Cinq œuvres à faire découvrir

Benedictus a écrit:

Cela dit, dans cette veine du Stravinsky webernien pour chœur, j'aime mieux Threni, les Requiem canticles et les Tre sacræ cantiones (une réécriture de Gesualdo.)

Je suis en train d'écouter ça… Ça n'a vraiment rien de webernien, on est dans du modal, voire du bon gros diatonique… Un néoclassicisme plutôt dans la raréfaction que dans le pastiche, comme le disait Prosopopus. J'aime bien. (mais à tout prendre, un petit Ockeghem, Monteverdi ou Buxtehude fait mieux mon affaire)

Oui je ne me souvenais plus de ma source pour l'anecdote mais il y avait de grande chance que ce soit via Jean-Luc Caron, musicologue amateur et grand scandinophile dont les études sur les compositeurs nordiques sont très recommandables. Et effectivement, en cherchant rapidement :
http://www.resmusica.com/2012/06/17/johan-svendsen-et-sa-femme-jalouse-vaudeville-tragique/
Par contre je n'avais pas lu l'anecdote via internet je pense mais dans un de ses écrits. Il en rajoute un peu dans le pathos peut-être, voyant dans cette épisode la raison de l'arrêt de l'œuvre de Svendsen qui ne semble pas avoir composé après.
 
Je ne sais plus qui avait demandé à Svendsen ce qu'il avait fait suite au geste de sa femme et la réponse, censée montrer sa colère, était en fait très contenue ("Je lui ai exigé des excuses !" où quelque chose du genre.)  

Sinon :

Citation :

Je suis en train d'écouter la Première (il n'y en a que deux, sur le même disque, j'ai dû tester les deux). Cette fois, j'ai laissé tomber Bournemouth (décidément opaque et mal capté, ici) pour Göteborg avec N. Järvi, c'est bien mieux, et je suis sensible à ce folklorisme, mais tout cela reste assez peu personnel, me semble-t-il, orchestration essentiellement cordée, pas beaucoup de surprises. C'est très joli (effectivement une sorte de Reinecke mais avec un véritable talent mélodique).

Je les ai écoutées via la version de Mariss Jansons avec l'Orchestre d'Oslo c'est aussi très bon.
Mais oui ça manque peut-être d'une vraie personnalité mais je trouve qu'il y a un vrai talent mélodique, on s'ennuie assez peu même si ça reste en terrain connu (dans une moindre mesure je trouve ça assez proche de la seconde de Stenhammar). Caron parle lui de Spohr mais j'avoue que je ne connais pas.

Gernsheim j'ai écouté les quatre symphonies (rien d'autres) et ça m'a bien plu, c'est là encore très balisé mais bien fait et ça me semblait suffisamment obscur pour coller au sujet.

Farrenc, c'est un peu différent, oui elle doit probablement son (relatif) succès à son (rare) statut de compositRICE mais il y a quelque chose de tumultueux dans cette deuxième symphonie, de très terre-à-terre et frontal danss le thème du premier mouvement qui m'avait bien plu, j'écoutai ça en relisant Les Hauts de Hurlevent et ça marchait plutôt bien.
Après oui ça a du mal à susciter l'intérêt tout au long de l'œuvre et je n'ai pas retrouvé ce plaisir fugace dans le reste de l'œuvre de Farrenc (mais je n'ai écouté que les symphonies là encore, chez CPO)...  
je n'ai jamais trop perçu ce qu'on lui trouvait, à part qu'on est content de trouver des compositrices un peu talentueuses… je trouve ça musique assez peu marquante. Encore, la Troisième, admettons, mais les deux autres…

Pour Stravinsky j'ai peur que tu déchantes un peu effectivement mais c'est aussi assez court comme œuvre donc bon
Par contre pas par Bernstein malheureux, c'est un peu raté à mon sens, surtout sa version des Noces trop massive où les voix perdent en clarté.
EDIT : ah bah voilà !
Oui c'est sûr que maîtrisant moins la musique liturgique baroque je suis peut-être plus facilement client (sortis de Couperin, Delalande et Charpentier je ne crois pas avoir écouté grand chose).
Après ça se réfère à cette esthétique sans être non plus trop dans le décalque, c'est autre chose.
Quelle version as-tu choisie du coup ?

DavidLeMarrec a écrit:

Je suis en train d'écouter ça… Ça n'a vraiment rien de webernien, on est dans du modal, voire du bon gros diatonique… Un néoclassicisme plutôt dans la raréfaction que dans le pastiche, comme le disait Prosopopus. J'aime bien. (mais à tout prendre, un petit Ockeghem, Monteverdi ou Buxtehude fait mieux mon affaire)

Pardon, oui, j'ai réécouté le début: je m'aperçois que j'avais confondu avec la Cantate (sinon webernienne, du moins franchement atonale.)

Je me souviens avoir écouté ça (la Messe) dans la version Bernstein et j'avais bien aimé. Dans mon souvenir, ça ressemble un peu au Poulenc des Litanies de la vierge noire, des Motets et des Prières de Saint-François.

lulu a écrit:

Mathias Spahlinger : Vier Stücke (1975)
pour voix, clarinette, violon, violoncelle et piano
Une de plus anciennes œuvres du catalogue de Spahlinger, quatre brèves pièces (moins de quatre minutes au total). Radical et immédiat, jouissif.

Ces temps-ci je me plonge dans l'oeuvre de Spahlinger ... Quel kiff !

Pour aujourd'hui, sans ordre précis car tout est immense :

Eduardas Balsys : Fresques Dramatiques (1965)
Eduard Mirzoyan : Symphonie pour cordes et timbales (1962)
Akhmed Saygun : Symphonie No. 3 (1961)
Antanas Rekašius : Symphonie No. 5 'Segments' (1981)
Edison Denisov : Le Soleil des Incas (1964)

Intéressant tout ça ! J'essaie si vous le voulez bien ; aujourd'hui, comme toi, juste comme ça spontanément :

Aaron Copland : Sonate pour violon et piano
Une sonate dont je vous ai déjà parlé quelques–fois, qui m'est une oeuvre chère ! ses couleurs harmoniques (les premiers accords au piano, avec ce mouvement de basse...), sa personnalité mélodique noble et délicate, son humilité dans la force poétique. Une oeuvre qui ne s’encombre pas, fait simple pour aller droit au but.

Georges Enescu : Sonate pour piano n°3
Toute en finesse et beauté, très riche (bien sûr, de la part de cet hurluberlu). Je l’écoute souvent.

Jonathan Harvey : Quatuor à cordes n°3
Ces manières ! De brèves figures lumineuses, espacées de silence, que l’on croirait être, faits sons, autant de petits gemmes, de fascinantes préciosités. Qui m'a souvent coupé le souffle de beauté, dans la précision.

Igor Markevitch : Icare
Sans aucun doute la découverte la plus importante de ma vie de mélomane, de toutes ces dernières années.

Michael Tippett : Symphonie 2
Comme avec Copland, quelque chose fonctionne dans ce que nous nous racontons. Mais, comme avec Copland, je n'accroche intimement, véritablement, mais très fortement, qu'avec une poignée de compositions.
Le premier mouvement de cette symphonie par exemple est saisissant avec son thème aux cordes aiguës, crissant, brillant, en contrepoint avec cet autre aux cors empereurs.
Et je suis enchanté d'y retrouver incrustés les éléments d’une autre que je pourrai défendre à la place, la Sonate pour piano n°4, puisqu’elles sont liées dans leur naissance.

André Boucourechliev

Les Archipels (Archipel 1 à 5) MFA Radio France

frgirard a écrit:

André Boucourechliev
Les Archipels (Archipel 1 à 5) MFA Radio France

A quoi je rajouterais l'Anarchipel

En fait, il n'y a, dans le cycle, que quatre œuvres intitulées Archipel - et numérotées: 1 pour deux pianos et deux percussions, 2 pour quatuor à cordes, 3 pour piano et six percussions et 4 pour piano seul; à quoi s'ajoute Anarchipel (pour sextuor) qui peut en effet un peu être vu comme un n°5.

Mais c'est vraiment un très bel ensemble, où l'on redécouvre des chose à la réécoute - et le disque Radio France / MFA réunit d'excellents interprètes (Helffer, Pludermacher, le Quatuor Yaÿe...)

Voilà qui promet un bel avenir aux navigateur·trice·s et à la page https://classik.forumactif.com/t5565-andre-boucourechliev-1925-1997?highlight=boucourechliev forte des ses trois messages voire un peu plus

Je remets une couche avec cinq opéras:

Emil Nikolaus von REZNICEK: Ritter Blaubart

Tauno PYLKKANEN: Mare et son fils

Hanz PFITZNER: Der Arme Heinrich - voir sujet opéras de Pfitzner

Hakon BØRRESEN: The Royal Guest

Hanz Werner HENZE: Der junge Lord

Marc-Antoine CHARPENTIER : Notus in Judae H206 (1681)
En treize minutes, tout l'art du grand motet à la française. Mon préféré dans le genre; une musique qui me transporte complètement. Unique enregistrement à ma connaissance, celui de Martin Gester, pour lequel il a fait refabriquer une basse de hautbois.

Josef SUK : Scherzo fantastique (1903)
Rien de révolutionnaire, mais une de mes gourmandises préférées. Le thème est une des mélodies les plus irrésistibles que je connaisse; je ne m'en lasse pas.

Rebecca CLARKE : Sonate pour alto et piano (1919)
La plus belle sonate du répertoire pour alto, inspirée, merveilleusement écrite pour faire sonner l'instrument, sur des harmonies de piano où plane l'ombre de Debussy.

Lepo SUMERA : Musica Profana (1997)
Encore mieux que le beau corpus que constituent les six symphonies; pour moi le chef-d'œuvre du maître estonien. Une pièce qui s'inscrit parmi les grandes œuvres pour orchestre à cordes du XXè.

Jukka TIENSUU : Vie (2007)
Rarement cité parmi les contemporains finlandais. Pourtant une musique pleine de... vie, qui vous parle immédiatement.

Iskender a écrit:

Josef SUK : Scherzo fantastique (1903)
Rien de révolutionnaire, mais une de mes gourmandises préférées. Le thème est une des mélodies les plus irrésistibles que je connaisse; je ne m'en lasse pas.

À chaque fois frappé par la parenté avec le jeune Stravinski ! Une merveille en effet.

Citation :

Rebecca CLARKE : Sonate pour alto et piano (1919)
La plus belle sonate du répertoire pour alto, inspirée, merveilleusement écrite pour faire sonner l'instrument, sur des harmonies de piano où plane l'ombre de Debussy.

J'ai peu de sonates pour alto qui me bouleversent, je l'avoue (alors que je n'ai vraiment rien contre l'alto ; sans doute la façon dont les compositeurs le traitent, souvent très sombre et pas très animé). Celle-là est très belle, mais elle a aussi un petit côté gentil qui la rend peut-être moins marquante que les (presque) de Brahms ou celle de Koechlin, non ?

Au demeurant, Clarke est à découvrir, et par cette pièce en particulier, je suis d'accord !

DavidLeMarrec a écrit:

Iskender a écrit:

Citation :

Rebecca CLARKE : Sonate pour alto et piano (1919)
La plus belle sonate du répertoire pour alto, inspirée, merveilleusement écrite pour faire sonner l'instrument, sur des harmonies de piano où plane l'ombre de Debussy.

J'ai peu de sonates pour alto qui me bouleversent, je l'avoue (alors que je n'ai vraiment rien contre l'alto ; sans doute la façon dont les compositeurs le traitent, souvent très sombre et pas très animé). Celle-là est très belle, mais elle a aussi un petit côté gentil qui la rend peut-être moins marquante que les (presque) de Brahms ou celle de Koechlin, non ?

Au demeurant, Clarke est à découvrir, et par cette pièce en particulier, je suis d'accord !

Je pense que cette sonate ne démérite pas pour une oeuvre de (relative) jeunesse. La première sonate d'Hindemith, de 1919 également, est aussi dans la veine d'un romantisme très tardif. Il est vrai qu'Hindemith (altiste lui-même comme Rebecca Clarke) est allé beaucoup plus loin dans son exploration ultérieure du répertoire pour alto (au prix d'une certaine sécheresse pour le coup).

Citation :

je n'ai vraiment rien contre l'alto ; sans doute la façon dont les compositeurs le traitent, souvent très sombre et pas très animé)

Sans tomber dans le poncif de la blague d'altiste, si l'alto était lumineux et très animé ce serait un violon.

Actéon a écrit:

Sans tomber dans le poncif de la blague d'altiste, si l'alto était lumineux et très animé ce serait un violon.

Mais justement, non : on peut écrire de la musique lumineuse pour un instrument sombre, c'est d'autant plus intéressant. Pour l'animation, on peut écrire des figures dansantes sans que ce soit de la virtuosité violinistique, également. C'est comme si l'imaginaire des compositeurs avaient été bridés par la « nature » de l'alto. Dommage.

Pour cette nuit, sans ordre précis car tout est immense :

Vyacheslav Artyomov Way to Olympus, poème symphonique (1984)
Arif Melikov Métamorphoses, poème symphonique (1964)
Serguei Slonimsky Antiphonies pour quatuor à cordes (1968)
Krzysztof Meyer Symphonie N° 4 Op. 31 (1974)
Vassif Adigezalov Symphonie N° 3 (1979)

Dominus Regnavit par Mondonville

Bergerie par François Couperin

La Favorite par le même

azerty99 a écrit:

Dominus Regnavit par Mondonville

Bergerie par François Couperin

La Favorite par le même

Les quatre jeunes gens que l'on voit sur la gauche sont les interprètes ?

Vous vous moquez, mais en attendant c'est leur "temps qui court" qui a inspiré le 20éme prélude de Chopin....alors un peu de respect...