Radio France - OPRF - Finale concours Svetlanov - 8/9/18

SAMEDI 08 SEPTEMBRE 2018 14H00 à 21H00
MAISON DE LA RADIO - AUDITORIUM DE RADIO FRANCE

Orchestre Philharmonique de Radio France

Entrée libre sur réservation (il reste des places) :
https://www.maisondelaradio.fr/evenement/evenement/epreuve-finale-du-concours-evgeny-svetlanov

Quatre candidats se présenteront à l'Épreuve finale :
de 14h à 16h30
de 18h à 21h

Programme :

Deux œuvres obligatoires
1. Evgeny Svetlanov « Daugava », poème symphonique
2. Œuvre contemporaine “Svetlanov Planet” écrite par Olga Victorova (co-commande du Concours Svetlanov et de Radio France)

L’une des œuvres choisie par le candidat dans la liste suivante :
1. BALAKIREV : Symphonie n°2 en ré mineur
2. BARTÓK : Concerto pour orchestre Sz. 116
3. CHAUSSON : Symphonie en si bémol majeur opus 20
4. D’INDY : Jour d’été à la montagne, poème symphonique opus 61
5. DVORÁK : Symphonie n°7 en ré mineur opus 70
6. DVORÁK : Symphonie n°8 en sol majeur opus 88
7. DUKAS : Symphonie en ut majeur
8. FRANCK : Symphonie en ré mineur
9. MENDELSSOHN : Symphonie n°3 en la mineur opus 56 “Ecossaise”
10. MOZART : Symphonie n° 41 en ut majeur K. 551 “Jupiter”
11. REGER : Variations et fugue sur un thème de Mozart opus 132
12. RIMSKY-KORSAKOV : Symphonie n°2 opus 9 “Antar”
13. ROUSSEL : Symphonie n°1 en ré mineur opus 7 “Le Poème de la forêt”
14. SCHUBERT : Symphonie n°8 en si mineur D. 759 “Inachevée”
15. SCHUMANN : Symphonie n°3 en mi bémol majeur opus 97 “Rhénan”
16. SIBELIUS : Symphonie n°2 en ré majeur opus 43
17. SIBELIUS : Pelléas et Mélisande opus 46
18. STRAUSS : Aus Italien, poème symphonique en sol majeur opus 16
19. TCHAÏKOVSKY : Symphonie n°2 en ut mineur opus 17 “Petite Russie”

La liste des œuvres proposées est remarquablement audacieuse pour un concours de direction – autant on peut toujours juger de la virtuosité de glotte ou de crincrin avec une pièce nouvelle, autant pour un chef, il faut vraiment que le jury connaisse intimement toutes ces œuvres pour ne pas être abusé par les effets de manche !

Hélas, comme ils ont inclus quelques tubes au milieu, on va se trouver avec deux Jupiter et deux Concerto pour orchestre, ou, dans le meilleur des cas, un Dvořák 7 et un Franck.

Mais je me prends à rêver d'une finale où l'on jouerait dans le même après-midi Balakirev, Roussel, Chausson et Pelléas-de-Sibelius !

Le rêve est encore gratuit, n'est-ce pas ?

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Sinon, pour ce qui est du concours lui-même : le jury force grandement le respect, j'espère qu'il sera plus clairvoyant que lors de la dernière édition où il récompensa Kuokman – je n'ai jamais revu son nom depuis son concert de lauréat (second prix ex æquo, pas de premier cette année), dans le top 3 des concerts où je me suis le plus ennuyé. (Une Cinquième de Chosta incroyablement terne, avec le Philhar' pourtant, qui excelle dans ce répertoire du XXe tonal…)
Je ne sais pas où il fait carrière (j'ai peu de radars hors de l'Europe et de l'Amérique du Nord, alors qu'il existe une vie musicale assez intense en Asie Orientale en particulier), et j'espère qu'il a mûri – cela arrive rarement (et très doucement) avec les instrumentistes, mais peut être spectaculaire chez les chefs.

Je croise les doigts tout en me tenant les pouces.

La sélection des candidats me semble largement internationale avec un léger tropisme est-européen. 2 Français, 2 Finlandais, un Ukrainien, un Géorgien, 2 Russes (entre autres), on n'est pas à l'abri d'un Sibelius, Dukas ou Rimsky de derrière les fagots.

Je pense qu'il a fallu respecter un certain équilibre dans les durées et la complexité des compositions. L'audace semble être de de ne rien programmer de Beethoven, Brahms, Berlioz, Debussy... mais la liste des œuvres est attractive sauf peut-être Aus Italien. Personnellement si j'entends Antar, le Poème de la Forêt ou le Concerto pour Orchestre j'aurai gagné ma journée.

Actéon a écrit:

La sélection des candidats me semble largement internationale avec un léger tropisme est-européen. 2 Français, 2 Finlandais, un Ukrainien, un Géorgien, 2 Russes (entre autres), on n'est pas à l'abri d'un Sibelius, Dukas ou Rimsky de derrière les fagots.

Certes, Sibelius 2 ou même Chausson sont envisageables… mais tout de même, ce n'est pas le moment de se faire plaisir, ils jouent gros et pour de jeunes chefs qui ne sont pas encore directeurs permanents, on a dû leur demander bien plus la Jupiter et l'Inachevée, si bien qu'ils les maîtrisent sans doute mieux. Donc pas sûr que le format incite à l'audace.

Sauf s'ils se sentent des affinités particulières et se croient capables de prouver quelque chose, évidemment ! C'est ce en quoi j'espère, un sur deux qui fasse quelque chose d'un peu moins couru. (Pas Roussel ni Balakirev, il ne faut pas rêver.)

Je vais voir la finale cet après-midi. Elle sera aussi retransmise sur France Musique en direct (a priori sur le site internet).
Voici le programme :

Tous les candidats dirigeront ces deux oeuvres:
Evgeny Svetlanov: “Daugava”, poème symphonique
Olga Victorova: “Svetlanov Planet”, co-commande de Radio France et Concours Svetlanov (création mondiale)

Voici les choix de chaque candidat pour les oeuvres symphoniques:

Sibelius Symphonie n°2 par Wilson Ng
Bartok Concerto pour orchestre par Fuad Ibrahimov
Franck Symphonie en ré mineur par Dmitry Filatov
Dvorak Symphonie n°8 par Haoran Li

Je trouve que c'est un beau programme en perspective, même si j'aurai adoré entendre des oeuvres symphoniques plus rares. Mais comme le soulignait David, ces jeunes chefs jouent gros et prendre une oeuvre très rare (Roussel par exemple) aurait été très risqué.

Oui, programme très sympa, et on ne peut pas les blâmer. Ensuite, comme ce sont des œuvres qu'on peut voir régulièrement en choisissant même ses interprètes, j'ai laissé tomber. Mais je regarderai la vidéo, voir un peu ce que cela produit.

Ils ont déjà choisi des œuvres bien touffues (en même temps, sur Mozart et Schubert, on s'expose vraiment, outre la technique, aux goûts du jury, qui peuvent être très épidermiques, même chez les musiciens aguerris).

Un compte-rendu rapide de ce marathon de samedi après-midi (14h - 22h) à la Maison de la Radio.

Le public n'avait pas vraiment répondu présent puisque seules les 1ères loges de côté et le 1er balcon de face étaient occupées. C'est dommage puisque c'est vraiment un concours de premier plan (René Koering a rappelé qu'il avait visionné 400 vidéos des candidats au début du concours) et il y avait Jorma Panula dans le jury (il a formé Salonen, Franck, Saraste et Vänskä).

Peut-être que Radio-France n'a pas donné à cet événement toute la publicité qu'il méritait ? L'entrée de l'auditorium (portrait par David Delaplace pour l'expo Le Visage du rap) :



Les candidats ont pu travailler en public avec l'OPRF chacun pendant 1h15 environ. C'était une sorte de répétition générale, chaque candidat pouvant utiliser son temps comme bon lui semblait, généralement réparti entre les 2 oeuvres imposées (Daugava, poème symphonique de Svetlanov et Planet Svetlanov co-commande de Radio France et Concours Svetlanov à Olga Victorova, création mondiale). Daugava est un beau poème symphonique soviétique de 1952. Planet Svetlanov est une composition très tonale avec force cloches d'orchestre sur la fin, lorsque le chef fait lever les musiciens et qu'ils regardent vers un point fixe (au niveau du 1er balcon) que l'on suppose être la planète Svetlanov.

L'orchestre sort d'une longue série de répétitions (ils ont joué 8 fois le concerto pour violon de Sibelius lors de la demi finale !) et les musiciens n'avaient sans doute pas beaucoup travaillé Daugava et Planet Svetlanov avant la finale.

On commence par Wilson Ng, le plus jeune (très jeune) qui réussit très bien les œuvres imposées mais se perd dans son travail de la symphonie n°2 de Sibelius dont il ne tire rien.

Ensuite Fuad Ibrahimov propose un travail précis du Concerto pour orchestre de Bartok, un choix finalement assez classique et que l'OPRF a l'air de bien connaitre.

Dmitry Filatov est très sûr de lui, parle peu et fait montre d'une certaine froideur. Sa gestique est déjà très riche et maîtrisée et il livre une Symphonie en ré mineur de Franck très dense et habitée.

On termine avec Haoran Li, la surprise du concours qui avait choisi la 8ème de Dvořák mais il n'a pas très bien géré son temps et le jury a du interrompre la fin de sa prestation.

Lauréats (après des délibérations bien plus longues que prévues, sans doute des difficultés à s'accorder sur la non-attribution des premier et troisième prix) :

Premier Prix – non attribué
Deuxième Prix – Dmitry Filatov, Russie, 39 ans
Deuxième Prix – Fuad Ibrahimov, Azerbaïdjan, 36 ans
Troisième Prix – non attribué
Diplôme – Wilson Ng, Hong Kong, 29 ans
Diplôme – Haoran Li, Chine, 32 ans
Prix de l’Orchestre Philharmonique de Radio France – Haoran Li, Chine, 32 ans
Prix du public – Haoran Li, Chine, 32 ans

C'est regrettable de ne pas avoir attribué le 3ème prix à Li car il le méritait largement. Il dispose d'un gros potentiel et il faudra le suivre dans les années à venir.

Possiblement un problème de communication, oui ; mais le fait d'assister à un concours de répétitions d'orchestre peut paraître un peu abstrait à un plus large public – et les mélomanes les plus pointus semblent un peu avoir pris leurs quartiers à la Philharmonie.

Effectivement, jury assez incroyable.

Tu dis que Ng n'a rien tiré de Sibelius, mais c'est la seule chose que j'ai eu le temps d'entendre du concours, et j'ai trouvé qu'il y avait vraiment des trouvailles personnelles que je n'avais pas entendues ailleurs, et que ça fonctionnait vraiment bien… Mais l'orchestre connaît très bien cette œuvre et je n'ai entendu que la partie exécution.

De tous les commentaires que j'ai lus, je vois qu'à peu près personne n'est d'accord (sauf apparemment sur Ibrahimov qui a été assez apprécié et l'attitude cassante de Filatov).

Je n'ai pas trouvé Filatov cassant, mais il avait des difficultés à verbaliser ses attentes et à communiquer avec l'orchestre avec empathie. Par ailleurs il ne semblait pas vraiment dans son assiette (comme fatigué ou souffrant, ou était-ce juste un trac carabiné ?). Le contraste de sa prestation avec avec un Ng un peu fantasque et un Ibrahimov plus urbain n'a pas joué en sa faveur aux yeux du public, c'est certain (et confirmé par les réactions autour de moi). Techniquement c'était peut-être le mieux formé des quatre.

C'est dommage qu'il n'y ait pas plus de monde dans la salle c'est certain.
J'ai compris l'hésitation du jury entre Filatov et Ibrahimov, qui étaient tous les deux largement au dessus des deux autres selon moi, mais avec des styles totalement différents. Filatov, c'est vraiment l'école russe dans toute sa splendeur. Le son est dense, c'est très maîtrisé techniquement, et il était d'une froideur sibérienne avec les musiciens de l'orchestre.
Voilà un chef qui n'a pas encore compris comment parler avec un orchestre occidental (Vasily Petrenko explique très bien dans une interview qu'il a dû changé sa manière de diriger un orchestre en allant travailler en Angleterre car en Russie les rapports entre le chef et l'orchestre ne sont pas du tout les mêmes, et le chef parle de façon différentes aux musiciens qu' "à l'ouest", et bien avant samedi dernier je me représentait assez peu ce à quoi cela pouvait ressembler, en dehors de quelques images de Mravinsky ou Gergiev en concert et/ou répétition). Il a un énorme talent et une très grande maîtrise, qui s'est sentie dès la première épreuve, mais il va devoir apprendre à communiquer et être plus sympa car cela lui a sans doute coûté le premier prix.
Le chef azerbaïdjanais Ibrahimov était très enthousiasmant, très précis, très bon communiquant, et avec une direction très énergique et assez légère.
Le premier et le dernier candidat ont tous les deux mal géré leur temps, car le premier a passé trop de temps sur l'oeuvre de Svetlanov et a un peu survolé le Sibelius, et le dernier était quand même assez brouillon (en plus j'avais l'impression que l'orchestre commençait un peu à gentiment chahuter le chef).
Très très beau jury! Vraiment un beau moment et je suis très heureuse d'être aller à la maison de la radio passer tout un après-midi et un début de soirée.

Actéon a écrit:

Je n'ai pas trouvé Filatov cassant, mais il avait des difficultés à verbaliser ses attentes et à communiquer avec l'orchestre avec empathie. Par ailleurs il ne semblait pas vraiment dans son assiette (comme fatigué ou souffrant, ou était-ce juste un trac carabiné ?).

Oui, c'est ce que j'ai pensé aussi. C'était peu agréable à voir en tout cas, les rapports étaient fort tendus entre le chef et les musiciens, j'en avais froid dans le dos. Sa direction m'a peu enthousiasmé en tout cas, j'ai trouvé son Franck épais et léthargique. En plus de ne pas sembler dans son assiette, mais c'est sans doute lié à la situation, je l'ai trouvé peu passionné, trop « pro », notarial.

Je n'étais présent que lors de la deuxième partie, je ne peux parler donc que de Filatov et Li.
On peut difficilement faire plus antinomiques que ces deux chefs... J'ai beaucoup aimé Li, même si sa direction n'était toujours précise, pour son enthousiasme communicatif et son plaisir visible à offrir cette musique. Les musiciens étaient un peu en pilote automatique pour la 7e symphonie de Dvorak, ça ne l'a pas aidé, je pense. Ils avaient l'air un peu au bout de leur force, cela dit (un altiste qui finit par jouer les jambes croiser, j'ai jamais vu ça ). Timbalier formidable, au passage.

Adalbéron a écrit:

Les musiciens étaient un peu en pilote automatique pour la 7e symphonie de Dvorak, ça ne l'a pas aidé, je pense. Ils avaient l'air un peu au bout de leur force, cela dit (un altiste qui finit par jouer les jambes croiser, j'ai jamais vu ça  ). Timbalier formidable, au passage.

Ah oui, Gengembre est vraiment une belle recrue !

Ce devait être très physique pour un orchestre français, enfiler plusieurs répétitions-concerts, avec la pression multiple du jury, du public, de bien servir les candidats qui jouent leur carrière… si les musiciens ne suivent pas de trop près le chef invité, ça affecte à la marge le concert, pas la vie du chef ; et par ailleurs il retrouvent souvent des chefs avec qui ils ont travaillé, et pour plusieurs services de répétition… Là, si jamais ils jouent à l'économie ou sans prêter garde aux indications, ils détruisent la candidature… ce doit être assez intense pour eux.

(Croiser les jambes, possiblement un problème de dos au bout de tout ce temps ; c'est physique l'alto.)