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| TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 | |
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Adalbéron Mélomaniaque
Nombre de messages : 1224 Age : 1005 Localisation : Rue de la Grande Truanderie Date d'inscription : 21/08/2015
| Sujet: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Jeu 3 Mai 2018 - 0:54 | |
| Guillaume Andrieux Pelléas Sabine Devieilhe Mélisande Alain Buet Golaud Sylvie Brunet-Grupposo Geneviève Jérôme Varnier Arkel Camille Poul Yniold Virgile Ancely Le médecin Benjamin Levy direction Orchestre de Chambre Pelléas Jeune Chœur de Paris |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Ven 4 Mai 2018 - 14:24 | |
| J'en parlerai plus tard quand j'aurai un moment, mais c'était superbe. |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 2:50 | |
| Donc: un magnifique Pelléas, j'aurais envie de dire un des plus beaux que j'aie entendus, mais il y en a eu beaucoup de très beaux dernièrement, notamment celui de l'an dernier déjà au TCE. (Langrée-Ruf) La distribution entièrement française a fait merveille, et l'orchestre de chambre Pelléas s'est révélé très adéquat et à un très très bon niveau. C'était quasiment un orchestre de chambre à proprement parlé, 55 musiciens, seulement 4 violoncelles et 3 contrebasses, une sonorité d'ensemble fine et très claire, cela ne pardonne pas en cas d'imprécision chez les cordes, mais ces imprécisions ont été très rares. Les cuivres ont été également très justes dans l'ensemble, les bois de belle tenue, notamment un très beau 1er hautbois. (indispensable dans Pelléas!) Un beau résultat à l'arrivée, très transparent, rendant parfaitement justice à la partition, ce qui n'est pas rien. Malgré cela il est vrai que les chanteurs ont été tout de même un peu couverts à quelques rares moments, mais dans l'ensemble l'équilibre était appréciable. Et puis une version de concert, ça permet de bien profiter de l'orchestre! Je pensais venir avant tout pour le chant et la diction de ces interprètes, finalement je me suis autant régalé de l'orchestre que de la distribution. La direction de Levy était très attentive aux chanteurs, souvent en difficulté au niveau rythmique dans cette œuvre, là les décalages ont été finalement très rares et très rapidement maîtrisés. (un ou deux temps, pas plus, ça s'entendait à peine) Sinon, hormis le début plutôt modéré, Levy a adopté des tempi plutôt rapides, parfois c'était même assez virevoltant, et l'orchestre répondait très bien, un vrai régal chez les bois notamment. Cela a donné quelque chose de vraiment tendu, qui renforçait le côté implacable de l'œuvre, comme dirigée vers cette fin tragique très en amont. J'ai beaucoup aimé le Pelléas très clair, très jeune de Guillaume Andrieux, qui semblait parfois pousser un peu sa voix pour passer l'orcheste, avec comme un changement artificiel en arrivant dans l'aigü, mais rien de vraiment dérangeant. Dans l'ensemble c'était vraiment fin, adéquat, bien chanté, très bien dit. Le couple Andrieux-Devieilhe fonctionnait très bien, même si Devieilhe avait un côté déjà un peu plus lyrique par moments. (j'ai préféré le mystère de Petibon) Quand elle s'est trompée dans le texte dans la première scène ("pourquoi êtes-vous venu ici" au lieu de "pourquoi me regardez-vous ainsi"), alors qu'elle chantait avec la partition sous les yeux, j'ai senti qu'il y avait peut-être une certaine pression pour elle de chanter sa Mélisande à Paris pour la première fois. Le reste a été impeccable, je pense que sa Mélisande pourrait être plus fouillée et plus riche à l'avenir. Très beau Golaud d'Alain Buet, j'imagine que ce chanteur est plus connu des baroqueux? En tout cas le nom ne me disait rien, mais la voix est solide, l'incarnation nuancée, l'art de la diction d'un très haut niveau, mais je n'ai pas senti d'empathie pour ce Golaud, sans que je puisse trop dire pourquoi. Je l'ai trouvé un peu taciturne, pas très sympathique. Dans le V, il a osé la voix de tête intégrale dans le pardon à Mélisande, c'était assez réussi. J'ai trouvé Varnier assez monolithique, en fait même très neutre dans son Arkel, très bien chanté mais pas très émouvant. J'ai été plus frappé par l'autre basse, Virgile Ancely, dans le court rôle du médecin, avec une diction plus claire et une projection plus facile. En tout cas aucun point faible dans la distribution, même si personne ne m'a scotché comme une révélation. (mais bon, j'en ai entendu des Pelléas et des Mélisande, et des Golaud il y en a tellement de fabuleux...) L'ensemble fonctionnait à merveille en tout cas, du début à la fin, et Pelléas en version de concert, c'est super. Version de concert mais avec quand même des interactions entre les chanteurs, au moins dans les regards, et Devieilhe et Andrieux qui n'ont pas hésité à jouer davantage leurs personnages au IV dans le duo, jusqu'à l'enlacement. C'était un peu bizarre parce que pour le reste c'était quand même bien une version de concert. En tout cas j'en garderai un meilleur souvenir que le dernier concert Pelléas avec Dessay et Keenlyside dans cette même salle. ( https://classik.forumactif.com/t5365-pelleas-et-melisande-15-et-17-04-11-tce )
Dernière édition par Xavier le Dim 6 Mai 2018 - 2:55, édité 1 fois |
| | | Adalbéron Mélomaniaque
Nombre de messages : 1224 Age : 1005 Localisation : Rue de la Grande Truanderie Date d'inscription : 21/08/2015
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 2:54 | |
| J'ai moi aussi trouvé cette version de concert superbe.
D'abord, ce qui m'a le plus conquis, c'est la lecture âpre de l'oeuvre qu'a donné Benjamin Levy dirigeant l'Orchestre de Chambre Pelléas. Un autre goût que celui des « pâtes empoisonnées » que souvent l'on nous sert, ces lectures enveloppantes, liantes, wagnérisantes, dont celle de Karajan en studio me semble à la fois l'expression la plus brillante et la plus délétère. Non, ici, les attaques sont acérées, les pupitres très clairement différenciés, les timbres loin d'être séduisants, bref, la partition est offerte avec fraicheur et franchise. Pourtant, Levy sait aussi faire naître des atmosphères contrastées, très justes ; on ne sent aucune velléité iconoclaste, aucune méchanceté, simplement une certaine rugosité d'expression, qui fait apparaître avec une clarté stupéfiante la richesse de la partition de Debussy. Comme au soleil de midi. Cela tenait peut-être aussi au fait que les instrumentistes de l'orchestre ne sont pas les plus immenses technico-musiciens du siècle, mais leur enthousiasme, leur bonheur visible à jouer la partition qui donne à leur formation son nom, leur application aussi, n'invitent pas à croire que ce sont leurs défauts techniques qui ont conduit aux choix interprétatifs du chef.
La distribution vocale est loin d'être impeccable, mais c'est dans l'ensemble de haute tenue, car on retrouve chez chacun cette franchise, cette « vérité » entendues à l'orchestre, qui font que l'on ne peut que croire qu'ils sont vraiment les personnages qu'ils interprètent. D'abord, Sabine Devieilhe, à la déclamation exacte, à l'expression complexe, au timbre délicieux, est une Mélisande de rêve. J'avoue avoir toujours une préférence plus grande pour les Mélisande mezzo-sopranisante, mais quand on a affaire à une artiste si intelligente, capable de rendre compte de l'ambiguïté du personnage, sans affectation d'ailleurs, ce serait vraiment faire la fine bouche que de se lancer dans des « oui, mais... ». Guillaume Andrieux est un Pelléas dont la juvénilité et la vigueur le rapproche de mon Pelléas préféré, Claude Dormoy (dans la bande à Baudo). Son émission très en avant et ouverte lui permet de cisailler le texte avec une acuité de dentelier. Les aigus sont clairs et tranchants. S'il n'avait pas quelques problèmes d'intonation (et de mise en place rythmique), surtout très gênants lors de ses premières interventions, j'aurais à son égard le même enthousiasme que pour Devieilhe. Mais leur duo du IV, d'une incandescence souveraine, m'a ému jusqu'aux larmes. Alain Buet m'a fait me rendre compte à quel point le rôle de Golaud est exigeant et lourd. Il est en effet plusieurs fois couvert par l'orchestre et les extrêmes de la tessiture sonnent parfois un peu effilochés, mais son éloquence inébranlable lui permet de composer un Golaud déchirant, trop humain, désarmé. Une interprétation vraiment bouleversante. Il est parvenu à trouver le ton juste pour certaines répliques qui m'ont toujours sembler sonner un peu fausse comme les « oui, oui, oui » après avoir demandé à Mélisande si Pelléas et elle avaient été coupables. Face au Golaud d'Alain Buet, la jeunesse de l'Arkel de Jérôme Varnier déconcerte. Je lui ai trouvé un certain manque de densité vocale pour le rôle, il me semblait parfois pousser son instrument dans ses retranchements. Mais, là encore, l'éloquence sauve, et emporte l'adhésion. Dans l'acte V, son Arkel ne passe pas pour un ancien désabusé, somme toute creux, mais pour un être de chair tout aussi angoissé que Golaud, que seule une noblesse de fer ne peut faire sombrer. Je suis un grand admirateur de Sylvie Brunet-Grupposo, mais j'ai trouvé sa Geneviève ce soir-là un peu trop fabriquée, alors que l'art de la déclamation et la beauté du timbre pouvaient seuls impressionner. Je regrette toujours autant de ne pas pouvoir l'entendre dans des rôles plus substantiels... Quelle Dalila elle a dû être (et pourrait encore être) ! Yniold à la voix un peu mûr et à la diction manquant de précision, j'aimerais réentendre Camille Poul dans un autre rôle. Virgile Ancely est un médecin (et un berger ?) irréprochable, très investi. Difficile de se faire une idée du tout Jeune Choeur de Paris, tant la partie chorale est brève.
Il faut aussi noter que, si tous les artistes chantaient en suivant la partition dressée devant eux sur un pupitre, Sabine Devielhe et Guillaume Andrieux l'ont abandonnée lors du duo de l'acte IV pour se laisser aller à des étreintes intenses, réminiscence de la mise en scène dans laquelle ils ont récemment incarné les amants d'Allemonde. C'était à Tourcoing, sous la direction de Jean-Claude Malgoire, récemment disparu, auquel Michel Frank a rendu hommage avant le concert et dédié la soirée.
Dernière édition par Adalbéron le Dim 6 Mai 2018 - 3:12, édité 1 fois |
| | | Adalbéron Mélomaniaque
Nombre de messages : 1224 Age : 1005 Localisation : Rue de la Grande Truanderie Date d'inscription : 21/08/2015
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 3:08 | |
| Xavier, on a dû se mettre à écrire ensemble et nos posts se sont croisés . Je te rejoins sur le fait qu'on voit beaucoup de bons Pelléas, et qu'il est difficile de dire : « c'est le plus beau ». Mais celui-ci avait quelque chose de très singulier, très sensible, très humble, très « vrai », même si ça ne veut rien dire de vraiment précis et objectif, surtout. Je m'attendais aussi au pire de la part de l'orchestre donc j'ai été plus que très agréablement surpris. C'est presque ce qui m'a le plus convaincu sur toute la ligne, finalement. J'ai repéré aussi l'erreur de Devieilhe, très surprenante alors qu'elle connaît bien le rôle et avait le texte sous les yeux, mais elle s'est vite rattrapé et a su garder son sang froid. Le public parisien peut faire peur, en effet, j'imagine... |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 3:12 | |
| - Adalbéron a écrit:
- Xavier, on a dû se mettre à écrire ensemble et nos posts se sont croisés .
Je te rejoins sur le fait qu'on voit beaucoup de bons Pelléas, et qu'il est difficile de dire : « c'est le plus beau ». Mais celui-ci avait quelque chose de très singulier, très sensible, très humble, très « vrai », même si ça ne veut rien dire de vraiment précis et objectif, surtout. Oui, je suis d'accord, c'était vraiment une belle réussite et effectivement il y avait de quoi être agréablement surpris par cet orchestre. Mais pour Devieilhe, je suis tout de même dans le "oui, mais"... sans vraiment faire la fine bouche, quand même, mais je sens bien qu'elle peut aller plus loin, que ça pourrait être plus subtil. C'était un chouilla lyrique pour moi, sa Mélisande ne m'a pas bouleversé, je l'ai sentie par moments, disons appliquée. C'est quand même un rôle très particulier où chacun peut aussi avoir ses attentes... sans nier le fait que c'était bien sûr une très belle prestation d'ensemble et une Mélisande tout de même assez adéquate. (rien à voir avec Dessay par exemple dont on parlait dans le lien que j'ai plus au-dessus) |
| | | Adalbéron Mélomaniaque
Nombre de messages : 1224 Age : 1005 Localisation : Rue de la Grande Truanderie Date d'inscription : 21/08/2015
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 3:17 | |
| - Xavier a écrit:
- Adalbéron a écrit:
- Xavier, on a dû se mettre à écrire ensemble et nos posts se sont croisés .
Je te rejoins sur le fait qu'on voit beaucoup de bons Pelléas, et qu'il est difficile de dire : « c'est le plus beau ». Mais celui-ci avait quelque chose de très singulier, très sensible, très humble, très « vrai », même si ça ne veut rien dire de vraiment précis et objectif, surtout. Oui, je suis d'accord, c'était vraiment une belle réussite et effectivement il y avait de quoi être agréablement surpris par cet orchestre.
Mais pour Devieilhe, je suis tout de même dans le "oui, mais"... sans vraiment faire la fine bouche, quand même, mais je sens bien qu'elle peut aller plus loin, que ça pourrait être plus subtil. C'était un chouilla lyrique pour moi, sa Mélisande ne m'a pas bouleversé, je l'ai sentie par moments, disons appliquée. C'est quand même un rôle très particulier où chacun peut aussi avoir ses attentes... sans nier le fait que c'était bien sûr une très belle prestation d'ensemble et une Mélisande tout de même assez adéquate. (rien à voir avec Dessay par exemple dont on parlait dans le lien que j'ai plus au-dessus) J'ai écrit ça pour moi-même, avant de te lire, parce que je crois que je m'attendais à mieux, mais comme c'était tout de même remarquable, j'ai préféré ne pas en rajouter . C'est vrai qu'elle était plus lyrique qu'Andrieux ou même Buet et Varnier, en tout cas sa voix était plus moelleuse. Et appliquée, elle l'était, en effet. Elle ne pourra que densifier son incarnation du rôle à l'avenir ! |
| | | Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91647 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Dim 6 Mai 2018 - 3:20 | |
| Voilà, pareil, j'attendais encore mieux, tout en ayant conscience d'être très exigeant parce que c'était déjà très bien. |
| | | Bertram Mélomaniaque
Nombre de messages : 1722 Age : 44 Localisation : Paris Date d'inscription : 11/04/2009
| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 Sam 12 Mai 2018 - 22:06 | |
| Oui, vraiment prenant et beau, ce Pelléas de poche ! Et je n'ai pas remarqué les problèmes de mise en place dont parlent certains critiques. J'avais l'impression qu'on entendait justement plus de détails originaux et subtils que d'habitude, ce qui pouvait déstabiliser un peu.
Bon mouvement d'ensemble aussi, de la part du chef, rapide, mais c'était cohérent avec le son allégé de l'ensemble et la relative légèreté des voix (surtout Buet et Andrieux).
J'ai aimé la Mélisande Sabine Devieilhe, précisément définie mais sans que cela ne lui donne un côté trop pimbèche. Et très joliment phrasée et nuancée.
Je me suis endormi au Ve acte, mais c'est une malédiction qui me poursuit depuis toujours. Ce n'est pas ma faute, ce n'est pas ma fauuuute. |
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| Sujet: Re: TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 | |
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| | | | TCE - Pelléas et Mélisande - VC - B. Levy - 02/05/18 | |
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