[Lyon & TCE] Bellini - Norma - Pidò, nov 2013

On en a beaucoup parlé dans le fil de l'Opéra de Lyon, mais comme il faut ouvrir pour les représentations...

Et j'en profite pour faire remarquer que la distribution a encore changé : non seulement Giannattasio (Norma) a été remplacée par Mosuc, mais à présent Giordani (Pollione) a été remplacé par Osborn. Pas exactement des remplacements de seconde catégorie cela dit.

Avec Sonia Ganassi en Adalgise, Enrico Iori en Orovèse, et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon.

DavidLeMarrec a écrit:

On en a beaucoup parlé dans le fil de l'Opéra de Lyon, mais comme il faut ouvrir pour les représentations...

Et j'en profite pour faire remarquer que la distribution a encore changé : non seulement Giannattasio (Norma) a été remplacée par Mosuc, mais à présent Giordani (Pollione) a été remplacé par Osborn. Pas exactement des remplacements de seconde catégorie cela dit.

Avec Sonia Ganassi en Adalgise, Enrico Iori en Orovèse, et l'Orchestre de l'Opéra de Lyon.

Effectivement : remplacements en série. Mais pour le couple Norma/Pollione, choisir Osborn était plutôt malin en terme d'attelage.
J'y étais ce dimanche ; il faut que je prenne le temps de faire un petit CR.
... Mais je pensais le faire dans le sujet consacré à la saison lyonnaise  !

Un CR ici : http://wanderer.blog.lemonde.fr/2013/11/11/opera-national-de-lyon-2013-2014-norma-de-vincenzo-bellini-le-10-novembre-2013-version-concertante-dir-mus-evelino-pido/ .

Oui c'est sympathiquement sincère mais c'est truffé d'erreurs et de confusions.

Otello a écrit:

Oui c'est sympathiquement sincère mais c'est truffé d'erreurs et de confusions.

Si tu avais trois minutes pour développer, ça serait encore mieux  !
Il faut que je trouve le temps de faire un petit compte-rendu...

non je ne vais pas redévelopper ce que j'ai déjà développé de façon + que précise il y a quelques mois! je vais relever, parmi d'autres, 1 grande confusion et 2 erreurs:
- grande confusion et oublis sur l'historique des différentes versions bellino-labellisées.
- Non Marilyn Horne n'a jamais chanté le rôle de Norma!
- Et si, désolé mais Paris a programmé Norma ces dernières années en version scénique au Châtelet et en version concert avec Gruberova.

Otello a écrit:

je vais relever, parmi d'autres, 1 grande confusion et 2 erreurs:
- Et si, désolé mais Paris a programmé Norma ces dernières années en version scénique au Châtelet et en version concert avec Gruberova.

C'était bien de ça dont je parlais ; merci.
S'agissant de Norma à Paris, j'imagine que l'auteur pensait à une programmation scénique à l'Opéra ; ni dans une maison "annexe", ni en version de concert.

bAlexb a écrit:

Otello a écrit:

je vais relever, parmi d'autres, 1 grande confusion et 2 erreurs:
- Et si, désolé mais Paris a programmé Norma ces dernières années en version scénique au Châtelet et en version concert avec Gruberova.

C'était bien de ça dont je parlais ; merci.
S'agissant de Norma à Paris, j'imagine que l'auteur pensait à une programmation scénique à l'Opéra ; ni dans une maison "annexe", ni en version de concert.

oui certainement mais dans ce cas là, il faut être précis car en termes de salles prestigieuses, Paris n'est pas l'Opéra et l'Opéra n'est pas Paris.  

Un autre CR ici : http://www.forumopera.com/index.php?mact=News,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=5816&cntnt01origid=57&cntnt01lang=fr_FR&cntnt01returnid=54 .
Qu'est-ce que j'ai à ajouter, pour ma part sur cette Norma plus ou moins en "mode Grisi" (disons pour le rapport des voix, soit : Norma plus claire qu'Adalgisa) ?
Par ordre croissant...
... Que je n'ai pas été spécialement marqué par l'Oroveso de Iori, facilement couvert par le choeur et l'orchestre ; d'autant plus dommage que la substance est fort belle.
... Que Le Pollione d'Osborn ne m'a pas complètement convaincu ; moins qu'au disque, en tout cas. C'est vrai, la diction est très affûtée ; la voix sonne sur toute la tessiture mais très verticale, sans vrai corps en tout cas dans cette configuration-ci (avec un orchestre en fosse et, a fortiori, avec un orchestre jouant sur intruments anciens cela doit effectivement être autre chose et le bonheur peut bien être au rendez-vous). Reste le phrasé : impeccable ; les variations dans la cabalette, aussi (oserais-je dire que c'est presque trop : trop brillant, trop bien exécuté) et le personnage, qui existe malgré (ou à cause de) tout ca !
... Que les dames dépassent de la tête et des épaules leurs collègues masculins. Ganassi d'abord (que j'avais déjà entendue à Orange en... 99 !). Alors que je bute souvent sur les Adalgisa mezzos, parce que trop femmes/femmes pour ne pas dire "artillerie lourde", là le personnage fonctionne. La "giovinetta" est une vraie jeune fille palpitante, tendre aussi bien qu'emportée, suivant les besoins ; le timbre est riche, la ligne parfaite et parfaitement maîtrisée, le phrasé en général épouse magnifiquement le texte (mots et musique, j'entends). Seul l'aigu, jeté un peu à la bravade (un peu dur parfois, aussi), semble marquer la limite d'une voix par ailleurs très étendue. Une paille en fait...
... Que Mosuc est une fort belle Norma, enfin. Souvent, elle m'a fait penser à Sills par le timbre ; lequel s'assèche un peu (pour ne pas dire qu'il n'a pas de séduction particulière : manque un peu de rondeur, de "couverture" parfois). L'émission est claire, les registres bien en place et joints, la voix sonnant sans "trucages" (belle extension vers le grave alors que l'aigu reste finalement assez prudent quand on aurait pu imaginer, a priori, le contraire chez cette ex-Zerbinetta/Königin). Bref, la partie est très solidement/artistement tenue, à deux réserves près, pour moi. Ce que d'aucuns considèreraient comme un un détail, d'abord : la chanteuse porte des lunettes qui rompent immédiatement le charme de l'entrée sur scène (deux superbes robes, une magnifique étole de fourrure blanche, des yeux d'une densité colorée incroyable) et (m')empêchent de croire complètement au personnage, comme isolé. Surtout quand, les lunettes étant remisées sur le pupitre le temps des saluts, la diva regagne immédiatement en présence "péremptoire". La deuxième réserve, pour moi, vient de l'émission elle-même : si la longueur de souffle est appréciable (des tenues pp parfaites, exemplaires), la phrase est souvent accentuée par des soufflets, un petit ressac qui n'est pas complètement du vibrato, des toniques qui paraissent distribuées un peu arbitrairement ; en tout cas sans lien avec le texte. Mais restons honnêtes : la prestation est de haute volée, la voix bien projetée (même si elle souffre, comme celle d'Osborn, de la configuration de concert, cela aussi c'est évident) et le style sans vrai reproche.
Reste Pido dont je ne suis pas forcément fan (euphémisme). J'ai aimé sa direction ; certes, la musique respire peu (et, partant, les chanteurs non plus !) mais en même temps un vrai climat, puissant, s'impose au spectateurs. 2 h 28 (avec reprises des cabalettes) qui passent fièrement ; les passages nostalgiques n'y perdant d'ailleurs pas forcément (extrêmement graphiques, en fait et sans alanguissement de mauvais goût). On pourra(it) le reprocher au chef ; peut-être ailleurs mais finalement pas ici. L'orchestre lui répondant très bien (très belle flûte, des cuivres qui s'inventent sans s'imposer, des cordes égales), à quelques pailles près (des cors pas nécessairement irréprochables).
Belle soirée qui, sans être celle du siècle, ne fait honte ni à la maison qui organise, ni aux artistes.

J'ai fini par écouter la soirée enregistrée au TCE...

Et si j'en attendais beaucoup, j'ai été légèrement déçu...

Ori en effet est assez transparent...
Osborn... Mauvais soir? Pb de prise de son? Toujours est-il que la voix sonne peu Pour l'avoir entendu dans le même lieu en Otello rossinien, ça claquait beaucoup avec le même Pido à la baguette : à aucun moment il n'était couvert ou trop discret... Idem dans son Hoffmann à Pleyel... Et là la première partie est assez timide. Par contre, que aplomb!! Ses reprises de la cabalette avec extension vers l'aigu de façon acrobatique... Il est fou!! La voix reste toujours aussi belle et intéressante, et puis ces nuances... surnaturelles là où on entendu souvent des ténors puissant mais avars en nuances... Il nuance tellement qu'il se fait bouffer par ses partenaires des fois. L'habitude sûrement de l'approche de la version Bartoli... En tout cas, ce Polione est superbe et émouvant...
Ganassi, je suis moyen fan... le timbre n'a pas beaucoup de séduction à mes oreilles, mais le personnage vit bien... loin de la mégère que peuvent donner certains mezzo, plutôt vive et jeune... mais je ne sais pas... quelque chose dans la ligne me perturbe.
Pour Mosuc, je suis admiratif des nuances, de l'aplomb là aussi, des choses qu'elle ose... par contre, gros soucis avec ce vibrato Là dans Bellini avec une voix comme ça, ça me pose problème car toute la délicatesse et le côté lunaire sont brouillés. Pourtant, que certaines choses sont belles, quelques variations intéressantes, un vrai personnage fier sans être violent... mais ce vibrato qui vient gâcher la fête!  

Enfin Pido... peut-être que j'ai trop écouté Biondi et Antonini, mais vu la distribution, j'espérai quelque chose de plus délicat en fait... et si certains passages sont bien allégés, d'autres sont vraiment trop lourds pour moi... en gros dès qu'on commence à avoir percutions et cuivres, on retrouve la grosse cavalerie... Après il manque peut-être un peu de poésie par moments, mais bon... Disons que par rapport à ce que proposaient Osborn et Mosuc, j'aurai espérer une vision un peu plus légère pour s'harmoniser avec les voix (même Ganassi reste un format qui me semble plus modeste que des Horne ou Cossotto par exemple!)

Après, je ne sais pas ce qui vient de la prise de son et de mon ressenti...