Philharmonie - Ring II - Gergiev septembre 2018

Je continue dans ce fil, en espérant que quelqu'un ajustera le titre pour couvrir aussi la fin du Ring à venir ce WE.

Ce message pour signaler que ce sera Elena Stikhina en Brunnhilde samedi dans Siegfried, contrairement à la distribution annoncée au départ.

Tatiana Pavlovskaya sera Brunnhilde dimanche, comme prévue (superbe dans Walkure).

Stikhina était une excellent Sieglinde en mars; entendue aussi en Senta récemment où elle était superbe. Elle enchainera avec Gutrune dimanche. Si elle est capable de gérer sa voix dans ces deux roles enchainés, c'est quelqu'un que je veux bien l'entendre une semaine d'affilée...

Patzak a écrit:

Ce message pour signaler que ce sera Elena Stikhina en Brunnhilde samedi dans Siegfried, contrairement à la distribution annoncée au départ.

Oui, j'ai cru que j'étais devenu fou quand j'ai lu ça, il me semblait bien qu'elle n'était pas annoncée au départ.
Ça va être intéressant, en tout cas !

Adalbéron a écrit:

Oui, j'ai cru que j'étais devenu fou quand j'ai lu ça, il me semblait bien qu'elle n'était pas annoncée au départ.
Ça va être intéressant, en tout cas !

Un peu pareil... et content de retrouver aussi la Brünnhilde de Walküre qui avait été superbe je trouve.
Bon par contre, le week-end va être dur... plus de 8h de Wagner en un peu plus de 24h... argh!!!!

Stikhina ne chômera pas puisqu'elle fera aussi Gutrune le dimanche, même si à l'arrivée ce sont deux rôles assez courts.

Le marathonien du Week-end ce sera surtout Vekua qui chantera les deux Siegfried à la suite en moins de 24 heures!

J'y serai dimanche pour le Crépuscule......

Belcore

Xavier a écrit:

Stikhina ne chômera pas puisqu'elle fera aussi Gutrune le dimanche, même si à l'arrivée ce sont deux rôles assez courts.

Le marathonien du Week-end ce sera surtout Vekua qui chantera les deux Siegfried à la suite en moins de 24 heures!

Et nous? On y pense à nous? Obligés d'aller écouter deux opéras de Wagner à suivre? On devrait avoir droit à un arrêt maladie après pour s'en remettre moi je dis!

Plus sérieusement, je dois avouer que Vekua, je ne sais pas comment il va faire! Si il termine le deuxième en pleine forme ce sera un exploit!

Polyeucte a écrit:

Xavier a écrit:

Stikhina ne chômera pas puisqu'elle fera aussi Gutrune le dimanche, même si à l'arrivée ce sont deux rôles assez courts.

Le marathonien du Week-end ce sera surtout Vekua qui chantera les deux Siegfried à la suite en moins de 24 heures!

Et nous? On y pense à nous? Obligés d'aller écouter deux opéras de Wagner à suivre? On devrait avoir droit à un arrêt maladie après pour s'en remettre moi je dis!

Plus sérieusement, je dois avouer que Vekua, je ne sais pas comment il va faire! Si il termine le deuxième en pleine forme ce sera un exploit!

Ils ont donné le Ring entier sur.... 4 jours l'année derniere (sic; cf le site du Marinsky). Vekua chantait dans Rheingold et Siegfried mais pas Walkure ni Gotterdammerung....


Walkure: https://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2017/10/20/2_1800

Siegfried:  https://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2017/10/21/2_1700

Goterdammerung   https://www.mariinsky.ru/en/playbill/playbill/2017/10/22/2_1700

Vekua avait déjà enchaîné Loge et Siegmund, deux rôles très présents et aux typologiques d'antipodes… Il doit sans doute pouvoir faire les deux Siegfried ; de toute façon, vu le rythme de la maison, les chanteurs qui ne sont pas endurant meurent. Vite.

C'est vrai, mais les deux Siegfried....!!

S'il le fait, je le respecte. (Et s'il meurt à l'acte II du Crépuscule, je le respecte quand même.)

DavidLeMarrec a écrit:

(Et s'il meurt à l'acte II du Crépuscule, je le respecte quand même.)

Ah non, pas de mort avant l'acte III !!

Là, je ne peux m'empêcher de m'imaginer l'orchestre se lancer à l'improviste dans la marche funèbre en plein acte II parce que le chanteur vient de mourir sur scène .

Ça n'inquiète personne que Nikitin chante Le Voyageur alors qu'il était déjà très difficilement arrivé au bout du rôle de Wotan dans La Walkyrie ?

Depuis, il a eu le temps de se reposer.
Enfin, j'espère.

Adalbéron a écrit:

Ça n'inquiète personne que Nikitin chante Le Voyageur alors qu'il était déjà très difficilement arrivé au bout du rôle de Wotan dans La Walkyrie ?

Wanderer est nettement plus facile, non?

Ce sera mon premier concert de la saison....

Adalbéron a écrit:

Ça n'inquiète personne que Nikitin chante Le Voyageur alors qu'il était déjà très difficilement arrivé au bout du rôle de Wotan dans La Walkyrie ?

Il était malade a priori... avait chanté Klingsor la veille au soir... et puis Wanderer est un peu plus grave donc devrait mieux lui aller je pense.
Moi mon seul regret... c'est de retrouver Erda. Elle était pas géniale dans l'Or du Rhin et j'adore la scène du troisième acte! (grand souvenir de la mise en scène de Kramer d'ailleurs... un des rares très bons moments).

Polyeucte a écrit:

Moi mon seul regret... c'est de retrouver Erda. Elle était pas géniale dans l'Or du Rhin et j'adore la scène du troisième acte! (grand souvenir de la mise en scène de Kramer d'ailleurs... un des rares très bons moments).

+1
Oui, une Erda toute pâlotte...
J'aurais aimé retrouver Anna Kiknadze, et je suis sûr qu'elle aurait pu chanter Erda sans problème.

Adalbéron a écrit:

+1
Oui, une Erda toute pâlotte...
J'aurais aimé retrouver Anna Kiknadze, et je suis sûr qu'elle aurait pu chanter Erda sans problème.

Ou grand coup d'éclat... Borodina!
(bon, dommage, Podles n'est pas du Mariinsky et n'a je crois jamais chanté avec Gergiev... sinon )

@ Polyeucte :
Le Wanderer est considéré comme plus aigu que le Wotan de Walküre, beaucoup de titulaires du rôle ont d'ailleurs chanté seulement Rheingold et Siegfried parce qu'il leur manquait l'extension grave pour le grand récit du II de Walküre. De vrais barytons pas trop hybridés basse ont chanté ce rôle.

Ensuite, oui, si on regarde le centre de gravité général, c'est souvent bien dans le bas du médium, et il y a moins d'éclats, donc moins d'aigus que dans Walküre, je crois bien (j'ai beaucoup moins lu la partition de Siegfried, je ne pourrais pas en jurer). En revanche, oui, c'est un rôle moins lourd (moins de présence sur scène, moins d'éclats), qui peut être chanté par de purs barytons, donc ce sera probablement plus facile – et le poids sur ses épaules n'est pas le même que lorsqu'il glisse vers l'aphonie au début du duo du III !

Adalbéron a écrit:

Ça n'inquiète personne que Nikitin chante Le Voyageur alors qu'il était déjà très difficilement arrivé au bout du rôle de Wotan dans La Walkyrie ?

C'était de toute évidence un refroidissement : technique est très solide mais un voile était sur la voix, rien à voir avec de la fatigue (ou, comme je l'ai lu avec une certaine légèreté, une impossibilité fondamentale à chanter le rôle). À mon humble avis il s'est pris la clim' de l'avion en pleine face. La fatigue vocale de la vieille non plus l'explique pas tout, elle a tout au plus pu accélérer le processus.

Donc ce sera très bien. La voix est un peu plus fruste, moins rayonnante ces dernières années, mais c'est tout sauf un chanteur finissant et limité.

Quelle bonne idée de commencer Siegfried à 19h00.  

A minuit je vais devoir me taper un sprint jusqu'au métro si je veux choper ma correspondance...enfin si ça se termine bien à minuit.

Un peu pareil pour moi, j'ai mon dernier bus à 1h... normalement ça devrait aller.

Sur le programme ils indiquent 23h50 comme horaire de fin, mais à mon avis il n'est pas impossible que ça dépasse minuit...

Xavier a écrit:

Un peu pareil pour moi, j'ai mon dernier bus à 1h... normalement ça devrait aller.

Sur le programme ils indiquent 23h50 comme horaire de fin, mais à mon avis il n'est pas impossible que ça dépasse minuit...

En général les horaires sont bien respectés à la P. P. ; par contre la sortie est assez laborieuse, il y a peu de sorties au grand auditorium, et ensuite on se retrouve au niveau 3, donc il faut encore descendre pour avoir à faire ensuite une bonne petite marche pour arriver au métro...
Je n'ai jamais pris le bus pour y aller...
Comme j'habite à l'ouest de Paris j'y vais en voiture par le périphérique ; c'est la loterie, ça peut prendre 25 minutes, mais hier soir pour Jaroussky c'était l'enfer : une moto accidentée : 55 minutes !!
Au retour par contre c'est très rapide : une petite quinzaine de minutes, en respectant les limitations de vitesse.

Belcore

Xavier a écrit:

Un peu pareil pour moi, j'ai mon dernier bus à 1h... normalement ça devrait aller.

Sur le programme ils indiquent 23h50 comme horaire de fin, mais à mon avis il n'est pas impossible que ça dépasse minuit...

J'ai conscience de ce que ça représente (j'ai encore récemment, et par deux fois, quadruplé mon temps de trajet en devant prendre un Noctilien en sortant de répétition… moins de 25 minutes qui sont devenues plus d'1h30… et c'était dans Paris ou quasiment ! Mais lorsqu'il y a un événement comme celui-ci, je veux dire que vous avez bien un moyen, le cas échéant, de remettre les pieds chez vous ? (Quitte à ce que ça prenne très longtemps, j'en suis conscient.) Parce que partir pendant Ewig war ich par Stikhina, ce doit être franchement frustrant !!

Oui, ça a beau être frustrant mais à minuit je mets les voiles, même si c'est pendant le réveil de Brunnhilde...

Je pourrais pas. Je suis du genre à passer plutôt la nuit dehors à la gare que de faire ça.

(Ce qui n'est pas forcément un signe plus rassurant sur ma santé mentale que le refus de tenter l'aventure du Noctilien, je l'admets très lucidement.)

Bon, ils avaient juste 10 minutes de retard par rapport à ce qui est indiqué sur le programme de salle.

Par contre, pour demain j'ai un gros souci : il est indiqué une fin à 21h15... pour un début à 16h30, soit 4h45 en tout... avec 4h25 de musique! (contre 4h pour Siegfried).
Donc soit Gergiev prend le TGV, soit les entractes font 10 minutes chacun... soit ils ont coupé le prologue!

(la dernière solution est une dérive baroque... Gergiev a pris des cours chez Niquet qui lui a prouvé que oui, un prologue ça sert à rien! )

DavidLeMarrec a écrit:

Xavier a écrit:

Un peu pareil pour moi, j'ai mon dernier bus à 1h... normalement ça devrait aller.

Sur le programme ils indiquent 23h50 comme horaire de fin, mais à mon avis il n'est pas impossible que ça dépasse minuit...

J'ai conscience de ce que ça représente (j'ai encore récemment, et par deux fois, quadruplé mon temps de trajet en devant prendre un Noctilien en sortant de répétition… moins de 25 minutes qui sont devenues plus d'1h30… et c'était dans Paris ou quasiment !  Mais lorsqu'il y a un événement comme celui-ci, je veux dire que vous avez bien un moyen, le cas échéant, de remettre les pieds chez vous ?  (Quitte à ce que ça prenne très longtemps, j'en suis conscient.)  Parce que partir pendant Ewig war ich par Stikhina, ce doit être franchement frustrant !!

Non, t'inquiète je n'ai rien raté.

Il m'est arrivé de dormir chez quelqu'un qui habite Paris ou de prendre le Noctilien, mais je ne rate pas la fin, quoi qu'il arrive!

J'ai eu mon bus de 1h (à 5 minutes près), ceci dit le Noctilien n'est pas pire, j'ai eu droit à un type qui a vomi partout dans le bus entre deux canettes qui se vidaient, la conductrice qui lui a dit de sortir… Finalement le type est sorti et s'est mis à frapper le bus et la conductrice à l'insulter de tous les noms…
Il a fallu sortir par l'avant du bus, l'arrière était condamné.

Mais avant cette fin de soirée un peu glauque, il y a effectivement eu un final de 3è acte superbe, notamment le Ewig war ich, un grand moment de grâce.

Polyeucte a écrit:

Par contre, pour demain j'ai un gros souci : il est indiqué une fin à 21h15... pour un début à 16h30, soit 4h45 en tout... avec 4h25 de musique! (contre 4h pour Siegfried).
Donc soit Gergiev prend le TGV, soit les entractes font 10 minutes chacun... soit ils ont coupé le prologue!

Oui, ils ont dû simplement compter un entracte au lieu de deux; ça finira vers 21h45, à coup sûr.

Une soirée merveilleuse pour moi
C'est vraiment une œuvre que j'adore et elle a été admirablement servie (bien sûr, on peut toujours trouver des choses à redire ici et là - je n'en trouverais pas pour l'orchestre cependant, époustouflant, même si on peut discuter de la direction de Gergiev).
Hâte d'entendre le prochain épisode !
(Ne pourrait-on pas essayer de se donner rendez-vous à un entracte ? )

Y - a - t -il un écran avec la traduction du texte ?

Belcore

C'était en effet magnifique comme soirée... et le troisième acte!!
Gergiev magnifique d'un bout à l'autre, avec des choses splendides... le crescendo progressif de la forge, la douceur du "Ewig war ich"...

Par contre, notre Siegfried semblait un peu fatigué à la fin...

Lecture très inhabituelle que ce Siegfried très doux, toujours caressant et poétique, jamais tempêtant ; je ne l'avais jamais entendu comme cela. C'est contre-intuitif, mais superbe. Et puis les chanteurs étaient grandioses (Andreï Popov en Mime, bien sûr Stikhina qui a tout tué en Brünnhilde…).

J'ai très envie de rempiler cet après-midi.

@ Adalbéron : En ce qui me concerne, toujours compliqué aux entractes (sauf si tu es au B2… le temps que je descende, je remonte illico), mais à la fin je suis en général parmi les derniers à quitter la salle et la terrasse.

Une superbe soirée !!  
J'ai été particulièrement impressionné par l'équipe vocale : que des chanteurs merveilleux
J'ai d'ailleurs eu la chance d'avoir un voisin qui avait pris la partition et suffisamment gentil pour me permettre de la partager avec lui pendant le troisième acte  

Belcore a écrit:

Y - a - t -il un écran avec la traduction du texte ?

Oui, bien sûr : d'après ce que j'ai vu, il y en a un au-dessus de l'arrière scène et un au-dessus du balcon le plus haut.

Adalbéron a écrit:

(Ne pourrait-on pas essayer de se donner rendez-vous à un entracte ? )

Oui, ça serait chouette effectivement

Polyeucte a écrit:

Par contre, notre Siegfried semblait un peu fatigué à la fin...

Je n'ai pas trouvé. Gergiev faisait très attention à maintenir l'orchestre doux pour ne pas le faire forcer, et il se ménageait par moment (pas dans le sens de s'économiser au détriment de son incarnation, mais il chantait avec plus de légèreté hors des moments de bravoure). Je n'ai senti en pleine possession de ses moyens à la fin, je suis confiant pour aujourd'hui.

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

Par contre, notre Siegfried semblait un peu fatigué à la fin...

Je n'ai pas trouvé. Gergiev faisait très attention à maintenir l'orchestre doux pour ne pas le faire forcer, et il se ménageait par moment (pas dans le sens de s'économiser au détriment de son incarnation, mais il chantait avec plus de légèreté hors des moments de bravoure). Je n'ai senti en pleine possession de ses moyens à la fin, je suis confiant pour aujourd'hui.

J'ai trouvé quelques aigus plus difficiles... et il passait son temps à s'assoir et boire...
Il était encore très bien oui... mais il a encore le Crépuscule à assurer aujourd'hui.

Le seul problème est qu'il est assez compliqué de se retrouver à la Philharmonie...
On peut se donner rendez-vous à l'entracte, dans le hall d'entrée du côté du contrôle 1, devant le présentoir où sont disposés les programmes.

Bon, je suis sous le choc de ce que nous avons entendu hier: Gergiev, Vekua, mais spécialement Elena Stikhina

Figurez-vous que Gergiev et le Marinsky ont donné leur Ring au Met en 2017, et les critiques du NY Times (tres musiciens et qui en ont vu d'autres) étaient tres impressionnés par Mlada Khudoley, que Stikhina remplaçait hier....

Alors ma question pour Gerigev c'est: vous en avez combien comme ca???

Polyeucte a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

Par contre, notre Siegfried semblait un peu fatigué à la fin...

Je n'ai pas trouvé. Gergiev faisait très attention à maintenir l'orchestre doux pour ne pas le faire forcer, et il se ménageait par moment (pas dans le sens de s'économiser au détriment de son incarnation, mais il chantait avec plus de légèreté hors des moments de bravoure). Je n'ai senti en pleine possession de ses moyens à la fin, je suis confiant pour aujourd'hui.

J'ai trouvé quelques aigus plus difficiles... et il passait son temps à s'assoir et boire...
Il était encore très bien oui... mais il a encore le Crépuscule à assurer aujourd'hui.

C'est plutôt Nikitin que j'ai trouvé un peu fatigué à la fin de sa partie au 3ème acte, alors qu'il avait plutôt bien démarré au premier.

Super soirée.
Et quelle Brunnhilde...mordioux!!!

Bon, après ce week-end de dingues, je vois que tout le monde est couché!

Je vais commencer par dire un mot sur Siegfried, mais je ferai peut-être aussi des remarques sur l'ensemble.

Ce qui bluffe dès le premier acte, c'est encore la très belle distribution réunie par Gergiev, malgré la présence de beaucoup de chanteurs plutôt méconnus.
Pour ce Siegfried, c'est pour moi un sans-faute.
Le nom le plus connu est certainement Nikitin, mais ça n'a pas été mon chanteur préféré de la soirée: la projection est bonne, le musicien sait se faire nuancé, mais il y a cette tendance à chanter un peu haut (de fait, beaucoup de notes sont fausses) qui me gêne assez souvent.
Burdenko avait déjà été un Alberich très convaincant en mars dans Rheingold, il en a été de même cette fois-ci.
Idem pour le Mime de Popov, qui joue vraiment son rôle d'un bout un l'autre malgré le contexte d'une version de concert, la voix passe très très bien et le personnage est convaincant: même en ramassant sa bouteille d'eau, il faisait des gestes un peu bizarres et semblait transpirer son personnage du début à la fin.
Il s'est perdu un court moment dans sa partition au début de la 3è scène du I et a manqué une réplique lors du retour de Siegfried (à moins que ce soit un petit manque d'air passager), mais ça se remarquait à peine. Un Mime enthousiasmant.
Le Siegfried de Vekua était un peu l'attraction, car il chantait les deux soirs, après avoir fait Loge et Siegmund à la suite en mars, où on avait découvert un chanteur polyvalent, musical et très endurant, à défaut d'avoir vraiment une voix convenant parfaitement au rôle du Waelsung.
Son Siegfried m'a davantage plu que son Siegmund, sans que je sache trop pourquoi, il a abordé le rôle avec une certaine insouciance, mais en prenant des risques finalement bien calculés, car il a bien tenu la longueur sans donner trop l'impression de s'économiser. Les graves étaient parfois un peu couverts mais globalement il a crânement assuré le rôle et se faisait bien entendre. Il me fait parfois penser à Lance Ryan, avec une voix également assez claire, mais sans le vibrato incontrôlé et les attaques droites de ce dernier.
Seul le si bémol juste avant l'assaut du rocher n'a été qu'effleuré par Vekua au lieu d'être bien tenu, mais c'est vraiment un détail.
Bon Fafner de Petrenko, et Erda satisfaisante mais pas très marquante de Bulycheva.
La lumière de la soirée fut pour moi la Brünnhilde d'Elena Stikhina, qui chantait Sieglinde en mars et qui a permis de clore ce Siegfried par un moment de grâce à partir du Ewig war ich, pris assez lentement par Gergiev et qu'elle a magnifiquement conduit du pianissimo initial jusqu'au contre-ut majestueux.
La voix est magnifique et remplit la salle avec une facilité étonnante.
Il y a chez elle cette façon de tout chanter très très proprement, sans jamais un port de voix ou une attaque par en-dessous, c'est assez rare, ça me fait penser à Klaus Florian Vogt par ce côté-là. Une simplicité, une netteté très étonnantes.
Cette impression de pureté était d'ailleurs renforcée par son allure de princesse de contes de fées, avec cette grande robe verte.
Je n'oublie pas un très belle Oiseau avec Anna Denisova, voix très fraîche et qui là aussi passait la rampe avec une facilité étonnante, derrière une impression de voix légère.
Bref, un sans-faute côté vocal, même si évidemment on pouvait avoir une petite réserve sur l'un ou l'autre.

J'aurais plus à redire sur Gergiev et l'orchestre du Mariinsky, même s'il y a aussi beaucoup de bonnes choses à en dire.
De belles couleurs d'abord, c'est assez indéniable.
Quelques moments assez magiques même, comme par exemple les Murmures de la forêt, qui m'avaient rarement autant touché.
Une belle endurance là aussi, parce que ce Siegfried a été assez propre dans l'ensemble, tout de même 4 heures de musique avec de courts entractes.
De petites irrégularités tout de même, des moments de flottement, des imprécisions, comme la magnifique montée de violons sur le sommet du rocher, où ces derniers n'étaient vraiment pas ensemble.
Même chose au tout début de l'œuvre, un peu de flottement parmi les bassons et quelques autres vents.
Il faut dire que la battue de Gergiev est toujours aussi étrange et illisible, mais bon, ils doivent être habitués.
Un carton rouge pour le percussionniste qui faisait la forge et qui nous a bien cassé les oreilles au I, tapant le plus fort possible sur son machin, couvrant tout le reste.
Hormis ce détail, ce qu'on peut louer chez Gergiev, c'est cette capacité à tenir son orchestre, qui n'a quasiment jamais couvert les chanteurs, sans qu'on ait trop l'impression qu'il joue en sourdine de façon trop évidente et sans perdre les couleurs de son orchestre.
C'est fait assez subtilement, d'ailleurs l'effectif ne contenait que 8 violoncelles et 6 contrebasses, ce qui n'est pas énorme, de fait la pâte était relativement légère et le résultat la plupart du temps assez fin.
Par contre il y avait des moments frustrants car un peu mous, et notamment Gergiev ralentit et ramollit toutes les fin d'actes censés être triomphales ou rageuses (ici, I et III), je ne sais pas pourquoi, mais c'est vraiment net, et vraiment frustrant. (c'était pareil dans la Walkyrie sur la fin du I et du II, idem au disque je crois)
En revanche tout le duo et la fin du III ont été vraiment magnifiques, en osmose parfaite avec les chanteurs.
Le résultat global était du coup assez loin de la perfection, ce n'est pas toujours léché comme ce que fait Jordan par exemple, mais l'ensemble emportait l'adhésion, et c'est une réelle aubaine de pouvoir entendre cette musique dans ces conditions, en version de concert et donc de profiter de l'orchestre wagnérien dans cette acoustique. (et puis ça faisait bien 5 ans qu'on n'avait pas entendu le Ring à Paris!)

J'irai peut-être un peu plus vite sur Götterdämmerung, qui a rempli cette journée de dimanche de belle façon, avec peut-être plus d'irrégularités, mais aussi beaucoup de très beaux moments.

Je l'ai dit, je ne suis pas du tout fan de Nikitin, mais j'ai aimé sa présence et son charisme pour Gunther, cela donnait du caractère et du mordant à ce personnage qui peut en manquer.
Stikhina était moins éblouissante que la veille dans le personnage de Gutrune, mais elle lui a apporté féminité et grâce, ce qui n'est pas rien non plus.
Petrenko a donné sa pleine mesure avec Hagen, le timbre est clair mais le personnage tout de même assez terrifiant; belle maîtrise vocale sur toute la tessiture, les aigüs ne sont pas criés comme chez d'autres. Physiquement, il en impose également.
Vekua était annoncé souffrant, mais franchement, il aurait été difficile de le deviner, il a une nouvelle fois assuré ce rôle très lourd sans défaillir, avec peut-être un tout petit peu moins d'aplomb que la veille, mais sans donner l'impression de vraiment s'économiser.
Les notes étaient bien tenues, les aigüs lancés sans hésitation. (hormis les deux contre-ut manqués, le premier craqué, le deuxième il a chanté un si, mais bon, presque personne ne les fait vraiment bien)
Il a davantage allégé au III, mais toujours à bon escient. Chapeau.
Ce qui m'a tout de même un peu embêté c'est qu'il se trouvait souvent un peu en retard sur l'orchestre (déjà dans Siegfried d'ailleurs), et à un moment au contraire très en avance d'une bonne mesure. Certes Gergiev est parfois un peu déroutant, mais à ce point, je pense que c'est aussi de son fait.
Après la Walkyrie de mars, on a retrouvé la Brünnhilde de Pavlovskaya qui était totalement à l'opposé de Stikhina, ce qui n'est pas complètement absurde car le personnage a bien évolué: c'est une Brünnhilde plus forte, mûre, c'est surtout très costaud vocalement, très précis (jamais un micro-décalage chez elle, elle est au cordeau de A à Z), mordant, bien chanté, bien projeté (mais pas mieux que Stikhina, on peut même dire que la voix remplit moins la salle, on a presque l'impression que ça reste un peu coincé même) par contre, sans jamais être laid on peut trouver que ça manque de féminité et de nuances.
Ce n'est pas une gueuleuse non plus, mais on peut aimer quelque chose de plus varié et plus frémissant.
Les aigüs plafonnent un chouilla, elle est quand même plus à l'aise dans le médium-aigü qu'au-dessus du la.
Dans l'ensemble cette Brünnhilde m'a satisfait à défaut de vraiment me séduire; c'était sans surprise. (elle était initialement prévue dans Siegfried et c'est Mlada Khudoley qui devait chanter le Crépuscule, je me dis que le changement a été heureux, car Stikhina a été divine dans Siegfried et Pavlovskaya surement plus à sa place dans le Crépuscule)
La grosse déception ça a été Waltraute, avec Olga Savova: là, on a vraiment eu une voix moche, aigre, vibrato omniprésent, graves chantés bizarrement… seule la dernière note a rempli la salle de belle façon et a bien conclu cette scène, pourtant une des plus belles, et ici un peu ratée du coup.
Dommage que Gergiev n'ait pas plutôt choisi Ekaterina Sergeeva (ici 1ère Norne et Flossihilde), qui avait déjà fait une belle Fricka en mars dans la Walkyrie.
Les Nornes ont été très bien mais les trois chanteuses furent plus en difficulté dans le rôle des Filles du Rhin, surtout Dombrovskaya, très bien en 3è Norne mais très en difficulté sur la justesse et l'agilité de Woglinde.
Burdenko encore très bien en Alberich, rien à ajouter là-dessus, très bon chœur aussi.

A l'orchestre ce fut nettement plus irrégulier que la veille, pas mal de failles, à commencer par le cor solo, déjà un peu en cause dans Siegfried, mais qui là nous a fait un festival de pains assez invraisemblable, en plus il avait vraiment un vilain son, au contraire de tous les autres cornistes. Bizarre.
D'autres moments de flottements, souvent chez les vents (un corniste qui se met à jouer une tierce trop haut et à saccager l'harmonie sur un motif important à découvert), parfois aussi chez les violons dans les traits très rapides, un petit côté brouillon quoi.
Et d'autres moments fabuleux de poésie, comme notamment la transition entre les deux dernières scènes du I, ou bien la veille d'Hagen, toujours au I.
Et le final du III, magnifique d'un bout à l'autre.
Par ailleurs Gergiev qui ramollit encore ses fins d'acte au I et au II...
Il y aurait plein d'autres détails à citer, en positif comme en négatif, mais comme la veille pour Siegfried, c'est à mon sens le positif qui l'emporte assez nettement, parce que cette musique est fabuleuse et qu'elle a été jouée de belle façon dans l'ensemble, idem pour la distribution, hormis pour Waltraute, le reste est encore un sans-faute.
On peut maintenant faire le bilan de ce Ring Gergiev et pour ma part, bien que pas du tout fan de Gergiev, j'ai été plus qu'emballé, malgré de petites frustrations ici et là, bluffé par la distribution, et enchanté par le résultat sonore d'ensemble.
Et surtout, je me suis encore posé plein de questions sur la partition, l'utilisation de tel motif à tel moment, etc...
Il va falloir que je m'y replonge!  

@ Xavier : bravo pour tes C R, très bien pensés !

Je n'ai pas eu le courage d'enquiller les deux épisodes, donc pour moi uniquement le Crépuscule hier après - midi.
Je me demandais si une telle œuvre était concevable en version de concert : un peu ankylosé à la fin du I, mais ensuite c'était parfait : donc oui, ça l'était ; j'ai pu beaucoup mieux apprécier le chant et la musique ; en outre j'avais une position dans la salle qui s'est révélée excellente : second balcon, de face ; l'acoustique était parfaite, les voix jamais couvertes, et je pouvais suivre le livret sur l'écran...

J'ai trouvé, à de rares exceptions, le plateau vocal d'un bon niveau : Vekua - annoncé souffrant - s'est un peu économisé au début, je l'ai trouvé excellent au III dans ses "souvenirs de jeunesse". Vocalement le triomphateur a été l'Hagen de Petrenko, absolument satanique ; j'ai aussi été impressionné par la Brunnhilde de Pavlovskaya - seul moment un peu délicat, les Filles du Rhin, pas très harmonieuses au début du III  . Dans l'ensemble la diction de l'allemand était bonne.
J'ai été surpris par la composition de l'orchestre : cuivres : 4 trompettes, 4 trombones, 8 cors, dont 4 jouant du Wagner Tuben, très riche petite harmonie, avec notamment une belle et sonore clarinette basse, face à un effectif de cordes relativement modestes, avec un pupitre de violoncelles très fourni, et seulement 6 contrebasses - l'ensemble était plus qu'impressionnant : les interludes orchestraux étaient splendides, plasticité incroyable, avec des moments d'une grande poésie, et des climax presque surhumains ; entendu une seule fausse note, sur le second appel du cor du Voyage sur le Rhin.

Donc, très beau concert.
En l'espèce la P P s'était plantée sur l'horaire : fin annoncée à 21h15, en réalité 21h50 !

Belcore

Xavier a écrit:

A l'orchestre ce fut nettement plus irrégulier que la veille, pas mal de failles, à commencer par le cor solo, déjà un peu en cause dans Siegfried, mais qui là nous a fait un festival de pains assez invraisemblable, en plus il avait vraiment un vilain son, au contraire de tous les autres cornistes. Bizarre.

C'est curieux, chez Xavier, ce besoin de relever les pains des cornistes dans le Ring... Sans compter qu'une cyberattaque de hackers russes contre classik, ça risque d'être plus sévère que les trolls artisanaux de musiciens d'orchestre français.

Benedictus a écrit:

Xavier a écrit:

A l'orchestre ce fut nettement plus irrégulier que la veille, pas mal de failles, à commencer par le cor solo, déjà un peu en cause dans Siegfried, mais qui là nous a fait un festival de pains assez invraisemblable, en plus il avait vraiment un vilain son, au contraire de tous les autres cornistes. Bizarre.

C'est curieux, chez Xavier, ce besoin de relever les pains des cornistes dans le Ring... Sans compter qu'une cyberattaque de hackers russes contre classik, ça risque d'être plus sévère que les trolls artisanaux de musiciens d'orchestre français.

Franchement, à part ce microscopique dérapage, j'ai trouvé l'orchestre splendide !!

Belcore

D'accord avec Xavier pour le Crépuscule !

J'ai également vécu un moment assez pénible pendant l'intervention de Waltraute et j'ai eu du mal à comprendre comment Gergiev avait pu y programmer une voix autant en décalage avec le reste du cast. Un vrai malaise, car c'était un peu le crépuscule d'une voix qui a eu probablement ses heures de gloire au Marinski. Une de Nornes aurait fait beaucoup mieux ...

Beaucoup aimé Pavlovskaya, peut être la Brunnhilde que j'ai préféré parmi toutes celles que j'ai entendu live à paris depuis une vingtaine d'années (Stemme hors concours!). Elle n'a malheureusement aucun charisme sur scène mais elle caractérise le rôle parfaitement avec sa voix.

Mes impressions en vrac :

Tout d'abord d'un point de vue formel on pourra souligner à quel point ces deux opéras gagnent à être donnés en version de concert. Ca permet de faire l'économie des incarnations scéniques de deux livrets perclus de scories ( le Grimm malhabile de Siegfried et les ficelles laborieuses du Crépuscule). Et comme ces deux derniers opéras sont les plus denses d'un point de vue compositionnel, on y gagne en se concentrant exclusivement sur la musique.

Surpris par ce Siegfried presque joué en sourdine par moments, on gagne en netteté (vocale notamment) ce que l'on perd en mordant et en véhémence. Vekua campe un Siegfried atypique avec un côté acide dans la voix qui le rapproche plus d'un ténor de caractère que d'un Heldentenor. Le chant n'en est pas moins impressionnant de présence et de projection. Je ne reviens pas sur la Brunnhilde de Stikhina : on est vraiment proche de l'idéal avec cette voix frémissante de lyrisme. Popov est cauteleux à souhait en Mime et Nikitin en Wanderer est en bien meilleure forme que lors de son Wotan laborieux du printemps dernier, toutefois on sent que son métal commence à être sérieusement entamé...

Un beau Siegfried pour moi au final, même si j'ai été surpris par la relative sagesse de l'orchestre qui change mes habitudes d'écoutes (j'ai tendance à associer Siegfried, surtout l'acte I, au côté suffocant et implacable de la 7ème de Beethoven).


Vraiment impressionné par le Crépuscule des Dieux. D'abord musicalement quel régal auditif que ces motifs qui se marchent les uns sur les autres, sans parler des moments "physiques" à grand spectacle (Voyage de Siegfried sur le Rhin, Appel du cor de Hagen, Marche funèbre de Siegfried).Voir tout ça en concert ça secoue!  

J'ai noté quelques retards et décalages au niveau de l'orchestre et des chanteurs. La palme au cor (pour une fois   ) qui se loupe (à découvert en plus!) juste après la scène des Filles du Rhin...

Personnellement je n'ai pas trouvé Vekua vraiment diminué par rapport à sa prestation dans Siegfried.
Un peu dérangé par la Brunnhilde très sombre de voix de Pavlovskaya (aucun doute c'est la fille d'Erda   ). Les moyens sont là, mais je me suis surpris à songer plus d'une fois à Fricka voir à Clytemnestre en l'écoutant. J'aurais vraiment aimé que Stikhina (Gutrune impeccable) rempile...  

Hagen grisant de virilité et de puissance de Petrenko.  

Chœur superbe!!!

Nikitin incarne Gunther avec les qualités et les limites énoncées plus haut dans Siegfried.

Mais la grande déception à été pour moi la Waltraute bien pâlichonne de Savova. C'est dommage...

Malgré les réserves soulignées ici ou là j'ai trouvé ça fantastique. Il faut dire que l'œuvre per se est tellement pleine de tout ce que j'aime en musique (souffle épique, densité contrapuntique, sens du grandiose)...

Benedictus a écrit:

Xavier a écrit:

A l'orchestre ce fut nettement plus irrégulier que la veille, pas mal de failles, à commencer par le cor solo, déjà un peu en cause dans Siegfried, mais qui là nous a fait un festival de pains assez invraisemblable, en plus il avait vraiment un vilain son, au contraire de tous les autres cornistes. Bizarre.

C'est curieux, chez Xavier, ce besoin de relever les pains des cornistes dans le Ring... Sans compter qu'une cyberattaque de hackers russes contre classik, ça risque d'être plus sévère que les trolls artisanaux de musiciens d'orchestre français.

Tu as raison… désolé.

Superbes retours de Xavier... à la hauteur des deux concerts... je n'ai pas eu le temps encore de me pencher sur un compte-rendu, mais c'était magnifique! Je n'ai pas l'oreille aussi affutée et donc certains décalages ne m'ont pas sautés aux oreilles.

Génial en tout cas ce Ring... espérons que ça permettra à Gergiev de terminer son Ring studio aussi...

C'est vraiment un studio?
Il me semblait que c'était un montage de plusieurs concerts.
En regardant le cast, on s'aperçoit qu'il y a pas mal de points communs avec nos concerts de la Philharmonie, notamment le Mime de Popov, les Filles du Rhin et Petrenko.