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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 30 Oct 2021 - 22:31
Francesco a écrit:
Pour les policiers historiques, un genre à part, en France, on a au moins la série des Nicolas Le Floch, qui procure une belle promenade, très sérieuse, dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Les intrigues policières sont, en revanche, souvent d'une complexité inutile qui frôlent parfois l'absurde.
C'est un peu le problème du genre (en particulier dans les séries chez 10:18) : ça devient vite un prétexte pour recaser des connaissance sur une période donnée, avec des intrigues qui tournent à vide, voire carrément indigentes.
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 30 Oct 2021 - 23:06
Oui, à la limite, l'indigence, je trouve ça presque reposant (c'est le cas chez 10 18 de la série sur les chats, qui n'a rien d'historique, mais pour laquelle j'ai une grande tendresse ... ) par rapport à ce qui peut me déranger dans les moins bons Le Floch, c'est à dire une intrigue policière totalement alambiquée où il devient assez vite impossible de saisir tous les tenants et aboutissants des actions des uns et des autres.
Cela dit, dans le genre, le plus terrible, c'est Gladys Mitchell (ce n'est pas du roman historique non plus), beaucoup de charme, mais aucun sens (et des motifs souvent totalement absurdes).
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 31 Oct 2021 - 0:04
Francesco a écrit:
Cela dit, dans le genre, le plus terrible, c'est Gladys Mitchell (ce n'est pas du roman historique non plus), beaucoup de charme, mais aucun sens (et des motifs souvent totalement absurdes).
Merci pour l'éclaircissement! Je me souviens avoir essayé de lire il y a très longtemps un de ses romans, intitulé Crépuscule à Soho (dans la collection «grands détectives» de 10/18) et n'y avoir absolument rien compris. Je m'étais demandé si c'était la traduction qui était mal faite, s'il y avait eu un quelconque problème technique (du type interversion dans les numéros de chapitres), voire si c'était en fait un genre d'exercice oulipien...
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 31 Oct 2021 - 0:13
Je pense que j'ai lu toutes les traductions et certaines plusieurs fois (pour essayer de comprendre). C'est toujours comme ça. Cela dit, je crois que Crépuscule à Soho est le plus obscur (sans jeu de mots).
Il y a eu quelques épisodes adaptés pour la BBC avec Diana Rigg, mais ce ne sont pas les romans traduits en français. C'est limpide, par comparaison.
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Sujet: Re: Lectures (6) Mar 2 Nov 2021 - 20:22
Quelques pages du roman Le Neveu de Wittgenstein de Thomas Bernhard.
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Mer 3 Nov 2021 - 19:42
Terminé Les Chansons des Rues et de Bois...la poésie d'Hugo c'est la joie infinie
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Relecture de relecture :
Proust : Albertine Disparue
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Sujet: Re: Lectures (6) Ven 5 Nov 2021 - 20:14
Andreï Kourkov * Le Pingouin
Un portrait teinté d'humour et d'absurdité de l'ex-Union soviétique. Kourkov n'est pas sans me rappeler le Gogol des Âmes mortes.
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Sujet: Re: Lectures (6) Mar 9 Nov 2021 - 19:18
Dostoïevski * Notes d'un souterrain (GF-Flammarion)
Il ne se donne pas le beau rôle, s'il opte pour un ton humoristique, c'est de l'humour teinté d'autodérision. Dans la préface signée Lily Denis, elle parle de masochisme moral.
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Sujet: Re: Lectures (6) Jeu 11 Nov 2021 - 13:02
Hugo : Le Promontoire du Songe
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Sujet: Re: Lectures (6) Ven 12 Nov 2021 - 11:37
Le Promontoire du Songe, c'est du Hugo as usual : inventif, exalté, éloquent, flamboyant et débordant de verve.
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Barbey D'Aurevilly : Une vieille maîtresse
Dernière édition par arnaud bellemontagne le Lun 15 Nov 2021 - 19:18, édité 1 fois
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Sujet: Re: Lectures (6) Lun 15 Nov 2021 - 16:39
Thomas Bernhard * Goethe se mheurt (folio)
Il s'agit de quatre récits qui font 105 pages: 1- Goethe se mheurt 2- Montaigne. Un récit 3- Retrouvailles 4- Parti en fumée
Première parution: 1982. Les récits sont brefs, lecture allégée.
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 27 Nov 2021 - 0:21
Une Vieille Maîtresse : un excellent cru de Barbey d'Aurevilly.
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Claude Simon : L'Acacia
Claude Simon donne à voir et à percevoir avec une densité et une acuité qui n'ont que peu d'équivalents, AMHA.
Mandryka Mélomaniaque
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 27 Nov 2021 - 11:02
Quelqu’un a lu le nouveau Modiano? Chevreuse.
Mandryka Mélomaniaque
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 27 Nov 2021 - 11:04
arnaud bellemontagne a écrit:
Une Vieille Maîtresse : un excellent cru de Barbey d'Aurevilly.
--------------
Claude Simon : L'Acacia
Claude Simon donne à voir et à percevoir avec une densité et une acuité qui n'ont que peu d'équivalents, AMHA.
Pourquoi ce livre s’appelle L’acacia?
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 27 Nov 2021 - 12:13
J'imagine que ça fait référence à l'arbre généalogique que Simon ne cesse d'investiguer dans ce roman. C'est également le cas dans Les Géorgiques, d'ailleurs les deux livres explorent les deux branches du même arbre.
Eusèbe Mélomaniaque
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 27 Nov 2021 - 12:27
arnaud bellemontagne a écrit:
J'imagine que ça fait référence à l'arbre généalogique que Simon ne cesse d'investiguer dans ce roman. C'est également le cas dans Les Géorgiques, d'ailleurs les deux livres explorent les deux branches du même arbre.
Plus directement, le titre fait référence à l'arbre que le narrateur regarde dans la maison familiale quand il se met à écrire. Mais ça n'invalide pas l'interprétation d'Arnaud.
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Sujet: Re: Lectures (6) Lun 29 Nov 2021 - 5:37
Quelques pages de l'essai de Milan Kudera: L'art du roman (folio).
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Jeu 2 Déc 2021 - 12:18
Dante : La Divine Comédie - L'Enfer
gluckhand Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Jeu 2 Déc 2021 - 13:21
On ne fait souvent hélas,que se répeter,un nouveau conseil pour lire absolument Robertson Davies.
Par contre ,il y a un écrivain merveilleux dont j'aimerais parler Robertson Davies, "Un homme remarquable", mais tous ses bouquins sont jouissifs et passionnants,surtout ses deux trilogies romanesques , il y en a un sur la résurrection ,dans une université, d'un opéra, chef d'oeuvre supposé de T .A Hoffmann, vraiment formidable et très intelligent, on rit tout seul, en lisant ses romans, tellement c'est subtil et bien fait.Moi j'ai tout dévoré de lui.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Robertson_Davies
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Sujet: Re: Lectures (6) Jeu 2 Déc 2021 - 21:09
Antoine de St-Exupéry * Pilote de guerre (folio)
xoph Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 4 Déc 2021 - 11:11
gluckhand a écrit:
On ne fait souvent hélas,que se répeter,un nouveau conseil pour lire absolument Robertson Davies.
Par contre ,il y a un écrivain merveilleux dont j'aimerais parler Robertson Davies, "Un homme remarquable", mais tous ses bouquins sont jouissifs et passionnants,surtout ses deux trilogies romanesques , il y en a un sur la résurrection ,dans une université, d'un opéra, chef d'oeuvre supposé de T .A Hoffmann, vraiment formidable et très intelligent, on rit tout seul, en lisant ses romans, tellement c'est subtil et bien fait.Moi j'ai tout dévoré de lui.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Robertson_Davies
Voilà qui me fait penser à quelque chose
Spoiler:
résurrection-invention, sans doute …
PS : Escapando de la crítica - Pere Borrell del Caso https://fr.wikipedia.org/wiki/Pere_Borrell_del_Caso
gluckhand Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 4 Déc 2021 - 11:36
Interessant le rapprochement que tu fais Xoph,bien que moi-même ait mis cette couverture pour simplifier, car j'ai toujours lu Robertson Davies ,bouquin après bouquin en poche , plus que les 3 réunis en trilogie .Mais en poussant plus loin sur le net, on apprend ceci.
"Pere Borrel del Caso Escapando de la critica 1874 Pere Borrell del Caso (Puigcerda, 1835 – Barcelone, 1910), peintre aquarelliste et graveur principalement connu pour son tableau en trompe-l’œil Escapando de la critica peint en1874. On y voit un jeune garçon semble sortir du cadre du tableau, ses mains s'accrochent au cadre pour y prendre appui et s'enfuir. Son visage est tendu, son regard mi apeuré, mi étonné, il enjambe le cadre du tableau en se tenant fermement aux bords. Il sort de l’œuvre. Que fuit-il ? Que cherche-t-il ? De quoi a-t-il peur ? Cela se passe-t-il à l’intérieur du tableau ou à l’extérieur du tableau ? Est-il seul ? Pour le spectateur que nous sommes, ce moment de passage, intermédiaire entre l’ancienne fiction du tableau et la nouvelle fiction produite, peut très bien figurer le surgissement de l’inattendu. Ce procédé de style fréquemment utilisé marque le passage des frontières entre l’espace de l’œuvre, l’espace du récit, et le monde réel, les remettant en cause l’un comme l’autre." escapando_de_la_critica.pdf (ac-montpellier.
L'oeuvre de Robertson Davies est pour moi, tellement singulière et originale,qu'elle peut aussi se résumer en gros,aux dernières lignes de cet article.Robertson Davies, convoque dans ses romans,la culture,l'histoire, l'humour, la curiosité .Il y a continuellement des surprises,bref on s'ennuie pas une seconde et l'on en redemande.J'oserais bien remboursement assuré garanti ,si pas satisfait.Mais il faut le lire absolument.
xoph Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 4 Déc 2021 - 11:58
gluckhand a écrit:
Interessant le rapprochement que tu fais Xoph,bien que moi-même ait mis cette couverture pour simplifier, car j'ai toujours lu Robertson Davies ,bouquin après bouquin en poche , plus que les 3 réunis en trilogie .Mais en poussant plus loin sur le net, on apprend ceci.
"Pere Borrel del Caso Escapando de la critica 1874 Pere Borrell del Caso (Puigcerda, 1835 – Barcelone, 1910), peintre aquarelliste et graveur principalement connu pour son tableau en trompe-l’œil Escapando de la critica peint en1874. On y voit un jeune garçon semble sortir du cadre du tableau, ses mains s'accrochent au cadre pour y prendre appui et s'enfuir. Son visage est tendu, son regard mi apeuré, mi étonné, il enjambe le cadre du tableau en se tenant fermement aux bords. Il sort de l’œuvre. Que fuit-il ? Que cherche-t-il ? De quoi a-t-il peur ? Cela se passe-t-il à l’intérieur du tableau ou à l’extérieur du tableau ? Est-il seul ? Pour le spectateur que nous sommes, ce moment de passage, intermédiaire entre l’ancienne fiction du tableau et la nouvelle fiction produite, peut très bien figurer le surgissement de l’inattendu. Ce procédé de style fréquemment utilisé marque le passage des frontières entre l’espace de l’œuvre, l’espace du récit, et le monde réel, les remettant en cause l’un comme l’autre." escapando_de_la_critica.pdf (ac-montpellier.
[…]
A vrai dire, c'était tout d'abord purement visuel (je ne connais pas Robertson Davies), puis en relisant ce que tu disais sur son livre réinventant Hoffmann (résurrection, dans une université, d'un opéra, chef d’œuvre supposé…) le parallèle avec cette fausse résurrection et vraie invention de sonates de Bach pour flûte à bec par Form/Börner pouvait s'envisager et donner un certain sens à l'utilisation du tableau de Pere Borrell del Caso dans les deux cas.
gluckhand Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 4 Déc 2021 - 12:05
Robertson Davies se moque bien de tout son monde car Hofmann ,en plus d'être l'auteur des contes a vraiment écrit des opéras.Tout le sel vient ,que ce soit un opéra génial ignoré,alors qu'on recense déjà plusieurs opéras de lui (je les connais pas assez du tout pour les qualifier de bons ou très bons)Donc je pense ,en tant que mélomane, que des traces de son génie seraient quand même déjà apparues ,dans ses opéras connus.
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Ven 10 Déc 2021 - 23:38
Hugo : Mille francs de récompense
Tiens, Hugo est capable de produire une oeuvre de piètre qualité.
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 8:54
Entre "nos petits bonheurs" et "lectures" (puisque je me le réserve pour les vacances) : la (vraiment grande) joie de réaliser que Folio avait publié en début d'année Felix Holt de George Eliot. (Middlemarch c'est le plus grand roman du monde, pour moi).
Parsifal Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 10:59
arnaud bellemontagne a écrit:
Hugo : Mille francs de récompense
Tiens, Hugo est capable de produire une oeuvre de piètre qualité.
a relire, c'est l'une de ses meilleures pièces.
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 12:23
Ah non alors!
Benedictus Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 17:50
Alors, pour continuer dans la série déboulonnons les idoles... Eh bien, Les Chants de Maldoror, je trouve ça toujours aussi nul.
arnaud bellemontagne Gourou-leader
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 18:33
Trop poseur ?
Benedictus Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 20:51
Oui, et puis, comme ces trucs à l'imaginaire convulsif, ce n'est déjà pas ma tasse de thé, pour faire la pilule, il faut vraiment que le travail sur le langage soit d'un intérêt supérieur (c'est toute la différence entre Lautréamont et Rimbaud - et puis Rimbaud n'a jamais non plus le côté grand-guignolesque de Maldoror.)
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Sujet: Re: Lectures (6) Sam 11 Déc 2021 - 23:02
Comment tu situerais Sade, Bataille et Guyotat parmi ces deux ?
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 1:38
arnaud bellemontagne a écrit:
Ah non alors!
Ah si!!!!
C'est une pièce assez hallucinante de modernité, le personnage de Glapieu en marge socialement (mais également de par sa position dans l'espace scénique du premier acte) se trouve a la fois dans et hors du drame, deus ex machina qui est aussi commentateur de l'action en cours, médiateur entre le public et la scène qui met constamment a distance les événements et en déconstruit toute la mécanique mélodramatique. Hugo subvertie la morale attendue du mélodrame: le triomphe de la "justice" n'est finalement qu'une illusion puisque le "traitre" Rousseline n'est pas vraiment punis, et que la justice exclu Glapieu et ne peut même s'accomplir que sur son sacrifice alors qu'il est le véritable juste de toute la pièce. Celle-ci fonctionne sur au moins deux niveaux le mélodrames au déroulement parfaitement attendu, et une réflexivité généralisé qui passe par le commentaire de Glapieu (et aussi par le personnage du jeune juge), ou encore dans le bal masqué du deuxième acte ou tout n'est que jeux et illusions, qui fait écho aux jeux des identités problématique (typique du mélodrame), et aussi aux manipulations de Rousseline, et enfin à une société double ou la prospérité des uns (même celles des personnages vertueux) est toujours fondé sur l'infortune des autres. Le propos social et politique est le même que dans Les Misérables mais il est déjà en lui même assez remarquable, mais en plus Hugo fait du Brecht avant l'heure en exhibant systématiquement les ficelles du drames, en les faisant commenté par Glapieu pour mieux forger et interpeller la conscience politique du spectateur. On n'a pas la sublimité des vers d'Hernani ou de Ruy Blas, mais quelque chose d'aussi moderne, et d'aussi riche n'est pas une œuvre de piètre qualité! Et en plus c'est drôle!
Dans les pièces parfois associée au théâtre en liberté c'est bien meilleur que Torquemada pour le coup un drame historique qui n'est pas inintéressant mais qui n'atteint jamais vraiment les sommets des grandes pièces de la décennies 1830 et dont le discours tant dramaturgique que politique me parait bien plus plat que les faux mélodrames comme Mille Francs des récompenses ou L'Intervention qui sont vraiment des bijoux.
xoph Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 10:49
En m'interrogeant, suite aux échanges entre Benedictus et arnaud bellemontagne, sur la perception "moderne" de Lautréamont, je suis tombé sur l'émission lors de laquelle en 68, Julien Gracq analysait son œuvre. Je signale à tout hasard, et aussi particulièrement pour celles et ceux qui aiment Julien Gracq (c'est tout autant un témoignage sur ce dernier, sa proximité avec les surréalistes, que sur Lautréamont).
Lautréamont vu par Julien Gracq https://www.franceculture.fr/emissions/dans-les-archives/dans-les-archives-du-vendredi-27-aout-2021 se trouve aussi sur youtube
Benedictus Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 11:42
arnaud bellemontagne a écrit:
Comment tu situerais Sade, Bataille et Guyotat parmi ces deux ?
Honnêtement, je dois avouer que ce ne sont pas des auteurs que je lis tous les jours… Et, globalement, j’aurais du mal à les situer par rapport à Rimbaud et Lautréamont.
Guyotat est, de loin, celui qui me convainc le plus: d’abord parce que même dans ses textes les plus délirants, il conserve toujours un ancrage (quasi documentaire) dans le réel (la famille provinciale, la Résistance, la guerre d’indépendance algérienne, la prostitution, la maladie et l’hôpital…) et ensuite parce que dans ses textes les plus imaginaires / surréalisants (Tombeau pour cinq cent mille soldats, Joyeux animaux de la misère) sont aussi ceux où le travail sur le langage est le plus marqué (même si c’est un travail qui me touche assez peu.)
Bataille, comme plein de gens intelligents trouvent ça bien, j’en ai éclusé une quantité assez considérable quand j’étais jeune (je garde d’ailleurs toujours par-devers moi les volumes I, III à VI et VIII à X des Œuvres complètes, je ne sais pas trop pourquoi - au cas où des pieds d’armoire viendraient à lâcher, j’imagine.) À l’exception de certains textes sur l’art, totalement nawak mais stimulants (Manet, Lascaux) et de l’intérêt documentaire du Bleu du ciel, j’ai toujours trouvé ça assez affligeant. Sur le fond, je partage totalement le célèbre diagnostic de Jipé-les-châsses-en-biais; sur la forme, je trouve l’écriture au mieux d’une plate grandiloquence, au pire assez bancale - et puis comme ça se prend au sérieux! (Bataille parle tout le temps du rire, mais me semble radicalement dépourvu d’humour.)
Sade, pour moi, c’est avant tout le paradoxe d’un écrivain qui est un des plus répétitifs / ressassants de la littérature française et à la fois un des plus inégaux. Dans ses mauvais moments, c’est un peu la quintessence de ce qui me déplaît dans la littérature de son temps (l’accumulation de sentences sèches relevées de quelques exclamations pour faire vivant, les pseudo-récits quasi-allégoriques qui servent à la démonstration d’une idée); mais dans ses meilleurs moments (malheureusement pas si fréquents qu’on pourrait l’espérer), on assiste au contraire à de grandes embardées hors de ce carcan: des phrases qui gagnent en ampleur et en souplesse, une imagination romanesque (d’un romanesque le plus souvent topographique) qui échappe au cadre discursif du récit…
Tout ceci étant dit sur le fond d’un désintérêt (voire d’un dégoût jamais totalement surmonté) pour la prédation / cruauté sexuelle, qui constitue quand même un peu le fond thématique commun de ces trois auteurs.
Eusèbe Mélomaniaque
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 13:09
Benedictus a écrit:
Alors, pour continuer dans la série déboulonnons les idoles... Eh bien, Les Chants de Maldoror, je trouve ça toujours aussi nul.
Sur l'ensemble de ce volume, comme Benedictus (et sans doute pour des raisons proches), le projet littéraire de Lautréamont m'échappe à peu près totalement. A la limite les Poésies, qui jouent sur des énoncés de moralistes retournés, me parlent un peu plus. Rimbaud, c'est autre chose. En quelques années, il révolutionne les formes poétiques, fait un travail inouï sur la métrique. Les poèmes tardifs de 71 sont pour moi de toute première importance. Cros, c'est gentillet. Je me souviens être tombé dessus en commentaire composé au bac, il n'y avait vraiment pas grand chose à dire. En revanche, je conseillerais fortement de réévaluer Corbière, dont el lyrisme grinçant et désenchanté pourrait plaire à certains ici.
Benedictus Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 13:32
Voilà, tout pareil (y compris sur les Poésies de Ducasse et sur Corbière - je n'ai pas encore relu Cros.)
Un mélomane du dimanche Mélomane averti
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 13:35
Lecteur, c’est peut-être la haine que tu veux que j’invoque dans le commencement de cet ouvrage ! Qui te dit que tu n’en renifleras pas, baigné dans d’innombrables voluptés, tant que tu voudras, avec tes narines orgueilleuses, larges et maigres, en te renversant de ventre, pareil à un requin, dans l’air beau et noir, comme si tu comprenais l’importance de cet acte et l’importance non moindre de ton appétit légitime, lentement et majestueusement, les rouges émanations ? Je t’assure, elles réjouiront les deux trous informes de ton museau hideux, ô monstre, si toutefois tu t’appliques auparavant à respirer trois mille fois de suite la conscience maudite de l’Éternel ! Tes narines, qui seront démesurément dilatées de contentement ineffable, d’extase immobile, ne demanderont pas quelque chose de meilleur à l’espace, devenu embaumé comme de parfums et d’encens ; car, elles seront rassasiées d’un bonheur complet, comme les anges qui habitent dans la magnificence et la paix des agréables cieux.
C'est chouette, pourtant, Maldoror !
Merci en tous cas de m'avoir rappelé ce vieux feuilleton radiophonique, par Pierre Henry:
Quant à Bataille ..... mais bon je m'égare !
Francesco Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 16:00
Eusèbe a écrit:
Benedictus a écrit:
Alors, pour continuer dans la série déboulonnons les idoles... Eh bien, Les Chants de Maldoror, je trouve ça toujours aussi nul.
Sur l'ensemble de ce volume, comme Benedictus (et sans doute pour des raisons proches), le projet littéraire de Lautréamont m'échappe à peu près totalement. A la limite les Poésies, qui jouent sur des énoncés de moralistes retournés, me parlent un peu plus. Rimbaud, c'est autre chose. En quelques années, il révolutionne les formes poétiques, fait un travail inouï sur la métrique. Les poèmes tardifs de 71 sont pour moi de toute première importance. Cros, c'est gentillet. Je me souviens être tombé dessus en commentaire composé au bac, il n'y avait vraiment pas grand chose à dire. En revanche, je conseillerais fortement de réévaluer Corbière, dont el lyrisme grinçant et désenchanté pourrait plaire à certains ici.
Ca, ça n'est pas vraiment une référence. Je me rappelle qu'un prof qui nous préparait à l'agreg nous disait qu'on avait bien de la chance d'avoir Hugo en poésie en programme parce qu'en commentaire il y avait toujours de la matière ... "alors que Verlaine ..."
Parsifal Mélomane chevronné
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Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 16:42
Francesco a écrit:
Ca, ça n'est pas vraiment une référence. Je me rappelle qu'un prof qui nous préparait à l'agreg nous disait qu'on avait bien de la chance d'avoir Hugo en poésie en programme parce qu'en commentaire il y avait toujours de la matière ... "alors que Verlaine ..."
J'aime beaucoup cette prof (franchement Verlaine... )
et moi aussi je trouve ça chouette Maldoror, certes ce n'est pas aussi vertigineux que Rimbaud mais il y a de sacré beaux moments!
Dernière édition par Parsifal le Dim 12 Déc 2021 - 16:44, édité 1 fois
arnaud bellemontagne Gourou-leader
Nombre de messages : 25759 Date d'inscription : 22/01/2010
Sujet: Re: Lectures (6) Dim 12 Déc 2021 - 16:43
@Benedictus : merci pour cet éclairage
@Parsifal : J'ai trouvé la pièce prévisible a mille kilomètres et les grosses ficelles d'Hugo ne sont pas rachetées ici par son inventivité verbale habituelle.