José Antonio Carlos Seixas naquit à Coïmbra en 1704. Son père, organiste de la cathédrale de Coïmbra se chargea personnellement de son instruction musicale, éducation solide si l' on en juge par les progres remarquables de l' élève. En effet, à la mort de son père, Carlos, agé de quatorze ans à peine, lui succéda aux orgues de la cathédrale et le chapitre confirma sa nomination à l' hunanimité.
Soucieux d' élargir ses horizons artistiques, Seixtas ne resta en place que deux ans. En 1720, il partit à Lisbonne où il fut nommé organiste de la chapelle royale et de la cathédrale patriarcal. De 1720 à 1729, il travailla auprès de Domenico Scarlatti. Lorsque ce dernier quitta Lisbonne pour Madrid, Seixas assuma seul la fonction de premier organiste jusqu' à sa mort.
Il affirma rapidement ses talents d' organiste, claveciniste et compositeur. Fort de la protection et de l' estime de la famille royale, il devint l' enseignant le plus recherché.
Ses engagements d' enseignant lui inspirèrent des oeuvres destinées à ses élèves, et cette activité permet de comprendre le style varié et mouvant de sonates composées aux fins didactiques et pédagogiques de chaque jours. Si l' on veut porter un jugement sur la personnalité de Seixas, il faut surtout tenir compte de son rejet des éléments étrangers à la tadition portugaise. Le contenu et la construction de ses oeuvres, tout comme son instinct musical, n' ont rien à voir avec des modèles italiens, français, anglais ou allemands, alors que la tendance générale était de réaliser une fusion des styles à la mode en Italie et en France.
Seixas à composé quelque sept cents sonates. Il n' en reste que quatre-vingts et il y a tout lieu de croire que les autres sont perdues. Une analyse générales de ces compositions met en évidence un style bien particulier dont voici quelques-unes des caractèristiques:
- La construction comprend plusieurs mouvements reliés entre eux par des rapports de thèmes, de mètres, de rythmes et de tempi.
- Le développement de la deuxième partie et le goût de son élaboration, d' une extrème richesse de thèmes et de modulations, descendent en ligne directe des "tentos" de l' école hispano-portugaise (Coelho, Cabanilles, Peraza, Arauxo, Heredia).
- L' architecture générale comporte des éléments provenant de la suite, de la sonate da camera et da chiesa. L' adjonction d' un menuet à la sonate confirme la présence au Portugal de modes et de goûts d' origine française.
- L' écriture est de nature, la plupart du temps, harmonique et rarement contrapuntique.
- Les périodes laissent apparaitre la liberté structurale la plus grande.
- C' est la voix la plus haute qui domine presque constamment. Elles est accompagnée d' une basse fondamentale qui sous-entend les harmonies. En fait, l' harmonie ne peut atteindre toute sa richesse que si elle possède le caractère de l' improvisation.
- La disposition particulière du tissu sonore exige l' utilisation d' un clavecin avec un clavier comportant un ou deux registres de huit pieds. Tels étaient les clavecins du Portugal à cette époque. La fréquence des octaves au niveau de la basse révèle l' intention de renforcer le son et de pallier ainsi le manque de registre.
- Présence de dissonances, ainsi que de pures harmonies dissonantes, et modulations hardies.
- Quantités de mélodies ont un caractère populaire et contiennent une forte charge expressive.
- L' amour de la virtuosité est confirmé par la présence de très fréquentes et nouvelles difficultés techniques.
Arturo Sacchetti - claveciniste
Extrait du livret du disque "15 sonates pour Clavecin" (Accord)