Autour de la musique classique Le but de ce forum est d'être un espace dédié principalement à la musique classique sous toutes ses périodes, mais aussi ouvert à d'autres genres. |
| | Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch | |
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+24calbo math aurele CameldOc Anthony Resigned Jaky Benedictus Jof Apollinaire93 Saegel Iskender MHNUYM Xavier / Oriane Roderick draffin Eusèbe Anaxagore kegue abbado71 Pipus Mélomaniac 28 participants | |
Auteur | Message |
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Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Jeu 2 Avr 2015 - 21:40 | |
| Un éditorial de la Pravda, fustigeant l'opéra Lady Macbeth en 1936, un an avant que la Symphonie n°5 n'offre à Chostakovitch un retour en grâce -en trompe l'oeil ?Dimitri Chostakovitch, Symphonie n°5 : allégeance, blessure et duperie -écoute comparée d'un chef d'oeuvre à travers ses facettes discographiques Une des plus populaires, admirées et enregistrées des quinze symphonies du compositeur russe. Le catalogue recense plus de cent vingt versions. Ma présélection s'est effectuée sur une petite moitié d'entre elles, incluant les plus renommées, des origines jusqu'à nos jours. Considérant plusieurs critères méthodologiques et pratiques, nous allons nous pencher sur vingt enregistrements, qui m'ont semblé intéressants ou marquants, chacun à leur manière -j'assume la subjectivité de cette anthologie, qui a tenté de couvrir différentes écoles de direction, et d'illustrer des esthétiques représentatives. Une vingtaine de participants grossissent les rangs au début de ce projet. Le protocole d'écoute sera ajusté à chaque étape, qui concernera chaque fois un mouvement, avant la confrontation finale. Les versions seront ré-anonymisées et redistribuées entre chaque tour de jury, pour garantir neutralité, suspense et diversité des suffrages. Je fournirai quelques mots de présentation sur chaque mouvement, sous forme de guide d'écoute pour les auditeurs qui ne sont pas familiers de la structure de l'oeuvre, et qui situeront les enjeux de l'interprétation. Merci à tous pour votre implication |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Jeu 2 Avr 2015 - 22:02 | |
| Premier tour : 2°mvt, allegretto L'écoute porte sur les vingt versions présélectionnées, distribuées entre cinq groupes. groupe A : Xavier, Jof, Anthony groupe B : Kegue, Abbado, Anaxagore, Saegel groupe C : Vino, Roderick, Draffin, Benedictus groupe D : Iskender, Mnuymh, Resigned, Oriane groupe E : Pipus, Greg, Eusèbe, Starluc D'autres participants tardifs ou encore indécis rejoindront peut-être ces équipes, et certains membres du jury siègent en supplétif dans d'autres groupes que le leur -tant mieux pour la significativité des suffrages. Pour chaque auditeur, la version préférée récoltera 4 points, la seconde 3 points, la troisième 2 points et la quatrième 1 point. La somme algébrique des scores à l'intérieur d'un groupe nous donnera un cumul pour chaque version. La moins bien notée à l'intérieur de chaque groupe sera éliminée. Il nous restera donc 15 versions pour le second tour, qui portera sur le premier mouvement de l'oeuvre. Les auditeurs peuvent dès maintenant poster leur résultat, ainsi que (si possible) quelques mots de commentaires qui explicitent leur classement : l'interprétation, la prise de son... le tout sous spoiler (pour ne pas influencer les autres participants). Concernant l'interprétation, on peut s'attacher au tempo, à la gestion rythmique, aux rapports dynamiques, aux équilibres entre pupitres, aux timbres instrumentaux, à ce que toutes ces options suggèrent en termes d'ambiance, et la pertinence que cela inspire... Si vous pensez avoir reconnu un disque que vous connaissez déjà, il est préférable de ne pas le nommer, pour conserver au jeu son suspense et sa neutralité. Pour ce premier tour, l'échéance est fixée au vendredi 10 avril à minuit. Les résultats seront affichés sur le Forum le lendemain. |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3568 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 8:04 | |
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| | | abbado71 Mélomane averti
Nombre de messages : 200 Age : 31 Date d'inscription : 19/10/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 8:07 | |
| - :
Groupe B Je précise que je n'ai malheureusement pas la partition (meme imslp ne peut pas m'aider) donc je ne peut certes pas me souvenir des détails manuscrits(je l'avais un peu regardé quand j'avais accès à une médiathèque décente) .
Poire : Celà s'annonce juteux et caractéristique, rapide (138 à la mesure si je me souviens bien de la partition; on doit y etre pas loin) Les "attaques" des cordes du début se font sans violence mais avec allant, Les différents solo ont la part belle puisqu'on entend quasiment pas les graves en soutien derrière. L'oeuvre prend donc un caractère ouvertement guilleret et ironique (les vents sont lancés ). le 1er de solo de violon est superbe, glissando terriblement diabolique . basson est mis également sur un piedéstale donnant rythme et ironie. Les pizzicatos sont eux aussi diabolique et me font penser à la danse macabre Une unité globale de l'oeuvre excellente, le chef maîtrise parfaitement ce qu'il veut nous dire, et je dirais même l'atmosphère que j'entends de ce scherzo guilleret naïf et plein d'ironie mais sans violence no tristesse.
Goyave: Cordes accrocheuses des l'entame qui donne de la lourdeur. Staccato dont on a peine à avoir un équilibre sur l'ensemble de la partition, bois(basson) en sourdine. Des nuances (piano particulièrement) tout au long de l'oeuvre dont je ne comprends pas le sens(ils sont très marqués),(dès le début à l'entrée des flûtes diminuendo qui va jusqu'au pp) et qui rend l'ensemble assez incohérent. Je ne retrouve pas la gaiété ni la naiveté et l'humour vraiment ce n'est pas évident tant la version est monocorde . Inexpressif pour moi, je m'ennuie vite mais certes peut être que la versions se veut très proche de la partition au risque de tout accentuer, trop!! ca n'a plus rien à voir avec l'esprit que je trouve à la partition (contrairement à poire).
Groseille: Entrée des cordes sévère mais pas martelée. Plus détaillée que la 1 et plus dans le Pathos avec un coté fausse joie. Solo de violon triste. J'ai du mal à vraiment en dire les qualités et défauts que je lui trouve
mangue: Staccatos cordes dynamiques, diminuendo pas trop marqué(contrairement à la 2 ) . Clarté dans les lignes mélodiques, belle plastique de l'orchestre, moins marginal que la première mais tout autant dans l'idée avec un coté grandeur tragique que je trouve très agréable. Version très équilibrée, détaillée bien travaillée . Les nuances sont perspicaces. La version à moins d'allant que la 1 mais reste toujours fraiche d'idée. Comme dans la 1 on sent que le chef sait ou il va et que l'orchestre(que je trouve très joli par ailleurs) le suit parfaitement
Poire>Mangue>Groseille > Goyave
Dernière édition par abbado71 le Ven 3 Avr 2015 - 20:52, édité 1 fois |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 15:49 | |
| Et une salade de fruit, une ! - Spoiler:
Goyave : Dans cette version, on a l’impression que le chef veut s’en tenir à toutes les indications écrites sur la partition sans vouloir prendre de risque, c’est assez fidèle mais cela manque un peu d’engagement. Il en résulte un ensemble un peu fade (amplifié par une prise de son très sèche). Quelques petits soucis de justesse dans les cordes et de mises en place dans les bois (qui cavalent un peu à partir du chiffre 53).
Groseille : Une trop grande réverbe sur les cordes à tendance à déséquilibrer l’ensemble. Mais le tout est plutôt pas mal contrasté. J’aime bien
Mangue : Une belle attaque des cordes semble un bon présage pour ce qui va suivre. Pourtant, quand le scherzo se lance vraiment, je trouve l’ensemble un peu lourd et par endroit un peu faux quand même (les cors à la mesure 55 par exemple). Le trio est assez sympa, même si j’ai du mal avec certains phrasés du violon solo.
Poire : trop speed, trop lourd, des déséquilibres sonores (comme la trompette trop en avant sur le chiffre 53 qui a tendance à reléguer le thème principal au second plan). L’orchestre n’a pas toujours le temps de respirer.
Groseille > Goyave > Mangue > Poire
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| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 20:33 | |
| J'ai cueilli les fruits de l'arbre B et dénombré les vers afin de trouver une victime à jeter au composteur … - Spoiler:
Goyave: Exécution propre mais assez routinière qui distille une ambiance assez compassée. Le chef a l'air de s'ennuyer et nous ennuie aussi . C'est terriblement lisse et on trouve fort peu de contrastes. L'acoustique de la salle est par ailleurs assez sèche. On ne trouve rien ici de l'ironie mordante, de l'incisivité et des sarcasmes qu'on serait en droit d'attendre dans un mouvement sur lequel plane aussi clairement l'ombre de Mahler. Pour moi, c'est trop poussif … Groseille: Très belle version, techniquement très aboutie, avec un orchestre de haut vol et une meilleure réverbération. Le chef semble bien plus impliqué que celui de Goyave. Il accuse beaucoup mieux les contrastes dynamiques qui sont nombreux dans cette partition et donne à l'ensemble les allures d'une grande valse mélancolique. J'aime même si cela manque toujours de l'ironie qu'on est en droit d'attendre ici. Mangue: À nouveau une exécution propre, davantage expressive que Goyave, mais qui demeure à mon sens beaucoup trop sage . Les bois sont exubérants (la clarinette, 3 mesures après 49) et le tout sonne avec davantage d'ampleur que dans Goyave. Le chef ne respecte pas l'accentuation du compositeur 8 mesures après 61 en pratiquant un legato savonneux aux cordes. Et le problème se répète 9 mesures après 63. Et l'ironie toujours aux abonnés absents... Poire: Enregistrement public d'une interprétation très engagée expressivement mais beaucoup plus précaire sur le plan technique (Les cuivres ne sont pas très justes (la trompette à 53 ou à 55)). Le timbre criard et le vibrato des cuivres, ici parfaitement en situation, laisse penser à un orchestre russe. On a enfin ici les contrastes, l'incisivité et l'ironie (les trompettes à 70 ou les cors à 72). Le chef ne manque pas d'imagination en pratiquant un diminuendo non indiqué 7 mesures après 51 et en pratiquant le même legato savonneux que Mangue aux numéros 61 et 63. Si tout cela était plus abouti techniquement, je donnerais la première place à cette version, mais … Groseille > Poire > Mangue > Goyave
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| | | Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599 Age : 47 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 20:37 | |
| Le groupe B est au taquet!! |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 21:58 | |
| Groupe B - Goyave:
Ça commence de façon très tranquille, presque effacée. Et petit à petit, ça s'affirme et s'assèche. La prise de son a un peu de souffle mais place son premier plan de façon très convaincante. La largeur est un peu outrancière mais permet une spatialisation intéressante. Par moment, on a l'impression d'entendre de la musique de chambre. C'est finalement une lecture un peu sage de ce mouvement mais avec beaucoup de grâce et sans mauvais goût. J'achète.
- Groseille:
Bigre, c'est loin. Et pourquoi avoir placé la clarinette devant les cordes ? Dommage, l'orchestre est loin d'être inintéressant. Musicalement, là encore, on est plutôt dans une lecture tranquille et élégante. Ça n'est pas désagréable à écouter, on est simplement du caractère qu'on peut trouver dans d'autres groupes.
- Mangue:
Encore un orchestre capté de loin... C'est aussi lent que la précédente version (groseille) et tout aussi tranquille. On sent des tentatives désespérées du chef pour faire un peu grincer son orchestre et pour bien marquer les accents... N’empêche, ça pèse des tonnes et ça ne décolle pas.
- Poire:
Version captée en concert. Je préfère cette esthétique sonore de très loin par rapport aux précédentes : c'est plus sec, plus franc, plus agressif. C'est un peu plus rapide, ce qui permet d'éviter de s'installer peu trop confortablement. Et puis, ça vit, c'est narratif et coloré (quel orchestre !). J'aime beaucoup !
- Classement:
Pour moi, Poire est la seule version de ce groupe à ne pas s'excuser de jouer du Chostakovitch. Mangue < Groseille < Goyave < Poire
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| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3568 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 21:59 | |
| Vous vous êtes donné le mot ? Draffin n'étais-tu pas en groupe C ? |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 22:09 | |
| Groupe C - Banane:
Lecture sobre et sèche, comme il se doit. Ça ne s'amuse pas beaucoup mais ça a beaucoup de gueule. J'adore les cuivres et les bois, grinçants à l'envi. Bon, les cordes pourraient être plus justes... Du point de vue sonore, c'est une esthétique qui me convient très bien, avec un premier plan bien marqué et une belle profondeur.
- Citron:
Acoustiquement, c'est un carrément lointain. C'est vraiment gênant pour ce mouvement (je préfère plus de sécheresse, plus d'agressivité) mais je pense que ça ne doit pas être choquant dans les autres mouvements. Instrumentalement, c'est la grande classe. On ne peut pas dire que ça manque de caractère ni de poésie.
- Myrtille:
Bigre, avec un tempo pareil, on raconte forcément une autre histoire ! C'est tout de suite beaucoup plus dramatique, beaucoup plus noir. Acoustiquement, c'est assez idéal. Curieusement, ça semble un peu s’essouffler en cours de route. La reprise de la première partie relance la machine. On écoute la beauté des pupitres, l'articulation des cordes, la couleur de la timbale, etc.
- Raisin:
Quel son ! Avec des graves opulents, des timbres «bouchés» et/ou grinçants, des plans sonores et une latéralisation poussés à l'extrême. On ne fait plus ce genre de prises de son aujourd'hui et c'est dommage. Et musicalement, quelle gueule ! C'est narratif de bout en bout. Agressif mais pas hystérique, faussement débonnaire, joyeusement foutraque. J'adore !
- Classement:
Franchement, tout ça est très intéressant ! Même Citron, que je classe en dernier, m'intéresse. Citron < Myrtille < Banane < Raisin
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| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| | | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 22:46 | |
| Groupe A - Kiwi:
Bigre ! Quelle violence, quelle impétuosité, quelle... laideur (par moment) ! C'est extrêmement étrange ! D'abord, d'un point de vue sonore, on a affaire à une mono de bonne qualité, précise et dynamique, avec un assez bon respect des timbres. Ensuite, on a un tempo d'enfer, pas vraiment allegretto. Mais bon, défendu comme ça, il faut quand même dire que ça a de la gueule !
- Mandarine:
Forcément, après Kiwi, ça tranche. Non seulement ça commence lentement, mais en plus, le chef se permet des ralentis en cours de route. La prise de son est un peu lointaine, dommage ! Je ne sais pas si c'est à cause du tempo mais j'entends des détails d'articulation que je n'avais jamais entendus ailleurs. Facéties du chef ? Sans la partition, difficile à savoir. Comme je m'y ennuie rapidement, j'écoute l'orchestre qui est décidément plutôt beau.
- Melon:
Pour moi qui écoute au casque, cette version est carrément dérangeante à cause de son espace sonore. Je m'explique : la réverbération n'a pas la même longueur dans les deux oreilles. Prenons le solo de violon (mais c'est vrai pour tout le reste) : le son direct est globalement au centre ; la réverbération s'éteint rapidement à droite et se poursuit à gauche. Ça m'obsède tellement que je n'arrive pas à me concentrer sur la musique. Il faut que je réécoute la piste plusieurs fois pour faire abstraction de ce phénomène étrange. Musicalement, on a là une version de bonne tenue, avec un bel orchestre, un peu trop lente à mon goût et un poil chichiteuse. Vraiment pas ma tasse de thé tout ça.
- Pèche:
Version fluide et fine, avec un tempo rapide. Le son est très bon et met bien en valeur les différents pupitres (excellents cuivres, bonnes percussions, magnifique solo de violon, etc.). Ça n'est pas follement original mais c'est fait avec beaucoup de science. J'achète.
- Classement:
Melon < Mandarine < Kiwi < Pèche
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| | | Roderick Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3456 Age : 49 Date d'inscription : 10/06/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 22:55 | |
| - Groupe C:
banane : Grande homogénéité entre les pupitres, peut-être un peu trop. Au final ça me donne l'impression d'une version un peu sage, pas assez grinçante à mon goût, voire un peu ennuyeuse au bout d'un moment. Très beaux bois cependant et à défaut de noirceur une certaine majesté à la fin qui me plaît bien. citron : Très belle version au niveau des instruments, mais que cette version souffre de la comparaison avec les autres pour la prise de son : vraiment pas ma tasse de thé. Les cordes magnifiques, la subtilité dans les nuances, tout ça doit être superbe dans les autres mouvements, mais là je trouve ça trop rond, ouaté, pas du tout ce que j'attends de ce mouvement... myrtille : Démarrage en fanfare, ça c'est le tempo que j'attendais : du coup, même si les instruments sont moins « beaux » ça me touche d'emblée davantage. Et puis la suite est du même tonneau avec des audaces dans les variations de tempi qui me plaisent vraiment. La version la moins prévisible du lot en même temps que la plus proche de ce que j'attendais. (oui c'est paradoxal mais c'est comme ça). La délicatesse des dernières secondes m'enchante... raisin : Très différente de myrtille, beaucoup de qualités aussi, sûrement la « meilleure » pour ce qui est de l'a conjonction de la qualité instrumentale et de celle de la prise de son (par contre très gênante lors de ma deuxième écoute au casque, à éviter), mais... elle me touche moins que myrtille. en conclusion : Je sais que c'est le jeu mais pour moi aucune de ces versions ne mérite l'élimination. Pour ne pas botter en touche je dirais quand même :
Banane<Citron<Raisin<Myrtille
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 23:18 | |
| - Eusèbe a écrit:
Le groupe B est au taquet!!
Normal, j'ai rassemblé dans ce groupe le jury le plus motivé et compétent. Ok, je sors. Même si le repas est frugal, ils ont les crocs... L'échéance c'est certes vendredi minuit, ...mais vendredi prochain Je plaisante : un grand merci pour votre réactivité et votre participation ! Vous êtes formidables Et bien sûr bravo pour la qualité de vos commentaires, qui montrent que vous avez très finement cerné le caractère de chaque version, même si la cote d'amour peut varier entre vous. Dans le groupe B se dessine déjà une élimination (mais on attend encore au moins le vote de Saegel). Draffin, j'étais un peu surpris : certaines prises de son que tu perçois lointaines, je les trouve plutôt prégnantes. Et vice versa. Mais cette différence de perspective est peut-être liée à l'écoute au casque. Arghh, j'avais promis une présentation du mouvement avant vendredi soir, il me reste trois quarts d'heure pour pondre une nanalyse... |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 23:35 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- Draffin, j'étais un peu surpris : certaines prises de son que tu perçois lointaines, je les trouve plutôt prégnantes. Et vice versa. Mais cette différence de perspective est peut-être liée à l'écoute au casque.
Ah ? Il se peut que je me sois mélangé les crayons quelque part. Tu peux me dire quelles sont les versions incriminées ? |
| | | Oriane Mélomaniaque
Nombre de messages : 1869 Age : 33 Localisation : Orléans-Paris Date d'inscription : 21/07/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 3 Avr 2015 - 23:50 | |
| Étant encore en déplacement, je ne peux pas encore écouter les versions. J'ai hâte! Je m'y mets mardi.
Merci Mélo pour ton implication dans l'organisation de cette écoute ! |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 0:00 | |
| - draffin a écrit:
Ah ? Il se peut que je me sois mélangé les crayons quelque part. Tu peux me dire quelles sont les versions incriminées ?
Pardon, ne prend pas ma remarque au pied de la lettre, ma différence de perception n'est pas aussi drastique. En tout cas, Groseille et Mangue par exemple, je ne perçois pas un recul si important des micros. J'aurais plutôt dit Pêche. Pour Melon, effectivement la prise de son est très spacieuse et réverbérée, quitte à une certaine confusion (ça se sent davantage dans le Finale). Très phonogénique toutefois. Ah, petite précision que j'ai oublié de mentionner en intro : Le niveau sonore d'un disque à l'autre est assez variable. Certains labels sont connus pour des gravures assez faiblardes du potentiomètre, alors que d'autres (par exemple des imports japonais) font péter les décibels. Pour éviter qu'un enregistrement soit artificiellement flatté par un volume important, et qu'inversement un faible volume discrédite une interprétation qui paraîtrait effacée, je me suis permis d'ajuster (un peu) le niveau global, à la hausse ou à la baisse selon les cas (entre +4.5db et moins 3 db selon les versions), sur l'ensemble du morceau bien sûr. J'espère que vous me pardonnerez cette liberté (d'ailleurs chronophage), qui ne visait qu'à homogénéiser les niveaux sonores d'un extrait à l'autre, afin qu'on se concentre sur l'interprétation. |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4936 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 0:01 | |
| Y'en a un peu plus, je le mets quand même ? - Spoiler:
Groupe D Framboise : ça envoie comme j’aime. Une grosse pèche dans l’orchestre (quoi que quelques confusions de ci de là), de forts contrastes, des transitions très bien menées. L’intro fait un grand effet : tragique et menaçant dans les cordes et les cors, ce qui renforce le côté grotesque de la clarinette piccolo. Mirabelle : Les phrasés des cordes de l’intro sont vraiment sympas. Beaucoup d’énergie déployée, avec des tournures de phrasés et tempi assez intéressants (notamment les ralentis sur les mesures à 4/4, qui rajoute un côté bancale à ce scherzo grotesque). Dommage que ça dérape parfois sur la justesse et la mise en place. Orange : trop rapide à mon goût. Ca cavale un peu partout, sans laisser l’orchestre reprendre son souffle. A ce tempo, s’est très difficile de jouer ce qui est écrit (déjà que la partition est redoutable), beaucoup de choses passent donc à la trappe. Néanmoins, chapeau bas à l’orchestre qui ne s’en tire pas trop mal (quoi que sur la fin du mouvement, on entend quand même qu’il est temps que cela finisse. Pomme : dire que je trouvais Orange trop rapide… A leur entrée, les cors sont déjà essoufflés. On n’a pas le temps de savourer les contrastes et l’humour grinçant de Chostakovitch. Tout est dans l’urgence, au détriment de la justesse et de la mise en place. Cerise sur le gâteau : la reprise du scherzo en remet une couche dans l’accélération. Mirabelle > Framboise > Orange > Pomme
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 0:34 | |
| James Ensor, Intrigue -huile sur toile (1911) [détail]Mouvement II -allegretto : guide d'écoute Voici quelques points de repère pour ceux qui ne connaissent pas bien ce morceau. Il répond à une conventionnelle structure A–B–A de type scherzo, avec trio central Quasi-constant rythme ternaire à 3/4 qui prescrit la noire à 138, soit une durée théorique de 5'22. Les minutages ci-dessous font référence à une vidéo de Leonard Bernstein dirigeant le New York Philharmonic Orchestra à Tokyo, qu'on trouve facilement sur internet (chercher sous la graphie Shostakovich)Section ASection tripartite. 18’14 : à découvert, violoncelles et contrebasses activent une énergique scansion ( motif a), dont l’entrain est progressivement freiné par l’interpellation dactylique des cors. 18’30 : un cri strident à l’unisson des bois aigus amène une mélodie piquante et goguenarde ( motif b), qui s'engage sur le schéma métrique précédent (long-bref-bref) : à la clarinette piccolo (les roucoulades trillées, les sauts de sixte lui confèrent un air burlesque) puis au basson solo (18’42). 18’53 : le trépignement aux cordes escalade vers un motif c (descendant par paliers conjoints) exclamé par les bois, tandis que les pizzicati et les cymbales soulignent le rythme d'une valse raide et grossière. 19’20 : sur les salves de tambour épaulées par les timbales, une fanfare à deux cors confère un caractère pesant à cet épisode strié par des glissandi en sons harmoniques aux violons. Le motif c revient aux cordes (19’30), puis la fanfare amène une transition claudicante qui s’éteint à la pâle lueur des cors bouchés en sourdine. Section B (trio)20’00 : un espiègle violon solo prend la parole, répliquée par la flûte (20’22) sur un accompagnement de basson. Une rageuse invective s’agace aux violons (20’44) et se décline en gammes ondoyantes (20’55) d’un effet très mahlérien, qui supportent la répétition du trio. Section A'21’32 : la première section avait été introduite par les cordes basses, la revoilà grognant aux vents graves (basson, contrebasson) -un attelage particulièrement cocasse. 21’44 : le pétulant motif b s’immisce en pizzicato ; le motif c pérore aux vents (22’25), ponctué par le xylophone, toujours entrecoupé par des appels de cuivres (mais cette fois d'abord les trompettes à 22’38, puis come prima les cors à 23'02). Un hautbois tente timidement de réintroduire le trio central (23’18), mais se voit morigéné par une conclusion expéditive. Quel est l'esprit de ce morceau, quel sens lui donner ? Entre le déploiement dramatique du long premier mouvement et la déchirante charge émotionnelle du Largo, ce bref scherzo intercale une humeur ludique où s'exprime l'influence de Mahler. A la fois primesautier et parodique, il s'avère moins étrange que le mouvement central de la Quatrième symphonie, et sonne comme un pastiche aussi caustique que désuet (témoin de cette ambivalence : le solo du violon). Derrière le ton de l'innocente réjouissance se cache un humour décalé, une mise en abyme que Chostakovitch (tiraillé entre les exigences officielles des censeurs et ses aspirations artistiques) cultivera tout au long de sa production symphonique. Les circonvolutions grotesques de la clarinette piccolo, les ruminations du contrebasson, les rengaines grinçantes : un art de la dissimulation, du tongue in cheek que l'on retrouvera dans le Finale de la Symphonie suivante, et de façon très acerbe dans le vertigineux scherzo de la 10°. Les chefs s'approprient très différemment cette esthétique : certains s'en tiennent à une lecture rigoureuse, qui valorise la clarté de l'écriture, ou illustre une ambiance de valse un peu précieuse. Ou décadente car certaines baguettes accusent le tempérament funambulesque, jouant sur les contrastes, le piment instrumental. Le groupe A rassemble deux extrêmes métronomiques parmi ces 20 témoignages. Dans une autre poule, un chef assez réputé pour sa liberté agogique réussit une euphorisante impression d'accélération, garante de tension. Un autre maestro commence assez timidement mais intensifie pour le motif c. Un autre anticipe sur les scherzos mécanisés, vecteurs d'une violence aveugle : ceux qu'on trouvera dans la 8°, ou l'assaut vers le Palais d'hiver du second mouvement de la 11°... Toutes ces options vous paraissent-elles légitimes (faute d'exactitude envers la partition) ?, à vous d'en juger selon votre perception de l'oeuvre et votre goût.
Dernière édition par Mélomaniac le Sam 4 Avr 2015 - 23:25, édité 1 fois |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 1:11 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- En tout cas, Groseille et Mangue par exemple, je ne perçois pas un recul si important des micros.
J'aurais plutôt dit Pêche.
Pour Melon, effectivement la prise de son est très spacieuse et réverbérée, quitte à une certaine confusion (ça se sent davantage dans le Finale). Très phonogénique toutefois. Groseille a un premier plan franchement éloigné mais peu de relief en terme de plan sonore. Mangue a un premier plan (cordes) un peu plus précis mais des bois très lointains. Pêche a le même placement que Groseille, je suis d'accord. Mais, et ça fait une grosse différence, la réverbération est beaucoup plus courte ; soit la salle est plus petite, soit les murs (ou les sièges, ou...) sont plus absorbants. Du coup, on peu conserver un caractère chambriste avec des micros plus éloignés. Personnellement, je me sens en général plus à l'aise avec une prise de son sèche (comme pour Poire ou Raisin), mais c'est une simple question de goût. Et ça ne m'a pas empêché d'apprécier Pêche... |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 1:28 | |
| tu aurais tout de même pu trouver un fruit pour chacune des vingt premières lettres de l’alphabet. |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 1:36 | |
| Devinez quoi ? Cette nuit je vais certainement rêver de macédoine, avec des morceaux de fruits qui tourbillonnent au son d'une valse raclée par un violon en forme de banane... Quand même votre appétit m'impressionne. J'espère que vous conserverez votre enthousiasme dans les tours suivants... C'est que le garde-manger est à peine entamé... J'ai commencé par le frugal mais le lourd arrive après |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91335 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 2:50 | |
| Groupe A - Spoiler:
Kiwi Version extrêmement rapide, tranchante. Timbres assez verts. On est plus à 180 qu'au 138 à la noire indiqué sur la partition. La petite clarinette rate un aigü à 0'17; sans doute un live non corrigé. Léger ralenti au moment du solo de violon, qui n'est pas demandé par Chostakovitch. Une note ratée également par le violon dans ce solo. Légère accélération furieuse à la fin, qui n'est pas demandée par la partition non plus. Enregistrement relativement ancien mais qui sonne assez bien. Mandarine Paraît beaucoup trop lent (et lourde) en comparaison mais en réalité on est très proche du tempo demandé par Chostakovitch. (on est vers 132-134) Tout est plus lié et moins sec que dans la version précédente. Le tempo rend les choses un peu plus grotesques peut-être, moins acides et violentes. La prise de son est beaucoup plus confortable, le rendu instrumental plus propre et précis. (par exemple les cors juste avant le solo de violon sont très justes et délicats à 1'54-56) Comme dans la version précédente, le solo de violon est alangui, ce qui n'est pas demandé par Chostakovitch. (là on est vraiment en-dessous du 138 à la noire) On goûte beaucoup plus aux harmonies de la harpe notamment dans ce passage; mais est-ce le caractère voulu par le compositeur? Dans l'ensemble je trouve que ça devient un peu bavard. (mais je l'ai déjà dit, je ne suis pas fou de ce mouvement) A la fin, solo de hautbois extrêmement ralenti; les dernières mesures très accélérées. Rien de tout cela n'est sur la partition. Melon Version qui est juste au tempo demandé (voire un chouilla au-dessus), mais les cordes graves qui débutent sont plus mordantes et noires que dans la version précédente. Harpe plus discrète que dans la version précédente. A 2'59, c'est trop lié je trouve, alors que la partition demande un accent sur chaque note. Il y a moins d'excès dans les ralentis que dans la version précédente, mais je pense que j'aurai du mal à les départager. Ca sonne quand même un peu bizarre point de vue prise de son. Pêche Tempo à 148 à la noire environ. Ca sonne un peu plus sec que les deux versions précédentes, j'aime bien; la petite clarinette est virevoltante. La prise de son est assez naturelle. L'articulation est très bien respectée, je trouve qu'on s'amuse assez dans cette version, pourtant c'est assez implacable, avec très peu de fluctuations de tempo. L'orchestre est très détaillé. (harpe à 2'14) Là encore, accélération "de tradition" à la fin. C'est moins furieux que Kiwi mais très implacable et très propre, du coup j'aime beaucoup. Ca me semble même assez idéal. Ca m'embête parce que j'aime les versions plutôt lentes dans les 1er et 3è mouvements et souvent les versions lentes le sont dans tous les mouvements et les rapides le sont dans tous les mouvements... et là je risque de virer une version qui pourrait me plaire dans les autres mouvements... En tout cas, Pêche en premier (la seule qui me satisfasse totalement), Kiwi ensuite (enthousiasmant mais excessif et pas parfait instrumentalement), les deux autres j'aimerais les mettre à égalité, c'est possible? Ca ferait Pêche > Kiwi > Mandarine = Melon
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| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 3:13 | |
| L'arbre A - Spoiler:
Kiwi: D'emblée, on est pris à la gorge par un tempo d'enfer. Le chef prend le mouvement à plus de 180 à la noire au lieu du 138 demandé. Mais ça fonctionne très bien et la lecture demeure rigoureuse (tous ceux que ce mouvement ennuie un peu y trouveront leur compte). Pour une fois, c'est incisif; ça claque et ça cogne. C'est une danse endiablée. L'orchestre chauffé à blanc, et qui ne fait pas dans le beau son, suit plus ou moins bien. Mais j'aime beaucoup. Mandarine: Lecture délibérément pesante, qui appuie les accents (par exemple les trois accords à 56). Grande souplesse agogique (le violon à 57), mais qui va toujours dans le sens d'un certain alanguissement. Tendance générale à systématiser le legato (les trompettes deux mesures après 70). Le parti pris du chef tend à gommer excessivement les contrastes (hormis le contraste surligné du hautbois au final à 74). Et, si l'orchestre est de qualité et le chef cohérent dans sa volonté de faire du mouvement une valse pesante dansée avec des sabots, j'ai du mal à adhérer. Melon: Le chef prend ici le même parti pris que celui de Mandarine: faire de ce scherzo une lourde danse paysanne. Il y arrive par un legato encore plus systématique, au point de devenir savonneux (désynchronisation des cordes et des cors à 61, qui se prennent les pieds dans le savon) et des accentuations encore plus lourdes (toujours les trois accords à 56). L'orchestre est bon et le chef illustre sa vision avec persévérance mais je n'adhère pas plus qu'avec Mandarine. Trop c'est trop. Je tiens mon fruit véreux . Pèche: Très belle version avec un orchestre superbe, dans un tempo plutôt allant. La lecture est engagée, très contrastée (jolie retenue du hautbois 4 mesures avant le 74 final) et rigoureuse sans être raide (la battue du chef est souple). L'opposition du scherzo à son trio est bien rendue. C'est une version très équilibrée, peut-être un peu trop civilisée ? J'aime néanmoins beaucoup. Kiwi>Pèche>Mandarine>Melon
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 14:57 | |
| - Xavier a écrit:
Ca m'embête parce que [...] je risque de virer une version qui pourrait me plaire dans les autres mouvements...
Oui : faire des choix, c'est aussi stimulant que frustrant. Déjà, pour établir la présélection, je me suis torturé l'esprit pour ne retenir que 20 versions. Au prix de déchirantes hésitations : j'ai ainsi inclus puis retiré une version fraise, une version rhubarbe, une version reine-claude, une version kumquat, une version coing (...) au profit de versions que j'ai estimées finalement plus intéressantes et représentatives, mais sans certitude. Je crois que sur l'ensemble de l'oeuvre une de ces deux versions mandarine / melon te conviendra bien davantage. Mais je ne puis évidemment te suggérer laquelle. Si l'on s'en tient aux règles de l'exercice, qui se consacre ici à l'allegretto, y a pas photo : l'une m'enthousiasme plus que l'autre. Mais je pense que ce ne serait pas ton choix. Dura lex sed lex, il faut classer, pour évincer une version. - Xavier a écrit:
les deux autres j'aimerais les mettre à égalité, c'est possible?
Je voudrais bien acquiescer, mais ça fausserait le score. Le principe hiérarchique n'est peut-être pas parfait, mais d'autres jury ont déjà voté et ce ne serait pas respectueux de changer la règle en cours de route, pour cette manche. Cependant, ça me donne une idée pour la suite, que je vais aller expliquer dans le topic Ecoute comparée. Réécoute ces deux versions en ballotage, peut-être vas-tu te décider. Au besoin, tu peux adopter un barème (avec un nombre de critères impairs, et un choix binaire, pour éviter l'égalité). Par exemple fixe sept critères (eg tempo, justesse, timbres, dynamique, précision, pertinence des climats, prise de son) et choisis la version que tu préfères pour chacun. Ensuite tu fais le total. C'est un peu scolaire mais ça tranchera le dilemme. |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 16:02 | |
| Groupe D - Framboise:
Encore une grande salle vide qu'on entend presque autant que l'orchestre... On est sans doute proche du tempo voulu par Chostakovitch mais ça n'empêche qu'une certaine impression de lenteur s'en dégage. Cela dit, le chef en fait quelque chose de très articulé et d'assez franchement grandiloquent. La partie centrale, par contraste, joue l'extrême simplicité et c'est assez touchant. La reprise de la première partie donne une impression de danse immobile. C'est très finement fait. Ce n'est pas vraiment comme ça que je conçois ce mouvement mais ça marche bien.
- Mirabelle:
À nouveau, les micros sont assez loin de l'orchestre. On entend quelque chose de joyeux et grinçant en même temps. Par moments, on est à la fête foraine. Faussement débonnaire mais légèrement inquiétant. La prise de son est acide et date un peu mais elle renforce le caractère de l'ensemble. J'achète !
- Orange:
Ce qui saute aux oreilles dès les premières notes, c'est la présence d'un grave énorme, boursouflé. L'hyper-latéralisation donne une impression de fragmentation de l'orchestre. Côté vitesse, on n'est pas vraiment allegretto, c'est sûr. Ça file vite mais curieusement, ça ne donne pas envie de danser. La mise en place n'est pas nickel, alors que l'enregistrement n'est visiblement pas en public. Étrange... L'ambiance est sévère mais le résultat est finalement assez sage. Pas déplaisant mais pas exaltant non plus.
- Pomme:
Encore plus rapide ! Mais cette fois-ci, c'est vraiment plus léger et nerveux. La prise de son est profonde mais très précise (et avec des percussions quasiment devant l'orchestre!) et fait entendre des couleurs assez sombres. J'aime beaucoup cette esthétique. À une réserve près : ça manque un peu de dynamique. L'ensemble du mouvement est bien conduit, avec une certaine urgence. Ça n'est pas surjoué mais c'est toujours fiévreux et inquiet.
- Classement:
Orange < Framboise < Pomme < Mirabelle
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| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 16:09 | |
| Groupe E - Abricot:
Ça ne sonne pas tout jeune mais ça n'est pas déplaisant à écouter. Il se dégage une certaine acidité qui n'est pas forcément hors de propos ici. Il n'y a aucune profondeur (bois et cordes sont sur le même plan sonore) mais ça n'est pas gênant. C'est lent (mais c'est sans doute proche du tempo voulu par le compositeur) et plutôt calme. On entend une certaine fragilité plutôt touchante. Finalement, c'est plutôt bien défendu et ça a du caractère. Pourquoi pas.
- Ananas:
Ah, ça j'aime bien ! C'est nerveux et sec. Sans doute plus rapide que ce qu'attendait Chostakovitch. Mais ça a énormément de gueule ! Et surtout, on entend de l'humour (noir). Par exemple, le solo de violon est assez drôle avec sa façon de pleurnicher. J'achète.
- Cerise:
Enregistrement mono de qualité moyenne. Je passerais outre ce son vilain si cette version ne pesait pas des tonnes. Ça fait beaucoup de bruit mais ça manque de grâce et d'esprit et je m'y ennuie ferme. Pour moi, c'est non.
- Prune:
Du point de vue sonore, c'est un peu trop lointain à mon goût (pauvre basson, perdu dans le lointain...). Côté tempo, c'est un poil trop lent pour moi. Certes, c'est assez finement fait mais c'est un peu sage. Heureusement, l'orchestre présente de belles couleurs (quels cors!).
- Classement:
Cerise < Prune < Abricot < Ananas
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 17:09 | |
| Un grand bravo à Draffin, quel appétit ! Si tu veux, il y a un groupe F avec les versions que j'avais présélectionnées puis rejetées au profit d'autres. Tu me dirais si j'ai fait les bons choix... |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 17:24 | |
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| | | MHNUYM Mélomane averti
Nombre de messages : 144 Date d'inscription : 17/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 17:57 | |
| Groupe D - Spoiler:
Framboise C’est à-peu-près le tempo demandé par Chostakovitch, un bon point ! Sinon, je trouve que c’est une bonne prise de son, assez détaillée, sans écho. Les cuivres ne sont pas criards, les bois manquent peut-être de piquant, un peu trop « gentils ». Par contre, on ralentit au moment du Trio, même si cela permet de bien apprécier certaines choses comme le glissando de harpe qui accompagne la flûte, je trouve que cela alourdit un peu ce passage.
Mirabelle Tempo respecté tout le long du mouvement, même pendant le trio. Une prise de son toujours très claire, permet de bien apprécier les différents plans sonores sans non plus trop en mettre en avant certains. Je trouve les cuivres un peu moins précis que dans la version précédente. Le maintien du tempo permet de donner un caractère implacable à ce mouvement qui malgré le changement de couleur du trio garde cette impression de parenthèse un peu grotesque dans cette symphonie.
Orange Tempo plus rapide, avec un départ que je trouve un peu brouillon, les attaques ne sont pas très précises. Dans le reste du mouvement par contre, je trouve ça mieux : les glissandi de harpe sont superbes par exemple ! De la même manière que la version précédente, le tempo ne fluctue pas beaucoup, une vision que je préfère dans ce mouvement.
Pomme Plus rapide que la précédente version. Des cors précis et légers, pas trop agressifs. Egalement pas de fluctuation de tempo, une bonne mise en place qui va vers l’avant ! Des percussions également bien mises en avant. J’aime cette vision plus violente, plus âcre, encore plus implacable.
Classement : Pomme > Mirabelle > Framboise > Orange
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| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2588 Age : 56 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 19:21 | |
| Bonsoir les collègues Ma copie pour le groupe D : - Spoiler:
Framboise Le tempo est modéré (conforme aux indications et à mes attentes) mais l’interprétation a beaucoup de caractère. Dès le début les cordes sont tranchantes, les cors clairs. La rusticité des cordes, la stridence des bois donnent la couleur idéale à ce mouvement. Il y a un parti-pris de pulsation inaltérable, d’aller tout droit sans ralentis ou rubato expressifs, hormis dans le solo de violon dans le trio. C’est très convaincant.
Mirabelle Le tempo est comparable à celui de la version framboise mais sans la même efficacité. C’est moins tranchant et il y a globalement un côté vraiment poussif. Impression peut-être également due à la prise de son que j'aime moins. A chaque séquence de valse (le motif c) dans l’analyse formelle de melo) il y a un cédez sur la mesure de 4 temps de conclusion (après les trois mesures de montée en noire - 4 croches). Ce choix se défend mais à la longue je le trouve un peu redondant et lourd.
Orange Un tempo très enlevé qui n’apporte rien car sur tout le mouvement la rapidité est toujours au détriment des attaques et du caractère, voire par moments de la mise en place : dès le début la cohésion de pupitres celli cb n’est pas nette. La fin est expédiée, (au passage le choix de baguettes du timbalier est contestable) et là encore la mise en place n’est pas parfaite; sur les dernières mesures le xylo est derrière, avec en prime cette incroyable dernière note qui arrive après !
Pomme Tempo encore plus rapide que la version orange mais là c’est plus précis et vivant. Du coup c’est un choix de penser ce mouvement avec légereté. La virtuosité de l’ensemble est plaisante, mais est-ce vraiment le caractère du mouvement ? Néanmoins on retrouve ici des attaques tranchantes et des timbres intéressants. Un détail, le léger ralenti du hautbois solo dans sa réintroduction du motif du trio dans l’épilogue; j’aime bien je l’entends comme ça. Une version aux antipodes de framboise et mirabelle mais que j'aime également car très bien menée et assumée dans ses choix.
Mon classement : 1. Framboise 2. Pomme 3. Mirabelle 4. Orange
Dernière édition par Iskender le Mer 8 Avr 2015 - 9:46, édité 1 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 4 Avr 2015 - 23:23 | |
| Merci à vous ! Apparemment Orange ne vous a pas follement emballés. Certes c'est un peu brouillon, mais y a aussi un charisme, un fort tempérament, des élégances vénéneuses qui peuvent convaincre voire séduire. Idem pour Pomme, très caractériel, et zesté de timbres dont la saveur un brin rustique me fait saliver. A la réécoute, j'ai trouvé Mirabelle un peu décevant dans la reprise, -contrebasson peu audible, pizzicati trop discrets... Je suis assez d'accord avec Draffin pour Framboise : derrière la finesse des traits, une certaine grandiloquence où couve le tragique. Avis à tous : si vous souhaitez recevoir un groupe supplémentaire après avoir commenté le vôtre, dites-le moi ! |
| | | Saegel Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 04/03/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 0:03 | |
| Mon classement du groupe B, dans l'ordre croissant. - Spoiler:
Mangue : À l’image de cet alentissement du tempo à l’énoncé initial du motif C, cette version me laisse perplexe. Volonté du chef de souligner la causticité du morceau ? Toujours est-il qu’au lieu d’une valse burlesque, on entend ici une sorte de Ländler russe lesté de lourds accents. Cuivres patauds, cordes ternes… Inutile d’espérer que les percussions sortent l’orchestre de sa léthargie : elles ont l’air elles aussi de s’être assoupies au son de la berceuse que tissent le violon solo et la flûte (avec, en fin d’intervention, une accélération pour le moins incongrue), entrecoupée des bâillements du basson. Le chef avait-il dans l’idée d’illustrer l’endormissement des consciences sous le régime stalinien ? Pour ma part, il ne m’aura pas convaincu. => 1 point
Groseille : Un orchestre rutilant jouant une grande symphonie du répertoire dans une acoustique très réverbérée : voilà ce qu’il me semble entendre dans cette version. Hélas, je reste un peu sur ma faim devant cette démonstration de virtuosité qui scande puissamment le motif inaugural, fait parader les cors tous pectoraux dehors, demande aux souffleurs de faire leurs plus belles grimaces… Autant d’effets quelque peu attendus. S’il ne proposait pas quelques ralentissements de temps à autre, on pourrait croire que le chef se borne à contrôler la bonne marche des troupes. Au final, la partition se déroule sans heurts ni sans grande surprise non plus. Soit. => 2 points
Goyave : Incontestablement, ce chef s’autorise moins de libertés avec le texte que son collègue de la version précédente. Ici, on accentue, on marque les temps plutôt qu’on ne phrase, d’où l’impression assez déstabilisante d’une lecture désaffectée (au sens étymologique du terme). Qu’il s’agisse des traits foudroyants de la caisse claire (1’15-1’17), de la fanfare concluant brutalement la partie scherzo ou de la péroraison laconique au possible, bien des éléments semblent anticiper, sous cette direction infexible, la violence des symphonies à venir… Tout au plus le violon solo est-il autorisé à étirer ses glissandi et fignoler ses cadences – une maigre liberté, étroitement surveillée d’ailleurs… Un dernier mot, sur l’orchestre, pas toujours très habile (les cors) mais avec une certaine cohésion de la petite harmonie. À défaut d’être beaux, les timbres me semblent adéquats pour interpréter ce répertoire – surtout quand il s’agit d’illustrer une conception aussi sévère et rigoureuse. => 3 points
Poire : Tiens, un concert – d’un chef qui n’a pas l’air de se satisfaire de la routine. Pulsation nerveuse, scansion lapidaire : si l’Allegretto est un épisode de transition au sein de l’opus 47, il n’a, ici, rien d’un pensum. Sans ralentir ou presser les cadences ou les levées (les dernières mesures sont elles-mêmes jouées a tempo), le chef diligente une suite de danses cocasses qui semble ranimer l’esprit du Boulon ou de L’Âge d’or. Les mélodies musardent d’un pupitre à l’autre, ponctuées avec une forme d’humour à froid particulièrement bienvenue ici. On ménage même à l’auditoire quelques surprises, comme cette exclamation tonitruante des trompettes à 1’16. Certes, le train que mène l’ensemble rend périlleux les différents numéros de voltige : les violons (à commencer par le premier d’entre eux) sont parfois à la peine quand la flûte, elle, vacille. Néanmoins, la clarinette ou le duo basson-contrebasson se sortiront en souplesse de cette prestation sans filet. Au final, une belle performance, dont la précision et le caractère pince-sans-rire mettent, à mon sens, idéalement en valeur l’écriture chostakovienne. => 4 points
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 1:12 | |
| Bienvenue à Saegel, vainqueur de mon précédent Blind Test consacré aux Ouvertures. Bravo pour ton commentaire ! Avec une telle acuité d'analyse, et une si jolie plume, espérons que tu vas accepter un groupe complémentaire, et de nous accompagner jusqu'à la grande confrontation finale ! Déjà 15 commentaires postés après seulement trois jours, merci et bravo à tous pour votre implication ! |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 5:50 | |
| Voici ma cueillette de l'arbre E … - Spoiler:
Abricot: Quelle splendeur !!! Cet orchestre (que je crois avoir reconnu) a des timbres à se damner, des timbres juteux et opulents. Le chef mène très joliment sa barque. Sa lecture est rigoureuse et très maîtrisée, sans excès, non dépourvue d'une certaine grandeur, même si l'ironie est trop peu palpable. Mais il s'agit surtout d'une lecture incroyablement colorée, — la plus colorée à ce stade de l'écoute comparée — avec des timbres d'une verdeur étonnante. Merci pour cet abricot juteux. J'adore . Ananas: Version prise dans le tempo juste et qui a du caractère, mais avec un orchestre de moindre qualité. La manière dont les cuivres ressortent à 53 et ailleurs quand ils scandent le rythme de la valse est assez rigolote. Je n'aime pas trop ce que fait le violon, à la limite de la justesse, à 57. Lecture incisive, assez engagée, mais orchestralement plus faible. Pas mal . Cerise: Version qui a beaucoup de caractère, mais désavantagée par une prise de son mono qui privilégie les basses. Du coup, ça pèse parfois des tonnes … Cette vision, prise dans l'optique d'une lourde danse paysanne, rappelle celle de Mandarine et de Melon, mais sans les alanguissements de ces derniers. Le tempo est ici globalement respecté. Le violon à 57 est très rigolo. On a dans l'ensemble un curieux mélange de lourdeur, d'humour et d'incisivité. J'aime bien . Prune: Lecture prise au tempo, qui est dans l'ensemble un peu molle. Les attaques manquent de franchise et les accents ont tendance à s'émousser. Pourquoi ce diminuendo des cors avant 49 ? Le violon invente un glissando non indiqué à 57 et il oublie les glissandi à 58. Tout cela manque d'engagement je trouve. C'est assez poussif et sage même si l'orchestre est beau. Et l'ironie n'est pas là. Trop routinier pour moi . Abricot>Cerise>Ananas>Prune
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| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3568 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 11:38 | |
| Avant tout, un grand merci à Mélo pour l'évidente qualité de sa programmation, et son guide d'écoute et d'analyse. Groupe E- Mes modestes commentaires :
Abricot : Un bel orchestre nous propose une version agréable à l'oreille, mais qui ne parle qu'assez peu aux tripes. On sent la volonté d'expression de la part du chef, et en même temps une retenue dans sa prise de position qui police les effusions et aboutit à une version qui n'atteint pas sa cible. Cela reste très écoutable pour autant.
Ananas : L'expressivité désabusée et anti-mélodique du violon et de la flûte dans la section B, que je trouve tout à fait excellente et à propos, tranche avec la musicalité plus détachée du reste du mouvement que génère la qualité des timbres et le tempo rapide. Néanmoins une bonne variété des tempi et de la dynamique permet de garder l'attention de l'auditeur.
Cerise : La prise de son ancienne et lointaine de cerise, "complètement à l'est", semble privilégier le registre grave ; déséquilibre ou volonté d'interprétation ? Quoi qu'il en soit, le résultat est une version lourde, éléphantesque (la valse !), qui par ses accents mahlériens rend parfaitement l'aspect grotesque de ce mouvement.
Prune : Le jeu (je n'ose parler d'interprétation) très linéaire, les tempos mous et rigides, le déséquilibre sonore des pupitres (le basson !)… non, vraiment pas.
- Mon classement :
Je privilégierai clairement les versions expressives. L'idéal serait un cocktail ananas-cerise, néanmoins je place ananas en premier pour la qualité sonore et l'excellente section B. En troisième abricot pour la belle musicalité, et prune franchement dernière.
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| | | Apollinaire93 Néophyte
Nombre de messages : 10 Date d'inscription : 08/02/2015
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 19:44 | |
| Groupe E - Commentaires:
Abricot : Bon orchestre, mais si je n'aime pas les timbres des bois (trop ''verts''). C'est très en place, la partition est respectée d'un bout à l'autre. C'est bien, mais pas de quoi se rouler par terre.
Ananas : Trop vite ! Mais le pire, c'est le manque d'ensemble de l'orchestre : chacun joue dans son coin (ce qui s'entend dramatiquement dès qu'il y a moins de monde : l'accompagnement des phrases solos est catastrophique). Peut-être y avait-il de l'esprit, mais pour moi cela manque d'intention musicale (même s'il y a de nombreuses phrases sur-jouées).
Cerise : Excellent ! Un tout petit peu lent à certains moments, mais tout le reste est impeccable. On sent l'orchestre bien tenu, et cela parce que le chef a une véritable vision de la musique (cela a été mon principal problème dans la version précédente). Évidemment, on peut toujours pinailler sur des détails : le violon solo était un peu trop présent, la prise de son n'est pas excellente. Mais au moins cela s'enchaîne bien, avec un tempo constant et de bons appuis du début à la fin.
Prune : Version un peu basique. Le tempo est juste, mais il n'y a pas de véritable relief. (Je note néanmoins, les glissandi de harpe accompagnant la flûte, qui pour moi sont trop mordant dans les autres versions.)
Classement : Cerise > Abricot > Ananas > Prune
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 21:45 | |
| Merci Anax et Pipus, et bienvenue à Guillaume qui nous rejoint. Mais qu'avez-vous donc fait à la petite Prune ?! Quel massacre en bande organisée ! Ca fait partie des interprétations que j'ai hésité à inclure, parce que le scherzo les désavantage (comme Melon et Mandarine), alors que ces chefs réussissent bien mieux (à mon sens) les autres mouvements -ce en quoi j'ai donné une chance à ces versions. Mais hélas vous êtes impitoyablement lucides... |
| | | Jof Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3541 Date d'inscription : 02/05/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 21:47 | |
| Merci pour ton commentaire sur le mouvement Mélo, ça m'a été très utile ! Sur la base d'une seule écoute par version : - Groupe A :
Kiwi >> Pêche > Melon > Mandarine
Kiwi : Je ne pense pas prendre beaucoup de risques en affirmant qu'il s'agit d'une lecture russe. Sec et enlevé, très soutenu et vertigineux. Lecture comme je les aime, rebondie et sans ménagements !
A côté de ça, je ne peux m'empêcher de trouver les 3 autres versions plus ou moins insipides.
Mandarine : La transparence de la diction est privilégiée à l'élan général, et ça ne me séduit pas du tout. Cette lenteur analytique inhibe trop l'énergie du mouvement, et le texte perd énormément de son impact. Même si on ne peut pas dire que ce soit raté, je n'accroche pas à ce parti pris, qui sonne assez fadement.
Melon : Là encore, tempo plus lent choisi. Cependant, le rebond et le sarcasme sont mieux représentés, même si ça sonne un peu façon "Valse de Chostakovitch" (presque avec un petit côté laborieux), si j'ose dire. Pas ce que je recherche.
Pêche : Ici ça joue beaucoup sur les contrastes dynamiques pour donner de la pêche. Le violon sirupeux est réussi, le timbre resserré des cuivres fait très bon effet également.
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| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 5 Avr 2015 - 22:30 | |
| - Groupe C:
Raisin > Banane > Myrtille > Citron
Raisin est vraiment idéal pour moi, mais ne sera sans doute pas consensuel: des tempi très vif qui ne vont pas sans une certaine prise de risque (quoique globalement encore plus rapide que Myrtille, il ne donne jamais l’impression de précipitation que ce dernier donne parfois, mais sans non plus ces alanguissements); des timbres très typés (les cuivres brâment comme j’aime, les bois nasillent un peu) et une image orchestrale détaillée (les cordes); les phrasés son originaux, incisifs et contrastés (c’est celui qui donne le moins l’impression d’entendre du Mahler troisième pression à froid)
Banane me semble être une excellente version mainstream: bel orchestre bien capté (mais pas trop rond), tempi cohérents et globalement modérés, phrasés judicieux. Vraiment très bien, manquent juste cette impression de prise de risque et ces timbres un peu acides que je trouve chez Raisin.
Je n’ai pas trop aimé Myrtille: j’ai déjà un gros problème avec cette gestion des tempi «en accordéon»: ça part à une vitesse trépidante, puis ça s’englue dans un ralentendo sans raison sur quelques mesures (souvent sur les soli, comme pour les souligner, on ne sait pas trop pourquoi), ça repart sur les chapeaux de roues, puis à nouveau au pas, etc. Du coup les phrasés ont quelque chose d’incohérent, tantôt bousculés, tantôt anesthésiés. L’image orchestrale est en revanche assez chouette, avec des timbres assez marqués (Ça ressemble un peu à ce qui m’agace dans les Bernstein tardifs chez DG - même si je crois qu'il ne l'a pas réenregistrée.)
Je n’ai vraiment pas aimé Citron. Déjà, il y a un problème de prise de son, lointaine et voilée. Le tempo est vraiment trop lent (et s’alanguit encore dans la partie en trio), la direction est vraiment molle, l’orchestre est opaque et compact.
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| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 6 Avr 2015 - 0:53 | |
| Voici les fruits de l'arbre C - Spoiler:
Pas simple de départager les versions de ce groupe fort homogène . Banane Lecture, dans le tempo, assez exacte et précise de la partition avec un orchestre de qualité. J'aime les cuivres assez crus. Approche littérale, objective et sèche, bien enregistrée, à défaut d'être très caractérisée. Mais cela fonctionne plutôt bien. C'est implacable. J'aime . Citron Enregistrement public dans une grande salle. L'orchestre, de grande qualité, est lointain et la réverbération excessive. Le chef respecte le tempo: cela ne traîne pas. Sa lecture est plutôt équilibrée et demeure objective. Le legato des cordes à 61 est assez laid. Par contre, j'aime la manière d'accentuer des cordes en pizz à 66. Ce n'est pas la version la plus passionnante, mais elle se tient. C'est bien . Myrtille Lecture virtuose du mouvement dans un tempo plus proche de 180 à la noire que de 138. Mais l'orchestre de qualité suit très bien. Le chef ménage un fort contraste avec le trio où le tempo est très retenu. Le violon y omet à nouveau curieusement certains glissandi à 58. Gros ralentissement du hautbois également avant la conclusion du mouvement à 74. Mais pour le reste l'approche est à nouveau assez objective sans débordements de subjectivité. C'est très bien . Raisin Quel délicieux grain de raisin que voilà ! Voilà un chef qui a quelque chose à dire dans ce mouvement. Le tempo est juste et l'orchestre de grande qualité. La petite comme la grande harmonie sont excellentes: les bois sautillent et les cuivres sont précis. Le chef ménage un contraste des mieux venus avec un trio d'une grande poésie où brillent un très beau violon et une excellente flûte. Jolie retenue du hautbois avant la fin à 74. Vision qui a du caractère et de la poésie. J'aime beaucoup . Raisin>Banane>Myrtille>Citron
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 6 Avr 2015 - 1:24 | |
| - Anaxagore a écrit:
Voici les fruits de l'arbre C
Pas simple de départager les versions de ce groupe fort homogène .
Quatre versions de caractère, qui ne traînent pas. La personnalité, le timbre des orchestres, et surtout les prises de son peuvent là faire la différence. Dans le lot, y a une version que j'adore (une de mes références ultimes) et une que j'aime beaucoup. |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 6 Avr 2015 - 1:45 | |
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 6 Avr 2015 - 1:50 | |
| Oui, dans les groupes C, D et E, on sent bien se dessiner quels fruits vont passer à la moulinette. De mon humble point de vue, Raisin est une excellente version qui mérite d'aller en Finale. Je le dis d'autant volontiers, sans crainte de vous influencer, que les versions seront ré-anonymisées pour le prochain tour. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91335 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 3:41 | |
| Mon classement définitif pour le groupe A: - Spoiler:
J'ai du mal à départager Mandarine et Melon, que je n'ai pas trop aimés ni l'un ni l'autre. Mais je n'aime pas la prise de son trop réverbérée de Melon ni les cordes parfois légèrement fausses de cet orchestre, et je me dis que la lenteur de Mandarine peut avoir de l'intérêt dans les autres mouvements.
Donc Pêche > Kiwi > Mandarine > Melon
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| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3568 Age : 50 Localisation : Vienne... en Isère, pas en Autriche ;-) Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 6:38 | |
| Groupe B- Mes modestes commentaires :
Goyave : Une définition sonore très proche (vous êtes au pied de l'orchestre !), définie et sèche qui éclaircit certains timbres graves (les cordes du début sont superbes) mais rend les violons rugueux et assez laids, et met trop en avant certains instruments (le piccolo !). Il n'y a aucun mélange des timbres. L'orchestre ne forme pas un tout, la stéréophonie en est accentuée et le rendu sonore final n'est vraiment pas avantageux. Quant à l'interprétation, c'est assez ennuyeux. On retrouve certains accents appuyés de cerise (la caisse claire !) mais ici ça ne prend pas.
Groseille : L'orchestre est un peu perdu au fond de la salle, les pauvres violons ont bien du mal à se faire entendre (les pizzicatis !). Mais c'est peut-être également la comparaison avec la goyave qui produit cette impression. Ca démarre bien, mais c'est assez poussif par la suite malgré quelques accentuations bienvenues.
Mangue : La prise de son est réverbérée mais reste définie, c'est plutôt agréable à l'oreille. Une version qui débute bien aux cordes mais qui s'embourbe assez rapidement dans un tempo fixe et décidément trop lent, et un manque d'accentuation. Plus ça avance, moins ça avance ! La reprise de la section A et le final sont à s'endormir.
Poire : Certes l'orchestre est perfectible (déséquilibre des cors, synchronisation des instrumentistes), et mis à l'épreuve par une prise live qui présente elle-même quelques défauts (bruits de pages tournées ?) malgré une bonne définition sonore. Mais c'est engagé, il y a du dynamisme, de l'entrain, on ne s'ennuie finalement pas et la volonté du chef de remuer la partition efface les moindres qualités de l'ensemble.
- Mon classement :
La sélection est en partie assez difficile, avec trois versions qui manquent d'engagement. Groseille apporte quelques réjouissances, goyave pêche pèche par une prise de son de papier de verre, et mangue est fâââde. A nouveau je vais privilégier la version - poire - d'un chef qui veut faire quelque chose de cette partition. Et puis de par mon nom, c'est un peu la famille. poire > groseille > goyave > mangue
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| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 8:02 | |
| Voici ma dernière cueillette … Celle de l'arbre D. Je suis en vacance . - Spoiler:
Framboise: Lecture très précise et rigoureuse, au tempo juste, par un orchestre de grand luxe (que je pense avoir reconnu). C'est une version très «internationale», objective, très sûre d'elle-même et qui fait montre d'une grande maîtrise technique. Gros contraste entre le scherzo et le trio qui est des mieux venus. On peut rêver d'une interprétation plus engagée, d'une prise de risques davantage affirmée, mais on ne peut nier que cela a de la gueule. C'est excellent ! Mirabelle: L'orchestre de Mirabelle est de moindre qualité que dans framboise mais a du caractère. J'aime assez les timbres acides des bois, des cuivres et des cordes, très bien en situation ici. Mais il y a davantage de flottements dans la mise en place et je n' aime décidément pas le rallentando tout à fait gratuit sur les trois accords à 54 et suivants, d'autant plus que, pour le reste, le chef s'autorise peu de fantaisies. Il garde par exemple le tempo dans le trio là où beaucoup d'autres ralentissent. Dans l'ensemble, une version convaincante. J'aime . Orange Lecture fort rapide et qui a du caractère, mais qui pèche par un grand manque de cohésion de l'orchestre. Il y a beaucoup de flottements dans les attaques. Le trio a beaucoup de charme et le chef fait montre d'un réel engagement, mais la mise en place générale est décidément bâclée. Dommage . Pomme Voilà une interprétation fort originale de ce scherzo. Là où d'autres voient dans ce mouvement une lourde danse aux accents appuyés, le chef de Pomme impose une sorte de fuite en avant (quelque part du côté de 170 à la noire), parfois mezza-voce, et qui, généralement, fait le choix de la finesse. L'entrée des violoncelles et des contrebasses, puis des cors, est très discrète. On est loin du double forte et du forte demandés par le compositeur. Ce n'est que peu à peu que l'orchestre hausse le ton. Les timbres des bois sont délicieux, mais les trompettes ont parfois de sérieux problèmes de justesse. La percussion est mise en avant par la prise de son. L'orchestre tient d'une manière générale mieux la cadence imposée par le chef que dans Orange, mais on entend malgré tout quelques problèmes de mise en place. En dépit de ses imperfections techniques, cette interprétation assez subjective est plutôt convaincante . J'aime . Pas simple, une nouvelle fois, de départager les candidats. S'il me semble évident que c'est l'orange qui ira nourrir le composteur, j'ai du mal à choisir entre la sécurité un peu hautaine et objective de Framboise, mais qui en impose, et la prise de risques très subjective, parfois payante mais parfois foireuse, de Pomme. Après une dernière réécoute, je décide de privilégier Framboise, qui en impose décidément. Framboise>Pomme>Mirabelle>Orange
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| | | Roderick Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3456 Age : 49 Date d'inscription : 10/06/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 20:36 | |
| - Groupe E:
abricot : Très bel orchestre, très beaux timbres, très calme... trop calme. Je suis admiratif, mais je reste à l'extérieur. Dans ce mouvement, je préfère des propositions plus contrastées, mais ce sera sûrement une des meilleures versions au final. A garder pour la suite... ananas : Tout l'inverse : une version intéressante sur ce mouvement, nerveuse, ironique, mais je ne suis pas sûr que cet orchestre beaucoup moins beau que le précédent passe beaucoup de tours... J'ai même l'impression que ce n'est pas toujours bien ensemble mais je peux me tromper. A l'écoute de ce seul mouvement la meilleure du groupe pour moi. cerise : Je ne peux vraiment pas à cause de la prise de son. Vraiment désolé parce que j'ai l'impression que ça pourrait vraiment être percutant sinon. Quand même un peu lourd, surtout dans la valse. La partie centrale est meilleure, mais ça ne suffit pas... prune : Du bon boulot. C'est en place. Et c'est tout. Rien. Aucune audace, aucune vie. Vraiment la pire version que j'aie entendue sur les deux groupes.
Prune<Cerise<Abricot<Ananas
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| | | Saegel Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 04/03/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 22:08 | |
| Le classement du groupe C, dans l'ordre croissant. - Spoiler:
Citron : Chef et musiciens craignaient-ils, comme le compositeur en son temps, d’être accusés de défendre une musique formaliste ? Voilà qui pourrait expliquer une interprétation aussi prudente de l’Allegretto. Certes, les souffleurs pimentent leur entrée en scène de quelques grimaces mais les cordes semblent réfréner l’emballement du motif C qu’ils énoncent. Aucune outrance, aucune laideur : les impeccables interprètes qu’on entend ici jouent Chostakovitch comme on avait pu, à une certaine époque, jouer Mahler – en pondérant les excès pour mieux s’assurer l’adhésion du public. Démarche méritoire, qui nous vaut d’ailleurs quelques beaux instants (comme cette plainte pétrouchkienne du hautbois, juste avant les ultimes mesures), mais qui nous laisse, à mon avis, au seuil de la partition. => 1 point
Myrtille : En voilà une interprétation déroutante. Après une présentation lapidaire du motif inaugural par des cordes affûtées, le scherzo mène un train d’enfer au milieu des harangues agressives de la fanfare puis culmine dans une envolée échevelée… avant que le chef ne décide brusquement de couper les moteurs ! Le violon et la flûte s’attardent, le reste de la troupe s’agace et repart de plus belle, on s’immobilise à nouveau avant de repartir pied au plancher… Au final, on peut s’interroger sur la cohérence et la finalité de cette progression erratique qui accentue les rythmes du morceau, faisant du scherzo un moto perpetuo endiablé et du trio une mélodie essoufflée de boîte à musique. On saluera d’ailleurs la prestation de l’orchestre qui se prête de bonne grâce à ces cascades – mais non sans quelques difficultés à phraser tant ils risquent la faute de carre à chaque mesure. En fin de compte, on tient là une lecture spectaculaire qui illustre (et de quelle manière !) la virtuosité de l’écriture chostakovienne. Mais guère plus. => 2 points
Banane : Cordes râpeuses, souffleurs nasillards, cuivres acides… L’orchestre de cette version cultive une esthétique assez facilement identifiable. Ici, on racle les cordes au lieu de les frotter et on assimile assez souvent staccato et marcato. Et quand le timbalier s’invite à la fête, c’est sans demander la permission. Heureusement, il y a au podium un chef qui ménage les contrastes (sonores plus que dynamiques) et les équilibres y compris dans les fortissimo en tutti. Ou plutôt : un homme suffisamment sûr de son fait pour mettre cette phalange fort peu policée sous coupe réglée. Mais alors, pourquoi n’accorder à ces interprètes que la deuxième place ? Peut-être aurait-il fallu que la caisse claire se montre un peu plus mordante et que les cordes instillent un peu plus de tension à l’ensemble, au demeurant tout à fait convaincant. => 3 points
Raisin : La variété faisait quelque peu défaut à la version précédente : c’est bien elle qui fait le prix de cette interprétation. Très intelligemment, le chef semble demander aux cordes de moduler leurs coups d’archets, évitant une présentation trop rigide du motif A puis du motif C. Entre pieds-de-nez et rictus, les souffleurs ne sont pas en reste : un vrai bal de trognes digne du scherzo la Sixième de Mahler. Soutenus par une caisse claire pétaradante, les pupitres de cuivres rivalisent de pompe et de superbe – aussi creuses que cette cohorte de bibendums qui enflent et se dégonflent les uns après les autres. Pour ma part, je reste très admiratif devant cette croquignole scène de farce qui parvient toujours à progresser (même quand le tempo ralentit pour nous proposer le pas de deux comique du violon et de la flûte !). En somme, une formidable prestation qui révèle, par son humour, tout le sel de l’écriture chostakovienne. => 4 points
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| | | Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599 Age : 47 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 7 Avr 2015 - 22:40 | |
| Verdict sur E, histoire d'enfoncer un peu plus - Spoiler:
prune
- Spoiler:
Abricot: C'est sautillant, sans être trop rapide. Le chef montre un grand souci de clarté et un sens certain des contrastes. J'aime particulièrement l'entrée des trompettes vers la fin de la reprise, et le timbre de cuivres en général. C'est toutefois peut-être plus lyrique que grinçant, plutôt tourné vers la tradition symphonique du XIXe siècle.
Ananas: C'est pris assez rapidement. Il y a une sacrée montée en puissance sonore, entre un début assez doux et un déchaînement des pupitres dans la reprise. La partie centrale a l'air d'imiter l'orgue de barbarie ou je ne sais quelle musique populaire mélancolique.
Cerise: Bel équilibre entre les pupitres. Les cuivres et les bois sonnent d'une façon qui me plaît. C'est énergique, avec une belle dynamique d'ensemble. Surtout, cette version construit un fort saisissant contraste entre les moments plus lyriques (le solo de violon) et les moments ironiques, avec toute la violence dont les percussions sont capables. Ca ne fait pas toujours dans la finesse, mais ça marche.
Prune: Après Cerise, ça a l'air un peu terne. Les percussions sont très lointaines, les bois également. Je trouve la partie centrale plus molle ici. Version trop prudente, qui n'ose pas laisser se déchaîner l'orchestre. Je reste clairement sur ma faim.
Classement - Spoiler:
Cerise> Ananas > Abricot > Prune
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| | | | Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch | |
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