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| Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch | |
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Auteur | Message |
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Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 25 Avr 2015 - 23:36 | |
| Faut demander des comptes aux sept votants... C'est ça le mérite des écoutes en aveugle : interroger les hiérarchies, dévisser les icônes, bousculer l'ordre établi... - lucien a écrit:
on a combien d’enregistrements de Mravinsky de cette symphonie ?
Bien vu Lucien : tous les disques qui restent en course sont des enregistrements par Mravinsky |
| | | Roderick Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3456 Age : 49 Date d'inscription : 10/06/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 0:55 | |
| Je l'avais bien dit que Choucroute/Ananas ne passerait pas les tours... |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 2:37 | |
| D'abord merci à Mélo pour cet énorme travail, mené de main de maître . Quelques commentaires sur les éliminés. D'abord Raclette/Mangue que je n'avais pas du tout identifiée comme étant la version Sanderling. Le scherzo m'avait paru trop sage, mais ce n'est pas pour autant une version sans qualités. Je pense qu'elle n'avait néanmoins aucune chance dans une telle confrontation . Ensuite les chicons à la poire. Je soupçonnais effectivement le live ultime de Mravinsky, sans avoir pu vérifier mon hypothèse. Et là c'est confirmé, c'est bien le commandeur de Leningrad. J'avoue avoir contribué au déboulonnage de la statue sans aucun regret. Poire déjà témoignait de la présence d'un grand chef aux commandes, mais le niveau très discutable de la mise en place de l'orchestre m'avait laissé deviner que cette version n'avait aucune chance d'arriver en finale. Les chicons n'ont fait que confirmer cette impression . Ensuite la cotriade aux pommes. Je n'avais jamais entendu parler de cet enregistrement de Kertesz avec la Suisse Romande. Mais, en dépit d'un scherzo fort original, je pense que je vais bien vite l'oublier. Le chef ne semblait pas trop croire à son affaire et l'orchestre était mal préparé. Aucun regret . Enfin la choucroute aux ananas. Je n'en ai pas cru mes yeux quand j'ai lu qu'il s'agissait du Philharmonique de Vienne dirigé — si l'on peut dire — par Silvestri . Je ne connais pas trop ce chef et je n'ai donc aucun avis sur lui. Par contre, je n'ai pas soupçonné deux secondes qu'il puisse s'agir du Philharmonique de Vienne. Méconnaissable ! Que s'était-il passé? Ils avaient mangé trop de choucroute aux ananas la veille ? Ils n'ont répété qu'une seule fois entre deux répétitions pour le Concert du Nouvel An ? Toujours est-il que nous avons tous soulevé des problèmes de mise en place, au point que j'ai qualifié deux fois d'ensemble de seconde zone, celui qui demeure l'un de mes orchestres préférés . C'est donc sans le moindre regret que je vois cette version quitter la confrontation. |
| | | Saegel Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 70 Date d'inscription : 04/03/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 10:21 | |
| - Mélomaniac a écrit:
A part ça, aucune réaction sur la révélation des résultats du second tour ?  Â
Je me doutais que tu sélectionnerais l'enregistrement de Silvestri. Comme tu l'as dit, entendre Vienne (au disque) dans l'opus 47 n'est pas si courant (outre les pirates, il doit subsister le live d'un chef né au bord du Danube). Cet enregistrement figure dans le coffret Icon consacré au chef roumain - mais il ne m'a guère marqué quand je l'ai écouté. Et pourtant, j'apprécie beaucoup l'énergie de Silvestri (qui m'incite souvent à pardonner ses excès de baguette). Pour être honnête, je n'avais pas gardé un aussi mauvais souvenir de la version de Sanderling - que je n'ai pas entendu depuis longtemps, cela dit : ce sera une bonne occasion d'y replonger. Enfin, il est toujours surprenant de voir des enregistrements souvent cités en référence (et inclus dans les écoutes en aveugle de certains magazines spécialisés) passer par la fenêtre si tôt. Quant à Mravinsky... À ma grande honte, je n'ai jamais écouté le chef soviétique dans cette oeuvre. Mais avec la dizaine d'enregistrements qu'il a dû laisser, le créateur n'a sans doute pas dit son dernier mot dans cette compétition... |
| | | Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599 Age : 48 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 11:47 | |
| Pour Mravinsky, les commentaires sont loin d'être uniformément négatifs: beaucoup ont surtout déploré la prise de son et le caractère brouillon de l'orchestre. Le scherzo (Poire) avait été très bien évalué au premier tour. |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 12:00 | |
| - Eusèbe a écrit:
- Pour Mravinsky, les commentaires sont loin d'être uniformément négatifs: beaucoup ont surtout déploré la prise de son et le caractère brouillon de l'orchestre. Le scherzo (Poire) avait été très bien évalué au premier tour.
J'étais en effet à deux doigts de mettre Poire à la première place lors de la confrontation des versions du scherzo. Je pense que ce n'est pas Mravinsky lui-même qui est ici en cause mais bien la mise en place orchestrale. Il n'est par ailleurs pas invraisemblable que Melo lui ait donné une autre chance  ... |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 12:02 | |
| @ Melo
Quelle est l'échéance fixée pour le troisième tour ? |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 15:58 | |
| @ Melo Une nouvelle question me vient à l'esprit. Comment se déroulera la confrontation finale entre les trois versions restantes ? Sur quoi portera-t-elle puisque nous aurons déjà écouté le final ? Sur la symphonie dans sa totalité ? |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 26 Avr 2015 - 17:36 | |
| - Anaxagore a écrit:
Je pense que ce n'est pas Mravinsky lui-même qui est ici en cause mais bien la mise en place orchestrale. Il n'est par ailleurs pas invraisemblable que Melo lui ait donné une autre chance
- Anaxagore a écrit:
Quelle est l'échéance fixée pour le troisième tour ?
D'ici deux semaines pour vous tous, mercredi prochain à minuit pour Jof - Anaxagore a écrit:
Comment se déroulera la confrontation finale entre les trois versions restantes ? Sur quoi portera-t-elle puisque nous aurons déjà écouté le final ? Sur la symphonie dans sa totalité  ?
C'est cela même. Vous aurez la possibilité d'écouter les versions finalistes sur l'ensemble de l'oeuvre. L'écoute morcelée c'est bien, mais faut aussi que la gagnante soit cooptée sur sa valeur d'ensemble. Le match ultime inclura trois versions, plus une guest star importée du Groupe Draffin (si notre ami parvient à écouter son groupe dédié pour les 3° et 4° mvt). |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 27 Avr 2015 - 1:48 | |
| Emil Nolde, Marschlandschaft mit Bauernhof (aquarelle sur papier Japon, ca 1935)Mouvement III : Largo -guide d'écoute
Ce Largo répond à une forme-sonate, déployée sur un rythme fluide à 4/4 Dans la nomenclature, les cuivres sont exclus, les archets sont divisés (en trois groupes pour les violons). Malgré un acmé jaculatoire qui lance au ciel son imploration zélée, l'ambiance de ce troisième mouvement reste calmement introvertie et se réfugie dans un paysage tranquille, pacifié, vierge de tout drame. Un tableau tellement idyllique qu'on se demande si sa quiétude ne relève pas d'un aveuglement naïf, ou d'un paradis artificiel.
Exposition
Doucement et affectueusement, l’anacrouse des violons 3 (23’37) déroule une onctueuse mélodie (motif a1) qu’ornent les altos, sur le soutien en pédale des cordes graves, et que rejoignent les violons 2 (25’28). Les violons 3 introduisent le bref et lancinant motif a2 (26'13) sur un ut aigu quatre fois répété suivi d’un « pincé » (si-la-si) rappelant le motif a' du premier mouvement, puis le répliquent sur mi par anaphore. Conjoindre épizeuxe et épanalepse dans la même phrase à tempo modéré produit l'effet d'une supplique béate. Un arpège lentement égrené à la harpe (26’56) amène le motif b à la flûte (27’03), qui évoque le motif b du premier mouvement, accréditant l’unité thématique (voire l'inspiration cyclique) de toute la symphonie. La seconde flûte solo (27’19) vient escorter la première, sur le seul accompagnement clairsemé de la harpe. Une sinueuse mélopée dépressionnaire des violoncelles (27’40) instille un renoncement que les contrebasses laissent s’échouer dans une étroite aboulie. Indiquée noire à 50, cette Exposition est censée durer 3’34.
Développement
Il exploite le motif a (27’58) dans un climat ardent qui en quelques mesures s’enfle du pp au forte : sur un sourd roulement des mailloches (28’30), les violons 1 & 2 + les violoncelles 1 élancent la mélodie vers l’aigu, en contrepoint avec le groupe des violons 3 + altos doublés par hautbois et basson. Un écheveau qui révèle l’opulence de l’art chostakovien. Les violoncelles à l’unisson enclenchent une ascension (28’50) sur deux octaves, qui hisse la mélodie vers un pic d’intensité culminant à tous les pupitres (29’05) sur un crescendo de timbale, dont la modulation laisse illico refluer la tension. L’insistance des violoncelles et contrebasses (29’24) semble annoncer le retour du palilogique motif a2 mais la flamme s’éteint morendo, tandis qu’aux violons frissonne un trémolo livide et prostré (29’45), qui nous serre le cœur, puis se fige sur un vibrionnant ut aigu. Dans cette lueur aussi bouleversante que surnaturelle apparaît un hautbois (30’02) dont la plainte (motif c) attendrirait les pierres. On ne saurait plus dire si cet ineffable moment relève de la tristesse, du réconfort, tant le compositeur a su créer un havre qui transcende l’émotion même. Tendrement, violoncelles et contrebasses immiscent encore le motif a2 (30'47) qui cette fois affranchit une clarinette brodant les motif a2 et motif c, avec l’aide de la flûte. A découvert, les violons tremolando se décantent (31’38) et suscitent une invocation solennelle à l’ensemble des cordes (31’54). A son tour, la flûte communie avec le motif c (32’13) que viennent froisser la seconde flûte, interpeller de frêles pizzicati et des tintements du glockenspiel. Dans la noirceur de leur registre, clarinettes, basson et contrebasson psalmodient le motif a (32’53), interrompu par les violoncelles (33’29) qui interposent une vigoureuse diversion étayée par altos et contrebasses, prolongée par les violons vacillant crescendo (33’53, en ostinato de triolets puis double-croches). Cette surchauffe ne peut qu’entraîner un climax (34’08) : fortissimo, un trémolo au piano et aux altos, tandis que violons, hautbois, clarinette piccolo et xylophone scandent le motif a2 (34'12), entrecoupé par les cordes et bois graves. Crescendo, les violons escaladent en trémolo vers l’extrême-aigu, jusqu’au point d’exaltation. Sous la vibration des cordes en trémolo et des sextolets de clarinettes (34’47), les violoncelles épanchent le motif c à toute volée, aiguillonné par des sforzandos raclés aux contrebasses. Flûtes et hautbois viennent doubler en renfort (35’22), avant que les violons ne s’emparent du jeu qui peu à peu s’essouffle. Une transition à l’unisson des archets (35’47) exfiltre les violoncelles (36’00) qui se replient vers le bas du registre, en s’effaçant.
Récapitulation
Dans une torpeur lugubre et amorphe (36’44), les cordes en sourdine rampent, guidées par les violons qui impalpablement se volatilisent vers le zénith de leur ré extrême aigu (37’48), puis méditent le motif b (37’57 –notons qu’il était absent durant tout le Développement) accompagné par les figurations ésotériques de la harpe. Violoncelles (38’27) puis contrebasses serpentent en s’éloignant, et sous leurs pas feutrés résonne une harpe consolatrice (38’56) qui nimbée du célesta laisse luire le motif c (39’04), sublimé, auréolé par un trémolo paradisiaque des violons. L’ensemble des cordes brumise deux accords (39’35-40’00) qui paraphent cette coda d’une sérénité absolue. |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 28 Avr 2015 - 4:41 | |
| Groupe A - Fourme d'Ambert:
Côté sonore, c'est un peu daté mais ça s'écoute sans problème. L'orchestre sonne très clair, sans épaisseur. Et en plus, on a le droit à une acoustique assez sèche, comme je les aime dans cette symphonie. L'impression de finesse est corroborée par le choix d'un tempo rapide, dès le début. On est plus dans un andante que dans un largo... Néanmoins, le climat est bel et bien présent, serein et légèrement inquiétant en même temps. Les cordes sont admirables du début à la fin et les soli de bois sont touchants (en plus d'être beaux). Par moment, on aimerait une pulsation un tout petit peu plus retenue mais bon... C'est constamment intéressant, alors on pardonne.
- Gorgonzola:
Là non plus, ça n'est pas tout jeune. Mais cette fois-ci, l'orchestre est plus épais et il y a plein de bruits parasites qui viennent gâcher le tableau. Bon, c'est en concert, d'accord, mais ça n'empêche que je trouve que les cordes se désynchronisent un peu trop souvent. Soit ça manque de préparation, soit le chef a une battue imprécise. Côté tempo, on a bien un largo. Après une exposition un poil prosaïque, le développement fait entendre de belles couleurs d'orchestre, avec une certaine efficacité, notamment dans les tutti. Magnifique hautbois ! La partie finale, comme l'exposition, manque un peu de mystère. Conclusion : Assez beau, plastiquement parlant, mais ça manque vraiment de caractère. Pour moi, c'est non.
- Roquefort:
Acoustiquement parlant, c'est un peu lointain à mon goût mais dans ce mouvement, ça n'est pas rédhibitoire. Le timbre général est assez clair, un peu comme pour Fourme. Le tempo initial est assez rapide, sans doute plus rapide que ce que Chostakovitch aurait désiré. Et contrairement à Fourme d'Ambert, chef et orchestre n'arrivent pas à installer immédiatement un climat intéressant. Bien sûr, c'est très bien fait, très bien construit (et beaucoup plus propre que Gorgonzola) mais ça manque de propos. Le développement fait entendre quelques soli instrumentaux un peu ingrats (hautbois et clarinette) ; ça vibre trop. Ça vibre beaucoup mais ça n'exprime pas grand-chose. Il y a même quelques passages  un peu maniérés. Sans parler du fait que les cordes aiguës ne sonnent pas très justes... Conclusion : Trop rapide, pas très beau, peu expressif. Là encore, c'est non !
- Stilton:
Acoustiquement parlant, on est proche de Roquefort : c'est assez clair et un peu lointain. Je préfère de très loin ce tempo initial même si c'est vrai qu'ici ça me semble un peu trop affecté. Je ne rentre vraiment dans cette version qu'au moment où la harpe fait son entrée. Le crescendo qui suit est hallucinant de lenteur. Les soli de bois sur trémolo de cordes sont très touchants même si plastiquement parlant, c'est plus beau chez Gorgonzola. Beau climax, lent et douloureux. La fin, traitée de façon très lente, est magnifique. On écoute la beauté des accords, le grain des cordes, le temps qui s'étire...
- Classement:
Gorgonzola et Roquefort semblent tous les deux passer à côté de ce mouvement. Je ne trouve rien à dire de positif de Roquefort, qui mérite bien sa dernière place. Fourme d'Ambert, malgré un tempo un peu rapide, réussit à installer une ambiance passionnante de bout en bout. Finalement, je mets Stilton en premier parce qu'il me semble plus difficile de réussir à maintenir la tension jusqu'au bout avec un tempo très lent et cette version y arrive. Roquefort < Gorgonzola <Fourme d'Ambert < Stilton
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| | | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 1 Mai 2015 - 0:18 | |
| Groupe «travailler moins pour écouter plus (de bonne musique)» - Gouda:
Une lecture comme je les aime : droite et fluide mais avec un tempo un peu retenu. La mise en place est remarquable, avec beaucoup de nuances et une grande poésie. On finit même par oublier que le son est une mono très medium, qui écrase l'orchestre ! On est vraiment à un très très haut niveau !
- Mimolette:
Ah ! C'est la version avec les cordes graves à gauche. D'ailleurs, ce grave un peu boursouflé est un peu envahissant, notamment au début. Je trouve ça un peu rapide pour un largo. Du coup, le climat ne s'installe pas et on reste un peu extérieur. Le crescendo qui suit le duo harpe/flûte fait entendre des moyens orchestraux somptueux. Les soli instrumentaux (hautbois, clarinette, flûte) sont de premier ordre. Tiens, le climax n'est pas très en place (et vraiment trop rapide). Je sais bien que j'ai placé très haut une version rapide dans le groupe A (Fourme d'Ambert) mais là , le tempo donne l'impression que tout est survolé...
- Roblochon:
Cette fois-ci, on a un tempo beaucoup plus lent, encore plus lent que Gouda. Mais, comme pour les mouvements précédents, ça manque malheureusement un peu de caractère, de mystère. Tout est bien construit, bien mis en place et certaines pages sont bien menées (comme le premier gros crescendo). En somme, rien n'est ridicule, mais rien n'est saisissant non plus.
- Classement:
Mimolette < Roblochon < Gouda
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| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580 Age : 50 Localisation : Vienne, l'iséroise Date d'inscription : 24/05/2010
| | | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 1 Mai 2015 - 15:58 | |
| Voici mes modestes impressions sur le plat de pâtes persillées (groupe A) . - Spoiler:
Fourme d'Ambert Enregistrement ancien, un peu lointain et manquant de corps (on n'entend par exemple pas les timbales au numéro 82), d'une très belle version de ce largo. Le mouvement est pris bien au delà du 50 à la noire demandé et, d'une manière générale, les tempi sont tous plutôt rapides sans ce que cela soit jamais gênant. Le chef évite ainsi les alanguissements  fréquents dans ce mouvement. Son propos est ici très sensible, mêlant pudeur, fragilité et tristesse. Il imprime un grand naturel à la progression du discours et évite toute emphase inutile. L'orchestre n'est pas luxueux mais bon, avec des cordes très expressives. J'aime beaucoup  . Gorgonzola Le largo est pris très lentement, plus au moins au 50 à la noire demandé, mais avec une pratique du rubato à ce point excessive que les indications du compositeur en deviennent parfois insignifiantes. Le Pocco piu mosso à 83 est pris trop lentement et, aux numéros 86 et 87, l'alternance du 50 et du 72 à la noire n'est pas respectée. Tout cela donne une impression d'alanguissement constant qui va jusqu'à la fadeur. Vibrato excessif de la flûte à 79 pour l'exposition du motif b, et perpétuellement par la suite. L'orchestre est bon et la sonorité est assez dense, mais l'interprétation du chef est excessivement affectée. Je n'adhère pas du tout  . Roquefort Enregistrement de qualité, par un bel orchestre, dans une grande sale avec beaucoup de réverbération. Le chef prend le mouvement dans un tempo qui n'est pas très loin du 50 à la noire et, d'une manière générale, il tend à respecter les changements de tempi, sans trop de rubato. Sa lecture, très sereine, a beaucoup d'ampleur, mais elle demeure très objective, voire un peu impersonnelle; elle évite en tout cas tout épanchement. Il favorise la lisibilité des plans et l'articulation à l'extrême, avec une tendance systématique au détachement des notes. Mais c'est convainquant. J'aime beaucoup  . Stilton Le chef prend le mouvement très lentement en adoptant le 50 à la noire demandé et tend à respecter les changements de tempi (ralentissement au numéro 86), avec aussi un rubato plus présent. Sa lecture est subjectivement plus investie que Roquefort, mais aussi parfois plus empesée, ce qui est favorisé par la lenteur des tempi. Elle génère chez moi comme un sentiment de douleur contenue, notamment dans une réexposition très touchante. L'orchestre est par ailleurs de qualité. Dans l'ensemble, j'aime bien  . Autant il est évident que je n'aime pas Gorgonzola, autant j'ai du mal à classer les trois autres versions qui ont toutes de grandes qualités. Je vais placer Fourme en première position pour sa singularité. Cette version très naturelle m'a beaucoup touché. Je place Roquefort en seconde position, par contraste, pour sa lisibilité, son objectivité et sa beauté plastique. Fourme d'Ambert > Roquefort > Stilton >> Gorgonzola
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| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 1 Mai 2015 - 20:21 | |
| Groupe C - Beaufort:
La captation est une peu lointaine mais aussi très large, très envoutante. Le son est clair et manque un peu de graves. Mais ce qui est plus embêtant, c'est qu'on entend fonctionner les limiteurs dans les passages forts (et les coups de timbale saturent). Le début est assez magnifique, bien qu'un peu rapide. Curieusement, par moment, on entend un violoncelle soliste se détacher de l'orchestre ; c'est dans la partition, ça ? Si c'est le cas, c'est la première fois qu'on l'entend aussi bien. Le duo flûte et harpe est presque irréel dans une telle acoustique. Il y a une vraie ambiance qui s'installe, froide et grise, comme un paysage enneigé. Les soli de la partie centrale semblent perdus dans la toundra, c'est très convainquant. Par contre, à cause d'un certain manque de «corps» et du limiteur, le climax est franchement décevant. Et la fin est un peu rapide à mon goût.
- Comté:
Son mono pas très gracieux. Là encore, c'est assez rapide et le début manque de calme et de simplicité. Horrible vibrato de la 1ère flûte. Le premier crescendo est bien conduit mais laisse un peu de marbre : trop vite et pas très beau (notamment à cause du son). Le passage central avec les soli de vents n'intéresse pas plus et semble expédié. Bref, pas grand-chose à sauver dans cette version. Si ce n'est peut-être une certaine simplicité, ce qui est loin d'être suffisant pour ce mouvement.
- Emmental:
Ça non plus ça n'est pas tout jeune. Comme pour Beaufort, la stéréo est très large, mais l'acoustique est beaucoup plus sèche. Par contre, il y a beaucoup de souffle. J'aime beaucoup l'impression d'intimité qui se dégage des premières pages. C'est calme et simple et ça fonctionne très bien. Là encore, c'est fluide mais ça ne donne pas l'impression d'être expédié (contrairement à Comté). Encore un vibrato de flûte pas très gracieux (après l'entrée de la harpe) et le trait de cordes qui conclut cette partie n'est pas très juste. Passons. Le premier crescendo manque un peu de corps mais reste expressif malgré tout. Ensuite, on aurait aimé un tempo plus retenu pour les soli de vents. Le climax qui suit est bien mené mais reste modeste. Là encore, c'est un peu trop rapide pour moi. La fin retrouve la magnifique ambiance du début.
- Gruyère:
Ach ! Encore une version ancienne et encore une version rapide... Ici, le son est très centré, très artificiel. Je soupçonne une adjonction de réverbération stéréo à une prise de son mono. Et pour ce qui est de l'homogénéité des pupitres de cordes, on repassera. Comme pour Comté, on a un début qui manque de calme et de simplicité, beaucoup trop vibré. Le passage avec la harpe et les deux flûtes est correct (pour une fois). Par contre, le trait de cordes qui suit est vraiment étrange. D'accord, le premier crescendo a de la gueule. C'est de très loin le meilleur de cette sélection. Les solis de vents sur fond de tremolo permettent d'installer le calme qui manquait au début du mouvement. Le climax est puissant et violent, articulé à l'outrance. La fin est un peu trop rapide à mon goût.
- Classement:
Aucune de ces 4 versions ne m'enthousiasment. D'abord, elles sont toutes trop rapides pour moi. Ensuite, elles ont toutes les quatre un son plus ou moins ingrat. Gruyère m'intéresse néanmoins. Les autres ne me manqueront pas. Comté < Beaufort < Emmental < Gruyère
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 1 Mai 2015 - 23:51 | |
| - draffin a écrit:
ce qui est plus embêtant, c'est qu'on entend fonctionner les limiteurs dans les passages forts (et les coups de timbale saturent).
Cette dureté est présente sur le CD, avec une dynamique assez crue qui tend effectivement à cracher sur les crêtes. - draffin a écrit:
Curieusement, par moment, on entend un violoncelle soliste se détacher de l'orchestre ; c'est dans la partition, ça ? Si c'est le cas, c'est la première fois qu'on l'entend aussi bien.
Euh de mémoire, il n'y a aucun solo pour violoncelle. A vérifier. Si tu réécoutes, dis-nous à quel minutage ça se trouve. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91769 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 3:08 | |
| - Mélomaniac a écrit:
Ce Largo répond à une forme-sonate, déployée sur un rythme fluide à 4/4 Dans la nomenclature, les cuivres sont exclus, les archets sont divisés (en trois groupes pour les violons). Malgré un acmé jaculatoire qui lance au ciel son imploration zélée, l'ambiance de ce troisième mouvement reste calmement introvertie et se réfugie dans un paysage tranquille, pacifié, vierge de tout drame. Un tableau tellement idyllique qu'on se demande si sa quiétude ne relève pas d'un aveuglement naïf, ou d'un paradis artificiel.
En lisant ça je me demande si on parle de la même oeuvre! Que l'ensemble soit "calme", du point de vue du tempo, ok, mais sinon, c'est quand même vachement sombre!... "Idyllique"...? |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4946 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 11:24 | |
| Je confirme ce que dit Xavier, je ne trouve pas le paysage évoqué vraiment idyllique, j'ai plus l'impression d'un paysage désolé et assez sombre (même si la 3ce picarde de la conclusion semble donner un léger espoir). Idem pour la forme, je ne suis pas absolument convaincu qu'il s'agisse ici d'une forme sonate. |
| | | Jof Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3541 Date d'inscription : 02/05/2014
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 16:05 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- D'ici deux semaines pour vous tous, mercredi prochain à minuit pour Jof
Aurais-je raté l'échéance ? Zut alors. Et donc la fin du tour sera quel jour précisément ? |
| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4946 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 17:25 | |
| Bon, je viens d'écouter mon groupe. Cela va être assez difficile de départager tout ça car chaque version offre quelque chose de bien. Je suis pour l'instant sûr de celle que je vais mettre en dernier, mais les autres vont être ardues à classer Mais bon, je me lance. Voici pour le groupe B - Spoiler:
Epoisses : une belle lecture du mouvement, l’orchestre possède une sonorité chaude et agréable. Les transitions sont bien menées et le discours propose une belle palette de nuances. Très belle version.
Livarot : cette version offre peut être un peu plus de contraste que la précédente, avec un jeu plus variés sur les tempi, le motif b est un peu plus rapide, justifié sans doute par le ralenti de la transition. Les phrasés sont un peu plus glissés dans les cordes. Le hautbois motif c offre une sonorité très mélancolique et les effets d’échos avec les motifs de a me semble assez réussis. Dommage qu’au chiffre 90, celui-ci soit un peu écrasé par l’accompagnement. Malgré cela, j’aime beaucoup cette version.
Maroilles : une version qui donne une grande impression de profondeur, j’aime moins la sonorité de l’orchestre, un peu plus nasillarde que les deux précédentes. Les phrasés me semblent aussi un peu trop appuyés par endroits. Mais c’est quand même une belle version.
Munster : c’est ici un peu plus rapide, avec un motif b encore plus. C’est dommage que le mouvement soit monté au « pas de charge » car l’orchestre possède une belle sonorité. Malheureusement, la majeure partie des transitions n’offre pas assez de contraste entre les différents motifs (qui ont à mon avis un caractère qui leur est propre) et les effets que doivent donner leur confrontation ne sont pas assez saisissants.
Livarot > Epoisses > Maroilles > Munster
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| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4946 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 22:07 | |
| Encore un peu de fromage ? Groupe A - Spoiler:
Fourme d’Ambert : l’ensemble du mouvement est un peu trop rapide à mon goût mais les ambiances dégagées ici sont assez chouettes. Les transitions sont assez réussies et il y a une certaine urgence dans le discours qui me plaît bien. Malheureusement, je trouve l’arrivée sur le motif c trop abrupte. Il me semble que ce motif possède une importance particulière : c’est effectivement lui qui conclura le mouvement et ici, son exposition me semble un peu ratée. C’est bien dommage car, malgré un tempo un peu rapide, j’adhère bien au discours proposé.
Gorgonzola : c’est plus dans un tempo qui me conviendrais mais, l’exposition du thème A me semble un peu plate mais les beaux effets de soufflets à partir de 77 relève un peu le goût. Encore un chef qui décide d’accélérer le thème B et ici pareil, la polyphonie manque de relief.  Je trouve aussi que les effets d’échos entre C et A manquent de relief. En revanche, l’effet des contrebasses du chiffre 90 est assez saisissant et la transition de 94 très réussie. Malheureusement, le tempo trop rapide empêche l’ensemble de respirer et la dernière cadence (avant 96) est amenée trop vite, ce qui donne une conclusion de C un peu plate.
Roquefort : malgré un tempo beaucoup plus rapide, la polyphonie du thème A me semble avoir un peu plus de relief et le discours m’a l’air d’être plus cohérent, même si la confrontation A et C (chiffre 84) semble manquer de relief et de respiration. Par contre, la réexposition (que personnellement, je placerais à 87, si forme sonate il y a véritablement) est un peu trop précipitée à mon goût, malgré une belle entame. Â
Stilton : très belle entame de ce mouvement avec un thème A très lent et sombre. La transition avec le thème B apporte une petite touche de lumière qui donne un peu d’air. Je trouve la sonorité des cordes très profonde et assez tragique. De leur côté, les bois solistes sont très expressifs ; ce qui donne à l’ensemble une couleur désolée qui va bien avec l’ambiance voulue dans ce mouvement. Petit bémol : la réexposition du thème C manque un peu de mise en place dans l’entrée des contrebasses mais bon, l’ensemble me plaît bien ; surtout si je prends en compte la conclusion du mouvement (à partir de 93) qui termine l’ensemble dans la plus grande désolation, ne comptant que sur la tierce picarde pour donner un dernière lueur d’espoir.                                                                                       Stilton > Fourme d’Ambert > Roquefort > Gorgonzola
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| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2725 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 22:52 | |
| Voici ma copie pour le 3è mouvement (groupe C si j'ai bien suivi). Avec tout le fromage que Melo m'aura fait bouffer sur les 1er et 3è mouvements, j'espère qu'il va bientôt me livrer les vins qui vont avec - Spoiler:
Beaufort Beau son de cordes, dans une certaine douceur, peu vibré, qui donne l'atmosphère désenchantée qui convient. Un manque d’équilibre à 76, les altos 1 sont en retrait par rapport aux violons 3, on perd l’entrelacement entre les deux parties qui se répondent. Très belle entrée des violons 1 avec cet effet lointain à 78 et belle flûte solo à 79. On a cette atmosphère de désolation que je recherche à 81, 86 et 93. La tension est présente à 82 avec un bel effet de stridence dû à l’entrée remarquée du piccolo au largamente. Le mouvement est par la suite bien construit, bien enchaîné dans ses changements de tempi. L’animation à 88 est bien menée, le pupitre de violoncelles intéressant dans toute sa partie dans l’aigu (90). Ça manque d’accents avant le retour au calme à 92. L'pilogue est dans la couleur des autres passages lents qui m'ont vraiment plu.
Nonobstant quelques points de détail, ce mouvement est une belle réussite dans l’atmosphère qu’il restitue. Il y manque peut-être un côté plus dramatique encore.
Comté Un enregistrement relativement ancien. Au-delà du désavantage de la prise de son, on perçoit la sonorité recherchée ici : c’est une conception qui mise sur une certaine épaisseur de son, avec du vibrato. C’est très/trop sostenuto, et ce n’est pas la couleur idoine pour moi. D’ailleurs les trois premières noires ne sont pas vraiment liées, certes jouées dans le même coup d’archet mais toutes appuyées. Cela perdure à 81. La nuance (pas assez pp) ne suffit pas à amener une autre couleur car cela reste dans le même esprit trop romantique. On reste jusqu’à 88 dans une uniformité qui génère l’ennui. À partir de 88, on est plus dans l’esprit de cette musique avec plus d’accentuation mais c’est poussif dans le tempo. Cela rend par contraste l’épilogue plus intéressant et réussi que l’exposition. Mais pourquoi ce crescendo sur la blanche pointée du dernier accord (la premier des deux accords de fin), alors que plus rien ne doit exister ?
Entre le caractère trop romantisant des passages lents et des passages forte plus réussis sur le plan du caractère mais trop poussifs dans le tempo, cette version n'est franchement pas une réussite.
Emmental Le début est vraiment imparfait, on entend le démanché chez les violons entre la première et la deuxième note, quelle faute de goût! Néanmoins le caractère de tristesse mélancolique est plus à -propos que le sostenuto de Comté et Gruyère, mais on sombre hélas dans un certain ennui. 81 est plus réussi mais n’apporte pas de changement d’atmosphère . Les sonorités des bois sont peu séduisantes sur les solos, la flûte trop vibrée et le hautbois disgracieux. L’effet complètement statique à 86 (beaucoup moins réussi qu’à 81) est malvenu, on se demande ce que viennent faire ces césures entre les accords. La séquence à 87 est assez apathique. Les bois sont pâteux et l’entrée des violoncelles très mal assurée. L’entrée des violons remet les choses plus en place avant 89 mais les violoncelles dans l’aigu ne sont pas assez présents et incisifs . L’entrée des violons à 91+3 renforce le déséquilibre sonore entre des violons assez clairs et des violoncelles étouffés. Restituant les couleurs du début, l'épilogue développe un climat assez réussi.
Une atmosphère assez proche de ce que je recherche dans les passages lents mais on est gagné par l’ennui et les passages plus violents manquent de caractère.
Gruyère Malgré une couleur différente dans la prise de son, on retrouve une conception sonore assez proche de Comté; trop sostenuto pour mon goût, mais ça me plaît plus, car ça avance plus et il y a une dimension plus dramatique. Le pp n’est pas respecté à 78, les violons 1 doivent forcer la nuance pour rentrer et les violoncelles 1 ne sont pas assez en dehors ensuite. Ce passage est trop fort et peu lisible. De même, le passage à 81 est bien trop fort, il n’y a aucun contraste avec ce qui précède, aucune désolation. Le passage de tension qui suit est autrement plus réussi, avec une dimension vraiment dramatique. On retrouve à 86 la déception procurée à 81 (pas assez piano dans la nuance, sans âme) mais ensuite dans l’intensité paroxystique à 89 une tension inouïe. L’épilogue souffre des mêmes  défauts que les passages calmes précédents.
Cette version est frustrante, entre passages de désolation très décevants et passages de tension réussis, emprunts de violence et de drame. Le chef semble avoir tout misé sur ces passages, le reste ne faisant figure que d’introduction, ponts, conclusion. Dommage.
Mon classement (du 1er au 4è) : Comme pour le 1er mouvement, je distingue une version qui correspond bien à mes attentes, et ai du mal à classer les suivantes, qui mêlent qualités et gros défauts. Beaufort >>> Gruyère > Emmental > Comté
J'ai lu après mes écoutes les commentaires de Draffin : curieux, beaucoup de ressemblances dans les commentaires (des sensibilités proches sur les mêmes choses) pour un classement différent. Apparemment dû à sa perception des techniques de prise de son, chose sur laquelle je suis moins pointu.
Dernière édition par Iskender le Sam 2 Mai 2015 - 23:08, édité 2 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 23:02 | |
| - Xavier a écrit:
Que l'ensemble soit "calme", du point de vue du tempo, ok, mais sinon, c'est quand même vachement sombre!... "Idyllique"...?
Oui, désolé j'ai rédigé mon analyse d'un trait samedi dernier, ça aurait mérité une relecture pour éviter ce genre d'ambiguïté. Je voulais dire que ces paysages mélancoliques ne suscitent aucun élan dramatique, a contrario de la 7° symphonie par exemple. Pas de coup de théâtre. Les climax correspond plutôt à une intensification qu'à un radical changement d'humeur. Idyllique renvoie à un tableau de calme arcadien mais aussi à un genre champêtre, naïf et énamouré qui correspond mal à l'esprit de ce Largo, -je troque volontiers cet adjectif contre : élégiaque. En revanche : vachement sombre, je doute. On n'est ni dans la passacaille de la 8° ni dans les marches funèbres wagnériennes de la 15°. Je n'adhère pas du tout à ce propos du fiston : “ It is the last night at home of a man sentenced to the gulag; but the problem is eternal! It could be a man before his execution ... I see a man who spends his last night before execution with his family. He hears his children breathe. He feels the warmth of his wife. But HE DOES NOT CRY OUT!” Ou du moins je suis d'accord que les larmes ne coulent pas. Il s'agit d'un lyrisme quintessencié, qui quand il s'exalte endosse une dimension oratoire, mais non lacrymogène. En tout cas, ce Largo recèle un sentiment très intime. - kegue a écrit:
pour la forme, je ne suis pas absolument convaincu qu'il s'agisse ici d'une forme sonate.
Le débat est ouvert. On remarque quand même l'exposé des principales idées motiviques dans une première partie (certes le motif c n'y apparaît pas mais ce n'est pas foncièrement incompatible avec une forme-sonate), un développement dans la seconde, puis enfin une récapitulation des trois motifs (dont une reprise liminaire du motif a). Ma taxinomie semble opérante, faute d'une analyse plus structurante. Je compte demain ouvrir un topic en Rubrique générale pour poster mes guides d'écoute, et on pourra en discuter ! |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 23:36 | |
| - Iskender a écrit:
J'ai lu après mes écoutes les commentaires de Draffin : curieux, beaucoup de ressemblances dans les commentaires (des sensibilités proches sur les mêmes choses) pour un classement différent. Apparemment dû à sa perception des techniques de prise de son, chose sur laquelle je suis moins pointu. En fait, j'ai eu beaucoup de mal à faire un classement pour ce groupe. Je suis sûr de ma première place, mais pour le reste, ça se joue à peu de choses. J'ai lu tes commentaires et oui, on entend bien les mêmes choses. Rassurant, non ? Pour ce qui est de la prise de son, j'ai une formation d'ingénieur du son et donc j'y suis sensible. Surtout qu'on a parfois des chefs d'orchestre qui s'investissent réellement dans le rendu sonore de leurs enregistrements. Mais ça n'est pas le plus important pour moi. Par exemple, dans le groupe D, j'ai mis en premier la version la moins séduisante du point de vue sonore... Dans le groupe C, ce qui m'embête le plus, ce sont les tempi... Heureusement qu'il y a le groupe B pour contrebalancer tout ça ! |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 23:43 | |
| - Mélomaniac a écrit:
- draffin a écrit:
Curieusement, par moment, on entend un violoncelle soliste se détacher de l'orchestre ; c'est dans la partition, ça ? Si c'est le cas, c'est la première fois qu'on l'entend aussi bien.
Euh de mémoire, il n'y a aucun solo pour violoncelle. A vérifier. Si tu réécoutes, dis-nous à quel minutage ça se trouve.
Dans Beaufort, entre 1:21 et 1:37 puis entre 2:14 et 2:23. A priori, il s'agirait plutôt du 1er violoncelle qui fait du zèle, d'après ce que tu dis. |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 23:46 | |
| Groupe B Mélomaniac m'avait donc gardé le meilleur groupe pour la fin - Époisses:
Côté sonore, c'est luxueux. Le tempo est retenu, comme il se doit – en tout cas, c'est comme ça que j'aime ce mouvement. Chef et orchestre font des efforts énormes pour rester le plus neutre, le plus inexpressif possible. Du coup, c'est très très froid. Le premier crescendo est remarquable de statisme. Le passage central avec les solis de bois est magnifique, complètement désolé, blanc et glacial. Le climax ne réchauffe rien et paraît tout droit sorti d'une autre planète. Conclusion : C'est une lecture radicale de ce mouvement. Pas vraiment de celles qu'on a envie d'entendre tous les jours mais c'est très bien défendu.
- Livarot:
Là encore, on a sensiblement le même tempo. Mais, cette fois-ci, on a un drame plus intime, plus humain. La prise de son est légèrement plus proche et les cordes vibrent un peu. C'est simple et beau. Le tempo s'accélère à l'entrée de la harpe. Les deux flûtes sont superbes. Le tempo s'élargit au début du crescendo qui s'avère être puissant et douloureux à souhait. Le passage avec les soli est somptueux, avec beaucoup de retenu et de mystère. Le climax est très raide, très dur, ce qui n'est pas un contre-sens. Toute la fin est jouée sur la pointe des pieds. Conclusion : Bravo !
- Maroilles:
Tiens, décidément, c'est le groupe des versions lentes ! Ce qui n'est pas pour me déplaire, hein ! C'est le même tempo que les précédentes, mais l'impression générale est différente : on a quelque chose de plus démonstratif, de plus appuyé. La prise de son veut ça – large, envoûtante, avec un grave bien présent – mais pas seulement. Pour moi, ça manque un peu de retenue, de simplicité. Bien sûr, avec de tels moyens, les passages forts sont impressionnants (notamment le climax). Par contre, on s'ennuie un peu dans les parties plus calmes, qui peinent à trouver un propos. Heureusement, l'orchestre est très beau, ce qui aide à patienter... Conclusion : pas mauvais mais pas indispensable non plus.
- Munster:
Prise de son un peu lointaine, moins séduisante que Maroilles mais aussi moins chargée dans le grave. C'est plus rapide que les trois versions précédentes. Cela dit, c'est très bien fait et on entre rapidement dedans. Pourtant, ça n'a ni le dépouillement d'Époisses, ni la simplicité de Livarot. Comme quoi il y a plein de façons différentes de réussir ce début. Les pupitres de cordes, il faut le dire, sont irrésistibles. J'ai hâte de savoir de quel orchestre il s'agit ! Le tempo semble s'accélérer sur le trio harpe et flûtes. Là , c'est trop rapide pour moi. Heureusement, ça freine pour le crescendo, qui est somptueux. Le passage central, avec ses soli, fonctionne très bien malgré le tempo rapide. Le climax fait entendre une tension intéressante et des couleurs inouïes (magnifique alliage de xylo et clarinette). La fin est un poil rapide à mon goût, ce qui lui coûte la première place dans ce groupe.
- Classement:
Contrairement au groupe C, on a ici quasiment que des bonnes versions. Maroilles n'est pas indispensable mais les trois autres ont chacune une lecture intéressante de l'œuvre. Maroilles < Époisses < Munster < Livarot
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| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Sam 2 Mai 2015 - 23:47 | |
| - Jof a écrit:
Et donc la fin du tour sera quel jour précisément ?
Pour toi l'échéance est passée, tu dois te magner hâter pour espérer finir en même temps que les autres  - Iskender a écrit:
Avec tout le fromage que Melo m'aura fait bouffer sur les 1er et 3è mouvements, j'espère qu'il va bientôt me livrer les vins qui vont avec
 Nous sommes sur un Forum sobre ici Monsieur ! Pour accompagner le fromage, il fallait faire provision de pommes, raisin et poires au premier tour |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580 Age : 50 Localisation : Vienne, l'iséroise Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 10:04 | |
| Les guides d'écoute de Mélomaniac sont d'une grande richesse pour moi qui n'ait pas une grande oreille, aussi ai-je repris les minutages de Mélo (j'espère ne pas m'être trompé) pour comparer aisément les thèmes et leurs reprises. C'est passionnant. Vous pouvez cliquer sur les minutages.
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Dernière édition par Pipus le Lun 4 Mai 2015 - 11:43, édité 1 fois |
| | | abbado71 Mélomane averti
Nombre de messages : 200 Age : 31 Date d'inscription : 19/10/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 10:29 | |
| Salut à tous, actuellement en vacance et sans connexion internet(j'utilise les 20MO que j'ai sur mon téléphone portable pour faire ce message). Vous m'excuserez du commentaire quelque peu hâtif - groupe A:
versions fourme:
Très belle même si pas très jeune, admirable travail de couleur et d'expression(en l'écoutant je n'ai pas l'impression qu'elle dure 4 min de moins que les autres). L'orchestre n'est pas parfait mais l'ambience créer est très très belle
Gorgonzola:  Je crois que certaines personnes dans la salle mange des bonbons ou des papillotes. On dirait que l'orchestre est imprécis, ça manque de clarté dans les lignes mélodiques. Je trouve ça très raplapla. Le motif b est joli, assez tendu mais manque de restiration
Roquefort:  enregistrement de qualité qui laisse de la profondeur, orchestre clair, mais la encore le chef ne trouve pas la clairté nécessaire pour donner du volume à la partition. Ca reste donc assez plat et manque de respiration. C'est toujours mieux que gorgonzola néanmoins pour moi
Stitlon: Superbe orchestre, techniquement assez parfait, les transitions sont d'une clarté lumineuse, les couleurs et l'atmhophère et plus profonde que dans fourme. Suprbe, et que dire du déssolement finale. Superbe pour moi
Stilton >Fourme>Roquefort>Gorgonzola
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| | | kegue Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4946 Age : 54 Localisation : Là où repose Cocteau Date d'inscription : 27/10/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 14:57 | |
| Diantre ! Il n'y a même pas de Morbier sur le plateau Mais dis-moi Mélo, y'aura des rillettes pour le dessert ? Hein ?  Voici le groupe C Groupe C - Spoiler:
Beaufort : je trouve le thème A un peu précipité, bien qu’il possède ici une belle profondeur. En revanche, la respiration vers a2 est plutôt jolie. L’amorce du thème B est très expressive et change quelque peu la couleur de l’intro. L’exposition du thème C est très jolie, amenée en douceur par les trémolos des violons et l’effet d’échos avec les éléments de A est plutôt réussi. Dommage que la sonorité de l’orchestre semble un peu écrasée, mais la lecture de ce mouvement me plaît assez. Il se dégage de la réexposition une impression de grand désespoir et la dernière citation de a1 (chiffre 93) prend vraiment un côté lugubre. Un beau moment donc.
Comté : c’est apparemment du live et pas tout à fait récent, ce qui donne une sonorité sèche et un peu écrasée ; la justesse n’est pas non plus très assurée. Cependant, le chef propose ici une bonne lecture du mouvement, avec des phrasés d’une grande ampleur. Dommage que le troisième thème soit amené de matière trop abrupte à mon goût et que l’ensemble de la réexposition manque de respiration.
Emmental : Il y a de beaux moments dans le mouvement, mais j’ai l’impression que les différents motifs s’enchaînent sans réelles transitions. De plus, j’ai un problème avec la sonorité générale de l’orchestre : je trouve les cordes un peu écrasées et que les bois manquent de chaleur. Je ne comprends pas trop cette soudaine précipitation des violons à l’approche du chiffre 89, qui rend la réexposition du thème C trop rapide.
Gruyère : en bas de classement pour moi, je n’accroche pas du tout à la sonorité de l’orchestre et j’ai de plus la sensation que ça sature par endroits. Les articulations de phrasés sont un peu bizarres, en accordéon. Les différents éléments semblent s’enchaîner sans belles transitions et du coup, l’ensemble me laisse l’impression de manquer de profondeur.
Beaufort > Comté > Emmental > Gruyère
Edit : je viens de voir le travail de Pipus. Super C'est très pratique ce que tu a fait ! Bravo ! |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 16:52 | |
| - Pipus a écrit:
aussi ai-je repris les minutages de Mélo (j'espère ne pas m'être trompé) pour comparer aisément les thèmes et leurs reprises. C'est passionnant. Vous pouvez cliquer sur les minutages.
Super boulot Pipus. Néanmoins sur mon ordi, avant d'accéder aux tronçons que tu as isolés, j'ai droit à une incursion publicitaire et présentement, comme par hasard, c'est pour le fromage leerdammer |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580 Age : 50 Localisation : Vienne, l'iséroise Date d'inscription : 24/05/2010
| | | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 18:10 | |
| Voici mes modestes impressions après dégustation du plateau de pâtes cuites (groupe C) : - Spoiler:
Beaufort Enregistrement dans une grande salle avec beaucoup (trop) de réverbération. Le chef prend le mouvement un peu au dessus du 50 à la noire demandé. Par contre, il prend le Poco piu mosso en-deça du 72 à la noire, plus lentement que demandé donc. Ses tempi sont d'une manière générale assez retenus, mais il évite les rallentandos, ce qui imprime à l'ensemble un caractère assez allant, sans les alanguissements qu'on observe souvent. Il obtient de son orchestre, très beau (belles cordes, belle première flûte et beau hautbois, sans le vibrato excessif qu'on entend ailleurs), un climat  de tristesse et de désolation polaire que j'aime beaucoup . Le climax à 89 est bien amené et est «glacial » à souhait. L'entrée des cordes con sordino à 93 est très réussie ... J'aime beaucoup cette version qui, pour moi, domine de loin les autres de ce groupe  . Comté Enregistrement mono en public d'un orchestre un peu frustre (vibrato excessif de la flûte à 79), pas toujours très juste (version russe historique ?). Le son est gros, massif et peu agréable (prise de son ?). Le chef prend le mouvement dans un tempo assez rapide mais applique un rubato constant. Il accélère le tempo pour le motif b à 79. Par contre, il n'accélère pas comme demandé à 83. On est en deça du 72 à la noire. À 86, le contraste entre le 72 et le 50 à la noire est bien respecté. De même que le retour à 50 au numéro 87. La conclusion du mouvement est par contre un peu expédiée et manque de mystère. Tout cela est très engagé expressivement, mais très au premier degré. C'est joué assez simplement et on ne fait pas trop dans la subtilité. Les traits sont même assez appuyés par endroit. Le chef donne à l'ensemble un certaine grandeur tragique qui est très éloignée du climat de désolation froide que je recherche ici  . Emmental Prise de son ancienne, très sèche, qui est sans pitié pour un orchestre à la sonorité plutôt ingrate. Le chef prend le mouvement au 50 à la noire demandé et accélère à 79 pour le motif b, joué par une flûte qui vibre une nouvelle fois excessivement. Il ralentit à 81. Le Poco Piu Mosse est bien pris au 72 à la noire demandé. Beau hautbois désolé à 84 pour le motif C. À 85 et à 86, les flûtes vibrent atrocement, mais le rallentando à 86 est observé. Le climax est bien amené, mais il est pris un peu trop rapidement. La conclusion, très douce, est par contre réussie. À la différence de Comté, le chef évite ici de grossir le trait et adopte un ton qui est parfois quasi-intimiste. Il crée un climat qui se rapproche davantage du climat de désolation et de solitude que j'attends, mais il est déservi par un orchestre de moindre qualité. Ce n'est pas mal  . Gruyère Prise de son plus récente pour un orchestre de meilleure qualité que dans Comté et Emmental. Le mouvement est pris juste un peu au-dessus du 50 à la noire. Petite accélération à 79. Le Poco Piu Mosso par contre est pris trop lentement. À 86, le contraste entre le 50 et le 72 à la noire est bien observé. La conclusion à 96 est expédiée et manque de mystère. Cette version commence en réalité très bien (le début est très beau), mais cela dégénère très vite … Le problème général, c'est les cordes, sirupeuses, pas toujours ensemble et qui en font des tonnes. En particulier, le pupitre des violoncelles est atroce (descente à 80 qui est affreuse; ils en font des tonnes à 92; descente très affectée à 95). Le gruyère a fondu et ça dégouline de partout. Le chef romantise à outrance le propos et joue ce largo comme du Tchaikovsky made in USA. On est à mille lieux du climat que je recherche ici. Je n'adhère pas du tout  . Beaufort >> Emmental > Comté > Gruyère
Dernière édition par Anaxagore le Lun 4 Mai 2015 - 5:13, édité 1 fois |
| | | Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855 Date d'inscription : 21/09/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 22:35 | |
| Merci Anaxagore pour ton commentaire très décortiqué. Apparemment tu n'as pas raffolé des pâtes cuites. A ce stade du jeu, deux résultats marquants : Gorgonzola se prend une dégelée, et Beaufort a été cité en premier choix par trois des quatre évaluateurs. Allez les autres, on vous attend !  |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91769 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Dim 3 Mai 2015 - 23:00 | |
| Pipus, je t'ai envoyé un MP à ce sujet, mais tes liens renvoient à une interprétation non libre de droits d'une oeuvre non libres de droits, donc c'est plus que problématique, il faut les retirer. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2725 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 10:45 | |
| J'ai lu tes commentaires Anaxagore. Décidément au sein du groupe C nous recherchons tous la même chose dans ce mouvement en terme d'interprétation et d'atmosphère, même si les classements diffèrent un peu. Nous ne devons pas être les seuls mais c'est flagrant dans ce groupe où certaines versions sont dans une esthétique opposée. |
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580 Age : 50 Localisation : Vienne, l'iséroise Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 11:45 | |
| - Xavier a écrit:
- Pipus, je t'ai envoyé un MP à ce sujet, mais tes liens renvoient à une interprétation non libre de droits d'une oeuvre non libres de droits, donc c'est plus que problématique, il faut les retirer.
Xavier a raison, je me suis un peu emballé Désolé. Mélo, si tu veux bien, quand on aura ton analyse du quatrième mouvement, je prendrai tous les minutages et je les posterai en commentaire dans la vidéo concernée afin que l'on puisse y accéder. |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 14:47 | |
| - Iskender a écrit:
- Nous ne devons pas être les seuls mais c'est flagrant dans ce groupe où certaines versions sont dans une esthétique opposée.
Ah ? Pour moi ce groupe (le C) est au contraire assez homogène, avec des tempi rapides et une esthétique sonore datée. Pour moi, ça a été le groupe le plus difficile à classer (et le moins intéressant). Le plus hétérogène me semble être le groupe A. |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 18:30 | |
| - draffin a écrit:
- Iskender a écrit:
- Nous ne devons pas être les seuls mais c'est flagrant dans ce groupe où certaines versions sont dans une esthétique opposée.
Ah ? Pour moi ce groupe (le C) est au contraire assez homogène, avec des tempi rapides et une esthétique sonore datée. Pour moi, ça a été le groupe le plus difficile à classer (et le moins intéressant). Le plus hétérogène me semble être le groupe A. Pour ma part, j'ai également perçu dans ce groupe deux styles d'interprétation assez opposés. L'un, très appuyé, où on «romantise (?)» le propos, en exigeant un jeu perpétuellement sostenuto et où le trait est globalement grossi, surligné. L'autre, plus sobre, où à l'opposé, on adopte une approche « plus froide »,  par exemple en s'interdisant tout excès de vibrato ou en refusant le sostenuto systématique. C'est difficile de décrire cela de manière tout à fait rigoureuse, mais c'est en tout cas ce qui m'a servi de critère de classement. |
| | | Iskender Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2725 Age : 57 Localisation : Bretagne Date d'inscription : 11/08/2009
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 21:58 | |
| Voilà ; Anaxagore a très bien précisé ma pensée : je ne parlais pas de différences de son par rapport à la prise de son ou mais par rapport aux choix d'interprétation et j'avais aussi perçu ta perception à ces différences de pâte orchestrale dans tes commentaires Draffin. Après même si j'attends également une couleur plus épurée, de désolation, et pas du tout "romantisée", cela n'a pas été mon seul critère pour les 2, 3è et 4è places (d'autres paramètres sont rentrés en jeu concernant les passages forte), ce qui explique des différences de classement. |
| | | draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871 Age : 41 Date d'inscription : 29/01/2013
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Lun 4 Mai 2015 - 22:38 | |
| Bien sûr, j'entends aussi ces différences. Mais je les entends beaucoup plus dans le groupe A ! |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mar 5 Mai 2015 - 5:32 | |
| - Iskender a écrit:
- Voilà ; Anaxagore a très bien précisé ma pensée : je ne parlais pas de différences de son par rapport à la prise de son ou mais par rapport aux choix d'interprétation et j'avais aussi perçu ta perception à ces différences de pâte orchestrale dans tes commentaires Draffin.
Après même si j'attends également une couleur plus épurée, de désolation, et pas du tout "romantisée", cela n'a pas été mon seul critère pour les 2, 3è et 4è places (d'autres paramètres sont rentrés en jeu concernant les passages forte), ce qui explique des différences de classement. Oui, en réalité, si c'est mon premier critère, ce n'est pas le seul non plus . Après cela, j'attache aussi de l'importance au respect de la partition, à la correction technique et à la mise en place de l'orchestre, à la beauté de celui-ci et aussi à la prise de son (pour autant que je puisse en juger, n'ayant pas les compétences de Draffin en la matière). Et tout cela finit — je ne sais pas trop comment — par donner un classement . |
| | | Resigned Mélomaniaque
Nombre de messages : 1414 Age : 41 Localisation : Chemin des Errancis Date d'inscription : 27/08/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Mer 6 Mai 2015 - 10:43 | |
| Je vais probablement poser une réclamation à la fin du jeu car Mélo influence nos votes avec les noms qu'il donne aux versions.. franchement comparer du Roquefort au Gorgonzola ! Plus sérieusement j'ai eu beaucoup de mal avec mon groupe Croûtes Lavées qui est de haut niveau, mais je n'ai plus qu'à mettre en ordre mes notes, je serai dans les temps. - Spoiler:
C'est Livarot qui me cause des soucis, ce sacré colonel m'en fait voir de toutes les couleurs...
|
| | | Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580 Age : 50 Localisation : Vienne, l'iséroise Date d'inscription : 24/05/2010
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Jeu 7 Mai 2015 - 6:32 | |
| Voici ma contribution pour le groupe C des fromages à pâte dure. Désolé d'avoir été tardif, ce magnifique mouvement est si prenant qu'il supporte une interprétation moyenne et rend difficile une écoute concentrée, analytique et comparative. Il m'a fallut du temps pour être à peu près serein quant à mon choix. - Mes commentaires:
Beaufort - Une version a priori esthétique et séduisante, mais finalement crispante. Les grandes qualités de prise de son, d'équilibre, de timbres, sont entachées par quelques défauts assez saillants ; je pense en particulier à l'abominable piccolo à 4:32 qui perce les tympans que les vagues de cordes soyeuses avaient bercé au début du mouvement. Sans parler du raccord d'enregistrement bien audible entre 4:49 et 4:50. A mesure que les écoutes s'enchaînent, le terrain expressif s’aplatit. Certes le début est superbe, les grandes envolées de cordes nous emportent, mais ce lyrisme me semble noyer dans une musique qui s'exprime avec véhémence sans vraiment raconter grand chose, la violence d'un mouvement qui devrait être désespéré. En fait je ne sais pas si j'aime ou pas Comté - Décidément les enregistrements anciens me plaisent bien dans cette symphonie. Certes le son est perfectible, certes la flûte porte à elle seule tout le poids d'une génération surannée de vibratos parkinsoniens, mais le jeu est prenant, l'ensemble du mouvement est homogène. C'est sobre, c'est fin, ça s'écoute sans faim. Emmental - Si aux premières écoutes, les grandes envolées de corde de la première version me manquaient, aujourd'hui cette version m'est indispensable et je la déguste en laissant moisir le Beaufort au fond du réfrigérateur. L'orchestre réduit confère une intériorité qui me parait très à propos quant à l'aspect introspectif et angoissé du mouvement. C'est d'une beauté ! L'enregistrement est très précis, tous les instruments s'expriment dans la plénitude de leurs timbres ; la fin avec le célesta et la harpe est splendide. C'est très expressif sans être ni sur-joué, ni lyrique. Gruyère - Le son est aussi acide que l'orchestre est perfectible. Les violoncelles à partir de 9:30 sont atroces. Beurk! Rejet total. De toutes façons je n'aime pas le gruyère, ça me donne des aphtes.
- Mon classement:
J'ai un vrai problème avec le Beaufort. C'est beau, c'est fort, et en même temps ça manque de sincérité... ou plutôt c'est trop propre, je ne sais pas. Je le mets en 3, vu que de toutes façons il devrait finir premier de cette poule.
Emmental > Comté > Beaufort >> Gruyère
Merci pour l'emmental Mélo, dont la pâte délicieusement sombre a ravi le palais de mes oreilles.
Dernière édition par Pipus le Jeu 7 Mai 2015 - 21:01, édité 1 fois |
| | | Resigned Mélomaniaque
Nombre de messages : 1414 Age : 41 Localisation : Chemin des Errancis Date d'inscription : 27/08/2008
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Jeu 7 Mai 2015 - 18:40 | |
| Mon groupe des croûtes larvées. - Spoiler:
Au delà des choix de tempi, j'ai d'abord ressenti deux propositions dans l'usage de l'orchestre. L'une que je qualifierais d'ascétique qui peut prendre le risque d'ennuyer (Époisses, Livarot). L'autre que je qualifierais de luxuriante, qui prend le risque de sonner artificielle (Maroilles, Époisses). J'aurais du mal à expliquer de manière tangible ces ressentis. Je vais y revenir.
Époisses: Déjà , un grand confort d'écoute (mais c'est le cas des 4 versions). C'est la version la plus extrême dans ses choix, elle est vraiment éprouvante par sa lenteur, ses stridences. Je découvre l’œuvre, mais j'ai tout de suite su que c'est ce que j'attends pour ce mouvement. Cette version fait voir des paysages de désolations, c'est une lecture vraiment moderne. Le jeu est froid, déshumanisé, presque désincarné et tout est magnifiquement en place. Le second climaxe est d'une telle puissance! je rêve où il y a une mandoline?  Les coups de fouet sforzandos des contrebasses après le climaxe sont jouissifs et glaçants. Je n'attends rien de plus. Une épure d’époisses!
Livarot: Jusqu'au climaxe,  je ressens moins d'enjeu, l'ennui pointe parfois le bout de son nez... peut être ce jeu un peu trainant des cordes... l'orchestre un peu plus fragile. A la réécoute, cette première partie me parait plus humaine qu'Epoisses. c'est pour le coup très incarné (trop? hors-sujet?). Je ne suis pas insensible à cette fragilité, mais est-elle volontaire? Les climaxes ne sont pas exempt de reproches, le crescendo sur le second arrive un peu vite, c'est vraiment moins intense qu'Epoisses (et j’entends moins l'effet mandoline!). Par contre, la fin ahhh... elle est de toute beauté, avec cette harpe on se croirait dans Pelleas joué par des zombies... chaque note est distillée, l'attention ne faiblit pas... Alors ce côté "humain passé au rouleau compresseur et aboutissant à la désolation", on peut voir là la marque d'un vrai discours, mais je suis circonspect. Cette version m'a posé beaucoup de soucis!
Maroilles: C'est une très belle version, quel orchestre magnifique, mais alors elle sonne toujours un peu à côté de la plaque dans ses effets. Trop pastorale dans les parties bruissantes (la harpe trop en avant?), trop cinématographique dans les climaxes (on a l'impression d'un lit de cordes qui nous assure le confort où l'on voudrait ressentir l'effroi). Cette version semble dépeindre des splendeurs lorsque j'attends des ruines. Tout est un peu trop poseur, calculé aussi, mais avec des erreurs de calcul. Mais c'est une très belle version!
Munster: Là aussi l'orchestre en fait des tonnes... mais à cette vitesse ça me gêne moins, car on ressent une urgence absente des lectures plus lentes. J'avais d'abord écarté cette version qui était trop à l'opposé de mon idéal Époisses... mais je me suis ravisé. On pourrait craindre qu'à cette vitesse, le climaxe soit assez inconséquent. Mais ce n'est pas le cas, le chef sait retenir comme il faut, et c'est superbe, dantesque! On perd probablement quelque chose, un peu de mystère dans les parties calmes, mais c'est une telle baffe, et surtout quel orchestre, quelle précision!
Un très beau groupe. Face aux totales réussites dans leur genre que sont Époisses et Munster, Livarot ne perce pas et souffre de sa trop lente montée en régime selon moi (mais j'espère qu'elle passera car je sens que je viendrai à l'aimer de plus en plus).
Époisses > Munster > Livarot > Maroilles
|
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 8 Mai 2015 - 0:58 | |
| Je suis occupé à comparer les croûtes lavées, et c'est un déchirement . Aucune des versions de ce groupe ne mérite la disqualification . Il est pour moi de loin supérieur aux deux autres groupes. Cela ne va pas être simple de choisir la victime    ... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91769 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 8 Mai 2015 - 18:57 | |
| Groupe B, croûtes lavées: - Spoiler:
Epoisses
Très beau début, très sobre, les cordes sont froides et lumineuses à la fois. Rien à dire sur la suite, c'est parfait... comme quoi, parfois, il suffit de faire exactement ce qui est écrit pour avoir un résultat remarquable. Par contre, à 89, changement de tempo subi pas du tout demandé par la partition... Pas grand chose d'autre à dire, c'est vraiment remarquable, un incroyable tableau de désolation, exactement ce que je recherche dans ce mouvement.
Livarot
Tempo à peu près identique. Le son des cordes me plaît nettement moins, quelque chose d'un peu tristoune, c'est moins homogène aussi. Gros changement de tempo à l'arrivée de la harpe, pour moi cette accélération gâche tout. Quand les cordes reviennent, on reprend le tempo initial, donc sensation de ralentissement qui plombe un peu la progression. Avant 89, grosse accélération, puis on reprend le tempo, mais un peu trop fluctuant à mon goût, le xylophone s'y perd d'ailleurs et se retrouve légèrement en retard, c'est vraiment embêtant; d'autre part je n'entend pas les accents sur les violons lors de ce climax, dommage. La reprise à 93 est particulièrement belle je trouve, le crescendo et les violons dans l'aigü sont extrêmement expressifs.
Maroilles
Tempo tout à fait adéquat là aussi à mon sens. Je trouve le mf un peu fort à 77. Une mesure avant 78, problème d'édition sans doute, les altis jouent un sol# au lieu de sol bécarre. Aïe!... (c'est à 2'13-14) Au moins ici le tempo reste cohérent, pas de changement brutal à l'arrivée de la flûte et de la harpe. Je trouve le forte un peu soudain à 4'35. Beau climax. Très belle fin, sauf qu'on n'entend presque pas le célesta, dommage.
Munster
C'est assez beau... mais vraiment trop rapide pour moi. On peut dire que ça se défend, mais moi ça m'embête quand même. Tempo plus rapide encore au moment de la flûte et de la harpe... dommage. Le magnifique solo de hautbois en devient presque précipité, on perd vraiment l'essence de ce passage, de même quand la clarinette prend le relais. Je trouve que par moments ça devient inexpressif (7'12 à 7'46), et le climax perd de sa force. A 11'43, c'est vraiment joué en accéléré...
Epoisses a très largement ma préférence, et Munster est bon dernier, mais pour les deux autres je suis un peu embêté, ce sont deux excellentes versions avec quelques petites réserves... je vais mettre Maroilles devant pour sa cohérence.
Epoisses > Maroilles > Livarot > Munster
|
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91769 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 8 Mai 2015 - 18:58 | |
| - Resigned a écrit:
- Mon groupe des croûtes larvées.
Dégueulasse. |
| | | Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094 Age : 59 Date d'inscription : 06/01/2012
| Sujet: Re: Ecoute comparée : la Symphonie n°5 de Chostakovitch Ven 8 Mai 2015 - 20:54 | |
| L'heure est aux impressions, suite à la dégustation des croûtes lavées (groupe B) … - Spoiler:
Epoisses Le chef adopte un tempo très lent, un peu en deçà du 50 à la noire et il ne dérogera plus à cette règle de retenue jusqu'au bout du mouvement. Il évite assez systématiquement les « effets expressifs »; il y a peu de vibrato et le mezza-voce est presque constant. Très légère accélération à 79 avec une flûte totalement dépourvue de vibrato. Le crescendo à 81 est absolument magnifique. Accélération à 83, même si on demeure largement en dessous du 72 à la noire. À 86, les oppositions de tempi sont relativement respectées. Le crescendo vers le climax est impressionnant et très lent, et celui-ci éclate avec une froideur étonnante. Superbe entrée des cordes à 93 pour une conclusion et une coda qui meurent très lentement, à la limite du silence. Cette interprétation, sans concession, est d'une radicalité étonnante. Par sa retenue expressive et son parti pris de lenteur et de statisme assez uniformes, elle génère, comme peu d'autres, ce sentiment de solitude, de froideur et de désolation qui est, a priori, ce que je recherche dans ce largo. J'aime beaucoup  . Livarot Le largo est pris exactement au tempo demandé. On observe une nette accélération (non notée) à 79 pour une reprise du tempo lent à 81. Le Poco piu mosso est pris exactement au 72 à la noire et le contraste des tempi est observé à 86. De ce point vue, Livarot est davantage différencié qu'Epoisses qui était plus uniforme. Très beau hautbois pour le motif C à 84. Le climax est bien amené, mais moins impressionnant que celui d'Epoisses. L'entrée des cordes à 93 est splendide et elle introduit une récapitulation (si l'on suit l'analyse de Mélo) et une coda très lentes, mais là aussi, moins radicales que celles d'Epoisses. Le chef offre ici, lui aussi, une version au climat désolé, empreint d'une grande douceur et d'une grande tristesse, mais avec davantage de lyrisme et moins de froideur. Sa vision est moins radicale mais est défendue avec beaucoup de bonheur. J'aime  . Maroilles Le Largo est pris lentement, au 50 à la noire demandé. Sur l'ensemble du mouvement, on observe d'ailleurs une certaine uniformité des tempi, sans que cela ne se justifie par un parti pris radical, comme dans le cas d' Epoisses. De même, le jeu de l'orchestre est davantage soutenu. À 79, le chef évite l'accélération habituelle pour le motif b, de même que pour le Poco piu mosso qui est par contre là pris trop lentement. Très beau hautbois à 86. À 89,  climax d'une très grande ampleur (on y entend curieusement mieux le piano qu'ailleurs). À 93, la « récapitulation » est très belle, mais la coda manque un peu de mystère. Le chef nous offre ici une lecture davantage objective, un peu « désengagée », de ce mouvement, très aboutie sur le plan plastique, avec un orchestre de tout premier ordre. C'est très beau, mais cela souffre de la comparaison avec l'engagement des trois autres. J'aime néanmoins  . Munster Munster est de loin la plus rapide de toutes les versions du groupe. Elle est prise bien au-delà du 50 à la noire et elle adopte dans l'ensemble des tempi rapides, mais en respectant en général les contrastes demandés par le compositeur. Accélération non notée à 79 pour le motif b à la flûte. On notera la clarinette stridente qui ressort fortement à 82. Le Poco piu mosso est pris exactement au 72 à la noire demandé. Vu ce tempo rapide, le contraste à 50 au numéro 86 fonctionne très bien. Le climax ne manque pas de force en dépit de la vitesse. La conclusion du mouvement, dans la logique des tempi, est elle aussi très (trop) rapide. Le chef ici aux commandes donne une version plutôt originale de ce largo, servie par un excellent orchestre, enregistré en public et disposant d'un pupitre des cordes vraiment superbe. Le trait est nettement plus appuyé que dans Epoisses ou Livarot et l'ambiance ici créée est délibérément lyrique, mais sans le mauvais goût que j'ai pu déplorer ailleurs. C'est engagé et très cohérent. J'aime assez  . Etablir une hiérarchie dans ce groupe, constitué uniquement de versions superlatives, est un crève-coeur. J'ai eu beaucoup de mal et j'ai décidé de privilégier la diversité, en donnant les trois premières places aux versions les plus différentes. Sans hésitation aucune, je place Epoisses en première position pour sa radicalité et sa finition. Je classe Munster en deuxième position pour l'originalité de sa conception, même si celle-ci n'est pas celle qui m'agrée le plus. Je mets Maroilles en troisième position pour sa beauté plastique. Et c'est Livarot que je sacrifie, même si c'est avec beaucoup de regrets. Dans sa conception, elle est très proche d'Epoisses, mais sans la radicalité de celui-ci. Elle fait les frais de mon critère de diversité. Dans l'absolu, je la préfère à Maroilles et à Munster. Mais, face à Epoisses, elle n'a, pour moi, aucune chance dans ce mouvement. Je la sacrifie donc. Epoisses >> Munster > Maroilles > Livarot
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