Deux noms à retenir absolument :
Mireille Lebel et
Soula Parassidis.
Brillantes, extraordinaires, incroyables, les qualificatifs me manquent.
Un énorme coup de coeur pour Mireille Lebel (Erika) qui a illuminée la soirée et que j'espère entendre à nouveau !
Metz entretient une relation particulière avec Barber puisque c'est dans cette ville qu'eut lieu la création française de Vanessa en 2000 à l'initiative de Danielle Ory. Trois ans plus tard une production commune fut montée par l'Opéra de Monte Carlo et l'Opéra du Rhin. Dix ans plus tard une nouvelle production, de nouveau à l'initiative de l'Opéra-Théâtre de Metz, est montée, en coproduction avec le Théâtre Roger Barat d'Herblay. Les représentations d'Herblay ont eu lieu il y a bientôt deux ans, les 10, 22 et 26 mai 2012. Quelques vidéos peuvent être visionnées sur Youtube. Elles ne donnent qu’une idée lointaine de ce que l’on peut ressentir, de la beauté sobre de la mise en scène, de sa poésie. A Herblay l’ensemble Ostinato était dirigé par Jean-Luc Tingaud, à Metz David T. Heusel dirige l’Orchestre national de Lorraine. Si la mise en scène, les décors, les costumes et les lumières sont identiques, la troupe de chanteur est entièrement différente.
Acte I : le rideau s’ouvre sur une petite maquette, une maison de poupée sur laquelle tombe la neige. Un domestique entre, ramasse la maquette, tout un ballet de domestique commence. Le
Must the winter come so soon de Mireille Lebel sous une lumière automnale est beau à pleurer.
Anatol arrive en costume sombre, Vanessa dans toute la première partie porte des costumes et des chapeaux extravagants (1ère scène et scène du patinage), comme s'il s'agissait de costumes de représentation, leur aspect exotique ou bariolé soulignant peut-être le côté "déséquilibré", ou du moins excessif, du personnage, mais à chaque fois elle tend rapidement le chapeau à un domestique et on entre plus avant dans ses états d’âme et sa psychologie.
Le Docteur de Matthieu Lécroart était très bon, mais on sentait qu’il n’était pas anglophone contrairement aux deux chanteuses principales. La baronne d'Hélène Delavault était d'une grande présence scénique mais décevante vocalement : impression d'un chant un peu en arrière et mal assuré. Jonathan Boyd très bon en Anatol, il arrive tout de suite à nous rendre le personnage odieux.
Scène du bal : Vanessa en robe blanche à rayures noires, Ferrero Rocher géant, paillettes et confettis, les invités portent tous des masques d’animaux grotesques, univers de faux-semblant, tandis que se déroule au premier plan la tragédie d’Erika. Les recherches se font tandis qu'Erika, en robe blanche immaculée, gît sur les marches d'escaliers, constamment visible par le public. C'est un peu dommage, elle aurait pu ne plus figurer sur scène pendant un court instant. Avortement : Erika assise déplie lentement de longs rubans rouge sur sa robe (figuration un peu trop douce à mon goût), Erika est déposé sur un sofa à enroulement et soignée derrière un paravent art-déco par le docteur.
Final : Le quintette avec les personnages alignés sur deux rangées, dans une obscurité quasi complète. Erika est ensuite laissée à sa solitude, les domestiques poussent les deux baies vitrées/miroir qui se referment sur elle comme une gigantesque boîte avant que les lumières ne s'éteignent.
Ce qui m'a frappé, plus qu'au disque c'est de voir à quel point cette oeuvre est
vocale : toute l’étendue des tessitures est sollicitée, c'est absolument jouissif., une sorte d'opéra absolu. L'orchestre était excellent, le célesta et tout un jeu de percussions étaient placés dans les loges de côté, direction sensible de David T. Heusel.
Lumières : changements un peu trop incessants pendant le 1er Acte, parfait par la suite, costumes : magnifiques, décors : idem, direction d'acteurs : parfaite, que dire de plus ?
Vanessa : Soula Parassidis
Erika : Mireille Lebel
La Baronne : Hélène Delavault
Anatol : Jonathan Boyd
Le docteur : Matthieu Lécroart
Nicholas, le majordome : Jean-Sébastien Frantz
La gouvernante : Anne Barthel
Le servant : Yvan Serouge
Orchestre national de Lorraine
Choeur de l'Opéra-Théâtre de Metz Métropole, dir. Nathalie Marmeuse
Direction musicale : David T. Heusel
Mise en scène : Bérénice Collet
Scénographie et costumes : Christophe Ouvrard
Chorégraphie : Anne Minetti
Lumières : Alexandre Ursini
Chef de chant : Nicolaï Meslenko
Assistante à la mise en scène : Violaine Brébion
Représentation à Metz le vendredi 21 mars, dimanche 23 mars et mardi 25 mars 2014.