Comme promis voici le CR du concert de vendredi :
Habitué de la Région Poitou Charentes depuis la création en 2011 du festival Ré Majeure qui se déroule sur l'île de Ré pour l'ascension ou la pentecôte, Les musiciens du Louvre et Marc Minkowski posent leurs valises à La Coursive le temps d'une soirée. Au programme de ce concert Marc Minkowski a programmé un répertoire que l'orchestre connait parfaitement : des œuvres de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et de Jean Philippe Rameau (1683-1764).
Si Don Juan ou le festin de pierre de Christoph Willibald Gluck (1714-1787) n'est pas son œuvre la plus connue, en effet le public connait mieux Orphée et Erurydice ou les deux Iphigénie (En Aulide et en Tauride), elle offre de très belles pages à entendre. Dès le début de la soirée Marc Minkowski, visiblement survolté par le succès de Platée à l'Opéra de Paris (la dernière représentation en avait été donnée la veille), prend les rennes du concert. Très inspiré et théâtral, le public réagit d'ailleurs bien et des rires se font entendre de temps à autre, il conte Don Juan ou le festin de pierre avec moult détails. Par ailleurs il dirige le chef d'oeuvre de Gluck d'une main ferme; et si la battue du chef est assez spéciale, pouvant parfois paraître inconoclaste aux yeux des puristes, elle est efficace, dynamique et les musiciens suivent avec une précision millimétrée.
Après une courte pause, Marc Minkowski revient sur scène pour diriger «Une symphonie imaginaire» de Jean Philippe Rameau (1683-1764). Avant d'entamer la seconde partie, le chef prend le temps d'expliquer ce qu'est cette «symphonie imaginaire» à un public attentif et visiblement conquis : Il ne s'agit pas d'une œuvre symphonique en elle même mais d'un assemblage des plus belles pages instrumentales des opéras et œuvres instrumentales de Rameau. Ainsi nous découvrons ou redécouvrons des œuvres telles Zaïs, Platée, justement, Dardanus, Hippolyte et Aricie, Castor et Pollux, Les Boréades, Les Indes galantes, Le temple de la gloire ou La naissance d'Osiris par exemple; on y trouve aussi, dans cette symphonie imaginaire, un concert instrumental, écrit à l'origine pour sextuor, mais transcrit ici pour orchestre. Marc Minkowski dirige avec une allegresse et une joie de vivre si communicatives que ses musiciens font danser la musique avec gourmandise. Et d'ailleurs, emporté par la musique, le chef ne peut s'empêcher de danser sur son podium tout comme le timbalier lorsque l'orchestre entame l'entrée des sauvages des Indes galantes.
Visiblement ravi, le public réserve un accueil très chaleureux aux Musiciens du Louvre et à leur chef qui concèdent deux bis en fin de concert : un menuet extrait de Platée et, lancée par le timbalier, l'entrée des sauvages. Minkowski dirige le second bis à demi tournée vers le public qui joue le jeu et frappe des mains en cadence. Les responsables de La Coursive lancent leur saison musicale sur une excellente note.
La Rochelle. La coursive, le 9 octobre 2015. Christoph Willibald Gluck (1714-1787) : Don Juan ou le festin de pierre; Jean Philippe Rameau (1683-1764) : Une symphonie imaginaire. Les musiciens du Louvre; Marc Minkowski, direction.