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| Leo Ornstein (1892/3?–2002) | |
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+5DavidLeMarrec Xavier A jerome / 9 participants | Auteur | Message |
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/ Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 26/11/2012
| Sujet: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Mer 28 Aoû - 19:58 | |
| Leo Ornstein (1892/3?–2002), avec Henry Cowell (et quelques autres, dont Antheil et Crawford Seeger, qui arrivent en fait presque 10 ans plus tard), fait partie de la deuxième génération de l’avant-garde américaine (précédée par celle de Charles Ives et suivie par celle de John Cage, etc.). Sa place dans la vie musicale de l’époque est aussi importante qu’éphémère. Le piano est central dans son œuvre. Remarque. Il est fort difficile de présenter une chronologie de l’œuvre de Leo Ornstein. La plupart de ses œuvres ont été publiées plusieurs années (voire dizaines d’années) après leur date de composition, presque toujours incertaine. On ne connait même pas la date exacte de sa naissance ! On est donc condamné à un flou continuel. J’essaie de démêler des tendances à partir de mes écoutes et de quelques sources utiles, mais c’est probablement au prix de quelques imprécisions ou erreurs. Leo Ornstein a composé pendant au moins 80 ans (de 1910 à 1990), ce qui ne simplifie pas les choses. 1. Né en Ukraine en 1892 ou 1893 (les incertitudes concernant sa date de naissance tiennent apparemment au fait que son père dut tricher sur son âge pour le faire entrer au Conservatoire de Saint-Pétersbourg), il étudie d’abord avec son père, puis à Kiev avec Vladimir Poutchalski (futur professeur d’Horowitz) et finalement, suite à la recommandation de Josef Hofmann, à Saint-Pétersbourg avec Anna Iessipova et Alexandre Glazounov. En 1906, sa famille fuit aux États-Unis pour échapper aux pogroms antisémites. Leo Ornstein continue ses études à New York. À cette époque, il compose quelque pièces tonales et traditionnelles. Ce n’est vraiment pas ce qu’il faut écouter en premier, mais si vous êtes curieux : /watch?v=3w_Arv3FAOk 2. À partir de 1912/13, Ornstein se met à écrire des pièces d’une radicalité étonnante (en réalité, il n’arrête pas de produire des pièces « gentilles », à côté). Il utilise véritablement le piano comme une percussion, mêlant des rythmes sauvages et des clusters féroces (il utilise cette technique un peu avant Henry Cowell). Ces pièces sont globalement atonales. Ornstein acquiert ainsi une très grande notoriété, et se place à la pointe de l’avant-garde américaine. Danse sauvage (1913?) : /watch?v=UNsn7NjDPkM 3. Peu à peu, le langage musical d’Ornstein devient plus modéré — et plus riche. Je rapproche volontiers sa musique d’alors des futuristes russes (particulièrement Mossolov). Elle est également marquée de dissonances bartókiennes. Il y a moins de réels clusters, mais beaucoup d’agrégats fort chargés. La polyrythmie devient de plus en plus importante et originale. Tout cela dans une écriture très impressionniste et évocatrice. Poems of 1917 (1917) : /watch?v=Q_K4lfN2pnY ; /watch?v=dpRUN4NUkSM ; /watch?v=O8L19vHNyyQ Suicide in an Airplane (1919?) : /watch?v=zS0x3u6pH3w Impressions de la Tamise (?) : /watch?v=dnCEu6fwtUM 4. C’est à cette époque qu’Ornstein compose ses premières œuvres de musique de chambre. Dans celles-ci, déjà, la tonalité se fait plus importante, et s’amorce un retour vers un post-romantisme bien-pensant. Toutes ses compositions en musique de chambre resteront globalement dans le même style. Sonate pour violoncelle et piano nº1 (1918) : /watch?v=cwMx-szyBkM ; /watch?v=98n4ogcERaM ; /watch?v=ADsN3WAyNZ4 ; /watch?v=XWnMPz_Mgbk 5. En 1922, Leo Ornstein abandonne la scène de concert, disparait totalement de la vie musicale, et sombre dans l’oubli. George Antheil, influencé par Ornstein, prendra sa place à la tête de l’avant-garde. Ornstein continuera à composer, mais dans un style beaucoup traditionnel et conformiste (Antheil connaitra d’ailleurs le même tournant). Leo Ornstein mélange dans des proportions variables un impressionnisme gentillet (avec toujours ce même gout pour la polyrythmie), un post-romantisme mièvre à en devenir insipide... et souvent encore quelques traces de ses compositions d’avant-garde (soupçons d’atonalité et souvenirs d’agrégats). Pas franchement indispensable, donc, même si certaines œuvres sont plus intéressantes que d’autres. Sa dernière composition date de 1990 (et elle est un peu différente du reste) ; il s’éteint en 2002. A Morning in the Woods (1971) : /watch?v=Z-XzRU_32Ec Sixteen Metaphors (1959–78?), nº3 : /watch?v=Nq-B9ouKxlg Sonate nº8 (1990) : /watch?v=WKq51uTu_CA&list=PL15617243408C9333 |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 26/11/2012
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Sam 21 Sep - 14:32 | |
| Ai réécouté le cd Hamelin : Outre les « hits » classiques ( Suicide in an Airplane, Danse sauvage, À la Chinoise et dans une moindre mesure Impressions de la Tamise), on trouve sur ce cd à ma connaissance le seul enregistrements des Poems of 1917 (de 1917, donc), qui rendent à eux seuls ce cd indispensable (hem. ), et sur lesquels je me permets d’attirer encore une fois l’attention. Dix superbes pièces évocatrices sur la guerre, dans un style assez proche de Roslavets ou de Mossolov, voire de Scriabine, avec bien sûr la touche personnelle d’Ornstein (une sorte de rage et d’ironie). On trouve aussi les Arabesques, dans un style relativement similaire — mais j’aime moins — et la longue Sonate nº8, derrière œuvre du compositeur, d’un style assez différent que sa production antérieure, peut-être à rapprocher de Charles Yves (je n’accroche pas). Hamelin, pas toujours convaincant dans d’autres répertoires, fait preuve ici d’une bien plus grande subtilité et d’une bien plus grande profondeur que ce que j’ai pu entendre chez d’autres. |
| | | jerome Fugueur intempéré
Nombre de messages : 8896 Date d'inscription : 10/03/2008
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Sam 21 Sep - 15:55 | |
| - Citation :
- la longue Sonate nº8, derrière œuvre du compositeur, d’un style assez différent que sa production antérieure, peut-être à rapprocher de Charles Yves (je n’accroche pas).
J'entends aussi une influence d'Ives, une trace de sa folie rhapsodique, mais en plus cogneur (souvent un peu casse-crâne, même). Le lyrisme est beaucoup plus pathétique, trop pour moi. Ives fait des tourbillons, mais il y met plein de lumière. Cette 8ème d'Ornstein est au contraire très obscure et très épaisse. Autre différence criante, qui est sûrement liée à mon impression d'épaisseur, Ornstein reste très fidèle au "vieux" modèle d'une mélodie de main droite accompagnée par une main gauche régulière et très active ; procédé vite lassant dans un univers musical où mélodie et harmonie sont floues à dessein et où le parcours de l'oeuvre se joue aussi beaucoup, en contrepartie, dans les évolutions de la texture. C'est particulièrement manifeste dans le premier mouvement, où il maintient cette configuration pianistique une bonne partie du temps, c'est étouffe-chrétien. Ives fait fuser des réminiscences mélodiques dans tous les coins du piano, il varie constamment les climats au fur et à mesure que les motifs se transforment, il crée des arrières-plans, des fondus-enchaînés, ça allège et enrichit la pâte. Cette finesse m'a d'autant plus manqué ici que la référence à Ives était manifeste et laissait espérer un "renouvellement" de son héritage. Merci tout de même pour la suggestion intéressante. |
| | | A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473 Date d'inscription : 04/02/2013
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Dim 22 Sep - 20:01 | |
| Outre l'excellent disque de Hamelin, il y a un disque Ornstein sur Naxos (sonates 4 et 7, en plus de Suicide et plusieurs autres pièces. J'aime beaucoup son quintette avec piano (couplé avec le troisième quatuor). |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 26/11/2012
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Dim 22 Sep - 21:56 | |
| - André a écrit:
- Outre l'excellent disque de Hamelin, il y a un disque Ornstein sur Naxos
Oui, en effet, mais Weber martèle beaucoup plus (c’est très sensible dans Suicide in an airplane, en comparaison avec Hamelin ). J’ai un temps été « fan » de A Morning in the woods qu’on trouve sur ce cd, mais avec le recul... |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 26/11/2012
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 10 Oct - 20:30 | |
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| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 10 Oct - 20:35 | |
| Tu joues les deux portées du bas légèrement en avance, et ensuite c'est jouable.
Ou alors il faut être 3. (2 serait suffisant ceci dit) |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 26/11/2012
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 10 Oct - 20:40 | |
| - Xavier a écrit:
- Tu joues les deux portées du bas légèrement en avance, et ensuite c'est jouable.
Oui, c’est ce que je me disais, mais c’est quand même bizarre que cela ne soit pas dit explicitement, non ? On trouve ça souvent (chez d’autres compositeurs, je veux dire) ? |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 10 Oct - 20:40 | |
| Chez Rachmaninov par exemple on est obligé de faire ça parfois, sans que ça soit toujours explicité. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 26 Mai - 19:53 | |
| Tiré du fil « futurisme russe ». Énorme crush sur Leo Ornstein dans ma série d'écoutes ukrainiennes : je ne le connaissais que par des bouts d'anthologies futuristes, et le gars a fait des trucs assez dingues, quelque part entre les Nocturnes de Mossolov, les Clairs de lune de Decaux et la Sonate de Barber – soit à peu près exactement dans le piano que j'aime (et qu'on n'entend jamais en concert, donc). (:flag_ua: cycle Ukraine #61 :flag_ua:)Leo Ornstein – Concerto pour piano – Alan Feinberg, American SO, Botstein (archive de concert) → Essentiellement des octaves, quintes et sixtes, plutôt identiques aux deux mains, dans un langage tourmenté mais très lisible, où affleurent quelques modes typiques de la musique hébraïque d’Europe orientale. Très bien fait, mais très différent de la folie de ses œuvres futuristes, tout paraît très stable et équilibré ici. → https://www.youtube.com/watch?v=3Qi6pnb7hRQ (:flag_ua: cycle Ukraine #60 :flag_ua:)Leo Ornstein – 3 Fantasies, 3 Tales, Metaphors – Sarah Cahill (New Albion 2008) → Pièces bien moins profuses (mélodie + accompagnement), aux ancrages tonals stables, une sorte de postmodernisme presque planant, très plaisant – mais difficile d’être impressionné par ça après la puissance de l’imagination de son corpus futuriste !(:flag_ua: cycle Ukraine #59 :flag_ua:)Leo Ornstein – Sonates pour violon, 3 Pièces pour flûte, Fantaisie hébraïque – Francesco Parrino, Stefano Parrino, Maud Renier (Brilliant Classics 2017) → Postromantisme assez peu personnel, je n’ai pas été saisi en première écoute. (:flag_ua: cycle Ukraine #58 :flag_ua:) (coup de cœur)Leo Ornstein – Quintette piano-cordes, Quatuor à cordes n°3 – Lydian SQ, Janice Weber () → Restes de folklore, donc accessible, mais traité dans une veine farouche particulièrement inventive musicalement.(:flag_ua: cycle Ukraine #57 :flag_ua:) (coup de foudre)Leo Ornstein – A Morning in the Woods, Wild Men’s Dance, Sonates 4 & 7, Impressions of the Thames, Tarentelle – Janice Weber (Naxos 2002) → A Morning in the Woods très postdebussyste, Wild Men’s Dance (une de ses œuvres emblématiques de sa période futuriste et radicale) vraiment sauvage avec cluster rauques. Intéressant. → Couplé avec la très belle Sonate n°4 assez symphonique – mais la version Kharitonov a davantage de panache.→ Impressions of the Thames offre des nappes irréelles, quelque part entre les Estampes de Debussy, la scène des souterrains de Pelléas et la paisible folie macabre des Clairs de Lune de Decaux. Chef-d’œuvre. → De même pour cette Tarentelle qui, de danse pianistique virtuose assez traditionnelle, s’emballe en prenant de plus en plus de libertés avec la tonalité. → La Sonate n°7 s’inscrit dans la même veine déformée et furieuse, assez jubilatoire. (:flag_ua: cycle Ukraine #56 :flag_ua:)Leo Ornstein – Suicide in an Airplane, Three Moods, À la Chinoise – Daniele Lombardi (LTM 2015) → Très expressif, en particulier la Colère ébouriffée ou les accords utilisés de façon traditionnelle mais très enrichis de Joie, avec quantité de traits et de résonances (j’ai songé aux Nocturnes de Mosolov et à la Sonate de Barber)…(:flag_ua: cycle Ukraine #55 :flag_ua:)Leo Ornstein – « Piano Music vol.1 » : Impromptus, Sonate, À la campagne, Impressions cosaques – Kharitonov (Toccata Classics 2012) → Très beau catalogue d’œuvres chantantes et remarquablement écrites pour piano « symphonique ». En particulier séduit par la Sonate n°4 et les Impressions Cosaques. (:flag_ua: cycle Ukraine #54 :flag_ua:)Leo Ornstein – Œuvres pour violoncelle & piano – Joshua Gordon, Randall Hodgkinson (Anthology of Recorded Music 2007)→ Très bien faites, à défaut d’être singulières, du romantisme solide et plutôt inspiré. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 26 Mai - 21:46 | |
| Je découvre. Je trouve A morning in the woods très lumineux. Moi qui ai toujours du mal avec Debussy et son côté évasif, là je trouve ça extrêmement expressif. Wild Men's Dance (Danse sauvage): est, à mon avis, plus joyeusement animal que "rauque". La sonate N°4 est en demie- teinte. Le Semplice m'a ému et le Vivo et ses intonations arabo-andalouses m'a enchantée. Les 3 œuvres suivantes m'ont laissées de marbre malgré quelque très bons moments dan la sonate N°7 et mon intérêt a repris avec A Long Rememberd Sorrow qui est à nouveau délicieusement Debussyste, comme quoi... Suicide in an Airplane me semble plus anecdotique. Ce sont des impressions à chaud. A réécouter!
Dernière édition par Thelonious le Ven 27 Mai - 0:14, édité 3 fois |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Jeu 26 Mai - 22:01 | |
| Tu aimes le versant debussyste et tu n'a pas été frappé par l'évocation de la Tamise ? Je ne trouve pas que Suicide soit sa plus marquante en effet, mais c'est l'une des plus souvent enregistrées en tout cas. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| | | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Dim 29 Mai - 20:58 | |
| Je te rejoins. Ce disque est génial et la sonte N°4 m'a complètement convaincu cette fois. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Dim 29 Mai - 21:24 | |
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| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 18/11/2019
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 30 Mai - 0:32 | |
| - Thelonious a écrit:
Je te rejoins. Ce disque est génial et la sonte N°4 m'a complètement convaincu cette fois. Ce disque est une merveille absolue. La sonate No. 4 est effectivement d'une grande expressivité, les impressions d'un figuralisme charmant. Je suis au regret de n'exprimer aucun enthousiasme envers le disque Naxos proposant les sonates No. 4 et 7, la première est dans une version bien moins aboutie et l'intérêt de la seconde m'échappe. Leo ORNSTEIN : Suicide in an Airplane, À la Chinoise, Danse sauvage, Poems of 1917, Arabesques, Impressions de la Tamise, Sonate pour piano No. 8 (Marc-André Hamelin, piano)L'autre disque à ne pas manquer est celui de Hamelin, proposant la très disparate et intrigante sonate No. 8 (long premier mouvement agité avec de belles plages lyriques, II façon Nursery d' Inghelbrecht déglinguée, avec une lamentation centrale au goût de Gnossienne en moins répétitif, III pris dans la tourmente) et les stupéfiants Poems of 1917, quelque part entre le versant Decaux et les angoissantes Réminiscences de Berman. Je suis assez circonspect devant l'engouement généré par les Impressions de la Tamise, Crumb fait le même genre de choses en plus intéressant, trouvé-je. Je préfère les joliesses désarticulées de A Morning in the Woods, voire les gentils chopinismes de la Suite russe. Quoi qu'il en soit, une voix au piano singulière et intéressante, alternant entre un goût français romantisant, des saveurs russes ou orientales, et des fulgurances futuristes. Merci encore de m'avoir donné l'envie de revisiter Ornstein.* * Je connaissais le disque Hamelin de longue date et suis très partial à son sujet. Historique personnel à part, je suis convaincu assui bien par le programme — majeur — que l'exécution. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2709 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 12/08/2009
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 30 Mai - 16:32 | |
| Écoute du disque de musique de chambre. Le langage du 3è quatuor me parle, on y entend une vraie richesse musicale, mais que je perçois lors d'une première écoute comme un flot continu. Il faut y revenir pour en saisir la structure. Plus tonal, le Quintette avec piano est plus immédiat, totalement génial et inspiré de bout en bout. Grande découverte. Je place ça directement comme une œuvre phare dans le répertoire pour la formation quintette piano et cordes. Je vais passer au piano. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 18/11/2019
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Mer 1 Juin - 3:12 | |
| Tiré de Playlist... Leo ORNSTEIN : quintette pour piano (Janice Weber, piano ; Lydian String Quartet) Leo ORNSTEIN : quintette pour piano (Marc-André Hamelin, piano ; Pacifica Quartet)Deux versions de ce chef d'œuvre du répertoire pour quintette. Gorgé de danses, d'écriture extrêmement dense et symphonique, il combine le drame du Poème de Dupont, les sinuosités du quintette de Bax (et les malaises de son sublime quatuor), dans un idiome oriental et ultra-rythmique proche des terrifiants tourbillons du quintette No. 1 de Bloch. Côté interprétation, Weber et les Lydian propose une version d'une incroyable véhémence (l'Allegro barbaro est une minute plus rapide !), mais les sortilèges du mouvement central, l'appui des attaques et la méchanceté de l'Allegro agitato me font préférer la version Hamelin + Pacifica. Quoi qu'il en soit, on ne saurait se tromper avec une version ou l'autre. Les quatuors à cordes en complément (2 chez Chandos, 3 chez New World) sont également d'une extraordinaire densité, trop pour leur propre bien, peut-être ? Le No. 2 est plus lyrique et dramatique, proche du quintette, là où le No. 3 cultive le rythme et les dissonances, entrecoupées de belles plages lyriques. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Mer 1 Juin - 3:39 | |
| Ravi de voir ce fil s'épanouir avec vos stimulantes contributions. Oui, ce Quintette, ça ébouriffe sérieusement. |
| | | Mefistofele Mélomaniaque
Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 18/11/2019
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Mer 1 Juin - 4:25 | |
| Comme le piano, je connaissais le quintette depuis un moment (et le portais en très haute estime), tes recensions sont l'occasion d'orienter les écoutes et de dire deux mots des trésors que l'on celait, parfois malgré soi. |
| | | Thelonious Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2452 Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Mer 1 Juin - 22:04 | |
| Encore un joli disque de piano. Pourtant écrites en 1914 dans ses années les plus radicalement modernes, sa suite russe est une oeuvre très sage et délicate. Ses 17 valses datant d'après 1950 sont, dans l'ensemble, un peu plus farouches mais restent encore bien ancrées dans le romantisme. C'est un ensemble plutôt hétérogène dont l'écoute m'a donné beaucoup de plaisir. |
| | | Voronwe Néophyte
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 22/06/2024
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Sam 30 Nov - 21:09 | |
| Bonjour à tous, Compositeur découvert très récemment pour ma part, comme cela a déjà été dit je trouve que la 4ème sonate et le quintette sont effectivement de véritables chefs d'oeuvres. Pour ces deux oeuvres il réussit à mélanger une écriture moderne et des dissonances mesurées avec un langage restant très tonal et thématique. Je reste frustré sur un sujet, peut-être quelqu'un pourra m'aider. La 4ème sonate contient de nombreuses citations (ou de nombreux hommages) : -Clair de Lune : https://youtu.be/iZWZ8XLdr3A?t=78 (ceci assez facilement repéré pas tous) -Souvenirs du Louvre : https://youtu.be/iZWZ8XLdr3A?t=432 (je ne l'ai lu dans aucun commentaire mais ça me semble clair) -Schéhérazade : https://youtu.be/iZWZ8XLdr3A?t=968 (qui est en réalité globalement le thème du début du mouvement, mais la citation plus dynamique est peut-être moins évidente) Et au milieu de tout ça il y a ce passage de 7-8 mesures : https://youtu.be/iZWZ8XLdr3A?t=868 ; qui ressemble beaucoup à Schéhérazade aussi mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression qu'il y a également une autre oeuvre citée que je n'arrive pas du tout à retrouver. Si quelqu'un a une idée je suis preneur ! Dernière chose : Je peine à trouver des oeuvres d'une qualité similaire dans le corpus d'Ornstein que j'ai beaucoup écouté ces derniers temps (tout ce qui a déjà été cité est pas mal, mais moins bien à mon goût). Si certains d'entre vous ont des suggestions d'écoute d'oeuvres du même genre (chez d'autres compositeurs), c'est-à-dire avec ce parfait ratio dissonance/tonalité et cette alternance de passages rythmés et de passages lyriques, je suis preneur . |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 2 Déc - 15:51 | |
| - Voronwe a écrit:
- Et au milieu de tout ça il y a ce passage de 7-8 mesures : https://youtu.be/iZWZ8XLdr3A?t=868 ; qui ressemble beaucoup à Schéhérazade aussi mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir l'impression qu'il y a également une autre oeuvre citée que je n'arrive pas du tout à retrouver. Si quelqu'un a une idée je suis preneur !
C'est clairement une citation de Shéhérazade adaptée. Comme c'est très conjoint, ça doit évoquer plein d'autres choses parentes. Par exemple la troisième mesure me fait penser à Nadia Boulanger, J'ai un couteau dans l'cœur. - Citation :
- Dernière chose : Je peine à trouver des oeuvres d'une qualité similaire dans le corpus d'Ornstein que j'ai beaucoup écouté ces derniers temps (tout ce qui a déjà été cité est pas mal, mais moins bien à mon goût). Si certains d'entre vous ont des suggestions d'écoute d'oeuvres du même genre (chez d'autres compositeurs), c'est-à-dire avec ce parfait ratio dissonance/tonalité et cette alternance de passages rythmés et de passages lyriques, je suis preneur .
Les Nocturnes et les Nuits turkmènes de Mossolov (Mosolov pour trouver les disques). Les Sonates de Protopopov (n°1 en particulier), Zaderatski (Zaderatsky, n°2). Et bien sûr celles de Feinberg (2,3,6,7,12 sont mes chouchoutes, mais toutes valent le détour). Je crois que rien de tout cela n'est aussi fou qu' Ornstein, à part les Mossolov – mais il est probable que tu les connaisses déjà – et Feinberg – mais sur un versant un peu plus lyrique, moins de passages saturés et énigmatiques. |
| | | Voronwe Néophyte
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 22/06/2024
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 9 Déc - 2:17 | |
| Merci David pour toutes ces recommandations. Je connaissais un peu Mossolov (j'ai tenté ses quatuors il y a quelques temps, sans grand succès), et Feinberg je me suis mis ses sonates de côté depuis un moment, sans y avoir fait de véritable plongeon pour l'instant. Je ne connaissais pas du tout les deux derniers, j'ai tenté plusieurs écoutes. Dans l'ensemble j'ai l'impression que ta sélection tirerait plus sur des avatars de Scriabine dernière période que sur Ornstein (en tout cas pour les oeuvres que j'ai sélectionnées de ce dernier, car il a aussi eu sa période "futuriste" qui se rapproche, je pense, plus des compositeurs susnommés). Et je trouve que c'est finalement une difficulté qu'on rencontre assez souvent avec les "seconds couteaux" de la première moitié du XXème siècle (je ne parle pas des compositeurs de premier plan qui ont su justement éviter cet écueil) : -Soit on a des gentils brahmsiens and co qui font de la jolie musique mais pas forcément indispensable -Soit on a des très atonaux qui font sûrement de la musique intellectuellement intéressante mais qui a tendance à me laisser de marbre \ D'où mon enthousiasme pour cet Ornstein de la 4ème sonate et du quintette : Un pas connu qui trouve une 3ème voie (j'insiste sur le "pas connu", car bien entendu bon nombre d'autres compositeurs de cette époque ont aussi trouvé une autre voie, et c'est généralement ce qui les a fait connaître ). Je verrai tout de même ces prochains temps si davantage d'écoute me permettra d'autres découvertes. |
| | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 97950 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 9 Déc - 3:52 | |
| - Voronwe a écrit:
- Je connaissais un peu Mossolov (j'ai tenté ses quatuors il y a quelques temps, sans grand succès)
C'est vraiment pas pareil que ses œuvres pour piano, en effet. - Citation :
- Dans l'ensemble j'ai l'impression que ta sélection tirerait plus sur des avatars de Scriabine dernière période que sur Ornstein (en tout cas pour les oeuvres que j'ai sélectionnées de ce dernier, car il a aussi eu sa période "futuriste" qui se rapproche, je pense, plus des compositeurs susnommés).
Ah oui ? Si tu parles de Protopopov et Zaderatski, je les trouve au contraire nettement plus tradis et consonants. - Citation :
- D'où mon enthousiasme pour cet Ornstein de la 4ème sonate et du quintette : Un pas connu qui trouve une 3ème voie (j'insiste sur le "pas connu", car bien entendu bon nombre d'autres compositeurs de cette époque ont aussi trouvé une autre voie, et c'est généralement ce qui les a fait connaître ).
Si tu veux dire qu'Ornstein est une voix singulière, quasiment inouïe, je suis d'accord avec toi. Je fais ce que je peux pour te trouver des choses chouettes dans ce goût-là, mais c'est une sorte d'Ives dans un autre couloir (en plus intéressant et cohérent qu'Ives, pour moi). |
| | | Voronwe Néophyte
Nombre de messages : 7 Date d'inscription : 22/06/2024
| Sujet: Re: Leo Ornstein (1892/3?–2002) Lun 9 Déc - 17:32 | |
| Ah mais je te remercie vraiment pour ces suggestions, et je comprends que l'exercice soit périlleux. D'ailleurs grâce à toi j'ai pu découvrir que Zaderatski avait écrit un cycle de 24 préludes et fugues antérieur à celui de Chostakovitch, alors que ce dernier trouvait qu'il manquait un équivalent 20ème siècle au cycle de Bach . Ce cycle semble intéressant même si je n'ai de loin pas encore tout écouté. Il faut signaler qu'il aurait composé l'essentiel de cette oeuvre en étant emprisonné au goulag, sur des supports de fortune trouvés sur place (et je trouve ça incroyable que tout cela nous soit finalement parvenu). Pour en revenir à Ornstein, je n'ai trouvé absolument nulle part mention des sonates 1 à 3 (à se de demander si elles existent, peut-être des brouillons jamais publiés). Pour la 5ème il ne semble exister qu'un seul enregistrement LP de mauvaise qualité, avec un "mauvais pianiste" (dixit les commentaires), et des coupures... Pour la 6ème je n'ai trouvé qu'un enregistrement d'assez mauvaise qualité sonore aussi... Les 7 et 8 se trouvent facilement mais pour l'instant je n'ai pas accroché. Il reste ensuite des myriades de pièces diverses et variées dont le tri peut vite devenir fastidieux en l'absence d'un vrai catalogue raisonné. |
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| | | | Leo Ornstein (1892/3?–2002) | |
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