Donc, vendredi à Favart.
Une grosse heure avec les meilleurs spécialistes de l'air de cour à l'Opéra-Comique : les hits de Lambert, d'Ambruys, Le Camus, Bacilly, Charpentier… par Desandre, Mauillon, Rignol, Th. Dunford, Rondeau !

Collection de hits du genre, parfois chantés à deux (ajout d'une ligne intermédiaire entre le dessus et la basse, pour Mauillon) : Voſ meſpris chaque jour, Triſtes deſerts, Sans frayeur dans ce bois, Auprès du feu on fait l'amour, Laiſſez durer la nuict…
Certaines choses que j'ai eu le plaisir de graver (en partition, pas en CD !), chanter et/ou d'accompagner (Vos mépris chaque jour, Le doux silence de nos bois…) – j'adore d'Ambruis et Le Camus, en particulier (Lambert aussi, certes). Manquait surtout Guédron !

http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2014/05/01/2458-enjeux-d-edition-pierre-guedron-le-ballet-d-alcine-iii-temoignage-harmonique-inestimable
Très agréablement impressionné par
Jean Rondeau (beaucoup d'agréments posés sur ses réalisations par ailleurs assez mélodiques, miam),
Thomas Dunford toujours aussi volubile et varié, et
Marc Mauillon, clair, naturel, glorieux, plein d'abattage, débordant de mots…
Cette technique très spécifique, complètement dans la face, souvent sans couverture, lui assure cette intelligibilité, cet impact direct, et lui permet de dominer aussi bien les chœurs d'Alcione à Favart que les grands
tutti des Contes d'Hoffmann dans Pleyel ! Un grand modèle, mais aussi un artiste sans égal, car il a beaucoup à dire, et se meut avec un naturel confondant (une drôlerie, aussi).
Outre le plaisir rare d'entendre des
airs à deux (ils sont écrits soit à plusieurs parties, à la mode du madrigal, sont en monodies accompagnée), la soirée culminait avec le d'Ambruys donné à chaque occasion par Mauillon («
Le doux silence de nos bois ») : les diminutions ( http://operacritiques.free.fr/css/index.php?2010/10/31/1614-la-verite-sur-les-diminutions-francaises-benigne-de-bacilly ), décalées par rapport aux temps dans la dernière partie, y sont directement écrites par le compositeur, et son balancement mélodique – contemplatif et lyrique – en est irrésistible.
Cette pièce est cette fois donnée dans une gradation instrumentale : archiluth seul (figurant le silence sylvestre), puis un enflement luth-clavecin (les arpèges de clavecin miroitent), et des arpèges de gambe seule pour toute la fin ornée (
Myriam Rignol y fait des merveilles). J'aurais aimé un retour à l'archiluth, ou un mélange des trois, pour varier la fin, mais c'était de fait magnifique.