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| | Rudi STEPHAN 1887-1915 | |
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+5Mefistofele Roupoil Benedictus Octavian Rubato 9 participants | Auteur | Message |
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Rubato Mélomane chevronné
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 | Sujet: Rudi STEPHAN 1887-1915 Sam 30 Sep - 10:42 | |
| Bio express:RUDI STEPHAN est un compositeur allemand, né le 29 juillet 1887 à Worms et décédé sur le front le 29 septembre 1915. Ses études musicales furent encouragées par ses parents qui lui permirent d'être en contact avec un large panorama de la culture durant sa jeunesse. Il commença ses études musicales avec Bernhard Sekles à Frankfort puis en 1906 à Munich avec Rudolf Louis. Rudi était très ouvert à la musique contemporaine française, possédant des partitions de Debussy (Pelléas, Prélude à l'après-midi d'un faune), mais aussi avec une attirance pour la musique de Stavinsky et Scriabine. C'est en 1915 qu'il fut appelé pour le service actif sur le front. Deux semaines plus tard, le 29 septembre, il fut abattu par un sniper russe d'une balle dans la tête; il avait 28 ans. Sa "deuxième mort", si l'on peut dire, fut quand tous ses documents non publiés partirent en fumée suite à un raid aérien sur Worms en 1945. Les œuvres:- Opus 1 pour orchestre (1908) - Liebeszauber pour baritone et orchestra, d'après Hebbel (1907, rev. 1911) arrangé pour sept instruments par Hinrich Alpers en 2003/2013 - Musique pour Orchestre [No.1] (1910) - Grotesque pour violin et piano, op 2 (1910) - Musique pour Violin et Orchestre (1910, rev. 1913) - Musique pour Sept instruments à cordes (sextuor à cordes et harpe) (1907-11; inachevé, révision pour quintette à clavier, 1914) - Musique pour orchestre [No.2] (1912, rev. 1913) - Die ersten Menschen (1909-14), opéra Et les Lieder:- 6 Lieder "Ich will Dir singen ein Hohelied" 1913/1914 d'après Gerda von Robertus. - "Waldnachtmittag" d'après Reinhold von Stern. 1904 - "Auf den Tod einer jungen Frau" d'après Anton Lindner. 1904 - "Up de eensome Hallig" d'après Detlev von Liliencron. 1914 - "Zwei ernste Gesänge" pour baryron et piano. 1913/1914 - "Mitternacht" d'après Leo Greiner. 1904 - "Sieben Lieder nach verschiedenen Dichter" 1914/1915 J'ai plus ou moins rassemblé ici ce qui a été dit dans le fil "décadents" - Rubato a écrit:

Rudi Stephan (1887-1915)
Die ersten Menschen Opéra en deux actes Livret de Otto Borngräber
Adahm (Adam): basse Chawa (Eve): soprano Kajihn (Caïn): baryton Chabel (Abel): Ténor
Une petite présentation de cet opéra, qui le mérite bien.
L’argument: Un épisode de la vie d’Adam et Eve, et de leurs deux fils, Caïn et Abel, jusqu’à l’assassinat de ce dernier par son frère.
Rudi Stephan, compositeur allemand promis à un grand avenir (hypothèses souvent émises), fut malheureusement tué sur le front russe le 29 septembre 1915, atteint par un tireur d’élite russe, d’une balle en pleine tête. A sa mère qu’il quittait pour partir au front, il dit : « Pourvu qu’il n’arrive rien à ma tête, il y a tant de belles choses là-dedans »
Die ersten Menschen fut son unique opéra. Ludwig Rottenberg, le directeur musical de l’opéra de Francfort, qui avait déjà produit Der ferne Klang et Das Spielwerk und die Prinzessin de Franz Schreker, accepta d’en donner la représentation, mais seulement en hiver 1915 ; le compositeur avait déjà quitté ce monde.
Un commentaire de l’époque : " Le langage musical emprunte des voies nouvelles, au-delà de Wagner, tout comme l’instrumentation emprunte plutôt le chemin d’Elektra que Stephan avait entendu à Munich. On y perçoit le souffle puissant du véritable dramaturge, surtout dans la scène du meurtre, sans que jamais Stephan ne verse dans une hypersensibilité fiévreuse du son. Lorsque l’on pense que jamais un compositeur dramatique n’a forgé sa réputation sur sa seule première oeuvre, cette création est à considérer comme une performance tout à fait extraordinaire, sur la voie la connaissance de soi. A côté de Pfitzner, Stephan est aujourd’hui le seul compositeur dont la musique pour la scène respire le souffle d’un esprit pur et d’une véritable conviction dramatique." (Hermann Unger)
Je rajouterai que cet opéra m’a beaucoup plu, et que je le considère déjà comme l’un des chefs-d’œuvre du début du XX siècle. Le chant, déclamation, fait souvent penser à Wagner. Il y a aussi une richesse orchestrale, qui fait penser à R. Strauss (Stephan avait été impressionné par la représentation d’Elektra), et Schreker n’est pas loin non plus. Et ces explosions orchestrales, qui accompagnent souvent Caïn (la force brutale), puis à l’opposé, ces timbres magiques qui accompagnent Abel (la pureté). Superbe musique.
Un opéra très prenant, émouvant, qu’il faut absolument découvrir.
-Pour ce très bel enregistrement: livret en Allemand et Anglais. - Utnapištim a écrit:
- Rubato a écrit:
- Il existe également cette autre version moderne, par Mikko Franck parue cette année, mais qui est tronquée (20mn en moins)
 En fait il me semble que ce CD est l'enregistrement du concert auquel j'ai assisté ! désolé pour le doublon. Je ne suis pas certain, mais il me semble qu'on a eu l'intégrale en concert.  - Xavier a écrit:
- Rudi Stephan: Musique pour violon et orchestre, Musiques pour orchestre I et II

Si vous aimez R.Strauss, Zemlinsky et/ou le premier Szymanowski, écoutez ça, c'est vraiment superbe! (la 1ère musique pour orchestre est enregistrée pour la première fois) Du très bel orchestre post-romantique, et une belle veine mélodique.
Ces oeuvres ont été écrites entre 1910 et 1912, le compositeur avait à peine 23 ans.
Je vais maintenant me diriger vers son opéra Die ersten Menchen, dont il a été question. (2 versions semble-t-il, Franck et Rickenbacher, les deux contiennent le livret apparemment ) - Yohan Nicolas a écrit:
- Xavier a écrit:
- Ah, je trouve ça très luxuriant au contraire...
Mais si tu as du mal avec Bartok, je comprends mieux. (même si ça me paraît bien plus proche de Strauss que de Bartok) Désolé de répondre que maintenant... Mais si, j'adore Bartok! Au moins autant que Strauss et Wagner. Simplement, certaines œuvres qui me touchent moins me deviennent immédiatement très arides, et c'est de cette sensation que je parle. Ce n'était pas un rapprochement stylistique car oui, Stephan est plus près de Strauss 
Et j'ai réécouté Les premiers hommes, pour la première fois depuis un moment livret en main, c'est sublime Cet orchestre luxuriant, ces mélodies... Le début du IIe acte, waouh, quel souffle! C'est chiant pour les micro-coupures d'une réplique, mais bon, on a l'essentiel. Et finalement, c'est le seul vrai défaut de la version CPO  Que pensez-vous de la partie de Chawa ? Elle hurle beaucoup, non ? Dès la première scène, franchement... J'ai l'impression que niveau difficulté, c'est du niveau de la teinturière et peut-être bien de Turandot!
Quant aux musiques pour orchestre, je jetterais bien une oreille au disque de la page précédente. Je crois que c'est la prise de son extrêmement terne de ma version qui donne à la musique son aspect grisâtre. J'ai cette version, quelqu'un connaît ? On entend les défauts de la prise de son dans le très beau Liebeszauber chanté par DFD.
 - Xavier a écrit:
- Yohan Nicolas a écrit:
- Que pensez-vous de la partie de Chawa ? Elle hurle beaucoup, non ? Dès la première scène, franchement... J'ai l'impression que niveau difficulté, c'est du niveau de la teinturière et peut-être bien de Turandot!
Je n'ai pas eu cette impression avec Gustafsson dans la version Franck, je n'ai pas encore écouté Rickenbacher.
- Yohan Nicolas a écrit:
- Quant aux musiques pour orchestre, je jetterais bien une oreille au disque de la page précédente. Je crois que c'est la prise de son extrêmement terne de ma version qui donne à la musique son aspect grisâtre. J'ai cette version, quelqu'un connaît ? On entend les défauts de la prise de son dans le très beau Liebeszauber chanté par DFD.
 Je ne connais pas, c'est quoi, des mélodies avec orchestre? En tout cas, je te confirme que dans le disque Chandos les musiques pour orchestre ne sonnent pas du tout grises et ternes! - Golisande a écrit:
- Je suis en train d'écouter Die ersten Menschen de Rudi Stephan sans le livret et en faisant autre chose, et je trouve ça vraiment très beau
. C'est moins luxuriant orchestralement, moins foisonnant et étrange (ou "moderne") que Schreker — je serais tenté de dire moins racoleur, mais aussi sans doute moins original —, finalement très différent mais non moins envoûtant : j'y entend nettement plus de tournures debussystes et bartokiennes, davantage de Strauss aussi mais avec bien plus de mystère et d'onirisme (de par un langage harmonique nettement plus modal et centré sur la sonorité, une orchestration plus transparente à mes oreilles), et finalement, tout bêtement, bien plus de post-wagnérisme assumé comme tel (et non pas rococo-choucroutisé comme chez Strauss ni propulsé sur orbite comme chez Schreker).
En fait cette musique m'est délicieusement familière sans que je sache toujours clairement pourquoi — en fait tout simplement parce qu'elle baigne dans une époque de l'histoire de la musique que je connais assez bien, avec ses diverses influences plus ou moins conscientes : l'impression est assez analogue à celle produite par Flammen de Schulhoff (que je vais réécouter), quoique transposée dans une esthétique nettement antérieure et moins sophistiquée.
Bon, cela dit il me reste à l'écouter avec livret et plus attentivement (moyennant quoi il n'est pas impossible que mes impressions changent un peu).
Dernière édition par Rubato le Lun 2 Oct - 17:40, édité 3 fois |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
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 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Sam 30 Sep - 10:44 | |
| - greg skywalker a écrit:
- J'explore le cd consacrée au lied et la musique de chambre de Rudi Stephan

Coté musique de chambre : c'est assez "expressioniste" , avec un discours fragmenté , des gestes brusques,des silences , quelques passages avec des réelles beautés . C'est aussi rhapsodique , sa musique conte une histoire , comme un poème symphonique. Musique intéressante mais je ne suis pas complètement conquis ( je préfère la nuit transfigurée de Schoenberg)
Coté lied : quelques lieds sont chouettes avec une musique baladant entre zemlinsky , Strauss et Schoeck ( je n'ai pas ce cd , donc pas le livret ....) Merci Greg. Je vais l'écouter (reçu ce matin), et en parlerai ensuite. Le programme de l'album: - Spoiler:
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|  | | Rubato Mélomane chevronné
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 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 1 Oct - 7:05 | |
| Retour à ce bel album de musique de chambre et Lieder. En fait sa musique de chambre se résume à deux œuvres. 1- Groteske für Geige und Klavier de 1911. Les originaux furent détruits dans le raid aérien de 1945. Mais heureusement deux copies furent découvertes en 1979 à la "Bavarian State Library" de Munich par la musicologue allemande Juliane Brand. On ne sait pas grand chose sur les circonstances qui ont mené à la composition de cette œuvre "Grotesque" mais on peut penser que le compositeur, avec ce titre, faisait référence au carnaval de Munich. C'est une sorte de sonate pour violon et piano, avec de nombreux changement de rythmes exploitant les ressources des deux instruments. "des gestes brusques,des silences" comme l'a dit greg skywalker auparavant. 2- Musik für Sieben Saiteninstrumente de 1912 Sous-titrée "en un seul mouvement et postlude." En fait on peut parler de deux mouvements, traités de la même façon dans une "forme sonate" utilisant deux tempos différents, l'adagio et l'allegro. On retrouve donc ces changements de rythmes de l'œuvre précédente. Cette œuvre fut jouée du vivant du compositeur, avec succès et pour la première fois en 1912. Mais Rudi Stephan n'en n'était pas pleinement satisfait et avait pour projet de la retravailler pour en faire un quintette avec piano...mais il n'en n'eut pas le temps. Les Lieder.Ils sont au nombre de 21 si l'on intègre "Liebeszauber". Presque la totalité de ces Lieder sont sur un tempo lent, on prend son temps, avec une mélodie plutôt simple et un accompagnement du piano qui reste discret. Avec "Liebeszauber" (1914) c'est autre chose et on lorgne déjà du côté de l'opéra. Ici c'est une version révisée d'un Lied pour ténor et orchestre d'une ballade de Friedrich Hebbel qui fut perdu. C'est interprété sur cet album par un baryton accompagné par un quatuor à cordes, un piano, une contrebasse et une harpe. Changements de rythmes, chant déclamatoire parfois, quelques vers parlés, sur un total de 17 strophes. J'ai beaucoup aimé. Quant au style en général, je me garderai bien de m'avancer sur le terrain glissant des comparaisons. Dans le livret, textes allemands avec traduction anglaise.
Dernière édition par Rubato le Lun 2 Oct - 17:42, édité 1 fois |
|  | | Rubato Mélomane chevronné
Nombre de messages : 13073 Date d'inscription : 21/01/2007
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 1 Oct - 10:57 | |
| Côté discographique, et concernant les Lieder, il y a aussi cette intégrale:  Par contre on n'y trouve pas "Liebeszauber", et c'est dommage. Programme: - Spoiler:
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|  | | Octavian Glasse les fraises

Nombre de messages : 7333 Age : 39 Localisation : Près du Vieux Port Date d'inscription : 06/05/2008
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Mar 3 Oct - 13:53 | |
| - Xavier a écrit:
- Rudi Stephan: Musique pour violon et orchestre, Musiques pour orchestre I et II

Si vous aimez R.Strauss, Zemlinsky et/ou le premier Szymanowski, écoutez ça, c'est vraiment superbe! (la 1ère musique pour orchestre est enregistrée pour la première fois) Du très bel orchestre post-romantique, et une belle veine mélodique.
Ces oeuvres ont été écrites entre 1910 et 1912, le compositeur avait à peine 23 ans. - Yohan Nicolas a écrit:
- [...] Quant aux musiques pour orchestre, je jetterais bien une oreille au disque de la page précédente. Je crois que c'est la prise de son extrêmement terne de ma version qui donne à la musique son aspect grisâtre. J'ai cette version, quelqu'un connaît ? On entend les défauts de la prise de son dans le très beau Liebeszauber chanté par DFD.
 - Xavier a écrit:
- [...] Je ne connais pas, c'est quoi, des mélodies avec orchestre?
En tout cas, je te confirme que dans le disque Chandos les musiques pour orchestre ne sonnent pas du tout grises et ternes! Je ne trouve pas la prise de son de l'enregistrement par Zender particulièrement terne ou pleine de défauts, ni – surtout – la musique grisâtre !  J'aurais même tendance à nettement préférer cette version à celle de Caetani chez Chandos. J'aurais de la peine à analyser dans le détail, mais je trouve que Zender marque mieux les différents mouvements de la pièce. Et il est accessoirement un peu plus vif : deux minutes de moins pour une œuvre d'un peu plus d'un quart d'heure, ça a tendance à se faire sentir, tout de même. Sous la baguette de Caetani c'est joli, certes, mais... ça me donne l'impression de manquer d'arêtes, de structure, c'est un peu uniforme et languissant, et je me lasse en cours de route. Puis c'est tout de même dommage de se priver du superbe Liebeszauber chanté par DFD, également sur le disque Zender.  |
|  | | Benedictus Mélomane chevronné

Nombre de messages : 14999 Age : 48 Date d'inscription : 02/03/2014
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Ven 9 Oct - 14:58 | |
| • Musique pour orchestre en un mouvement (1912)Kirill Petrenko / Berliner Philharmoniker En public, Berlin, XII.2012 Berliner Philharmoniker Recordings  Extraordinaire! À tous points de vue l’interprétation la plus exaltante de ce chef-d’œuvre de la musique symphonique «décadente» - et qui, en plus, renouvelle profondément la perception que l’on peut avoir de l’œuvre. Exaltante, d’abord, du fait de la direction de Petrenko: très allante, avec des tempi très vifs mais qui ne sonnent jamais sèchement cravachés ou bousculés (au contraire, il y a une très belle respiration), incroyablement élancée, avec des phrasés très directs, très cursifs et une poussée toujours irrésistiblement relancée (la façon de mener la péroraison finale est totalement électrisante); par ailleurs une clarté, une netteté d’articulations, une précision dans les transitions absolument confondantes, des gradations de dynamiques admirablement construites… Exaltante aussi du fait des couleurs et de textures de Berlin - on bénéficie ici de tout l’apport des années Rattle (cette incroyable transparence des timbres!) mais avec un spectre plus creusé en termes de profondeur et d’ampleur, et plus fermement structuré voire «hiérarchisé» dans l’étagement des strates (on n’a jamais cette impression de n’entendre qu’une succession de détails tous mis sur le même plan, comme dans les témoignages les plus discutables de Rattle.) L’orchestre déploie ainsi une diversité de textures et de couleurs assez extraordinaires - de l’espèce de nimbe sombre (cordes graves, percussions en sourdine) de l’incipit à la clarté franche des cuivres de la péroraison, en passant par les couleurs merveilleusement individualisées de la petite harmonie et aux cordes focalisées et galbées tout au longs de l’œuvre - dont les contrastes structurent le discours et l’animent. Autant dire qu’on est aux antipodes de la lecture de Caetani / Melbourne, qui donnait l’impression d’une sorte de grande coulée homogène, certes richement moirée, mais globalement assez invertébrée (du fait à la fois des contours flous et du spectre étouffé de la captation Chandos, lointaine et réverbéré, mais aussi de tempi d’une lenteur confinant à l’apathie); version qui (un peu comme Botstein dans la Herbstsymphonie de Marx) rendait une image, certes légitime, du style «décadent» - mais qui n’a pas ma préférence. Mais on est aussi dans d’autres logiques que celle de la version Zender / RSO Berlin (réécoutée en début de semaine), certes articulée, contrastée et tendue mais qui restait dans des couleurs (sombres) et un style expressif très uniment «germanique fin-de-siècle.» Or - et c’est pour cela que je disais que cette version renouvelait la perception de l’œuvre - l’élan et les transparences de Petrenko / Berlin, sans gommer ce que le langage de Stephan doit au postromantisme austro-allemand tardif, permettent de faire entendre ce que l’harmonie et l’orchestration doivent aussi à d’autres sources d’inspiration - on pense ici à plus d’une reprise à Debussy et à Scriabine (la fin évoque plus les Nocturnes ou le Poème de l’extase que Mahler ou Strauss.) Au total, donc, une version non seulement intrinsèquement enthousiasmante pour ses couleurs, ses contrastes et son allant incroyable, mais aussi une version qui permet de mieux saisir la singularité de Rudi Stephan. |
|  | | Roupoil Mélomaniaque

Nombre de messages : 1634 Age : 41 Localisation : Pessac Date d'inscription : 22/04/2017
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 11 Oct - 8:23 | |
| À la suite des passionnants messages de Benedictus, je (re?)tente certaines oeuvres. Je n'ai pas trouvé la version Petrenko de cette musique pour orchestre, je l'écoute donc dans la version Caetani, mais ça me suffit largement à en faire une découverte majeure, c'est vraiment très très bon ! Je suis d'ailleurs surpris de ne pas avoir découvert cette oeuvre plus tôt, Stephan avait fait partie de ma liste de décadents dont j'avais exploré le répertoire il y a quelque temps, je me souviens nettement ne pas avoir été transporté par les Ersten Menschen, oeuvre que j'avais trouvée inégale ; je me souviens aussi très nettement avoir écouté d'autres choses de Stephan, mais impossible de me rappeler quoi précisément (pourtant le catalogue n'est, et pour cause, pas vraiment pléthorique). J'avais probablement du passer à côté de la musique pour orchestre car je ne peux pas imaginer ne pas l'avoir remarquée dès la première écoute... Du coup, faut que je me procure Petrenko dans cette oeuvre. |
|  | | Mefistofele Mélomaniaque

Nombre de messages : 1459 Localisation : Under a grey, rifted sky Date d'inscription : 17/11/2019
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Jeu 19 Nov - 7:13 | |
| Écoute du magnifique Musik für Sieben Saiteninstrumente dans plusieurs versions...    La version de l' Ensemble Calliopée, chez Hortus, est étirée et suspendue, d'un grand raffinement, son caractère élusif est renforcé par cette approche qui étire les tempi. Superbe ! La version du Horenstein Ensemble est à l'opposé plus rentre-dedans, nerveuse, avec une prise de son proche qui souligne cet aspect. Le Nachtlied prend des tournures de valse ravélienne , le premier mouvement laisse pareillement affleurer une rage contenue. Le disque Sony, enfin, est un peu au milieu du gué. Très propre, moins typé, beaucoup de grâce néanmoins. Vraiment une question d'humeur pour les départager ? Côté compléments de programme... Chez Hortus, outre le très inoffensif Poème de Durosoir (typique mais sans saveur particulière), le quintette de Vierne, qui est un échec, à mon sens : la véhémence est gommée, la douleur feutrée, j'ai besoin d'épanchements douloureux et de rageuses fulgurances. Chez Acousense, les Four Verlaine Songs de Coles en adaptation chambriste. La voix est moins belle que dans la version orchestrale, on perd en somptuosité sonore, mais l'œuvre est tellement incroyable que je ne me plains pas d'une deuxième entrée au catalogue, même déviante. Elle n'est toutefois pas du tout une priorité sous cette forme. La Suite pour quatuor à cordes de Butterwoth est par contre un succès absolu, énormément d'allant, une fibre dansante britannique palpable ( reel, hornpipe, les vertes collines au son du fiddle), j'ai préféré à la version du disque Heracleitus. The Banks of Green Willow, enfin, en version chambriste, est tout à fait délicieux, sans constituer un must (des éclats de Ravel ou de Caplet au service d'un buccolisme tout britannique). Sony propose l'avantage d'un tout Stephan, et exhaustif de surcroît, ce qui n'est pas sans être un fort produit d'appel... |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95625 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Jeu 19 Nov - 20:25 | |
| Oh, je n'avais pas vu qu'il existait ce disque (en plus chez Acousense, on ne capte pas mieux les orchestres, curieux d'entendre en musique de chambre !). Noté en prioritaire, merci. |
|  | | Golisande Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6075 Age : 48 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 22 Nov - 23:43 | |
| Petite incursion sur le continent pour écouter (entre autre) la Musique pour orchestre en un mouvement, dans la version Petrenko tant vantée par Benedictus plus haut. Un compositeur qui m'était, de fait, inconnu (sauf de nom, essentiellement en tant qu'auteur de Die ersten Menschen, opéra que je n'ai jamais écouté faute d'accès au livret). Et c'est effectivement magnifique.  La sombre introduction m'évoque Verklärte Nacht de Schönberg, tandis que la partie animée s'éclaire de sonorités debussystes auxquelles je suis particulièrement sensible ; tant l'harmonie que les timbres sont une orgie perpétuelle, dans une ambiance oscillant entre lumière et drame – mais penchant de plus en plus fortement vers le second, jusqu'à une "catastrophe" avec lourd choral de cuivre et gong... Vient ensuite une déploration livide et lugubre aux cuivres bouchés, qui ramène tout d'abord une (brève) section de l'introduction, puis un nouvel épisode "debussyste" aux cordes aiguës et bois (celui des scènes d'amour de Pelléas) et la montée vers un magnifique îlot de plénitude féerique (avec touches de célesta bien entendu  ) — avant un bref emballement expressif introduisant un fugato (un peu plaqué à mon sens) des bois, heureusement très bref; le mouvement vif se poursuit dans une ambiance franchement lumineuses cette fois-ci, avec les mêmes touches de debussysme "diurne", mais conduisant cette fois à une exaltation croissante — jusqu'à une interruption soudaine, comme un saut d'une falaise... Suit un épisode plus calme mais toujours lumineux et exalté, avec force harpe, flûte et violon solo suraigu (je pense à la toute fin de la 3e de Van Gilse, et par-delà bien sûr aux appels de Brangäne dans Tristan – dans une déclinaison diurne et heureuse), avant un brusque et inattendu (et magnifiquement original) assombrissement, d'abord subtil puis brutal et ramenant d'un coup le drame de la première partie — et une conclusion féroce, en majeur mais pour le moins ambiguë. Un véritable drame symphonique en miniature, d'une concentration dramatique et d'une richesse musicale assez inouïes (en un sens, il "se passe" en 15 minutes autant de choses que dans une symphonie entière de Mahler)... |
|  | | Meinedos92 Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 60 Date d'inscription : 03/11/2020
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Mer 16 Déc - 17:03 | |
| Bonjour, newbie sur le forum, je tombe sur cette oeuvre en cherchant la version de Die Winterreise Nimsgern/Plucher ( merci David  ) et c'est avec beaucoup de curiosité et d'intérêt que j'ai commencé à l'écouter , en voiure ce n'est pas l'idéal mais mieux que rien. J'attends de pouvoir le faire en lisant le livret. De prime abord c'est le genre d'opéra qui est fait pour me plaire : fan de Strauss/Bartok et Wagner entre autres tout en étant adepte de Krenek et Korngold entre autres. Ca devrait donc le faire |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95625 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Mer 16 Déc - 17:27 | |
| Le livret vaut son pesant de cacahuètes aussi (comment Caïn conçoit le meurtre d'Abel à cause de l'amour incestueux du premier envers leur mère…). Très décadent assurément. |
|  | | Meinedos92 Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 60 Date d'inscription : 03/11/2020
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Mer 16 Déc - 18:11 | |
| - DavidLeMarrec a écrit:
- Le livret vaut son pesant de cacahuètes aussi (comment Caïn conçoit le meurtre d'Abel à cause de l'amour incestueux du premier envers leur mère…). Très décadent assurément.
Au XXIème siècle , ca va passer crème même faire un chouïa mesquin dans le genre Sinon le peu que j'ai écouté: je ne sais plus qui faisait la remarque précédemment que l'interprète de Chawa " criait un peu" et je me disais en voiture que mon audio voiture devait être réglé...On est deux à avoir eu ce sentiment? Merci encore pour le texte, je pense que ça me facilitera grandement la découverte Bon j'ai encore à essayé de récupérer, si possible, le replay Lohengrin/Alagna/Arte de ce weekend... Journées trop courtes .. |
|  | | DavidLeMarrec Mélomane inépuisable

Nombre de messages : 95625 Localisation : tête de chiot Date d'inscription : 30/12/2005
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Mer 16 Déc - 20:50 | |
| Ronge, pourtant, difficile d'avoir plus moelleux et coloré dans le soprano (post)wagnérien. Tu risques d'avoir de sacrées (mauvaises) surprises dans la discographie si c'est déjà trop poru toi. - Meinedos92 a écrit:
- Bon j'ai encore à essayé de récupérer, si possible, le replay Lohengrin/Alagna/Arte de ce weekend...
Journées trop courtes .. Ah oui ! Ce que j'ai entendu (et vu) ne m'a pas trop convaincu, il faut que j'écoute aussi. |
|  | | Meinedos92 Mélomane du dimanche
Nombre de messages : 60 Date d'inscription : 03/11/2020
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Jeu 17 Déc - 15:52 | |
| Ben, c'est en ligne et je viens de terminer le 1er acte. Bon, j'ai l'art du HS.. |
|  | | Xavier Père fondateur

Nombre de messages : 89751 Age : 41 Date d'inscription : 08/06/2005
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 20 Déc - 0:02 | |
| - Golisande a écrit:
- Petite incursion sur le continent pour écouter (entre autre) la Musique pour orchestre en un mouvement, dans la version Petrenko tant vantée par Benedictus plus haut.
Un compositeur qui m'était, de fait, inconnu (sauf de nom, essentiellement en tant qu'auteur de Die ersten Menschen, opéra que je n'ai jamais écouté faute d'accès au livret).
Et c'est effectivement magnifique.  [...] Un véritable drame symphonique en miniature, d'une concentration dramatique et d'une richesse musicale assez inouïes (en un sens, il "se passe" en 15 minutes autant de choses que dans une symphonie entière de Mahler)... Et la partition se trouve sur IMSLP!  https://ks4.imslp.info/files/imglnks/usimg/b/b3/IMSLP112747-SIBLEY1802.15883.b89c-39087009475791score.pdf |
|  | | Golisande Mélomane chevronné

Nombre de messages : 6075 Age : 48 Localisation : jeudi Date d'inscription : 03/03/2011
 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915 Dim 20 Déc - 9:59 | |
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 | Sujet: Re: Rudi STEPHAN 1887-1915  | |
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|  | | | Rudi STEPHAN 1887-1915 | |
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