Manon Minkowski Py Bordeaux avril 19

D M : Marc Minkowski
Mise en scène : Olivier Py
Décors et costumes : Pierre - André Weitz

Manon : Nadine Sierra
Chevalier des Grieux : Benjamin Bernheim
Lescaut : Alexandre Duhamel
Guillot : Damien Bigourdan.

Cette production sera aussi donnée à Favart du 7 au 21 mai, avec une distribution partiellement différente : Manon : Patricia Petibon, le Chevalier : Frédéric Antoun.
Je présume qu'il s'agit de la mise en scène que Py avait monté à Genève.

J'y serai le 5 avril avec un groupe de membres de mon club.
L’intérêt pour moi réside dans le couple Sierra - Bernheim, ce dernier étant entouré d'une réputation flatteuse.

Belcore

Je vais faire un C R circonstancié.

Plateau vocal de haut niveau, avec Sierra et Bernheim au zénith, mise en scène grotesque, qui a plombé une grande partie de la soirée !

Belcore

Je me suis demandé un instant en lisant le titre qui était cette Manon Minkowski qui donnait un récital à Bordeaux...

Représentation du 5 avril.

Manon : Nadine Sierra
Chevalier des Grieux : Benjamin Bernheim
Lescaut : Alexandre Duhamel
Guillot : Damien Bigourdan
Comte des Grieux : Laurent Alvaro
Brétigny : Philippe Estèphe
Poussette : Olivia Doray
Javotte : Adèle Charvet
Rosette : Marion Lebègue
Je ne citerai pas les noms des danseurs et danseuses dont pas grand chose de la plastique - remarquable-  ne nous est dissimulé...

Mise en scène : Olivier Py
Scénographie : Pierre - André Weitz
Lumières : Bertrand Killy

Chœurs et Orchestre National Bordeaux Aquitaine - Marc Minkowski

Le propos d'Olivier Py est limpide : il veut dépoussiérer "le vieil opéra comique", voyant en outre dans le "sphinx Manon" une héroïne de la trempe de Carmen - ce qu'elle n'est évidemment pas - malheureusement le metteur en scène s'égare la plupart du temps dans ses fantasmes : putains, bordels et tripots constituent l’arrière plan d'une grande partie du spectacle : visuellement c'est très réussi, mais ça devient vite assommant, et que d'esbroufe - le pire est atteint quand le Chevalier chante son air à Saint Sulpice : on nous administre un groupe de danseurs nus, avec des masques d'animaux : là on se dit que Py prend le spectateur pour un demeuré !
Fort heureusement, à certains moments - en général les plus forts - le metteur en scène - à court d'idées ? laisse la musique seule s'exprimer, et là on trouve ce qu'on aurait espéré avoir sur toute la durée du spectacle.
En effet l’œuvre est servie par un couple de haut niveau : Nadine Sierra et Benjamin Bernheim ; on est emporté par la beauté du chant et l'incarnation. Solide Lescaut d'Alexandre Duhamel, les autres moins marquants sans démériter.
Lorsque Py est monté sur scène aux saluts, il y a eu quelques mouvement divers, mais peu de huées : le public de bons bourgeois bordelais respecte les convenances ...

Une critique
https://bachtrack.com/fr_FR/critique-manon-py-minkowski-sierra-bernheim-duhamel-bigourdan-alvaro-estephe-orchestre-national-bordeaux-aquitaine-grand-theatre-bordeaux-avril-2019,

Le titre " les jeux de l'amour et du bazar" me semble approprié, mais j'imputerai davantage ce qualificatif à la mise en scène qu'à l'orchestre, très sonore par moment, mais ne trahissant jamais la partition, dont la subtilité est relative...

Ce spectacle sera donné en mai à Favart, avec une distribution partiellement différente menée par Patricia Petibon dont on dit qu'elle avait fait sensation lors de la création de cette production à Genève - Minkowski sera à nouveau dans la fosse avec les Musiciens du Louvre.

J'ai organisé ce déplacement à Bordeaux pour des anciens de mon école ; grâce à une de nos camarades ancienne de l'AROP qui a intégré l'équipe du théâtre, nous avons pu échanger avec Olivier Lombardie, Administrateur général de l'Opéra.
Il nous a parlé des problématiques de gestion d'un théâtre qui est un des plus importants de France après l'ONP, et qui doit accomplir ses missions avec des moyens financiers limités - il n'a pas évoqué spontanément Raphaël Pichon, qui est en résidence à l'Opéra de Bordeaux mais dont le succès laisse supposer qu'il pourrait choisir bientôt d'autres horizons...
Interrogé sur l'impact de la fermeture le samedi imposé par les manifestations des Gilets jaunes, il a a répondu que l'impact était marginal, l'orchestre ayant obtenu de ne pratiquement jamais jouer le samedi.

Belcore

Belcore a écrit:

une héroïne de la trempe de Carmen - ce qu'elle n'est évidemment pas - malheureusement le metteur en scène s'égare la plupart du temps dans ses fantasmes : putains, bordels et tripots constituent l’arrière plan d'une grande partie du spectacle

Tous ces aspects sont atténués dans les opéras d'Auber, Massenet et Puccini, mais il font bel et bien partie de l'univers du roman, en dépit de sa langue très élégante (je me figure bien que Py ne doit pas être du côté de l'élégance, mais pour ce qui est du propos, ça ne me semble pas un contresens, théorique en tout cas).

Citation :

Lorsque Py est monté sur scène aux saluts, il y a eu quelques mouvement divers, mais peu de huées : le public de bons bourgeois bordelais respecte les convenances ...

Le cliché des « bons bourgeais bordelais » ne fait en tout cas que renforcer simultanément celui sur les Parisiens.

Belcore a écrit:

Le propos d'Olivier Py est limpide : il veut dépoussiérer "le vieil opéra comique", voyant en outre dans le "sphinx Manon" une héroïne de la trempe de Carmen - ce qu'elle n'est évidemment pas - malheureusement le metteur en scène s'égare la plupart du temps dans ses fantasmes : putains, bordels et tripots constituent l’arrière plan d'une grande partie du spectacle : visuellement c'est très réussi, mais ça devient vite assommant, et que d'esbroufe - le pire est atteint quand le Chevalier chante son air à Saint Sulpice : on nous administre un groupe de danseurs nus, avec des masques d'animaux : là on se dit que Py prend le spectateur pour un demeuré !Belcore

Après la calamiteuse Gioconda de la Monnaie et ce que Belcore nous dit de cette Manon bordelaise, il semble bien que Py ait beaucoup de mal à se renouveler ; à mon avis, il produit trop, il lui faudrait sans doute une petite période sabbatique pour recharger les batteries de l'inspiration...

DavidLeMarrec a écrit:

Belcore a écrit:

une héroïne de la trempe de Carmen - ce qu'elle n'est évidemment pas - malheureusement le metteur en scène s'égare la plupart du temps dans ses fantasmes : putains, bordels et tripots constituent l’arrière plan d'une grande partie du spectacle

Tous ces aspects sont atténués dans les opéras d'Auber, Massenet et Puccini, mais il font bel et bien partie de l'univers du roman, en dépit de sa langue très élégante (je me figure bien que Py ne doit pas être du côté de l'élégance, mais pour ce qui est du propos, ça ne me semble pas un contresens, théorique en tout cas).

La Manon de Prévost a effectivement un côté débrouillard et manipulateur dont le malheureux Des Grieux fait les frais, mais elle reste quand même très en-dessous de l'aplomb, du sex-appeal subversif et du charme noir de Carmen...

Stefano P a écrit:

La Manon de Prévost a effectivement un côté débrouillard et manipulateur dont le malheureux Des Grieux fait les frais, mais elle reste quand même très en-dessous de l'aplomb, du sex-appeal subversif et du charme noir de Carmen...

Elle n'appartiennent pas au même univers social, pour commencer.

En revanche, la prostitution et les tripots, c'est quand même tout à l'arrière-plan de Manon (pour ne pas dire l'action principale).

DavidLeMarrec a écrit:

Stefano P a écrit:

La Manon de Prévost a effectivement un côté débrouillard et manipulateur dont le malheureux Des Grieux fait les frais, mais elle reste quand même très en-dessous de l'aplomb, du sex-appeal subversif et du charme noir de Carmen...

Elle n'appartiennent pas au même univers social, pour commencer.

En revanche, la prostitution et les tripots, c'est quand même tout à l'arrière-plan de Manon (pour ne pas dire l'action principale).

Bien entendu que bordels et tripots font partie du livret, le problème avec cette mise en scène, c'est la manière de les asséner, quitte à tomber dans le contresens : le relai de poste du 1er acte devient un lupanar, et Lescaut un proxénète - au IV l’Hôtel de Transylvanie est effectivement un tripot, là aussi transformé en lupanar - le physique des danseuses et figurantes a beau etre avenant, on s'en lasse rapidement - idem pour le début de la scène à Saint Sulpice : l'admiration des paroissiennes pour le futur abbé se matérialise par des gestes obscènes....  Il est évident que le sexe est une composante essentielle de l'action, mais est - ce que les spectateurs ont besoin d'une hyper sexualisation du propos ??
Difficile d'imaginer que le même metteur en scène a conçu le génial Dialogue des Carmélites.

Belcore

Une autre critique :

https://www.forumopera.com/manon-bordeaux-benjamin-bernheim-le-chevalier-supreme

Et la vision de l’œuvre par Olivier Py :

https://www.forumopera.com/actu/oivier-py-lopera-francais-merite-toujours-quon-le-re-estime


Belcore

Belcore a écrit:

le relai de poste du 1er acte devient un lupanar, et Lescaut un proxénète

Ce n'est pas totalement absurde (cela trivialise la rencontre rendue jolie par Massenet, mais dans le roman, il y a effectivement une composante de manipulation qui n'est pas si éloignée).

Après, effectivement, que ce soit lourdement fait est fort possible (Py se renouvelle assez peu, comme la plupart des metteurs en scène d'opéra très en vue…).

DavidLeMarrec a écrit:

Belcore a écrit:

le relai de poste du 1er acte devient un lupanar, et Lescaut un proxénète

Ce n'est pas totalement absurde (cela trivialise la rencontre rendue jolie par Massenet, mais dans le roman, il y a effectivement une composante de manipulation qui n'est pas si éloignée).

Après, effectivement, que ce soit lourdement fait est fort possible (Py se renouvelle assez peu, comme la plupart des metteurs en scène d'opéra très en vue…).

Oui, en effet, c'était très lourd...
Pour autant je ne voue pas Py aux gémonies : il a fait des choses remarquables, comme Mathis de Maler - que l'ONP devrait reprendre - ou surtout les Carmélites.

Belcore

Encore une critique :

http://www.concertonet.com/scripts/review.php?ID_review=13792

J'ajoute cette critique d'Olyrix, qui permet de voir quelques aspects visuels du travail de Py :

https://www.olyrix.com/articles/production/2976/manon-massenet-opera-bordeaux-py-minkowski-izzo-crescence-weitz-begue-killy-sierra-bernheim-bettinger-duhamel-bigourdan-alvaro-estephe-doray-charvet-lebegue-foulon-article-critique-chronique-compte-rendu-5-avril-2019-guillou-ortega-cassin-solas-orchestre-

Je suis ravi d'avoir la possibilité d'entendre Bernheim en Alfredo la saison prochaine.

Belcore