Chéreau alors que j'avais Stolze dans l'oreille, pour Loge. Alors inutile de te dire que j'ai trouvé ça très sobre. J'adore Zednik de toute façon, parce que son cabotinage n'est pas là pour renforcer des choses déjà dans le texte comme les histrions, mais c'est vraiment un commentaire intéressant sur le personnage.

Citation :

et puis il est tellement bon en Mime... même en Loge il me fait penser à Mime. (et puis je trouve ça bête de prendre un autre Mime pour l'Or du Rhin...)

Quant tu en as deux excellents, oui. Mais le transfert ne me gêne pas du tout si ça m'évite de me farcir un mauvais Fafner en Fafner de Siegfried, une Erda qui rame en Fricka, etc. Tu aurais préféré que Jung chante, selon la vieille tradition, Loge aussi ?

DavidLeMarrec a écrit:

une Erda qui rame en Fricka

Mais ce n'est pas possible dans Rheingold puisque les 2 personnages sont présents...
Autant mettre la même Fricka pour l'Or du Rhin et la Walkyrie...

Xavier a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

une Erda qui rame en Fricka

Mais ce n'est pas possible dans Rheingold puisque les 2 personnages sont présents...
Autant mettre la même Fricka pour l'Or du Rhin et la Walkyrie...

Je pensais aux Fricka qui font Erda dans Siegfried, ça arrive assez souvent. Ou du moins, arrivait.

Ah oui je n'y avais pas pensé. (je ne crois pas avoir vu ce cas de figure)

C'est le cas dans le Ring reconstitué Bodzansky/Leindorf (Thorborg), Moralt (Anday) et Furtie I (Höngen). Une vieille tradition un peu oubliée, manifestement.

Il est clair que ça ne sera jamais une de mes versions préférées, néanmoins ce nouveau visionnage a été assez bénéfique.

Tout d'abord la mise en scène de Chéreau.
Exaltée et bien jouée (si, encore une fois, on accepte le côté un peu surjoué de son style), elle est excellente au 1er acte.
Au 2è acte la confrontation Wotan-Fricka est magnifique.
Je suis toujours aussi énervé par les décors et les costumes, mais passons.
Pourquoi Wotan prend-il la lance de Brünnhilde pour empaler Siegmund?
N'a-t-il pas la sienne, où sont inscrites les lois?
Il ne lui rendra d'ailleurs jamais...
Pourquoi enfin change-t-il de costard entre l'acte 2 et l'acte 3 alors qu'il est censé poursuivre Brünnhilde jusqu'au rocher?
Vous allez me dire c'est un détail, oui mais ça m'énerve.
Enfin c'est toujours grisailleux, à peine moins que dans l'Or du Rhin, et ce qui m'agace le plus ce sont tous les détails triviaux. (l'escalier qui mène au rocher, on se croirait dans un chantier, j'exagère à peine... pourquoi enlever à tout prix le côté mythique?...)
Donc dans l'ensemble je demeure mitigé mais tout de même intéressé par ce que j'ai vu. (au niveau du jeu et de la mise en lumière des relations entre les personnages, pas des décors et des costumes)

Au niveau vocal, effectivement McIntyre est un grand Wotan.
J'ai dû m'habituer à sa voix laide depuis l'Or du Rhin car ici elle ne m'a pas gênée, j'ai été captivé par son interprétation au 2è acte, sa manière de dire le texte et de parfois le chuchoter, bref de le faire vivre, est admirable.
Son "Leb wohl" du 3è acte est poignant, même si évidemment c'est beaucoup moins beau que du James Morris... (que j'ai toujours dans la tête!)
Hanna Schwarz est remarquable dans sa scène du 2è acte, au niveau de McIntyre. (sauf que sa voix n'est pas laide )
Gwyneth Jones... comment dire... ben il faut savoir que chaque note est chanté dans une fourchette d'un tom et demi, à part ça tout va bien.
Ses attaques droites et fausses, son vibrato s'apparentant à des sirènes de pompier dès qu'on entre dans le haut médium, ses hurlements, la justesse mise à mal une note sur deux...
Bon, je ne lui reprocherai pas de ne pas faire vivre le rôle, mais il faudrait songer à le chanter aussi... (promis je ne ferai pas de comparaison avec Hildegard B. )
Heureusement Hofmann et Altmeyer sont formidables de bout en bout en jumeaux.

Niveau orchestral c'est du niveau de l'Or du Rhin c'est-à-dire franchement moyen. (pour ne pas être méchant)
L'orchestre est mauvais (cuivres défaillants, problèmes de mise en place, piccolo complètement faux pendant toute la fin, une horreur), tantôt trop timoré, tantôt bruyant, enfin vous allez me dire ça c'est la faute du chef.
L'interprétation de Boulez est une nouvelle fois sans intérêt, sans réel impact dramatique à part à la fin du 2è acte, les passages lents du 3è acte sont massacrés en étant pris 2 fois trop vite. (3è acte expédié en 1h05, n'est-ce pas un record?)

Oeuvre: 10/10
Interprétation: 6,5/10 (7,5 pour les chanteurs, 5,5 pour l'orchestre et la direction)
Mise en scène: 7/10
Technique: 6,5/10 (l'image est fade et sans couleurs, le son plat mais correct, bref tout comme les décors et l'orchestre de Boulez )

Xavier en avait naguère fait une belle critique.

Je suis très séduit par ce spectacle. Mise en scène envoutante, dans un palais victorien teinté du cuivre des miroirs qui cernent et étouffent l'espace, Alice au pays des merveilles en plus inquiétant, ambiance du Nautilus oû Golaud prend des airs de Capitaine Nemo.

Mélisande de Oelze délicieuse, bien loin d'une Joachim, ici plus lumineuse, sorte de Chrysotémis, diction et prosodie parfaite.

Golaud très touchant en homme blessé, affectivement fragile, subtil, sensible puis débordé par sa souffrance, écorché (vraiment un beau Golaud).

Pelléas un peu fadasse, belle voix, belle gueule, look à la Rieu (André), quelques R qui ont du mal à passer, mais correct quand même.

J'oubliais quelque moments de pure poésie comme l'on dit créés par le metteur en scène et le décor dans la scène de la fontaîne, celle de la tour..., Un tapis de fleur ondulant ophélisant qui allège la sensation d'oppression, vraiment chouette.

(là je vais faire mon Xavier) ma note: /5

Tomlinson en Golaud, c'est très impressionnant, c'est vrai ! Encore en 2004, toujours à Glyndebourne, avec un Langrée tel qu'on ne l'aurait jamais imaginé au pupitre.

J'avais vu cette oeuvre au Châtelet il y a bien 10 ans mais je n'en avais aucun souvenir.

Dramatiquement c'est bien mené, on ne s'ennuie pas, musicalement c'est assez beau, dans un style que j'aurais du mal à définir, je connais encore trop peu Janacek, en tout cas beaucoup de couleurs modales, peu d'éclats mais quelques petits restes de vérisme.
Ca n'a rien d'extraordinaire non plus, ce n'est pas une découverte marquante pour moi.
Il faudrait que je relise le sujet sur Janacek et ses opéras, je me demande comment sont les autres.

L'interprétation est globalement excellente, Jenufa est interprétée de façon émouvante par Roberta Alexander (une chanteuse que je ne connaissais pas et qui se révèle ici d'une grande qualité), Anja Silja campe à la perfection Kostelnicka, bon vocalement ça n'est plus trop ça (aigus faux, quasi-hurlés et atteints du syndrome vibratoire Gwyneth Jones) mais c'est compensé par sa prestation scénique.
Le reste de la distribution est très satisfaisant.
Idem pour l'orchestre.
Mise en scène (signée Lehnhoff) idéale pour découvrir l'oeuvre.
On regrettera la réverbération excessive (due à la salle peut-être) et la qualité médiocre de l'image. (des rémanances quand les personnages bougent notamment)

Oeuvre: 7,5/10
Interprétation: 8/10
Mise en scène: 8/10
Technique: 6,5/10