| Votre dernier film visionné | |
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Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 19:25 | |
| - néthou a écrit:
- Cololi a écrit:
- C'est plutôt qu'à l'inverse je ne vois qu'une espèce de discours uniformément laudatif pour le western américain (et malheur à qui n'en serait pas)
Et tu as raison de pointer cet excès inverse. On peut aimer le western comme genre, ensuite il faut voir les films; et là, comme partout, le meilleur côtoie le pire avec le moins bon au milieu. Voilà, c'est exactement ça: pour ma part, j'aime d'abord le western comme genre (peut-être d'abord, bêtement, pour ses paysages; et ensuite, sans doute, pour le côté épuré et archétypal - j'admets qu'on dise «simpliste et stéréotypé» - des conflits qu'il met en scène.) Ensuite, j'en ai énormément regardé, et j'en regarde encore beaucoup. Si je donne peut-être l'impression de ne dire que du bien des westerns, c'est d'abord que: 1. dans la plupart des cas, il s'agit de re-visionnages, et donc de films que j'avais déjà appréciés au moins une fois - et il est assez rare qu'un film que j'ai bien aimé me fasse l'effet d'une grosse daube par la suite (tout au plus le trouverais-je moins exaltant que dans mon souvenir: par exemple les westerns de Lang à part Rancho Notorious ou certains Ford tardifs comme The Man Who Shot Liberty Valance, The Horse Soldiers ou Two Rode Together); 2. quand il s'agit de découvertes, je me fie à des «prescripteurs» assez digne de foi, ce qui limite les risques de tomber sur d'absolus nanars (de ce point de vue, par exemple, les recommandations de Tavernier ne m'ont jamais déçu.) Je n'ai cependant pas l'impression pour autant de céder à un discours «uniformément laudatif» - je veux dire par là que, même si ne dresse pas explicitement de palmarès, il semble assez évident que je ne mets pas Six Black Horses d'Harry Keller sur le même plan que Comanche Station, Man of the West ou The Searchers: je signale les défaut, mais aussi les qualités qui me l'ont fait apprécier. Après, si on veut, je peux aussi essayer donner une liste de westerns (américains) que j'ai trouvés franchement mauvais... Certains films de Nathan Juran ou George Sherman, bon... - néthou a écrit:
- Mais (et Parsifal nous en dirait certainement plus) j'insisterai sur le fait que le western a suivi d'assez près l'histoire du cinéma américain, et qu'il témoigne donc, comme le reste, d'un savoir-faire cinématographique d'autant plus facile à mettre en oeuvre que les moyens utilisés étaient considérables. C'est ce qui fait à mon sens la différence avec les autres cinémas. Entre les mains de vrais artistes, le résultat collectif a été à la hauteur de notre "discours laudatif", en veillant toutefois à ce que notre sentiment ne devienne effectivement pas "uniforme" (et donc aveuglé).
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33429 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 22:18 | |
| J'ai pas répondu sur les moyens. Parfois il y a une débauche de moyens … et je ne suis pas contre du tout. Quand ça donne la claque visuelle de La prisonnière du désert … je m'incline. Cela dit … soyons franc, si j'ai fait pas mal de tentatives dans le genre … c'est que précisément le présupposé de raconter une part de l'histoire américaine … de ses paysages et cette immensité … je ne peux qu'être très client. Sauf que je suis souvent très déçu. D'abord … car n'est pas John Ford qui veut … que précisément … ce ne sont généralement pas les paysages et les espaces qui sont mis en valeur … mais parfois on en vient à se demander si ils existent … centrant le film sur les personnages (ex : Rio Bravo) dont j'ai toujours trouvé les jeux d'une mollesse insondable et manquant cruellement de naturel. Ca donne l'impression de répondre à un script, à des codes. Et si je n'en ai pas vu beaucoup … j'ai vu les meilleurs (considérés comme tels), c'est là que commence le problème Rio Bravo par exemple … mais quel ennui (enfin il y a pire). Et quel kitch absolu (alors que bien sûr c'est considéré comme le comble de la modernité) sans le moindre intérêt. James Dean en train de chanter … je trouve ça ridicule, ça ne représente rien pour moi (il aurait fallu qu'il sache jouer … m'enfin il n'était pas seul dans ce cas). Ce n'est même pas de l'histoire … James Dean est embauché car il représente les années 50. Alors l'auto-congratulation américaine au sortir de la guerre mâtinée des codes des ligues catho/protestantes … pas très étonnant que je ne digère pas. Je vais tenter She Wore a Yellow Ribbon … mais j'appréhende beaucoup. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Parsifal Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 22:44 | |
| - Benedictus a écrit:
Tu vois bien par exemple que, sur Django, quand je dis «propos politique à la truelle, complaisance dans le spectacle de la violence et du crade, symbolisme à gros sabots, humour cynique et épais, mise en scène saturée d’effets démonstratifs», c'est dit de façon très sommaire et volontiers polémique, mais ça donne un peu de grain à moudre. (J'imagine bien, par exemple, que Parsifal, par exemple, pourrait essayer de me montrer que le propos politique est plus ambigu qu'il n'y paraît, que ce je perçois comme complaisance et effets démonstratifs s'apparente en fait à une forme de maniérisme très conscient, etc.) Alors que si je donnais une liste de trente westerns qui me paraissent mieux que Django et des quinze westerns qui me paraissent aussi surfaits, bof. Bon tout a fait d'accord avec le fond de tout ça. Sur Django plus précisément je vais te décevoir je pense un peu comme toi, c'est un film assez sommaire (oui il y a un maniérisme conscient mais ça ne parait particulièrement sophistiquer, en tout cas pas assez pour mes propre critéres ) que j'aime bien justement parce qu'il est assez primaire. C'estbourrin et cynique, avec une violence outrancière et gratuite et qui en devient presque burlesque. Ca sert de défouloir sans qu'il y ait forcément besoin de lui trouver des justifications esthétiques. Bref j'aime bien le film (a petite dose faut pas déconner non plus) exactement pour les raisons qui te le font rejeter mais justement parce que je ne chercher pas a le prendre au sérieux. Les conditions de découverte ont sans doute orienté ma vision: quand c'est dans une programmations intitulé séances décadentes et précédé de bandes annonces de Chef d’œuvres aussi incontournable que The Worm Eaters (le titre dit littéralement tout ce qu'il y a savoir de cette chose ) disons qu'on ne s'attend clairement pas a voir du Visconti (et sans doute devrais-je le revoir parce que ça vaut peut être - un peu - mieux que ça). Par contre Sergio Leone est un immense génie qui n'a aucun autre équivalent dans le western italien, ni dans le western américain d'ailleurs (mais là c'est norma, ce n'est tout simplement pas la même chose). Pour le coup il y a vraiment un maniérisme très élaboré (et de plus en plus au fil des films), l'ampleur opératique, le travail sur le temps, la variations autour d'un nombre de motifs finalement assez limités dans sa trilogie du dollars mais toujours surprenant, toujours avec une dimension supplémentaire. Un humour qui n'est pas juste cynique et un travail sur la temporalité absolument fascinant (et qui ne se limite pas aux dilatations spectaculaire des scènes de duel). Il n'aurait fait que ces trois films qu'il aurait déjà été un immense cinéaste, et les trois derniers repousse toutes les limites et le rende assurément incontestable (et pour le coup je crois qu'il n'y a qu'un Visconti qui peut lui être comparer) le chef d’œuvre n'est cependant pas un western puisque c'est son dernier Il Était une fois en Amérique qui est pour moi l'un des plus beau film du monde, le plus authentiquement émouvant des Leone, le plus lyrique, le plus sombre, le plus classique en apparence et pourtant celui qui a le formalisme le plus élaboré. Un film monument qui tente autant l'Amérique que son cinéma. Il n'y a que Barry Lyndon, certains Welles ( Falstaff, Kane), Napoléon de Gance et Loulou de Pabst, La Fille de Ryan de Lean qui m'est autant marqué. J'adore le Western américain, mais c'est un gout acquis (bon grâce a un militantisme intensif de la part de ma grand-mère et de mon père) alors que Leone ça était naturel, immédiat. Il y a d’abord eut Leone et ensuite seulement Ford, Hawks et Mann (je les aime sans réserve aujourd'hui, mais longtemps tout en les regardant avec plaisir j'ai eut une certaine réticence, sans doute parce que je n'y retrouvais justement pas ce que j'aimais chez Leone) - Cololi a écrit:
Je vais tenter She Wore a Yellow Ribbon … mais j'appréhende beaucoup. Est-ce que tu as vu Fort Apache? c'est le premier volet de ce qu'on appelle la trilogie (informelle les films sont indépendant les uns des autres) de la cavalerie She Wore a Yellow Ribbon (au passage quel beau titre, bien plus que son équivalent français) est le second), si tu ne l'as pas vu tu devrais peut être commencer par là c'est plus pessimiste et critique que SWYR (dans mon souvenir je n'ai pas vu ce dernier depuis un moment), avec un Fonda particulièrement antipathique en officier rigide et obsédé par sa gloire personnelle, et c'est excellent. Enfin je pense que ça pourrait peut être te plaire plus que SWYR.
Dernière édition par Parsifal le Mar 12 Nov 2019 - 23:01, édité 1 fois |
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Alifie Googlemaniac
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Parsifal Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 22:55 | |
| Je me disais bien James Dean dans Rio Bravo il y a comme un léger problème de date |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 22:59 | |
| - Cololi a écrit:
- Rio Bravo par exemple … mais quel ennui (enfin il y a pire). Et quel kitch absolu (alors que bien sûr c'est considéré comme le comble de la modernité) sans le moindre intérêt. James Dean en train de chanter … je trouve ça ridicule, ça ne représente rien pour moi (il aurait fallu qu'il sache jouer … m'enfin il n'était pas seul dans ce cas). Ce n'est même pas de l'histoire … James Dean est embauché car il représente les années 50.
C'est sûr que ça ne vaut pas Ricky Nelson dans La Fureur de vivre. Mais d'un autre côté, James Stewart est excellent dans le rôle du shériff, ainsi que Sammy Davis Jr dans celui de l'adjoint alcoolique; certes le vieillard édenté joué par Hume Cronyn est caricatural, mais il est tout de même réjouissant. Et Marilyn Monroe, quand elle descend l'escalier en corset et en bas, à la fin du film... EDIT: Grillé... |
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Alifie Googlemaniac
Nombre de messages : 20898 Date d'inscription : 29/01/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 23:02 | |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mar 12 Nov 2019 - 23:18 | |
| Sinon, pour les amateurs de chanteurs gominés des années 50, il existe un vrai bon western malgré avec Elvis Presley: Flaming Star (Les Rôdeurs de la plaine), de Don Siegel (avec un scénario antiraciste et pro-Indien.) |
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33429 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 13 Nov 2019 - 8:15 | |
| En plus ... je sais parfaitement que Dean n'a pas ce physique ... mais j'ai marqué ça ... je ne sais pas pourquoi ... Peut-être justement que Dean et sa fureur de vivre ... ça aurait eu une autre gueule Malgré Don Siegel, je vais passer ^^. Certes j'adore ses films des années 70, mais là ... _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Alifie Googlemaniac
Nombre de messages : 20898 Date d'inscription : 29/01/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 13 Nov 2019 - 8:24 | |
| Essaie, si tu ne l'as pas déjà vu, Les Proies/The Beguiled (avec Chuck Berry). |
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33429 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 13 Nov 2019 - 8:43 | |
| - Alifie a écrit:
- Essaie, si tu ne l'as pas déjà vu, Les Proies/The Beguiled (avec Chuck Berry).
Les Proies ... c'est juste génial ! Je ne connaissais pas du tout le pitch avant de le voir ... et alors que dans les premiers temps du film, on croit être en terrain tout tracé ... ce qui est vraiment génial c'est que le spectateur est saisi devant le virage du scénario. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Parsifal Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6882 Age : 32 Date d'inscription : 06/01/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 13 Nov 2019 - 9:09 | |
| oui j'aime beaucoup aussi, la nouvelle adaptation du roman par Sofia Coppola est en revanche particulièrement plate... |
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33429 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 13 Nov 2019 - 9:12 | |
| Oh ça ... je m'en suis tellement douté (quelle idée de repasser après un film aussi réussi !) que j'ai zappé. J'imagine qu'il y manque toute l'ambiguité si génialement gérée chez Siegel. _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 15 Nov 2019 - 17:58 | |
| Jérémy Clapin : J'ai perdu mon corps 2019 + / Le titre m'avait beaucoup intrigué et c'est une belle découverte. L'histoire est très simple mais sa simplicité est au service du récit, qui a une portée un peu universelle : on reconnaît nettement Paris mais à la fois, c'est une idée de Paris qu'on reconnaît : les lieux ne sont pas clairement définis - à part la station de métro Argentine ; c'est pareil pour la relation entre les deux protagonistes. Le film met en jeu un double couple : Naoufel et sa main ainsi que Naoufel et Gabrielle ; ça peut paraître un peu loufoque au prime abord mais c'est assez bien mené, avec un véritable jeu sur le son (la rencontre entre Gabrielle et Naoufel, les bandes magnétiques) et aussi une sorte de récit pris à la volée : Naoufel n'obéit à aucune véritable logique (à part peut-être celle liée à la séduction de Gabrielle - il parle d'ailleurs d' échapper au destin) et l'aspect de poursuite se retrouve partout dans le film : au niveau de Naoufel, évidemment, mais aussi de sa main et du rythme du récit. La fin me semble par contre pas très heureuse, un peu absconse. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 17 Nov 2019 - 9:28 | |
| Andrzej Wajda : Le bois de bouleaux 1970 Un beau film que je n'ai pu hélas que visionner dans une qualité d'image assez mauvaise. Le film est d'une assez grande simplicité : c'est un homme malade qui vient finir ses jours dans la maison de son frère dans laquelle vont resurgir des souvenirs. Dit comme ça, on dirait peut-être un film de Desplechin mais il y a un traitement spatiale de la demeure intéressant : la forêt de bouleaux (déjà référencée dans le cinéma soviétique) apparaît comme un terrain mystérieux, quelque chose dans lequel son frère et la fille de son frère seraient emmurés (la femme de son frère y est enterrée). Il y a également de très belles scènes (la scène finale, toute la séquence avec l'orage, remarquable en terme d'éclairages). La musique joue ici un rôle important (assez mémorielle) comme dans Le chef d'orchestre. |
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luisa miller Mélomane chevronné
Nombre de messages : 5897 Age : 924 Date d'inscription : 27/11/2008
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 17 Nov 2019 - 21:16 | |
| J'accuse de Roman Polansky. Un film très bien réalisé et le travail de recherche effectué en amont du film tant par Polansky que par les acteurs est remarquable. |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 17 Nov 2019 - 22:15 | |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 24 Nov 2019 - 9:11 | |
| Miloš Forman : L'as de pique 1964 + / Il s'agit du premier long-métrage de Forman, et il y a déjà quelque chose. Tout d'abord, le film s'inscrit parfaitement dans la nouvelle vague tchèque, de façon en plus totalement auto-consciente : Peter est un jeune homme errant, qui n'est vraiment à l'aise nulle part, un peu maladroit, aux parents aux valeurs assez rigides ; la jeunesse est d'ailleurs un trait essentiel du personnage de Peter puisque c'est ainsi qu'il est désigné (hors champ) dans l'ouverture du film ; il s'agit vraiment d'un film qui a conscience d'ouvrir un nouveau pan du cinéma tchécoslovaque. Il y a aussi quelque chose d'assez saisissant, c'est la façon dont Forman saisit les gestes et les habitudes (à travers le montage, entre autres) - notamment lors des séquences d'observation dans l'épicerie - où ce qui va devenir/représenter le passé cinématographique de la Tchécoslovaquie est minutieusement radiographié, d'abord grossièrement puis de plus en plus finement. J'ai toutefois peut-être trouvé le film un peu long par moments mais ça reste un bon film. |
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Ravélavélo Mélomane chevronné
Nombre de messages : 9132 Localisation : Pays des Bleuets Date d'inscription : 28/09/2015
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 24 Nov 2019 - 20:23 | |
| Hier soir à la télé: Pearl Harbour avec Ben Affleck et Alec Baldwin. J'avais jamais vu et c'est le genre de film qui me tient les yeux rivés à l'écran du début à la fin. C'est américain pur jus, mais aussi une bonne reconstitution historique. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 29 Nov 2019 - 17:48 | |
| Nicolas Bedos : La belle époque 2019 + Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en voyant ce film ; en fait, j'ai bien aimé : le scénario est intéressant et adroitement mené. J'ai trouvé qu'il y avait une pâte (musique, mouvements de caméra, colorimétrie) qui rappelle Au revoir là-haut de Dupontel et Le fabuleux destin d'Amélie Poulain de Jeunet, mais ce sont à peu près leurs seuls points de convergence. Le titre est intriguant au prime abord tant on croule sous les différentes époques représentées dans le film, alors que le titre est catégorique : " La belle époque". À l'écran, l'un des personnages principaux, totalement défraîchi, interprété par Daniel Auteuil, absolument hermétique à toute forme de progrès est pris dans une sorte de contradiction lorsque l'on lui propose de revivre l'époque qu'il désire - en utilisant les technologies pour se rétroprojeter. Alors que certains choisissent des soirées avec Hemingway ou mondaines ambiance XVII/XVIIIème, lui choisit l'année 1974 durant laquelle il a rencontré sa femme - magistralement interprétée par Fanny Ardant, éclatante, assez à contre-courant de ses rôles habituels, volontiers triviale. En fait, le film dissout totalement les élans réactionnaires du personnage joué par Auteuil et la belle époque, c'est sans doute celle que l'on vit puisque l'on peut (grâce au cinéma) se reprojeter où l'on veut - c'est très idéalisé mais c'est nettement empreint d'amour pour le cinéma, à la manière de l'artificialité revendiquée (acceptation consciente de la mise en scène par le personnage d' Auteuil notamment lorsqu'il arrive sur le décor et décolle le papier-peint) à la manière d'un Singin' in the rain. Cependant, le propos n'est pas totalement enchanté : le cinéma n'a ici pas un contrôle absolu et c'est parfois la vie qui comble les béances et qui prend le pas sur le cinéma : les répliques manquantes, l'attachement de Victor à l'actrice (et toutes les limites floutées entre actorat et "vie réelle" amusantes). Ce film fut donc une bonne surprise, même s'il est peut-être un peu systématique dans ses glissements temporels incessants (parfois jouissifs, c'est vrai) mais pas toujours nécessaires/pertinents. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 1 Déc 2019 - 9:19 | |
| Jules Dassin : Brute force 1947 + J'ai plutôt aimé ce film qui a quelques séquences vraiment prenantes avec des acteurs vraiment impliqués aussi bien du côté des gardiens que des prisonniers ( Lancaster!) ; j'ai beaucoup aimé la façon dont est utilisé la seule photo présente dans la cellule : les prisonniers ont envie de s'évader et préfèrent regarder la photo (à des fins projectives) plutôt que regarder à l'extérieur. J'ai toutefois regretté que le film soit si manichéen, ou en tout cas qu'il le montre autant - même si, évidemment, il y a un fond de légitimité. |
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Ben. Mélomane chevronné
Nombre de messages : 2075 Age : 36 Localisation : Paris Date d'inscription : 02/10/2010
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 2 Déc 2019 - 16:35 | |
| J'ai enfin vu Une affaire de famille. Et c'est un film tout simplement exceptionnel. Peut-être ce que j'ai vu de plus beau, pudique et sensible sur la question de la famille et des liens que l'on se choisit. |
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Cololi chaste Col
Nombre de messages : 33429 Age : 43 Localisation : Bordeaux Date d'inscription : 10/04/2009
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 2 Déc 2019 - 17:09 | |
| Oui oui excellent ! _________________ Car l'impuissance aime refléter son néant dans la souffrance d'autrui - Georges Bernanos (Sous le Soleil de Satan)
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 2 Déc 2019 - 19:51 | |
| - Ben. a écrit:
- J'ai enfin vu Une affaire de famille.
Et c'est un film tout simplement exceptionnel. Peut-être ce que j'ai vu de plus beau, pudique et sensible sur la question de la famille et des liens que l'on se choisit. Ah bah pour une fois, nous sommes d'accord. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Ven 6 Déc 2019 - 17:37 | |
| Sarah Suco : Les éblouis 2019 J'ai été un peu déçu par ce film, il ne prend jamais véritablement son envol ; le message est nécessaire, évidemment car les sectes sont quelque chose d'encore présent dans le monde. Simplement, ici, le film manque de portée : on sent qu'il nous délivre un message mais on a l'impression de suivre une bribe de conversation - mais pas dans la logique où le film prendrait place dans une cyclicité sectaire. C'est également trop didactique et prévisible ; ce n'est toutefois pas un film désagréable mais je m'attendais à quelque chose de plus étoffé - la réalisatrice a elle-même vécu dans une secte alors il ne doit pas être facile de parler de ce genre de choses. |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 7 Déc 2019 - 12:02 | |
| mes derniers bons films visionnés J'ai perdu mon corpsJérémy ClapinEmeryck en a parlé plus haut. Beaucoup aimé: tout aussi virtuose qu'émouvant. J'interprète cette fin énigmatique comme une libération, mais d'autres interprétations restent ouvertes . ----------------- CarolTodd HaynesPassé le côté presque académique de la façon de filmer, c'est un des plus beaux "mélo" qu'il m'ait été donné de voir. Simplement une magnifique histoire d'amour (c'est ce qui fait l'entière réussite du film, mettant son propos "corrosif", essentiel pourtant, presque au second plan). Rooney Mara et Cate Blanchett fabuleuses. ----------------- KingsDeniz Gamze ErgüvenPar l'auteure de Mustang (que j'avais adoré): petite et grande histoire entremêlées lors des émeutes raciales Los Angeles 1992 (le titre joue sur l'événement déclencheur: passage à tabac de Rodney King). Extrêmement étrange dans la mise en vis à vis de la tension palpable et très bien rendue dans son emballement, et une forme de comique et légèreté que l'on peut trouver incongrue. Mais après tout : pourquoi serait-ce réservé à Chaplin ? |
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Parsifal Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6882 Age : 32 Date d'inscription : 06/01/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 7 Déc 2019 - 16:11 | |
| - xoph a écrit:
Carol Todd Haynes
Passé le côté presque académique de la façon de filmer, c'est un des plus beaux "mélo" qu'il m'ait été donné de voir. Simplement une magnifique histoire d'amour (c'est ce qui fait l'entière réussite du film, mettant son propos "corrosif", essentiel pourtant, presque au second plan). Rooney Mara et Cate Blanchett fabuleuses.
C'est quand même en grande partie grâce au formalisme de Todd Haynes que le film est magnifique. Sinon The Irishman, Martin Scorsese Regarder d'une traite sur Netflix (apparemment c'est un exploit pour les petites natures donc je me vante un peu ), il y a bien quelque longueur, un côté répétitif et on peut se dire au début que le montage de Thelma Schoonmaker est moins incisif que d'habitude. Pourtant c'est bien ce rythme de marche funèbre qui fait la beauté du film. le Jimmy Hoffa de Pacino excepté (extraverti, cabotin, a la limite du supportable mais pourtant génial) tous les personnages (et De Niro en tête) sont des morts qui marchent déjà embaumé, ce que l'étrangeté (réellement dérangeante au début) des technologie de "de-aging" font particulièrement bien ressortir. Tout le monde semble être a peu prés d'accord pour dire que c'est un bon film mais pas le meilleur Scorsese, je ne suis pas aussi enthousiaste que j'ai pu l'être sur Silence (chef d’œuvre, le meilleur film de 2016 pour moi) mais malgré les quelques longueurs mentionné plus haut c'est un film qui continue de me trotter dans la tête et je l'ai vu il y a un peu plus de deux semaines. |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 7 Déc 2019 - 18:58 | |
| / Carol - Todd Haynes
Ma phrase était effectivement un peu sommaire, et il serait certainement plus juste de parler d'un jeu avec les codes que d'académisme; mais je pensais plutôt à académie, comme on enseigne le "nu académique" avec ses modelés parfaits et son sens d'un équilibre tout classique. Ma première impression en début de film aurait pu être celle d'un ouvrage si poli, que les tensions ne sauraient y affleurer. Ce n'est pas le cas, bien au contraire Allez, pour me faire pardonner, je retourne au Lycée : https://laac-auvergnerhonealpes.org/wp-content/uploads/2019/04/Carol-de-Todd-Haynes.pdf |
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Parsifal Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6882 Age : 32 Date d'inscription : 06/01/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 12 Déc 2019 - 18:48 | |
| The Small Back Room, Michael Powell et Emeric Pressburger
Découverte et c'est encore un chef d’œuvre du duo même si le film me semble moins évident que les grand film en technicolor qui le précède, ou même que certaines œuvre en noir et blanc de la guerre (et le fait qu'il soit moins connus tend a renforcer cette impression). Après avoir réalisé les plus beau film en couleurs de tous les temps, Powell et Pressburger revienne au noir et blanc, et adoptent un traitement presque documentaire pour une histoire de dépression, d'alcoolisme sur fond de seconde guerre mondiale. Le héros un scientifique infirme souffrant de douleur chronique, rendu alcoolique et amer pour cette raison est un personnage difficile, si l'humanisme habituel de Powell et Pressburger le rend attachant, il est aussi particulièrement noir, la colère et la haine de soi hante l'interprétation de David Farar. Dépourvu de musique le film est austère, malgré de vrai morceau de bravoure, dont une grande scène de délire surréel pour figurer la lutte du héros contre son alcoolisme. L'intrigue est étonnement lâche, plutôt que de construire un drame unifié tendu vers sa résolution Powell et Pressburger semblent procéder par épisodes qui pourrait tous appartenir a des histoire différentes reliée uniquement par les personnages récurrents. Ce traitement fait la force du film en lui donnant presque l'épaisseur de la vie mais il le rend également plus insaisissable, malgré une intrigue qui n'y est pas étrangère il y a comme un refus des excès du mélodrame, la mise en scène est brillante avec beaucoup d'idées audacieuses et presque expérimental (dans le traitement du son particulièrement) mais le film n'en reste pas moins assez austère dépourvu de toute musique, s'il y a des morceaux de bravoures il se conclut presque sous forme d'anti-climax, et le "stiff uper lip" n'auras jamais été autant approprié que pour le qualifier le dernier quart de ce film. Si cette tendance a "l'understatement" dans les grandes scènes émotionnel seras abondamment critiqué par les futurs représentant du Free Cinema dans les années 50, pas forcément a tort (dans beaucoup de film de cette époque ce refus des émotions marqué frôle l'affectation et c'est souvent très artificiel), ici c'est un effet très puissant qui contribue largement a l'impact du film et sert le propos humaniste et existentiel de Powell et Pressburger. Bref très grand film qui mérite autant d'attention que Les Chaussons Rouges, Le Narcisse Noir, Une Question de Vie ou de Mort, Colonel Blimp ou Le Conte de Canterbury
Dernière édition par Parsifal le Dim 15 Déc 2019 - 15:31, édité 1 fois |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 15 Déc 2019 - 9:29 | |
| Jacques Tourneur : Cat people 1942 J'ai beaucoup aimé ce film que j'ai trouvé étonnant à bien des égards. Ce qui me semble le plus marquant dans ce film, c'est sa capacité de prolifération et de mutation : au début, on pourrait croire à un film très quelconque, avec certes de beaux cadres mais rien de plus : une femme qui rencontre un homme, parce qu'elle ne sait pas jeter une feuille de papier correctement dans une corbeille alors que l'homme y arrive du premier coup (bah oui, évidemment...) et puis le film s'extrait (heureusement) de façon graduelle de ça : on a ensuite une femme qui perce l'écran, à la puissance d'action considérable et le scénario est nettement moins convenu. Ce qui m'a également surpris, c'est le climat que Tourneur instaure à l'écran : quelque chose d'assez indistinct, très suggestif avec de superbes scènes (la scène du bar serbe, la piscine, la filature dans la rue) qui repose toujours beaucoup sur la lumière mais dans une sorte d'ambivalence puisque la scène de la filature est au fond très éclairée et malgré tout inquiétante. L'aspect mutatoire est sans doute à mettre également en parallèle avec l'aspect profondément charnel de la féline et notamment les "traditions" qu'évoque le film (la statue du dirigeant serbe) et vers la fin, l'ombre du crucifix pour essayer de maîtriser la féline. C'est en tout cas une très belle entrée chez ce réalisateur. |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 15 Déc 2019 - 10:34 | |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 15 Déc 2019 - 15:24 | |
| La Visite de la FanfareEran KolirinLa fanfare d'Alexandrie inaugurerait un centre culturel arabe en Israël, mais las, là où ils atterrissent : pas de culture israélienne, pas de culture arabe, rien !Le plus beau concerto pour clarinette de l'histoire du cinéma par contre, et un film très drôle (m'a souvent fait penser à Tati) et très touchant, je trouve. Beaucoup aimé. |
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Prosopopus Mélomaniaque
Nombre de messages : 901 Age : 41 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/11/2017
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 19 Déc 2019 - 11:34 | |
| - Benedictus a écrit:
Les aventuriers de Robert Enrico
Un film que j'aime énormément.
Il a quelque chose de très étrange: on se croit parti pour un film d'aventure rondement mené et un peu franchouillard à base d'amitié virile et de morale de malfrats, de cascades et de numéros d'acteurs à dialogues... et puis en fait rien de tout ça n'arrive: la narration prend sans cesse des chemins de traverse qui ressemblent à des impasses, avec un scénario où tout finit toujours par se désagréger, on se retrouve dans des espèces de moments creux, aussi erratiques et beaux que chez Antonioni (beau parce qu'il y a plein d'images à la fois saisissantes et dont le sens est comme suspendu: certains plans fixes avec zoom erratiques dans l'atelier de Ventura, les gros plans sur les sculptures de ferraille, le cadavre de la jeune femme flottant entre deux eaux comme en écho à La Nuit du chasseur, le village désert du causse Méjean, le Fort Boyard à l'abandon... - le tout avec une photographie couleur assez singulière, et des effets de changement de focale assez déroutants.)
Il y a certes quelques morceaux de bravoure (la course de dragster, Delon en aviateur casse-cou et dragueur, le passage en avion sous l'Arc de Triomphe, la chasse au trésor en bateau à voile, le cabotinage de Reggiani, la fusillade finale dans le Fort Boyard), mais ça reste un film fondamentalement déceptif - et d'une amertume sans phrases. Et à ce titre, une espèce de film-limite dans ce cinéma de qualité française de cette époque.
Et puis la musique de François de Roubaix, pas belle, très datée, mais bizarrement prenante.
(Autre raison pour laquelle j'y suis très sensible: bien que tourné quelques années avant ma naissance, il saisit des lieux que j'ai encore connu enfant tels qu'ils étaient là - ces grandes banlieues en friche du côté de Monthléry ou d'Enghien, l'île d'Aix hors-saison et le Fort Boyard abandonné d'avant le jeu télévisé - et qui depuis ont été complètement transformés par la périurbanisation et le tourisme.) Bon ça date un peu mais le texte de Benedictus en mai 2018 m'avait furieusement donné envie de revoir le film, que j'avais bien aimé dans mon souvenir mais qui ne m'avait pas laissé toutes ces impressions. Et pour cause puisque je ne l'avais pas vu et que je confondais avec le Ruffian toujours avec Ventura mais de Giovanni (qui pour le coup et comme la plupart des Giovanni correspond bien à l'attente qu'on peut avoir du cinéma populaire français de cette époque). J'ai adoré et avec le texte de Benedictus en tête j'ai retrouvé effectivement toutes les impressions évoquées. Il y a juste un élément qui fait aussi beaucoup pour le film et que Benedictus a éludé (par pudeur probablement) c'est la beauté insolente de Delon dans le film, éludant même la pourtant charmante Joanna Shimkus (dans les scènes sur le bateau, malgré sa tenue je ne regardais pourtant que Delon). C'est assez fou d'être magnétique à ce point, juste par son image par la force d'un regard. On sent bien en plus que Delon est à un tournant de sa carrière, s'apprêtant à jouer dans le Melville et à inaugurer sa deuxième partie de carrière que j'aime beaucoup moins, où il jouera tout de la même façon impavide. Mais ces années soixante jusqu'à ce film d'Enrico, quelle carrière... (c'est mon moment Drucker, veuillez m'excuser) J'aime bien aussi la phrase de Benedictus sur la musique "de François de Roubaix, pas belle, très datée, mais bizarrement prenante", qui pourrait coller à toute la production française de musiques de films des années 60 et 70... A ce titre j'ai vu il y a peu Le voyou de Lelouch qui est passé sur arte et qui propose une musique de Francis Lai là aussi très datée dans son easy listening un peu sirupeux mais qui colle parfaitement à l'ambiance du film. Bien aimé ce Lelouch d'ailleurs, comme assez souvent que je tombe sur un de ses films. Je sais que sa fin de carrière est en grande partie responsable de son image de pestiféré du cinéma français mais j'en viens à me demander si la détestation dont il fait l'objet n'est pas un brin exagérée. Je sais qu'il a eu des grands succès publics mais que ce soit la critique, les cinéphiles ou le public général je vois rarement des gens défendre ses films. Sans trouver ça exceptionnel et primordial la plupart de ses films des années soixante et soixante-dix que j'ai vus m'ont plu dans leur aspect un peu délié et flottant, portés par des acteurs vraiment au top. Je mets ça au même rang que certains des Sautet dans le genre pont entre la Nouvelle Vague et le cinéma plus populaire d'avant. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 21 Déc 2019 - 18:52 | |
| Ladj Ly : Les misérables 2019 J'ai beaucoup aimé. Le propos social est d'une part nécessaire et d'autre part très bien mené ; ce qui est assez vertigineux dans ce film, c'est l'exploration topologique qu'il constitue : une banlieue absolument labyrinthique comme en témoignent les scènes de poursuite et les nombreuses rondes en voiture. C'est en fait avant tout un film sur le territoire, d'abord par les pôles que constituent le bureau du maire, la voiture des policiers, la cité elle-même ; la fin est d'ailleurs assez parlante de ce point de vue avec cette sorte de faille politique constituant une sorte de ligne de front. D'ailleurs, dans cette perspective spatiale, l'utilisation du drone est très pertinente, elle permet d'emprunter une trajectoire alternative, un peu insaisissable (physiquement et intentionnellement - cf. les scènes voyeuristes initiales) qui, conjuguée aux toits permet de déjouer les trajectoires traditionnelles. Mais je crois que ce qui sidère encore plus, évidemment, et à la fois, ce n'est hélas une surprise pour personne, c'est la violence d'état : délit de faciès, racisme, violence ; et même au sein de l'institution elle-même : Chris bizutant le petit provincial fraîchement monté à Paris. Le film est globalement bien mené, avec des types assez classiques (le ripou, le flic un peu plus modéré, etc.) ; et ce qui est plus surprenant - et assez discret - c'est la place que donne Ladj Ly aux femmes dans son récit : la scène de l'arrêt de bus par laquelle tout commence, la puissance d'action lors de la rencontre sur les toits avec le garçon au drone. On voit clairement que Ladj Ly sait de quoi il parle, même s'il y a des plans parfois un peu convenus - le soleil sur la fin, notamment. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 21 Déc 2019 - 19:12 | |
| Elia Suleiman : It must be heaven 2019 Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur, et c'est une belle découverte. J'ai trouvé que ce film était d'une grande finesse : une sorte d'humour suggestif, purement contenu dans l'image, volontiers pince-sans-rire. En fait, cela fait beaucoup pensé aux films du cinéma muet (et aussi au cinéma de Tati où le réalisateur se met aussi mutiquement en scène) puisque le personnage de Suleiman, interprété par le réalisateur lui-même ne parle presque jamais, il doit prononcer pas plus de quinze mots durant tout le film, comme s'il voulait d'atteindre une sorte d'universalisme - aspect qui se retrouve dans la multiplicité géographique. Même s'il n'est vocalement pas bavard, le film dit en fait énormément de choses et est éminemment politique : le défilé des tanks devant la banque de France, les policiers new-yorkais chassant la femme nue qui a peint le drapeau palestinien sur les seins. Il y a également une ironie incroyable dans l'aspect léché des plans et les mouvements de caméra - je pense notamment à la scène où un homme jette quelque chose sous une voiture que l'on pense être un colis dangereux, les policiers arrivent sur leur roue électrique et ne voient rien sous la voiture, on s'apercevra ensuite qu'il s'agit d'un bouquet de fleurs. J'ai vraiment passé un bon moment. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 21 Déc 2019 - 19:26 | |
| Andreas Horvath : Lillian 2019 Là, par contre, j'ai été frappé d'un ennui assez abyssal. Le film est également très mutique mais dans une tonalité très sérieuse et grave, loin de celle du film de Suleiman. Le film raconte l'histoire (vraie) d'une adolescente voulant retrouver la Russie depuis New-York, à pied et sans argent. C'est également un film très politique mais son problème, c'est qu'il ne fait que relever et ça devient vite long, trèès long ; on est loin de la verve de Sans toit ni loi de Varda ; ce qui semble intéresser le réalisateur ici, c'est la géographie à travers les nombreuses cartes, le parcours des différents états, les plans de paysage. Je reconnais toutefois que la fin ne m'a pas laissé indifférent contrairement à la globalité du film ; c'est une grande décéption pour moi. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Sam 21 Déc 2019 - 19:40 | |
| Pascal Bonitzer : Les envoûtés 2019 Je ne connaissais que Bonitzer que comme scénariste dans les films de Rivette, c'est donc le premier film que je vois réalisé par lui-même. C'est en fait un film assez étrange, on retrouve un aspect un peu rivettien dans les revirements mais sans la folie, le pétillant d'un film de Rivette, et c'est même parfois un peu ennuyeux car le récit tourne un peu trop sur lui-même et les personnages sont un peu caricaturaux - notamment l'ami du personnage de Giraudeau. C'est sympathique mais pas franchement marquant. |
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Xavier Père fondateur
Nombre de messages : 91625 Age : 43 Date d'inscription : 08/06/2005
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Dim 22 Déc 2019 - 3:39 | |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 8:50 | |
| Denis Villeneuve : Incendies 2010 Il s'agit du premier film de Villeneuve que je vois, c'est une adaptation de la pièce éponyme de Wajdi Mouawad. Il y a indéniablement une grande puissance dramatique (qui passe principalement par la catharsis) au sein du film qui est décuplée par la façon dont le réalisateur travaille la continuité du récit. Le film présente en fait deux trajectoires entremêlées, temporellement contraires (les jumeaux vers la mère - à rebours - et la vie de la mère - à l'endroit), toutes deux très intenses et très physiques, d'autant plus qu'une esthétique du bris est déployée (explosions au sens littéral ou même au sein de la famille - que ce soit géographiquement ou dans l'imaginaire -, les heurts des trajectoires (arrivée de la soeur dans la maison avec toutes les femmes) mais aussi le plan de piscine jouxtant le plan d'incendie), ce qui accentue encore l'aspect physique du récit. Enfin, il y a une aspiration "universelle" qui me semble notoire, et ce dès le premier plan : un paysage commun, impersonnel puis un travelling arrière qui fait apparaître des boiseries de fenêtre, c'est-à-dire une maison ; le film sera donc une sorte d'étude de cas mais signale sa portée plus générale (qui se retrouve également dans le pays qui jamais nommé). C'est une belle découverte et un beau... premier contact avec le cinéma de Villeneuve. |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 9:38 | |
| Oui, je trouve que le film de Villeneuve tire vraiment le meilleur parti du texte de Mouawad (assez pénible à lire.) - Emeryck a écrit:
- sa portée plus générale (qui se retrouve également dans le pays jamais nommé)
Enfin, ça, c'est quand même: 1. fait de manière assez incohérente: à ce moment-là, ce n'était pas compliqué de ne jamais montrer le drapeau libanais, qui est est assez reconnaissable et qui apparaît à plusieurs reprises à l'écran (c'était d'autant moins compliqué de ne jamais le montrer que les séquences proche-orientales ont été tournées... en Jordanie!) 2. assez artificiel: tout le référent auquel le film renvoie (les noms des personnages, des lieux, le contexte géopolitique...) désigne absolument sans ambiguïté le Liban des années de guerre. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 10:23 | |
| - Benedictus a écrit:
- Oui, je trouve que le film de Villeneuve tire vraiment le meilleur parti du texte de Mouawad (assez pénible à lire.)
- Emeryck a écrit:
- sa portée plus générale (qui se retrouve également dans le pays jamais nommé)
Enfin, ça, c'est quand même: 1. fait de manière assez incohérente: à ce moment-là, ce n'était pas compliqué de ne jamais montrer le drapeau libanais, qui est est assez reconnaissable et qui apparaît à plusieurs reprises à l'écran (c'était d'autant moins compliqué de ne jamais le montrer que les séquences proche-orientales ont été tournées... en Jordanie!) 2. assez artificiel: tout le référent auquel le film renvoie (les noms des personnages, des lieux, le contexte géopolitique...) désigne absolument sans ambiguïté le Liban des années de guerre. Ah oui? Je n'ai pas lu la pièce mais j'en ai entendu plutôt des retours positifs. Oui, c'est vrai que ce n'est pas d'une subtilité ravageuse - ce que je ne prétendais pas non plus. |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 10:53 | |
| Ben, c'est Wajdi Mouawad, quoi, donc toujours un peu la catharsis à la truelle avec un petit côté provoc' branché (un peu un Cendo du théâtre contemporain, quoi.) |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 18:56 | |
| - Emeryck a écrit:
- Elia Suleiman : It must be heaven
2019
Je ne connaissais pas du tout ce réalisateur, et c'est une belle découverte. J'ai trouvé que ce film était d'une grande finesse : une sorte d'humour suggestif, purement contenu dans l'image, volontiers pince-sans-rire. En fait, cela fait beaucoup pensé aux films du cinéma muet (et aussi au cinéma de Tati où le réalisateur se met aussi mutiquement en scène) puisque le personnage de Suleiman, interprété par le réalisateur lui-même ne parle presque jamais, il doit prononcer pas plus de quinze mots durant tout le film, comme s'il voulait d'atteindre une sorte d'universalisme - aspect qui se retrouve dans la multiplicité géographique. Même s'il n'est vocalement pas bavard, le film dit en fait énormément de choses et est éminemment politique : le défilé des tanks devant la banque de France, les policiers new-yorkais chassant la femme nue qui a peint le drapeau palestinien sur les seins. Il y a également une ironie incroyable dans l'aspect léché des plans et les mouvements de caméra - je pense notamment à la scène où un homme jette quelque chose sous une voiture que l'on pense être un colis dangereux, les policiers arrivent sur leur roue électrique et ne voient rien sous la voiture, on s'apercevra ensuite qu'il s'agit d'un bouquet de fleurs. J'ai vraiment passé un bon moment. +1 une ironie à la lisière de la mélancolie : sa propre solitude, et l’identité palestinienne évanouie au fil du temps (les deux scènes où il est face à des interlocuteurs·trices en mesure de produire son film, n'obtenant qu'un tiède intérêt, son film étant trop peu palestinien, ou, comme seul gage d'attention qu'on lui commande un taxi) |
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xoph Mélomane chevronné
Nombre de messages : 6119 Age : 66 Localisation : là Date d'inscription : 12/10/2011
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Lun 23 Déc 2019 - 19:38 | |
| AguaVerónica ChenSpéciale dédicace à Ravélavélo qui hante les piscine à 6h00 du mat, et à celles et ceux qui font des lignes en songeant aux vertus comparées des shoulder driven et hip driven. On n'est pas pourtant dans un film de sport ou compétition, même si l'argument tourne autour de la revanche d'un champion banni et du marathon en eaux libres Santa Fe-Coronda. Mais plutôt sur le registre d'un film d’initiation où l'échec serait une composante majeure. Les révélations n'en sont pas forcément plus claires que les eaux jaunes et troubles dans lesquelles se déroule l'épreuve sportive et vitale que relate le film. Son opacité est heureusement contrebalancée par une originalité formelle, et une belle façon de filmer la nage. |
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Emeryck Mélomane chevronné
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Emeryck Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 25 Déc 2019 - 17:10 | |
| Valentina Maurel : Lucía en el limbo 2019 Il s'agit d'un court-métrage centré sur l'adolescence et particulièrement sur la pression exercée par la hantise de la virginité : Lucía ne cherche qu'à perdre sa virginité et ses poux, et ce, jusqu'à l'absurde ; certaines séquences font donc sourire tant elles virent à l'absurde mais je n'ai rien relevé de véritablement notable ou original à part éventuellement le parallèle entre la virginité et les poux apparaissant tous deux ici comme un poids social. |
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Emeryck Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Mer 25 Déc 2019 - 23:27 | |
| Dario Argento : Phenomena 1984 + Argento nous propose ici encore quelque chose de très différent de son opus précédent : même si l'on retrouve ce goût pour l'existence du paradoxe qui se manifeste à travers les lumières criardes dans Tenebre et qui se manifeste ici par la coexistence de cette jeune fille à la grâce/pureté rayonnantes et de l'atmosphère putride dans laquelle elle est sans cesse baignée ; ici, Argento développe une atmosphère féerique pourrie, en décomposition - le plan final fait vraiment penser à ce genre d'atmosphère - par accumulation de coexistences incongrues : une jeune fille somnambule qui sait communiquer avec les insectes et qui va se servir de ce don pour traquer un meurtrier. Ce qui me fait d'autant plus penser à une atmosphère féerique décomposée, c'est l'utilisation abondante du corps en décomposition, des asticots en tous genres ; il y a également ce petit garçon monstrueux pour lequel sa mère a caché tous les miroirs afin qu'il ne se voie pas ; comme s'il s'agissait d'exorciser les mythologies du genre. Argento joue également avec le bestiaire présent dans le film : d'un côté, il y a ce singe extrêmement domestique, aux gestes quasiment humains tout droit sorti d'un conte ; et de l'autre, il y a les insectes, qui viennent pourrir l'aspect précédent - il y a notamment des plans très hitchcockiens faisant beaucoup penser à The birds remplaçant les nuées d'oiseaux par des nuées d'insectes. En somme, c'est un bon film d' Argento pour lequel on pourrait même peut-être établir un parallèle entre cette mise en putréfaction des mythologies du genre et les plans hitchcockiens dans le film (réalisateur qui a, évidemment, beaucoup influencé ce genre de film par la suite ( de Palma en tête)) comme s'il s'agissait de rendre compte de son détachement de l'influence hitchcockienne ; d'autant plus que cette approche pourrait être corroborée par le fait que le personnage principal au cœur de cette putréfaction soit la fille d'un cinéaste de renommée importante ; c'est cependant peut-être un peu aventureux. Un petit mot sur la musique qui accompagne le film : c'est totalement improbable : on a le droit à Bill Wyman mais aussi à Motörhead et Iron maiden. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 26 Déc 2019 - 12:08 | |
| Jean-Pierre & Luc Dardenne : La fille inconnue 2016 +/ Un film assez étonnant au sein de la filmographie des frères Dardenne : c'est habituellement la présence et l'action qui sont au centre de la caméra toujours au service de revendications (prétendument) sociales dans une esthétique très naturaliste ; les titres sont souvent très référentiels ( Le gamin au vélo, Rosetta, La jeune Ahmed, L'enfant), hiérarchisant nettement les personnages ; les films font souvent la part belle à des inconnu(e)s. La fille inconnue rompt relativement avec ces constantes du cinéma des frères Dardenne : ici, bien sûr Adèle Haenel perce l'écran mais ce n'est en fait pas véritablement elle qui est au centre de l'écran, il s'agit d'une fille dont seule une photo demeure ; ici, c'est l'invisible qui va prendre une place de choix : il est sans cesse question de culpabilité (pour le personnage de Haenel, bien sûr puis pour les différents témoignages) mais également d'image sociale (le père de l'enfant qui n'ose pas parle, tout comme la réceptionniste du cybercafé). Il y a également quelque chose autour de la profession de médecin qu'exerce le personnage d'Adèle Haenel : c'est ordinairement un métier qui permet de préserver la vie alors qu'elle a ici apporté la mort. L'aspect social n'est cependant pas totalement évanoui : à travers tous les personnages que le film convoque, on obtient une sorte de radiographie de la ville de Liège. Le film est donc un peu plus intéressant que les films habituels des frères Dardenne, on est moins irrité par l'aspect social un peu plaqué (qui n'a pas la sincérité ni l'évidence de celui d'un Ken Loach) qui peuple habituellement leurs films ; cependant, le film n'est toutefois pas passionnant de bout en bout, surtout une fois que l'on a compris le principe ; les lentes avancées des protagonistes sont cependant un peu intéressantes. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 26 Déc 2019 - 16:26 | |
| Laurent Cantet : Entre les murs 2008 Palme d'or 2008, cérémonie où l'on a récompensé les films les plus "conscients du milieu qui les entoure". Je reproche à ce film un peu la même chose qu'aux films des frères Dardenne : une sorte d'aspect social un peu malvenu dont on pourrait douter de l'intention (qui ravit les jurys de Cannes, évidemment) ; en plus, ici, on ne retrouve pas le langage parfois un peu radical (ou pénible) des deux frères ; le récit n'est pas passionnant à suivre, assez quelconque même si les acteurs sont plutôt bons. Enfin, il faut bien sûr donner de la visibilité à certains films - notamment les films à fort message social - mais là... on peut se demander si ça en vaut vraiment la peine pour ce genre de films (ceux qui sonnent un peu comme un film de bonne conscience) ; il y avait quand même de bons films en compétition cette année : le superbe Conte de Noël de Desplechin ou même le beau My magic d'Eric Khoo. |
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Emeryck Mélomane chevronné
Nombre de messages : 14467 Age : 26 Localisation : Bochum. Date d'inscription : 27/07/2012
| Sujet: Re: Votre dernier film visionné Jeu 26 Déc 2019 - 23:40 | |
| Michael Powell : Peeping Tom 1960 + C'est vraiment un beau film, qui fut pourtant un échec total à sa sortie. Le début me semble très important puisqu'en quelques plans, il donne déjà le ton du film : le personnage principal filme tout ce qu'il voie et Powell nous montre cela en caméra subjective avec un viseur en plein milieu de l'écran. Le thème du voyeurisme au cinéma est assez commun mais le réalisateur pousse ici cette thématique beaucoup plus loin, il ne s'agit plus simplement d'observer l'acte de voyeurisme mais d'y introduire une dimension profondément réflexive (je crois que Powell s'amuse un peu des films qui montrent classiquement le voyeurisme lors de la scène où un homme vient acheter des journaux puis finit par acheter des photos érotiques, oubliant ainsi les journaux pour lesquels il était pourtant venu) : c'est la peur exprimée qui choisit les victimes de ce dernier. La composante projective du spectateur est donc très fortement malmenée - et c'est sans doute ce qui a été mal reçu à l'époque - puisque le spectateur est placé à la fois dans la position du voyeur mais aussi de la victime. Au-delà de ça, le film est parsemé de superbes lumières, mettant en avant l'aspect fabriqué du cinéma - sans doute le seul moyen de distanciation dans le film mais qui n'est pas si effectif que ça puisque dans le film est tourné un film et Mark film en dehors du film dans le film. Les scènes dans la chambre noire sont vraiment superbes. C'est une très belle découverte. |
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| Sujet: Re: Votre dernier film visionné | |
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| Votre dernier film visionné | |
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