Représentation du 18 avril
Mise en scène : Charles Roubaud
Décors : Emmanuelle Favre
Costumes : Katia Duflot
Chimène : Sonia Ganassi
L'Infante : Annick Massis
Rodrigue : Roberto Alagna
Don Diègue : Paul Gay
Gormas : Laurent Alvaro
Le Roi : Nicolas Cavalier
Michel Plasson
Comme beaucoup j'imagine, je découvrais cette oeuvre - je dois dire que j'ai mis pas mal de temps à y entrer - jusqu'à l'entracte j'ai trouvé cette musique, bruyante, pompeuse, et faiblement inspirée sur le plan mélodique - on retrouve le compositeur dans les deux derniers actes, et aussi dans les -trop - courts extraits de la musique de ballet.
Le compositeur n'est pas vraiment aidé par ses librettistes : ils se sont mis à trois, D'Ennery, Gallet et Blau, pour dégrader la poésie de Corneille - ils commettent d'ailleurs l'imprudence de citer à intervalle régulier les alexandrins - on mesure encore davantage leur médiocrité - en outre le programme de l'ONP donne une information partielle sur ce point : il dit que le livret est "d'après la pièce homonyme de Corneille" - non, justement, on sait que Massenet trouvait la pièce trop centrée sur la psychologie des personnages, et le livret comporte des apports d'autres sources, le but étant de faire un grand opéra à la française - mais il est regrettable qu'en la circonstance Massenet n'ait pas su se hisser au niveau de Rossini, Meyerber voire Donizetti.
La mise en scène, importée de Marseille est platement illustrative - au lieu d'etre située dans le Moyen age de la Reconquista, on est dans un univers pré franquiste, avec sabres, goupillons et mantilles - elle se laisse voir...
Sur le plan vocal, tout le monde attendait Alagna : ça a débuté par une annonce sur l'état vocal du chanteur, incompatible avec sa participation, mais comme la doublure était aussi malade, Roberto acceptait de chanter quand meme !! De fait pendant la première partie nous avons eu un Alagna en retrait, s'économisant,avec des aigus un peu voilés - mais c'était pour mieux revenir après l'entracte : on l'a ensuite retrouvé avec sa vaillance, son dynamisme et sa diction exemplaire.
Paul Gay a campé un Don Diègue formidable, et aux saluts vainqueur à l’applaudimètre.
Chez les femmes Ganassi se bonifie au fil de la représentation, campant un personnage crédible - enfin autant que le livret l'autorise - dont la diction devient bonne à partir de "Pleurez, mes yeux".
Dans le court role de l'Infante Annick Massis administre une leçon de beau chant.
Et aucune réserve sur le reste de la distribution.
Plasson continue à etre dans son élément, et tire le meilleur d'un orchestre comme souvent excellent : magnifique petite harmonie, si importante dans cette partition, avec une mention particulière pour la clarinette basse, superbe dans "pleurez mes yeux".
Pour finir, meme si cette oeuvre est secondaire, sa discographie est inexistante avec un unique enregistrement new yorkais peu satisfaisant : ces représentations pourraient etre l'occasion d'un enregistrement avec une distribution au niveau et un chef à la hauteur, ce qui n'est pas le cas d’Ève Queler !
Montfort