Autour de la musique classique
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Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie
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23 participants
Auteur Message Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094Age : 59Date d'inscription : 06/01/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Sam 1 Avr 2017 - 18:21 Eusèbe a écrit: Je suis le plus sévère! Alors que j'ai bien aimé plusieurs versions de ce groupe. Ca doit être le syndrome du prof vieillissant et blasé Je suis obligé de te contredire. Je suis un prof
vieillissant vieux presque vieux et je deviens débonnaire
...
math Mélomane averti
Nombre de messages : 403Localisation : Au nord du centre du sud de la FranceDate d'inscription : 13/09/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Sam 1 Avr 2017 - 18:55 Groupe C Â
Spoiler: I. Voici une version jeune et ardente, pleine de fougue et de passion, enregistrée sur le vif devant un public particulièrement attentif. On a l'impression que tout le monde est fatigué: serait-ce le dernier enregistrement d'une tournée? Cela se traduit par un manque flagrant de stabilité rythmique, avec des tempi qui pressent, des valeurs longues écourtées (le deuxième thème!), et une certaine confusion orchestrale. Par ailleurs les équilibres ne sont pas fameux: les cuivres sont trop en avant, et la plupart du temps on entend beaucoup trop la mélodie principale au détriment des contre-chants. Une prise de son lointaine, qui relègue altos, bassons et contrebasses aux oubliettes ne fait qu'aggraver le phénomène. Mais le goût est parfait: j'aime en particulier la péroraison, légèrement bordélique mais opportunément menée dans l'esprit d'un friss hongrois. 6/10 II. Direction tendre et poétique, même si, à l'inverse de la version précédente, les tempi manquent souvent de fluidité. Les équilibres sont parfaits, les bois, aux timbres assez verts, bien mis en valeur. Mais tout cela est au détriment de la structure: sous cette baguette rêveuse, le discours s'attarde et se perd parfois jusqu'à se déliter. Malgré tout, il y a de très beaux moments, et la fin est particulièrement réussie. 7/10 III. Version pâlotte et tatillonne, donnant l'impression que l'orchestre joue constamment sur des oeufs, et s'ennuie poliment pour ne se réveiller que dans les dernières mesures. Le tout est en outre entaché par quelques intentions franchement bizarroïdes: ces blanches hachées dans le thème des cors+violoncelles...bouh, que c'est vilain. A oublier bien vite. 3/10 IV. Comme la précédente, une version que l'on oublie facilement: l'ensemble manque curieusement de corps et de matière. Cantonné à contrecoeur dans les demi-teintes un peu délavées, l'orchestre explose dans les tutti et expose avec complaisance un pupitre de cuivres assez débraillé. L'ensemble est, disons-le, assez vulgaire. 2/10 V. Cette lecture puissante, compacte et monolithique, toute enveloppée de brume, est à coup sûr l'oeuvre d'un très grand chef. La clarté de la battue est très relative (voir arrivée à H/arrivée à L), les attaques ouatées, les basses présentes jusqu'à en être bourdonnantes. Mais le sens de la construction est pharamineux, la tension maintenue de main de maître jusqu'au déchaînement de la péroraison. A ce niveau-là , choisir est purement une affaire de goût. 9/10 VI. Avec cette version, enregistrée en mono avec un orchestre de tout premier plan, on rentre dans un autre monde, celui des sorciers et des alchimistes. Ce qui est magique, c'est l'osmose absolue entre l'orchestre et son chef, le premier semblant deviner à l'avance les intentions du second. Cela frémit, cela bout comme l'intérieur d'un chaudron de sorcière au cours de la nuit de Walpurgis. Cette forge incroyable des timbres donne aux détails les plus anodins en apparence un relief inégalé. 10/10 VII. Ample et puissante respiration, dirigé avec beaucoup de tendresse, sans hâte mais habité, jamais bousculé, sens de la structure et de la ligne, aucune faille dans la conduite du discours, tutti jamais bruyants, beaucoup d'attention portée aux contre-chants et autres parties intermédiaires, péroraison animée sans excès. Si vraiment on cherche des poils sur les œufs on peut trouver qu'il manque le petit grain de folie des deux enregistrements précédents. Qu'importe: voici une grande et admirable version. 8/10. Bon, c'est rédigé un peu à l'arrache, comme d'habitude...
Je constate avec horreur que l'on n'attendait plus que moi! Â
J'avais volontairement résisté, jusqu'au dernier moment, à l'envie de suivre ce sujet. Toutes mes confuses.
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 10:12 Chers mélomanes,
le choix est fait ! 14 éliminés sur 29 comme prévu.
Un choix basé sur le tri inter-groupe des notes moyennes... ou presque, puisque les versions 14 et 15 (B5 et D5) étant ex-aequo, j'ai fait le choix de les éliminer toutes deux et de repêcher B4 de façon (presque totalement) arbitraire  Ce repêchage tient néanmoins compte d'autres logiques d'élimination que j'ai explorées (tri intra-groupe, suppression des notes extrêmes...). Je vous livre le résultat final avec notes moyennes (brut de fonderie), mais ne vous dévoilerait les versions éliminées qu'un peu plus tard dans la journée, de façon à m'atteler et lancer au plus tôt le second tour  Résultats: En rouge les éliminés :A1 - 7A2 - 8,5A3 - 7,5A4 - 7,2A5 - 5,3A6 - 6,7A7 - 7,8B1 - 6,4B2 - 6,4B3 - 7B4 - 6,8B5 - 6,9B6 - 6,2B7 - 7,7C1 - 4,9C2 - 5,4C3 - 5,3C4 - 6,2C5 - 8,1C6 - 7,4C7 - 5,7D1 - 7,9D2 - 7,7D3 - 6,8D4 - 7,4D5 - 6,9D6 - 6,3D7 - 8,8D8 - 7,4
Un grand merci à tous pour votre participation sans faille !
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 12:43 Hou la !! C4 et D3 sont éliminées : elles faisaient toutes les deux partie de mon top 3 personnel à l'issue de ce 1er tour !
 Aïe aïe aïe ! Je pense avoir identifié la version C4 (que je n'ai pas écoutée depuis longtemps mais dont je garde un excellent souvenir). Par contre, la D3, je crois qu'elle est nouvelle pour moi et j'avais hâte d'approfondir. Ce que je vais devoir faire hors concours... Snif.
(Et heureusement que Pipus a repêché B4, sinon il ne restait rien des versions que j'ai adorées au 1er tour !...)
Pour le reste, pas de regret particulier.
Par contre, je suis surpris par le fait que A2 arrive aussi haut : c'est quand même une lecture plutôt iconoclaste et un objet sonore très hors-norme. Je ne m'attendais pas à ce d'autres l'apprécient. En tout cas, le deuxième mouvement nous en dira plus. En tout cas, ça compense le fait que D7 arrive première : c'est beau mais ça n'est pas le genre de version qui renouvelle le genre.
Dernière édition par draffin le Dim 2 Avr 2017 - 14:56, édité 2 fois
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 13:31 Draffin, ne voulais-tu pas parler de C4, et non C3 ?
Pour ma part je suis content de l'élimination de C4, non que la version ne me plaise pas, mais surtout histoire de
changer un peu
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 13:50 Et voici les premières révélations, en espérant ne m'être trompé ni sur les comptes, ni sur les versions Â
J'ai la pression !
Les éliminés du groupe 1 - Première partie ! Spoiler: Version C1Leopold STOKOWSKI - New philharmonia (1974) Eliminée avec une moyenne de 4.85714.
Vos commentaires et notes: L'avis de Cello : Rapide comme expédié, prosaïque, impression de fins de phrases qui passent à la trappe. Instruments pas vilains mais on reste en surface, c'est timide et globalement plat. Fin énergique mais un peu brouillonne (live). Note : 5.0 /10. L'avis de Mélomaniac : les bois et notamment les cors (cuivrés, un peu verts) avouent leur individualité et leur liberté, et font jeu égal avec les cordes au sein de l’équilibre des volumes. Cependant, dans l’ensemble, la matière manque de poids et s’avère trop fine à mon goût. Beaucoup plus perturbant : tempo empressé, rythmique floue dès le départ. A force de presser l’allure et de privilégier le jaillissement, le drapé se chiffonne, le vernis se craquelle, les appuis se fendillent au lieu de contribuer à l’articulation. Rien de débraillé (quoique la conclusion, franchement ça dérape), mais trop anarchique à mon sens –on sent bien que la partition s’en trouve gênée aux entournures. Très intéressant à entendre dans le genre « malmenons les chefs d’Å“uvre » ; par curiosité (malsaine) j’aimerais entendre les trois autres mouvements, mais non au point de surnoter et promouvoir une version aussi clivante. Note : 3.0 /10. L'avis de Fomalhaut : Le Live du groupe ? Une interprétation vigoureuse qui démarre rapidement, trop même puisqu'elle fait naitre une sensation de précipitation. Assez vite cependant, le tempo ralentit et, tout en notant pas mal de rubato, on apprécie quelques passages nuancés du plus bel effet. Et puis le tempo accélère et on arrive (presque) exténué à la péroraison finale en ayant le sentiment d'être passé à coté de pas mal de choses ! De toute évidence, le chef voulait insister sur les caractères urgent et implacable du mouvement. Ce sont, certes, des aspects de cet Allegro non troppo  mais ce sont pas les seuls. En salle, cela a vraisemblablement fonctionné puisqu'on applaudit mais chez soi, on reste sur sa faim. Prise de son correcte sans plus, on entend bien cordes et vents (Les bois sont à leur avantage), les timbales sont lointaines au départ. Illustre bien les plus et les moins du live. Pouvait mieux faire. Note : 6.0 /10. L'avis de Draffin : Prise de son (en public) très confuse : mal définie, plongée dans la réverbération, assez médium de timbre. D'un point de vue sonore, c'est assez laid. Musicalement parlant, on a une version assez rapide, assez légère, presque joyeuse. Par moment, je trouve le tempo un poil précipité. Ça manque de détail, de finesse. Et puis la mise en place n''est pas vraiment parfaite. Mais bon, ne nions pas que ça a un certain caractère, ce qui explique les quelques applaudissements à la fin. Note : 4.0 /10. L'avis de Eusèbe : Live qui fait sonner cuivres et bois. Cordes parfois un peu criardes. Lecture épique. A la réflexion, et une fois d'autres versions écoutées, je me demande si ce n'est pas tout de même pas un contresens. Note : 5.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Prise de son de qualité moyenne, point faible de cet enregistrement: micros lointains, volume un peu faible. Belle présence des percussions. Tempo un peu rapide. Rien ici ne se démarque de façon significative. Version live comme le prouvent les applaudissements à la fin du mouvement. Note : 5.0 /10. L'avis de Math : Voici une version jeune et ardente, pleine de fougue et de passion, enregistrée sur le vif devant un public particulièrement attentif. On a l'impression que tout le monde est fatigué: serait-ce le dernier enregistrement d'une tournée? Cela se traduit par un manque flagrant de stabilité rythmique, avec des tempi qui pressent, des valeurs longues écourtées (le deuxième thème!), et une certaine confusion orchestrale. Par ailleurs les équilibres ne sont pas fameux: les cuivres sont trop en avant, et la plupart du temps on entend beaucoup trop la mélodie principale au détriment des contre-chants. Une prise de son lointaine, qui relègue altos, bassons et contrebasses aux oubliettes ne fait qu'aggraver le phénomène. Mais le goût est parfait: j'aime en particulier la péroraison, légèrement bordélique mais opportunément menée dans l'esprit d'un friss hongrois. Note : 6.0 /10.
Version A5Kyrill KONDRACHINE - Orchestre symphonique de la radio-télévision d'U.R.S.S. (1969) Eliminée avec une moyenne de 5.25000.
Vos commentaires et notes: L'avis de
Abbado71 :
La prise de son est moyenne, avec de la résonance et les groupes orchestraux ont du mal à ressortir bien clairement. Malgré beaucoup d'intelligence notamment dans les variations, la maîtrise rigoureuse de l'orchestre (qui essaye de jouer de lyrisme), j'avoue avoir du mal avec cette version malgré ses attrait , un certain calme qu'elle dégage, des respirations agréables. Mais la prise de son casse un peu le travail malgré tout ont les crescendos massifs deviennent un peu fouillis ou bouillis. Je suis vraiment partagé sur cette version et ça m'ennuie. J'y voit un superbe génie et à la fois ce n'est pas la versions que j'écouterai très souvent (même si en l'écoutant de temps en temps, dans certaines conditions, j'y prendrais bonheur) Note :
7.0 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
L'orchestre n'est vraisemblablement pas un 'grand' mais le premier ressenti est celui d'une interprétation qui coule de source, d'une interprétation sans problème. Et puis la sonorité de l'orchestre manque d'intensité et là , le chef réagit, il s'emporte et redresse la situation. Exploit personnel ? Bien mais sans plus. Note :
6.0 /10.
L'avis de
Draffin :
Enregistrement ancien (mais stéréo). C''est assez désagréable à écouter : ça pleure, ça souffle et la spatialisation est invraisemblable. Pauvre hautboïste perdu dans le lointain... Ajoutons à ça une mise en place une peu indigente (alors que ça a l'air d'être enregistré en studio !). Et puis, c'est un peu mollasson, un peu geignard. Note :
2.0 /10.
L'avis de
Anaxagore :
Orchestre à la sonorité très ample perdu dans une grande salle avec beaucoup de réverbération. Et l’ingénieur du son n’en maîtrise visiblement pas du tout l’acoustique : son enregistrement est calamiteux. Il n’y a aucun équilibre entre les groupes instrumentaux et on a le sentiment de courir dans tous les sens … Mais le chef fait par ailleurs preuve d’une grande mollesse dans la direction et sa lecture manque cruellement de dramatisme. Il y a peu à sauver ici  Note :
4.0 /10.
L'avis de
Mélomaniac :
Étrange prise de son : surfaces polies et brillantes mais les volumes semblent creux et dilatés, durs et cassants, flottant dans un cosmos. Violons proéminents et tranchants, basses en retrait, un brin spongieuses. La spatialisation renforce une expression psychédélique, comme des objets nets dont la perception serait altérée par un dérèglement des sens. Stylistiquement, rien de bien spécial : exposé plutôt objectif, tendant vers une impavide abstraction géométrale. Un peu aride tout ça, et la partition semble vue à travers l’épaisseur d’un rêve, pauvre en détails, pour un résultat assez sommaire. Note :
4.5 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Bonne réverbération, on évite ainsi un son trop sec, comme étouffé. Il faut être très attentif à l''écoute. Note :
8.0 /10.
Version C3Nicolaus HARNONCOURT - Orchestre philharmonique de Berlin (1997) Eliminée avec une moyenne de 5.28571.
Vos commentaires et notes: L'avis de Cello : Tempo excellent. Montée très bien dosée. Les groupes instrumentaux sont détaillés et équilibrés. Un peu sage peut-être ? Plus classique que romantique ? Les affects sont nuancés en de magnifiques clairs-obscurs, il y a des nuages qui passent dans ce ciel radieux. Discours bien articulé, y compris dans le final pourtant nettement plus vigoureux (enfin ?). Excellente version. Note : 9.0 /10. L'avis de Mélomaniac : Quel que soit le paramètre, rien de mauvais, c’est même bon dans l’ensemble. Finement cousu, des phrasés très prompts et fermement contrôlés, le chef manoeuvre en surveillant tous les cadrans. Mais alors, quel robinet d’eau tiède !!! Lecture sans initiative ni surprise. La prise de son aplatie, mince, anoxygénée, n’aide pas à nous tenir éveillé. Remplace les meilleurs somnifères. Je n’aime pas les interprétations outrancières, mais là quand même, et malgré les égards qu’une telle probité peut inspirer : l’excès de politesse ennuie. Note : 2.0 /10. L'avis de Fomalhaut : Après deux interprétations vigoureuses,, celle-ci nous prend à contre-pied, oseré-je écrire. Voici une interprétation empreinte d'une grande délicatesse. C'est très propre, très net, cela sonne bien. Les tempi paraissent assez vifs sans être jamais précipités. On ressent toutefois une certaine réserve, un 'manque de chair'. Ces sentiments s'effaceront car la récapitulation et la coda sont menées de main de maitre. Belle prise de son. On attendait plus d''affirmation. Note : 7.0 /10. L'avis de Draffin : Pendant deux minutes, j'ai cru qu'on tait ici en présence de la version classique par excellente : élégante, fluide, au son irréprochable. Mais à 1''40'''', j''ai soudain un doute. En cause un détail dans l'articulation (qu'on retrouve à 8''48'''' dans la réexposition), à savoir une blanche qui se transforme en noire toutes les deux mesures en plein milieu de ce si beau thème chanté par les violoncelles et les cors. Je ne sais pas si c'est une facétie du chef ou une possibilité offerte par une édition critique. Quoiqu'il en soit, c'est de mauvais goût. De toute façon, on ne va pas se mentir : c''est quand même plutôt plan-plan tout ça. Ça manque d''aspérité, de surprise, d''élan, de propos. Il y a tellement de versions formidables dans cette comparaison, on ne va pas s''encombrer avec une version qui se contente du minimum. Note : 2.0 /10. L'avis de Eusèbe : Beaucoup plus intériorisé, et ça me plaît. Version aérienne qui joue sur les contrastes d'intensité, une grande clarté, de très beaux pianissimi qui laissent affleurer des moments quasi chambristes. Note : 8.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Moyen, conventionnel. Je m''étonne de voir à quel point les différentes versions d''une même oeuvre peuvent être à ce point semblables, rendant si difficile l''évaluation de chacune. Note : 6.0 /10. L'avis de Math : Version pâlotte et tatillonne, donnant l'impression que l'orchestre joue constamment sur des oeufs, et s'ennuie poliment pour ne se réveiller que dans les dernières mesures. Le tout est en outre entaché par quelques intentions franchement bizarroïdes: ces blanches hachées dans le thème des cors+violoncelles...bouh, que c'est vilain. A oublier bien vite. Note : 3.0 /10.
Version C2Witold ROWICKI - Orchestre philharmonique de Varsovie (1967) Eliminée avec une moyenne de 5.42857.
Vos commentaires et notes: L'avis de Cello : Ça commence pas mal, mais cette version est très vite plombée par des rubatos exagérés et des ruptures sorties de nulle part, sans logique. On perd le fil dans ce début pourtant ultra connu. Bien détaillé par contre (pizzicati remarquables). Bilan : une impression de juxtapositions capricieuses, incohérentes. Volonté trop marquée de faire « différent ». Fin assez réussie mais trop tard. Note : 4.0 /10. L'avis de Mélomaniac : ouaouh, on dirait une sculpture pour cordes. Quel travail sur la plastique (les violoncelles dans l’intro !) La proximité des micros accroît cette sensation kynesthésique et permet des coups de rein structurants. Cependant, le rubato n’exclut pas quelques menus passage à vide, et quelques agencements mal maîtrisés (coutures polyphoniques grossières). Dans une telle armure, on regrette que chef et orchestre ne semblent pas offrir le meilleur d’eux-mêmes, rangés dans une certaine routine qui cache peut-être un fameux orchestre (austro)-allemand (trop) habitué de la symphonie brahmsienne. La conclusion vitupère en gardant la tête froide, preuve que si le chef n’a pas toujours tendu les rênes au cours de ces douze minutes, il n’a toutefois jamais lâché la bride. La prise de son assez épaisse (mais dynamique, et qui laisse filtrer les détails, par exemple le basson vers 10’15) doit dater de la fin des années 1950. Encore une version typée, mais j’adhère bien mieux que C1 Note : 7.0 /10. L'avis de Fomalhaut : Une interprétation assez large, vigoureuse et réfléchie. Elle part également assez vite sans toutefois paraitre précipitée puis devient modérée. Les cordes sont-elles mises en avant par la prise de son ou le chef entend-il construire son interprétation essentiellement sur elles ? Quoiqu'il en soit, on les entend et on les localise parfaitement, les violons à gauche, les cordes graves à droite (c'est presque caricatural). Cette caractéristique noté, l'orchestre sonne très bien, à peine ressent-on quelquefois une (fugitive) sensation de lourdeur vraisemblablement due à la prééminence donnée aux cordes. Tient la route. Note : 8.0 /10. L'avis de Draffin : Son ancien, très latéralisé et très chargé dans le grave (un grave bien pâteux...). Le premier plan est très proche et la dynamique est très écrasée. Tout ça est assez atypique ! Le chef d''orchestre fait le malin en essayant de capter régulièrement notre attention par mille et une facéties. Des petites ralentissements inattendus, des accents très surprenants, un certain sur-pointage (oui, comme en musique baroque!). Au final, on a quelque chose de très artificiel. C''est dommage parce que cette sécheresse de la prise de son annonçait une version un peu chambriste et on en a quelques aperçus ici et là qui montrent qu''avec un peu plus de sobriété, on aurait pu entendre quelque chose de bien. Note : 3.0 /10. L'avis de Eusèbe : C'est confus. des ralentissements insupportables. Une caricature pachydermique de Brahms. Note : 2.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Meilleure qualité sonore un peu sèche (sans réverbération), belle présence des cordes, le tempo 'non troppo' garde de son agilité sans jamais rompre le fil mélodique. Belle performance. Note : 7.0 /10. L'avis de Math : Direction tendre et poétique, même si, à l'inverse de la version précédente, les tempi manquent souvent de fluidité. Les équilibres sont parfaits, les bois, aux timbres assez verts, bien mis en valeur. Mais tout cela est au détriment de la structure: sous cette baguette rêveuse, le discours s'attarde et se perd parfois jusqu'à se déliter. Malgré tout, il y a de très beaux moments, et la fin est particulièrement réussie. Note : 7.0 /10.
Version C7Otto KLEMPERER - Philharmonia Orchestra (1956) Eliminée avec une moyenne de 5.71429.
Vos commentaires et notes: L'avis de Cello : Assez lent et avare de détails. Le discours avance mais sans grand relief. Bois un peu aigres. On a une vision classique mais qui n’a pas la finesse et la variété de C3. Cela dit, ce qu’on perd en profondeur et en engagement, on le gagne en certitude tranquille. Une vision aboutie, loin de toute volonté de se démarquer à tout prix. Bref, c’est pépère mais joli. Ah, on se permet quand même une vraie prise de risque dans le final. Note : 7.0 /10. L'avis de Mélomaniac : Une louable humilité, un aimable artisanat, mais cette docilité peine à convaincre et à structurer. Malgré des textures assez claires et décantées, des violons drus qui savent darder l’archet : la mollesse de contrebasses en retrait nuit à l’articulation et à la propulsion. Timbales aussi, trop mouchées. Les conquêtes restent timides, et cette vision irénique semble la mieux à l’aise quand la partition atténue les conflits. De l’énergie dans la conclusion, mais cette tentative d’autorité ne saurait chevir des enjeux conflictuels qu’on aimerait entendre dans cet allegro. Note : 5.0 /10. L'avis de Fomalhaut : Encore une interprétation plutôt rapide mais nuancée qui suscite un sentiment de naturel et de simplicité. Une belle prise de son, des bois particulièrement savoureux, une magnifique péroraison. On peut, certes, relever ci et la un ton parfois sentimental. Tient la route. Note : 8.0 /10. L'avis de Draffin : Ça aussi, ça ne sonne pas très bien, mais pour d'autres raisons que C6. La stéréo est très (trop?) large et le timbre est concentré dans le haut-médium, ce qui donne une impression de brillance à l''ensemble. Mais du coup, ça manque un peu de corps et ces graves molassons n''arrangent rien. Le tempo général est lent. Malheureusement, il n''est pas aussi habité que dans la version C5, du coup, on s''ennuie souvent. Notons tout de même une certaine tendresse, une certaine douceur dans les phrasés. Mais en dehors de ça, pas grand-chose à sauver : même la réexposition ne semble pas réveiller l''orchestre qui fait son gros-possible dans les derniers minutes pour relancer l''attention. Note : 2.0 /10. L'avis de Eusèbe : Le son n'est pas très joli, cordes et bois sont parfois à la limite du criard. Quelques beaux moments, surtout dans les moments plus paisibles du mouvement (par exemple vers 6'20, passage avec pizzicatti), mais rien qui me paraisse mémorable. Note : 4.0 /10. L'avis de Ravélavélo : L'amorce est émouvante, manque de relief, de perspective. Encore une version conventionnelle. Impression que les versions de ce groupe se ressemblent toutes. Note : 6.0 /10. L'avis de Math : Ample et puissante respiration, dirigé avec beaucoup de tendresse, sans hâte mais habité, jamais bousculé, sens de la structure et de la ligne, aucune faille dans la conduite du discours, tutti jamais bruyants, beaucoup d'attention portée aux contre-chants et autres parties intermédiaires, péroraison animée sans excès. Si vraiment on cherche des poils sur les Å“ufs on peut trouver qu'il manque le petit grain de folie des deux enregistrements précédents. Qu'importe: voici une grande et admirable version. Note : 8.0 /10.
Dernière édition par Pipus le Dim 2 Avr 2017 - 13:51, édité 1 fois
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 13:51 Les éliminés du groupe 1 - Deuxième partie ! Spoiler: Version B6Christoph von DOHNANYI - Philharmonia Orchestra (2007) Eliminée avec une moyenne de 6.16667.
Vos commentaires et notes: L'avis de Draffin : Enregistrement relativement récent. Les timbres sont assez beaux et il y a un bel équilibre spectral mais c'est trop réverbéré pour moi. D'autant plus que le chef opte d'emblée pour un tempo plutôt rapide, ce qui affaiblit l'articulation, les nuances et les accents. Et aboutit à une pâte sonore un peu indistincte. Côté caractère, sans être à côté de la plaque, c''est tout de même un peu raide, un peu sévère, un peu froid. Le tempo très vif du début ne me semble pas très naturel. Mais surtout, il y a un défaut que je ne comprends pas : pourquoi les cuivres ne tiennent-ils pas leurs phrases et découpent les notes ? En fait, on entend très nettement leurs attaques mais pas leurs tenues. Écoutez vers 1''39'''' (2ème thème). Incompréhensible. On a finalement quelque chose d''honnête, mais vue la concurrence dans le groupe, ça n''est pas du tout suffisant. Note : 5.0 /10. L'avis de Eleanore-Clo : belle entame, bien équilibrée,  rythme rapide presque pressant. Bel équilibre entre les masses orchestrales. Un enregistrement très spatial. Aucun temps mort. 3mn40 la percussion s’intègre parfaitement aux cordes. A 5m10, des cordes mystérieuses à souhait. Mais que se passait-il en Autriche cet été-là ? ! 7mn la tonalité devient automnale, presque triste jusqu’à la valse à 7m34. 8mn15, superbe mariage entre Clara et Johannes, euh, erreur, superbe mariage entre les cordes et les cuivres. Des pizzicati sans grâce. La fin fait penser à un feu d’artifice sonore où chaque fusée livre son motif. 12mn34 en tout. Note : 8.0 /10. L'avis de Mélomaniac : Respiration courte et saccadée, dynamique écrasée qui asphyxient le discours à force d’anticiper les appuis. Certes, comme la plupart des versions en lice dans ce groupe, la prise de son (du moins ce qui nous en est reproduit) ne manifeste pas un fort relief. La masse généreuse et grasse évite le desséchement, mais l’articulation floue et asthmatique conduit à une rétention du schéma expressif. Pourtant, on s’assure que le chef maîtrise l’architecture du mouvement, et réussit à organiser progressivement une éloquente mise en tension de la dernière partie. Note : 6.0 /10. L'avis de Fomalhaut : J''ai écrit plus haut, moins de diversité que dans le groupe A, et ces quatre enregistrements en sont l'illustration tant ils sont d'un caractère semblable. Tous sonnent parfaitement sur mon installation, tous bénéficient d''une prise de son de qualité, tous bénéficient d''un bel orchestre, tous sont dirigés d''une façon équilibrée, sensible et nuancée, tous dévoilent quelques passages d''une grande beauté sonore, tous montrent des articulations plutôt soignées, de la belle ouvrage ! Bref, ils montrent que chefs et orchestre ont assimilé les particularités de la musique de Brahms et la servent pour le mieux. Bien sûr, on note quelques différences. Par exemple B3 est neutre au début puis s''affirme, le départ de B6 est bien rapide, voire précipité, cohérence et logique caractérisent B4 et B5...Mais, au final, ce sont la d''excellentes interprétations qui soulignent plus ou moins mais de façon globalement très satisfaisante les divers aspects de cette musique et je ne me sens pas d''établir un classement. On peut acheter les yeux fermés. Note : 7.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Sonorité chatoyante mais floue, pas suffisamment découpée au couteau. tempo rapide qui donne un air gondolé de barcarolle au thème principal. Peut-on jouer doux tout en jouant vite, ces deux façons ne sont pas incompatibles comme le prouve cet enregistrement. Note : 7.0 /10. L'avis de Clemensnonpapa : Version assez rapide. Malheureusement, elle est très raide, ne pose pas d'ambiance, et au final se révèle tiède, sans saveur. Note : 4.0 /10.
Version C4Carlos KLEIBER - Orchestre philharmonique de Vienne (1980) Eliminée avec une moyenne de 6.21429.
Vos commentaires et notes: L'avis de Cello : On commence plutôt bien mais les fins de phrases trainent bizarrement, ça manque d’élan, il y a comme une raideur générale. Les phrasés me chiffonnent vraiment. Certains détails, les bois par exemple, sont perdus dans un fondu général qui est cependant fort beau. Plus de passion mais moins subtil que C3. Final qui déménage, impressionnant tout en restant bien maitrisé. Note : 6.5 /10. L'avis de Mélomaniac : le chef assure une montée en tension durant toute l’exposition, sait varier ses effets (ça semble assez « free-bowing » dans le tumulte autour de 3’40). Mais tout cela manque de cohérence, de ligne directrice, le mouvement s’échafaude au petit bonheur. On dirait un architecte qui improvise après avoir perdu ses plans. Les moments cruciaux saillissent, articulent, dont la conclusion fort adroitement gérée et percutante (à défaut de transe). Mais dans les intervalles, le soufflé sera retombé à quelques reprises. On sent de la poigne quand il faut, un orchestre capable de virtuosité (une sonorité pleine, galbée et satinée qui me fait penser à un des « big five » d’outre-Atlantique), mais un peu trop de routine dans les interstices. Mouais, bof, ça m’étonnerait que cette honorable version puisse nous offrir des révélations dans les trois autres mouvements. Puisqu’il faut élaguer : 4/10 (incluant un point de mansuétude envers la prise de son fort réussie). Note : 4.0 /10. L'avis de Fomalhaut : Interprétation assez proche de la précédente. Le ressenti global est celui d'une grande douceur qui entraine le même ressenti de 'manque de chair' perçu durant l'écoute de C3. Le départ parait timide mais confiance et assurance arrivent rapidement. Et puis, on ressent une impression comparable à celle ressentie durant l'écoute de A4 , celle que le chef joue avec la symphonie plus qu'il ne l'interprète. Belle prise de son. On attendait plus d''engagement Note : 7.0 /10. L'avis de Draffin : Belle prise de son, pas toute jeune non plus mais de meilleure tenue que C1 et C2. Ça manque un peu de grave à mon goût (et il y a des problèmes d'homogénéité dans les cordes...). J''aime beaucoup l’âpreté des timbres, qui donnent un côté amère à cette version. Mise en place au cordeau, malgré une grande souplesse de la pulsation ! On sent la grande baguette... Au delà de l''aspect technique, ce qui retient l''attention dans cette version, c''est sa très grande tenue. C''est constamment beau mais ça ne se complet pas ; c''est expressif mais ça reste noble. Et ça chante ! Le passage mystérieux au centre du développement est superbe. Et le chef trouve le tempo exact dans les dernières minutes pour permettre à l''orchestre de lâcher bride tout en continuant à articuler et à chanter. Note : 9.0 /10. L'avis de Eusèbe : Très beau aussi. Engagement, clarté, intensité, sens du drame. Superbe! La fin est exceptionnelle. Sans doute la version du groupe qui restitue le mieux la richesse de ce mouvement. Note : 9.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Rien de significatif non plus avec cette version. Les différences sont infimes tant au niveau de l''interprétation que de la qualité sonore parmi les versions nos.2, 3 et 4 et de façon globale parmi toutes les versions de ce BT. Note : 6.0 /10. L'avis de Math : Comme la précédente, une version que l'on oublie facilement: l'ensemble manque curieusement de corps et de matière. Cantonné à contrecoeur dans les demi-teintes un peu délavées, l'orchestre explose dans les tutti et expose avec complaisance un pupitre de cuivres assez débraillé. L'ensemble est, disons-le, assez vulgaire. Note : 2.0 /10.
Version D6Karl BÖHM - Orchestre philharmonique de Vienne (1975) Eliminée avec une moyenne de 6.25000.
Vos commentaires et notes: L'avis de
Mélomaniac :
On se délecte d'une sonorité cossue. Et l’interprétation relève aussi d’un certain luxe blasé, en velours et satin. Oui l’orchestre a de la pâte, et même de la personnalité, oui les contrechants sont choyés, les rangs fourmillent de détails adroits et expressifs. Oui le chef n’est certainement pas le moindre artisan de cette réussite. Pourquoi alors ressent-on un tel ennui, comme si ce mouvement éconduisait poliment ses enjeux ? Certes quand il faut le discours s’active, fronce les sourcils, tape du poing. Mais avec une conviction comme en pilotage automatique. J’ai l’impression d’une phalange de haute tradition (germanique), qui connaît l’Å“uvre quasi-génétiquement, ici guidée par une baguette (tendance HIP) qui ça et là place des accents pour tenter d’en rafraichir les instincts. Mais l’atavisme (du style comme du son) entrave une vision réellement neuve, -et flotte ici comme une déshérence. Demeure quelque chose de grand, aristocrate, comme un rejeton de noble famille qui prendrait mauvaise conscience à se dévoyer. Imposer une griffe en se soustrayant au conflit moral. En tout cas, quelle plastique, quel aboutissement : je comprendrais qu’on rétribue ici un 9 voire un 10/10. Mais me contenterai d’un 8/10 , car dans le genre « crise d’identité » je préfère des interprétations plus authentiquement torturées. Note :
8.0 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Début tout en douceur, la douceur et la délicatesse sont deux qualités essentielles pour exécuter la musique de Brahms sinon ça m'est lourd et indigeste. C'est ce qui ne tarde pas à arriver, mais les effets dramatiques restent assez convainquants. Note :
7.0 /10.
L'avis de
Draffin :
Son correct mais pas tout jeune. On entend beaucoup la salle (pas vilaine d''ailleurs). Il y a beaucoup d'air mais ça n''est pas si gênant : vu le pas de sénateur choisi par le chef, on a le temps de tout entendre... Car, oui, c''est lent. Un peu maniéré, un peu poussif, presque débonnaire par moment. On s''ennuie ferme. Si encore on avait le droit à un peu de mystère... Bon, l''orchestre n''est pas vilain, c''est déjà ça. Parfois, il y a un petit sursaut et on se dit : «tiens, et si c''était prémédité pour frapper fort à la fin, comme dans la version A2 ?». Mais même la fin est décevante... À sa décharge, cette version très sage souffre d''une concurrence très rude dans ce groupe, d''un niveau très élevé. Note :
2.0 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
Une interprétation qui commence avec beaucoup de douceur et de délicatesse maisqui devient rapidement assez « virile » quoique nuancée et animée. L’orchestre manque toutefois d’homogénéité et les cordes sont souvent agressives. En deça des précédentes. Note :
6.0 /10.
L'avis de
Warren 60 :
seule version réellement décevante pour moi : cordes dévoilant vite une acidité gênante dans les paroxysmes, trompettes au premier plan de manière inattendue et peu convaincante dans certains accords, phrasés qui avancent 'pas à pas', sans souplesse (étrange à 2'30...), comme en pilotage automatique (poussif à 11'30). Heureusement, la fin rattrape partiellement l'impression globale. Note :
5.5 /10.
L'avis de
Anaxagore :
Bon ici j’ai reconnu le chef et l’orchestre. Il n’y a qu’un chef pour phraser de cette manière la mélodie brahmsienne, en détachant les notes. L’orchestre, lui, est d’une beauté à se damner avec des pupitres fabuleux. C’est le tout grand luxe. Le geste est d’une grande ampleur dans un tempo plutôt retenu. La polyphonie est supérieurement lisible et laisse tout entendre. Bien évidemment, on pourra trouver cela très sage. Et, en effet, le chef ne lâche pas une seule fois la bride de ses musiciens ; et s’il assume la grandeur de ce mouvement, il en voile le dramatisme. Il s’agit d’une lecture classique, supérieurement équilibrée, qui exalte la forme plus que les tensions du contenu. On peut bien sûr imaginer tout autre chose, mais la vision du chef est ici assumée jusqu’au bout et à la perfection. J’aime beaucoup  Note :
9.0 /10.
Version B1Wilhelm FURTWANGLER - Orchestre philharmonique de Berlin (1949) Eliminée avec une moyenne de 6.41667.
Vos commentaires et notes: L'avis de
Draffin :
Version datée. Son de mauvaise qualité (genre mono qui gratte). Captation en public (quelques toux). Côté justesse, il y aurait aussi à redire... Par contre, la mise en place est vraiment bonne. Belle conduite de la phrase. On a là une lecture vraiment très dramatique, qui joue à fond la carte des contrastes, notamment en terme de tempi. L''orchestre, visiblement chauffé à blanc ne fait pas dans la demi-mesure. Dans les passages plus calmes, le chef prend le temps de cultiver un peu de mystère. Les dernières mesures font entendre une vraie détresse. Quel dommage que le son soit si vilain : je reste un peu extérieur à ce cataclysme sonore. Note :
7.0 /10.
L'avis de
Eleanore-Clo :
un démarrage comme une marche dans la nuit, hésitante. A 1mn05 la tonalité est plus dramatique. Un enregistrement qui sonne « vieux » même si ce n’est pas très gênant. La tonalité est sombre. Les cordes sont très soyeuses. Toussotement à 3mn10. Des cuivres un peu timides. Un enregistrement où l’on pose les choses, prend son temps. A 6mn 12, une fanfare qui réveille. A 8mn51, belle ampleur. La réexposition du thème est bien plus puissante (moins automnale) que l’exposition. 13mn06 en tout. Note :
5.0 /10.
L'avis de
Mélomaniac :
certainement l’antiquité de ces trente enregistrements (pas encore tous entendus, mais ça semble difficile de faire plus ancien). Vieux et précaire pour la prise de son mais guère pour le style : vaguement sentimental au début (les portamenti , les déhanchés de cordes…), mais le discours gagne en assurance, en fermeté tout du long. On compte peu de chefs de cette époque qui se soient si peu démodés et qui furent capables d’une telles tension et netteté, de pareille sécheresse des accents. Face à la conclusion foudroyante (mais sans rien forcer, ni frimer), on se confirmerait à penser qu’il s’agit du maestro   De toute façon on s’en fiche, c’est pas le jeu des devinettes  Viril mais sensible, gainé mais respirant… L’interprétation atteste d’une impressionnante maîtrise. Malgré le spectre étroit et tassé, cette archive s’impose, tant pour la conception artistique que pour la rigueur de l’exécution (les multiples prises de risque semblent presque ordinaires pour cet orchestre). Note :
8.5 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
L'ancêtre du groupe...les années cinquante et même avant ! Son chaotique et précaire (Un live, vraisemblablement ?)....Et pourtant, pourtant voici une version majestueuse et contrastée, d'une grande intensité et du grande densité. Le départ est hésitant, voire timide (Corragio, Maestro...) mais le ton s'impose très rapidement. Quelle sureté et quel naturel dans les échanges, quel engagement tant de la part de l'orchestre que du chef... et quelle éclatante péroraison finale ! Un chef inspiré, un orchestre qui vibre avec lui, l''archive dans sa splendeur. Note :
9.0 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Enregistrement vieillot avec un tempo d'une extrême lenteur, lenteur synonyme de douceur? J''ai peut-être des perceptions auditives erronnées, mais il se trouve que j''aime ce style vieillot tout en lenteur, quelques accents ressortent très bien comme les pizzicatti, j''ai toujours cette impression qu''il y a ici une sorte de ferveur qui me semble être absente dans versions précédentes. On frôle la distorsion dans les fortissimo, un peu brut même, percussions toutes en puissance à l''avant-plan, Note :
6.0 /10.
L'avis de
Clemensnonpapa :
Vieille cire un peu rêche, B1 ne m'a pas parlé. Trop anguleuse, trop contrastée, parfois approximative, hachée, brutale, confuse... Note :
3.0 /10.
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 13:52 Les éliminés du groupe 1 - Troisième et dernière partie ! Spoiler: Version B2Hans SCHMIDT-ISSERSTEDT - Orchestre symphonique de la NDR (1973) Eliminée avec une moyenne de 6.41667.
Vos commentaires et notes: L'avis de Draffin : D'un point de vue sonore, c'est moyen. La prise de son est peu flatteuse pour les bois (à peine audibles dans les tutti) et manquant légèrement d'appui dans le grave. Et puis, ça n'est visiblement pas le meilleur orchestre de la confrontation. Justesse parfois pas terrible... Et la mise en place est parfois un peu bousculée. Notons au passage un hautbois très vilain et des cuivres qui font «pouet pouet»... Mais tout ça serait pardonné si le propos était un peu plus intéressant. Même si ça ne démarre pas trop mal, il y a des alanguissements et des coups d''accélérateur discutables. J''ai du mal à trouver une cohérence dans la pulsation. Il y a vraiment des moments parfois très mous, à la limite de l''ennui... Et même à la fin, on se dit : «même pas peur». Pas grand chose à sauver là -dedans. Note : 2.0 /10. L'avis de Eleanore-Clo : plus tendue que B1. Un balancement souverain. A 1mn10, un beau changement de rythme. 1 1mn49, belle valse. A 4mn0, une musique très champêtre. A 5m30, l’orchestre dessine un motif empreint de mystère. Une belle réexposition du thème noble et pleine de dignité. A 9mn50 beaux pizzicati. Une fin impérieuse avec un roulement de tambour qui sonne ! 13mn09 en tout. Note : 6.0 /10. L'avis de Mélomaniac : après B1, on retrouve une sonorité plus consensuelle. Tout autant que l’esthétique. Articulé mais fluide, expressif mais sans outrance… Stabilité métrique, dynamique contrôlée. Le règne du juste milieu. Le genre d’interprétation qui ne décevra personne. Mais aucun génie ni tempérament particulier pour la distinguer du lot. Note : 5.5 /10. L'avis de Fomalhaut : La prise de son (ou la réalisation technique) ne sert pas au mieux cet enregistrement d'une nature plutôt sombre voire désespérée mais qui parait quelquefois d'une tonalité excessivement sombre et parfois confuse. Et pourtant, voila une version grandiose, romantique et expressive, quelquefois théâtrale, quelquefois souterraine, dire-je. Les articulations sont particulièrement soignée et le chef dirige implacablement et sans concession un orchestre de qualité dans la course à l''abime qu''il considère être ce mouvement. De toute évidence, l''orchestre, un grand, suit le chef. Magnifique. Un maitre est au pupitre. Note : 10.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Meilleure qualité sonore qui laisse quand même à désirer, manque de perspective, micros lointains, version plus calme, plus apaisante que la précédente, plus terne aussi, manque de présence, moins convaincante, par contre on évite la distorsion et la surchauffe. Version toute en sagesse qui embrasse très large au vu, sans énervement ni débordement. Note : 7.0 /10. L'avis de Clemensnonpapa : L'ensemble est assez lisible, même si les cordes sont un peu trop présentes par moment et peuvent écraser la petite harmonie. Ça manque sûrement un peu d 'engagement, mais ça reste une bonne version. Note : 8.0 /10.
Version A6Wolfgang SAWALLISCH - Orchestre Philharmonique de Londres (1989) Eliminée avec une moyenne de 6.66667.
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Abbado71 :
Une version que je qualifierait de prudente, solennelle , mais fort juste, self confident et non dénué de noirceur ténébreuse. Certainement un chef d'age mur qui dirige ici pleinement self-confident , beaucoup de respiration dans les dynamiques, un très beau contrôle des équilibres . Une version assez majestueuse Note :
7.5 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
L'interprétation qui transmet une sensation d'équilibre et de plénitude. Et pourtant elle n'est pas neutre, au contraire, elle est d'une grande intensité. Le chef montre un engagement profond, il impose contrastes et nuances dans une démarche toujours soutenue. Il sait, lui aussi, amener des phrasés d'une grande beauté. Excellente prise de son. Magnifique. Note :
10.0 /10.
L'avis de
Draffin :
Prise de son juste correcte : ça manque de relief et de définition. Et c'est un peu trop large (on a un peu l'impression que les violons 1 sont au fond de l'enceinte gauche). Je dois dire que la première phrase, traitée de façon très maniérée et très vibrée, augure mal de la suite. Je ne comprends pas un tel vibrato des cordes, des flûtes et des hautbois, alors que les cuivres, les clarinettes et les bassons restent droit. Du coup, ça donne un côté pleurnichard à l''ensemble, ce qui est désastreux dans cette symphonie. Bon d''accord, il y a de-ci de-là quelques beaux passages assez fougueux (belles trompettes d''ailleurs!) mais ça ne sauve pas cette version. Note :
3.0 /10.
L'avis de
Anaxagore :
Voilà de nouveau une très belle version, prise dans un tempo ample, et qui assume pleinement la tension, la grandeur et la solennité du propos de Brahms. L’orchestre est beau et l’équilibre des groupes instrumentaux est excellent. « Equilibre » est d’ailleurs peut-être le terme qui qualifie le mieux cette version où tout est dosé avec un art supérieur de la nuance. La coda est superbe. Dommage que l’enregistrement n’ait pas davantage de corps, la prise de son étant un peu lointaine. Mais j’aime beaucoup  Note :
8.0 /10.
L'avis de
Mélomaniac :
On revient à un enregistrement plus conventionnel. Très large, avec un cohérent recul, mais hélas plutôt plat et bidimensionnel. Les timbres fusionnent, un sfumato baigne les lointains, les contrastes (dynamiques et de textures) s’estompent. Un joli tableau, agréable et serein (malgré quelques subtils froncements de sourcil dans le développement). Bref, l’antithèse de A4. Orchestre très pro et consciencieux, une prestation sans accroc ni faiblesse, un chef qui ne prend aucun risque. Dans l’absolu, rien ne déconseillerait cette probité, mais on peut quand même imaginer plus exaltant sans trahir l’esprit de l’oeuvre. Note :
5.5 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Bon début, léger manque de clarté, sonorité un peu floue. Rien de significatif. Note :
6.0 /10.
Version D3Christian THIELEMANN - Staatskapelle de Dresde (2013) Eliminée avec une moyenne de 6.83333.
Vos commentaires et notes: L'avis de
Mélomaniac :
début murmuré (les bois se languissent et leur soupir parsème des larmichettes). Le tissu se montre assez similaire à D1 (mais moins précisément ourdi à cause d’un legato liquéfacteur). Tempo pas spécialement lent mais tenté par le statisme. On y ressent comme une aspiration freudienne vers la pulsion de mort, irrémédiablement magnétisée vers une fatale inertie. Le chef mobilise toute sa science à lutter contre l’inéluctable, mais après avoir excavé la tombe, la théâtralité de sa réexposition (<10’) s’avère vaine. On prend alors conscience du calcul d’intentions. Comme un fossoyeur qui finalement s''écrie « debout les morts ! » Bon, on ne sait pas trop où cela veut nous emmener, et l’orchestre pèse. Note :
3.0 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Perspective sonore plus limité, belle présence des percussions, sonorités parfois un peu assourdissantes. Note :
7.0 /10.
L'avis de
Draffin :
Je pensais avoir trouvé mon bonheur avec D1 ; surprise, cette version fait encore plus fort ! Dès le début, on est touché pour l''humilité avec laquelle le premier thème est présenté. Et puis très vite, on est emporté dans le tourbillon musical. C''est beau (quel orchestre sublime ! Quelle prise de son!), c''est contrasté, il y a un magnifique rubato, une très belle articulation (souvent legatissimo, ce qui n''est pas hors de propos dans ce mouvement), des tempi amples et ça chante continuellement. La course à l''abîme finale, fouettée à un tempo beaucoup plus rapide, me laisse un peu perplexe. C''est dommage, on n''était pas loin du sans faute ! Le détail qui tue : c''est une captation de concert et le public est vraiment bruyant. Note :
9.0 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
Assez proche de D1. Quelques accents étranges au sein du mouvement. Récapitulation trop rapide qui donne une sensation de précipitation malvenue et surprenante. S’agit-il d’une prises faite à un autre moment que ce qui précède ? Note :
7.0 /10.
L'avis de
Warren 60 :
impression générale de liberté, de souplesse de toutes les phrases musicales, de CHANT - plus que dans les autres versions - j'aime beaucoup ! Certaines lignes semblent estompées, comme sur une aquarelle où les dégradés se fondent dans la trame (derniers pizzicattos à 2'26, douceur des attaques à 4'08) ; ensemble lyrique plus soucieux de nuances que de ruptures, ce qui n'empêche pas un final assez grandiose. Note :
9.0 /10.
L'avis de
Anaxagore :
Le mouvement commence très discrètement presque sur un susurrement. Le tempo est nettement plus rapide que celui de D2. L’enregistrement live est fort réverbéré, avec un public malheureusement très bruyant. L’orchestre est très beau, en dépit de timbales qui sonnent très lourdement. La vision du chef est très lyrique: cela chante beaucoup mais avec un legato que je trouve personnellement tout à fait excessif. Ce n’est pas toujours du meilleur goût. Le chef accélère dans la coda…. et ça déchire ! C’est une lecture pleine d’intentions mais dont j’aime moins les options stylistiques  Note :
6.0 /10.
Version B5Leonard BERNSTEIN - Orchestre philharmonique de Vienne (1981) Eliminée avec une moyenne de 6.91667.
Vos commentaires et notes: L'avis de Draffin : Enregistrement de bonne qualité sonore, bien que pas forcément des plus récents. On entend par exemple une pointe d'acidité dans les bois, ce qui n'est pas pour me déplaire. On trouvera des cordes plus moelleuses ailleurs. Néanmoins, la prise de son est très bonne et fait tout entendre avec beaucoup de clarté. Excellent équilibre cordes/vents. Et quelle timbale ! Les tempi sont rarement très rapides sans être trop traînants non plus. Néanmoins, il se dégage dès le début une certaine nervosité qui se traduit par une certaine sécheresse des attaques et des articulations. Le chef nous livre une vision plus ouvertement déprimée et dramatique que dans les autres versions. Rien à dire, ça marche si bien qu''on se retrouve cloué au siège par les dernières mesures (jouées de façon très lentes). Note : 7.0 /10. L'avis de Eleanore-Clo : une belle respiration. Nous sommes dans les Alpes en Autiche, lieu propice à de belles marches. Superbe clarinette. Tout cela est très retenu mais au bon sens du terme, plein de pudeur. La barbe de Brahms cachait une grande sensibilité. 3mn52 : une très belle envolée. Quelle tendresse à 4m26 ! Quelques lenteurs à 7m43. La valse qui suit titube quelque peu. Brahms aurait-il abusé du bon vin ? A 8m53 un orchestre en Dolby Stéréo avec beaucoup de plans très actifs. La réexposition est très bien menée, très spectaculaire. Fin à 13mn10 très pathétique. Cela me rappelle Tchaïkovski. Note : 7.0 /10. L'avis de Mélomaniac : Pénétrante alliance d’autorité, de sensualité et d’intelligibilité (les pizz, les coups de timbales, la lucidité d’ensemble…) Malgré une durée globale parmi les plus longues, le tempo apparaît très mobile et volontariste. La masse orchestrale (aérée et décantée), le flux se développent comme par fermentation –l’expérience reste toutefois sous haute vigilance, on sent un chef qui guide étroitement ses troupes. Corollairement à cet activisme intestin se dégage un inconfort qui laisse regretter un manque de plénitude. En tout cas, ça vit, ça grouille, dans cette fourmilière besogneuse et opiniâtre. On parierait pour un orchestre nordique (typiquement dégraissé) dirigé par un chef à poigne tendance HIP. Note : 8.0 /10. L'avis de Fomalhaut : J''ai écrit plus haut, moins de diversité que dans le groupe A, et ces quatre enregistrements en sont l'illustration tant ils sont d'un caractère semblable. Tous sonnent parfaitement sur mon installation, tous bénéficient d''une prise de son de qualité, tous bénéficient d''un bel orchestre, tous sont dirigés d''une façon équilibrée, sensible et nuancée, tous dévoilent quelques passages d''une grande beauté sonore, tous montrent des articulations plutôt soignées, de la belle ouvrage ! Bref, ils montrent que chefs et orchestre ont assimilé les particularités de la musique de Brahms et la servent pour le mieux. Bien sûr, on note quelques différences. Par exemple B3 est neutre au début puis s''affirme, le départ de B6 est bien rapide, voire précipité, cohérence et logique caractérisent B4 et B5...Mais, au final, ce sont la d''excellentes interprétations qui soulignent plus ou moins mais de façon globalement très satisfaisante les divers aspects de cette musique et je ne me sens pas d''établir un classement. On peut acheter les yeux fermés. Note : 7.0 /10. L'avis de Ravélavélo : Sonorité sèche, peu de réverbération, qualité moyenne. Interprétation conventionnelle. Note : 5.0 /10. L'avis de Clemensnonpapa : Les accents de l'intro sont un peu caricaturaux à mon goût. Sinon, c'est pas mal, bien engagé, avec des contrastes bien sentis, vif quand il le faut. Note : 7.5 /10.
Version D5Eugen JOCHUM - Orchestre philharmonique de Berlin (1953) Eliminée avec une moyenne de 6.91667.
Vos commentaires et notes: L'avis de
Mélomaniac :
Du souffle, et image monaurale mais vaste et dynamique, très claire. Approche timide mais peu à peu la vie s’anime, le tempo s’échauffe, les accents tombent drus. Cependant, lascivité dépressive et élans héroïques alternent plutôt qu’ils ne se dialectisent. Le chef sait obtenir la discipline qu’il souhaite, ce qui atteste la maîtrise collective de ses pupitres au regard de tempos parfois subitement embrayés, parfois en phase d’accélération/décélération organique. Conclusion chauffée à blanc, mais excessivement plaquée-là . Intéressant exercice de style. Un jeune loup de la baguette ? Note :
7.0 /10.
L'avis de
Ravélavélo :
Prise de son mono (?). En faisant abstraction de la piètre qualité sonore (quand même pas si mal si c''est une mono) et en ne tenant compte que de l''interprétation, on se trouve ici avec une version assez animée qui manque un peu de subtilité. Sans doute la version la plus echevelée. Note :
6.0 /10.
L'avis de
Draffin :
Son mono d'assez mauvaise qualité : beaucoup de souffle et timbre très medium. Beaucoup de réverbération (premier plan assez loin). Justesse ok ; bonne mise en place. Ça commence extrêmement lentement mais ça s''accélère assez vite. Les contrastes sont tels qu''on peut vraiment parler d''une version bi-polaire : des passages sombres, presque apathiques et des moments euphoriques, presque juvéniles. Ce balancement crée un malaise intéressant. Le développement est d''ailleurs particulièrement réussi : très noir, très mystérieux. Même si le son me frustre, je reconnais qu''il y a là une vision très intéressante et très bien menée. J''ai envie d''en entendre plus. Note :
7.0 /10.
L'avis de
Fomalhaut :
Après ces enregistrements « confortables », D5 parait être bien plus ancien. Les cordes sont parfois agressives et, de temps à autres, les vents bénéficient de « zoom » spectaculaires. L’interprétation est d’abord incertaine mais s’affirme rapidement tout en faisant naitre des sensations opposées : une interprétation expressive avec des accents personnel mais qui manque de nuances. Un tempo plutôt rapide qui ne donne pas l'impression de précipitation. La récapitulation parait néanmoins précipitée. Pas mal, malgré tout. Note :
8.0 /10.
L'avis de
Warren 60 :
début assez lent avant... de grandes embardées, des enflements très marqués, de forts contrastes de tempo et de volume ; chef ouvertement romantique, découpant nettement les phrases, voire les fouettant par endroits (pourquoi pas ?), orchestre valeureux sinon impeccable, grande tension dans les passages les plus sombres et héroïsme final prenant ! Note :
8.5 /10.
L'avis de
Anaxagore :
Enregistrement mono qui demeure tout à fait écoutable. Le mouvement débute en trainant un peu le pieds, au risque de l’enlisement, mais cela s’anime très rapidement au point d’accélérer de manière assez incroyable. Le propos est ouvertement tendu et dramatique. Les tempi sont très instables : le chef accélère dans les passages dramatiques et ralentit dans les passages apaisés. C’est plutôt caricatural ! La coda tourne carrément au Grand-Guignol avec une accélération démentielle. L’orchestre est de qualité mais la vision romantique, échevelée, du chef est quand même un peu primaire. Tout cela est très caricatural  Note :
5.0 /10.
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 14:09 Chers tous, le second tour démarre dès à présent, pour se terminer le samedi 22 avril au soir ! Ne tenez pas trop compte de mon mail, j'ai fait un copier-coller. Mais le nom du groupe et le lien vers le fichier correspondant sont bons, eux Â
Je n'ai envoyé que le mouvement II pour limiter la taille des fichiers.
Ceux qui souhaitent obtenir le mouvement I en complément pour avoir une écoute plus générale, peuvent me le demander. Je m'en chargerai... le plus rapidement possible
Très bonne écoute à tous !
Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9185Localisation : Pays des BleuetsDate d'inscription : 28/09/2015 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 15:19 Comme c'est intéressant et instructif de lire nos notes et commentaires sous l'image de chaque enregistrement.
La glace est cassée, l'écoute devient de plus en plus intéressante.
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 15:55 Que de surprises ! Voici quelques vieilles (et de moins vieilles) gloires écartées ! fomalhaut
Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565Age : 50Date d'inscription : 02/03/2014 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 16:20 Et puis certains commentaires sont assez savoureux...
Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094Age : 59Date d'inscription : 06/01/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 17:39 Spoiler: Quel carnage à l'issue de ce premier tour Â
 !
Je ne regretterai ni Stokowski, ni Kondrachine, ni Harnoncourt, ni Rowicki. Et l’élimination de Klemperer ne m’étonne pas. Je constate qu’à chaque écoute comparée, tous ses enregistrements se font dézinguer. J’aime pourtant assez son Brahms à la pointe sèche. Mais bon, il y a mieux.
Je ne connaissais pas cette version de Donhnanyi mais bien celle enregistrée à Cleveland que je n’adore pas. Pour Kleiber/Vienne par contre, je rejoins Draffin dans les regrets Â
. J’aime beaucoup la manière très ductile dont Carlos articule la phrase de Brahms. Pour moi, c’est une perte, même si Pipus a raison de dire que nous n’aurions pas été originaux de porter au pinacle une version à ce point encensée par la critique Â
. Cela dit — si j’ai bien reconnu la version — on fait encore moins dans l’orginalité en couronnant D7 Â
.
Vu les commentaires de mes petits camarades, je serai le seul à verser une larme sur Böhm/Vienne Â
, mais je la verse quand même … na Â
. J’aime beaucoup cette lecture dont le classicisme hautain avait en effet peu de chances de convaincre tout le monde.
Furt dégommé au premier tour Â
 !!! À moins que Pipus ne lui ait offert deux chances, ça fait mal Â
. Mais c’est vrai que le son de cet enregistrement est impossible.
Jamais entendu Schmidt-Isserstedt. Sawallisch, c’est très bien, mais sans doute un brin conventionnel. Son départ n’est pas trop grave. Je ne regretterai pas Thielemann. Ce qui n’est pas le cas de Bernstein que je trouve très attachant. Mais je n’avais qu’à écouter le groupe B pour le défendre Â
.
D5: Jochum/ Berlin. Alors là …pour une surprise Â
. Cela faisait des lunes que je n’avais plus entendu ça et je n’ai vraiment pas reconnu, même si les accélérations/décélérations auraient dû me mettre la puce à l’oreille. Il reste que le style Â
 …  Je ne regretterai pas le moins du monde cette version.
clemensnonpapa Mélomane averti
Nombre de messages : 179Date d'inscription : 10/11/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 18:00 Ah oui, ça ne fait pas dans la dentelle
Spoiler: Et ça me confirme que je suis imperméable à Furty, je m'étais toujours demandé si ce n'était pas un mauvais a priori de ma part... En revanche, je suis agréablement surpris par Bernstein/Vienne qui m'a bien plu et sur laquelle je n'aurais pas misée un kopeck.
Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9185Localisation : Pays des BleuetsDate d'inscription : 28/09/2015 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 19:21 Les éliminés, c'est toujours crève-coeur. Je commence l'écoute du deuxième mouvement.
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599Age : 48Localisation : Paris/ LilleDate d'inscription : 23/09/2014 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 2 Avr 2017 - 22:13 Quand même dommage que C4 parte aussi tôt, et je suis étonné de la volée de bois vert qu'il se prend. Je suis content de l'avoir bien noté (sans le reconnaître), parce que, sans originalité, j'aime beaucoup ce disque. Je n'avais jamais essayé Harnoncourt dans ce répertoire. Contrairement la majorité, j'ai été assez séduit. j'irai voir si le reste me plaît également. En route pour de nouvelles aventures, à présent!
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 0:44  C'est toujours un grand moment de confronter ce qu'on a écrit avec la révélation des identités, et avec l'avis des autres jurys.
Un grand merci à Pipus d'avoir pris le temps de cette compilation des commentaires Â
J'ai en stock une bonne moitié de ces versions, mais je n'en ai reconnu aucune.
Parmi les âneries que j'ai commises :
Jochum, jeune loup de la baguette Le Wiener Philharmoniker, un des « big five » d’outre-Atlantique Böhm, et Bernstein à Vienne, des baguettes tendance HIP Je pensais que la version de Furt était en fait une de... Toscanini. Il faut dire que les deux chefs étaient capables d'une grande sécheresse d'accents. Mais j'avais bien décelé pourtant les phrasés de cordes au tout début, que l'Italien n'aurait jamais dirigés comme ça.
Je m'en veux un peu que certaines versions (Kondrachine, Rowicki) soient déjà éliminées car je les avais conseillées à Pipus, parce qu'elles sortaient du lot, peut-être pas en qualité ultime, mais pour leurs options.
Si Rowicki m'a impressionné pour son travail sur les cordes, pour son tempérament, la prise de son de Kondrachine est vraiment trop
space .
J'éviterai de m'aventurer dans Harnoncourt, Thielemann, Sawallisch, Dohnanyi, qui m'ont déçu pour diverses raisons et que je m'épargnerai d'acquérir -cet exercice des écoutes comparées sert aussi à ça.
Oui certaines versions renommées (comme Kleiber) ont trébuché.
Mais mes favorites sont toujours en lice. L'aventure continue Â
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 6:53 Tant qu'on y est sur les commentaires post-révélations, j'y vais de mon petit couplet ! Je commence par D3 et C4, parce que, contrairement à Mélomaniac, qui dit :
Mélomaniac a écrit: Mais mes favorites sont toujours en lice. L'aventure continue  les miennes ont pris un sérieux coup dans l'aile !
(Ne vous inquiétez pas, je vais m'en remettre très vite, hein !)
D3 - Thielemann Voilà un chef dont j'ai toujours dit du mal et dont je fuis tous les enregistrements. Il faut dire qu'à chaque fois que je suis tombé dessus (concert télévisé ou radiodiffusé), j'ai détesté. Du coup, ça casse un peu mes préjugés et m'oblige à aller jeter une oreille sur le reste de cette symphonie (voire même du coffret, soyons fou). À lire vos commentaires, vous lui reprochez surtout une coda très précipitée. Coda qui m'a aussi laissé perplexe mais que je pourrais apprécier avec un peu d'habitude. Honnêtement, le reste est vraiment très très beau ! Écoutez ces premières mesures où les cordes murmurent, c'est juste divin !
C4 - Kleiber J'ai effectivement fini par reconnaître cette version. Mais pas immédiatement ! Ça ne démarre pas très fort et on sent que le chef construit son discours sur la durée. Si bien qu'on se retrouve happé petit à petit jusqu'à se retrouver plongé dans le grand bain brahmsien des pieds à la tête ! Ce sont les premiers tutti qui m'ont mis la puce à l'oreille ! Il faut dire que c'est avec cette version que j'ai découvert et aimé cette symphonie. Bref, ça résonne fort en moi, à tel point que ça m'a coûté de rester objectif et de lui retirer un point pour son manque d'assise dans le grave. À la lecture de vos commentaires, je me dis parfois : «est-ce qu'on écoute bien la même chose ?», signe que cet exercice reste quelque chose de délicat... Les goûts et les couleurs, comme on dit...
B5 - Bernstein (WPO) Incroyable : c'est vraiment très bien ! Or, je m'étais toujours dit qu'il n'y avait vraiment rien à sauver des Brahms viennois de Bernstein. Du coup, ça m'oblige à retourner y jeter une oreille ! Cela dit, j'aurais du reconnaître Bernstein : le sens du drame, la lenteur, cette densité sonore, c'est signé !
Maintenant, les versions que je ne regretterai pas
B6 - Dohnanyi Je ne m'explique pas qu'on puisse de nos jours sortir un CD avec un enregistrement aussi pépère, qui n'apporte rien à la discographie. Ça se vend, ça ?
C3 - Harnoncourt Excusez-moi, mais à chaque fois que ce chef se fait éliminer lors d'une écoute à l'aveugle, je me marre ! Honnêtement, un chef d'une telle renommée qui enregistre aussi peu de bons disques, c'est signe qu'il y a un malaise... Les éliminations de
Böhm et
Klemperer me font moins sourire : c'est surtout que ce sont des visions un peu datées. Remises dans le contexte, ce sont des choix esthétiques cohérents et des interprétations vraiment honnêtes. Mais dans une écoute comparée, elles sont hors-propos.
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 8:55 Il semblerait qu'il n'existe pas (encore) de topic traitant de la discographie des symphonies de Brahms. Il y a quelques sujets épars traitant de l'une ou l'autre symphonie (dont des sondages) mais rien de synthétique. Je le crée ?
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 10:50 draffin a écrit: Il semblerait qu'il n'existe pas (encore) de topic traitant de la discographie des symphonies de Brahms. Il y a quelques sujets épars traitant de l'une ou l'autre symphonie (dont des sondages) mais rien de synthétique. Je le crée ? Pourquoi pas ?
Pas de précipitation toutefois : Je suggère que tu attendes la fin de cette discographie comparée.
fomalhaut
Dernière édition par fomalhaut le Lun 3 Avr 2017 - 10:50, édité 1 fois
Cello Chtchello
Nombre de messages : 5776Date d'inscription : 03/01/2007 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 10:50 draffin a écrit: C3 - Harnoncourt Excusez-moi, mais à chaque fois que ce chef se fait éliminer lors d'une écoute à l'aveugle, je me marre ! Honnêtement, un chef d'une telle renommée qui enregistre aussi peu de bons disques, c'est signe qu'il y a un malaise... C'était ma version préférée du groupe C mais je me suis vite rendu compte qu'il y avait en effet un malaise : sur 6 votes, 3 étaient positifs et 3 franchement cassants. Pas de regrets, c'est la loi du jeu mais je suis quand même stupéfait de voir qu'elle se fait coiffer sur le poteau dans la moyenne générale par l'épouvantable C2 (5,4 contre 5,3). Vu que cette dernière arrivait tôt dans le groupe, j'ai préféré ne pas la descendre trop, mais rétrospectivement, c'était à mon sens la seule vraiment détestable du groupe. Comme j'ai globalement aimé toutes les autres sauf C1, je me suis dit qu'un 4 était déjà assez punitif. Moralité: au prochain tour, j'assumerai plus mes rejets
.
Cela dit, je ne m'attendais pas à ce que ce soit
Harnoncourt . Ce que j'ai entendu de lui dans
Brahms ne m'avait pas du tout convaincu, en particulier un
premier concerto pour piano pachydermique avec
Buchbinder .
Reste de mon groupe C5, mon second choix, qui s'est avéré faire l'unanimité, et ce mystérieux C6. Au final et C3 mis à part, ça me semble justifié et intéressant pour la suite
.
math Mélomane averti
Nombre de messages : 403Localisation : Au nord du centre du sud de la FranceDate d'inscription : 13/09/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 11:13 Harnoncourt est l'un de mes chefs préférés, et j'admire immodérément bon nombre de ses interprétations de Bach et Mozart (en revanche, je ne connais pratiquement pas ses incursions dans le répertoire romantique). Mais là , dans cet enregistrement, j'ai eu vraiment l'impression d'entendre un chef novice faisant joujou avec un grand orchestre, d'où mon commentaire mordant. D'ailleurs, il est bien possible que ce soit le cas: quelqu'un sait-il à quelle époque Harnoncourt a commencé à enregistrer du Brahms?
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 98014Localisation : tête de chiotDate d'inscription : 30/12/2005 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 11:19 math a écrit: Harnoncourt est l'un de mes chefs préférés, et j'admire immodérément bon nombre de ses interprétations de Bach et Mozart (en revanche, je ne connais pratiquement pas ses incursions dans le répertoire romantique). Mais là , dans cet enregistrement, j'ai eu vraiment l'impression d'entendre un chef novice faisant joujou avec un grand orchestre, d'où mon commentaire mordant. D'ailleurs, il est bien possible que ce soit le cas: quelqu'un sait-il à quelle époque Harnoncourt a commencé à enregistrer du Brahms? Novice, pas à cette époque (il avait déjà fait beaucoup de Beethoven et Schumann avant…), mais effectivement, dans le romantisme tardif, sa vision est souvent assez traditionnelle, sans valeur ajoutée particulière, ni limpide, ni d'une pâte somptueuse, et pas d'un discours renversant non plus. (Je trouve que ça ressemble souvent au Thielemann des mauvais soirs, en fait, chiche en couleurs…)
Ses Bruckner sont particulièrement peu saillants, par exemple. Quitte à avoir de la grosse choucroute, Jochum, Karajan ou Celibidache, ou même les bons tradis façon Skrowaczewski ou Herbig, ont du caractère !
Je ne suis pas sûr d'avoir écouté ses symphonies de Brahms, en revanche j'aime beaucoup ses concertos avec Buchbinder, le second en particulier.
DavidLeMarrec Mélomane inépuisable
Nombre de messages : 98014Localisation : tête de chiotDate d'inscription : 30/12/2005 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 11:37 Après vérification, si, j'ai écouté cette version
Harnoncourt , et il n'y a pas longtemps… bien la preuve que ça ne m'a pas très profondément impressionné…
--
Merci pour le parcours, je n'ai pas participé faute de temps (et surtout, je dois bien l'admettre, d'envie d'entendre vingt fois le même bout d'œuvre déjà très souvent écouté), mais votre sélection et vos commentaires sont intéressants.
Déjà , je découvre l'existence de
Kondrachine , qui me tente beaucoup – je vois parfaitement pourquoi ça peut sembler insupportable si on s'attend à écouter du Brahms, mais je n'ai pas ce type de coquetterie-là – si ça grince et brame, ça suffit à me complaire.
--
Mélomaniac a écrit: Böhm, et Bernstein à Vienne, des baguettes tendance HIP Ce n'est pas si absurde :
Bernstein avec Vienne a souvent des tournures assez HIP (son Fidelio ou ses Schumann, ça y ressemble vraiment sur bien des points – ses Schumann sont même bien trop cassants et raides pour moi, c'est dire).
Böhm dans les symphonies de Brahms, pas essayé, je ne peux pas dire. Mais ce n'est pas une méprise honteuse, clairement.
--
Pour le reste, ce n'est pas si étonnant (hors
Kleiber , que je considère comme très surestimé quand on le présente comme le-seul-à -toucher-la-vérité-dans-Brahms-4, mais qui demeure une excellente version) :
¶
Dohnányi -Philharmonia est très pâle (il y a un problème de prise de son dans cette série, c'est pareil pour tous ses enregistrements et ceux de Salonen, alors que c'est l'inverse chez les autres labels, surtout pour Dohnányi), il est beaucoup plus coloré à Cleveland, sans être très tendu néanmoins ;
¶
Jochum -Berlin a des problèmes de continuité du spectre assez désagréables ici (et étonnants venant de lui), je trouve (la version avec le LPO est autrement satisfaisante, à mon sens) ;
¶
Furtwängler est défavorisé par la prise de son et s'épanouit surtout dans la chaconne finale ;
¶
Sawallisch ,
Schmidt-Isserstedt ,
Böhm ne sont pas dans leur meilleur répertoire (hors Sawallisch, comme souvent terne dans le symphonique, je n'ai pas testé) ;
¶
Klemperer .
--
Il doit rester pas mal de mes chouchous en lice (tous, en fait). Curieux de voir si vous avez inclus le chouchou de mes chouchous – version bizarre comme on s'en doute.
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 11:50 DavidLeMarrec a écrit: Mélomaniac a écrit: Böhm, et Bernstein à Vienne, des baguettes tendance HIP Ce n'est pas si absurde : Bernstein avec Vienne a souvent des tournures assez HIP (son Fidelio ou ses Schumann, ça y ressemble vraiment sur bien des points – ses Schumann sont même bien trop cassants et raides pour moi, c'est dire). Pardon mais moi j'ai besoin d'une traduction là : c'est quoi ce HIP ? Un club secret de chefs d'orchestre ?
Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1756Date d'inscription : 07/08/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 12:08 draffin a écrit: c'est quoi ce HIP ? Un club secret de chefs d'orchestre ? Oui un club mais pas si secret Historical Informed Performance. J'en connais qu'un dans Brahms : Mackerras.
Kleiber a laissé un autre enregistrement de Brahms en vidéo la 2e.
Pour l'instant je ne vois aucun de mes chouchous éliminés.
Stolzing Mélomaniaque
Nombre de messages : 1067Localisation : ParisDate d'inscription : 10/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 12:16 Historically Informed Performance. C'est plus large que baroqueux, mais c'est l'idée. Quand on y pense, Klempi avait 12 ans quand Brahms est mort, Furti en avait 11 et Karli 3. Ce qu'ils ont entendu dans leurs jeunes années correspondait à ce qui se faisait du vivant de Brahms, si l'on part de l'idée raisonnable que tout n'a pas changé d'un coup à partir de 1897. Plus HIP, tu meurs... Et Bruno Walter avait 21 ans. Je trouve tous ces gens plus informés que Gardiner... Sinon, je n'ai pas réécouté depuis un certain temps cette 4e par Böhm, mais je ne suis pas d'accord avec l'idée que ce compositeur n'est pas son meilleur répertoire. Il y a deux 1ères, au moins, particulièrement remarquables (avec la radio bavaroise chez Orfeo en 1969, rapide et déchaînée et avec Vienne à Tokyo en 1975, plus lente mais d'une puissance renversante). Et puis j'adore son premier concerto avec Pollini, assez rapide, tranchant et d'une noirceur de couleurs impressionnante.
Bruno Luong Mélomaniaque
Nombre de messages : 1756Date d'inscription : 07/08/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 12:29 Je crois que Monteux a joué pour Brahms.
Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91769Age : 43Date d'inscription : 08/06/2005 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 12:59 draffin a écrit: Il semblerait qu'il n'existe pas (encore) de topic traitant de la discographie des symphonies de Brahms. Il y a quelques sujets épars traitant de l'une ou l'autre symphonie (dont des sondages) mais rien de synthétique. Je le crée ? Mais si, ça existe, c'est même dans l'index:
https://classik.forumactif.com/t855-aimez-vous-les-symphonies-de-brahms Par contre il n'y a pas de sujet sur la 2è symphonie.
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 13:31 Bruno Luong a écrit: Je crois que Monteux a joué pour Brahms. Tout à fait. Il existe une photo de la "rencontre" de Brahms et du quatuor Geloso, je crois, dont Monteux était alors l'altiste.
fomalhaut
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 13:40 Xavier a écrit: draffin a écrit: Il semblerait qu'il n'existe pas (encore) de topic traitant de la discographie des symphonies de Brahms. Il y a quelques sujets épars traitant de l'une ou l'autre symphonie (dont des sondages) mais rien de synthétique. Je le crée ? Mais si, ça existe, c'est même dans l'index: https://classik.forumactif.com/t855-aimez-vous-les-symphonies-de-brahms Par contre il n'y a pas de sujet sur la 2è symphonie. Ah d'accord ! Sauf que le sujet que je cherchais, c'était plutôt «
comment aimez vous les symphonies de Brahms ?» Mais au final, en lisant en zig-zag le topic, ça parle bien de discographie. Donc ça me convient !Â
A Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5473Date d'inscription : 04/02/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 14:23 Stolzing a écrit: Historically Informed Performance. C'est plus large que baroqueux, mais c'est l'idée. Quand on y pense, Klempi avait 12 ans quand Brahms est mort, Furti en avait 11 et Karli 3. Ce qu'ils ont entendu dans leurs jeunes années correspondait à ce qui se faisait du vivant de Brahms, si l'on part de l'idée raisonnable que tout n'a pas changé d'un coup à partir de 1897. Plus HIP, tu meurs... Et Bruno Walter avait 21 ans. Je trouve tous ces gens plus informés que Gardiner... Sinon, je n'ai pas réécouté depuis un certain temps cette 4e par Böhm, mais je ne suis pas d'accord avec l'idée que ce compositeur n'est pas son meilleur répertoire. Il y a deux 1ères, au moins, particulièrement remarquables (avec la radio bavaroise chez Orfeo en 1969, rapide et déchaînée et avec Vienne à Tokyo en 1975, plus lente mais d'une puissance renversante). Et puis j'adore son premier concerto avec Pollini, assez rapide, tranchant et d'une noirceur de couleurs impressionnante.  Brahms et Böhm: c'est tout-à -fait ça. Il y a aussi la merveilleuse première de Berlin sur DG (1960). L'enregistrement de Tokyo est mon préféré, mais c'est aussi le plus typé, le moins conventionnel, le plus clivant. Dans la deuxième (3 enregistrements: Berlin mono, Vienne 76 et LSO à Salzbourg en 77) il en donne d'excellentes interprétations, mais le refus de prendre des risques les rend trop objectives - sauf peut-être avec le LSO. La troisième et la quatrième de Vienne sont redoutables: construites sur la durée, chaque mouvement constituant une marche menant à un nouveau sommet. Cette quatrième est à la fois souple et hautaine, rêche et soyeuse.
Je connais 9 des enregistrements éliminés. Je vous admire de porter une oreille attentive et analytique sur cette symphonie. J'en suis incapable. Je m'investis trop émotionnellement dans l'écoute de l'oeuvre pour me prêter à cet exercice. Surtout qu'avec le mouvement lent il y a moins de points de repère. Ça va être difficile. Et possiblement trompeur.
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 14:56 André a écrit: Surtout qu'avec le mouvement lent il y a moins de points de repère. Ça va être difficile. Et possiblement trompeur. Effectivement ! Je viens de commencer à écouter le groupe qui m'a été donné et le relatif statisme de ce mouvement pousse mon écoute à être très analytique. Est-ce que la pulsation est stable ? Qu'est-ce que qui «dépasse» ? Comment se passent les relais de pupitre ? etc. Ce qui est évidemment au détriment d'une écoute plus globale, sur la durée. Il faudrait presque écouter le mouvement une première fois en faisant autre chose (la vaisselle par exemple) et sans prendre de notes. Sinon on se focalise sur des micro-évenements (une tourne de page, une toux dans le public, un pizz pas en place, etc.).
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 15:53 A l'exception de Thielemann que j'ai noté 7, les versions éliminées trainent dans ma discothèque.
J'avais reconnu A5 Kondrachine (6), A6 Sawallisch (10), B1 Furtwängler (9), B2 Schmidt-Isserstedt (10), C1 Stokowsky (6), C2 Rowicki (
et C4 Kleiber (7). Je peux donc écrire que je les ai noté en pleine conscience et que ces notes reflètent bien mon appréciation de ces interprétations.
Je n'avais pas reconnu B5 Bernstein (7), B6 Dohnanyi (7), C3 Harnoncourt (7), C7 Klemperer (
, D6 Böhm (6) et D8 Jochum (
.
Bien sûr, je regrette l'élimination des version Sawallisch et Schmidt-Isserstedt qui me semblent être parmi les plus abouties mais c'est la règle du jeu.
Je suis également étonné mais pas surpris de l'élimination des versions Furtwängler, Jochum, Klemperer et Rowicki : ces chefs appartient à des générations lointaines, certes, mais leurs visions sont intéressantes. Pas surpris non plus par l'élimination de Kleiber, un chef qui m'a toujours intéressé mais dont j'ai toujours trouvé difficile d'apprécier les interprétations : marquantes, oui, définitives, non.
Pour la petite histoire, j'ai souvent vu et entendu Christoph Von Dohnanyi à Londres, à la tête du Philharmonia, et, notamment, dans les 2ème et 3ème de Brahms. Les concerts m'avaient beaucoup plu et j'ai acheté ensuite les enregistrements "Live" des symphonies de Brahms publiés par Signum...Mon enthousiasme ne m'a pas empêché de ne donner que 7 à la 4ème que je n'ai pas reconnue !
fomalhaut
abbado71 Mélomane averti
Nombre de messages : 200Age : 31Date d'inscription : 19/10/2009 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 20:50 Quel tristesse de ne pas pouvoir (à priori ) le grand Furt( sa fougue, son inventivité, son rubatos) qui est , en passant ma version préféré (de ma connaissance qui semble modeste au vu du nombre impressionnant d'enregistrement réalisés)VIDEO Allez pour la route
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 22:10 DavidLeMarrec a écrit: Déjà , je découvre l'existence de Kondrachine , qui me tente beaucoup – je vois parfaitement pourquoi ça peut sembler insupportable si on s'attend à écouter du Brahms, mais je n'ai pas ce type de coquetterie-là – si ça grince et brame, ça suffit à me complaire. Si tu consultes nos six commentaires, plutôt congruents, tu t'apercevras que la version Kondrachine offre le contraire de ce que tu sembles imaginer.
C'est très lisse et léché, dans une prise de son genre
twilight zone .
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 22:31 DEUXIEME TOUR, groupe CÔTE DE NUITS Commentaires et évaluations du groupe Côte de Nuits : Fixin Tempo équilibré pour l’introduction, ni trop pressé ni trop contemplatif. Pizzicati charnus, bois verts mais non criards (une ostensible pointe de vibrato pour la clarinette). Cordes expressives pour la transition (2’54), bois bien discernés (3’32) Développement (3’59) très moderato , qui fléchit le tempo quitte à friser l’enlisement. Le réveil survient avec la mesure 75 (7’35, une minute plus tard que la norme des versions), pour un climax martelé (8’33) avec puissance mais souplesse. La Récapitulation confirme le geste ample et bienveillant du maestro : quelle opulence à la mes. 95 (10’13) ! Il se contente de laisser parler le texte, sans surcharge émotionnelle. Orchestre richement nourri, même dans les irisations triple-crochées de la Coda (11’08). La conclusion gonflée par les cors (12’02) s’achève dans une somnolence de dîneur repu. Prise de son chaleureuse, très grasse et roborative. Un breuvage capiteux mais chaptalisé -le repas est un peu lourd.8/10 Gevrey-Chambertin Que c’est propre et aseptisé tout ça. C’est du Gevrey ou de la Javel ? Outre la discipline d’un orchestre qu’on sent de premier ordre, la précision s’obtient grâce à un tempo prudent, qui permet une transition hypercontrôlée (3’03) : admirez par exemple la finesse des pizz, le dosage du crescendo. L’épisode en triolet reste d’une suprême intelligibilité, mais un peu froid. Quelle finesse pour la cantilène médiane (mes.41, 4’10) !, même si on déplore que les violons dominent les violoncelles. L’élan de la mes. 74 (7’45) conserve sa lucidité, et ne prend aucun risque : à 8’45 le climax déçoit, trop sage. Impavidité ou stabilité rythmique ? Sensibilité diaphane ou neutralité expressive ? Voilà un breuvage raffiné pour palais perfectionniste, qui vire à l’épure : peut-être une version que j’avais qualifiée de « HIP » au premier tour. J’admire mais je préfère des nectars plus sanguins, qui nappent le verre.7,5/10 Marsannay Cornistes aux saveurs boucanées, clarinette turgescente qui s'excite crescendo jusque la mesure 12 (la partition n’en demande pas tant), des bois bien ouverts (1’26), des pizz qui ne plombent pas le discours mais le relancent : j’aime beaucoup cette introduction qui annonce une version de caractère. Dans la transition (2’54), les archets font sourdre une autorité (leur longue phrase en acier trempé, profilée d’un trait !) qui doit péter dans l’Allegro Giocoso du troisième tour. Le passage en triolets (3’31) en impose tout autant. Le Développement (3’59) laisse admirer la superbe spatialisation des cordes dans une large acoustique, qui n’atténue pas la puissance de l’orchestre mais lui sert de brillant écrin. L’irruption de la mes. 74 (7’25) nous fait trébucher dans un maelstrom où l’on se sent happé par un immense tourbillon. Mais avouons que pour le climax (8’18) on se serait attendu à un fracas moins métronomique. Quelle puissance tout de même ! Récapitulation, Coda noblement et largement brassées. Impérial.9/10 Montrecul Tiens, j’ignorais qu’il existât un tel cru. Ça doit se situer dans un trou  Oui, c’est pas drôle. Mais je voulais dédramatiser la situation. Car l’heure est grave. Malgré son titre, cette prestation n’a rien d’exhibitionniste, au contraire. Je m’ennuie, et vous épargne de détailler mes impressions, ce qui serait un exercice cruel. Orchestre filiforme et lubrifié, maestro en état de rétention, prise de son étriquée et sans perspective. On peut apprécier la ductilité des phrasés, la propreté du climax, mais pour quel enjeu ? Peut-être s’agit-il d’une version que je connais déjà , voire que j’adore dans d’autres circonstances (enfin, ça m’étonnerait…) Tant pis, je prends le risque. Après les huit concurrents que j’ai déjà entendus à ce deuxième tour, ce Montrecul m’apparaît aussi banal qu’insignifiant. On veut bien essayer de le déboucher, mais après y avoir goûté on n’a pas envie d’y replonger la pipette.3/10 Morey-St Denis Introduction très diurne, la clarinette chemine en toute clarté, escortée par des pizz sèchement « plic-plic ». Cette Exposition progresse de manière volontariste voire un peu forcée. J’aime moins le legato des clarinettes-bassons. Dans la transition (2’43), puis le Développement (3’43), le chef parvient à concilier le flux naturel du discours avec une imagerie très mouvante. Par exemple, les flûtes qui volètent autour du thème introductif aux violoncelles (5’43). Le climax (6’38) reste soumis à cette force propulsive : non une architecture qui s’érige à l’arrêt (comme on l’entend souvent avec d’autres interprètes) mais qui se construit dans le mouvement. Magistral ! On sent là une affaire très pensée, émanant d’un chef aux ambitions davantage structurantes qu’expressives. De fait, je reste un peu sur ma faim quant à la dimension émotionnelle de cet Andante. Excellente prise de son. Nullement ma version de chevet, mais j’ai envie d’entendre l’intelligence du chef s’illustrer dans l’écheveau des variations de la quatrième partie de la symphonie.8,5/10 pour lui donner sa chance de concourir au match final.
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 22:59 DEUXIEME TOUR, groupe CÔTE DE BEAUNE Commentaires et évaluations du groupe Côte de Beaune : Auxey-Duresses Entrée un peu clairette des cornistes, les clarinettes savonnent, les pizz restent discrets. Malgré ce climat diffus, on sent un chef qui pousse de l’avant. Les archets s’immiscent avec pudeur (2’37) et enflent un crescendo savamment dosé. Hélas, la profondeur de l’image ôte du poids à l’irruption des souffleurs (3’12), un peu trop gazeuse, dominée par des cordes compactes et denses (on pense à une grosse machine impeccable comme le Philharmonique de Berlin). La cantilène de la mesure 41 apparaît déjà à 3’36, preuve que l’Exposition n’aura pas traîné. Le Développement fleurit avec tact et retenue. Dans le climax, on observe le legato des violonistes à la mesure 75 (6’45-) Énormes timbales pour le matraquage en triolets (7’30) où les cordes restent toutefois très moelleuses. Suit une Récapitulation qui signe un orchestre épanoui, et même un peu blasé. Le luxe d’une phalange (trop ?) à l’aise dans cet univers brahmsien, d’un germanisme assumé, dirigé par une baguette encline à l’hédonisme. Cela suggèrerait presque un nom de chef, mais je ne l’ai pas formellement reconnu, et mes impressions peuvent me tromper. Bilan : prestation délectable, confortable, (con)sensuelle.8/10 Meursault Une vieille cuvée, d’une sonorité prosaïque. Cette antiquité mérite-t-elle qu’on la tire de la cave ? Exposition terne et paresseuse, timbres ingrats, tous feux éteints (aucune attaque à la mesure 15 !) On ne parvient à la transition arco qu’à 3’02, d’un belle qualité de legato. La seconde transition ( 3’43-) semble bouffie. Le chef trouve une certaine mobilité dans la première partie du Développement (4’12-6’23) mais l’expression reste poussive, à l’instar de la constipation de ce qui aurait dû saillir forte à la mesure 74 (7’24), ou du climax en triolet (8’16). Les cordes tendent à intérioriser la Récapitulation ( 8’43-) où les roulements feutrés des mailloches (mes.98 à 9’48) finissent de nous convaincre que le chef défend une conception plutôt saturnienne de cet Andante. Rien de déshonorant ni à contresens, mais on s’ennuie…4/10 Puligny-Montrachet Les délices de Capoue dans les bras de Morphée ? J’aurais pu fustiger une flagrante indolence (près de 13 minutes !, croche pointée = 35 durant l’Exposition, du jamais vu !) mais cela nous est ciselé avec tant d’art qu’on rend les armes. Cors gouleyants qui se dissolvent magnifiquement (0’27) dans les clarinettes évanescentes. Sublime coalescence ! La reprise (mes. 13) n’intervient qu’à 1’27, la suivante à 2’24, ce qui permet de choyer les nuances et les dégradés comme jamais, luisant dans une ineffable douceur. Même tendre langueur pour le crescendo de la transition (3’19), -l’on ne s’étonne pas que la scansion en triolet (4’01) se trouve un rien édulcorée par une telle osmose. Au lieu de marquer un tournant structurel, le Développement (4’30) se fond dans le même rêve qui observe précieusement les indications dynamiques, ainsi le pp aux cors-bassons, mes. 59 (6’26). Les hiatus des mes. 74 (7’59) et 84 (8’54) parviennent à intensifier l’expression sans renier les gracieuses manières du maestro. Un songe dans la carte du tendre, qui se drape dans les merveilleuses soies d’un orchestre qui détient les sortilèges de cette séduction.9/10 Saint-Romain Argh, après le nectar du sommeil distillé par Puligny, on sursauterait presque ! Pour ses dégustations, Maître Pipus aime les enchaînements contrastés  Ainsi à 0’20, les clarinettes jouent presque staccato , et guère pp . Les souffleurs semblent en rut, gorgeant le timbre comme pour une parade nuptiale. Les roucoulades se font pressantes (clarinettes-bassons à 1’16) voire torrides (mes. 25 à 2’12). Gage d'une telle hâte (croche pointée = 45 durant l’Exposition !), la transition surgit déjà à 2’36, propulsée par d’agiles pizzicati L'épisode staccato en fa# (3’07) vrombit au quart de tour. Le Développement frémit d’impatience : déclamation passionnée des violoncelles à 3’30, quitte à trahir les dynamiques de la partition : presque forte pour la reprise en mi (mes. 64 à 5’30) là où le texte souhaite un piano . Toutefois, à décharge du maestro, la charnelle prise de son tend à grossir les pupitres sous la proximité des micros. Une esthétique du genre Mercury Living Presence ou RCA Living Stereo . Face à de telles promesses enflammées, on attend la mesure 80 et on n’est pas déçu : à 6’26 l’orchestre lâche lez gaz et nous envoie en l’air  On imagine quelle tension doit apaiser la récapitulation (dès 7’31), qui reflue à contrecoeur dans des soupirs d’alcôve. Une lecture intense, palpitante, érotique (vas-y Benedictus tu peux sortir tout ça de son contexte  ) qui ignore toute nostalgie et exacerbe un lyrisme brûlant. Ce n’est pas n’importe quel chef capable d’une telle effronterie, et faute de l’avoir reconnu je me demande bien qui  Très spécial, mais j’adore10/10 , incluant une prime d’originalité.Volnay Cors bouchonnés, mais on se rend compte que c’est plutôt l’ensemble des timbres (et la prise de son) qui sont mats, d’une texture de cuir tanné et aux arômes de vieux fût (aucune contrepèterie dans cette phrase  ) S’appuyant sur des pizz bien marqués, le chef assure une progression franche, d’humeur bougonne. Dans la transition (2’46-3’45), l’orchestre sait prendre de la masse en intégrant parfaitement les pupitres. On apprécie le dimensionnement sur mesure dans l’acoustique, grâce à une spatialisation ajustée qui flatte les volumes. Le Développement ne lambine pas. Si la robe est épaisse, elle se montre d’une totale cohérence et fluidité. Expression bien plus contenue que Saint-Romain, mais qui développe des saveurs complexes, nous grisant avec subtilité. Superbe mise en relief du climax à 6’41, qui garde sa lisibilité, voire un chouïa trop guindé dans le pilonnage en triolets (7’31). Et pourtant, la Récapitulation (7’55) nous montre de quel ardent romantisme se chauffe cette interprétation. Le hautbois aigrelet nous rappelle que cet enregistrement doit dater, mais le tonneau n’a pas aigri le breuvage, et nous livre enfin un mi phrygien saturé de riches parfums crépusculaires. Fichtre, encore une version qui me plaît énormément. Espérons qu’il y a de la bibine ailleurs, sinon le choix sera difficile !9,5/10
Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9185Localisation : Pays des BleuetsDate d'inscription : 28/09/2015 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Lun 3 Avr 2017 - 23:10 Groupe Côte de Nuits: 2e mvt symphonie no.4 Andante moderato fixin: 12:55 Clair et limpide du début à la fin. J'ignore si mon enthousiasme à propos de cette version est dûe au fait que c'est le premier enregistrement que j'écoute et que la première impression est toujours (ou souvent) la meilleure, la plus tenace. Discours musical sans faille, comme si l'orchestre nous racontait une histoire, excellent équilibre entre les différents instruments, qualité sonore impeccable, irréprochable. Il y a vraiment comme un moment magique, de tels moments sont rares  et c'est ce qu'on recherche parmi la multitude d'enregistrements. On ressent l'influence de nombreux autres compositeurs à travers cette superbe musique. 9/10 gevrey-chambertin: 12:58 A peine trois secondes de différence avec la précédente. Un curieux voyage musical que ce mouvement. Anodin en apparence, le thème se développe puis arrive un moment et on décroche de tout, un passage comme à la Sibelius. La première version fixin me semble légèrement supérieure en qualité sonore et en interprétation. L'écart est mince. Cette musique au début fait penser au Capriccio espagnole de Rimsky-Korsakov. 7/10 marsannay: 12:18 Écart très mince qui se maintient au niveau qualité à tous points de vue. Le son un peu rugueux cependant au niveau des violons. 7/10 montrecul: 12:20 Prise sonore moins réussie que fixin, manque de volume et on perd en présence instrumentale. 6/10 morey-saint-denis 11:05 Rien n'est gâché, rien n'est précipité malgré un tempo rapide, la dynamique tient bon sans le moindre faux-bond. Le développement offre une belle perspective: il y a beaucoup d'espace et l'orchestre en prend large. 8/10
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Mar 4 Avr 2017 - 11:31 Groupe Côtes du Mâconnais.
Spoiler: Andante moderato...Modérément allant...Un mouvement assez intense sous une apparence calme. Les écarts de minutage y sont moindre que dans le précédent Allegro non troppo (10:18 à 12:06).MACON Une version ample et mesurée, d'expression assez neutre. Les transitions sont soignées et on entend du « beau son ». Démarche parfois un peu lourde, cordes quelquefois agressives. Prise de son confuse (timbales peu audibles) dans la récapitulation. Satisfaisante sans grande originalité (11:41).6/10 POUILLY-FUISSE Encore une version ample et mesurée, assez majestueuse. Très bon début, avec des phrasés très justes. Et puis cela traine un peu et se désunit. L'expression devient assez confuse puis assez incantatoire, avec quelques phrasés accentués. Satisfaisante mais inégale (12:06).6/10 POUILLY-LOCHE Toujours une version ample et mesurée. On note une grande modération, une grande délicatesse, une grande douceur qu’on pourrait parfois considérer être à la limite de la mollesse. On ressent toutefois une certaine grandiloquence à mi-mouvement. C’est très bien mais on s’y ennuie de temps à autres. La prise de son parait très « confortable »…à cause de timbales lointaines ? Soignée mais manque d’intensité (11:37).7/10 SAINT-VERAN D’entrée, on se dit que ce n’est « pas mal ». Cela sonne très bien. L’interprétation est ample et nuancée, elle fait preuve d’une grande retenue et d’une grande douceur. Puis, comme à l’écoute de Pouilly-Loché, on se sent gagné par l’ennui...(11:35) Bien faite mais manque d’intensité.7/10 VIRE-CLESSE L’ancêtre de la série, enregistrement mono, sonorités « crues » et presque provocantes ! Mais, Mais… Après quatre versions des plus calmes voire inexpressives, voici une interprétation incisive et décidée, d’une grande cohérence et d’une grande intensité ou tout s’enchaine parfaitement, avec fermeté mais sans brutalité. Une main de fer dans un gant de velours ? A la hauteur de la musique.9/10
fomalhaut
Dernière édition par fomalhaut le Mar 4 Avr 2017 - 17:00, édité 3 fois
Pipus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3580Age : 50Localisation : Vienne, l'iséroiseDate d'inscription : 24/05/2010 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Mar 4 Avr 2017 - 11:57 C'est un bonheur de lire vos commentaires
fomalhaut Mélomaniaque
Nombre de messages : 1418Age : 80Localisation : Levallois-PerretDate d'inscription : 23/04/2006 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Mer 5 Avr 2017 - 18:55 Groupe Côtes de Nuits
Spoiler: Groupe plus relevé que Côtes du Mâconnais, me semble-t-il.FIXIN Sentiment de satisfaction et de justesse à l'écoute des premières mesures. Articulations et transitions soignées, tempi justes. C'est bien et pourtant cette lecture plutôt grandiose parait quelques fois un peu mièvre. A la fin, le ressenti est toutefois celui d'une explication de texte. Cette version a un aspect "professoral" : "Voici ce que Brahms a écrit et voici comment cela doit être interprété". Un maitre ou un "Herr Professor" au pupitre ? 8/10 GEVREY-CHAMBERTIN Ici encore, des articulations et des transitions soignées mais qui ne donne pas l'impression d'en remettre, des tempi très justes, une démarche bien établie, ferme mais sans brutalité. Une ballade fort bien nuancée, montrant la richesse et les subtilités de l'orchestration de Brahms (Et l'orchestre qui interprète ce mouvement est d'une classe supérieure). L'impression finale est celle de l'évidence. A coup sur, un maitre au pupitre !10/10 MARSANNAY Une interprétation romantique, très équilibrée et très bien menée, parfois avec un peu d'insistance : quelques passages sont un peu trop accentués et me semble rompre la continuité du flux interprétatif. Un orchestre d'une classe supérieure. Au final, pourtant, le sentiment d'une interprétation d'un grand naturel mais aussi l'impression que le chef "joue" quelque peu avec la partition. Pas mal quand même.8/10 MONTRECUL Est-ce la prise de son, relativement lointaine, qui donne cette impression de douceur et de mélancolie ? Une ballade rêveuse, quelque peu timide, voire effacée au départ, qui s'affirme ensuite et s'épanouit. C'est parfois quelque peu sentimental, on attend plus de fermeté, cela traine un peu. Malgré de très beaux passages dans la seconde partie du mouvement, cet enregistrement apparait être en légèrement deça des précédents. Pas mal mais inégal.7/10 MOREY-SAINT-DENIS Impressions contradictoires à l'écoute de ce dernier cru. Le son est des plus agréables, c'est très doux, bien dessiné et équilibré. Plus on avance dans le mouvement, plus on se dit que c'est finement joué, que c'est bien mené et bien tenu, nuancé et détaillé. Et pourtant, on se dit simultanément que cela manque de chair, que cela ne s'affirme pas assez, que cela parait mièvre et sophistiqué. Pas mal mais pouvait mieux faire.7/10
fomalhaut
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Mer 5 Avr 2017 - 19:26 Groupe Côtes-de-nuit Je précise que j'ai écouté les mouvements 1 et 2 de chacune de ces versions, en commençant par le 2ème (sans relire mes notes pour le 1er). La réécoute du 1er mouvement m'a parfois conduit à réévaluer ma note d'un point (mais jamais plus). À la fin de chaque commentaire, j'ai mis entre parenthèses des considérations relatives à la cohérence de ce deux premiers mouvements.
Fixin: 2ème mouv. Même si ça démarre de façon assez rapide (et assez sèche), les tempi sont généralement assez lents. Une fois installée, la pulsation est stable et la phrase est bien conduite. Bon, la mise en place n'est pas parfaite... Côté sonore, ça n'est malheureusement pas luxueux, non pas que l'orchestre soit laid (un peu daté, avec des vibratos qui ne se pratiquent plus aujourd'hui), mais l'enregistrement en lui-même est vraiment abîmé ! Ça souffle et ça sature dans les passages forts. Les passages de relai au début sont vraiment très bien faits : il y a une vraie écoute inter-pupitre. Le chef ose des mesures extrêmement lentes à la fin du mouvement : ça marche vraiment très bien ! Au final, une version que je n'écouterai pas tous les jours mais qui intéresse. (1er mouv. avec un tempo très rapide, de caractère très volontaire. Il y a donc un contraste fort entre ces deux mouvements.) Note : 7
Gevret-Chambertin: 2ème mouv. Prise de son un peu ancienne. Ça sonne bien même si les vents sont un peu noyés dans la réverbération (ce qui est normal avec de tels effectifs orchestraux). Côté équilibre spectral, je trouve ça un peu clair : ça manque un peu de corps parfois. L'orchestre n'est pas vilain, si ce n'est que ça vibre beaucoup. C'est dommage : ça donne parfois un côté larmoyant complètement hors de propos ici. À nouveau, c'est très lent. Et à nouveau, c'est tellement bien conduit qu'on ne s'y ennuie pas. Ça chante tranquillement. Tous les moments doux sont vraiment beaux. Les passages forte sont un peu en deçà de ce qu'on pourrait attendre, par contraste. Je suis embêté par le changement de tempo à 8'37'' puis par les interventions de la timbale (pas toujours en place). La dernière minute est superbe. Au final, une version à écouter les jours de pluie, en lisant un bon polar. (1er mouvement très lent, un peu contemplatif. Il y a donc une certaine cohérence entre ces deux mouvements). Note : 7
Marsannay: 2ème mouv. Côté sonore, c'est pas le pied : ça souffle, les timbres sont acides, ça n'est pas très juste et ça vibre beaucoup. Beurk. Même si le tempo est un poil plus rapide que Gevret, ça reste lent et j'avoue qu'avec un tel son, j'aurais préféré qu'on ne s'attarde pas trop. Mais ce qui m'agace le plus, c'est le manque de stabilité de la pulsation : il y a de petits problèmes de mise en place qui nuisent à la tranquillité générale. Les passages en tutti sont finalement plus intéressants, nerveux et secs à souhait, mais aussi un peu écrasés en dynamique. Pas inoubliable tout ça. (J'ai fait globalement les mêmes remarques sur le son dans le 1er mouvement. Par contre, j'y avais apprécié de la noirceur, du sérieux, de la franchise. On retrouve ces qualités ici mais elles ne suffisent pas à contrebalancer les défauts esthétiques sus-mentionnés. Côté tempi, rien à signaler : la transition se fait très bien.) Note : 3
Montrecul: 2ème mouv. C'est peut-être un peu plus récent que les versions précédentes mais ça n'est pas tout jeune non plus. Comme pour Marsannay, ça vibre un peu trop. Si on oublie la flûte (vraiment encombrante), on a un très bel orchestre (belles clarinettes, beaux cors, beaux bassons, magnifiques cordes). Mais le principal problème ici, c'est l'absence de propos : on regarde la montre en écoutant les timbres des différents pupitres et on attend sagement les passages forte. Et c'est vrai que les tutti réveillent un peu, très magistraux. Mais ça ne sauve pas l'ensemble... (J'avais adoré le 1er mouvement : magistral, souple, lyrique...) Note : 2
Morey-Saint-Denis: 2ème mouv. Bonne idée de rapprocher la petite harmonie des micros : c'est artificiel, mais au moins, on entend tout. C'est vrai que du coup, cordes et vents sont sur le même plan sonore mais tant pis. On ne va pas bouder notre plaisir : c'est la meilleure prise de son du groupe (alors que là non plus, ça ne semble pas vraiment récent...). Et tant qu'à faire, l'orchestre sonne bien, malgré quelques imperfections ici et là (ça n'est pas toujours homogène dans les pupitres de cordes par exemple). J'aime bien ce tempo finalement, que je trouve plus naturel que celui des autres versions de ce groupe : on dirait presque un rythme de marche. On sent une vision très affirmée dès les premières mesures : ça ne rigole pas mais ça file droit vers le climax (presque un peu précipité). Il y a du drame dans tout ça, ce qui n'est pas idiot ! Il y a du contraste, des nuances, du mystère. Avec un tout petit peu plus de souplesse (de rubato), on aurait frisé la perfection. (Le premier mouvement était très romantisant : assez lent, puissant, très vibré, parfois énaauurme. C'est une bonne chose que le chef sache trouver un peu de sobriété dans ce deuxième mouvement, le contraste n'en est que plus intéressant!) Note : 9
Anaxagore Mélomane chevronné
Nombre de messages : 3094Age : 59Date d'inscription : 06/01/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Jeu 6 Avr 2017 - 18:46 Voici mes impressions pour les
Côtes de Nuit :
Spoiler: J'ai écouté le second mouvement d'abord et je me suis forgé une opinion indépendante. C'est ensuite que j'ai comparé avec le premier mouvement. Cette écoute supplémentaire m'a souvent permis de tempérer un jugement parfois très tranché sur le second mouvement.
Fixin : Bon orchestre avec bois assez individualisés (hautbois), mais la mise en place est perfectible. L’enregistrement (en public ?) semble assez ancien avec beaucoup de souffle analogique. Le tempo global est plutôt lent (12’56’’), même si le thème est introduit assez rapidement … et de manière assez plate. Aux mesures situées avant et après D, les liaisons des doubles croches par deux sont soulignées d’une manière fort appuyée. Cinq mesures après E, les timbales sont trop discrètes. En réalité, le mouvement me donne l’impression de couler sans heurt et rien n’accroche particulièrement mon attention. C’est bien mais tout cela me paraît bien terne. Après vérification, je constate que le premier mouvement ne m’avait pas davantage plu. Rien ne me retient donc de condamner cette version qui n’arrive pas vraiment à m’intéresser Â
. 3/10
Gevrey-Chambertin : Le thème aux cors est introduit plus lentement que dans Fixin mais avec davantage de noblesse. Pour le reste, le tempo d’ensemble est lent pour une durée totale quasi identique à Fixin (12’59’’). L’orchestre est très beau et bien enregistré. Le chef prend ostensiblement son temps, mais c’est pour mettre en valeur tous les détails de la partition : les pizzicati des violoncelles aux mesures 7 et 8, le magnifique contre-chant des violons à C … Sept mesures après B, les doubles-croches pointées sont particulièrement sautillantes. Trompettes et timbales se laissent cette fois opportunément entendre cinq mesures après E. Le chant aux violons, 9 mesures après E, est superbe. Tout cela est mangifiquement chantant et joué avec beaucoup de sensibilité. Je suis conquis et l’écoute du premier mouvement vient me confirmer que cette version a tout pour me plaire Â
. 10/10
Marsannay : Enregistrement ancien avec souffle analogique omniprésent. L’orchestre est de premier plan. Le tempo est cette fois un peu plus rapide (12’19’’), mais cela ne nuit pas à la mise en valeur des détails de la partition. Le chant des violons à B, ainsi qu’avant F, est très lyrique et celui des violoncelles à C magnifiquement chantant. Cette attention toute particulière au chant des cordes, typique du chef, m’a fait reconnaître cette version. Très belle lecture, ordonnée avant tout au chant, avec des cordes très chaleureuses. Mon jugement sur le premier mouvement était par contre très négatif, non en raison de l’interprétation mais en raison d’un enregistrement vraiment dégueulasse (il n’y a pas d’autres termes). Ce second mouvement me convainc néanmoins de laisser sa chance à cette version Â
. 7/10
Montrecul : L’orchestre est enregistré d’assez loin, avec beaucoup de réverbération, et la sonorité n’est pas trop flatteuse. Cela manque de corps. L’orchestre est bon mais les cordes vibrent de manière outrée. Le tempo est, dès le départ, plutôt allant (12’21’’). C’est une bonne version mais finalement assez banale, avec rien de bien saillant à signaler. L’écoute de premier mouvement, interprété avec une flamme et une fougue évidentes, éveille par contre davantage mon intérêt et me pousse à tempérer un jugement qui aurait été, sans cela, beaucoup plus négatif Â
. 7/10
Morey-Saint-Denis : L’orchestre est ici superbe. C’est du tout grand luxe. Le chef prend le mouvement dans un tempo plutôt rapide (11’05’’), ce qui ne l’empêche pas de faire chanter son orchestre. À C, les violoncelles pourraient resortir avec davantage de clarté. Idem pour le magnifique chant des violons, 9 mesures après E, ou encore pour les timbales 4 mesures avant F. Et c’est le principal reproche que je ferai à cet enregistrement: son manque de transparence. L’orchestre est remarquablement homogène mais au détriment de l’individualité des timbres. Et cette sonorité compacte me fait invinciblement penser au style d’un certain maestro … Impression qui devient une certitude à l’écoute du premier mouvement qui est, par ailleurs, remarquable et qui me pousse à promouvoir cette version Â
. 8/10
Mélomaniac Mélomane chevronné
Nombre de messages : 28855Date d'inscription : 21/09/2012 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Jeu 6 Avr 2017 - 22:05 DEUXIEME TOUR, groupe CÔTE DU MÂCONNAIS Commentaires et évaluations du groupe Côte du Mâconnais : Mâcon Pizz très présents et précis, qui escortent en garde rapprochée. Les interventions successives semblent se déployer comme un jeu de questions-réponses plutôt que comme une procession. Bref, voilà une intrigante introduction, terriblement discursive, mais sans rien de sec, au contraire : quel moelleux ! Même dogme pour la transition (2’56) où les contrebasses marquent les temps avec une redoutable clairvoyance. Les accords (3’33) sont martelés avec une impressionnante envergure. L’allure ne mollit pas dans la cantilène du Développement, qui s’organise en toute évidence (4'01-6’11, avant la reprise en mi, lettre D de la partition). Le climax (8’04-8’29) fait gronder la terre, avec ces timbales peu percutantes mais dont on ressent la secousse tellurique. Un acmé qui signe la splendeur de l’orchestre : plénitude, équilibre, puissance, charisme… Coda absolument bouleversante (11’02) : cors plaintifs, contrebasses ouvrant la mer en deux, altos qui hantent l’horizon sous un ciel de bronze… Tout ici rayonne de magnanimité et de grandeur. Nul doute que cette version fait partie de celles que j’avais adorées au premier tour  10/10 Pouilly-Fuissé Couleur plus verte, d’un ton plus intransigeant. Les dégradés entre les instruments sont escamotés, le chef se plait aux brusques variations d’éclairage, même dans les nuances douces. Ces micro-contrastes rendent la texture granuleuse. La transition (2’51) se veut ombrageuse, comme le montre cet abrupt coup de rein des cordes graves à la mes. 36 (3’28), puis les ricanements des pupitres souffleurs. Le maestro ne s’apitoie guère sur la cantilène (3’54-6’12), parcourue l’Å“il au sec. La position du climax (mes. 74 à 7’11- mes. 88 à 8’28) s’avère similaire à Mâcon, et tout aussi impressionnante, avec ces mailloches sépulcrales, ces violons satinés de legato, cette somptuosité d’apparat. S’agirait-il du même orchestre ? De très grande classe en tout cas. Comparé à Mâcon, certains passages semblent plus indifférents ou survolés, mais dans les deux versions la pâte se montre tout aussi opulente. Selon les jours, je pourrai préférer l’une ou l’autre, suprêmes. Aujourd’hui, le soupçon d’amertume de l’introduction me fait préférer Mâcon  9,5/10 Pouilly-Loché Introduction linéaire, qui valorise des bois au timbre net, et qui stratifie les lignes instrumentales –par exemple les bassons qui filigranent les cors. Les hautbois en écho (1’33-) se distinguent davantage que dans toutes les autres versions. La transition arco (2’49-) enfle son crescendo en toute transparence, on sent que le chef privilégie la clarté, la lisibilité, l’éclat. Comme dans Pouilly-Fuissé, la cantilène (3’50-6’00) s’énonce avec droiture, sans vibrato intempestif. Dans le climax (6’58-8’17), le passage martelé est un peu plus collant que dans les deux précédentes versions. Toutefois, dans l’ensemble, cette interprétation me semble plus gouleyante que Pouilly-Fuissé et Mâcon. Et l’orchestre brille de mille reflets précieux qui miroitent dans le verre. Encore une version que j’aime beaucoup, un tantinet moins que les deux premières, mais difficile de les départager. Aurais-je gardé le meilleur tonneau pour ce troisième groupe, ou est-ce que mon palais blasé devient insensible aux nuances ?  9/10 Saint-Véran Comparé aux trois précédentes dégustations, la palette semble assourdie, les teintes moins riches, les phrasés plus quelconques. Bref un témoignage irréprochable mais ordinaire, l'honnête cuvée du patron pour le quotidien. La transition arco (3’04-) est moins porteuse, le passage en fa dièse moins stimulant, aplatissant le trépignement. La cantilène (4’08) est parcourue dans une lueur de chandelle morte. Le climax (7’07-) ne marque guère l’oreille ni l’esprit, et s’assimile à une harmonieuse cohésion d’ensemble où le chef prône l’intégration des segments successifs de cette Andante plutôt qu’il ne les dramatise. Rien de honteux, le ton reste classique, le discours maîtrisé. L’orchestre assume, sans se fouler. Peut-être que la prise de son, bien moins spectaculaire que les trois précédentes, ne contribue-t-elle guère à valoriser cet enregistrement qui demeure fort honorable. Mais à l’écart des flagrantes réussites qu’offre ce groupe très concurrentiel  5,5/10 Viré-Clessé Comment ne pas rire en entendant les cors enroués et arthritiques du tout début ? Le souffle confirme : voilà la doyenne, le fût ancestral, le patriarche de la cave. La sonorité inconfortable (comparée aux luxueuses trois premières versions du lot) peut dissuader les oreilles audiophiles. Cependant, la prise de son demeure très claire malgré son acidité, et offre bien davantage de relief et détails que Saint-Véran. Le chef attise ses troupes (1’14, ça fouette) d’un air hautain, il presse le convoi : on atteint la transition arco dès 2’30. Une certaine cruauté s’invite sous cette procession crépusculaire, qui apparaît presque comme un sabbat une nuit de pleine lune : écoutez les ébats sardoniques à 3’05 ! Dans la cantilène, le maestro creuse l’expression, accuse ses phrasés, assèche le romantisme tout en intensifiant les caractères. Rien de lourd en tout cas : ça avance avec une incroyable fluidité, sans peser ni poser. Le climax (6’21-) s’avère dru et violent, les accords tombent comme des couperets On atteint la Récapitulation dès 7’27, preuve que ce tempo s’impose parmi les plus rapides de la discographie. Cette conclusion n’a rien d’un deuil, d’une rémanence, d’une retraite résignée, tant le pouls y vibre encore, tant on sent qu’un coup de théâtre peut surgir à chaque instant. Effectivement, l’irruption des cors (9’45), grimaçante et pugnace, révèle in fine que les acharnements émotionnels n’ont qu’accentué les instincts vitalistes de cette lecture palpitante. On pressent que derrière ça l’Allegro Giocoso va rugir ! Et que le Finale s’annonce riche de rebondissements. A ce titre j’ai folle envie d’entendre les deux mouvements suivants !  Une version très typée, quasiment acariâtre, qui trahit assurément les idiomes et intentions de l’Å“uvre, mais tellement audacieuse que je lui octroie une prime de singularité.8,5/10
Cello Chtchello
Nombre de messages : 5776Date d'inscription : 03/01/2007 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Ven 7 Avr 2017 - 10:25 Groupe Côtes de Nuits Spoiler: Fixin – Ça ne commence pas bien : très distant et avec des vents aux sonorités pincées. Il faut vraiment tendre l’oreille. En plus c’est presque amorphe : il y a des bouts de mélodie qui tombent mollement. L’entrée des cordes est assez jolie par contre et tout semble enfin s’animer. Enfin, s’animer, c’est relatif j’ai l’impression d’une conception toujours très, très retenue, voire timide. Le volume monte enfin dans le dernier tiers mais même là , ça reste tellement sage et contrôlé. On voudrait un peu plus de passion et de laisser-aller. Le ton est uniformément solennel, façon professeur à l’ancienne. Limite barbant. 5/10 Gevrey-Chambertin – Début plus affirmé, avec de jolis détails de phrasé bien audibles cette fois. Cordes plus expressives, très tendres. Les contre-chants sont nettement plus en évidence. A mi-parcours, on a le sentiment que la relative intensité du début ne va plus monter, qu’on plafonne déjà . Ça se libère un peu finalement mais sans se déchaîner totalement. Une bonne version, plus engagée que Fixin mais je reste un peu sur ma faim. 7/10 Marsannay – D’emblée plus d’animation, ça avance franchement mais sans dénaturer le propos, on conserve une certaine noblesse. J’aime beaucoup les timbres des vents, bien fruités. Bon, cette fois il y en a de la passion et les cordes n’ont pas encore fait leur entrée. Les voilà et assez tenues en laisse en fait, très fondues et lustrées. Clairement la version qui me parle plus à ce point de la comparaison, jusque dans les dernières minutes, c’est plein de moments ravissants. Les effets de vague du final font forte impression. Des détails à la conception globale, c’est extrêmement abouti. Oui. 9/10 Montrecul – Bizarre combinaison de Fixin et Marsannay. Il faut tendre l’oreille comme pour le premier mais on ne fait pas trainer les choses. Si cette version dose bien son déploiement, elle pourrait être pas mal. On passe à une autre dimension avec les cordes, plus de réserve pour le coup, ça me plaît. Magnifiques percée de lumière matinale vers la 6ème minute. Globalement, c’est très bien. Sans ce début trop réservé, elle aurait pu faire de l’ombre à Marsannay. 8/10 Morey-Saint-Denis – Encore une version qui ose dire de quoi il retourne immédiatement. Pas de discrétion ici: on déclame et ce n’est pas parce qu’on est dans le mouvement lent qu’on va faire le timoré. Quelle belle poussée de sève vers 3:10 ! Attention, Marsannay, un vrai concurrent vient de se déclarer. Les bois gazouillent merveilleusement, c’est la version la plus bucolique du lot. Les cordes ont du nerf, elles dialoguent fermement sans être agressives. On s’ébroue, on se met amicalement au défi et on y répond avec joie. Une lecture enthousiasmante. Impossible de départager. Oui aussi. 9/10
draffin Mélomaniaque
Nombre de messages : 871Age : 41Date d'inscription : 29/01/2013 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Sam 8 Avr 2017 - 6:54 Groupe Côtes de Beaune Auxey-Duresses: Bel orchestre, capté d'un peu loin, au timbre un peu clair (beaucoup de haut-mediums). Le tempo initial est difficile à comprendre si on n'a pas entendu la fin du précédent mouvement (plutôt rapide) : c'est vif et très fluide. Dommage que ça accélère encore vers 1'17'', on sent comme un léger stress dans la pulsation, ce que je trouve très prématuré à ce stade du mouvement. Mais à par cette petite faute de goût, tout ça frise la perfection ! L'entrée des cordes arco est superbe et les passages en tutti sont remarquables. Vers 3'40'', les violoncelles jouent à cache-cache avec le reste de l'orchestre : il y a de la délicatesse, de la poésie dans tout ça ! Note : 9
Meursault: D'un point de vue sonore, c'est très laid. Le son est ancien (mono avec souffle) et l'orchestre n'est pas très juste. En plus, la mise en place n'est pas impeccable. En plus, on a une lecture un peu plan-plan qui ne casse pas la baraque. Je m'ennuie et/ou je grimace. Même les tutti sont poussifs. Sans regret. Note : 2
Puligny-Montrachet: On est aux antipodes d'Auxey-Duresses : c'est lent, étal, très calme. Le son est encore un peu clair et ça vibre parfois un peu trop à mon goût. Et puis, on est un peu loin des micros... Ça s'écoute sans déplaisir, certes, mais on finit tout de même vite par s'ennuyer... Les tutti montrent que l'orchestre a des réserves sous le pied et rappellent un premier mouvement efficace bien qu'un peu 1er degré. Note : 3
Saint-Romain: Ça démarre sur les chapeaux de roue ! Plus allegretto qu'andante, entre nous... Du coup, emportés par cette pulsation un peu débridée, on a à peine le temps de se soucier du son si laid de cet enregistrement (la bande ne tourne pas régulièrement, du coup, ça pleure...). Sans parler du fait qu'instrumentalement, on a mieux ailleurs (euphémisme). Bois curieusement surexposés. Il y a des passages où on se surprendrait à danser (l'entrée des cordes arco à 2'36''), où on se dit que ce tempo permet une lecture presque dédramatisée de certains passages (le tutti de 6'36'' à 7'25'')... Toujours est-il qu'il y a un côté joyeusement débridé, qui intéresse plus qu'il ne séduit. (Le premier mouvement avait les mêmes caractéristiques : laid, rapide, intéressant.) Note : 5
Volnay: Prise de son un peu ancienne (ça souffle), très écrasée (en dynamique et en profondeur). La réverbération est très courte (y compris pour les cuivres), ce qui laisse supposer une prise de son dans un studio mat. J'aime la fluidité générale : c'est moins radical que Saint-Romain mais ça ne traîne pas. Mais ce qui gâche mon plaisir, c'est le vibrato serré, notamment des cordes et de certains bois : ça larmoie parfois beaucoup... Le climax est joué de façon extrêmement sèche, avec des archets très courts. Les deux dernières minutes sont très bonnes. (Le premier mouvement était aussi extrêmement sec, avec des problèmes de son encore plus prononcés.) Note : 5
Le moins qu'on puisse dire, c'est que je n'ai pas beaucoup apprécié ce groupe... Est-ce que je fatigue ? Je fais une pause avant le groupe suivant.
eleanore-clo Mélomane averti
Nombre de messages : 198Date d'inscription : 04/12/2009 Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie Dim 9 Avr 2017 - 21:13 Bonsoir
Un immense merci à Pipus pour cette écoute. Quel plaisir. Voici mes impressions pour ce deuxième tour. Je n'écouterai pas un autre groupe mais serai très heureuse de contribuer pour le tour suivant.
Spoiler: La qualité des œuvres devient forte et il est difficile de les classer mais je vais faire de mon mieux ! Voilà donc le résultat de ma dégustation à l’aveugle de tous ces Chardonnay.Macon : Un début plein de nostalgie. Une marche dans les bois, des pas lourds (2mn30), hésitants. Des cordes consolatrices et soyeuses (3mn09).  Une grande douceur (4mn02 et 5mn14).  Très beaux bois (6mn). Les cordes font monter la tension (7mn). Belle polyphonie (8mn). Une grande sérénité (10mn49) même si l’esprit vagabonde (les cordes à 11mn15). 11 mn43 en tout 8/10  Pouilly Fuissé : des  cors un peu timide. Bassons et flutes ne sont pas en reste. Brahms les a intimidés. Encore un coup de sa grande barbe blanche ! Les pizzicati sont aussi un peu discret. Des cordes d’une grande douceur (5mn15) et les clarinettes ne sont pas en reste (5mn40). Superbe polyphonie cordes vents à 6mn30. Petit sursaut à 7mn17 mais tout cela reste bien sage. Tendre aussi. A 9m10, des cordes comme la brume sur un lac au petit matin, alors que tout est encore endormi.  Le roulement de timbale est aussi très timide (10mn30). L’orchestre se déploie à 11mn35 un peu comme un cygne qui nagerait sur le lac, en douceur. 12mn09 en tout. 8/10Pouilly Loché : l’Andante démarre aussi en douceur. Beau mariage à 1mn12 vents-bois. De belles articulations, tout en souplesse. Une coloration folklorique (2mn52). L’influence de l’air autrichien sans aucun doute. Des cordes biens timides à 4mn10. Brahms vient de croiser Clara et en a perdu la voix ! Des flutes très acérées. Les timbales sont un peu (trop) éloignées (8mn04). Une interprétation qui se veut vivante, la nature chante, mais sans la suavité de Pouilly Fussé. Belle clarinette pleine de noblesse à 10mn48.  Fin à 11mn37. 7/10.Saint-Véran : des clarinettes tendres (1mn10). Une douce tension (2mn30). De très beau pizzicato (2mn40). Et toujours ces clarinettes tendres, suaves. Les cordes arrivent. On imagine que Brahms n’ose pas prendre Clara par la main ! Il est frustré (3mn47).  Il revient à de meilleurs sentiments semblant se faire une raison (4mn12). Les cordes tissent un magnifique habit de soie (5mn17). 6mn01, le soleil se lève sur la campagne. Quelle douceur (8mn25). C’est vraiment la marque de fabrique de cet enregistrement.  Une grande sérénité pouvant donner une impression de platitude mais ce serait une erreur car la tension et la dynamique sont là . Belles timbales (9mn30). Superbe retour des clarinettes (10mn40). Fin à 11mn35. 9/10Viré Clessé : de belles nuances dès l’ouverture. L’enregistrement ne semble pas très récent mais ce n’est pas (très) gênant. Superbe dialogue des vents (1mn30). Un cru très différent des autres. Sommes-nous toujours dans le mâconnais ? Une interprétation  très champêtre, finalement pas très nostalgique et plutôt contemplative. Est-ce l’essence de Brahms le romantique. De superbes violoncelles (6mn30).  Un manque de souffle, de grand air, mais peut-être est-ce dû à l’enregistrement (7mn15) ? A moins que le soleil ne soit caché ce jour-là sur Mürzzuschlag. La montée vers le final à 9mn55 est retenue. 10mn20 en tout. 7/10.
Je vous souhaite une belle fin de week-end
Eléanore
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Sujet: Re: Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie
Ecoute comparée : Johannes Brahms, 4e symphonie
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