Jennifer Smith

Première ébauche à compléter...
Jennifer Smith a un site internet : http://www.jennifersmithsoprano.com/ !
Pour plein de raisons, un peu une icône ; pour les pionniers parce que, née en 1945, elle était des expériences fondatrices (avec Corboz notamment et avec, toujours une ampleur de répertoire balayant large de Monterverdi aux Français) et pour les autres, comme moi, parce qu'elle s'est confondue/identifiée (à moins que ce ne soit le contraire) avec certaines des productions "historiques" de Minkowski (Platée, Phaëton, Alcyone, les Haendel chez Erato).
Pour moi, il y a eu ce "truc", cette vidéo incroyable du work in progress  de Phaëton, justement, où avec Yakar, Naouri, Crook, etc. elle évoluait dans le no mans land éruptif et zébéré d'éclairs de la guerre de tranchées/positions entre Minkowski et Saporta ("je ne suis pas sûr qu'on raconte vraiment une histoire" ). A la fois l'image de LA grande professionnelle consciencieuse et, dans le même temps, le visage plastique de l'actrice/tragédienne qui instille/distille sans en avoir l'air entre classicisme et Grand-Guignol (un port de main, de tête et tout de suite dans la foulée, une oeillade).
Smtih, ça n'est pas tant une voix qu'une intelligence (plus qu'une "intelligibilité", peut-être ?) ; à moins que ce ne soit une voix incroyablement typée (tôt ou tard dans sa carrière et pas forcément pour les mêmes raisons).
J'ai collectionné fiévreusement ses enregsitrements desquels je tire, en plus des enregistrements déjà cités, des Nuits d'été avec Mackerras, une "Folie" de Lucia pour le cinéma et Chants de l'âme de Greif poignants. Des marges, je sais ; un peu comme sa Diane d'Orphée aux Enfers avec Minkowski toujours, qui réactive les sels cristallités de sa Folie de Platée en mode TNT (l'explosif, pas la TV de seconde zone ).
Entendue deux fois en scène : dans Marzellina des Nozze avec Minko' à Aix et dans le Songe de Mendelssohn, avec Minko' toujours mais à Lyon.
Une de mes chanteuses de coeur, définitivement ; et qui ne semble plus se produire, désormais (définitivement ?).

Je l'ai vue, pour la seule fois, à Orsay il y a quelques années : habillée comme un sac, la voix atteinte mais merveilleusement éloquente.

(http://levidamedechartres.over-blog.com/article-musiques-vivantes-74417115.html)

J'ai eu peur en voyant ton post, j'ai cru qu'elle était morte !

Il y a quelque chose d'assez incroyable chez elle, c'est cette manière de continuer à vibrer, à être audible, une fraction de seconde après la fin de la note. Comme un fantôme de son. C'est troublant et très beau.

Ses Nuits d'été sont les plus belles que je connaisse (même devant Crespin et Baker) et elle a fait un récital de baroque espagnol et portuguais phénoménal. C'est vraiment une chanteuse qui a tout : la virtuosité, la musicalité, la singularité de la voix (une fois j'ai entendu quelqu'un la reconnaitre alors que nous l'écoutions DANS un choeur - certes à 8 voix, de mémoire, mais quand même !), la grâce de la diction (dans toutes les langues) et une espèce de musicalité miraculeuse qui la fait sonner juste dans tout ce qu'elle aborde. Et son travail au disque et au récital montre qu'elle est doué d'un goût sidérant. Elle se dirige toujours vers l'excellence, comme un bateau vers le port, aussi infaillible qu'une bousole. Une grande chanteuse. Et c'est aussi une de mes chanteuses préférées (j'en ai beaucoup mais si je devais lister vingt ou trente noms, elle en ferait partie).

J'ai aussi eu cette peur, ne sachant pas grand chose sur celle qui me hante en Folie

Vous parlez tous les deux de ses Nuits d'Eté... elles se trouvent quelque part en disque? Parce que mon ami google ne me répond pas...

C'était sorti dans la collection anglaise (des enregistrements BBC ou quelque chose comme ça) assez facile à trouver à un moment avec d'autres mélodies de Berlioz. Essaye amazon.uk peut-être ?

http://www.allmusic.com/album/berlioz-harold-in-italy-les-nuits-dete-le-jeune-patre-breton-op13-mw0001816157/credits

Francesco a écrit:

Essaye amazon.uk peut-être ?

Je confirme : http://www.amazon.co.uk/dp/B000024K1G/ref=pe_385721_37986871_TE_item (couplé avec Harold en Italie et le "Jeune pâtre breton").

J'ai l'impression que c'est un peu le dernier exemplaire au monde ... il faut donc l'acheter très vite !

Francesco a écrit:

il faut donc l'acheter très vite !

... Et à thésauriser avec des précautions de gourmet !

Merci! Je vais regarder ça!

Francesco a écrit:

Je l'ai vue, pour la seule fois, à Orsay il y a quelques années : habillée comme un sac, la voix atteinte mais merveilleusement éloquente.

Pareil, mais je n'ai rien remarqué pour la tenue et la voix était bien trop démolie pour exprimer, pour moi. En plus, c'était avec Beuron, non, qui avait donné un Soir de Gounod bouleversant et éclatant de santé… ? Donc le contraste était plus rude que si on avait pu se plonger dans le seul univers de Smith.

(Mais de toute façon, je n'ai pas souvent été touché par sa manière.)

Je l'adore dans la cantate Héraclite et Démocrite de Jean-Baptiste Stuck, un disque de Minkowski (Archiv).

DavidLeMarrec a écrit:

Francesco a écrit:

Je l'ai vue, pour la seule fois, à Orsay il y a quelques années : habillée comme un sac, la voix atteinte mais merveilleusement éloquente.

Pareil, mais je n'ai rien remarqué pour la tenue et la voix était bien trop démolie pour exprimer, pour moi. En plus, c'était avec Beuron, non, qui avait donné un Soir de Gounod bouleversant et éclatant de santé… ?  Donc le contraste était plus rude que si on avait pu se plonger dans le seul univers de Smith.

(Mais de toute façon, je n'ai pas souvent été touché par sa manière.)

Oui, c'était avec Beuron, pour un concert Princesse de Polignac ou quelque chose comme ça. Je ne me rappelle pas de Beuron en fait, d'ailleurs, comme quoi !

Je relis ce que j'avais écrit et en fait j'étais très élogieux pour Beuron aussi. Et c'était un concert "Marguerite de Saint-Marceau".