Vos derniers DVD musicaux regardés (Mai 2006)

Les critiques du mois de mai.

Commençons par le plus pénible: c'est chanté en suédois, c'est plein de coupures, et musicalement c'est tout juste passable.
Tamino et Papageno corrects, Pamina et Reine de la nuit médiocres, orchestre plat... mais rien de catastrophique non plus, ce n'est pas du tout inécoutable.

La mise en scène... j'ai plutôt aimé, oui c'est naïf, c'est "tartignole" comme diraient certains , mais c'est très bien fait, très "conte d'enfants", finalement tout à fait dans l'esprit du livret. (malgré des modifications; Sarastro est ici le père de Pamina, enfin bref...)
Il y a des côtés qui m'ont curieusement évoqué Parsifal, comme les scènes de Sarastro avec ses "apôtres", ou bien certains décors qui m'ont rappelé le Parsifal de Syberberg. (tiens encore un film suédois des années 70...)
D'ailleurs il est dit dans l'Avant-scène opéra que le personnage de Sarastro feuillete la partition de Parsifal à l'entracte... (je n'ai pas fait attention)
Et puis à mieux y réfléchir les points communs ne manquent pas, le côté parcours initiatique notamment...
Le doublage passe pas trop mal, les acteurs sont passables, et le suédois n'est pas trop dérangeant finalement.

Oeuvre: 9/10
Interprétation: 5,5/10
Mise en scène: 7,5/10
Technique: 7/10 (image et son corrects mais sans relief, accusant leur âge; ah et il y a 2h30 de bonus que je n'ai pas encore regardés...)

Pour les rapports entre la flûte et Parsifal, il faut lire l'excellent ouvrage de Jacques Chailley: Parsifal, un opéra initiatique

Pas considéré comme un des grands chefs d'oeuvre de Mozart, et pourtant une grande découverte pour ma part.
Oui il y a quelques longueurs, oui il y a quelques airs un peu conventionnels, mais dans l'ensemble ça vaut carrément le détour!
Il y a vraiment certains passages qu'on ne peut plus caser dans le classicisme, on est parfois dans le pré-romantisme.
Harmoniquement ça module parfois assez vite (on note notamment l'utilisation fréquente des accords de septième diminuée pour moduler assez loin, c'est ce qu'on trouvera ensuite chez les romantiques et notamment Weber puis Wagner), il y a des choeurs magnifiques et grandioses comme j'en connais peu dans les opéras de Mozart et qui annoncent le Requiem, et même au niveau de l'orchestration il y a des choses très étonnantes. (la cavatine du 3è acte par exemple, avec une utilisation des pizz intéressante et nouvelle pour l'époque)

La mise en scène de Ponnelle est grandiose (on sent le budget ), avec décors et costumes à l'ancienne, et un jeu de scène très théâtral.

Côté distribution, hormis Cotrubas qui est bien mais pas exceptionnelle, c'est du très très bon.
Pavarotti est très à l'aise vocalement, et est agréable à écouter dans ce répertoire, Von Stade, magnifique comme d'habitude, très juste scéniquement et vocalement, et Behrens est littéralement déchaînée dans ses airs du 1er et du 3è acte, son Electre expressionniste annonce presque celle de Strauss... on est ici face à une artiste qui lâche totalement prise pour délivrer un moment d'opéra exceptionnel, quitte à y laisser quelques sons mal placés, mais on s'en fout, elle capte littéralement l'auditoire et ne le laisse plus s'échapper. (d'ailleurs le public lui a réservé une énorme ovation lors des saluts)

Les choeurs et l'orchestre du Met sont d'un très haut niveau, comme d'habitude, et la direction de Levine convaincante, enlevée, puissante, juste.

Inutile de vous dire que je vous recommande ce DVD...

Oeuvre: 9/10
Interprétation: 9/10
Mise en scène: 8,5/10
Technique: 8/10 (un léger voile métallique par moments, qui se remarque notamment sur la voix de Pavarotti, autrement son et image d'excellente qualité)

Bach - Variations Goldberg, le film de Monsaingeon.

C'est toujours un régal que de revoir ce dvd, Glenn Gould est éblouissant dans son interprétation des Variations, il a su trouver sa voie et peu de personnes lui arrivent à la cheville aujourd'hui. Je pense qu'il a plus ou moins assomé la concurrence avec sa vision des Goldberg.

Monsaingeon est un bon réalisateur, il ne s'attarde pas sur les commentaires et laisse parler la musique exclusivement tout en soulignant par des traits de caméra bien choisis les passages difficiles techniquement (où l'on voit les mains de Glenn se chevaucher les unes après les autres donnant à la fois une impression de fougue et de légèreté)

Dans la foulée, j'ai écouté les Variations par Tureck, pas mal aussi mais pas aussi abouties à mon avis. J'ai aussi acheté la version de Perahia ainsi que celle de Gavrilov mais pas encore eu le temps de les écouter.

Oeuvre rarement donnée, entre l'opéra et l'oratorio.
Dure environs 1 heure et reprend en résumé l'Oedipe Roi de Sophocle.
Texte repris par Cocteau, traduit en latin.
La récitante parle japonais dans cette production nippone.

C'est une oeuvre néo-classico-baroque de Strav. mais le sujet particulier rend très efficace les archaïsmes de cette musique, son austérité hiératique.

L'action courte et fulgurante garde l'auditeur assez captivé, les faiblesses de cette oeuvre sont bien compensées par une belle mise en scène inspirée du théatre No et Kabuki (de plus loin).

Très belle distribution, mais qui reste en retrait, Norman un peu décevante en Jocaste peu émouvante, bel Oedipe bien campé de Langridge.

Ozawa dirige sagement le Saïto Kinen Orchestra.

Au total, un DVD qui a la grande qualité d'être le seul existant de cette belle oeuvre. Bien défendu par un spectacle convaincant.

Filmé 16:9, mais image un peu pourrie. Sous-titres en français.

Note: /5

Tu peux expliquer tes notes?

Genre, c'est sur combien de par exemple...

Voilà, j'ai édité!

D'accord donc si tu mets ça veut dire 3,5 par exemple?

Xavier a écrit:

D'accord donc si tu mets ça veut dire 3,5 par exemple?

Oui, je crois que j'avais fait ça pour un autre DVD.

Mais si c'est nul on peut mettre:

T'as raison, je ne suis pas assez consciencieux, j'ai mis moins de au superbe Pelléas du mois dernier et c'est verrouillé, je peux point corriger.

Tu ne lui avais pas mis la moyenne?

En tout cas en tant que modérateur je peux éditer, je peux rajouer un si tu veux!

ça me ferait plaisir que tu mettes /5.

Merci

Oui, 4,5/5, ça me paraît raisonnable!

DVD déjà chroniqué il y a quelques mois, version que je chéris davantage encore à chaque nouvelle vision.
L'acte 2 est d'une profondeur exceptionnelle, la mise en scène me ravit de plus en plus, les interprètes sont tous excellents (Evans a certes une voix légère pour Brünnhilde mais j'apprécie beaucoup!), l'orchestre est exceptionnel et le son est le meilleur que j'aie jamais entendu pour un DVD d'opéra.
Wotan est complètement jubilatoire, un régal.

Attention: DVD sans sous-titres français.

Une mise en scène vraiment kitsch et tartignole, avec quelques passages rigolos voire un peu portnawak. (pendant la scène de la gorge aux loups avec les esprits invisibles il y a toutes sortes de costumes pourris, dont un lapin qui se masturbe avec un engin noir surdimensionné... )
Ceci dit c'est vrai que c'est un opéra particulièrement difficile à mettre en scène.

Musicalement c'est correct sans plus, Ligendza est plutôt décevante. (c'est pas du niveau de Janowitz ou Behrens assurément)

Oeuvre: 8,5/10
Interprétation: 6,5/10
Mise en scène: 6,5/10
Technique: 7/10

Enregistré récemment sur Arte, j'ai maté le Récital JS Bach de Glenn Gould réalisé par Bruno Monsaingeon son biographe en quelque sorte. Il s'agit d'enregistrements réalisés en 1979-80 à Toronto.

Intéressant comme d'hab, cela entretient le mythe. Ce mec était totally illuminated mais il avait une sorte de génie qui demeure même encore aujourd'hui.

L'art de jouer à contrepied et de charmer son public. Bach reste sa marotte et on ne s'en lasse pas.

Ah, j'allais oublier, j'ai eu droit à quelques extraits de L'art de la Fugue et du Clavier bien tempéré.