La musique, un langage ? A propos d'une citation de Xenakis

On peut je pense débattre de cette idée. Je m'intéresse de plus en plus à la pensée d'Iannis Xenakis. Avec cette citation qu'on trouve sur le site de l'IRCAM :

Iannis Xenakis a écrit:

La musique n'est pas langage, et elle n'est pas message. […] Si l'on réfléchit vraiment à ce qu'est la musique, c’est la chose qui échappe le plus à la définition du langage et si on veut appliquer les techniques de la linguistique, je crois qu'on se trompe, on ne va rien trouver du tout, ou très peu : de la tautologie. […] L'effet que la musique produit dépasse souvent nos méthodes rationnelles d'investigation. Des mouvements sont créés en vous, vous pouvez en être conscient ou non, les contrôler ou non, ils sont là en vous. C'est ainsi que la musique a une influence très profonde, chez l'homme.

La musique de Xenakis, dégagée de tout message, va venir submerger l'auditeur, confronté à du sublime et à une musique difficile compréhensible. D'où une question : qu'est-ce qui vient donner sens à la musique ? J'ai déterminé quatre éléments, tous extramusicaux :

1. Les références communes. Ou données culturelles. Par exemple, la représentation des sentiments, la valeur de certains accords (le triton), etc.
   
2. Les titres. Ce qui permet de dire que chez Toru Takemitsu, il y a représentation de la nature, c'est le titre de ses œuvres.
   
3. Les paroles dans les chansons. Le langage va ici appuyer la musique, sans quoi elle serait incompréhensible
   
4. Des éléments en dehors de l'œuvre. C'est souvent le commentaire qu'en fait le compositeur. Par exemple, les sonnets de Vivaldi qui accompagnent Les Quatre Saisons. Ou les textes de Satie qui accompagnent Sports et divertissements.
   

Qu'en pensez-vous ?

La musique où il y a des paroles en français, que ce soit en classique ou en variété, est un domaine que j'ai tendance à fuir. Je n'aime pas trop comprendre les paroles. Ca me met mal à l'aise, des paroles que je comprends ça a vite fait de m'envahir. Je crois que ma façon d'écouter de la musique, ce que je cherche dans la musique, ce n'est pas le texte ou la signification. (Je ne mets jamais la télévision non plus, ça ça me prend vraiment la tête)

Les disques de mélodies française par Renée Fleming ou Philippe Jaroussky sont faits pour toi, alors!

Benedictus a écrit:

Les disques de mélodies française par Renée Fleming ou Philippe Jaroussky sont faits pour toi, alors!

Ou les œuvres vocales de Boulez.

Pas vraiment: l'écriture vocale de Boulez a tendance à distordre la prosodie, mais le texte reste intelligible si les chanteurs ont une bonne diction (comme Jeanne Deroubaix dans le premier enregistrement du Marteau sans maître ou, encore mieux, Irène Joachim, Joseph Peyron et Pierre Mollet dans la version Désormière du Soleil des eaux.)
Tandis qu'avec Renée Fleming ou Philippe Jaroussky, c'est la technique vocale (et aussi, pour la première, l'accent) qui oblitère structurellement la diction.

Benedictus a écrit:

le premier enregistrement

ce n’est pas le premier, les enregistrements Vega (réédité récemment dans la série du Domaine Musical) et Columbia (celui de Craft) sont plus anciens.
sinon, d’accord pour Deroubaix ; bizarre d’ailleurs que ce soit si rarement chanté par des francophones...

Salut tout le monde !

Personnellement, j’ai toujours été du côté de ceux qui pensent que la musique peut être un langage. Je me dis qu’elle est une langue universelle lorsqu’elle ne contient aucune parole. Tu ne comprends pas une personne qui parle le russe si tu n’en parles pas toi-même. Par contre, tout le monde comprend le rythme, les percussions, et un air de violon, et ce, de la même façon.

JonathanBourquain a écrit:

Par contre, tout le monde comprend le rythme, les percussions, et un air de violon, et ce, de la même façon.

J'aurais tendance à dire l'inverse et on peut en faire l'expérience quotidiennement: chacun ressent la musique à sa façon, et chaque musique peut être ressentie de façon différente par chaque individu.

JonathanBourquain a écrit:

Salut tout le monde !

Personnellement, j’ai toujours été du côté de ceux qui pensent que la musique peut être un langage. Je me dis qu’elle est une langue universelle lorsqu’elle ne contient aucune parole. Tu ne comprends pas une personne qui parle le russe si tu n’en parles pas toi-même. Par contre, tout le monde comprend le rythme, les percussions, et un air de violon, et ce, de la même façon.

On a trop tendance à parler d'universalité, en pensant que nos impression sont ressenties par tous pareillement. Je me demande si ce n'est pas un terme passe-partout. Or on sait que notre ressenti de la musique est différent selon les cultures. C'est un des principes de la musique contemporaine : bousculer nos repères. Et je me souviens de ce musicien sénégalais qui nous permettait de découvrir qu'en fait, la tristesse s'exprime différemment dans la musique sénégalaise et la musique occidentale.