Si j'aime le jazz...

Alifie a écrit:

Par contre, on ne saurait trop te recommander, puisque tu aimes les rééditions de singles originaux, pour te permettre de commencer une série de plus de 112 albums :

Spoiler:

  Franchement, je voulais bien essayer pour te faire plaisir, le disque ne coûte pas trop cher.

  Mais à lire les commentaires sur Amazone, ça a l'air atroce je doute que ça me plaise...

en plus, il y a des crétineries à botter le derrière de son auteur dans le premier commentaire (il s'agit évidemment uniquement de groupes de Sun Ra).

 Je viens de lire que le big band de Stan Kenton se serait commis dans le mauvais goût.

Connais pas.

Qu'en pensez-vous ?

Le cas Kenton est complexe : il a eu des périodes sérieusement ampoulées et bruyantes (avec un effectif allant jusqu'à une 40aine de musiciens), mais il est aussi incontournable que Woody Herman dans les big bands post-swing. Il suffit de dresser la liste, interminable, des musiciens passés par son orchestre pour s'en convaincre : les trompettistes Shorty Rogers, Pete et Conte Candoli, Maynard Ferguson, le tromboniste Frank Rosolino, les saxophonistes Art Pepper, Bud Shank, Richie Kacuma, Charlie Mariano, Pepper Adams (ou encore Lee Konitz, Lucky Thompson, Zoot Sims et même Getz), les batteurs Shelly Manne et Mel Lewis, les arrangeurs Bill Holman et Pete Rugolo, les chanteuses Anita O'Day, June Christy, etc etc... Souvent aventureux (jusqu'à l'enflure), il a néanmoins été un véritable innovateur. Tu vas certainement le croiser sous son meilleur jour dans l'anthologie de Francis et Wagner (pour la disco sélective, voir avec encyclonéthou).

Euh, hormis Stan Getz, je ne connaissais aucun des musiciens que tu as cités...   

Mais bon, si tu le dis, je veux bien croire que ce sont des pointures.

J'ai lu aussi que les bands de Kenton jouissaient de collective de trompettes parmi les meilleurs jamais enregistrés...

Bah, de toute façon, comme j'aime bien les big bands, une découverte poussée va devoir s'imposer. Sa discographie a l'air très copieuse...

 Je suis en train de fondre en écoutant Body and soul par Serge Chaloff & co, dans l'album ci-dessous...

De disques en disques, le sax baryton devient mon préféré de cette famille d'instruments : capable de mélodie, mais aussi de textures suaves, de grognements caverneux...

  Quels sont les grands albums incluant cet instrument que vous pourriez me conseiller ?

Spoiler:

Il se fait tard, donc j'en oublie certainement, mais à la louche pour les musiciens (la disco, c'est le rayon de ) : Harry Carney, Leo Parker, Shahib Shihab, Nick Brignola, Cecil Payne, Pepper Adams, Mulligan bien sûr et dans les plus modernes Howard Johnson, John Surman, Hamiet Bluiett ... sans oublier pour le coup Pat Patrick chez Sun Ra.

Guiffre n'a pas joué du baryton?   

Mélomaniac a écrit:

Quels sont les grands albums incluant cet instrument que vous pourriez me conseiller ?

En fait il y en a assez peu, comme le saxophone soprano le baryton est un peu le parent pauvre des saxophones, qui servait surtout d'assise à la section de sax des big band, mais rarement soliste; celui que l'on peut considérer comme le plus beau son de baryton, Harry Carney, qui a fait toute sa carrière chez Duke Ellington, n'a quasiment fait aucun disque en soliste sous son nom.
Mais il y a des exceptions, Gerry Mulligan en tête, et ceux qu'Alifie a cité plus haut.
Je te donnerai quelques pistes plus tard aujourd'hui.

néthou a écrit:

Je te donnerai quelques pistes plus tard aujourd'hui.  

  

Ca me rappelle qu'un de mes disques de chevet, découvert lors de mes premières incursions jazz quand j'étais étudiant, est Two of a mind avec Desmond et Mulligan.

Je ne cherche pas seulement des albums solos, mais aussi des duos, ou qui mettent bien en valeur le baryton.

Coucou me revoilou.
Pour Mulligan, tu l'entendras d'abondance dans le célèbre "pianoless quartet" avec Chet Baker, si tu ne l'as pas déjà:


Pour Harry Carney, il y a ce disque Verve sous le nom de Ben Webster, avec des cordes (je sais, certains n'aiment pas...):


Leo Parker, tu as ça:


Sahib Shihab, ça, très chouette:


Pepper Adams, moi j'ai ça et c'est très bien:


Je n'ai pas de disque de Cecil Payne sous son nom, mais il a pas mal enregistré avec Randy Weston, et tu trouveras certainement de quoi sur le net.

 Merci pour cette sélection dédiée au baryton !

Je m'attendais à une sélection plus large pour Mulligan, mais je vais déjà considérer l'album que tu recommandes, tout en cherchant si on ne trouve pas sur le marché d'autres coffrets plus vastes   

Benedictus, in Jazz Ile déserte, a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Mélo, il manque un Don Cherry (Complete Communion)  

c’est peut-être un des meilleurs disques pour entrer dans le free (et puis, il y a le ténor de Gato Barbieri, qui est somptueux).

  Je l'ai trouvé, mais seulement dispo en full price. Et comme Alifie pense que je ne suis pas encore assez mûr...

Benedictus, au sujet de Coltrane, a écrit:

Les grands chefs-d’œuvre parus chez Impulse sont peut-être d’un abord un peu rude pour commencer avec Coltrane (sauf Ballads).

L’idéal serait de commencer par l’intégrale des enregistrements Atlantic (réédités en coffret sous le titre de Heavyweight Champion lorsque je les ai achetés): c’est encore assez classiquement post-parkérien, même si Giant Steps et surtout My Favorite Things pointent déjà vers les expérimentations géniales qui mèneront à A Love Supreme, Ascension, etc.

  J'ai trouvé le coffret, pas cher en plus. Merci, ça va passer dans mes commandes du jour...

Benedictus, au sujet de Out to lunch, a écrit:

Non, non, peu importe si on ne le trouve pas dans de gros coffrets économiques, c’est vraiment un album essentiel, et qu’il faut se procurer toutes affaires cessantes.

  Bon, puisque vous m'assurez tous que ce disque n'a pas été réédité en coffret, je vais le commander...

darkmagus, in jazz playlist au sujet de Lanquidity de SUN RA, a écrit:

ce disque est une merveille, très différent de ce à quoi Sun Ra nous a habitué. [...] Pas loin d'être un chef-d'oeuvre, et la preuve que Sun Ra n'est pas (que) le comique de la troupe free et associés.

  Bon bon, ok... Je commencerai avec me contenterai bien de celui-là, comme ça Alifie ne me harcélera plus avec ce trublion enguirlandé.

Hélas, j'ai vérifié, le CD est très cher...   

Mélomaniac a écrit:

Benedictus, in Jazz Ile déserte, a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Mélo, il manque un Don Cherry (Complete Communion)  

c’est peut-être un des meilleurs disques pour entrer dans le free (et puis, il y a le ténor de Gato Barbieri, qui est somptueux).

  Je l'ai trouvé, mais seulement dispo en full price. Et comme Alifie pense que je ne suis pas encore assez mûr...

Tu peux y aller c'est franchement pas free... l'oeuvre est consituée de deux suites avec des petits thèmes enchainés et toujours très mélodiques.Une musique fraîche,inspirée et pas hermetique du tout.   

Mélomaniac a écrit:

Je m'attendais à une sélection plus large pour Mulligan, 

En fait j'ai sélectionné celui-ci parce que tu entends Gerry Mulligan d'abondance au baryton, dans le célèbre quartet sans piano qui a fait sa renommée première.
Bien entendu, il a fait pléthore d'autres disques sous son nom, mais où le baryton n'est qu'une partie de l'ensemble.
Allez, tu as aussi le disque fait avec Monk:



Et celui-ci que je ne connais pas (et si on peut le trouver), 3 barytons qui jouent les compositions de Mulligan:

Mélomaniac a écrit:

darkmagus, in jazz playlist au sujet de Lanquidity de SUN RA, a écrit:

ce disque est une merveille, très différent de ce à quoi Sun Ra nous a habitué. [...] Pas loin d'être un chef-d'oeuvre, et la preuve que Sun Ra n'est pas (que) le comique de la troupe free et associés.

  Bon bon, ok... Je commencerai avec me contenterai bien de celui-là, comme ça Alifie ne me harcélera plus avec ce trublion enguirlandé.

Hélas, j'ai vérifié, le CD est très cher... 

Normal Mélo, c'est du caviar !   

néthou a écrit:

Allez, tu as aussi le disque fait avec Monk:

Tu devrais passer plus souvent en playlist, je l'ai déjà écouté cette semaine   

Ca m'a bien plu d'ailleurs, une rencontre impériale.

 J'ai reçu ma grosse boîte Mingus.

Mais il n'y a pas le Pithecanthropus Erectus vanté par Arnaud.

J'espère que je ne suis pas tombé sur un coffret de nanars ; voilà ci-dessous ce qu'il contient. Je connais déjà le Tijuana Moods, que j'avais découvert y a 15 ans.

Par quel CD du coffret me conseillez-vous de poursuivre ?

Y a pas Pithecantropus?   

Tu peux te lancer dans Let My Children Hear Music qui est une des plus belles choses du XXème siécle.   

arnaud bellemontagne a écrit:

Y a pas Pithecantropus?

dans un coffret RCA & Columbia, ça me semble logique.

Ah oui c'est Atlantic c'est vrai!   

Mélo a peut-être commandé aussi le coffret Atlantic.

Alifie a écrit:

Mélo a peut-être commandé aussi le coffret Atlantic.

  Non, pas encore car :

1) j'attendais d'entendre à quoi ressemble la musique du coffret Columbia => après avoir écouté ce soir Let my Children hear Music, je suis enthousiaste pour en découvrir davantage

2) j'hésite entre le coffret de 6 CDs avec le live antibois et les alternate (+ un copieux livré), et le coffret de 5 CD original sleeve, moitié moins cher.

  Bon, en attendant de trancher ce dilemme, je vais commander le CD chez Impulse, avec The Black Saint...

arnaud bellemontagne a écrit:

Mélomaniac a écrit:

Benedictus, in Jazz Ile déserte, a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Mélo, il manque un Don Cherry (Complete Communion)  

c’est peut-être un des meilleurs disques pour entrer dans le free (et puis, il y a le ténor de Gato Barbieri, qui est somptueux).

  Je l'ai trouvé, mais seulement dispo en full price. Et comme Alifie pense que je ne suis pas encore assez mûr...

Tu peux y aller c'est franchement pas free... l'oeuvre est consituée de deux suites avec des petits thèmes enchainés et toujours très mélodiques.Une musique fraîche,inspirée et pas hermetique du tout.   

C'est quand même étonnant que la simple évocation du free fasse fuir, surtout pour ce genre d'albums essentiels.  

Mélomaniac a écrit:

Alifie a écrit:

Mélo a peut-être commandé aussi le coffret Atlantic.

  Non, pas encore car :

1) j'attendais d'entendre à quoi ressemble la musique du coffret Columbia => après avoir écouté ce soir Let my Children hear Music, je suis enthousiaste pour en découvrir davantage

2) j'hésite entre le coffret de 6 CDs avec le live antibois et les alternate (+ un copieux livré), et le coffret de 5 CD original sleeve, moitié moins cher.

  Bon, en attendant de trancher ce dilemme, je vais commander le CD chez Impulse, avec The Black Saint...

"The Black Saint..." c' est tout simplement merveilleux... oui merveilleux, rien à dire de plus !

Alifie, in Discopathes anonymes, a écrit:

1. si tu cherches des brevets de tempérance dans le jazz, il va falloir sérieusement éclaircir tes listes d'écoute !

2. Pour le blues comme pour Bessie Smith, là tu es en plein contresens, et des plus grossiers :

. ce dont parle le blues (bis) et magnifiquement, c'est de l'inconvénient d'être né, pour citer Cioran (tant pis si je parais  , je ne crois pas trop l'être), pleurnicheries est donc, tu me pardonneras, inepte, Charley Patton, si tu y viens, t'en fera la démonstration inverse.

. Bessie Smith est tout aussi incontournable que Billie Holiday et transcende comme elle le genre vocal, se priver de surcroît des contrechants d'Armstrong accompagnant Bessie serait tout aussi absurde que se priver de ceux de Lester derrière Billie.

Mais pour le coup, du moins s'il y a lieu, il serait peut-être plus avisé de poursuivre ou reprendre cette amicale controverse sur le fil idoine.

  On ne peut à la fois me reprocher de me jeter sans discernement sur toutes les boutiques, et en même temps me presser de découvrir des répertoires pour lesquels je n'ai a priori pas d'appétence particulière, pour le moment du moins.
Je me trompe certainement sur le compte du blues, mais si la voix, le style de Bessie Smith (que je ne connais qu'à travers un seul morceau, certes) ne me plaisent pas, je doute que le contenu du chant contrebalancera cette réticence.

De toute façon le vocal ne figure pas dans mes priorités, à l'exception d'un album live d'Ella Fitzgerald que j'ai commandé par curiosité.

Oui le prog d'abord!   

Mélo, il va de soi que tu écoutes ce que tu veux, mais il va de soi aussi, me semble-t-il, tu me le concèderas probablement, qu'on est en droit de réagir à de ce qu'on peut lire comme des énormités sur des fils dédiés. On a sorti le goudron et les plumes pour moins que ça, pied-tendre !

Ceci pour ajouter une petite touche d'humour, car il serait dommage d'écorner l'habituelle bonne humeur qui préside à nos échanges. Fermons donc le ban... jusquà ta prochaine incartade..

Mélomaniac a écrit:

Alifie, in Discopathes anonymes, a écrit:

1. si tu cherches des brevets de tempérance dans le jazz, il va falloir sérieusement éclaircir tes listes d'écoute !

2. Pour le blues comme pour Bessie Smith, là tu es en plein contresens, et des plus grossiers :

. ce dont parle le blues (bis) et magnifiquement, c'est de l'inconvénient d'être né, pour citer Cioran (tant pis si je parais  , je ne crois pas trop l'être), pleurnicheries est donc, tu me pardonneras, inepte, Charley Patton, si tu y viens, t'en fera la démonstration inverse.

. Bessie Smith est tout aussi incontournable que Billie Holiday et transcende comme elle le genre vocal, se priver de surcroît des contrechants d'Armstrong accompagnant Bessie serait tout aussi absurde que se priver de ceux de Lester derrière Billie.

Mais pour le coup, du moins s'il y a lieu, il serait peut-être plus avisé de poursuivre ou reprendre cette amicale controverse sur le fil idoine.

  On ne peut à la fois me reprocher de me jeter sans discernement sur toutes les boutiques, et en même temps me presser de découvrir des répertoires pour lesquels je n'ai a priori pas d'appétence particulière, pour le moment du moins.
Je me trompe certainement sur le compte du blues, mais si la voix, le style de Bessie Smith (que je ne connais qu'à travers un seul morceau, certes) ne me plaisent pas, je doute que le contenu du chant contrebalancera cette réticence.

De toute façon le vocal ne figure pas dans mes priorités, à l'exception d'un album live d'Ella Fitzgerald que j'ai commandé par curiosité.

Et Nina Simone (sa version de Sinnerman par exemple) tu as essayé?

Horace Silver (1928-2014)

 

Pourquoi masquer le nom de ce pianiste bop, qui fut co-leader avec Art Blakey des premiers Jazz Messengers ? est-ce un nouveau jeu que tu lances Alifie ?  

Oups, Edit: vu les larmes d'Arnaud, je viens de comprendre, savais pas  


re-édit because faute d'accord dans ma précipitation

Heureusement il nous reste de superbes compos Echaroh, Song for my father, Qué Pasa ,Lonely Woman,...  

et deux thèmes qui furent parmi mes premiers émois en jazz: Señor Blues et Cool Eyes

Alifie, in Rock Prog Playlist, a écrit:

le blues et Miles* électrique, tu peux aussi [laisser tomber] Mélo, ça vaut mieux pour eux et pour toi

  Mais je me tue à vous dire que le blues m'intéresse peu en pour l'instant même si je raffole des pieds de cochons farcis...

Quant à Miles, une petite moitié du coffret que j'ai acheté est postérieure à Bitche's Brew, j'espère que ce n'est pas du même tonneau. Y a pas Tutu, c'est déjà ça...
Ceci dit, je n'ai pas détesté non plus, j'ai juste trouvé ça très expérimental par rapport à ce que je m'attendais à trouver.
Mais une autre écoute, instruite de la première, sera certainement plus profitable.

Alifie a écrit:

un point d'accord avec toi (il ne faut pas désespérer, tu vois)

Mais tu te désespères tout seul ma chérie mon cher...   
  J'ai adoré une bonne moitié de tout ce que vous m'avez conseillé en jazz depuis un an, et bien aimé les deux tiers du reste (dont les musiques d'ascenseur) ...
La fraction restante m'a laissé perplexe, mais les portes restent ouvertes...
Bref y a pas de quoi se formaliser pasque me rebutent (encore ?) les créations psychédéliques de ceux qui ont l'honneur de ton effigie du moment...
J'achète peut-être au pas de charge, mais j'écoute toujours au même rythme (soutenu mais lucide) sans galvauder aucune découverte, à laquelle j'accorde la même attention bienveillante et dénuée de saturation...
Le jour où je serai blasé, je verserai peut-être dans les répertoires improbables de Yamo ou David, mais en attendant...  

Voilà au moins un invariant : dans les années 69 à 75, Miles surprenait à chaque album, d'In a Silent Way à Agharta en passant par Bitches Brew, le pyrotechnique At Fillmore, Jack Johnson, On the corner, Get up with it, sans compter des albums alors accessibles uniquement en édition japonaise (darkmagus a dû lui aussi casser sa tirelire en ces temps anciens, j'imagine) ou de nombreux inédits délivrés après coup.

A l'époque, ce ne sont pas tant les candides, plutôt bien disposés, que les gardiens supposés du temple * qui poussaient des cris d'orfraie en parlant de brouet, piailleries et jacasseries, intox ou autres gracieusetés du même genre auxquelles cette époque plaisante se prêtait (et pas uniquement à propos de Miles : le free-jazz, c'est n'importe quoi, Cecil Taylor un enfant de cinq ans en fait autant, Albert Ayler n'est même pas digne de jouer au bal des pompiers, Anthony Braxton est un intellectuel à lunettes qui fait du saxophone un instrument pour pétomanes, le rock est une ignoble perversion pour hippies dégénérés, etc etc...).

Il est donc plutôt rassurant que 45 ans après, Miles puisse encore (te) surprendre. Pour le reste, tu l'auras compris j'espère, c'est plutôt l'art et la manière des commentaires incisifs mais bien peu contextualisés qui m'ont échauffé (je t'ai cru un moment transmuté en Fabienne Pascaud de Télérama, ce qui appelait au minimum taillage de costard) : si la voix de haute-contre de Robert ne te convainc pas, ça n'est pas une bien grande affaire, mais inutile d'en vomir pour autant (je sais, les pochettes signées Alfie Benge sont plutôt moches, mais ça n'est pas une raison). Quant au blues, tel M. Jourdain, tu en écoutes déjà, au moins, et sur le mode jazz roots pour le coup, avec Mingus, à la tempérance aussi douteuse que Bessie Smith, puisqu'il a été occasionnellement proxénète.

Enfin, pour ce qui est des répertoires de David ou de lulu, le droit à l'oubli n'existe pas sur le forum (je viens de me faire chambrer pour une bourde vieille de 2 ans sur un fil à listes), on te rappellera donc ton imprudent engagement le moment venu.


* il y en a toujours eu : en 1929 déjà, les intégristes du moment s'indignaient de voir Armstrong enregistrer I can't give you anything but love, les plus résistants parmi les défenseurs du "vrai jazz" (j'en ai connu dans ma jeunesse insouciante, qui survivaient tant bien que mal retranchés dans un Hot-Club à tonalité cacochyme) ont vraiment dû souffrir atrocement par la suite avec le bop, puis le free et le jazz électrique, sans parler du punk-rock et autres joyeusetés

arnaud, tu parles sur https://classik.forumactif.com/t3339-jazz-miles-davis-#572714 d'un fil consacré au Third Stream... que je n'ai pas trouvé, même via Google.

Mes préventions un peu ricanantes sur ce courant, fondées sur quelques mauvais souvenirs et des écoutes plus récentes comme l'album de Teo Macero que j'ai posté en playlist jazz il y a peu de temps, sont sérieusement ébranlées après avoir écouté le Modern Jazz Concert du festival de Brandeis en 1957, que je ne connaissais pas jusqu'ici, une vraie révélation pour reprendre le titre de la composition de Mingus qui y figure.

Me voilà donc prêt à aller à Canossa et à réécouter aussi bien Stan Kenton que l'Orchestra USA de John Lewis et Gunther Schuller avec moins de préjugés et plus d'attention (mais un peu de circonspection tout de même s'agissant de Lewis, même si j'aime beaucoup et le pianiste et le directeur musical du MJQ). Et j'aimerais bien élargir le spectre au delà de ce que je connais déjà plus ou moins bien.

La littérature sur le sujet étant à peu près inexistante à ma connaissance, autant commencer par ici avant de fouiner sur le net. Donc, il est où ce fil sur le Third Stream, arnaud ?


P.S. pour Mélo, après avoir relu le post précédent : nobody's perfect, il m'arrive à moi aussi de faire des petits cacas nerveux, désolé

J'ai du rêver...désolé.

Perso j'ai bien envie de mettre Braxton dans le Third Stream.

arnaud bellemontagne a écrit:

J'ai du rêver...désolé.

Il me semblait aussi.

Citation :

Perso j'ai bien envie de mettre Braxton dans le Third Stream.

Ca augmente du coup sérieusement le volume discographique du genre.

www.francemusique.fr/actu-musicale/disparition-du-trompettiste-clark-terry-84333

Il fut un des premiers professeurs de Miles Davis qui vénérait cet homme-là et avouait lui devoir beaucoup. On parle les concernant du style de St Louis, dont ils étaient tous deux originaires, fait de sobriété et d'absence de vibrato.

Il fut longtemps compagnon de route de Duke Ellington, et Thelonious Monk a accepté d'être sideman de luxe à ses côtés, ce qui démontre le respect qu'il avait lui aussi du bonhomme.

Oui, Miles parle beacoup de lui au début de son autobiographie.

En rubrique générale, Benedictus a écrit:

Puisque je parlais de Carla Bley, il y a des titres d'elles qui sont bien plus radicaux, sur Thesis et Free Fall de Jimmy Giuffre, Steve Swallow et Paul Bley - pas vrai, Alifie?

C'est surtout le trio Giuffre-Bley-Swallow qui est très radical pour l'époque, plutôt sur Free Fall d'ailleurs, mis au pilon par Columbia peu de temps après sa sortie, et dans la tournée européenne qui a précédé à l'automne 61. Les thèmes de Carla Bley, composés sous l'influence de Paul, qui sont enregistrés par le trio sont les premiers d'elle à l'être.

Quant à l'aspect "swing décalé" dont tu parles, on le trouve dans les formations qu'elle dirige après la période du Jazz Composer Orchestra qu'elle a co-dirigé dans les années 60. Personnellement, si je loue très volontiers la compositrice de thèmes ou l'orchestratrice de Gary Burton (pour l'album A Genuine Tong Funeral qui la révéla comme arrangeuse), puis du Liberation Music Orchestra de Charlie Haden, le second degré systématique de ses formations personnelles m'insupporte totalement.

J'ai déjà dû écrire ça plusieurs fois, mais comme tu n'as probablement pas eu l'occasion de le lire, mes commensaux du jazz-club me passeront ce radotage.

Même Fusion et Thesis (qui compte vraiment dans mes albums de jazz préférés) ne devaient pas être si grand public, puisque Verve ne les a jamais réédités en CD (à ma connaissance) et à préféré les céder à ECM...

Sur la «hiérarchisation» que tu proposes, je suis d'accord.
Sinon, si je n'en écouterais certes pas en boucle, je ne déteste quand même pas ses formations personnelles (au moins jusqu'à Social Studies, avec une préférence pour Tropic Appetites - à cause de Gato Barbieri?) et je reste toujours un inconditionnel de cette délirante auberge espagnole psychédélique qu'est Escalator Over the Hill.

En fait, mes interrogations concernaient surtout Conlon Nancarrow (cf. ici: https://classik.forumactif.com/t5203-conlon-nancarrow-1912-1997#1008890 ), dont le disque que je viens d'écouter ressemble de manière criante à certains ensembles de Carla Bley (avec justement un côté «swing avant-gardiste décalé» qui ne te plairait sans doute pas).

Oui, j'oubliais le réjouissant Escalator Over the Hill, ce qu'elle a produit de mieux avec le Jazz Composers Ochestra, le reste de sa production avec cette formation à géométrie variable, mais généralement à très large effectif, étant nettement plus ampoulé et assez indigeste à mon goût. Le second degré y est déjà largement présent, mais de façon nettement moins caricaturale que par la suite à mon avis.

Conlon Nancarrow, j'en ai déjà écouté, mais n'en ai plus trop de souvenir à vrai dire (ce qui s'explique aisément si on y trouve un lien de parenté avec les productions de Carla Bley que je fuis ).

Le trio Giuffre-Bley-Swallow, après ceux de Giuffre avec Jim Hall, avait peu de chances d'être grand public. Mais l'extrémisme (bien réel) de Free Fall a plongé Giuffre, qui était jusque là une icône du jazz cool, dans l'anonymat, dont il n'est plus ressorti qu'épisodiquement ensuite.

Et puis, dans Escalator, je pense qu'elle a dû en partie perdre le contrôle de ce qui se passait (d'où peut-être ce côté sergent-chef qu'elle a eu par la suite - et que tu as souligné ailleurs). Et Gato Barbieri et Don Cherry, là-dedans...

Les trios Jimmy Giuffre / Jim Hall... Je ne connaissais que Western Suite avec Bob Brookmeyer. Bon, eh bien, c'est noté je vais écouter le reste. Au demeurant, c'est vrai, la Western Suite, c'est déjà méchamment abrasif pour une icône du jazz cool.

Tout à fait, et Giuffre, même s'il était un des arrangeurs les plus prisés du jazz cool, a été dès les années 50 un expérimentateur, comme en témoigne le second album qu'il a signé chez Capitol en 1955, Tangents in Jazz et, avant le trio avec Bley et Swallow, son inscription à de multiples reprises dans le courant du Third Stream.

Toute la discographie de Giuffre comme leader, pas vraiment interminable du fait de sa marginalisation après Free Fall, vaut la peine d'être écoutée. Paru récemment (je l'ai posté en playlist jazz il y a quelques mois), cet album-ci, avec deux concerts de 1965 dans la lignée de Free Fall, vaut lui aussi largement l'écoute :



Pour ce qui est d'une éventuelle connexion entre Bley (à priori plutôt Paul, Carla n'existe pas encore musicalement en 1960) et Nancarrow, trompettiste de jazz dans sa jeunesse, ce n'est pas impossible, d'autant plus que le couple Bley a passé plus de deux ans à la fin des années 50 à Los Angeles, pas si loin du Mexique et très bouillonnante musicalement à l'époque. J'aurais bien aimé chercher des élements dans son autobiographie, que j'ai commandée récemment sur un site canadien, mais elle est épuisée et on ne la trouve qu'à des prix rédhibitoires en occasion. Sur cette période très féconde musicalement pour Bley, on ne sait malheureusement pas grand-chose d'autre que ce qu'il a livré dans quelques interviews, notamment sur sa collaboration avec Ornette Coleman.

Votre conversation m’a donné envie de revisiter cet opus que je ne trouve pas spécialement « abrasif » pour ma part, voire pas du tout, sans comparaison aucune avec « Thesis » en tout cas, la seule autre œuvre de Giuffre que je connaisse, et que je trouve plus froid, voire désincarné (manquant de chair en quelque sorte) qu’abrasif, mais aux résonances nettement plus contemporaines.

Je vais laisser Benedictus te répondre, du moins si ça lui chante, mais de mon point de vue, il y a eu un vrai décalage à l'époque de sa notoriété entre l'image de Giuffre, compositeur et arrangeur de Four Brothers, sideman de multiples sessions West Coast et orchestrateur raffiné d'Anita O'Day ou Herb Ellis et l'innovateur essayant perpétuellement de se réinventer qu'il a été d'autre part dès les années 50 et tout au long de sa carrière. Pour ce qui est de ses trios avec Jim Hall, c'est le titre The Train and the River qui fit la gloire, tout à fait relative, de ceux-ci en dehors du petit cercle des amateurs. Et personnellement, je trouve aussi, comme Benedictus, Western Suite assez aventureux, bien que relevant tout à fait du jazz cool.

Par ailleurs, je dois faire amende honorable pour avoir écrit un peu plus haut qu'en 1960, Carla Bley n'existait pas musicalement, puisque sur l'album Stratusphunk de George Russell, enregistré en octobre 60, avant donc que ne soit formé, l'année suivante, le trio Giuffre-Bley-Swallow, on trouve une première composition de Carla Bley, Bent Eagle.

Ceci dit, faute de l'autobiographie de Paul Bley (le scrongneugneu de site canadien qui le proposait encore a mis plusieurs mois pour me répondre que l'ouvrage était épuisé), je me suis rabattu sur cette biographie de Bley encore disponble, qui a plutôt bonne presse :



Thelonious s'étant durablement absenté du forum, je devrais être dispensé, après l'avoir lu, de vous livrer les anecdotes les plus croustillantes sur la vie conjugale des familles Bley et Peacock.