Renarde Rusée - Philharmonie Paris - 2/7/19 - LSO/Rattle

Ce mardi à la Philharmonie, du tres beau monde pour la très belle et très spéciale oeuvre de Janacek: j'attends beaucoup de ce concert, où Rattle devrait etre bien, Sellars aussi:

London Symphony Orchestra + London Symphony Chorus + Maîtrise de Radio France
Sir Simon Rattle, direction et Peter Sellars, mise en scène

Gerald Finley, le forestier
Lucy Crowe , la renarde
Jan Martinik, le blaireau, le curé
Sophia Burgos, le renard, la poule huppée
Peter Hoare, l'instituteur, le coq, le moustique
Hanno Mueller-Brachmann, le vagabond
Paulina Malefane , la femme du forestier, la chouette, le pic-vert
Anna Lapkovskaja, la femme de l'aubergiste, le chien
Jonah Halton, l'aubergiste
Irene Hoogveld, le geai

J'ai beaucoup aimé l'orchestre, un plaisir pour les oreilles, on ne s'ennuyait pas ! J'ai surtout adoré la première demi-heure.
Pour les voix, je n'ai pas eu de coup de coeur particulier à part peut-être pour Lucy Crowe.

En tout cas, ça change de ce que j'ai vu/écouté cette saison.

J'ai trouvé ça fabuleux J'essaierai d'en dire plus plus tard.

Je suis le seul à penser que c'est le chef d'oeuvre de Janacek?

Je trouve que c'est son meilleur opéra, mais tu trouveras sûrement d'autres personnes pour défendre Kata Kabanova ou Jenufa. Par contre, je considère aussi que Janacek a produit encore plus impressionnant dans d'autres domaines (les deux quatuors, la Sinfonietta sont pour moi les sommets).

Un spectacle de très haut niveau avec un orchestre somptueux capable des couleurs les plus inouïes. Seul réserve, la vidéo envahissante et pas toujours très subtile (le gros plan sur la dévoration d'une brochette de poulet par Lucy Crowe...   ). Et un surtitrage très haut placé empêchant d'apprécier au mieux la mise en scène.

Le LSO a peut-être été formidable pour que la carrière de son clarinettiste Andrew Marriner se finisse en beauté.

Les deux fois où j'ai écouté le LSO cette saison, je l'avais trouvé plat. Hier, tout le contraire !

-Pas fan de la vidéo, surtout que j'avais à ma droite une femme qui riait à tout et qui je crois, avait son enfant qui participait à cet opéra.
-Le surtitrage n'était évidemment pas top, du 1er balcon impair courbe, on pouvait presque regarder la scène et le surtitrage en même temps.
-La disposition de la salle était particulière, je me demande si cela a joué sur les voix. Certains disent que Finley a été très convaincant.

J'ai l'impression qu'il y avait plus un côté concert symphonique que opéra, mais bon on était à la Philharmonie de Paris, pas à l'Opéra de Paris .

Patzak a écrit:

J'ai trouvé ça fabuleux  J'essaierai d'en dire plus plus tard.

Je suis le seul à penser que c'est le chef d'oeuvre de Janacek?

C'est de loin mon œuvre préférée de Janacek.

Mais comme je ne suis pas un grand fan de Janacek...

Roupoil a écrit:

Je trouve que c'est son meilleur opéra

Xavier a écrit:

C'est de loin mon œuvre préférée de Janacek.

Bon, vous me rassurez....

L'orchestre, tellement présent dans cet opéra, était fantastique, la faute à Rattle je pense, qui se régale. Le 1er grand interlude était bouleversant, d'une poésie extraordinaire. L'avant derniere scene, à l'auberge aussi: elle est d'une nostalgie incroyable (propre à Janacek, elle surgit à certains moments bien précis comme chez aucun autre). Plateau excellent, dont la maitrise de Radio France qui me bluffe... Tres content d'entendre enfin Finley, tres tres classe (j'avais eu son remplacant Volle pour Meistersinger). Crowe et sa compagne Burgos tres bien, l'instit et le braconnier aussi.

Vidéo un peu envahissante, je suis d'accord (pas trop regardé mais j'ai rigolé pour Crowe et ses brochettes), par contre mise en espace/scene plutot astucieuse et efficace, avec les mouvements de "foule" bien menés: poules, insectes, renardeaux, selon les moments: mariage des renards par exemple; j'ai bien aimé le choeur, tout en haut, au 2e balcon arriere scene, qui dansait sur place...

Parlant de mise en scene, je ne peux pas ne pas faire la pub ici de mon DVD d'opéra préféré de tous les temps: la Renarde du grand Walter Felsenstein au Komische Oper Berlin: 1ere production montée hors de Tchecoslovaquie, légéndaire, extraordinaire, version filmée ressortie récemment, Vaclav Neumann à la baguette mais l'essentiel est ailleurs... Regardez les 1eres minutes, vous verrez... watch?v=np6ca03ryNE

En tout ca, merci à Rattle: quelle chance d'avoir un tel spectacle à Paris!!

Xavier a écrit:

C'est de loin mon œuvre préférée de Janacek.
Mais comme je ne suis pas un grand fan de Janacek...

Moi aussi, la Renarde est aussi d'assez loin l'opéra de Janáček que je préfère.

En revanche, si moi non plus je n'aime pas tellement les autres opéras de Janáček, je suis un assez grand fan de certains pans de sa production: je suis totalement inconditionnel des deux quatuors, j'aime énormément Mládi (pour sextuor à vent), ses œuvres pour piano (la Sonate «1.X.1905», Sur un sentier broussailleux et Dans les brumes), certaines œuvres chorales (Říkadla et la Messe glagolitique au premier chef.) Et, si j'ai toujours plutôt bien aimé la Sinfonietta, son interprétation par Immerseel (voir ici) me l'a récemment fait considérablement réévaluer.

Je me joins au concert de louanges : je n'aime pas beaucoup Janáček, mais la Renarde est assez exceptionnelle… Le sujet (issu d'une forme de bande dessinée à succès de l'époque) est original, la forme très facile d'accès (vignettes assez courtes), et les interludes où l'on entend aussi bien les souterrains de Pelléas que des poussées de wagnérismes, mais dans un style qui n'appartient qu'à notre Leoš, sont tous bouleversants.

Je trouve les parties vocales (et même leur accompagnement orchestral) assez ternes, mais l'intrigue étant vive et sympa, ça passe très bien entre deux élans orchestraux.

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Quant au concert : c'était un peu fort d'appeler ça une mise en scène (déjà vu la même chose bidouillé simplement par les artistes…), et le tchèque était évidemment, vu la distribution, une bouillie immonde (sauf Hoare, en Instituteur, qui avait au moins un placement et une articulation compatibles). Même Martiník (justement… !) était inintelligible.

En revanche le LSO était dans une forme extraordinaire, on aurait dit qu'ils jouaient toujours sur les cordes à vide tellement le son était puissant, tranchant, pur… Et ils ne font pas semblant de jouer, malgré toute leur aisance.

Très beau moment. (Et la projection de vidéos animalières tient le public sage, on devrait faire ça aussi pendant les pièces de musique contemporaine et tous les trucs qui m'intéressent. )

Je n'écoute jamais de Janácek mais lorsque cette occasion s'est présentée, je n'ai pas hésité bien longtemps. Je ne savais rien de cet opéra, mais l'opportunité d'entre le LSO et de voir Rattle à l’œuvre était assez séduisante. Du coup, je n'ai pas trop hésité lorsqu'on m'a invité à venir assister à ce spectacle. Et je ne l'ai pas regretté. Même si j'étais un peu étonné de voir un opéra à la philharmonie. Salle multifonctions, il est vrai, mais pas encore tout à fait adaptée au théâtre. Mais j'étais aussi curieux de voir comment le metteur en scène, Peter Sellars, allait s'en sortir. Le plateau était assez sommaire, modeste et sobre. Une plateforme devant l'orchestre, aucun élément de décors si ce n'est l'écran géant derrière les musiciens. Des chanteurs tous vêtus de noir. Et pourtant, avec cette économie de moyen, il y a du théâtre. Dans la manière des chanteurs de mimer les animaux, et surtout, avec l'écran qui renforce le message de la scène. Comme lors de cette séquence où la petite renarde s'en prend à des gallinacés, et que la chanteuse mange force brochettes de poulet sur l'écran géant. Effet garanti. Musicalement, cela fait vraiment partie des choses les plus plaisantes que l'on puisse entendre. Une inventivité mélodique constante, des effets utilisés à bon escient. La musique raconte constamment quelque chose, dans un discours parfois moderne, parfois complexe, mais toujours diablement beau. Tant et si bien que si ce qui se passait sur scène pouvait peiner à passionner, ce qu'entendaient les oreilles compensait ! Des voix globalement satisfaisante, même si le tchèque n'était pas forcément la première langue de ces chanteurs. Mais comme je n'entends pas un seul mot de cette langue, je ne vais pas leur en tenir rigueur. Finalement une très belle expérience. Et quelle surprise de constater que pas un seul copain ne manquait à l'appel à la fin de la représentation. Je n'imaginais absolument pas que ce spectacle pouvait aimanter autant de personnes de qualité ! J'ai définitivement bien fait de venir !

Le LSO était dans une très grande forme en plus, les interludes étaient fantastiques, tu ne t'es pas déplacé pour rien. (En revanche, franchement, payer le cachet de Sellars pour une vague illustration littérale du livret sur une plate-forme et des vidéos d'animaux, hm.)