Les pêcheurs de perles
Livret de Carré et Cormon
Mise en scène : Vincent Boussard
Décors : Vincent Lemaire
Costumes : Christian Lacroix
Leila : Annick Massis
Nadir : Sébastien Guèze
Zurga : Étienne Dupuis
Nourabad : Jean Teitgen
Choeurs de l'Opéra du Rhin, Orchestre Symphonique de Mulhouse
Patrick Davin.
Cet opéra de jeunesse de Bizet - 1863 - est pratiquement contemporain de Tannhauser et de la Force du destin - il a connu un succès public lors de sa création, mais a été éreinté par la critique, surtout à cause du livret pseudo orientaliste où "seuls les coquillages sont authentiques" !
La musique, finement orchestrée, est plaisante à écouter même si Bizet peine quelque peu à traduire les émotions violentes - elle comporte quelques tubes : la romance de Nadir, le duo Nadir - Zurga ; l'écriture vocale du rôle de Leila est d'une constante beauté.
Le livret est effectivement un peu faiblard, les personnages étant à peine esquissés et comporte quelques bizarreries : un moment Leila s'écrit "Blanche Siva, reine à la chevelure blonde" !!!!
Vincent Boussard a tenté de s'abstraire de l'exotisme de pacotille ; il a donc construit un univers dans lequel l'oeuvre est mise en abyme, l'interprète de Zurga incarnant aussi Bizet en train de composer - le décor est uniquement composé des loges d'un théâtre à l'italienne dans lequel viennent prendre place les choristes ou les protagonistes.
Ce parti-pris ne fonctionne qu'imparfaitement, et il aboutit à un jeu d'acteur très statique, n'animant guère une action déjà chiche en rebondissements.
La seule note orientaliste est plus suggéré que réellement présente : les coiffures des choristes, et le costume de Maharadja de Nourabad dans des prince de galles violet - touche raffinée signée Christian Lacroix.
je me suis demandé si cette oeuvre ne fonctionnerait pas mieux avec une mise en scène franchement parodique, avec un Laurent Pelly.
Malgré ces réserves le spectacle est captivant la plupart du temps grâce aux chanteurs : femme-objet idéalisée et constamment sous le regard des hommes, Annick Massis envoute littéralement, chez les hommes Étienne Dupuis est un Zurga superbe.
L'orchestre et les choeurs, très présents, secondent parfaitement les solistes.
Je n'ai donc pas un instant regretté ce voyage à Strasbourg.
Montfort