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 Scène pour un roi fou - Nigl, EIC - Cité de la Musique, 27.V

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Benedictus
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Benedictus


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MessageSujet: Scène pour un roi fou - Nigl, EIC - Cité de la Musique, 27.V   Scène pour un roi fou - Nigl, EIC - Cité de la Musique, 27.V EmptyMar 24 Mai 2016 - 13:37

Concert de musique contemporaine à la Salle des Concerts de la Cité de la Musique, vendredi 27 mai à 20h30:

"Scène pour un roi fou"
Michael Jarrell: Adtente, ubi albescit veritas, pour baryton et orchestre
David Hudry: The forgotten City, pour ensemble (création mondiale)
Wolfgang Rihm: Die Stücke des Sängers, pour harpe et ensemble
Peter Maxwell Davies: Eight Songs for a Mad King, pour baryton et ensemble (textes de Rodolph Stow et Georges III)

Ensemble intercontemporain
Gregor A. Mayrhofer, direction
Georg Nigl, baryton, mise en espace
Frédérique Cambreling, harpe
Laurent Schneegans, lumières
Leslie Menahem, assistante mise en espace

Pablo Heras-Casado, qui devait initialement diriger a été contraint d'annuler sa participation pour des raisons familiales; il sera remplacé par Gregor A. Mayrhofer, premier chef assistant de l'EIC. (Je viens de recevoir un mail d'information de la Philharmonie.)

J'aurais bien aimé écouter Heras-Casado dans du contemporain, mais toute manière, j'y serai: on y jouera deux de mes compositeurs contemporains préférés (Jarrell et Rihm); je suis très curieux du Maxwell Davies mis en espace par le baryton lui-même, curieux aussi aussi de découvrir Hudry, un compositeur français élève de Nunes et de Gervasoni - et j'ai beaucoup d'intérêt pour ce que fait Nigl.
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Benedictus
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MessageSujet: Re: Scène pour un roi fou - Nigl, EIC - Cité de la Musique, 27.V   Scène pour un roi fou - Nigl, EIC - Cité de la Musique, 27.V EmptySam 28 Mai 2016 - 1:08

J'en rentre juste. Concert assez épatant.

Prévisiblement, j'ai adoré le Jarrell et le Rihm - en particulier cette façon qu'ils ont l'un et l'autre, mais dans des langages et des perspectives très différents, de travailler le bas du registre orchestral et les textures râpeuses (basson, contrebasson, clarinette basse, contrebasse...) en rapport avec les percussions. En plus, Jarrell met en musique des extraits des Confessions d'Augustin en rapport avec Vanitas de Boltanski, Rihm évoque le mythe d'Orphée revu par Heiner Müller - c'est quand même assez clairement mon univers, tout ça. Œuvres plutôt austères, au demeurant. (Mais bon, là aussi, pour moi, ce n'est pas franchement un défaut).

La composition de David Hudry, The Forgotten City, qui convoque un ensemble assez étoffé pour évoquer la ville industrielle abandonnée de Buffalo. Dans le genre hyper-pulsé, on peut dire que c'est une œuvre qui envoie du bois trop grave de sa race possède un impact physique extrêmement impressionnant. Assez difficile à situer, esthétiquement (Lucien, si tu connais, si tu entends...): le langage est atonal mais l'élément rythmique est d'une intelligibilité immédiate, et assez saisissant (en particulier avec la scansion à la batterie, le jeu en battuto col legno...), et il y a un élément mélodique lui aussi assez lisible qui transite la plupart du temps entre les instruments du bas du registre (tuba, basson, clarinette basse, contrebasse). Globalement, c'est assez violent, avec cependant des passages non pas suspendus mais qui donnent une impression de "temps vitrifié" (comme aurait dit Boulez) - notamment un beau solo de trompette peu avant la fin. Ca m'a fait penser tantôt au Grisey de Vortex temporum, tantôt au Mitterer de Coloured noise, mais qui auraient bouffé du free jazz. Pas du tout mon univers, en fait, mais extrêmement bien fait, et qui empoigne vraiment l'auditeur.

Le "classique" du programme, les Eight Songs for a Mad King de Maxwell Davies m'ont laissé un peu moins enthousiaste, peut-être - enfin, l'œuvre elle-même en sa dimension purement musicale: l'engagement (et le mot est faible) de Nigl, auteur d'une mise en espace qui fait de ces monologues une espèce de théâtre intérieur de la folie, est à elle seule capable de faire rendre les armes. Comme avec tous ces compositeurs adeptes d'esthétiques "polystylistiques", fondées sur le collage et la citation, j'ai toujours un peu de mal - là, par exemple, j'ai beaucoup aimé tout ce qui relevait soit d'une écriture atonale un peu agressive, adoré les passages de musique baroque ou de folklore anglais déglingués, beaucoup moins les passages façon cabaret jazz grimaçant. Et d'une manière générale, je trouve que l'exploration vocale de la folie joue un peu trop exclusivement sur l'alternance fausset hystérique / grave rauque essoufflé. Mais la fin tragique est impressionnante.

Sinon une réalisation musicale superlative, l'EIC est décidément grand. Gregor A. Mayrhofer, qui remplaçait Heras-Casado au pied levé, m'a semblé très bon - avec une gestique complètement boulézienne).

Réflexions égotiques et à ce titre d'un intérêt limité :
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