Représentation du 24 avril.
Leonora : Maria Agresta
Azucena : Marina Prudenskaia
Manrico : Francesco Meli
Le Comte : Nicola Alaimo
Ferrando : José Antonio Garcia
Inès : Karine Ohayan
Ruiz : Christophe Berry
Mise en scène : Francesco Negrin
Scénographie : Louis Désiré
Choeurs de l'Opéra de Monte Carlo - Chef des choeurs : Stefano Visconti
Orchestre Philharmonique de Monte Carlo : Daniel Harding
Quelques mots sur le théâtre que je découvrais : conçu par Charles Garnier, il est similaire par l'esthétique, très chargée - la salle est petite : 350 places environ, avec une acoustique excellente - on voit les chanteurs de près, et petit plaisir, les baies donnent sur la Méditerranée.. Son modèle reste un - bienheureux - mystère : cet opéra donne une trentaine de représentations par saison, en général d'un bon niveau artistique - se rappeler du Simon Boccanegra donné au TCE - le prix des places est nettement inférieur à ce qui se pratique à Paris, mais elles sont difficiles à obtenir : sans un relais local influent je n'aurais sans doute pas réussi à organiser cette escapade pour une douzaine d'anciens élèves de mon école.
Je n'ai vraiment pas regretté d'avoir fait ce voyage, ce spectacle s'étant révélé sur plusieurs plans nettement meilleur que celui vu à la Bastille il y a quelques temps.
La mise en scène de Negrin m'a paru convaincante : dans un décor unique elle soulignait la noirceur et la dimension mortifère de cette intrigue, les symboliques du bûcher et de la filiation qui sous - tend le livret : ce qu'on perdait en réalisme, on le gagnait par des images fortes - beau travail, qui tirait le meilleur parti des moyens limités de la salle, mais manifestement peu compris par la critique.
Mais les plus grandes satisfactions étaient sur le plan vocal et musical.
Sans doute pas "les quatre meilleurs chanteurs au monde", mais une distribution de bon niveau, très homogène.
C'est la troisième fois que je vois Maria Agresta - Elvira à Bastille, Norma au TCE - elle a donné une incarnation sensible de ce personnage - qui reste quelque peu mystérieux - elle a surmonté avec aisance les nombreuses difficultés du role, sans atteindre la beauté superlative de Netrebko : elle doit encore affiner certains ornements : trilles, sons filés - mais elle est jeune, et on peut penser qu'elle va progresser.
La grande triomphatrice aura été l'Azucena, formidable, de Prudenskaia : là encore une chanteuse jeune qui fait preuve d'une maîtrise vocale confondante, et donne à voir un personnage pour l'essentiel motivé par un désir de vengeance.
Magnifique Manrico de Meli, passant du registre de la passion amoureuse - "Si ben mio" stupéfiant - à l’héroïsme...
Alaimo donne un Comte aveuglé par la jalousie, la volonté d'anéantir son rival.
Seule réserve : Ferrando, à la voix grailloneuse, et en décalage avec l'orchestre pendant le prologue.
Choeurs magnifiques.
Harding donne une lecture fiévreuse de la partition - manifestement une pointure de la direction lyrique, qu'on aimerait réentendre dans un théâtre parisien...
Pendant la représentation le public - âgé et élégant - s'est peu manifesté, pour réserver son enthousiasme aux saluts finaux.
Au total une représentation mémorable.
Après le spectacle j'ai pu aller dans les loges où j'ai pu féliciter chaudement Marina Prudenskaia - j'ai pu échanger avec avec Karine Manglou, adjointe de Grinda et Éline de Kat, responsable artistique - elles m'ont notamment expliqué pourquoi les chanteurs apprécient de venir dans ce théâtre.
Des critiques :
http://www.forumopera.com/il-trovatore-monte-carlo-oui-mais
https://www.musicologie.org/17/il_trovatore_de_daniel_harding.html
Montfort