Deux concerts, dont celui qui est diffusé en ce moment même (dimanche 8 avril) en streaming.
J'étais à celui du vendredi 6 avril.
Sir Simon Rattle conductor
Stuart Skelton tenor (Parsifal)
Nina Stemme soprano (Kundry)
Franz-Josef Selig bass baritone (Gurnemanz)
Evgeny Nikitin bass baritone (Klingsor)
Gerald Finley bass baritone (Amfortas)
Rundfunkchor Berlin, Simon Halsey chorus master
Je vous épargne les émotions (première fois que je vais à la Philharmonie de Berlin, et bla, et bla), mais je ne suis pas neutre.
En résumé: exécution admirable, orchestre à tomber, interprètes excellents, choeur impeccable.
J'ai compris à quel point cet opéra est fait pour le théâtre. L'absence de jeu (même si les chanteurs sont un peu "mis en scène"), de mouvements, de lumières, de (changements de) décors rend certains passages presque ennuyeux (les conférences de Gurnemanz à l'acte I, notamment).
Nietzsche avait raison: Wagner avant tout homme de théâtre (pas pour rien qu'il a fait le Festpielhaus ni appelé Parsifal un "festival").
D'un autre côté, Stuart Skelton, qui a la taille d'une horloge comtoise et le volume d'une armoire normande, ferait bizarre en jeune chevalier. Et je ne parle pas des filles-fleurs: nées avant 1989 à l'Est, elles auraient été illico recrutées pour le laboratoire de fabrication de nageuses olympiques.
Trêve de plaisanteries.
Grande intelligence du rôle chez Skelton, une théâtralité vocale très prenante, un très beau chant.
Selig dans Gurnemanz: équilibre, intensité, profondeur, voix magnifique, diction de rêve.
Nina Stemme relève le défi d'un job très difficile, en ne cédant à aucune des tentations du rôle.
Finley très, très émouvant.
Le plus impressionnant, à égalité avec Selig, fut Nikitin. Klingsor en chair et en os: stature, puissance, subtilité, tantôt pervers, tantôt désarmé (et désarmant). Quel artiste!
Je ne me permettrais pas de critiquer Rattle. Tout était parfait (un peu de flottement au début - même les musiciens du Berliner ont droit au trac). Ayant écouté, les jours d'avant, Boulez à Bayreuth (1970), j'ai trouvé Sir Simon moins inspiré.