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 PhP : Berlioz-Adès-Tippett, Adès, 7-8/11/2018

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Polyeucte
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Polyeucte


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MessageSujet: PhP : Berlioz-Adès-Tippett, Adès, 7-8/11/2018   PhP : Berlioz-Adès-Tippett, Adès, 7-8/11/2018 EmptySam 10 Nov 2018 - 1:06

Jeudi 8 novembre 2018, Grande Salle de la Philharmonie de Paris

Hector Berlioz :
Ouverture des Francs-Juges
Thomas Adès : Polaris - Voyage pour orchestre
Michael Tippett : A Child of Our Time

Orchestre de Paris
Chœur de l'Orchestre de Paris
Chœur de jeunes de l'Orchestre de Paris
Thomas Adès
, direction
Michelle Bradley, soprano
Sarah Connolly, mezzo-soprano
Mark Padmore, ténor
John Relyea, basse
Lionel Sow, chef de chœur


En une même saison, nous allons avoir droit à A Child of Our Time puis le War Requiem !! Quel plaisir !

Mais commençons pas le début de ce programme. L’ouverture des Francs-Juges est loin d’être la partition la plus passionnante de Berlioz. Après le concert proposé par Gardiner il y a quelques semaines dans cette même salle, la comparaison est difficile à bien des points de vues. La direction déjà n’a pas la même flamme, l’Orchestre de Paris ne peut rivaliser avec l’Orchestre Révolutionnaire et Romantique… et puis la partition est vraiment basique. Pendant plus d’un quart d’heure, nous avons quelques idées mais on est très loin du fourmillement de certaines œuvres autres. Beaucoup de cuivres pour marquer les esprits, une petite mélodie gentille au milieu… rien de passionnant !

Vient ensuite la pièce de Thomas AdèsPolaris est assez étrange. Bien sûr, le contemporain n’est pas ce que je connais le plus. Mais là encore, on a vraiment l’impression qu’en dehors de l’idée sur les cuivres (disposés aux quatre coins de la salle) il n’y a pas grand-chose. En effet, beaucoup d’effectif avec de nombreux xylophones ou autres percutions… mais au final certains sont vraiment peu visible dans l’orchestre. Le piano est peut-être ce qui marque le plus avec cette mélodie cyclique et qui accélère au début de l’ouvrage. L’ambiance est belle, planante par certains côtés… mais n’emporte pas non plus sur une autre planète.

Mais le but était bien sûr l’ouvrage de Tippett… Cet oratorio frappe par son langage musical assez classique mais où viennent s’intercaler des negro-spirituals. Si l’histoire racontée est saisissante, elle n’est au final que le prétexte à une grande réflexion sur cette noirceur qui monte dans le monde. Les personnages sont des silhouettes, des ombres qui viennent donner un peu de vie. Mais comment croire à ce garçon à la voix de ténor par exemple ? Très portée sur le récitatif ou les formules répétés, la partition a une simplicité marquante qui se complexifie par les moments religieux ou le chœur. Car en effet, la simplicité est avant tout dans les solistes alors que le chœur lui se montre très détaillé avec de nombreuses lignes qui se croisent ou des changements de dynamique.  L’ouvrage est passionnant et très fort. Et normalement, on doit être bouleversé à la fin par la force dramatique.
Surtout que la prestation est vraiment très belle… peut-être même un peu trop d’ailleurs. L’orchestre sonne de très belle manière, très présent et tendu. Le chœur lui (ou plutôt les chœurs) est magnifique d’homogénéité et de couleurs. Le fait de faire chanter des jeunes gens apporte encore à la palette de dynamique qui est déjà superbe pour le Chœur de l’Orchestre de Paris. On est fasciné par cette aisance à déployer les grandes lignes, partant du souffle impalpable pour arriver à la violence. Mais justement, de violence il y en a bien peu. Certains passages en demandent au chœur, et de même, les grands envolées de spirituals manquent un peu de ce gigantisme que l’on peut attendre. Comme si à vouloir faire très beau, l’ensemble perdait en puissance et en volume. Car  il y a des moments où l’on souhaiterait être submergé par ces chants alors que l’on est juste impressionné. À vouloir faire un peu trop beau, on en vient à avoir un chant légèrement trop lisse et glacé.
Les quatre solistes réunis sont parfaits dans leurs rôles respectifs. Mark Padmore conserve cette diction superbe même si la voix vieillit et semble plus adaptée maintenant aux rôles de caractère. John Relyea montre une voix très sonore et noire, ronde mais qui ne manque pas de caractère. Ses interventions sonnent comme le jugement divin implacable et sonore. Dame Sarah Connoly se montre très impliquée et touchante dans ses récits, mais il lui manque peut-être juste un peu de grave pour totalement satisfaire. Mais elle apporte par contre ce côté froid nécessaire par moments. Enfin, Michelle Bradley est parfaitement dans la tradition de cette partition avec une voix ronde et large, aux aigus lumineux et au grave soutenu. Bien sûr, Jessye Norman a marqué la partition, mais on pense aussi par moments à Leontyne Price… La soprano a une belle partie à chanter et on la trouve très à l’aise dans les spirituals (avec ses aigus flottants qui s’épanouissent) alors que son personnage de mère touche beaucoup.
Du coup, du très bon tout de même pour l’interprétation… sauf qu’un autre spectacle semblait se tenir dans la salle… Le public a été très peu concentré tout au long de l’œuvre dans mon entourage. Une classe de lycéens semblait vraiment s’ennuyer… mais ils n’étaient pas les seuls. Entre les dames d’un certain âge plus intéressées par leurs notifications Facebook, d’autres qui fouillent dans leurs sacs pendant 2 minutes, ma voisine qui se plaint qu’elle ne voit rien et donc va bouger en plein milieu de l’ouvrage, laissant bien sûr son siège se relever bruyamment, les toux intempestives aux moments les plus délicats… tout ça n’était guère propice au recueillement et aux émotions. Et au final je suis resté extérieur une bonne partie du concert, bien loin de la claque vécue en 2011 à Pleyel sous la direction d’Allan Woodbridge. L’effet de découverte aussi peut-être à l’époque !

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DavidLeMarrec
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MessageSujet: Re: PhP : Berlioz-Adès-Tippett, Adès, 7-8/11/2018   PhP : Berlioz-Adès-Tippett, Adès, 7-8/11/2018 EmptyDim 11 Nov 2018 - 22:20

Ah, moi j'ai adoré Adès, longtemps que je n'avais pas été aussi immédiatement pris par une création.

Alors mon avis rapide pour faire contrepoint…

Je passe sur l'Ouverture des Francs-Juges, du Berlioz qui sent encore son Méhul (et pas très adroitement) ; il était pourtant très fier de ses unissons platissimes de cuivres, qui étaient apparemment inédits (et qui auraient dû le rester).
Mais déjà de belles choses.
J'attribuais l'intérêt limité de la chose à la mollesse du Colin Davis des mauvais jours, et j'ai eu tort.
Pour les curieux : le reste de la musique de scène est surtout utilitaire, peu de musique saillante à glaner.

Polaris de Thomas Adès, un des rares cas de création conforme à son programme (voyage stellaire) : on y retrouve à la fois la couleur caractéristique de notre imaginaire (doublures de célesta & xylophone) et un tournoiement très réussi, qui ne se limite pas à la spatialisation.
En effet le thème initial se répand par des doublures et fait le tour de l'orchestre comme de la salle, dans des harmonies confortables qui évoquent Alexander Courage, John Williams et les chorals de cuivres de Copland (Symphonie n°3, Common Man…). Pas le côté gadget de ses pièces de jeunesse. Une sorte de berceuse mobile, dans laquelle on se laisse enlacer, extrêmement réussie. C'est beau, tout simplement, sans avoir à produire d'effort analytique

Enfin A Child of Our Time de Tippett, l'alter ego de Britten (dont on pourrait rejouer aussi les opéras…), dont c'est l'œuvre la plus connue, à défaut d'être beaucoup donnée. Le texte (du compositeur) reste très abstrait, avec une intrigue à peine esquissée (inspirée de l'assassinat du secrétaire d'ambassade allemand qui préluda à la Nuit de Cristal), et de vastes réflexions (dans une langue très simple) sur le but de l'humanité et ses dangers.
Le cadre temporel est volontairement hétéroclite : « He shot the official » (pistolet) est puni par « Break them in pieces on the wheel » (supplice de la roue), et l'action ne tient que le milieu de la deuxième des trois parties, méditatives.
Corollaire, la musique reste assez homogène (ses cordes affligées, les bois souvent silencieux, les rythmes de marche scandés par les timbales obstinées), mais recèle néanmoins de grandes beautés – cette partie pour deux flûtes et violon alto, seuls, et tout particulièrement les moments où les cordes deviennent plus lyriques, culminant dans les 4 Spirituals qui jalonnent l'ouvrage, irrésistiblement récrits pour grand effectif. Très, très grands moments.

Au chapitre interprétation, je suis d'abord très impressionné par le son immédiatement très britannique aux cordes de l'OP, je me demande comment Adès a obtenu ça ! (pourtant pas de trait d'orchestration particulier, cordes souvent seules… ou est-ce la répartition des voix ?)
Et la découverte (pour moi) de Michelle Bradley, dont le physique, le look et… la voix évoquent irrésistiblement l'ampleur moelleuse de Jessye Norman. Promise à un bel avenir !
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