Autour de la musique classique

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 Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques

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MessageSujet: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 30 Oct 2015 - 0:21


Smile Un sujet dédié aux quatre Suites d'orchestre et aux diverses pièces symphoniques.

Attention avant de poster ici, il existe déjà des topics consacrés aux ballets, aux symphonies et aux ouvertures, auxquels on se confiera en priorité pour ce qui les concerne.
On y accède par les liens ci-dessous :

Tchaïkovsky
Ballets | Ouvertures | Symphonies: Général + n°3 / n°4 / Manfred / n°5 / n°6 | Intégrale Brilliant Classics

Relèvent donc notamment du présent topic :

La Tempête, fantaisie Op. 18
Marche Slave, Op. 31
Francesca da Rimini, fantaisie Op. 32
Capriccio italien, Op. 45
Sérénade pour cordes, Op. 48
Fatum, fantaisie Op. 77
Le Voïvode, ballade Op. 78
Les quatre Suites Op. 42, 53, 55 et 78 "Mozartiana"

On pourra aussi causer de morceaux de bravoure tirés d'oeuvres complètes mais qui ont acquis une certaine autonomie, comme la Polonaise et la Valse de l'opéra Eugène Onéguine.

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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 30 Oct 2015 - 1:14


Smile Je viens de réécouter diverses versions des Suites.
Pour les quatre, Dorati a enregistré une magnifique proposition, qui dépasse le formalisme pour transformer ces vignettes en petits bijoux d'éloquence multicolore, tour-à-tour gracieux et fougueux.
L'exigeante baguette du chef hongrois sait éviter la mièvrerie, et obtient ce qu'elle veut d'un Philharmonia en grande forme et superbement capté.
Pour la Suite n°3, parmi les vénérables interprétations que j'ai entendues ce soir, c'est Schuricht qui s'impose.
Je vous offre son enregistrement du Tema con Variazioni. Mettez un casque pour le Finale, ça déménage sec.
Voici le lien à télécharger :
https://yadi.sk/d/PRuMOpSpk7TiK santa


Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Suites d'orchestre n°1 en ré mineur Op. 43, n°2 en ut majeur Op. 53

Introduction & Fugue - Divertimento - Intermezzo - Marche miniature - Scherzo - Gavotte

Jeu de sons - Valse - Scherzo burlesque - Rêves d'enfant - Danse baroque


= Antal Dorati, Philharmonia Orchestra

(Decca, août 1966)

drunken

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Suite d'orchestre n°3 en sol majeur Op. 55

Élégie - Valse mélancolique - Scherzo - Tema con variazioni

= Adrian Boult, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire

(Decca, juin 1955)

Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques Tchaik18


Suite d'orchestre n°3 en sol majeur Op. 55 : Tema con variazioni

= Adrian Boult, Orchestre philharmonique de Londres


(Emi, juin 1974)

Smile Le précédent enregistrement parisien conserve un certain charme pour ses saveurs acidulées, mais sur les autres paramètres le remake londonien l'emporte : élégance, virtuosité (les cordes !), couleurs éclatantes, souplesse, panache !
Et en soliste, l'archet de Rodney Friend s'avère plus spectaculaire que Pierre Nerini.
Ajoutons que la prise de son EMI brille de mille feux ! Euphorisant !
bounce

Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques Tchaik19


Suite d'orchestre n°3 en sol majeur Op. 55 : Tema con variazioni

= Carl Schuricht, Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire


(Decca, juillet 1952)

Very Happy Quelques mois avant Boult, Schuricht avait déjà enregistré cette pièce avec le même orchestre, par comparaison méconnaissable : là où le maestro anglais obtenait une discipline très relative des pupitres parisiens, la poigne du chef allemand en soutire une virtuosité très prussienne.
colors Et les bois s'avèrent encore bien plus savoureux dans cette prise de son proche et sculpturale.
Une incroyable leçon de brio, qui rutile des éperons jusqu'aux épaulettes. Etourdissant dans le Finale !
 compress

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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 30 Oct 2015 - 1:23

Belle initiative, Mélo ! mains

Ces oeuvres 'mineures' de Tchaikovsky sont pleines de vie, de sève et de couleurs. Un peu 'trashy' par moments, mais c'est comme la barbe-à-Papa, je n'ai encore découvert personne qui crachait dessus hehe .

La plus substantielle de ces oeuvres est probablement l'imposante Fantaisie symphonique Francesca da Rimini. Il en existe de multiples versions, mais celle qui ressort du lot pour moi reste celle de Charles Munch avec le Royal Philharmonic (dont les volutes infernales sont encore plus délétères que dans sa version avec les Boston Symphony). Munch est littéralement dément dans ces pages.

Une autre version à rendre baba-gaga est celle de Markevitch dirigeant des Berliner Philharmoniker possédés (DGG 1953, dans une splendide prise de son). Pour un goût différent, mais tout aussi intense, la ferveur et le désespoir de Svetlanov en concert à Tokyo sont à mettre au crédit d'une version très 'Mack Truck'. Et pour une version 'Francesca da Rimini visits Downton Abbey', je ne saurais conseiller mieux que la somptueuse interprétation de Bernard Haitink et du Concertgebouworkest, facilement la mieux enregistrée de la discographie.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 30 Oct 2015 - 1:46


Smile Merci André, très intéressant (et amusant hehe ) tes commentaires sur ces versions de Francesca, une oeuvre fort bien servie dans la discographie.
J'aime beaucoup l'enfer glacial de Markevitch avec l'orchestre Lamoureux chez DG (il l'enregistra aussi avec le Philharmonia chez Philips).
Parmi les interprétations hautes en couleurs et d'une imagination débordante, n'oublions pas Stokowski chez Everest.
Pour l'heure, voici celle que j'ai réécoutée ce soir, avec une étreignante lecture de Roméo & Juliette, dirigée par Golschmann.

Un témoignage qui ne révolutionne peut-être pas la hiérarchie au catalogue, mais très attachant.

Voici le lien pour en profiter :
https://yadi.sk/d/FxSTyin-k7U3h  santa

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Francesca da Rimini, fantaisie symphonique en mi mineur Op. 32
Roméo et Juliette, ouverture-fantaisie en si mineur

= Vladimir Golschmann, Orchestre symphonique de Saint Louis

(Capitol, février 1953)

Smile Pas moyen de vanter la virtuosité de l'orchestre du Missouri, et pourtant de son corps-à-corps avec ces partitions se dégagent une urgence et même une éloquence que n'atteignent pas des phalanges plus aguerries.
Dans Francesca, les tourbillons infernaux s'avèrent ainsi assez émouvants parce qu'éperdus.
Et les amants de Vérone brûlent ici d'un feu ravageur, -leur étreinte s'enfièvre d'une singulière détresse, passionnelle quoique fragile, mais qui luttera jusqu'au bout.


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Horatio
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptySam 7 Nov 2015 - 8:06

Un Roméo et Juliette absolument fabuleux, dont je ne saurais plus me passer : celui de Kondrashin à la tête du Philharmonique de Moscou. Il n'est pas le plus furieux des chefs à aborder cette pièce, mais certainement l'un de ceux qui ont le plus de choses à en dire. Ne nous focalisons pas sur les deux célèbres thèmes qui sont la carte de visite de cette fresque symphonique, et malheureusement trop souvent ses uniques points d'emphase : de vrais trésors se nichent dans les humeurs transitoires - et Kodrashin, justement, y excelle, y fait preuve d'une rare subtilité. Il faut l'écouter construire et entretenir la tension avant que le thème guerrier ne fasse sa première irruption : impossible de ne pas retenir son souffle avant de dégainer son poignard, de ne pas se sentir gagné par l'inquiétude rampante. Et dans la seconde moitié, avec quelle maestria il mêle les différents motifs et sentiments, en un flux contrasté à la progression inexorable. Ce drame, ce n'est pas des violons qui larmoient sur quelques lourds accords cuivrés, mais une concentration inébranlable vers un dénouement fixé d'avance.
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Walther
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMar 10 Nov 2015 - 13:41

Pour les œuvres symphoniques courtes de Tchaikovsky, il y a deux compilations en double CD que je conseillerais :

- l'anthologie bien connue de Dorati chez Decca : http://www.amazon.co.uk/1812-etc-Peter-Tchaikovsky/dp/B000004234/ref=sr_1_8?s=music&ie=UTF8&qid=1447158135&sr=1-8&keywords=tchaikovsky+dorati+decca. Très bonne globalement, mais surtout pour les œuvres moins connues : on a déjà entendu des Capriccios italien plus subtils et lyriques que celui-là, et l'Ouverture 1812 est étrangement pépère sous la baguette de Dorati (difficile de croire que c'est le même chef que dans la version Mercury !)

- et la compilation de Philips Duo partagée entre différents chefs (Markevitch pour Francesca et 1812, Haitink pour Roméo et Juliette, et Inbal pour tout le reste) : http://www.amazon.fr/gp/product/B0000041AG?keywords=tchaikovsky%20philips&qid=1447158656&ref_=sr_1_28&s=music&sr=1-28
Dans cette anthologie, on trouve même la super rare ouverture L'Orage (The Storm) d'après Ostrovsky ! Inbal (avec l'Orchestre de la radio de Francfort) se montre excellent, il n'y a que le Roméo de Haitink que je trouve trop tiède.

On remarquera que les deux labels prennent soin de mettre en avant sur la couverture la présence de l'Ouverture 1812... Question subsidiaire à Philips : cette ouverture est-elle vraiment un poème symphonique ?

Pour la suite n°3, la version live de Kondrachine au Concertgebouw parue il y a 20 ans chez Emergo est souvent considérée comme une référence (comme les Danses symphoniques de Rachmaninov en complément). Il faut croire que la qualité se paie, vu les prix où ce CD est vendu d'occasion sur Internet !
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bAlexb
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMar 10 Nov 2015 - 13:48

Il n'y a pas que du "court", ici (Manfred, quand même), mais cette anthologie par Maazel/Vienne & Cleveland est d'une qualité "d'allant" et de fini qui la rend très très recommandable : http://www.amazon.fr/dp/B00FNM3LBU/ref=wl_it_dp_o_pC_S_ttl?_encoding=UTF8&colid=114WXMK86J3S4&coliid=I3MUKGTRPAZUZ6 .
Et puis il y a celle-ci qui, pour le son, sa présence (sa présence paroxystique), pour sa démonstrativité échevelée (un orchestre qui joue à plein et même, parfois, à marche forcée), vaut son pesant de sucettes : http://www.amazon.fr/Tchaikovsky-Capriccio-Beethoven-Wellingtons-1995-11-14/dp/B013GVYN2A/ref=sr_1_1?s=music&ie=UTF8&qid=1447159495&sr=1-1&keywords=tchaikovsky+1812+mercury .
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMar 10 Nov 2015 - 22:13

Walther a écrit:
On remarquera que les deux labels prennent soin de mettre en avant sur la couverture la présence de l'Ouverture 1812... Question subsidiaire à Philips : cette ouverture est-elle vraiment un poème symphonique ?

Vu son caractère programmatique, ça paraît assez évident, non ? De toute façon, je n'ai jamais bien vu la différence entre les ouvertures programmatiques (hors musiques de scène bien sûr) et les poèmes symphoniques. Tu en ferais une ?


Citation :
Pour la suite n°3, la version live de Kondrachine au Concertgebouw parue il y a 20 ans chez Emergo est souvent considérée comme une référence (comme les Danses symphoniques de Rachmaninov en complément). Il faut croire que la qualité se paie, vu les prix où ce CD est vendu d'occasion sur Internet !

Pour les 1 et 2 (les meilleures Cool ), Fedoseyev avec l'Orchestre Tchaïkovski est assez renversant d'intensité et de typicité.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 13 Nov 2015 - 13:21

DavidLeMarrec a écrit:
Walther a écrit:
On remarquera que les deux labels prennent soin de mettre en avant sur la couverture la présence de l'Ouverture 1812... Question subsidiaire à Philips : cette ouverture est-elle vraiment un poème symphonique ?

Vu son caractère programmatique, ça paraît assez évident, non ?  De toute façon, je n'ai jamais bien vu la différence entre les ouvertures programmatiques (hors musiques de scène bien sûr) et les poèmes symphoniques. Tu en ferais une ?

Perso j'hésiterais à dire que 1812 est un poème symphonique car :
- mis à part son passage lyrique (un peu à la Dvorak), on ne peut pas dire que cette œuvre soit tellement "poétique" à l'écoute. Ce n'est pas une critique, je l'aime beaucoup telle qu'elle est, et d'ailleurs la France est un des rares pays où elle est systématiquement dénigrée (à cause de l'évocation de la raclée subie par Bonaparte, de la même façon que ça gênait certains que le terminal d'une ligne ferroviaire reliant Paris et Londres soit à la gare Waterloo à Londres Bad) )
- en général un poème symphonique ne s'inspire pas d'un fait historique, mais d'un support littéraire, voire pictural (La Bataille des Huns de Liszt). En tout cas c'était le cas au XIXe siècle, même si en gros ça a commencé à évoluer avec les derniers poèmes de Richard Strauss (Une vie de héros, Sinfonia domestica) et le dernier de Dvorak (Le chant du héros) où le compositeur évoque en fait sa life de façon plus ou moins masquée.

Quant aux ouvertures programmatiques, ce sont plus ou moins des poèmes symphoniques avant l'heure (avant que Liszt ait "inventé" le genre), ex. Coriolan de Beethoven ou la Belle Mélusine de Mendelssohn, ou qui n'osent pas dire leur nom (Roméo et Juliette de Tchaikovsky).[/quote]

[/quote]
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 13 Nov 2015 - 21:47

Walther a écrit:
Perso j'hésiterais à dire que 1812 est un poème symphonique car :
- mis à part son passage lyrique (un peu à la Dvorak), on ne peut pas dire que cette œuvre soit tellement "poétique" à l'écoute.

Je ne crois pas que ce soit une contrainte du poème symphonique : le terme de poème est vraiment à prendre dans le sens large de « composition » (au sens pictural et littéraire) figurative. Il n'impose pas du tout un type d'émotion, il désigne seulement un type de composition guidée par la narration ou la description.

Donc 1812, contrairement aux ouvertures pot-pourri ou purement formelles, correspond parfaitement à la visée du poème symphonique : montrer.



Citation :
d'ailleurs la France est un des rares pays où elle est systématiquement dénigrée (à cause de l'évocation de la raclée subie par Bonaparte, de la même façon que ça gênait certains que le terminal d'une ligne ferroviaire reliant Paris et Londres soit à la gare Waterloo à Londres Bad) )

Napoléon est assez largement mal vu en France (où l'on aime de toute façon dénigrer, fût-ce soi-même hehe ), je ne crois vraiment pas que ce soit le problème.

À mon avis, ce mépris provient plutôt d'une forme de position idéologique vis-à-vis des architectures figuralistes ou narratives (qui ne sont pas de la musique pure) : 1812 est trop imitatif pour être de la véritable musique.

(Moi j'adore ce débordement rhapsodique mais très progressivement articulé de thèmes irrésistibles, et je me suis toujours bien moqué de ce que la critique légitime pouvait dire de mes goûts – surtout vu ses propres angles morts…)



Citation :
- en général un poème symphonique ne s'inspire pas d'un fait historique, mais d'un support littéraire, voire pictural (La Bataille des Huns de Liszt).

Parce que les romantiques aiment ça, mais il y a des tas de contre-exemples possibles, je ne vois pas pourquoi ce serait consubstantiel au genre : que les références littéraires soient majoritaires n'interdit pas à d'autres poèmes symphoniques d'évoquer l'histoire, les paysages, l'avancée des sciences et techniques, etc.



Citation :
Quant aux ouvertures programmatiques, ce sont plus ou moins des poèmes symphoniques avant l'heure (avant que Liszt ait "inventé" le genre), ex. Coriolan de Beethoven ou la Belle Mélusine de Mendelssohn, ou qui n'osent pas dire leur nom (Roméo et Juliette de Tchaikovsky).

Coriolan était prévu pour précéder la pièce de Collin (même si sa création a eu lieu en concert), me semble-t-il. 

Mais oui, je suis d'accord avec ça, c'est même tout mon propos. Very Happy
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMer 20 Jan 2016 - 16:32

A venir courant Février :
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Annely Peebo (mezzo-soprano) & Vsevolod Grivnov (tenor)
MDR Sinfonieorchester & MDR Chor, Kristian Järvi

Very Happy
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MessageSujet: La sérénade pour cordes   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMer 9 Mar 2016 - 21:04

J'ai besoin d'un conseil avisé au sujet de la sérénade pour cordes (opus 48). il y a quelques années, j'en avais téléchargé Embarassed une version sur internet qui ne mentionnait ni l'orchestre ni le chef, donc pas terrible pour situer l'enregistrement. C'est la seule version que je possède donc pour moi c'est un bon enregistrement mais je n'ai rien à quoi la comparer. J'ai entendu hier soir le premier mouvement de la version enregistrée par Karajan et le Berliner (vers 1980 il me semble) qui a été présentée comme une des références pour cette sérénade. j'étais en voiture donc je l'ai écoutée d'une oreille distraite mais ça m'avait en effet l'air pas mal (on connaît la beauté des cordes du Berliner).
Que pensez vous de cet enregistrement ? Et sinon, y a t-il une version ULTIME de cette pièce ?
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMer 9 Mar 2016 - 21:15

Ultime, non, mais moins germanisant que Karajan, oui. Pour ma part, c'est Ozawa avec le Saito Kinen auquel je trouve le plus de lyrisme, de tension, de poésie et de relief. Mais c'est peut-être difficile à trouver aujourd'hui hors coffret, dans ce cas il y a la version d'Entremont avec l'Orchestre de Chambre de Vienne, dont la conception est assez proche (pas cher chez Naxos).

Et puis, si tu veux vraiment de grosses cordes, plutôt que Berlin, il y a Bashmet et les Solistes de Moscou, tout aussi démesuré mais plus slave de ton.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyJeu 10 Mar 2016 - 9:14

Merci pour ces conseils ! en cherchant sur internet, j'ai trouvé tout ça. Ce sont bien les versions dont tu parlais ? J'ai trouvé sur youtube une version live par Bashmet et les solistes de Moscou, ça sonne bien en effet, je vais essayer de trouver les autres pour me faire une idée mais celle-là me plaît bien.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyJeu 10 Mar 2016 - 11:32

DavidLeMarrec a écrit:
Pour ma part, c'est Ozawa avec le Saito Kinen auquel je trouve le plus de lyrisme, de tension, de poésie et de relief.  

Avoue, c'est le couplage qui te plaît...
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyJeu 10 Mar 2016 - 11:37

Roderick a écrit:
DavidLeMarrec a écrit:
Pour ma part, c'est Ozawa avec le Saito Kinen auquel je trouve le plus de lyrisme, de tension, de poésie et de relief.  

Avoue, c'est le couplage qui te plaît...

Hors question d'esthétique proprement dite, le couplage Karajan (sérénades de Tchaikovski & Dvorak) me paraît très pertinent ; le plus pertinent, même, avec celui d'Entremont.
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Roderick
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyJeu 10 Mar 2016 - 11:40

C'était juste une boutade suite à la confession de David qui disait avoir écouté la petite musique de nuit sur le fil ad hoc. Mais je m'en voudrais de flooder sur ce fil plus longtemps, je Arrow
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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyVen 11 Mar 2016 - 0:49

bAlexb a écrit:
Hors question d'esthétique proprement dite, le couplage Karajan (sérénades de Tchaikovski & Dvorak) me paraît très pertinent ; le plus pertinent, même, avec celui d'Entremont.

C'est le plus fréquent aussi. (Je n'ai pas écouté le couplage d'Ozawa. hehe )
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptySam 25 Mar 2017 - 2:38

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Francesca da Rimini, fantaisie Op. 32

= Leopold Stokowski, Orchestre philharmonique de New York

(Everest, octobre 1958)

Smile Second des trois enregistrements publiés que Stokowski réalisa de cette fantaisie dantesque.
Le premier en novembre 1947 avec le même orchestre pour les micros de Columbia, le troisième en octobre 1974 avec le London Symphony, pour Philips.
On peut ici apprécier une interprétation bouillante à souhait, qui pousse à l'incandescence les brasiers infernaux, et cisèle avec tendresse les ultimes ébats des amants maudits.
Prise de son superlative, notamment en termes d'espace, de relief, de finesse.
Un haut lieu de la discographie tchaikovskienne.
Par gourmandise, j'ai aussi écouté le Hamlet en complément de programme, dirigé avec un romantisme tout aussi ardent
pirat

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Jaky
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptySam 25 Mar 2017 - 7:10

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Francesca da Rimini, fantaisie Op. 32

= Leopold Stokowski, Orchestre philharmonique de New York

(Everest, octobre 1958)

Smile Second des trois enregistrements publiés que Stokowski réalisa de cette fantaisie dantesque.
Le premier en novembre 1947 avec le même orchestre pour les micros de Columbia, le troisième en octobre 1974 avec le London Symphony, pour Philips.
On peut ici apprécier une interprétation bouillante à souhait, qui pousse à l'incandescence les brasiers infernaux, et cisèle avec tendresse les ultimes ébats des amants maudits.
Prise de son superlative, notamment en termes d'espace, de relief, de finesse.
Un haut lieu de la discographie tchaikovskienne.
Par gourmandise, j'ai aussi écouté le Hamlet en complément de programme, dirigé avec un romantisme tout aussi ardent
 pirat



Aussi bouillante que la version laissée au Philharmonia en 1962 par Giulini? Il est le seul à me faire apprécié cette page jusqu'à maintenant.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptySam 25 Mar 2017 - 14:13

Merci Mélo pour cette recommandation. J'ai beaucoup de Stokowskis mais pas sa Francesca. Je vais voir à ça!

Charles Munch à la tête du Royal Philharmonic en donne aussi une vision hallucinante (superbe prise de son, meilleure que l'enregistrement RCA à Boston).

La version la plus survoltée que je connaisse est celle de Vyacheslav Ovchinnikov, le compositeur (bien connu pour ses musiques de films (Guerre et Paix de Bondarchuk et quelques Tarkovskys, dont Andreï Rublev). Ses symphonies sont superbes.

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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyDim 26 Mar 2017 - 23:01

Jaky, au sujet de la Francesca par Stokowski chez Everest, a écrit:

Aussi bouillante que la version laissée au Philharmonia en 1962 par Giulini? Il est le seul à me faire apprécier cette page jusqu'à maintenant.


Smile Par bouillant, j'entends surtout théâtral.
Les plages de lyrisme énamouré, les turbulences démoniaques, Stokowski nous raconte ça avec son génie de la mise en scène.
Dans les bourrasques de la partition, je trouve les chefs à foucade vite fatigants et bruyants ; la distanciation sert mieux le propos, à condition de pas virer dans le désinvestissement.
Et dans cette version new yorkaise la magie a opéré.
Dans mon souvenir Giulini signa aussi une très bonne version. Sa narration relève d'un autre art (plus châtié) que celui de Stokowski, mais effectivement l'intensité de cette session avec le Philharmonia a produit un témoignage tout aussi marquant, même si moins charismatique.

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Bruno Luong
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyLun 24 Juil 2017 - 11:34

Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques A1030111

J'ai écouté avec beaucoup de plaisir en streaming ce disque ci-dessus qui regroupe La Sérénade pour Corde et Souvenir de Florence et 3 bonbons arrangés par le chef et celliste Wolfgang Emanuel Schmidt, l'orchestre est Metamorphosen de Berlin.

Il est temps que je remplace le vieux disque de Naxos avec Entremont.

J'ai aussi écouté le disque de "The Russian Virtuosi of Europe" qui me semble plus ordinaire.
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyDim 12 Nov 2017 - 1:18

Du fil «Tchaïkovsky: les ballets»:
Benedictus a écrit:
Ah tiens, puisque ce topic est remonté... Vu que je commence à supporter les symphonies, je pourrais peut-être essayer les ballets, non? Si oui, vous voyez des versions «pour moi»?
DavidLeMarrec a écrit:
Heu, non. Des momenrts dans la Belle au Bois, passe encore…
Écoute plutôt les Suites (surtout les deux premières, les plus sombres, les plus riches, les moins jouées), dans une version soviétique. Very Happy
Benedictus a écrit:
Pas sûr d'avoir compris: tu me conseilles d'écouter les deux premières Suites pour orchestre (opp. 43 et 53) au lieu d'écouter les ballets, ou tu me conseilles de me limiter aux deux premières suites de La Belle au bois dormant?
DavidLeMarrec a écrit:
Non, non, les Suites pour orchestre. Les ballets, ça s'écoute en entier, pas de pitié. tutut  Après, tu peux écouter simplement la dernière heure de la Belle au Bois (avec le grand Pas d'action et l'Apothéose sur l'air de Vive Henri IV) ou les danses nationales de Casse-Noisette… mais je doute que ça t'enthousiasme pour autant.

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Suite nº1 en ré mineur, op. 43
Alexander Dmitriev / Orchestre Philharmonique de Leningrad
1978
Melodiya


Très déconcerté par l’objet.

Parce qu’en effet, avec l’Introduzione e Fuga de cette Suite, je me suis dit: voilà quelque chose pour moi! L’introduction est sombre et menaçante, et puis ensuite cette fugue dense qui va fouiller la matière orchestrale - en plus, avec une vraie sonorité soviétique méchante...

Le Divertimento et l’Intermezzo commencent eux aussi plutôt pas mal, dans le genre ambigu pour l’un, sombre pour l’autre, mais tout cela devient chorégraphique et lumineux, malgré encore quelques accès d’humeur noire. Bon, pourquoi pas, ça ressemble un peu aux Danses symphoniques de Rachmaninov (que j’aime bien.)

Mais là-dessus, la Marche miniature me cueille vraiment à froid: du sirupeux, j’étais prévenu - mais du trop-mimi-choupinou comme ça? What the fuck ?!? Et toute la fin est à l’avenant, entre le Scherzo mi-gracieux, mi-pétulant, et puis les jolis entrechats de la Gavotte. Évidemment, ce n’est pas trop ma came, encore que ce ne soit pas désagréable à écouter (c’est Tchaïkovski, donc on peu au moins prendre plaisir aux trouvailles d’orchestration.)

Mais, passé l’effet de surprise, je me demande surtout quel est le concept de cette Suite, parce qu’entre le début sombre, dense et méchant et les trois derniers mouvements, tellement gentils, il y a un tel écart...

Sinon, la 2ᵉ Suite est vraiment pour moi? Parce que, vu les titres des mouvements, j’ai des doutes...
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyDim 12 Nov 2017 - 1:32

David aurait pu te conseiller aussi la Mozartiana, l'inanité de ses recommandations n'en aurait été que plus flagrante  fleurs

Moi je t'imagine plutôt dans l'univers sombre et tourmenté des poèmes symphoniques : Francesca da Rimini, mais aussi ceux qu'on entend moins souvent (La Tempête, Voïevode...)

Enfin, vu que c'est ici un topic discographique, je me demande si on ne ferait pas mieux d'en parler là : https://classik.forumactif.com/t4936p1000-si-j-aime-2#bottom


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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyDim 12 Nov 2017 - 10:16

Oui et non: j'ai déjà écouté Francesca, Roméo, La Tempête (pas sûr pour le Voïvode, en revanche) et j'ai moins aimé que le premier mouvement de cette Suite (et même que les trois premiers). Les poèmes symphoniques sont d'une veine beaucoup trop narrative et figuraliste pour me plaire.
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyMar 1 Jan 2019 - 20:01

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

-jolies valses-

= Morton Gould, Orchestre symphonique de Chicago

(RCA, novembre 1965 - janvier 1966)

Smile Lac des Cygnes, Casse-noisette, Belle au Bois dormant, Sérénade pour cordes, Eugène Onéguine, et même la Symphonie n°5.
En trois quarts d'heure, toutes les grandes valses de Piotr sont ici au rendez-vous, dans une interprétation roborative et spectaculaire.


Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques 20180220
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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyDim 19 Jan 2020 - 23:34

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques Mzolom10
Catégorie orchestrale -rang 157°/250



Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques Svetla10
Ievgueni Svetlanov (1928-2002)


Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Sérénade pour cordes en ut majeur, Op. 48

= Ievgueni Svetlanov, Orchestre symphonique d'État d'URSS

(Melodiya, 1970)

Smile Cette Sérénade reste une des plus appréciées du répertoire, avec celle d'Antonín Dvořák, dont elle partage le même charme mélodique. Les emprunts au folklore se circonscrivent ici au Finale, et signent un compromis entre influence occidentale (en l'occurrence, austro-allemande, principalement Mozart) et racines slaves. Elle fut rapidement écrite, en octobre 1880, sans sollicitation externe. Comme Tchaikovsky l'avoua à sa mécène Nadejda von Meck, elle fut entreprise de son propre chef, par besoin personnel, et il aima terriblement le résultat, espérant une prompte publication, qui advint en janvier de l'année suivante.
Je l'avais découverte voilà longtemps, parmi mes premiers achats de vinyle, avec Karajan et son robuste Berliner Philharmoniker (DG). De toutes les versions entendues depuis, je n'ai jamais trouvé mieux qu'Eugene Ormandy et ses pulpeux archets de Philadelphie (CBS, avril 1960), aussi virtuose que somptueux, en pleine pâte. Pour me disculper d'apprécier une matière aussi grasse (mais suprêmement agile !), rappelons que le compositeur se défiait des lectures chambristes et souhaitait un effectif aussi large que possible. Même des enregistrements typiquement russes, comme celui de Iouri Bachmet (RCA), se plient à cette invitation d'ampleur, tout en préservant une diction idiomatique (mais hélas parfois imprécise). La version que j'ai choisie, je la situe au sommet avec celle du chef hongrois. On peut s'avérer surpris d'une approche ouvertement romantique, aux tempi fort mesurés, d'une consistance certes épaisse mais dont la viscosité se coule avec une parfaite malléabilité dans le fin calibrage de la partition. Surtout, Svetlanov ne joue pas comme un exercice néoclassique, ou comme une abstraction graphique (deux écueils, à mon sens) mais ose exploiter tout le potentiel expressif, ne négligeant aucun affect. Sous sa baguette, les notes rayonnent du noyau, l'ancrage émotionnel transcende la polyphonie. De quoi saturer le pathos de l'Élégie, d'exacerber la moindre inflexion de lyrisme. Mais le maestro sait aussi déchainer des orages aussi réglés qu'impressionnants, comme on peut le vérifier dans le Finale. Certes la trame est parfois large, le ton souvent bourru, le grain toujours dilaté, -on n'est pas là pour ciseler les bonnes manières (Svetlanov n'est pas Marriner, on s'en doute), mais partition en main, cette interprétation ne laisse rien dans l'ombre, et surtout maximise le charisme de cet opus. Le massif relief de la captation est à l'avenant de cette roborative prestation, face à laquelle la plupart des autres paraissent fades et chétives.

La Pezzo in forma di sonatina répond à une forme-sonate simplifiée (sans développement), bi-thématique, et bouclée en symétrie (précédée et conclue d'une introduction lente). Andante con moto, des accords solennels mais émus s'étalent en polyphonie, émancipant une poignante mélodie qui, après une ascension (0'31), s'épanche aux violoncelles et contrebasses et culmine sur un trait arraché fff (1'03). Nouvelle escalade liminaire, cette fois aux violons (1'06), qui réinstaure la même mélodie ff (tandis que les basses se taisent) puis amenuisée f à l'octave inférieure (1'31). Le flux s'éteint (1'54) par spasmes.
S'élance alors le premier thème principal, épitritique (valeur faible sur le second pied) de l'allegro moderato (2'33, répété à 2'49) qui devient plus inquiet (3'06) sur une anxieuse broderie de double-croches aux violoncelles, instillant des zébrures et des tourments très schumanniens. La séquence se décline à 3'21 et 3'36, puis l'épitrite alterne aux violoncelles (3'50) et premiers violons, alors que les seconds et les altos assurent les broderies en double-croches. Violons et altos stimulent des influx en escalier (4'05) qui concluent vigoureusement cette section en saturant la tessiture médiane.
S'enclenche alors le second thème (4'17), en sol majeur, qui évoque cette fois Mendelssohn par son caractère vif et léger, reconnaissable à son staccato égrené par violons et altos sur pizzicati des cordes graves, qui se fluidifie ensuite (4'32) dans une veine plus lyrique. Une plainte surnage aux violons (4'52) puis en écho aux violoncelles (4'56), dont la coupe rappelle l'épitrite du premier thème. La tension monte par des pizzicati resserrés (5'06) puis de puissantes scansions arco (5'21). Les violons pincent des motifs descendants (5'42), en crescendo, avant une péroraison empesée (5'49) qui signale la fin de cette section.
La réexposition ramène le premier thème (6'14) exploitant les mêmes procédés, puis le second (7'56) mais désormais dans la tonalité princeps d'ut majeur, et à l'octave inférieure, ce qui contraste d'autant avec la plainte (8'31), qui elle sonne à la quarte supérieure de son précédent énoncé (à 4'52) : l'ambitus écartelé creuse l'expressivité. Après avoir mené à terme le second thème, Tchaikovsky réinvite l'Andante initial (9'51) qui au lieu de s'étioler à la fin, évolue majestueusement vers un large accord fortississimo (11'07), auquel Svetlanov, après un silence, rajoute un plancher de cadence (11'01) étranger à la partition !

Sans introduction, la succincte mais charmante Valse s'inscrit dans un moderato où le compositeur déroule d'emblée une suave mélodie dont il a le secret, au grave des premiers violons, en sol majeur. Soudain l'accompagnement s'interrompt (0'20), les violons à la tierce semblent un moment tétanisés, enrayés, ressassant une guirlande ivre de son tournoiement initial. Les altos s'agitent opiniâtrement (0'35) comme pour relancer l'air aux violons qui au gré d'une exquise figuration (0'52) se figent sur un trémolo tel une soprano colorature. La mélodie surgit alors aux violoncelles.
En si mineur, la section centrale (1'13) confronte des séquences de gammes descendantes aux violons et des trépignements de violoncelles et basses, nourries de contrechant, avant une reprise de la première section (1'53) dont la trame s'enrichit de broderies d'altos. Nouvel épisode d'extase aux violons seuls (2'10), d'opiniâtretés d'altos (2'25), envolée (2'43), reprise aux violoncelles (2'46). L'incipit du thème se décante successivement aux altos, premiers et seconds violons (3'09). Conclusion aux grâces sinueuses (3'24) paraphée par des pizzicati (3'35).

De structure tripartite (A-B-A), l'Élégie s'installe dans un larghetto fervent. Trois séquences (0'18, 0'38, 0'57) s'initient par une ascension des violons et altos, chacune construite comme une variation du même thème, articulée en soufflet autour d'un crescendo-decrescendo, et s'achevant dans une tonalité irrésolue. Une cinquième section (1'18) culmine enfin sur un accord de ré majeur ff (1'30). Durant cette première partie, on a l'impression d'assister à une cérémonie religieuse, comme une prière qui résonne du chœur des fidèles. Mais on quitte alors l'église pour le théâtre : le poco più animato (1'40) organise des pizzicati en triolets où les violons (1'47) viennent chanter un air éminemment lyrique, comme importé d'une scène d'opéra, et qui se transfère aux altos et violoncelles (2'10) en enflant, surligné par un éloquent trille des violons (2'30). Cet air revient minorisé aux violoncelles seuls (2'47), suivis en canon par les premiers violons, sur un hachurage des seconds et altos et sur pédale des basses qui attise la tension harmonique. Même procédé à 3'08 mais la strette débouche sur une bouffée passionnelle ff (3'27) qui va se résorber par une récession des altos largamente (3'45), -ceux-ci reprennent l'air lyrique (4'00), en majeur, creusé par les violoncelles et guilloché par les violons en doubles-croches, comme un trio vocal. C'est au tour des violons en tutti de reprendre la cantilène (4'24) qu'ils vont porter à son paroxysme, l'étirant en crescendo vers l'aigu (jusque contre-si !, 4'43). Après ce sommet de l'arioso digne d'une diva belcantiste, les violoncelles assurent le ressac (5'05), puis les violons (5'26) qui se précipitent dans une broderie (5'41) à découvert, laquelle s'alentit et s'éteint dans un pianissimo.
Retour à la partie introductive, qui semble répéter les quatre cycles ascendants (6'07, 6'24, 6'44) mais le quatrième (7'01) se distingue au contraire par sa courbe dépressionnaire, suivie de douloureux accords césurés, qui ensuite s'affaisse (7'32) successivement à chaque pupitre, des violons jusqu'aux cordes graves. Cette morbidité rappelle l'Adagio lamentoso de la Symphonie pathétique, surtout quand les contrebasses émettent une sourde cavitation en triolets (8'11), supportant le passage le plus audacieux et accablé de toute cette élégie, et la polyphonie la plus complexe : une litanie transparaît mezza-voce aux altos et violoncelles, torturée par les deux groupes de violons, qui expirent trois râles (8'51) dont le dernier s'affaiblissant. Trois sereins accords en tutti (9'11) clairsèment altos et violons, jusqu'à une lévitation éthérée (9'38) où l'accord de ré décline au firmament et s'éteint sur un quadruple pianissimo (10'00).

Pour le Finale, Tchaikovsky utilise deux airs traditionnels, qu'il avait employés dans ses Cinquante chansons populaires russes TH. 176, respectivement les 28° et 42°.
Aucun hiatus avec l'élégie précédente, puisque l'Andante débute sur une tenue dans la même tonalité de ré perchée à l'aigu des violons. La première chanson, Sur la verte prairie, se dégage (0'10), se répète dans la tessiture medium (0'43). L'épanalepse de la section centrale de cette chanson (0'30) se trouve inversé à 1'16, et décomposé à 1'27 (réduction par noires devenues croches). Répétition en anaphore de ce court motif à 1'38 et 1'45. Après un silence, les violons le reprennent pour lancer l'Allegro con spirito en ut majeur (1'53), et il se trouve que l'accroche procéleusmatique (quatre brèves) de cette mélodie constitue l'attaque de la seconde chanson, Sous le pommier vert (on admire ici l'habileté transitionnelle à créer un pont en métamorphosant une fraction de la première chanson !) La mélodie se revigore à l'unisson des violons (2'06) et culmine sur une véhémente désinence (2'13) qui s'effiloche en pizzicati (2'16) tandis que les cordes graves vont résonner de la seconde section (arquée) de la chanson. Le second thème de l'Allegro, en mi bémol, se déploie aux violoncelles (2'26) puis à l'aigu des violons (2'46) sur une divagation des altos et violoncelles. Mais la contagieuse chanson du pommier dissipe le lyrisme et se reforme à 2'59 (dans un passage conflictuel électrocuté par des accords vertement arrachés aux différents pupitres) puis 3'34 aux violoncelles, en contrepoint avec le second thème aux violons, qui le font circuler par bribes (3'47) tandis que l'influx de la chanson du pommier tressaute aux cordes graves, comme un feu qui couve sous la braise. La chanson jaillit aux violons (4'13) et se réplique aux cordes graves, par deux fois. Suit un fugato bouillant d'ardeur (4'27) d'une extrême virtuosité, qui précède une réexposition de l'Allegro : chanson aux violons et altos (4'46), pizzicati de transition (5'08), thème lyrique aux violoncelles (5'17), aux violons (5'37), passage conflictuel qui aboutit à un treillage en doubles-croches entrecroisées (6'22) puis une série d'accords minorisés.
Après un silence s'exhume l'Andante (6'33) qui introduisait la Sérénade ! Une ascension en triolets et trémolo (7'01, il n'y a que Tchaikovsky pour oser un effet aussi sirupeux...) duplique la série d'accords mais le rythme s'accélère et la fougueuse chanson du pommier resurgit (7'21) -on s'aperçoit a posteriori que le thème qui ouvrait l'œuvre (les trois notes descendantes) était une agrégation de l'incipit de cette chanson ! Bien conscient de la plastique de cette entêtante rengaine, le compositeur en épuise les virtualités et lui laisse le soin de conclure, en la triturant encore jusqu'à la fin (7'47), dans une liesse échevelée.


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MessageSujet: Re: Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques   Tchaikovsky : Suites d'orchestre + divers opus symphoniques EmptyLun 23 Mar 2020 - 1:15

Mélomaniac, in playlist, a écrit:

Piotr I. Tchaikovsky (1840-1893) :

Sérénade pour cordes en ut majeur, Op. 48

= Semyon Bychkov, Orchestre philharmonique de Berlin

(Philips, octobre 1991)

Smile Un disque 100% crincrin, où les cordes denses de Berlin offrent robustesse, cohésion et malléabilité, où Bychov anime ses archets
avec beaucoup de précision (on se rappelle sa méticuleuse lecture de la Symphonie n°5 de Chostakovitch avec le même orchestre).
Mais il manque ce soupçon de séduction et de charisme qui caractérise les meilleures interprétations,
étant dit que parmi mes versions de chevet je n'ai jamais trouvé mieux qu'Ormandy à Philadelphie (CBS).


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