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| | Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) | |
| | Auteur | Message |
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hommepiano Mélomaniaque
Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
 | Sujet: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Dim 15 Nov 2015 - 17:52 | |
| Andrei Yakovlevich Eshpai compositeur russe décédé il y a 1 semaine à l'âge de 90 ans.
"Elève d'Aram Khachaturian et de Nikolaï Myaskovsky, le vétéran de la Seconde Guerre mondiale Andrei Eshpai est l'auteur d'une œuvre abondante, comprenant neuf symphonies, écrite dans un style vigoureux et naturel."
- il a étudié le piano au Conservatoire de Moscou de 1948 à 1953 avec Vladimir Sofronitsky - il a étudié la composition avec Nikolaï Rakov, Nikolaï Miaskovski et Evgeny Golubev. - Il a effectué son troisième cycle avec étude chez Aram Khachaturian de 1953 à 1956. - Il était le fils du compositeur Yakov Andreyevich Eshpai, et le père du cinéaste Andrei Andreyevich Eshpai.
principales oeuvres :
"Personne est plus heureux que moi", opérette à l'livret par V. Konstantinov et B. Ratser. (1968-1969) "L'amour est interdit", musicale (1973) "Angara", ballet (1974-1975) "Un cercle", ballet (1979-1980) Neuf symphonies Deux concertos pour piano Quatre concertos pour violon (. N ° 4 de 1993) [6] Viola Concerto (1987) Concerto pour violoncelle Concerto pour flûte (1992) [7] Concerto pour hautbois Concerto pour Contrebasse (1994-5) Symphonic Dances "Concerto Grosso», Concerto pour orchestre avec trompette solo, Piano, Vibraphone et contrebasse (1966-7) Trois sonates pour violon Compositions pour piano Chansons
source : wikipedia __________ j'écoute sa symphonie Andrei Eshpai, Symphony No.7 (1991-92) The USSR State Symphony Orchestra, Eugeniy Svetlanov (Conductor)
watch?v=pQrMzfrNNMc
je vous conseille l'écoute, chers xavier, david et les nombreux membres de classikforumaktif __________ Andrei Eshpai: Concerto Grosso - Odense Symfoniorkester Concerto Grosso», Concerto pour orchestre avec trompette solo, Piano, Vibraphone et contrebasse (1966/67)
watch?v=UTwrurr0Vm4 __________ Andrei Eshpai (1925-2015) : "Angara" ballet (1976) 1/2. watch?v=Z1fxbfTCjn4 2/2. watch?v=J_qV-7-YXxk __________ Andrei Eshpai (1925-2015) : Symphony No. 5 en un Movement (1987) watch?v=Nmqxrtjg7hQ __________ Andrei Eshpai "Symphony No.8" watch?v=baGLYrPMabE __________ ANDREI ESHPAI (1925- 2015): Symphony No. 1: Finale, "Allegro vivace festivo" 1959 watch?v=JTylYCbB-Q8 |
|  | | Анастасия231 Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13656 Age : 29 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
 | Sujet: Andreï Eshpaï (1925-2015) Mar 23 Aoû 2016 - 20:04 | |
| Andreï Eshpaï en 1968 Un compositeur russo-soviétique, mort le 8 novembre passé. Sa musique reste très marginalisée dans les salles de concert en Occident, victime comme tant d'autres du Star-System ambiant. Il existe peu de disques disponibles, ce qui rend sa découverte encore plus difficile auprès des mélomanes. Du côté de la Russie, c'est à peine mieux grâce aux commémorations de son anniversaire dans la capitale de la république Marii Ioshkar-Ola et dans sa ville natale Kozmodemiansk, au bord des rives de la Haute-Volga.
Je souhaiterais rendre justice à ce grand compositeur en créant ce topic qui, je l'espère, pourra guider quelque peu les curieux qui s'aventurent dans la musique silencieuse ("Allons-nous offrir aujourd'hui le goulag du silence à ce qui a survécu hier au goulag de la pensée ?", citation de Frans Lemaire dans La musique du XXème siècle en Russie et dans les anciennes Républiques soviétiques, Librairie Arthème Fayard, 1994 (p. 369)).
Commençons d'abord par un peu de biographie : Andreï Eshpaï naquit le 15 mai 1925 dans l'ancienne cité de Kozmodemiansk, à l'intérieur de la république autonome Marii au sein de la RSFSR (République Socialiste Fédérative Soviétique de Russie). Son père, Yakov Andreïevitch Eshpaï (1890-1963), était l'un des premiers compositeurs professionnels mariis. Il était aussi chef de chœur, folkloriste et éducateur. Il composa la première œuvre purement instrumentale mariie, collectait des chants folkloriques de sa région natale et, pendant de nombreuses années, enseignait à l'institut national marii du langage, de la littérature et de l'histoire dans la capitale Ioshkar-Ola. La maison de la famille Eshpaï était un lieu très fréquenté par les musiciens, les artistes, les écrivains ainsi que par d'autres intellectuels. C'était dans cet environnement enrichissant que le jeune Andreï put grandir artistiquement. La famille Eshpaï s'installa à Moscou en 1928, où le père Yakov entra au Conservatoire. Pendant ce temps, Valentina Konstantinova, la mère d'Andreï, étudiait à l'institut pédagogique de Moscou. Valentin Eshpaï, le fils aîné, reçut ses premières leçons de musique. Peu après, son frère cadet montrait rapidement des prédispositions pour l'art d'Euterpe. Trois ans plus tard, toute la famille retourna à Ioshkar-Ola, ce qui les sauva indirectement de l'ethnocide culturel de la capitale soviétique. Les réunions musicales étaient fréquentes, à cette époque, dans la maison des Eshpaï. Trois grands musiciens leur rendirent visite au cours de l'année 1935 : Marian Koval (1907-1971) et Victor Bely (1904-1983), deux compositeurs russes, dont l'un était un fervent activiste socialiste, ont eu une profonde influence sur le développement de la musique soviétique dans les années 1940-1950. Ils étaient membres de l'association russe de la musique prolétarienne dans les années 1920, avant la création de la monolithique Union des Compositeurs Soviétiques. Le troisième visiteur était Ferenc Szabo (1902-1969). Compositeur hongrois d'origine mais communiste dans l'âme, il dut émigrer en URSS en 1932 à cause de ses convictions politiques. Il devint une figure respectée de la vie musicale soviétique dans les années 1940. Ces visites marquèrent l'esprit du jeune Eshpaï et le poussèrent à parfaire ses connaissances musicales à l'institut pédagogique Gnessine à Moscou, de 1934 à 1941, avec notamment Valeria Listova pour le piano. La Seconde Guerre Mondiale interrompit ses études musicales et le jeune homme décida de servir dans l'armée soviétique entre 1943 et 1946 (il participa à l'entrée de l'armée rouge à Berlin). De retour à Moscou, entre 1946 et 1948, il étudia le piano avec R. Chervina. Parallèlement, Eshpaï étudia la composition de manière autodidacte. Il entra finalement au Conservatoire de Moscou en automne 1948, où son professeur de composition n'était autre que l'illustre Nikolaï Yakovlevitch Miaskovsky (1881-1950), figure majeure de la symphonie soviétique. En classe d'orchestration, il eut comme professeur Nikolaï Petrovitch Rakov (1908-1990). Dix-sept ans auparavant, Rakov composa une Suite Marii pour orchestre basée sur des chants folkloriques recueillis par Yakov Eshpaï. Nikolaï Petrovitch était sincèrement touché par la musique du peuple Marii et était fortement ravi d'avoir le fils Eshpaï dans sa classe. En retour, Andreï fut un étudiant dévoué. C'était durant ces années passées avec Rakov qu'Eshpaï écrivait sa Suite pour clarinette et des Pièces Faciles pour piano sur des thèmes folkloriques des peuples de la région de la Volga. Dans la classe de Miaskovsky, il produisit sa première œuvre symphonique importante, les Danses Symphoniques sur des thèmes mariis (1950). Après la mort de son vénérable professeur, Eshpaï acheva ses études de composition dans la classe d'Evguéni Golubev (1910-1988), futur professeur d'Alfred Schnittke. Pendant cette période, Eshpaï composa une Passacaille à la mémoire de N. Y. Miaskovsky pour orgue (1951). Il poursuivit en parallèle ses études de piano auprès de l'illustre pianiste russe Vladimir Sofronitsky (1901-1961). Ses œuvres pour piano seul, écrites durant ses études pianistiques poussées, nécessitent une technique instrumentale relativement exigente, à l'image de la Première Sonate en ré mineur (1950). Deux ans plus tard, peu avant la fin de ses études musicales supérieures, Andreï Eshpaï devint membre de l'Union des Compositeurs Soviétiques. Il reçut son diplôme de composition au Conservatoire de Moscou l'année suivante et fut admis en classe de perfectionnement chez Aram Ilitch Khachaturian (1903-1978). C'était sous l'influence de ce dernier qu'Eshpaï compléta ses premières œuvres personnelles, attachées principalement à l'esthétisme français (couleurs orchestrales subtiles et raffinement du discours musical), le Premier Concerto pour piano à la mémoire de Maurice Ravel (1954) et le Premier Concerto pour violon en sol mineur (1956). Dans un article de presse paru au début des années 1970, Khachaturian fit l'éloge de son ancien disciple désormais devenu une figure importante des compositeurs de la jeune génération en URSS : "Andreï Eshpaï est l'un de mes étudiants préférés. Je le considère comme un immense compositeur qui a joué un rôle important dans l'histoire de la musique soviétique..."
Andreï Eshpaï avec Aram Khachaturian (1954)Tout grand compositeur soviétique sérieux se doit d'apporter au public, d'obédiance socialiste de préférance, une symphonie. Eshpaï ne dérogea pas à la règle sacrosainte et créa sa Première Symphonie en mi bémol mineur à la fin des années 1950. L'œuvre reçut une réception enthousiaste lors de sa première performance le 10 novembre 1959, sous la direction de Gennady Rozhdestvensky. Dmitri Chostakovitch était présent dans la salle et jugea positivement l'œuvre du jeune compositeur. L'année suivante, Eshpaï fut nommé secrétaire de l'Union des Compositeurs Soviétiques, à l'instar de son collègue plus jeune Rodion Chtchédrine. Deux ans plus tard, sa Deuxième Symphonie en la majeur "Éloge de la lumière" fut exécutée en première mondiale sous la baguette de Konstantin Ivanov, chef d'orchestre et compositeur soviétique hélas trop méconnu en Occident. Avec un début de carrière aussi prometteur, Andreï Eshpaï ne pouvait qu'être aux anges. Malheureusement, son père mourut en 1963. Attristé par la disparition subite de son parent le plus cher, le compositeur encore trentenaire rendit un dernier hommage en édifiant sa Troisième Symphonie (1964) à sa mémoire. Véritable requiem instrumental, cette oeuvre aux épisodes très contrastés démontre une fois encore le génie orchestrateur qu'était Eshpaï. La première de l'œuvre fut donnée par l'orchestre de la radio belge (sa musique ne connaissait donc aucune frontière) sous la direction de son fidèle ami Konstantin Ivanov. Andreï Eshpaï avec son père Yakov Andreïevitch (années 1950)
Au milieu des années 1960, Eshpaï voyagea en Hongrie et rencontra le célèbre compositeur et pédagogue Zoltan Kodaly (1882-1967). Kodaly appréciait énormément sa Deuxième Symphonie et invita le jeune compositeur à passer du temps en sa modeste compagnie. Ils échangèrent longuement leurs idées. Auparavant, Kodaly s'était déjà familiarisé avec le folklore et les chants du peuple Marii. Il les avaient soigneusement notés dans ses esquisses lors de ses quelques visites chez Yakov Eshpaï. Kodaly était un grand ami de la famille et suivait la carrière de son fils avec beaucoup d'intérêt. Andreï Eshpaï retourna ensuite à Moscou et, de 1965 à 1970, il enseignait la composition au Conservatoire de la ville. À cette période, il composa les Variations sur un thème de Miaskovsky (1966), son fameux Concerto Grosso pour piano, trompette, vibraphone, contrebasse et orchestre (1967), surtout connu à l'étranger (grand succès mondial à l'époque). Eshpaï fit quelques incursions dans le domaine de la musique légère vers la fin des années 1960 et début 1970. Il produisit l'opérette "Personne n'est plus heureux que moi" (1968), ainsi que la comédie musicale "L'Amour est interdit" (1973). Il s'intéressa de même au jazz et à la variété (Bossa-nova "Alexandria" (1966) et les Trois Mélodies de Jazz (1969) pour piano seul). Avec son Deuxième Concerto pour piano et orchestre (1972), Eshpaï consolidait son statut de concertiste professionnel en l'interprétant en tant que soliste avec l'orchestre symphonique de l'état de l'URSS sous la direction de Evguéni Svetlanov (que l'on surnomme à raison le "Karajan russe"). Alors que la vie musicale devenait de plus en plus difficile en Russie, après la destruction étatique de l'URSS par Boris Eltsine, Eshpaï continuait à se produire dans des récitals à travers tout le pays, en programmant ses propres œuvres. Le compositeur-concertiste recevait toujours les applaudissements d'une audience enthousiaste. Cependant, son travail créatif languissait quelque peu et sa production musicale devenait moins importante à partir des années 1990. À l'occasion de son septantième anniversaire, le maire de Moscou, Yuri Luzhkov, récompensa son Concerto pour flûte et orchestre (1992) du Prix de la Cité pour l'art, la musique et la littérature. À la fin de l'année 1995, Andreï Eshpaï fut élu président de la société des auteurs russes. Andreï Eshpaï rencontre le compositeur français Henri Dutilleux, le compositeur tadjik Tolibkhon Shakhidi assiste à leur conversation (1984)
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|  | | Анастасия231 Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13656 Age : 29 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mar 23 Aoû 2016 - 20:24 | |
| Maintenant, parlons un peu de l'oeuvre du compositeur : Andreï Eshpaï en 1954Andreï Eshpaï est l'auteur de neuf symphonies, quatre concertos pour violon, deux concertos pour piano, un concerto grosso, des concertos pour flûte, hautbois, clarinette, basson, cor, trompette, saxophone-soprano, tuba, alto, violoncelle et contrebasse, deux ballets, une comédie musicale, une opérette, des poèmes symphoniques, des ouvertures, des suites, des musiques de film, des musiques chorales, trois sonates pour violon et piano (dont une transcription pour violoncelle et piano), deux quatuors à cordes, un quintette à cuivres, des suites pour clarinette, violon et piano, un sextuor pour clarinette, guitare et quatuor à cordes, diverses pièces pour instrument solo, deux sonates pour piano, des sonatines pour piano, des préludes pour piano, des variations pour piano, des études pour piano ainsi que divers cycles pédagogiques. Pour Eshpaï, la sincérité est le principe fondamental de l'expression artistique. Son discours musical, profondément enraciné dans la musique folklorique de sa région natale et les travaux ethnomusicologiques de son père, marie sans cesse l'écriture tonale, modale et atonale dans un contexte de tonalité élargie, à l'instar des représentants de l'école française du début XXème dont il se dit lui-même être leur successeur spirituel. Le jeune compositeur était fasciné par l'œuvre de Debussy et rendit hommage à Ravel dans son Premier Concerto pour piano. Son admiration pour le compositeur français sera telle qu'il citera La Valse dans le prologue de son ballet "Le Cercle - Apocalypse" (1980), sa plus grande réussite dans le domaine scénique. Cependant, depuis le début de sa carrière de compositeur, Eshpaï s'efforçait de plaire au régime de l'Union des Compositeurs en écrivant des œuvres symphoniques solennelles et déclamatoires, dans la lignée des grandes personnalités musicales soviétiques telles que Chostakovitch, Prokofiev, Miaskovsky et Khachaturian. C'était dans ce contexte tendu et sans alternative que le compositeur synthétisa dans son langage les influences folkloriques, la subtilité de l'harmonie et de l'orchestration à la française et le symphonisme soviétique ambiant. Ce qui donna un résultat assez spectaculaire, certes en accord avec les fondements du réalisme socialiste tout en apportant un rafraîchissement à l'institution symphonique poststalinienne. Cela lui a permis de se détacher de ses collègues conservateurs beaucoup trop conformistes à son goût. Mais, par la suite, il ne se convertira jamais complètement au postmodernisme d'un Chtchédrine ou d'un Tichtchenko, tout en s'imprégnant de l'atmosphère globale de la production artistique de ses collègues plus jeunes. Eshpaï restera toujours en marge des principaux courants d'arrière-garde et d'avant-garde, à l'instar d'un Dutilleux en France ou d'un Britten en Angleterre. À partir des années 1960, d'autres influences ont enrichi la palette sonore du compositeur, celles du jazz et de la musique de variété. En composant des musiques de film, Eshpaï s'était familiarisé avec le jazz (alors musique interdite en URSS dans sa forme originelle américaine) et ne trouvait aucune contradiction avec son univers compositionnel (Debussy et Ravel ont eux aussi été séduits par le charme du blues de la Nouvelle-Orléans). L'une des premières contributions à l'hybridation du monde classique avec celui du jazz dans la musique soviétique fut son Concerto Grosso de 1966. À la même époque, Chtchédrine composa son Second Concerto pour piano (1966) dans lequel il inséra un ensemble de jazz (vibraphone, cymbale frappée à la baguette, contrebasse solo aux cordes pincées, "piano-bar" du soliste) dans le mouvement final "Contrastes". Eshpaï a ainsi participé à la modernisation du langage symphonique soviétique. Khrennikov a salué ce geste au sein de l'instance officielle (Eshpaï jouait un rôle modérateur en tant que l'un des secrétaires de l'Union des Compositeurs). Il deviendra une figure incontournable, comme Chtchédrine, de la modernité acceptée par les autorités soviétiques, sorte "d'avant-garde" contrôlée par l'Etat. La production du compositeur peut être définie en trois grandes périodes. La première phase de création commençait pendant ses années d'études au Conservatoire de Moscou et s'achevait à l'époque de la Deuxième Symphonie (1948-1962). Cette période est principalement caractérisée par un style d'écriture fortement marqué par l'influence de ses professeurs (Miaskovsky et Khachaturian en particuliers) ainsi que par son engouement pour le folklore marii et la musique française. On peut considérer sa Deuxième Symphonie comme son premier chef-d'œuvre. L'œuvre présente une maturité incontestable dans sa structure tripartite et sa beauté instrumentale est admirable, tout semble couler de source. D'ailleurs, au fil des années, le compositeur prendra l'habitude, dans ses grandes œuvres symphoniques et concertantes, de citer certains fragments de la symphonie ( Concerto pour violon No. 2, Concerto pour contrebasse et orchestre à cordes, Symphonies Nos. 5 & 8, etc...). La seconde phase traversait l'époque de la stagnation brejnévienne ainsi qu'une partie de l'ère gorbatchévienne (1964-1987). Celle-ci représente la quintessence de la production d'Eshpaï. C'est durant cette période que le compositeur créa ses plus grands chefs-d'œuvre : les Symphonies Nos. 3 à 5 (1964 ; 1981 ; 1987), les ballets "Angara" (1976) et "Le Cercle - Apocalypse", les Concertos pour violon (No. 2, 1977), hautbois (1982), saxophone-soprano (1985) et alto (1987). De plus, ses œuvres manifestent un équilibre formel de plus en plus palpable et ses influences se cristallisent pour constituer un style inimitable (les chants folkloriques mariis, le symphonisme soviétique, la subtilité harmonique de la musique française, la frénésie du jazz et la sagesse du postmodernisme que, cependant, Andreï Yakovlevitch n'assumera pas complètement). Enfin, la troisième phase débutait à la fin des années 1980. Eshpaï écrira encore de grandes œuvres dans les années 1990, telles que la Septième Symphonie (1991-92), les Concertos pour violon Nos. 3 & 4 (1990 ; 1993), le Quatuor à cordes "Accord-Discord" (1995) et le Concerto pour contrebasse et orchestre à cordes (1995). Les œuvres ultimes nous présentent un compositeur au crépuscule de son art, la dissolution totale de l'idéologie socialiste aidant à la désillusion de toute une génération d'artistes russes. Andreï Eshpaï en 1984
Dernière édition par ovni231 le Mer 4 Jan 2017 - 2:04, édité 4 fois |
|  | | Cello Chtchello

Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mer 24 Aoû 2016 - 14:45 | |
| J'avais fait un petit détour par la musique de ce compositeur il y a deux-trois ans, j'y reviens suite à ton fil.
Concerto Grosso pour piano, trompette, vibraphone, contrebasse et orchestre Symphonie n°5 Concerto pour hautbois Concerto pour flûte
Les deux premières oeuvres, je les avais déjà écoutées à l'époque et mes souvenirs d'alors se confirment: le concerto grosso est franchement jouissif, difficile de résister à ce débordement d'énergie. Et puis, ce côté "jazz passé à la moulinette soviétique", je le trouve absolument savoureux. Un truc un peu grotesque mais... en bien, quoi.
La symphonie n'est pas mal non plus. Elle commence même assez bien d'ailleurs mais le final donne un peu trop dans le monumental et l'hommage à Chostakovitch à mon goût (n'y aurait-il d'ailleurs pas des bouts de Dimitri qui y trainent ?).
Enfin, si le concerto pour hautbois m'a paru un peu creux - sa belle énergie mise à part - celui pour flûte, c'est tout autre chose: il y a des ostinatos franchement entêtants là-dedans et le mouvement lent est réellement superbe. Final très réussi, aussi.
Et tout ça est sur le tube. |
|  | | Анастасия231 Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13656 Age : 29 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mer 24 Aoû 2016 - 15:26 | |
| Voici quelques pistes discographiques : La petite collection de quatre disques chez Albany Records encore trouvable sur le net => Volume I.  - Danses Symphoniques sur des thèmes mariis (1950) - Concerto pour violon et orchestre No. 4 (1993) - Symphonie No. 2 "Eloge de la Lumière" (1962) Volume II. - Concerto Grosso (1966) - Concerto pour piano et orchestre No. 2 (1972) - Symphonie No. 7 (1991-92) Volume III. - Concerto pour flûte et orchestre (1992) - Songs of Mountain and Meadow Mari (1983) - Concerto pour contrebasse et orchestre à cordes (1995) - Symphonie No. 1 (1959) Volume IV. - Le Cercle/Apocalypse, ballet en deux actes (1980) Plus difficile à trouver, les deux disques RussianDisc consacrés à la musique symphonique et concertante d'Eshpaï (je n'ai en ma possession que le premier volume) => Volume I.
 - Symphonie No. 4 "Symphonie-Ballet" (1981) - Symphonie No. 5 (1987) Volume II.
 - Concerto pour alto et orchestre (1987) - Concerto pour violon et orchestre No. 2 (1977) - Concerto pour piano et orchestre No. 2 (1972) - Concerto Grosso (1966) On peut constater qu'il y a un doublon pour le concerto grosso (version Svetlanov). Cependant, pour ce qui est du second concerto pour piano, il s'agit d'une autre version que celle de la collection Albany Records. Le concerto pour alto se trouve de même sur le premier disque du coffret Col Legno consacré au troisième festivale internationale de Leningrad (1988). L'avantage c'est qu'on peut découvrir des compositeurs quasiment inconnus chez nous, côtoyant des musiciens davantage sollicités dans les salles de concert (Rodion Chtchédrine, Sofia Goubaïdoulina, Alfred Schnittke, John Adams, etc...).  C'est grosso modo tout ce qui est disponible en disque compact. Bon, il existe bien deux double-albums qui furent édités en Russie au début des années 2000, mais il sont carrément introuvables en dehors des frontières. On ne peut que les télécharger sur le web. |
|  | | Анастасия231 Mélomane chevronné

Nombre de messages : 13656 Age : 29 Localisation : Karl Marx est un ailurophile ukraïnien d'obédience léniniste Date d'inscription : 05/01/2011
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mer 24 Aoû 2016 - 15:33 | |
| - Cello a écrit:
- J'avais fait un petit détour par la musique de ce compositeur il y a deux-trois ans, j'y reviens suite à ton fil.
Concerto Grosso pour piano, trompette, vibraphone, contrebasse et orchestre Symphonie n°5 Concerto pour hautbois Concerto pour flûte
Les deux premières oeuvres, je les avais déjà écoutées à l'époque et mes souvenirs d'alors se confirment: le concerto grosso est franchement jouissif, difficile de résister à ce débordement d'énergie. Et puis, ce côté "jazz passé à la moulinette soviétique", je le trouve absolument savoureux. Un truc un peu grotesque mais... en bien, quoi.
La symphonie n'est pas mal non plus. Elle commence même assez bien d'ailleurs mais le final donne un peu trop dans le monumental et l'hommage à Chostakovitch à mon goût (n'y aurait-il d'ailleurs pas des bouts de Dimitri qui y trainent ?).
Enfin, si le concerto pour hautbois m'a paru un peu creux - sa belle énergie mise à part - celui pour flûte, c'est tout autre chose: il y a des ostinatos franchement entêtants là-dedans et le mouvement lent est réellement superbe. Final très réussi, aussi.
Et tout ça est sur le tube. Salut Tchello ! Le concerto grosso est effectivement un incontournable de la musique moderne soviétique. La cinquième symphonie est tout à fait dans la droite ligne de Chostakovitch mais Eshpaï ne traite aucun thème ou motif du compositeur de Leningrad (mais plutôt des marches et chansons berlinoises à la mode). Personnellement, j'adore le concerto pour hautbois pour son originalité de l'instrumentation (on retrouve un clavecin dans l'orchestre) ainsi que pour sa fraîcheur revigorante. Cependant, il est vrai que le matériau ne se développe pas autant que dans ses autres oeuvres concertantes. C'est une musique de surface (pas de supermarché hein !). Le concerto pour flûte est une véritable réussite de l'Eshpaï tardif. 
Dernière édition par ovni231 le Mer 21 Juin 2017 - 16:32, édité 1 fois |
|  | | Cello Chtchello

Nombre de messages : 5728 Date d'inscription : 03/01/2007
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mer 24 Aoû 2016 - 15:57 | |
| Oui, vraiment le concerto grosso et le concerto pour flûte sont de belles réussites, j'y reviendrai.
Je repasserai aussi par le concerto pour hautbois. C'est vrai que j'avais noté ce clavecin sympa à l'écoute - j'ai oublié de le mentionner. |
|  | | lulu Mélomane chevronné

Nombre de messages : 20188 Date d'inscription : 25/11/2012
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Mer 24 Aoû 2016 - 17:24 | |
| J’ai réécouté la Troisième symphonie (1964) récemment, je trouve ça très bien. Ce que je trouve particulièrement remarquable, c’est la très belle intégration de climats fort différents, comme ce lyrisme un peu langoureux, ce folklore nostalgique (la symphonie est dédiée à la mémoire de son père), les quasi-fanfares monumentales, les courses infernales, cet épisode chambriste simili-dodécaphonique, etc. Certes le tout n’est pas radicalement opposé à la tradition symphonique soviétique, loin de là (ce n’est pas tellement à Chostakovitch — à qui on compare en général tout ce qui a l’air un peu soviétique à défaut de références plus largement partagées — que je pense en premier, d’ailleurs), mais pour autant je n’y entends pas une forme d’académisme comme on le dit souvent, en fait. C’est un musicien qui certes a composé avec les contraintes politiques pour garder une certaine faveur, mais il a su imprimer dans ses œuvres sa personalité. J’y entends beaucoup d’honnêté, et d’ailleurs sont langage n’a pas fondamentalement évolué quand les circonstances politiques l’auraient permis. |
|  | | hommepiano Mélomaniaque
Nombre de messages : 818 Date d'inscription : 23/01/2014
 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) Ven 28 Déc 2018 - 21:12 | |
| Andrei Eshpai, Symphony No.8 (2000) Leonid Nikolayev (Conductor) watch?v=baGLYrPMabE
entrain d'écouter |
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 | Sujet: Re: Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 )  | |
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|  | | | Andrei Yakovlevich Eshpai (15 Mai 1925 – 8 Novembre 2015 ) | |
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