PP_22OCT_Berlioz_Richardot-Gardiner+ORR

Lundi prochain à la Philharmonie, l'ami Gardiner et son Orchestre Révolutionnaire et Romantique accompagneront la mezzo française Lucile Richardot (qui vient d'ailleurs de sortir un disque avec S.Daucé) dans un programme tout Berlioz :

Ouverture du Corsaire, La Mort de Cléopâtre, Les Troyens / (Chasse royale et Orage, Air de Didon), Symphonie fantastique

Gardiner m'avait tellement déçu la saison dernière avec le LSO que j'avais prévu de ne pas aller à ce concert Berlioz ... mais la curiosité m'a rattrapé! La curiosité et l'intérêt suscité par la belle prestation de L.Richardot au disque dernièrement.

Kir

Il est toujours bien meilleur avec son orchestre ! Avec Vienne ou le LSO il est souvent un peu lisse, plus sec que tranchant.

Avec l'ORR, il y a vraiment des couleurs et des équilibres intéressants (j'espère simplement qu'il jouera un peu plus fort que la dernière fois ).

J'y serai aussi !

J’y serai aussi.
[Ma première Fantastique en salle, si tout se passe bien, contrairement aux trois fois précédentes où j’aurais dû l’entendre.]

J’avais écouté la bande radio du concert donné aux Proms par les mêmes avec le même programme (à Londres, c’était DiDonato cependant la Cléopâtre/Didon). C’était très très enthousiasmant ! Un grand feu de joie.

Foco di gioia !

(tu as donc trouvé une place !)

En ce qui me concerne, j'ai entendu la saison dernière la Fantastique dans les murs néo-égyptiens de la création, et par des membres de la Société des Concerts du Conservatoire (direction Habeneck Stenz). Je peux mourir.

Esulto!

Oui, grâce à la toute nouvelle bourse aux billets !

Tsssss... C’est là que Gardiner a enregistré son disque avec son orchestre, non ? Il saura retrouver l’air de la salle, s’il n’aura les murs.
Fétichiste.

DavidLeMarrec a écrit:

En ce qui me concerne, j'ai entendu la saison dernière la Fantastique dans les murs néo-égyptiens de la création, et par des membres de la Société des Concerts du Conservatoire (direction Habeneck Stenz). Je peux mourir.

Oui, grand souvenir pour moi également.

--

Adalbéron a écrit:

Esulto!Tsssss... C’est là que Gardiner a enregistré son disque avec son orchestre, non ?[/size]

Tout à fait !

J'y serai également, et ce sera aussi ma première Fantastique en salle. Je suis à peine remis des Huguenots, mais quand même assez impatient d'entendre Gardiner et l'ORR dans Berlioz.

J'étais placé au centre du parterre, au milieu d'une brochette de jeunes gloires du baroque français (S.Daucé notamment).
Placement splendide ... que j'ai malheureusement été amené à regretter quelque peu au cours du concert tant Sir Gardiner et ses troupes avaient choisi de "rock the place !". Dans le corsaire et dans certains passages de la fantastique, c'était trop pour moi en termes de décibels et, de là où j'étais, certains passages tournaient au (très) joyeux tohu-bohu !
Au-delà de ça, l'atmosphère, l'ambiance générales étaient très agréables. Lucile Richardot a vraiment donné de la voix... et de sa personne.
Moults instruments inhabituels sur scène, même de l'électronique à la fin de la fantastique (?). Les instrumentistes se mettent à chanter furieusement (ou doucement parfois) dans des passages choisis par Sir John. Un orchestre extraordinairement attentif, engagé et un vrai plaisir de jouer ensemble.
Florian

J'ai oublié de dire que j'ai trouvé la marche au supplice magnifique !

Superbe soirée pour moi!

Bon, une ouverture du Corsaire pas inoubliable, mais dès que Lucile Richardot entre en scène, on bascule dans une toute autre dimension! L'incarnation, la déclamation, la puissance de ce grave... Alors oui, il y a quelques aigus qui accrochent mais franchement, l'interprétation est assez formidable, toute taillée dans un beau marbre zébré, où la douceur est vite remplacée par la rage hautaine... Et pour l'accompagner, Gardiner soigne les couleurs, les effets... ces contrebasses à la fin qui palpitent sont particulièrement oppressantes. C'est magique! J'avais déjà entendu Colin Davis avec Antonacci à Pleyel (ça remonte), mais là on est à un niveau au dessus encore, orchestre comme voix (pourtant, j'adore Antonacci!!).

Les extraits des Troyens sont là encore magnifique... La Chasse royale est toute délicate avec ces cuivres qui sonnent en coulisse (bon, quelques couacs mais bon...) et puis le déferlement de la poursuite avant l'orage qui gronde, tout est fait au fur et à mesure, progressivement pour accentuer les différences... c'est génial! Et puis mention spéciale pour la corniste soliste qui nous offre des pianissimo magnifiques sans fausse note... sur un cor naturel!! J'en connais qui devraient prendre exemple! Intervention du choeur pour quelques onomatopées...
Mort de Didon plus retenue que celle de Cléopâtre mais là encore que le rendu est noble et beau... Ovation bien sûr pour Lucile Richardot!

Enfin, la Symphonie Fantastique... et là, je dois dire que j'ai pris un gros coup sur le nez... Gardiner et l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique semblent chez eux. Une panoplie de couleurs, d'effets, de variété de dynamique... les cuivres qui grésillent, les cordes qui cinglent ou caressent, les vents splendides. Chaque mouvement était splendide! Le bal avec ces quatre harpes mises en avant... ces ophicléides impressionnants... je ne saurais en dire plus tellement j'ai pris une claque!
Seul point négatif... les cloches enregistrées ça faisait vraiment bizarre...

Concert miraculeux! Découverte de Lucile Richardot... et puis confirmation combien Gardiner et son orchestre son géniaux dans ce répertoire berlioziens... j'avais été bluffé pour un Oedipus Rex à Pleyel (avec Fanny Ardant en récitante) mais là ils sont peut-être encore plus impressionnants!

Je crois que Polyeucte a tout dit, c'était vraiment un superbe concert et le niveau de l'orchestre est impressionnant. Lucille Richardot fut une vraie révélation! Pendant la Mort de Cléopâtre je fus saisie d'effroi et j'ai mis du temps à m'en remettre.

Kir75 a écrit:

certains passages tournaient au (très) joyeux tohu-bohu !

C'est le problème du parterre en effet (et de bien d'autres places de cette salle), l'acoustique peut être très floue.

Citation :

même de l'électronique à la fin de la fantastique (?).

Juste un clavier-maître qui convoquait une cloche pré-enregistrée.

Polyeucte a écrit:

Superbe soirée pour moi!

Mais pas au point de passer dire bonjour.

Citation :

Bon, une ouverture du Corsaire pas inoubliable,

Je l'ai trouvée remarquable au contraire (ces couleurs, rien que les cordes déjà !), alors même que l'œuvre en elle-même, quoique fort bonne, n'est pas la cîme inatteignable de Berlioz.

DavidLeMarrec a écrit:

Kir75 a écrit:

certains passages tournaient au (très) joyeux tohu-bohu !

C'est le problème du parterre en effet (et de bien d'autres places de cette salle), l'acoustique peut être très floue.

Ah j'étais au parterre et j'ai trouvé ça assez génial!

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

Superbe soirée pour moi!

Mais pas au point de passer dire bonjour.

Non

Plus sérieusement, j'étais accompagné de deux personnes... donc je suis resté en leur compagnie, me privant du coup de la votre!

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Bon, une ouverture du Corsaire pas inoubliable,

Je l'ai trouvée remarquable au contraire (ces couleurs, rien que les cordes déjà !), alors même que l'œuvre en elle-même, quoique fort bonne, n'est pas la cîme inatteignable de Berlioz.

Ah mais pour l'interprétation oui... mais l’œuvre par contre n'était pas à mon sens au niveau de ce qui a suivi...

Et j'oubliais de dire combien il est agréable de voir ce musiciens heureux de jouer cette musique!

DavidLeMarrec a écrit:

Citation :

Bon, une ouverture du Corsaire pas inoubliable,

Je l'ai trouvée remarquable au contraire (ces couleurs, rien que les cordes déjà !), alors même que l'œuvre en elle-même, quoique fort bonne, n'est pas la cîme inatteignable de Berlioz.

Ah oui je suis d'accord avec David, l'oeuvre était beaucoup plus intéressante hier soir que ce que j'ai pu écouter avant d'entrer dans la salle.

Selon un critique de Bachtrack le concert précédent à Versailles n'était pas complètement en place, mais là hier soir j'ai trouvé l'orchestre hyper impressionnant techniquement :
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-berlioz-gardiner-richardot-orchestre-revolutionnaire-romantique-opera-royal-versailles-octobre-2018

J'espère au moins que tes hôtes ont goûté la beauté de ce que tu leur proposais.

Ah, mais l'Ouverture du Corsaire, oui, c'est l'Ouverture du Corsaire, pas la Fantastique ni la Prise de Troie, c'est sûr. Néanmoins, comme cela, c'était assez passionnant ! (et pourtant, après 6h de marche interrompue en forêt avec une connaissance commune, j'étais assez cuit… mais je n'en ai pas perdu une miette )

DavidLeMarrec a écrit:

J'espère au moins que tes hôtes ont goûté la beauté de ce que tu leur proposais.

Carrément! Ils sont sortis impressionnés!

Citation :

Ah, mais l'Ouverture du Corsaire, oui, c'est l'Ouverture du Corsaire, pas la Fantastique ni la Prise de Troie, c'est sûr. Néanmoins, comme cela, c'était assez passionnant !  (et pourtant, après 6h de marche interrompue en forêt avec une connaissance commune, j'étais assez cuit… mais je n'en ai pas perdu une miette )

Oui bien sûr... mais bon...

Sinon, pour le concert à Versailles, peut-être est-ce un souci d'acoustique aussi...
ça a été enregistré à Londres au Proms cet été (avec DiDonato) et je ne retrouve pas la sonorité de la Philharmonie (pas les mêmes équilibres...).
ça a aussi été enregistré à Amsterdam le 20 (avec Richardot pour le coup!) et j'ai pas encore écouté... mais peut-être que ce sera plus proche de ce qu'on a eu à la Philharmonie!

Polyeucte a écrit:

mention spéciale pour la corniste soliste qui nous offre des pianissimo magnifiques sans fausse note... sur un cor naturel!!

Elle était vraiment très bien, oui, mais si, il y a eu des fausses notes, plusieurs entrées ont hoqueté. Mais ça fait partie de l'instrument, elle a joué avec beaucoup de vaillance et nuance par ailleurs (quand je disais que l'acoustique du parterre est floue ! )

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

mention spéciale pour la corniste soliste qui nous offre des pianissimo magnifiques sans fausse note... sur un cor naturel!!

Elle était vraiment très bien, oui, mais si, il y a eu des fausses notes, plusieurs entrées ont hoqueté. Mais ça fait partie de l'instrument, elle a joué avec beaucoup de vaillance et nuance par ailleurs (quand je disais que l'acoustique du parterre est floue ! )

Dans son moment piano, franchement, c'était super net!! (après à d'autres moments peut-être...)

Bien d'accord, l'Orchestre Révolutionnaire et Romantique propose un déluge de couleurs et ravive Berlioz à sa fureur première !

Trompettes droites (longues) et cornets, bassons au grain extraordinaire (et à 4 !), 4 harpes en miroir le long de la scène, 2 ophicléides, 1 serpent, des violons sans vibrato mais qui jouent avec une précision d'intonation et une variété de coloris hallucinantes… les indications de Berlioz sont respectées, de quoi renouveller l'écoute !

Ce soin de l'authenticité conduit à s'interroger sur ce qui a pu pousser Gardiner à faire jouer des cloches synthétiques ou enregistrées, commandées par un clavier-maître. Ce n'est pas moche, mais si loin de la démarche !

Que dire sur les œuvres, que des tubes, qui n'ait pas été dit ? Je pourrais essayer d'exprimer combien Gardiner ravive la modernité de Cléopâtre et son figuralisme (bourdonnement des contrebasses dans les tempes, spasme des violons et altos, enfin la main qui retombe aux contrebasses), ou la restitution de ce spectre sonore aux étagements infinis (très peu de doublures chez Berlioz), même si, dans les grands tutti, seuls les cuivres survivent. Ou cette préfiguration des rythmes de Marche au supplice dans l'orage aux champs… mais à quoi bon ?

Lucile Richardot (essentiellement une chanteuse baroque, pilier chez Daucé par exemple) était un choix hardi, qui met en valeur le texte (jusqu'à l'expressionnisme) avec une intensité inhabituelle. L'émission, avec peu d'harmoniques faciales, passe mal lorsqu'elle est concurrencée par l'orchestre ; le reste du temps, proposition très neuve et sublime, sur cet étrange timbre volontiers poitriné et pharyngé, elle trouve sa voie sans chercher à singer la tradition.

Adoré la limpidité du premier mouvement de la Fantastique (où l'on trouve déjà quelques enchaînements wagnériens, et même ce cor anglais pastoral sans cesse entre majeur et mineur) ; les II et III étaient un peu carrés (il est écrit « en dehors » pour la mélodie de la Valse, ici un peu rectiligne, mais l'intérêt résidait véritablement dans la redécouverte du spectre timbral, des équilibres ; et avec quelle maîtrise, quel feu ! Le chalumeau des clarinettes en poirier sonne comme des hautbois, les bassons rauques rugissent, la clarinette en ut glapit… tout cela avec une telle chaleur qu'on en frissonne.

Le chœur de la Chasse royale est assuré par les musiciens (saisissant !), de même que les cris des fileuses à la fin de Marche au supplice.

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¶ Investigations post-concert :

Pour les cloches, Berlioz souhaitait réellement un clocher (les percussions tubulaires se répandent plus tard, les cloches inversées aussi ?), mais proposait plusieurs pianos en coulisse, à défaut.

Pour le cri des fileuses appelant à la mort, rien sur le manuscrit holographe, pourtant bavard. Nous sommes donc allés, armés de notre polyglossie glottophile, interroger des musiciens qui causaient innocemment devant le métro. C'est Gabrielle Maas (violon I) qui nous a répondu, dans un français parfait, et avec une grâce infinie, nous consacrant de longues minutes en pleine rue alors que se tenait le festin d'adieu de la tournée avec ses collègues : c'était une fantaisie délibérée de Gardiner.

Polyeucte a écrit:

DavidLeMarrec a écrit:

Polyeucte a écrit:

mention spéciale pour la corniste soliste qui nous offre des pianissimo magnifiques sans fausse note... sur un cor naturel!!

Elle était vraiment très bien, oui, mais si, il y a eu des fausses notes, plusieurs entrées ont hoqueté. Mais ça fait partie de l'instrument, elle a joué avec beaucoup de vaillance et nuance par ailleurs (quand je disais que l'acoustique du parterre est floue ! )

Dans son moment piano, franchement, c'était super net!! (après à d'autres moments peut-être...)

Sur au moins deux solos pianissimo.

Début de Soirée.

https://next.liberation.fr/musique/2018/11/02/et-tu-tapes-tapes-tapes-sur-berlioz-qui-te-plait_1689231