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 Opéra d'Avignon 2015/2016

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calbo
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MessageSujet: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyDim 7 Juin 2015 - 17:34

http://operagrandavignon.fr/spectacles/saison-2015-2016/

Saison assez variée me semble-t-il. On se passerait bien de Carmen et de Lucia pour voir des raretés mais bon:hehe:

Comme je ne vais pas à Parme et que je ne ferai qu'une seule montée sur Paris (Zelmire) j'irai y faire un tour fin janvier pour Stuarda.
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Polyeucte
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyLun 25 Jan 2016 - 21:09

Splendide Maria Stuarda ce dimanche!
Ciofi époustouflante d'engagement et d'émotions. A la limite par moments, avec des aigus un peu difficiles... mais quel art des nuances, que de couleurs...
Deshayes impressionnante d'engagement avec un air d'entrée grandiose. Par la suite, un peu trop de gentillesse par moments mais que ce genre de rôle lui va bien!
Jordi très bien en Leicester, mais toujours un peu de mal avec Pertusi Embarassed

Et la partition est vraiment chouette! Very Happy
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyLun 25 Jan 2016 - 21:44

Polyeucte a écrit:
Splendide Maria Stuarda ce dimanche!
Ciofi époustouflante d'engagement et d'émotions. A la limite par moments, avec des aigus un peu difficiles... mais quel art des nuances, que de couleurs...
Deshayes impressionnante d'engagement avec un air d'entrée grandiose. Par la suite, un peu trop de gentillesse par moments mais que ce genre de rôle lui va bien!
Jordi très bien en Leicester, mais toujours un peu de mal avec Pertusi Embarassed

Et la partition est vraiment chouette! Very Happy

Pourtant il est dans son coeur de répertoire Confused
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyLun 25 Jan 2016 - 21:54

luisa miller a écrit:
Pourtant il est dans son coeur de répertoire Confused

Oui, mais je trouve que la voix a évolué dans un sens que je n'aime pas trop Confused
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyLun 25 Jan 2016 - 22:03

Chaque voix évolue à un moment ou à un autre. Ceci dit je reconnais que sa prise de rôle dans Forza (Guardiano) m'a quelque peu surprise puis sa future prise de rôle dans Don Carlo (Filippo II) a quelque peu tendance à m'inquiéter
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 26 Jan 2016 - 11:56

Et Alex, tu y as été finalement?
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 26 Jan 2016 - 13:12

luisa miller a écrit:
Et Alex, tu y as été finalement?

Allons donc, quelle question ! 'videmment Wink ...
Je mûris mes commentaires siffle .
(Déjà des recensions ici : http://www.concertclassic.com/article/maria-stuarda-de-donizetti-avignon-patrizia-di-scozia-compte-rendu & https://bachtrack.com/fr_FR/critique-maria-stuarda-patrizia-ciofi-karine-deshayes-luciano-acocella-opera-grand-avignon-janvier-2016 .)
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 12:54

Forumopera, à propos de Stuarda : http://www.forumopera.com/maria-stuarda-avignon-triomphe-de-deux-reines .
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 13:57

Des regrets de ne pas avoir pu y aller Confused . Visiblement, malgré la maladie, Ciofi et Jordi étaient excellents; quant à Pertusi, il a apparemment séduit tout le monde (sauf Poly Neutral .)
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 14:09

luisa miller a écrit:
quant à Pertusi, il a apparemment séduit tout le monde (sauf Poly Neutral .)

Ah oui mais ça c'est pas nouveau Confused
Déjà du temps de la Somnambule de Dessay à Bastille, j'avais pas vraiment aimé (timbre très gris j'avais trouvé).
Et depuis, je ne suis toujours pas convaincu pour d'autres raisons (Les Vêpres Siciliennes en extrait au TCE, Semiramide toujours au TCE...)

Je pense que pour Jordi, ça lui a valu d'être très prudent en première partie, où on avait vraiment l'impression que tout aigu avait disparu... la suite l'a retrouvé plus à l'aise là-dessus! Very Happy
Et Ciofi, elle a été magistrale... donc si elle est encore plus en forme ce soir, les chanceux vont avoir une soirée grandiose! bounce
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 14:20

Il faut dire aussi que dans Somnambule il n'était pas aidé par la mise en scène. Par contre quand tu dis "La somnambule de Dessay" ça me fait quelque peu sourire hehe : c'est elle qui a composé Sonnambula? Mr.Red
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 14:40

luisa miller a écrit:
Il faut dire aussi que dans Somnambule il n'était pas aidé par la mise en scène.
Je parle de la version de concert d'il y a un peu plus d'un an... dirigée par Pido

Citation :
Par contre quand tu dis "La somnambule de Dessay" ça me fait quelque peu sourire hehe : c'est elle qui a composé Sonnambula? Mr.Red
Avec Dessay...
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 27 Jan 2016 - 14:42

C'était une taquienrie Wink . On entend si souvent ce genre de chose que ça me chatouille toujours un peu que je lis ça Smile
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 2 Fév 2016 - 11:04

Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 2 Fév 2016 - 11:20

luisa miller a écrit:
Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red

Si ; et pas seulement (je n'y suis pas "réductible" de manière mathématique tu sais, hein Wink ) !
Je manque "simplement" de temps...
(En revanche, le jour où ça va "tomber" Shit ...)
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 2 Fév 2016 - 11:35

bAlexb a écrit:
luisa miller a écrit:
Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red

Si ; et pas seulement (je n'y suis pas "réductible" de manière mathématique tu sais, hein Wink ) !
Je manque "simplement" de temps...
(En revanche, le jour où ça va "tomber" Shit ...)

Fais attention à toi quand même. N'oublie pas qu'à l'occasion on doit se retrouver à l'Opéra de Lyon Smile
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 2 Fév 2016 - 11:41

luisa miller a écrit:
bAlexb a écrit:
luisa miller a écrit:
Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red

Si ; et pas seulement (je n'y suis pas "réductible" de manière mathématique tu sais, hein Wink ) !
Je manque "simplement" de temps...
(En revanche, le jour où ça va "tomber" Shit ...)

Fais attention à toi quand même. N'oublie pas qu'à l'occasion on doit se retrouver à l'Opéra de Lyon Smile

Je saurai me faire discret et raser les murs siffle ...
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 2 Fév 2016 - 11:50

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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 8:51

luisa miller a écrit:
Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red

Fallait pas réclamer !

Avignon : Maria Stuarda comme un vitrail

Froid le vitrail ; transparent ? C’est faire peu de cas de sa couleur ; c’est, surtout, ignorer que l’art du maître-verrier est un art du feu. Qui s’y expose et doit à la fois le tromper – le détromper ? – l’apprivoiser surtout, le dompter en réalité et savoir à l’avance, non seulement l’objectif qu’il veut atteindre, mais encore quelle(s) couleur(s) surgira/surgiront de la grisaille, une fois l’épreuve du four passée.

Si Maria Stuarda – rôle et œuvre, en réalité – veut convaincre, il faut patiemment lui monter un bûcher au lieu du billot traditionnel ; il faut en agiter les brandons, souffler sur ses braises ; en activer aussi les ressorts sans brûler ses vaisseaux. Eh ! Malibran tout de même pour la création à la Scala en 1835 – et Ronzi de Begnis avant elle ; fameux précédents. Soit : une « carte de Tendre » qui n’a de tendre que le nom et jette, au contraire, les traits d’un paysage accidenté, d’une authentique dramaturgie à asseoir peut-être moins sur des moyens – ou alors sur des moyennes : voix ET tempérament, chant ET théâtre –, que sur des visions, presque au sens médiumnique du terme.

La Stuarda d’Avignon ?

Elle, n’a de scénique que l’expérience, électrique du direct ; mais en concert, tout est à inventer. Du dessin à la couleur, tout est à brosser à larges traits ou suivant une logique de détails ; art du peintre, art du maître-verrier, déjà – donner à voir, de loin, ce qui est autant un tout que la somme des parties. Ce à quoi s’entend bien Luciano Acocella, qui chante et respire large avec sa troupe, en dépit d’un chœur par trop sec et d’un orchestre qui n’évite pas quelques décalages, des attaques où les contours – le plomb du vitrail, qui contraint la ligne – émousse la netteté.

Parties fortement engagées : qu’il s’agisse de la tendre Anna de Ludivine Gombert, authentique sœur de l’héroïne et vraie porteuse de lumière – la « vierge sage » de la Bible ; qu’il s’agisse du Cecil de Yann Toussaint, autoritaire et vipérin.

Respect au Talbot de Michele Pertusi : père noble sans langue de bois, élocution claire et éloquence à l’avenant, sans faux-semblant, silhouette ET corps, profondément engagé, c'est-à-dire à plusieurs dimensions – homme, chanteur et personnage. Mention à Ismail Jordi qui chante fier, haut dans le masque, beau squillo peut-être bridé par quelque chose qui ressemblerait à une petite méforme – haut médium friable. Mais qu’a à dire Leicester ? Si peu, en fait ; sauf à être le faire-valoir – le porte-voix, en réalité – des deux reines affrontées.

Affrontées, c’est bien le mot ; et pas adossées. Pas renvoyées dos-à-dos, ce qui serait trop simple ; même absente, l’une toise – et putoise : comme on anime le fond d’une céramique, autre art du feu infiniment savant – l’autre et conduit… sa conduite, si ce n’est son chant. C’est l’Elisabetta de Karine Deshayes, d’abord : tempérament fier, tessiture parfaitement assumée, rigide juste autant que le personnage le demande. Sonore ; sonore mais chez qui le son peut, peut-être, paraître aujourd’hui finalité plus que moyen – médium, encore ; mais Deshayes n’est pas encore tout à fait de la race des pythonisses, des visionnaires quand elle s’avère, en revanche, une artiste devant laquelle on s’agenouille comme devant une Vestale confiante/confidente. Se plaindre alors que la mariée soit bien (trop) belle ? Certes pas ; et il serait autant criminel que de mauvaise foi de bouder un plaisir réel, puissant.

Reste la Stuarda de Patrizia Ciofi. La voilà, l’authentique verrière : à la fois artisan et fin en soi, moyen et œuvre d’art. Ciofi est complète dans le sens où elle paraît avoir atteint, aujourd’hui, le plein épanouissement non seulement de son instrument – lui nourri, et large, et élargi – mais encore de son art, que de subtils mouvements de va-et-vient – travail d’horloger, là ; pointu, méticuleux – désignent autant comme pensée que comme matière. Science et conscience en quelque sorte ; mais comme un tout, comme l’empilement organique d’efflorescences successives et suggestives – Ciofi impose hautement la scène au concert, de manière irréfragable. Ciofi est donc autant verrière quand elle dirige son instrument que lorsque l’on considère l’instrument comme une matière colorée dans la masse. Trait et couleur, étude et œuvre finie, porteuse et de son sens et de sa propre lumière : tout se confond dans cet ensemble puissant et bruissant, incandescent par lui-même. Là où certains entendent un timbre voilé, il est permis de distinguer le sfumato intensément poétique qui nimbe les lointains des paysages toscans ; soprano sfumato, soprano sfogato aussi, c'est-à-dire libre – et ce n’est pas le moindre des paradoxes s’agissant d’un art que l’on sent/sait, par ailleurs, parfaitement contrôlé, si ce n’est contraint ; chant informé d’une érudite qui sait aller chercher dans l’arbre généalogique de Donizetti pour comprendre d’où il vient et ce qu’il annonce. Sfogato qui suffirait presque à qualifier toutes les dimensions d’un chant où tient un personnage et inversement : sforgarsi con – se confier, s’épancher –, et sfogarsi su –, se défouler. De « Nube che lieve » à un « Figlia impura di Bolena », l’un embrasse où l’autre claque et tranche comme le « bacio di Tosca » ; sans parler d’une mort qui sonne – dans tous les sens du terme – comme un coup d’arrêt, autant que comme un moment suspendu, si ce n’est un passage.

Fameuse Stuarda, au sens de la « fama » latine : légende et renommée !


Dernière édition par bAlexb le Mer 3 Fév 2016 - 18:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 9:52

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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 11:47

bAlexb a écrit:
luisa miller a écrit:
Alex n'a pas aimé Stuarda apparemment hehe . Pourtant il y avait sa Patrizia chérie Mr.Red

Fallait pas réclamer !

Avignon : Maria Stuarda comme un vitrail

Froid le vitrail ; transparent ? C’est faire peu de cas de sa couleur ; c’est, surtout, ignorer que l’art du maître-verrier est un art du feu. Qui s’y expose et doit à la fois le tromper – le détromper ? – l’apprivoiser surtout, le dompter en réalité et savoir à l’avance, non seulement l’objectif qu’il veut atteindre, mais encore quelle(s) couleur(s) surgira/surgiront de la grisaille, une fois l’épreuve du four passée.

Si Maria Stuarda – rôle et œuvre, en réalité – veut convaincre, il faut patiemment lui monter un bûcher au lieu du billot traditionnel ; il faut en agiter les brandons, souffler sur ses braises ; en activer aussi les ressorts sans brûler ses vaisseaux. Eh ! Malibran tout de même pour la création à la Scala en 1835 – et Ronzi de Begnis avant elle ; fameux précédents. Soit : une « carte du tendre » qui n’a de tendre que le nom et jette, au contraire, les traits d’un paysage accidenté, d’une authentique dramaturgie à asseoir peut-être moins sur des moyens – ou alors sur des moyennes : voix ET tempérament, chant ET théâtre –, que sur des visions, presque au sens médiumnique du terme.

La Stuarda d’Avignon ?

Elle, n’a de scénique que l’expérience, électrique du direct ; mais en concert, tout est à inventer. Du dessin à la couleur, tout est à brosser à larges traits ou suivant une logique de détails ; art du peintre, art du maître-verrier, déjà – donner à voir, de loin, ce qui est autant un tout que la somme des parties. Ce à quoi s’entend bien Luciano Acocella, qui chante et respire large avec sa troupe, en dépit d’un chœur par trop sec et d’un orchestre qui n’évite pas quelques décalages, des attaques où les contours – le plomb du vitrail, qui contraint la ligne – émousse la netteté.

Parties fortement engagées : qu’il s’agisse de la tendre Anna de Ludivine Gombert, authentique sœur de l’héroïne et vraie porteuse de lumière – la « vierge sage » de la Bible ; qu’il s’agisse du Cecil de Yann Toussaint, autoritaire et vipérin.

Respect au Talbot de Michele Pertusi : père noble sans langue de bois, élocution claire et éloquence à l’avenant, sans faux-semblant, silhouette ET corps, profondément engagé, c'est-à-dire à plusieurs dimensions – homme, chanteur et personnage. Mention à Ismail Jordi qui chante fier, haut dans le masque, beau squillo peut-être bridé par quelque chose qui ressemblerait à une petite méforme – haut médium friable. Mais qu’a à dire Leicester ? Si peu, en fait ; sauf à être le faire-valoir – le porte-voix, en réalité – des deux reines affrontées.

Affrontées, c’est bien le mot ; et pas adossées. Pas renvoyées dos-à-dos, ce qui serait trop simple ; même absente, l’une toise – et putoise : comme on anime le fond d’une céramique, autre art du feu infiniment savant – l’autre et conduit… sa conduite, si ce n’est son chant. C’est l’Elisabetta de Karine Deshayes, d’abord : tempérament fier, tessiture parfaitement assumée, rigide juste autant que le personnage le demande. Sonore ; sonore mais chez qui le son peut, peut-être, paraître aujourd’hui finalité plus que moyen – médium, encore ; mais Deshayes n’est pas encore tout à fait de la race des pythonisses, des visionnaires quand elle s’avère, en revanche, une artiste devant laquelle on s’agenouille comme devant une Vestale confiante/confidente. Se plaindre alors que la mariée soit bien (trop) belle ? Certes pas ; et il serait autant criminel que de mauvaise foi de bouder un plaisir réel, puissant.

Reste la Stuarda de Patrizia Ciofi. La voilà, l’authentique verrière : à la fois artisan et fin en soi, moyen et œuvre d’art. Ciofi est complète dans le sens où elle paraît avoir atteint, aujourd’hui, le plein épanouissement non seulement de son instrument – lui nourri, et large, et élargi – mais encore de son art, que de subtils mouvements de va-et-vient – travail d’horloger, là ; pointu, méticuleux – désignent autant comme pensée que comme matière. Science et conscience en quelque sorte ; mais comme un tout, comme l’empilement organique d’efflorescences successives et suggestives – Ciofi impose hautement la scène au concert, de manière irréfragable. Ciofi est donc autant verrière quand elle dirige son instrument que lorsque l’on considère l’instrument comme une matière colorée dans la masse. Trait et couleur, étude et œuvre finie, porteuse et de son sens et de sa propre lumière : tout se confond dans cet ensemble puissant et bruissant, incandescent par lui-même. Là où certains entendent un timbre voilé, il est permis de distinguer le sfumato intensément poétique qui nimbe les lointains des paysages toscans ; soprano sfumato, soprano sfogato aussi, c'est-à-dire libre – et ce n’est pas le moindre des paradoxes s’agissant d’un art que l’on sent/sait, par ailleurs, parfaitement contrôlé, si ce n’est contraint ; chant informé d’une érudite qui sait aller chercher dans l’arbre généalogique de Donizetti pour comprendre d’où il vient et ce qu’il annonce. Sfogato qui suffirait presque à qualifier toutes les dimensions d’un chant où tient un personnage et inversement : sforgarsi con – se confier, s’épancher –, et sfogarsi su –, se défouler. De « Nube che lieve » à un « Figlia impura di Bolena », l’un embrasse où l’autre claque et tranche comme le « bacio di Tosca » ; sans parler d’une mort qui sonne – dans tous les sens du terme – comme un coup d’arrêt, autant que comme un moment suspendu, si ce n’est un passage.

Fameuse Stuarda, au sens de la « fama » latine : légende et renommée !

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Très beau CR qui mériterait sa place dans une revue internet Very Happy
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 14:13

Je suis toujours impressionné par la maîtrise, chez Alex, à la fois du polyptote et de la paronomase. Very Happy

Mais si une âme tendre pouvait remplacer "carte du Tendre", par "carte de Tendre" comme le veut la tradition (et Mlle de Scudéry ...) Oui, ok, je sors ... Embarassed

Edit : et j'apprends au passage le sens de putoiser (je suis le seul à qui il échappait, j'imagine. Re Embarassed )
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 14:28

Francesco a écrit:
Je suis toujours impressionné par la maîtrise, chez Alex, à la fois du polyptote et de la paronomase. Very Happy
Moi je suis toujours impressionné par le style Very Happy
(enfin là j'ai aussi appris deux mots! Mr.Red)

Citation :
Mais si une âme tendre pouvait remplacer "carte du Tendre", par "carte de Tendre" comme le veut la tradition (et Mlle de Scudéry ...) Oui, ok, je sors ... Embarassed

Et comme il est indiqué dans Cinq-Mars de Gounod... (oui, je fais ma pub!)

Citation :
Edit : et j'apprends au passage le sens de putoiser (je suis le seul à qui il échappait, j'imagine. Re Embarassed )
Et de trois! siffle
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bAlexb
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMer 3 Fév 2016 - 18:02

Francesco a écrit:
Mais si une âme tendre pouvait remplacer "carte du Tendre", par "carte de Tendre" comme le veut la tradition (et Mlle de Scudéry ...) Oui, ok, je sors ... Embarassed

La modif' a été faite et dans le bon sens ; c'était bien le moins silent ...

Francesco a écrit:
Je suis toujours impressionné par la maîtrise, chez Alex, à la fois du polyptote et de la paronomase. Very Happy

C'est moche de se moquer, tu sais Shit ...
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luisa miller
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 EmptyMar 22 Mar 2016 - 18:36

Mais je crois que Francesco est sincère et absolument pas moqueur Wink kiss .

Est ce que quelqu'un est allé voir Lakmé ou y va ce soir?
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MessageSujet: Re: Opéra d'Avignon 2015/2016   Opéra d'Avignon 2015/2016 Empty

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