La musique pour PIANO de Brahms

 Un topic dédié aux compositions pianistiques de Brahms.
 
On est ici pour parler des oeuvres, de leur inspiration, leur technique, leur style, leur postérité... l'intérêt et le goût qui nous unissent à elles...
 
Pour la discographie afférente, voir ici : https://classik.forumactif.com/t1821-brahms-musique-pour-piano

  Présentation du répertoire pianistique brahmsien.

[à alimenter]

lucien, in Playlist, a écrit:

Brahms, Klavierstücke op.118 (1893). Kempff
Brahms, Klavierstücke op.119 (1893). Kempff

lucien a écrit:

mais pourquoi j’écoute des trucs pareils, moi ?
les Brahms en particulier, si quelqu’un peut m’y trouver au moins un intérêt et m’expliquer pourquoi ils sont si réputés...

Xavier a écrit:

Parce que c'est beau ?

Tu attends quel type d'explications en fait?...

lucien a écrit:

honnêtement je n’attends pas d’explications ; c’est juste que je ne comprends pas (ce n’est pas nouveau — c’est-à-dire que c’était déjà le cas quand j’écoutais majoritairement de la musique romantique —)... même beau, j’ai beaucoup de mal...

DavidLeMarrec a écrit:

Oui, c'est difficile de définir la grâce, parce que pour les dernières pièces de Brahms, ce n'est pas vraiment la Forme qui est en jeu...

Je trouve ça d'une poésie infinie ( , tout ça, etc.), avec un langage qui ne bouge peut-être pas autant qu'ailleurs, mais justement, il y a là une forme de fermeté, de plénitude... Rien que pour ces pièces, créer la musique n'aurait pas été vain.

...et je ne vous dis pas ce que je pense des sonates.  (cela dit je ne suis pas sûr de les avoir écoutées toutes.)

Pour moi le sommet de la musique pour piano de Brahms ce sont les variations sur un thème de Schumann opus 9. J'aime bien ses autres variations (notamment sur un thème de Haendel et celles sur un thème original), plus gaies, moins émouvantes. Il y a aussi la sonate n°3. J'aime moins les petites pièces des derniers opus.

Personnellement, les seules musiques pour piano de Brahms que je connaisse, ce sont les valses et les danses hongroises, tout bonnement magnifiques!   

Marchoukrev a écrit:

Personnellement, les seules musiques pour piano de Brahms que je connaisse, ce sont les valses et les danses hongroises, tout bonnement magnifiques!   

Hé bien, il y a trois tartelettes d'écart entre ces œuvres et celles dont nous parlons.

Même sa musique de jeunesse, comme son scherzo, sa première sonate, oeuvres qui ont impressionnées les Schumann, avec raison.

Et les Ballades de l' opus 10...difficile d'imaginer qu'il s'agit là d'une oueuvre dite de "jeunesse"...inspiration littéraire (ecossaise) à la fois totalement assumée et transcendée par la musique...ce qu' on ne retrouvera plus par la suite ...
D ' accord sur la splendeur des Variations sur un thème de Schumann...
Les derniers Klavierstucke ( 116 117 118 119 )sont hors du monde et un monde à eux
seuls...ils annoncent autant qu' ils récapitulent...il faudra attendre Janacek pour retrouver, autrement...cette alliance divine du terrien, de l' aphoristique...ce poids du rêve et du souvenir...

Quelques raisons pour (pour les-quelles j'aime) aimer les op. 117,118,119
Parce que le plus bel oxymore est de Brahms: les berceuses de ma douleur
Parce qu'il n'y a pas de complaisance, ni mièvrerie et que Brahms sait vous le rappeler si vous vous laissez aller.
Parce qu'il y a plus de silence que de sons; que l'attente et le passage sont moteurs. Diastole Systole entendez battre ce coeur.
Parce que quand on croit y être: ça s'ébruite; ça s'ébruisse.
Parce que ça ressort de la petite forme et que j'aime cela (et n'écoute à peu près que ça, sous forme plus ou moins organisée)
Parce que l'on attend toujours un peu tard dans la nuit pour s'y plonger et que j'ai toujours peur de l'op 117.
Parce que je les aimées, oubliées et retrouvées.
Parce ce que peu après (et en même temps) vient la clarinette et les sonates piano-clarinette

Brahms mon cher, c'est la douleur endurée de l'amour éternellement irréalisable.

Je viens de découvrir les variations sur un thème de Schumann op. 9 (dans le magnifique coffret de Katchen).

Ca me paraît vraiment très différent des autres séries de variations (Haendel et Paganini). Je suis sidéré d'entendre déjà la respiration, les contrastes, l'intériorisation des dernières pièces (que je place très haut dans mon panthéon personnel). Ce sont déjà bien des "berceuses de ma douleur". Peut-être les circonstances d'écriture de ces variations (internement de Schumann, passion pour Clara) n'y sont-elles pas étrangères.

Je pense que c'est David qui avait mentionné tout le bien qu'il pensait des (nombreuses semble-t-il) transcriptions pour piano que Brahms a faites de plusieurs de ses oeuvres. Je viens justement de tomber sur une version pour deux pianos du quintette avec piano et en effet, ça marche franchement très bien.

J'ai découvert le quintette avant la sonate pour 2 pianos, et malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à écouter la sonate, qui me paraît bien pauvre en comparaison... Dans l'histoire ce serait d'ailleurs plutôt le quintette, la transcription, puisqu'il est venu après la sonate, dont Brahms n'était pas satisfait.

En ce qui concerne le piano brahmsien, j'en suis un amoureux inconditionné... le summum étant pour moi sa Sonate n°3. Et dire qu'il avait seulement 20 ans lorsqu'il a composé un tel monument ! La profusion d'idées, de thèmes et d'atmosphères est incroyable, le tout formant un univers aux paysages sonores époustouflants. Je ne m'en lasse pas ! Et d'ailleurs on dirait que Brahms non plus, cf. sa tendance aux "auto-citations" assez considérable, notamment au piano seul : les Ballades reprennent des thèmes des Sonates, les Intermezzi/Klavierstücke/etc. se recoupent assez fréquemment... Bref, tout un univers qui me fascine et me touche profondément !

Bergamask a écrit:

J'ai découvert le quintette avant la sonate pour 2 pianos, et malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à écouter la sonate, qui me paraît bien pauvre en comparaison... Dans l'histoire ce serait d'ailleurs plutôt le quintette, la transcription, puisqu'il est venu après la sonate, dont Brahms n'était pas satisfait.

Ah, je l'ignorais, merci.

Sinon, tout à fait d'accord avec le reste de ton message. Le piano de Brahms, c'est un monde en soi, un des corpus les plus beaux, riches et solidement charpentés du répertoire.

Cello a écrit:

Je pense que c'est David qui avait mentionné tout le bien qu'il pensait des (nombreuses semble-t-il) transcriptions pour piano que Brahms a faites de plusieurs de ses oeuvres. Je viens justement de tomber sur une version pour deux piano du quintette avec piano et en effet, ça marche franchement très bien.

Oui, ça tient sur une vingtaine de CDs. J'aime particulièrement les symphonies et les sérénades, mais même les concertos et les quatuors fonctionnent remarquablement bien (c'est du quatre mains, quelquefois deux pianos comme pour la Quatrième Symphonie et le Premier Concerto qui existent en deux versions distinctes).

Le Quintette-Sonate est très bien en effet, même si, en l'occurrence, la gestion des deux entités est idéale en version avec cordes.

L'essentiel a été gravé par le duo Matthies-Köhn chez Naxos, interprétations extraordinaires en plus. (Si on veut s'amuser, d'autres ont aussi fait des versions, par exemple de la Quatrième Symphonie, sur des pianos d'époque.)

C'est un des corpus auquel je reviens le plus souvent, plusieurs fois par an.

DavidLeMarrec a écrit:

Cello a écrit:

Je pense que c'est David qui avait mentionné tout le bien qu'il pensait des (nombreuses semble-t-il) transcriptions pour piano que Brahms a faites de plusieurs de ses oeuvres. Je viens justement de tomber sur une version pour deux piano du quintette avec piano et en effet, ça marche franchement très bien.

Oui, ça tient sur une vingtaine de CDs...

Ah oui, quand même . Je vais explorer un peu ça, je sens que ça pourrait me plaire (et puis, si je me mets au piano ça me donnera des buts irréalisables).

Ça dépend des mouvements, bien sûr, mais il y a toujours des rythmes un peu complexes et pas très évidents chez Brahms, donc oui, pas facile en général. Néanmoins, comme tu es déjà musicien (et auditeur expérimenté), ce ne doit pas être insurmontable, ce n'est en général pas trop exigeant digitalement (par exemple le Deutsches Requiem ou les mouvements centraux de symphonies).

J'ai vérifié, Naxos en a publié 19 volumes (dont un d'arrangements de Schubert et Schumann), mais il doit y en avoir pas mal d'autres dans le fonds qui n'ont pas été enregistrés.

J'écoute (beaucoup) plus souvent les symphonies dans la version du duo Matthies-Köhn que dans les versions orchestrales, en fait. Pareil pour les sextuors. Pour les Sérénades, au moins autant qu'en version orchestrale. (Pas le Deutsches Requiem, ni les quatuors, en revanche.)

Voilà, je ne suis pas loin de partager ton enthousiasme pour les réductions piano des symphonies .

Je me suis passé la 1ère et la 4ème et franchement, ce sont des versions qui se placent au-delà de l'anecdote. On goûte particulièrement bien les frottements harmoniques comme au début de la 1ère. Je ne crois pas que je vais mettre mes versions originales au bac parce que les couleurs de l'orchestre me séduisent toujours mais je reviendrai vers ces transcriptions. C'est une vraie redécouverte, sous un jour nouveau. Et puis, la musique elle-même reste de toute beauté, évidemment.

Oui, voilà, ça n'invalide pas les symphonies, mais en avoir la matière ramassée de façon aussi dense (contrairement à beaucoup de transcriptions, le piano à quatre mains, et singulièrement de la main du compositeur, permet de ne rien laisser d'essentiel de côté), c'est une expérience très forte, comme un concentré du génie brahmsien.

Comme d'habitude, ça fonctionne mieux avec le spectre étendu du quatre mains qu'avec la masse plus épaisse des deux pianos, mais ce sont à chaque fois de très belles réussites. (Les 1 et 4 sont des tueries, effectivement.)

arnaud bellemontagne a écrit:

Brahms:Symphonies n°3 et 4 (Transcriptions pour piano à 4 mains Naxos)

Remarquables ces transcriptions. On sent pas de déperdition. Tout est incroyablement lisible et articulé. Et ça met en lumière comme rarement les qualités d'écriture du sieur Johannes.
Ca me donne envie de m'écouter le reste du corpus dans ces transcriptions...

Les ouvertures, les sérénades, les variations symphoniques, les concertos sont formidables (à chaque fois, privilégier le quatre mains sur les deux pianos). Les sextuors sont très réussis aussi.

Je trouve que les Quatuors et le Deutsches Requiem y gagnent moins, mais c'est très bien aussi.

En revanche, épargne-toi les valses, qui ne sont déjà pas toujours étourdissantes avec le chant et le texte…

A la réécoute de la sonate pour piano n°3, que je n'avais pas écoutée depuis longtemps je me dis qu'elle est vraiment belle.
Elle m'avait marqué dès la première écoute il y a longtemps, les mélodies se suivent avec plaisir, on arrive a comprendre ce qu'il se passe même si beaucoup de choses se passent. Ce n'est pas une musique désespérée ni bizzaroïde mais c'est beau.