Les Troyens - Jordan Tcherniakov - Bastille janvier février

Adalbéron a écrit:

Stefano P a écrit:

J. de Romilly parlait d'une "double causalité" chez les héros grecs, à la fois divine et humaine

Te souviens-tu dans quel article il est question de cette notion ? Je me souviens très bien l'avoir lu, cela m'avait enfin permis de comprendre pourquoi on pouvait dire qu'Œdipe était libre et assujetti aux dieux mais je ne retrouve pas quel en était le titre...

Elle en parle assez brièvement dans son dialogue avec Alexandre Grandazzi, Une certaine idée de la Grèce, mais ça doit être beaucoup plus développé dans les ouvrages qu'elle a consacrés à Eschyle et à la tragédie (La Tragédie grecque, La Modernité d'Euripide, aux P.U.F.) ; c'est une notion qu'elle a souvent reprise, mais j'avoue que je ne sais plus exactement dans quel ouvrage précis je l'ai trouvée...

Adalbéron a écrit:

Sinon, j'ai découvert qu'il existait deux scènes à l'acte I coupées par Berlioz (les scènes de Sinon), que je cite ici pour ceux qui ne les connaîtraient pas (c'est l'arrivée d'un traître grec avant celle d'Énée) :

Oui, c'est une scène qui vient après la pantomime d'Andromaque, Berlioz ne l'a pas reprise dans l'édition de 1863 de la partition, mais elle est parfois réintégrée dans certaines représentations depuis les années 1980 ; le seul avantage, c'est qu'elle étoffe un peu le rôle de Priam, parce que sinon, ce n'est pas musicalement bouleversant...

Stefano P a écrit:

Oui, c'est une scène qui vient après la pantomime d'Andromaque, Berlioz ne l'a pas reprise dans l'édition de 1863 de la partition, mais elle est parfois réintégrée dans certaines représentations depuis les années 1980 ; le seul avantage, c'est qu'elle étoffe un peu le rôle de Priam, parce que sinon, ce n'est pas musicalement bouleversant...

Et vu le Priam qu'on avait, c'est pas une grosse perte!
(oui, je suis méchant!)

Polyeucte a écrit:

Stefano P a écrit:

Oui, c'est une scène qui vient après la pantomime d'Andromaque, Berlioz ne l'a pas reprise dans l'édition de 1863 de la partition, mais elle est parfois réintégrée dans certaines représentations depuis les années 1980 ; le seul avantage, c'est qu'elle étoffe un peu le rôle de Priam, parce que sinon, ce n'est pas musicalement bouleversant...

Et vu le Priam qu'on avait, c'est pas une grosse perte!
(oui, je suis méchant!)

J'ai failli l'écrire, et je me suis retenu...

Stefano P a écrit:

J'ai failli l'écrire, et je me suis retenu...

Je suis pas en état de me retenir là!

Dommage de ne pas avoir conservé une scène qui met en scène avec autant d'acuité le mécanisme des dernières heures…

Je constate en revanche qu'on n'aurait pas davantage entendu Véronique Gens.

Elle est reprise au disque où ? Je n'en ai aucun écho, à la lire…

Gens, on percevait à peine sa voix mais encore une fois, quelle présence en scène !

Pensez vous que ces Troyens comme beaucoup de productions de Tcherniakov seront édités en DVD ? Si tel est le cas, je doute qu'il y ait beaucoup de ventes, même si j'ai aimé en grande partie cette production. Personnellement, je ne l'achèterais pas. Déjà que je n'ai pas celle de Kokkos mais que j'ai celle du Met avec Domingo, Troyanos et Norman.

J'ai vu hier soir la captation de l’œuvre en 2012 à Covent Garden ; je n'ai pu voir que la première partie, la chute de Troie.

J'ai trouvé la comparaison assez peu flatteuse pour l'ONP :
La mise en scène de MacVicar est moins inventive que celle de Tcherniakov, mais elle fonctionne très bien aux moments cruciaux, comme l'entrée du cheval, terrifiante
Vocalement il se confirme que malgré son talent, Stéphanie d'Oustrac n'était qu'une très pale Cassandre en comparaison avec l'interprétation hallucinée d'A.C. A.
Enfin et surtout l’œuvre a bénéficié d'une lecture constamment inspirée du chef - Pappano - et de l'orchestre, là où Jordan ne nous donnait que de brefs moments de grâce..

Belcore

Belcore a écrit:

J'ai vu hier soir la captation de l’œuvre en 2012 à Covent Garden ; je n'ai pu voir que la première partie, la chute de Troie.

J'ai trouvé la comparaison assez peu flatteuse pour l'ONP :
La mise en scène de MacVicar est moins inventive que celle de Tcherniakov, mais elle fonctionne très bien aux moments cruciaux, comme l'entrée du cheval, terrifiante
Vocalement il se confirme que malgré son talent, Stéphanie d'Oustrac n'était qu'une très pale Cassandre en comparaison avec l'interprétation hallucinée d'A.C. A.
Enfin et surtout l’œuvre a bénéficié d'une lecture constamment inspirée du chef - Pappano - et de l'orchestre, là où Jordan ne nous donnait que de brefs moments de grâce..

Belcore

Oui, je n'ai vu que la première partie, mais je connaissais déjà la mise en scène de McVicar que j'aime beaucoup. Comme tu dis, la comparaison n'est pas en faveur de Paris ; là, on voit et on entend vraiment Les Troyens, pas cette pantomime tchernakovienne que personnellement j'ai trouvé plus ridicule qu'inventive...

Belcore a écrit:

J'ai vu hier soir la captation de l’œuvre en 2012 à Covent Garden ; je n'ai pu voir que la première partie, la chute de Troie.

J'ai trouvé la comparaison assez peu flatteuse pour l'ONP :
La mise en scène de MacVicar est moins inventive que celle de Tcherniakov, mais elle fonctionne très bien aux moments cruciaux, comme l'entrée du cheval, terrifiante
Vocalement il se confirme que malgré son talent, Stéphanie d'Oustrac n'était qu'une très pale Cassandre en comparaison avec l'interprétation hallucinée d'A.C. A.
Enfin et surtout l’œuvre a bénéficié d'une lecture constamment inspirée du chef - Pappano - et de l'orchestre, là où Jordan ne nous donnait que de brefs moments de grâce..

Belcore

+1000
J'ai regardé l'intégrale totalement captivée par le fait de revoir cet opéra après la récente expérience parisienne.
En effet la mise en scène de Mac Vicar (résolument moderne puisqu'elle choisit une transposition temporelle qui varie selon les tableaux mais qui se situe pour l'essentiel sous le second empire avec un décor fabuleux et une direction d'acteurs hors norme ), est si fonctionnelle qu'elle arrive même à faire supporter quelques tunnels musicaux (apports de ballets modernes lors des "interludes" tous très signifiants) et donne une lecture limpide de l'oeuvre dont, du coup, on ne rate aucun détail. Formidable, un modèle.
Non seulement ACA est en effet fabuleuse de bout en bout de la première partie, mais l'Enée de Bryan Hymel confirme en le revoyant 7 ans plus tard, l'étendue de son talent dans ce répertoire. Eternels regrets de n'avoir pas eu cet Enée exceptionnel à Bastille, Jovanovich n'a jamais réussi à atteindre ce niveau d'engagement et de beau chant à mon avis.
Et même EMW en Didon a un abattage phénoménal, sa mort est un "must", et l'ensemble de Carthage atteint des sommets d'émotions à chaque instant. J'ai remarqué (je n'avais pas fait attention à l'époque) la superbe Anna de Hanna Hipp et me suis demandée pourquoi on ne la voyait pas plus souvent depuis lors...étonnant et renversant Ed Lyon dans le tout petit rôle d'Hylas.
Et bien sûr oui, Pappano ! Quelle palette subtile et colorée, quelle richesse, quelle capacité à adoucir les moments lyriques et enfler les moments dramatiques... bref. A revoir sans modération