Richard STRAUSS – Lieder – (hors 4 derniers)

Pour un mot général sur le style des lieder de Strauss, voir ici :
https://classik.forumactif.com/t1257-a-la-decouverte-du-lied-mode-d-emploi .

Pour les Vier letzte Lieder, voir là (où il est également question du rapport de Strauss au texte et à la prosodie) :
https://classik.forumactif.com/t1909-richard-strauss-vier-letzte-lieder .


Mais Strauss en a écrit quantité d'autres, notamment à destination de sa redoutable épouse Pauline, et quasiment sur un coin de table, alors qu'il se consacrait à de grandes œuvres symphoniques ou lyriques.

Xavier a écrit:

Strauss: Freundliche Vision

/watch?v=TS0judo9_WY

Hypnotisant.

Quand est-ce qu'elle respire la dame??

D'autant plus qu'elle le fait avec une voix (supposément) déclinante et qu'elle articule remarquablement son texte.

Néanmoins, c'est toujours la même question avec Strauss : vu comme le texte est distendu, mis à distance, secondaire... est-ce encore du lied ?

Techniquement, oui, bien sûr ; mais dans ses principes, on est davantage dans l'oratorio, voire l'instrumental. Et ça me frustre toujours un brin, j'avoue... Au disque, je réécoute peu les lieder de Strauss.

DavidLeMarrec a écrit:

Néanmoins, c'est toujours la même question avec Strauss : vu comme le texte est distendu, mis à distance, secondaire... est-ce encore du lied ?

Ce n'est peut-être pas tout à fait comme ça que je poserais le problème ; je me demande si je n'aurais pas plutôt tendance à penser que ça pourrait être regardé comme une forme d'aboutissement dans l'ambition d'adosser jusqu'à les dissoudre l'un dans l'autre, le fond et la forme. C'est vraisemblablement un point de non retour (le texte est-il soluble dans la musique & inversement ?) ; et il revenait, d'une certaine manière, à Strauss de briser lui même le moule avec les 4 derniers Lieder pour permettre à d'autres de revenir en arrière ou, simplement, d'explorer d'autres chemins.
Et il peut paraître, dans le même temps, paradoxal que l'expérience (c'en est une, vraiment, à mes yeux) ait été menée de l'intérieur, en quelque sorte ("l'inconnu dans la maison", j'aurais presque envie de dire), par un compositeur relevant de l'establishment et dans une formulation rien moins que classique !
Une nuance quand même : ça vaut pour a brassée des "grands Lieder" vocaux, surharmonisés, etc. Parce que le Krämerspiegel par exemple reste, d'essence, une forme dans laquelle la partition sert très largement le texte ; et c'est tellement vrai que le cycle, qui n'est absolument pas séduisant/séducteur, est très rarement joué.

bAlexb a écrit:

je me demande si je n'aurais pas plutôt tendance à penser que ça pourrait être regardé comme une forme d'aboutissement dans l'ambition d'adosser jusqu'à les dissoudre l'un dans l'autre, le fond et la forme.

Bien tenté... mais ce qui se dissout, dans ces lieder, c'est bien le texte (ne serait-ce que sur la stricte intelligibilité, déjà — intervalles larges, tessitures tendues, lenteur d'articulation), pas la musique qui au contraire s'autonomise. Il y a beaucoup de mélodie, beaucoup d'harmonie dans les lieder de Strauss. Le texte, en revanche, c'est à l'état de traces.

Pas tout à fait un Lied ; ou alors hypertrophié et ramené à sa plus élémentaire expres​sion(dans tous les sens du terme). Mais ça reste de la voix/piano : Gwyneth Jones dira la saison prochaine Enoch Arden à Landsberg, http://www.stadttheater-landsberg.de/programm/rathauskonzert-6/ . L'oeuvre et l'artiste ; singulier "alignement-des-planètes", comme on dit désormais.