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| Friedrich Cerha (*1926) | |
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Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Friedrich Cerha (*1926) Jeu 12 Sep 2019 - 23:30 | |
| On pourra consulter sa notice dans la banque de données de l'IRCAM: http://brahms.ircam.fr/friedrich-cerha#bio Cerha est né en 1926 à Vienne - il est donc de la génération de Darmstadt. J’ai l’impression que, malgré sa production très prolifique, sa reconnaissance comme compositeur est en fait assez tardive (à partir des années 2000.) On dirait qu’il a longtemps été une sorte de «compositeur pour les compositeurs»: Spiegel, son œuvre-clé des années 60, est ainsi perçue comme un jalon essentiel par de nombreux compositeurs de sa génération ou des générations suivantes, tous courants esthétiques confondus (voir, dans la notice de son enregistrement, les témoignages de Kurtág, Lachenmann, Zender, Ferneyhough, Haas, Furrer, Bernhard Lang, Jarrell, André, Rebecca Saunders, Sánchez-Verdú, Gander, Staud, Parra...), mais elle est moins souvent jouée que les œuvres-phares composées à la même époque par Boulez, Stockhausen ou Ligeti. Sans doute son œuvre a-t-elle aussi été éclipsée, au moins en Autriche et dans le monde germanique, par son activité de chef et d’acteur de la vie culturelle (co-fondateur de l'ensemble de musique contemporaine Die Reihe, de la Société Joseph Marx - oui, oui, le Joseph Marx de la Herbstsymphonie: les attaches de Cerha avec le postromantisme viennois sont très fortes, et patentes dans certaines de ses compositions), de pédagogue (il a notamment été le professeur de Georg Friedrich Haas) et surtout pour avoir achevé le troisième acte de Lulu. Voici donc ce qui s'est dit à son sujet en Playlist, ces derniers jours: - Benedictus a écrit:
• 8 Sätze nach Hölderlin-Fragmenten (1995) pour sextuor à cordes. Quintette pour hautbois et quatuor à cordes (2007). 9 Bagatellen (2008) pour trio à cordes Swiss Chamber Soloists Zürich, 2015 Claves Un disque vraiment somptueux: de la très, très grande musique de chambre contemporaine, typique du dernier Cerha - synthétisant certains langages du second XXᵉ dans un geste expressif et des couleurs très bergiens. Je vais tâcher de créer une page Cerha ces prochains jours (il y a notamment des notes éparses très éclairantes de lulu qu’il faudrait collationner.)
- lulu a écrit:
- Benedictus a écrit:
- (il y a notamment des notes éparses très éclairantes de lulu qu’il faudrait collationner.)
C’est gentil mais il ne me semble pas avoir écrit quoi que ce soit de très intéressant ou d’éclairant à ce sujet. En fait je serais bien en peine d’en écrire plus de cinq ou dix petites lignes. Mais j’ai bien aimé cet album aussi. - docteur mabuse a écrit:
KAIROS (2011)
Friedrich Cerha (1926-) Und du... (1963) pour orchestre, voix et électronique Verzeichnis (1969) pour 16 voix Für K (1993) pour ensemble
Chouette monographie. Je connais mal ce compositeur. Son style est très caractéristique de son époque mais ça a plutôt bien vieilli. - Benedictus a écrit:
• Spiegel I-VII (1960-61) pour grand orchestre, orchestre à cordes et bande Sylvain Cambreling / SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg Bregenz, VII.2006 Kairos
C’est tellurique, démesuré, fascinant, d’une ambition folle et incroyablement maîtrisé - et assez écrasant (et très différent des séductions du Cerha bergien des années 90-2000.) À une première écoute au disque, on se dit: 1. que ce doit être une expérience totalement prodigieuse (mais sans doute éprouvante) en salle; 2. que c’est probablement un des jalons essentiels du second XXᵉ, à la fois monumental et fécond. (Il semble d’ailleurs qu’elle ait marqué bon nombre de compositeurs.) Je pense qu’il me faudra beaucoup de réécoutes pour assimiler totalement cette somme.
- lulu a écrit:
- Benedictus a écrit:
- (et très différent des séductions du Cerha bergien des années 90-2000.)
oui, entre le Cerha bergien, varéso-bergien, sonoristique autour de 1960 (n’oublions pas que Ligeti était à Vienne à l’époque et que c’est Cerha qui a créé le concerto de chambre avec son ensemble), et même du cabaret dada avec Eine Art Chansons, sans parler des cantates et des opéras, c’est un compositeur plutôt diversifié. - Benedictus a écrit:
- En effet, la façon dont il parvient à s’assimiler des langages et des esthétiques très hétérogènes (son utilisation de la technique arabe du maqam dans son premier quatuor est vraiment très étonnante) est tout à fait remarquable.
Puisque tu parles de Ligeti, j’ai aussi été très frappé dans Spiegel par la façon dont les arrière-plans micro-tonaux proto-ligetiens semblent investir les interstices entre les espèces de masses orchestrales qui se fracassent les unes contre les autres. C’est d’autant plus étonnant que cette hétérogénéité, au lieu de donner une impression de «collage» polystylistique s’intègre vraiment dans quelque chose de très organique - on dirait des espèces de ramifications qui se différencient de plus en plus plus.
Et ça:
• Monumentum für Karl Prantl (1988) pour grand orchestre Dennis Russel Davies / ORF Radio-Symphonieorchester Wien Vienne, V.2001 Kairos
C’est également une œuvre très singulière - qui fait elle aussi penser par endroits à Ligeti, mais qui tresse encore des choses très différentes, notamment avec un travail assez singulier sur la répétition (les boucles à l’orgue, quasi-minimalistes) et sur la progression (les épisodes de poussée mélodique scandée aux cordes graves), avec des effets de résurgence très prenants. Et là aussi, ça touche d’emblée, la saisie est très directe (il y a des moments très immédiatement beaux, ou très immédiatement expressifs, mais d’une façon presque néo - d’ailleurs, c’est Russell Davies qui dirige) mais j’ai en même temps l’impression qu’il me faudra du temps pour vraiment embrasser toute sa complexité. Et voici les deux notices de lulu auxquelles je faisais allusion: - lulu a écrit:
Cerha (1928), autrichien. Récemment, la reconnaissance de Cerha a dépassé celle d’un « Monsieur troisième acte », et plusieurs cd ont été enregistrés chez Kairos avec une grande partie d’œuvres récentes. Le langage reste grosso modo dans la lignée de Berg (avec influences varésiennes et ligetiennes). - lulu a écrit:
(2000 à 2009)
À mon avis un très beau cd de Friedrich Cerha (1926) dont on vient de fêter le quatre-vingt-dixième anniversaire. La comparaison avec Berg est un peu facile (et elle ne dit pas tout, loin de là), mais pour l’instant je ne vois pas mieux. (Du même Cerha il faut encore que j’écoute le dernier Kairos paru, avec deux œuvres récentes.) À propos de Cerha j’ai écouté quelques-uns des cd du coffret Dokumente publié par l’ORF, et j’y vois un peu plus clair dans son œuvre. Grosso modo, il y a une période néo-classique (années 40), puis cela devient plus moderne et sériel, et se rapproche rapidement (fin des années 50) je trouve de l’avant-garde polonaise (Serocki, notamment), et arrive assez naturellement à Spiegel et quelques autres œuvres autour de 1960 qui utilisent une écriture très impressionnante par effets de masses. Puis les années 60 (et début 70) sont encore assez remplies, mais je n’ai pas encore pu écouter beaucoup de choses malheureusement ; cela semble déjà plus proche de sa production récente. Après ça on a un nombre réduit d’œuvre mais de grande ampleur, opéras et cantates notamment. C’est seulement à partir de la toute fin des années 80 que le nombre d’œuvre s’accroit considérablement, autant du côté de l’orchestre que de la musique de chambre, et il me semble qu’on est encore aujourd’hui dans cet élan créateur. C’est là sans doute que la comparaison avec Berg est la plus évidente. À 90 ans Friedrich Cerha participe pleinement à la vie artistique de son pays et prend part aux grands festivals européens. J’avais également écrit ceci dans le fil Le quatuor à cordes dans la musique contemporaine: - Benedictus a écrit:
• Quatuors à cordes n°1 (1989), n°2 (1989-90) et n°3 (1991-92) Quatuor Arditti Wuppertal, VII.1997 CPO
Décidément un compositeur que j’aime de plus en plus... (Ce serait peut-être bien de lui consacrer un fil - il me semble d’ailleurs que Lucien en avait fait une excellente présentation synthétique dans un des fils généralistes consacrés à la musique contemporaine.)
Le premier quatuor est très original: en un seul mouvement (divisé en 11 section) et où la pensée post-sérielle rencontre la technique arabe traditionnelle du maqam (des modèles canoniques qui proposent, à partir d’une note fondamentale, une série de formules mélodiques par micro-intervalles libres de toute mesure rythmique): musique sinueuse, presque labyrinthique, d’une grande variété d’intonations et de rythmes.
Le deuxième, tout en s’inspirant lui aussi de musiques extra-occidentales, s’inscrit en revanche à l’oreille dans l’héritage du premier XXᵉ siècle mitteleuropéen (on pense à Berg, à Bartók): grand mouvement en arche, désagrégation du tissus mélodique, atmosphère dramatique et anxieuse - l’extrême fin, avec sa succession de grands accord qui retombent dans le silence est très impressionnante.
Le troisième s’inscrit lui aussi dans la continuité des Viennois, mais plutôt sur le versant expressionniste et fragmenté: six brefs mouvements denses, tendus et parfois véhéments. Une œuvre exigeante mais qui saisit assez immédiatement l’auditeur par son énergie et ses climats. Je crois également avoir dit beaucoup de bien, dans des Playlists anciennes, de ces deux disques, qui illustrent au mieux le versant postromantico-moderne (façon École de Vienne) de son œuvre: • Nacht (2012/13) pour grand orchestre¹. Drei Orchesterstücke: Berceuse céleste (2006), Intermezzo (2010/11), Tombeau (2011)²Emilio Pomàrico / SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg¹. Jukka-Pekka Saraste / WDR Sinfonieorchester Köln² Donaueschingen, X.2014¹. Cologne, II.2014² Kairos• Concerto pour violoncelle et orchestre (1989-96)Heinrich Schiff (violoncelle), Peter Eötvös / Orchestre de Chambre de la Radio des Pays-Bas Hilversum, IX.2003 ECM New Series(Couplé à une magnifique lecture de la Symphonie de chambre de Schreker - rapprochement assez pertinent: il y a vraiment quelque chose dans la façon de juxtaposer des strates aux textures très prononcées et aux langages hétérogènes, avec des arrière-plans très foisonnants et des premiers plans mélodiques et très denses.) |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Ven 13 Sep 2019 - 0:37 | |
| Merci. - Benedictus a écrit:
- On dirait qu’il a longtemps été une sorte de «compositeur pour les compositeurs»: Spiegel, son œuvre-clé des années 60, est ainsi perçue comme un jalon essentiel par de nombreux compositeurs de sa génération ou des générations suivantes, tous courants esthétiques confondus (voir, dans la notice de son enregistrement, les témoignages de Kurtág, Lachenmann, Zender, Ferneyhough, Haas, Furrer, Bernhard Lang, Jarrell, André, Rebecca Saunders, Sánchez-Verdú, Gander, Staud, Parra...), mais elle est moins souvent jouée que les œuvres-phares composées à la même époque par Boulez, Stockhausen ou Ligeti.
Précisons que dans sa version complète l’œuvre a été créée à Graz en 1972, quand la génération de Haas et Furrer avait à peine vingt ans. Je suppose que ce délai entre la composition et la création d’une « œuvre-clé » doit faire sentir que, contrairement à ses contemporains auxquels tu fais allusion, la carrière de compositeur de Cerha a pris des chemins de traverse. C’était d’abord la baguette de l’ensemble „die reihe“ (1958) et sa participation à la vie musicale autrichienne, puis il a été Monsieur Troisième Acte... Sa reconnaissance comme compositeur est, je crois, beaucoup plus récente. Quant aux témoignages de la notice, on pourra les retrouver ici : https://www.kairos-music.com/sites/default/files/downloads/0013002KAI-klein.pdf |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5766 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Ven 13 Sep 2019 - 11:57 | |
| S'il y avait 2-3 oeuvres à découvrir de lui, lesquels recommanderiez-vous ? Plutôt versant Ligeti-Berg que Boulez-Ferneyhough en ce qui me concerne... |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Ven 13 Sep 2019 - 12:55 | |
| Ce disque-ci me semble répondre assez idéalement à ta question: - Benedictus a écrit:
• Nacht (2012/13) pour grand orchestre¹. Drei Orchesterstücke: Berceuse céleste (2006), Intermezzo (2010/11), Tombeau (2011)² Emilio Pomàrico / SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg¹. Jukka-Pekka Saraste / WDR Sinfonieorchester Köln² Donaueschingen, X.2014¹. Cologne, II.2014² Kairos |
| | | Eusèbe Mélomaniaque
Nombre de messages : 1599 Age : 48 Localisation : Paris/ Lille Date d'inscription : 23/09/2014
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Ven 13 Sep 2019 - 16:16 | |
| J'en prends bonne note, ça me semble le genre de chose que j'aime |
| | | Cello Chtchello
Nombre de messages : 5766 Date d'inscription : 03/01/2007
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Sam 21 Sep 2019 - 21:17 | |
| - Benedictus a écrit:
... Ce disque-ci me semble répondre assez idéalement à ta question:
• Nacht (2012/13) pour grand orchestre¹. Drei Orchesterstücke: Berceuse céleste (2006), Intermezzo (2010/11), Tombeau (2011)² Emilio Pomàrico / SWR Sinfonieorchester Baden-Baden und Freiburg¹. Jukka-Pekka Saraste / WDR Sinfonieorchester Köln² Donaueschingen, X.2014¹. Cologne, II.2014² Kairos Bonne pioche, en effet. Je dois avouer m'être d'abord jeté sur son concerto pour violoncelle. On ne se refait pas. Œuvre remarquable, qui m'a surtout impressionné par l'économie magistrale de l'orchestration, très éloignée des pelletées de gros clusters que je redoutais. Tout au contraire, elle se déploie comme un discours quasi-ininterrompu du soliste rehaussé de façon aussi fine qu'efficace par les autres instruments. Je retiens en particulier le jeu d'ombres et de reliefs entre le violoncelle et le saxophone soprano dans le premier mouvement et l'introduction du 2ème, qui évoque un levé de soleil sur un délicat balancement minimalo-atonal de la flûte et du vibraphone, suivi d'un somptueux solo de hautbois et de vagues d'harmonies presque lascives aux cordes. Ce mouvement est d'ailleurs à mon sens le plus marquant, poétique de bout en bout. De façon générale, la récurrence de fragments mélodiques atonaux mais au contours nets sertis dans des traits rythmiques vigoureux mais pas agressifs guide l'oreille, tant dans le I que dans le II. Je suis plus réservé sur le III bien que les pizzicati en guise de clin d’œil final m'aient fait sourire. Quant à Nacht, c'est surtout son côté incroyablement tactile que je retiens. On invoquait Ligeti, mais là où ce dernier procède souvent par superposition graduelle de notes tenues, chaque addition venant altérer/saturer la coloration de la masse, j'ai eu avec Cerha plus l'impression d'un processus physique. Par deux fois dans les 5 premières minutes un écoulement de grains de sable semble soudain s'effilocher comme un pull en laine avant de retomber en billes de verre. Et il est toujours impossible de décider précisément où la transformation s'opère, mais une fois faite elle est irréversible et "parfaite". Une maîtrise de sculpteur... |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Dim 22 Sep 2019 - 0:06 | |
| J’aime beaucoup le Tombeau. C’est une pièce beaucoup plus simple dans son dispositif que Nacht, pas du tout la même complexité orchestrale, ici c’est le déploiement chromatique qui pourrait me faire penser à Ligeti, mais pour les textures on en est très loin, plutôt un genre de nocturne post-romantique — y a même quelque chose qui me rappelle le Nocturne symphonique de Busoni — formaliste qui s’accroit et décroit de façon systématique. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Dim 22 Sep 2019 - 0:17 | |
| @ Cello: @ lulu: C'est amusant que tu dises ça, parce que moi aussi les trois pièces pour orchestre m'ont beaucoup fait penser au Busoni orchestral postromantique et formaliste (j'ai même l'impression que la Berceuse céleste renvoie assez explicitement à la Berceuse élégiaque.) |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Dim 22 Sep 2019 - 15:03 | |
| Petit tour de la discographie par label. ORFCoffret de douze cds, je détaille un peu. Ein Buch von der Minne (1946–64) lieder pour voix et piano [extraits] Divertimento (1954) pour 8 vents et percussion Zehn Rubaijat des Omar Chajjam (1949–55) pour chœur mixte Konzert für Klavier und Orchester (1951–54) Je dirais essentiellement néoclassique puis dodécaphonique. * Espressioni fondamentali (1957) pour orchestre Relazioni fragili (1956–57) pour clavecin et ensemble Intersecazioni (1959/73) pour violon et orchestre Fort intéressant car documente une période pas bien connue de Cerha je crois. Musique tout à fait caractéristique de l’avant-garde européenne d’alors (rien que les titres...), entre (post)sérialisme et début du sonorisme. * Mouvements (1959) pour orchestre de chambre Fasce (1959/74) pour orchestre Spiegel (1960–61) [1, 4, 7] C’est la brève période du sonorisme pur, ou comme on dit en allemand de la Klangkomposition. Les Mouvements se distinguent des deux autres œuvres par l’effetif réduit et la place centrale des percussions. * Und du... (1963) pour récitant, voix et orchestre Verzeichnis (1969) pour chœur à 16 voix Langegger Nachtmusik I (1969) pour orchestre On retrouvera les deux premières œuvres sur l’une des monographies Kairos. Première étape de l’après- Spiegel. Comme dirait Docteur Mabuse, le style est caractéristique de son époque. J’ai un peu de mal avec ce genre de grandes œuvres vocales quasi « expérimentales » (Zimmermann n’est franchement pas loin). J’aime bien par contre Langegger Nachtmusik I, plus classique. * Netzwerk (1962–67) Baal (1974–80) Pas écouté ces deux opéras / œuvres scéniques qui occupent cinq cds du coffret. * 1. Keintate (1980–82) pour chansonnier et instruments Eine Art Chansons (1985–87) pour chansonnier et piano, contrebasse et percussion [extraits] Démarche similaire (cabaret viennois) et à la fois différente dans ces deux œuvres. L’une d’après des textes de Ernst Kein, de l’autre du groupe de Ernst Jandl et Gerhard Rühm, ce qui doit déjà je suppose indiquer pas mal sur ces deux œuvres. D’un côté une exploration sarcastique du folklore viennois, de l’autre c’est plutôt l’esprit Dada avec référence à Schwitters également. * 1. Streichquartett „Maqam“ (1989) Saxophone-Quartett (1995) Acht Sätze nach Hölderlin-Fragmente (1995) pour sextuor à cordes Nouvelle période créatrice, ici de la musique de chambre donc en gros c’est le grand retour de Berg et de Bartók. Pour le premier quatuor je renvoie au commentaire qu’en a fait Benedictus. * Langegger Nachtmusik III (1990–91) pour grand orchestre Phantasiestück in C.’s Manier (1989) pour violoncelle et orchestre Impulse (1992–93) pour orchestre Du côté de l’orchestre à la même époque. Des œuvres assez diverses, retour à Berg très sensible ici aussi mais à côté de beaucoup d’autres influences, et toujours ce gout pour l’intégration d’éléments étrangers. Le Phantasiestück est en fait le deuxième mouvement du futur concerto pour violoncelle. ** Concerto (1949) pour orchestre à cordes Triptychon (1951) pour orchestre de chambre Curriculum (1972–73) pour 13 vents Quellen (1992) pour ensemble Für K (1993) pour ensemble Curieux album. Deux œuvres néoclassiques d’abord, pas très intéressantes à mon avis. Puis une pièce des années 70 qui se révèle en fait certes un peu moins tonale mais également néoclassique, ça ressemble bizarrement à un divertimento pour vents composé dans les années 30 (néoclassique dissonnant), pas mon genre. Et enfin deux œuvres pour ensemble des années 90 aux forts caractères : Quellen qui navigue entre cristallinité boulézienne et motorisme bartókien et Für K qu’on retrouvera aussi sur une monographie Kairos. ** Baal-Gesänge (1981) pour baryton et orchestre Requiem für Rikke (1989) pour ténor et orchestre Il me semble qu’on est là tout à fait dans la tradition du cycle de lieder orchestraux post-romantique germanique. Ici aussi il intègre des éléments étrangers (par exemple un combo de jazz). Si je ne dis pas de bêtises ces Baal-Gesänge sont la réédition d’un disque Eterna.Je continue un peu plus tard.
Dernière édition par lulu le Lun 23 Sep 2019 - 20:44, édité 1 fois |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Dim 22 Sep 2019 - 17:13 | |
| Col LegnoFasce (1959/74) pour grand orchestre Konzert für Violine und Orchester (2004) Fasce est l’œuvre qui précède Spiegel, et de langage similaire. Comme on s’en doute le concerto pour violon est beaucoup plus bergien. ** Spiegel (1960/61) pour grand orchestre et bande magnétique Monumentum für Karl Prantl (1988) pour grand orchestre Für K (1993) pour orchestre de chambre Une version de Spiegel alternative à celle parue chez Kairos, il s’agit de l’ochestre de la radio en 1996, dirigé par Cerha, qui nous donne aussi Für K avec le Klangforum. En bonus on a droit à Monumentum für Karl Prantl dirigé par Gielen (œuvre qui accompagne également Spiegel chez Kairos). |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Dim 22 Sep 2019 - 18:07 | |
| KairosSpiegel (1960/61) pour grand orchestre et bande magnétique Monumentum für Karl Prantl (1988) pour grand orchestre Momente (2005) pour orchestre Voyez les commentaires de Benedictus. Il n’a pas fait de commentaire sur l’œuvre la plus récente du disque, mais je dirais que ce qu’il a dit sur Monumentum reste tout à fait valable pour Momente. ** Bruchstück, geträumt (2009) pour ensemble Neun Bagatellen (2008) pour trio à cordes Instants (2006/7) pour orchestre C’étaient des œuvres toute récentes à l’époque de la sortie du disque... J’aime bien Bruchstück, gesträumt, que je trouve moins lourd que Momente ou Instants (qui sont à peu près dans le même style). Quant aux Bagatelles elles sont tout à fait admirables à mon avis. ** Und du... (1963) pour récitants et orchestre Verzeichnis (1969) pour 16 voix Für K (1993) pour ensemble Ce cd et ces œuvres ont déjà été évoquées, je passe. ** Konzert für Schlagzeug und Orchester (2007/8 ) Impulse (1992/93) pour orchestre Ah il est très bien ce concerto mais franchement j’ai du mal à lui trouver ce truc « en plus ». En parlant de percussion on a peut-être pas assez dit qu’elles ont souvent un grand rôle dans la musique de Cerha. Quant à Impulse, « des figures d’une nature violente et passionnée y alternent avec d’autres d’une expression calme, méditative ou élégiaque, parfois opposées de manière abrupte aux premières. À côté de ça, il y a des gestes, souvent mis en relief quant à leur dynamique, qui lancent un processus conduisant de façon continue vers des situations nouvelles. » ** Nacht (2012–13) pour orchestre Drei Orchesterstücke (2006–11) Cf. discussions plus haut. ** Eine Art Chansons (1985–87) pour voix, percussionniste, piano et contrebasse Voir plus haut. |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Lun 23 Sep 2019 - 2:21 | |
| Merci lulu et Benedictus Ça fait déjà pas mal de choses à découvrir, mais je vois que son catalogue est encore très très vaste et que tout est loin d'avoir été publié au disque ! A vous lire, on n'a pas l'impression qu'il y ait une grande ligne directrice dans toute son oeuvre ... Personnellement, il y a des choses néoclassiques ou post-romantiques « bergiennes » qui me semblent moins engageantes |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Lun 23 Sep 2019 - 11:58 | |
| Ce n’est pas fini ! Je pense avoir fait le tour des monographies éditées par des labels autrichiens, à présent au tour de l’Allemagne (et de la Suisse), où vous trouverez de la musique de chambre des années 90 et 2000 ! Tout ça est très bien honnêtement (il y a juste le disque du Boulanger Trio que je n’ai pas encore écouté). CPOQuatuor à cordes nº1 (1989) Quatuor à cordes nº2 (1989–90) Quatuor à cordes nº3 (1991–92) 8 Sätze nach Hölderlin-Fragmenten (1995) Benedictus a déjà parlé de ce disque. ** NeosCinq pièces pour clarinette, violoncelle et piano (2000) Huit bagatelles pour clarinette et piano (2009) Quintette pour clarinette et quatuor à cordes (2004) * Quatuor à cordes nº3 (1991–92) Quatuor à cordes nº4 (2001) 8 Sätze nach Hölderlin-Fragmenten (1995) pour sextuor à cordes ** AviCinq mouvements pour trio avec piano (2007–8 ) Rhapsodie (2001) pour violon et piano Trois pièces pour violoncelle et piano (2013) Six inventions pour violon et violoncelle (2005–6) Nachstück (2005) pour trio avec piano ** Claves8 Sätze nach Hölderlin-Fragmenten (1995) pour sextuor à cordes Quintette pour hautbois et quatuor à cordes (2007) Neuf bagatelles pour trio à cordes (2008) Disque dont Benedictus a également déjà parlé. |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Lun 23 Sep 2019 - 19:08 | |
| Magnifique panorama, merci! - lulu a écrit:
Baal-Gesänge (1981) pour baryton et orchestre Requiem für Rikke (1989) pour ténor et orchestre
Il me semble qu’on est là tout à fait dans la tradition du cycle de lieder orchestraux post-romantique germanique. Ici aussi il intègre des éléments étrangers (par exemple un combo de jazz). Si je ne dis pas de bêtises ces Baal-Gesänge sont la réédition d’un disque Eterna.
Je crois en fait que, pour les Baal-Gesänge l'enregistrement Eterna (publié en CD sous label Berlin Classics) et celui publié par l'ORF sont différents: le baryton est le même dans les deux (Theo Adam), mais dans le premier c'est avec Kurt Masur et le Gewandhaus de Leipzig, et dans le second avec Cerha et le RSO Wien. - docteur mabuse a écrit:
- A vous lire, on n'a pas l'impression qu'il y ait une grande ligne directrice dans toute son oeuvre ...
Personnellement, il y a des choses néoclassiques ou post-romantiques « bergiennes » qui me semblent moins engageantes Je trouve d'ailleurs que de ce point de vue-là, il a pas de mal de points communs avec Rihm: une ou deux œuvres qui ont vraiment fait époque, un catalogue très vaste et d'une incroyable versatilité esthétique (de l'avant-gardisme radical au quasi néo) - et beaucoup de choses vraiment très belles. |
| | | / Mélomane chevronné
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| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Lun 23 Sep 2019 - 20:43 | |
| - Benedictus a écrit:
- Je crois en fait que, pour les Baal-Gesänge l'enregistrement Eterna (publié en CD sous label Berlin Classics) et celui publié par l'ORF sont différents: le baryton est le même dans les deux (Theo Adam), mais dans le premier c'est avec Kurt Masur et le Gewandhaus de Leipzig, et dans le second avec Cerha et le RSO Wien.
Bien vu, je n’avais pas vérifié ! Heureusement l’enregistrement avec Masur a été réédité (plus logiquement) par Berlin Classics, dans un couplage pertinent (bien sûr j’ai une copie de ce disque aussi ) : |
| | | Benedictus Mélomane chevronné
Nombre de messages : 15565 Age : 49 Date d'inscription : 02/03/2014
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Sam 7 Nov 2020 - 12:08 | |
| • Eine Art ChansonsHK Gruber (chansonnier), Kurt Prihoda (percussion), Rainer Keuschnig (piano), Josef Pitzek (contrebasse) Vienne, VI.1988 KairosDans les années 50, Cerha livre ce cycle de chansons de cabaret qui mêlent poésie phonétique dadaïste (un des textes mis en musique est d’ailleurs de Schwitters), poésie satirique populaire typiquement viennoise, climats jazzy nébuleux (vibraphone et contrebasse), allusions dégingandées à Satie et à Johann Strauss, moments plus exaltés-suspendus crypto-weberniens… Autant dire que c’est très étonnant de la part du compositeur des compositions avant-gardistes ambitieuses et monumentales des années 60 ( Spiegel), des œuvres ligeto-bergiennes expressives et séduisantes des années 90-2000 (Concerto pour violoncelle, Nacht…) Cela dit, la versatilité et l’originalité de «Monsieur troisième acte» n’est pas non plus une nouveauté (ses deux premiers quatuors à cordes écrits dans à la fin des années 80 utilisaient avec une maîtrise étonnante la technique et la forme du maqam!) Contre toute attente (en général, je suis assez réfractaire au genre «cabaret grinçant-déglingué»), j’ai beaucoup aimé: musicalement, c’est plus varié et raffiné qu’il n’y paraît (dans un genre minimaliste, il y a de très belles textures instrumentales, de beaux élans mélodiques sans tonalité), le disparate y est en fait très structuré - et j’ai une vieille affinité pour la saveur du dialecte populaire viennois! |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Jeu 16 Fév 2023 - 17:18 | |
| Friedrich Cerha est mort le jour de St Valentin. Jouons Eine Art Chansons en sa memoire! https://www.gramophone.co.uk/features/article/a-tribute-to-friedrich-cerha-who-has-died-at-the-age-of-96 |
| | | gluckhand Mélomane chevronné
Nombre de messages : 4967 Localisation : Amiens Date d'inscription : 15/07/2013
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Jeu 2 Mar 2023 - 16:45 | |
| Friedrich Cerha: Konzert für Violine und Orchester (2004)
Friedrich Cerha (1926-2023) Konzert für Violine und Orchester (2004) 00:00 I. Rhapsodie 10:36 II. Nachtstück 19:44 III. Finale rapsodico Ernst Kovacic, violon ORF Radio-Symphonieorchester Wien Bertrand de Billy, chef d’orchestre Première mondiale, 18 décembre 2005, Konzerthaus Wien
D'après l'Ircam Cerha avait étudié le violon avec Vasa Prihoda,et ce concerto est magnifiquement écrit pour le violon.Dans toute grande oeuvre ,il y a du lyrisme et ce concerto s'inscrit dans la lignée qui va de Berg, Bartok ,jusqu'à Harrison Birtwistle,et d'autres concertos , que j'oublie.Ernst Kovacic, au violon s'en sort magnifiquement.Il y a une grande richesse du tissu musical et une grande varièté de couleurs,dans cette oeuvre ,qui en font un concerto ,très attachant.
Pour l'écouter/ www.youtube.com/watch?v=/V2kxp3IiUc4 |
| | | / Mélomane chevronné
Nombre de messages : 20537 Date d'inscription : 25/11/2012
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Mer 15 Mar 2023 - 9:02 | |
| Assez impressionné par l’œuvre que j’ai écoutée cette nuit, Jahrlang ins Ungewisse hinab, pour orchestre de chambre avec voix (1995/96). Ça reste du Cerha (quasi) orchestral, donc c’est bien chargé chromatiquement et instrumentalement, mais je l’ai trouvé plus rihmien que d’habitude ici. Surtout, j’ai trouvé l’œuvre très belle et prenante. Beaucoup de travail sur la répétition et l’ondulation : une séquence nait et d’évanouit peu après, puis renait un peu différente, etc., comme une vague. Beaucoup de choses très pulsées du point de vue des rythmes aussi, en plus de l’ondulation plus lente. Et puis tout ceci laisse place à une dernière section beaucoup plus éthérée où la soprano, l’accordéon et l’orgue sont centraux.
https://www.deutschlandfunkkultur.de/klangforum-wien-e-pom-rico-werke-von-neuwirth-paxton-furrer-berio-cerha-dlf-kultur-86e79330-100.html (l’œuvre commence à 1:23:15) |
| | | Mandryka Mélomaniaque
Nombre de messages : 928 Date d'inscription : 03/04/2010
| Sujet: Re: Friedrich Cerha (*1926) Sam 18 Mar 2023 - 15:02 | |
| Je suis d'accord, vraiment très intéressant. Très bon la façon dont il crée de la tension. Savez-vous quand il l'a composé ?
Cela me semble un peu plus fluide que la musique de Rihm. Ça me rappelle plus le minimalisme de Sciarrino. Mais enfin je ne sais pas!
Merci pour le heads up. |
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| | | | Friedrich Cerha (*1926) | |
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