Philharmonie - Liszt Beethoven Scriabine - P.Järvi janv.2019

Mercredi 23 janvier 2019 — 20h30
Jeudi 24 janvier 2019 — 20h30
Grande salle Pierre Boulez - Philharmonie

Franz Liszt
Mephisto-Walzer

Ludwig van Beethoven
Concerto pour piano n° 4

Alexandre Scriabine
Symphonie n° 2

Orchestre de Paris
Paavo Järvi, direction
Radu Lupu, piano

Apparemment il reste quelques places.

La 2è de Scriabine n'est pas ma préférée mais je ne l'ai jamais entendue en concert.

J'y serai jeudi; jamais entendu de symphonie de Scriabine.... mais je fais confiance a priori aux choix de Paavo Jarvi.

L'OP vient de nous prévenir que Radu Lupu sera remplacé par Nelson Goerner, que je ne connais que de nom. Pas un probleme pour moi a priori, je n'y allais pas pour Lupu.

Si la neige continue, il devrait y avoir des places libres...

C'est la seconde fois que Radu Lupu se fait remplacer cette saison (après le 30/11/2018), ça commence à devenir inquiétant, non ?

Qu'il est réjouissant de retrouver Paavo Järvi et "son" orchestre pendant plus d'une demi-décennie dans une telle forme!  

Soirée enthousiasmante pour moi, surtout pour la 2è de Scriabine.

La Méphisto-Valse est assez rarement donnée en version orchestrale (c'était une première pour l'orchestre de Paris, tout comme la 2è symphonie de Scriabine), et dès cette entrée en matière on a senti l'orchestre au taquet, précis, virevoltant, mordant, bref tout ce qu'il faut pour faire passer la relative raideur de cette version par rapport à celle pour piano.

Je ne dirai pas grand chose sur le Beethoven, sans défaut particulier à mon sens, mais j'étais quand même tout près de m'endormir.
Pourtant c'est celui que j'aime le plus des 5, mais bon, ça passe mieux au disque qu'en concert pour moi…  

La 2è symphonie de Scriabine entendue ce soir peut nous faire regretter que P.Järvi n'ait pas donné les autres Scriabine quand il était aux manettes de l'orchestre, car cela a été une très belle réussite.
On sent que l'œuvre a été bien préparée et que l'entente entre P.Järvi et l'orchestre est toujours là.
Le chef estonien a donné une 2è vive, parfois survoltée, assez moderne, tirant nettement vers le Poème de l'extase. (et il est vrai que beaucoup de passages y font penser)
J'ai presque regretté que la baguette de Järvi s'emballe autant dans le grand mouvement lent, plus vraiment lent par moments, mais cela était très bien mené et finalement convaincant.
L'orchestre a parfaitement répondu à toutes les accélérations impulsées par le chef, avec un résultat très précis. (aucun couac de cuivre, aucun décalage de bois, pas d'attaques couci couça des cordes…)
Magnifique flûte solo au 3è mouvement dans ses chants d'oiseaux, vraiment parfait, très poétique, mais tout l'orchestre est à féliciter.
Je pense que c'est un concert idéal pour ceux qui sont sceptiques envers le Scriabine orchestral ou envers ses symphonies en particulier. (c'est rejoué ce jeudi)
D'ailleurs avant ce concert j'aurais dit que c'était la symphonie de Scriabine que j'aime le moins, maintenant je n'en suis plus aussi sûr.
Quel Andante central sublime, tout de même.
Même le final a ses beaux moments.

A noter qu'à la fin du 2è mouvement quelqu'un a commencé à applaudir et s'est fait un peu engueuler par le reste du public (ah bon, tiens, alors qu'on applaudit tout le temps à la Philharmonie entre les mouvements depuis un moment déjà), à ce moment-là Järvi s'est retourné pour faire signe "mais si, applaudissez donc", et une grande partie de la salle a applaudi. Il est vrai que cette symphonie est faite de 2 premiers mouvements enchaînés, puis le mouvement lent, puis 2 mouvements enchaînés encore pour finir. Mais étant donné que Järvi a enchaîné assez vite le 3è au 4è, on ne pouvait applaudir à aucun moment à part la fin du 2è. Autant ne pas applaudir du tout avant la fin de la symphonie, ça me semble plus simple que de dire "si, vous pouvez applaudir à la fin des mouvements, enfin certains, enfin il vaut mieux connaître l'œuvre par cœur avant afin de le savoir…"

Moi, je crois que je me fais très bien aux applaudissements entre mouvements (même après l'adagio de la 2 de Schumann ). Mardi on a eu ça, et puis il y a un mouvement où ça n'a pas applaudi… hé bien on a eu un concert énorme de toux, c'était beaucoup moins sympathique et pas beaucoup moins bruyant. Bien sûr, un vieux Monsieur s'est répandu en imprécation contre tout son balcon… Bienvenue au concert classique. Franchement, les gens, il faut vous détendre. Il y a tellement pire, moi je veux bien qu'on applaudisse entre les mouvements et qu'on nous laisse tranquille pendant la musique.

Pour ce qui est d'être informé : en principe, si on n'est pas sûr et qu'on ne connaît pas la pièce, on n'applaudit pas à tout rompre, tout simplement. Ça évite beaucoup de situations embarrassantes (comme lorsque le public du Met applaudit entre deux accords de Salomé…).

Pour ce qui est de Järvi, pas surpris que ce soit bon, j'y compte ! J'y vais ce soir, très curieux d'entendre du Scriabine en vrai (je crois que ce sera ma première fois !), même si c'est moi aussi une symphonie que j'aime le moins (et celle qui me paraît aussi la moins riche) – mais il n'y a que la Première que j'aime passionnément.

DavidLeMarrec a écrit:

Moi, je crois que je me fais très bien aux applaudissements entre mouvements (même après l'adagio de la 2 de Schumann ). Mardi on a eu ça, et puis il y a un mouvement où ça n'a pas applaudi… hé bien on a eu un concert énorme de toux, c'était beaucoup moins sympathique et pas beaucoup moins bruyant.

Oui, pareil là après le 3è mouvement.

Excellent concert ! Quel plaisir de revoir Paavo Järvi diriger l'OP !!! Plaisir partagé par les musiciens et le chef. Leur joie était palpable, la qualité du jeu s'en est ressenti. Je m'en suis pris à rêver qu'il revienne...

Liszt : assez déçu par la version orchestrale que je ne connaissais pas, tellement loin de la version piano palpitante et percussive. Ça sonnait un peu fanfare, on se perdait dans la mélodie. Je ne saurais dire si c'était une mauvaise mise en place, une mauvaise partition ou ma localisation dans la salle... Bref, oubliable !

Beethoven : décidément, je crois que je ne réussirai jamais à voir Radu Lupu. Je connaissais mal ce concerto, et j'ai préparé le concert en écoutant les interprétations de Lang Lang et Nicholas Angelich. Force est de constater que la version de Nelson Goerner était moins enthousiasmante ! Une interprétation tellement en douceur et rondeur qu'elle en était presque ennuyeuse. Mon jeune voisin s'est complètement endormi. Xavier, je ne suis pas certain que ce soit une question de disque vs concert, mais plutôt un manque de charisme du pianiste. J'avais hésité à aller le voir en récital au TCE, et je ne regrette pas de ne pas y être allé !

Rappel piano non identifié : pas mal quand même !

Scriabine : en un mot, MAGNIFIQUE ! Enthousiasmant, joyeux, entêtant. Un critère indiquant que le concert était réussi : je sifflotais le dernier mouvement pendant le trajet en métro. J'ai été moins conquis pas la version de Svetlanov entendue sur Youtube pour préparer le concert. Paavo Järvi est vraiment un chef de référence, utile pour faire découvrir de nouvelles œuvres, avec une lecture à la fois didactique, charismatique et très intelligible pour une première écoute. J'espère réussir à trouver une version CD à la hauteur.

On ne pourrait pas lancer une pétition pour qu'il revienne à Paris ?

Non

Le jeudi, le bis était un nocturne de Chopin (Op.55 n°2, je crois).

Effectivement, Järvi, quel naturel, quelle élégance de la gestique, et qui se communique à l'orchestre ! Néanmoins, je ne les ai pas trouvés très ensemble (toujours comme un trait un peu épais dans les attaques des cordes) et la symphonie est ce qu'elle est (ça ressemble en pas mal d'endroits à du Liszt). Pour autant, c'était très beau, culminant dans cet Andante dont l'intensité croît par paliers, un des points forts de Järvi, la grande articulation !

Effectivement, je signe quand tu veux, mais à mon avis il n'a aucune envie de s'embarrasser d'un orchestre qui demande plus d'efforts pour moins de résultats que les autres qu'on peut lui proposer… !

(Il reste un mystère pour moi qu'on ne lui propose pas les orchestres les plus prestigieux au monde… un gars comme ça au Concertgebouw ou à Berlin, qu'est-ce que ça pourrait faire ! Il a en plus une certaine notoriété, contrairement à d'autres chefs que j'aime beaucoup mais qui n'ont pas les mêmes relais de presse.)

Il dirige régulièrement à Zurich cette saison, bien que son mandat ne débute qu'en septembre prochain, et je reconnais que c'est assez enthousiasmant

DavidLeMarrec a écrit:

Effectivement, je signe quand tu veux

Moi aussi ! Quel plaisir de le réentendre, de sentir son énergie et de vibrer à ses tempi et à son engagement. C'est autrement plus excitant qu'Harding.

Je crois que pendant les deux années annoncées de canard sans tête (voire ensuite), on pleurera amèrement aussi la perte de Harding, qui en plus de faire du bon job, a vraiment composé des saisons originales et exaltantes (encore plus que Järvi, je trouve).

Si on se prend un semblable de Krivine, on va le sentir passer – c'est actuellement le seul orchestre parisien à produire des programmes un peu aventureux sur une base régulière…

Rocktambule a écrit:

Liszt : assez déçu par la version orchestrale que je ne connaissais pas, tellement loin de la version piano palpitante et percussive. Ça sonnait un peu fanfare, on se perdait dans la mélodie. Je ne saurais dire si c'était une mauvaise mise en place, une mauvaise partition ou ma localisation dans la salle... Bref, oubliable !

En fait ça a d'abord été écrit pour orchestre, dans le cadre des 2 épisodes du Faust de Lenau.

Mais on est tellement habitué à la version piano qui est si riche en rubato, en traits en tous genres… que la version orchestrale sonne immanquablement raide en comparaison.

Le bis du mercredi était la Sarabande de la Partita n° 6 BWV 830 de Bach.

Voici mon message en entier pardon je débute

Je ne partage absolument pas votre enthousiasme pour la direction de Paavo Järvi qui me semble un chef de seconde zone quand on le compare à Nelsons, Sokhiev, Nézet-Séguin, Rattle, Muti, Jansons, Dudamel et d'autres qui eux me semblent faire les grandes heures de Berlin...Sa programmation à l'ODP n'avait vraiment rien de très original à part son Kullervo initial et ses CD Poulenc et même Sibelius me semblent assez décevants. Les concerts les plus marquants de son mandat furent pour moi le Requiem de Verdi avec Noseda et la Jeanne d’Arc avec Yamada.

Le cas Harding est complexe. Sa programmation ambitieuse n'a certes pas fait le plein (Le Tippett et le Manfred qui s'annonce) sauf Mass ( !) et l'année prochaine un retour aux fondamentaux serait prévu... La personnalité musicale est incontestablement là, beaucoup de musiciens l’apprécient mais il semble que connexion avec l'administration, alors « bipolaire », n'a pas été bonne. Il est parti au mauvais moment la fusion devant renouveler le fonctionnement et sans doute l’alléger et alors qu’il avait encore certainement des choses à construire ici (j’aurai tellement aimé une Messe en ut comme donnée récemment à Berlin et une Mahler 8 seule manquante d'une quasi-intégrale) et…que Mariss Jansons s’accroche à Munich même s'il emmenera en tournée américaine le Concertgebouw... Je garde notamment souvenir des 2 magnifiques Schumann (Faust et la Péri), d'un Falstaff certes un peu sérieux mais avec une distribution de rêve et d’un superbe Gerontius.

Zarmosas a écrit:

Je ne partage absolument pas votre enthousiasme pour la direction de Paavo Järvi qui me semble un chef de seconde zone quand on le compare à Nelsons, Sokhiev, Nézet-Séguin, Rattle, Muti, Jansons, Dudamel

Oui, je crois que nous avions compris ; mais ce que j'aimerais savoir, c'est, plus concrètement, ce qui fait selon toi l'infériorité de la direction de Paavo Järvi par rapport, disons, à Nelsons ou Nézet-Séguin. (Ou même, plus simplement, si tu as des pistes qui susceptibles de me faire trouver un intérêt spécifique à la direction de Nelsons, je suis preneur.)

Cher Benedictus,
Ce n'est pas infériorité ou supériorité c'est juste question de préférence personnelle avec les limites d'une subjectivité que je revendique  
Nelsons pour moi c'est beau, équilibré, actif, la musique circule, on entend tout, c'est à la fois limpide et concentré cf son concert 2 Schumman Mendelssohn : je ne sais que te dire de plus
Remy Louis et Ch Merlin, dont on ne pas nier qu'ils connaissent la musique symphonique, ont été tous 2 très emballés par ce concert.

Järvi ce n'est pas toujours très fin, c'est moins précis, le son l'intéresse moins, les effets plus.
Voilà c'est sommaire mais un peu   argumenté  

Zarmosas a écrit:

Nelsons pour moi c'est beau, équilibré, actif, la musique circule, on entend tout, c'est à la fois limpide et concentré cf son concert 2 Schumman Mendelssohn : je ne sais que te dire de plus

Ah oui, je n'y avais pas pensé: il est possible que ses qualités de limpidité et d'équilibre (que je reconnais) soient beaucoup appréciables et distinctives dans le premier XIXᵉ que dans le répertoire plus tardif qu'on lui fait enregistrer (ses Bruckner sont probablement les plus insipides qu'il m'ait été donné d'entendre.) Je vais essayer de trouver ça (apparemment pas d'enregistrement commercial); en tout cas, merci pour la piste.

Je suis d'accord Bruckner lui résiste (à moi aussi d'ailleurs  ) mais j'adore ses Mahler et Chostakovitch !!