Playlist (140)

Mélomaniac a écrit:

Anaxagore a écrit:

Ben. a écrit:

C'est très très bien Zelenka ! J'en parlais récemment ici.
Il y a des choses que j'adore, comme le Misere, le Requiem ou le Psaume De Profundis !
J'aime autant sa musique sacrée que profane.

Idem. Tout ce que j'ai entendu de Zelenka à ce jour m'a en effet plu  

Et la Missi dei Filii par Frieder Bernius (DHM) !

En effet, j'ai ça dans mes rayons  ...

• Saint-Saëns: Concerto pour violon et orchestre nº3 en si mineur, op. 61:

Tatiana Samouil (violon), Christian Arming / Orchestre Philharmonique Royal de Liège
Liège, II, III & VII.2013
Zig-Zag Territoires

• Vieuxtemps: Concerto pour violon et orchestre nº2 en fa dièse mineur, op. 19:

Chloë Hanslip (violon), Martyn Brabbins / Orchestre Philharmonique Royal de Flandres
Anvers, VII.2011
Hyperion

Écouté suite aux échanges avec Roupoil au sujet de la Symphonie espagnole de Lalo. Et franchement, c’est sans comparaison... Le Saint-Saëns est un somptueux chef-d’œuvre, et le Vieuxtemps, sans être sur les mêmes sommets est tout de même d’une fort belle tenue. (Et pourtant, Dieu sait que ce n’est pas le genre musical ni le type de langage qui m’électrise beaucoup.)

Sinon, n’étant pas du tout spécialiste du violon virtuose, je ne saurais trop me prononcer sur les interprètes (je les ai toutes deux choisies pour la poésie de leurs patronymes, surtout dans le contexte d’un répertoire francophone) mais elle m’ont paru tout à fait excellentes - et ces deux orchestres belges et leurs chefs sont vraiment superlatifs.

Catégorie orchestrale -rang 222°/250




Leif Segerstam (1944-)


6) Einojuhani Rautavaara (1928-2016) :

Symphonie n°7 "L'Ange de Lumière"
Symphonie n°8 "Le Voyage"

= Leif Segerstam, Orchestre philharmonique d'Helsinki

(Ondine, août 1995 - mai 2001)

Toutes les symphonies de Rautaavara ne m'enthousiasment pas au même degré (les 5° et 6° m'ennuient passablement), son parcours s'est influencé de divers courants, y compris le sérialisme (4°), et culmine dans les deux dernières qui sont pour moi les chefs-d'œuvre de la série, et parmi mes pièces orchestrales préférées parmi ce que je connais du répertoire contemporain. Pour oser quelques repères simplistes, leur cosmos se situe entre la 7° de Sibelius, la Sinfonia Antarctica, Granville Bantock et les pâtisseries hollywoodiennes. Du new age contemplatif et mystique, fasciné et fascinant. Superbement écrites, dans un langage tonal mais pas naïf, à la fois diaphanes et richement orchestrées, intimes et grandioses. Comparé à John Tavener ou Arvo Pärt, l'inspiration me semble plus paysagiste, comme puisée dans la poésie de la nature, dans un décor de fjords et d'aurores boréales. Une Scandinavie fantasmée coulée dans une osmose qui envoûte aussitôt l'oreille. Les détracteurs vous diront qu'ils trouvent cela trop dénervé et étiré : un easy listening cédant à la facilité comme un fond sonore pour séance de sophrologie ? Mais justement, quand on veut se créer un cocon et s'abandonner au songe, je trouve ces univers aussi évocateurs que dépaysants.

Ainsi peut-on considérer, comme écrivait notre camarade Horatio, que la Symphonie n°7 constitue « la quintessence de Rautavaara dans l'art de l'orchestration : une musique intemporelle, irréelle et éthérées, aux couleurs transparentes et aux textures fuyantes. » Le titre « Ange de Lumière » se réfère à un archétype, celui « des anciennes traditions humaines et des compagnons immémoriaux ». Ces anges sont la « manifestation de réalités autres qui existent au-delà de celles dont nous sommes conscients » - et non pas « des anges du christianisme kitsch qui ressemblent à de jolies fillettes blondes en chemise de nuit et avec des ailes de cygne ».
Auréolé par quelques tintements, le Tranquillo s'éveille dans une torpeur brumeuse et inconfortable, progresse vers la lumière et l'assurance (1'45-), et s'épanouit dans un climax renforcé par les cuivres (3'50-4'40). Après cette majestueuse introduction, l'humeur se stabilise au gré de sporadiques interventions, dans une ambiance douce et sereine. Les tintements (8'07) amorcent une réexposition du premier matériau qui évolue rapidement vers un nouveau climax, fugace, laissant vite place à une quiétude mystique qui est l'impression dominante acquise au cours de ces douze minutes : elles montrent à elles-seules l'habileté à mener d'amples et mouvantes progressions qui s'organisent moins par logique structurelle que par instinct, et se relient en cela à un ordre supérieur dont les vecteurs inconscients ne sont pas le moindre charme, empreint de mystère.
Radical contraste avec le Molto Allegro, qui démarre persifleur et hâbleur (on se croirait chez Prokofiev), se délaye, s'effiloche dans un remarquable écheveau de tuilages luminescents (3'12), marque une pause (4'37)... qui s'impose sans se laisser détourner par les espiègles fanfares qui tentent vainement de relancer le motorisme initial.
Tout en suspension, en lueurs d'extase, le Come un Sogno s'installe dans un rêve aussi séduisant qu'impénétrable, dont les errances semblent ne jamais pleinement se réaliser, comme l'expression rampante et dissociatrice d'un conflit intérieur, comme un moi tiraillé par sa part d'ombre (pour filer une métaphore jungienne). L'apaisement semble néanmoins le tropisme directeur de cet adagio en camaïeu, qui s'effile en un impalpable solo de violon et s'évanouit dans les limbes. Comme si le temps s'abolissait, s'enlisait dans les propres rets de sa contemplation.
La dernière partie débute par un sombre et pesant choral, progresse par accords monolithiques aux cordes (d'une facture très vaughan-williamsienne) entrecoupées d'arabesques des vents qui peu à peu s'y fondent tandis que la trame s'épaissit et débouche sur un épisode intense. Comme dans le premier mouvement, ce palier laisse place à des commentaires décantés et rassérénés (5'22-) avant un nouvel épanouissement crescendo (7'05-), qui se dissout dans le silence.

Splendidement captée, l'interprétation de Segerstam ménage tout l'onirisme et fait jaillir avec une remarquable cohérence les accès de force de la partition, sans en briser le continuum. Cet enregistrement avait été nominé aux Grammy Awards. La notoriété de cet opus (écrit en 1994) valut à Rautavaara la commande de la symphonie suivante, pour le centième anniversaire de l'Orchestre de Philadelphie où elle fut jouée en 2001.
Selon Benedictus, « le langage semble s'inscrire sans arrière-pensée dans la continuité d'un certain post-romantisme sage, quelque part entre Atterberg et Korngold. »
Émané d'un brouillard où se filigrane le basson, l'Adagio assai illustre encore le goût du compositeur pour les vastes à-plats, les développements par nappes, tourmenté par des saillies de timbales et la tentation de gestes dramatiques vite escamotés au profit d'un cheminement à fleur de peau, comme froissé de souvenirs dolents, répondant au titre de l'œuvre (« le voyage »). L'on y sent toute l'émotion d'un regard dans le rétroviseur d'une existence. Quel magnifique climax, strié par la harpe (8'20) ! À l'instar de la 7°, un bref scherzo s'inscrit furtivement en contraste, comme si le fleuve de la vie traversait soudain un éclaboussant relief de cascades et cataractes, puis attacca rejoint le havre d'un Tranquillo tout en subtilité et bruissements. Particulièrement grandiose et solennelle, escortée par les cloches, la dernière partie est une des plus ouvertement mélodiques du corpus. Le flux s'évase, gonfle en apothéose (les gongs !) et se verse dans un « large delta menant à l'océan éternel », confirmant la portée symbolique voire métaphysique de cette trajectoire.
Là encore, la prestation de Segerstam s'avère magistrale. L'orchestre d'Helsinki trouve spontanément les tons, les matières, les émotions qui rendent cette lecture aussi somptueuse qu'habitée, à laquelle les micros d'Ondine offrent une perspective saisissante.

Anaxagore a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Moussorgski : Boris Godounov (Karajan)
Grandiose.  

Mais Karajan a enregistré la version édulcorée de Rimsky ; ... tu ne préfères pas la version originale  ?

J'avoue ne pas comprendre ce bashing systématique de la version Rimski.

Monteverdi  Vespro della Beata Vergine      La Tempête,simon pierre bestion

Original !

greg skywalker a écrit:

Monteverdi  Vespro della Beata Vergine      La Tempête,simon pierre bestion

Original !

Qu'est-ce qui fait l'originalité de cette version?

Benedictus a écrit:

greg skywalker a écrit:

Monteverdi  Vespro della Beata Vergine      La Tempête,simon pierre bestion

Original !

Qu'est-ce qui fait l'originalité de cette version?

l'orchestration alla-pluhar (fournie et exotique ) , les antiennes  "orientales" (voir les recherches de Peres ) , des faux-bourdons bizzares  etc ...
on est a mille lieues de Gardiner,Herreweghe , Savall, Alessandrini etc ...   Pour moi , ça renouvelle  l'écoute de cet chef d'oeuvre .

Anaxagore a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Moussorgski : Boris Godounov (Karajan)
Grandiose.  

Mais Karajan a enregistré la version édulcorée de Rimsky ; ... tu ne préfères pas la version originale  ?

Je l'aime bien aussi (j'ai Semkow), mais je prends cette version Karajan pour ce qu'elle est : flamboyante et spectaculaire.

Mélomaniac a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Schoenberg : 5 pièces pour orchestre (Gielen)

Rarement entendu une pièce n°2 (et un Farben) aussi poétique.

J'ai entendu récemment son interprétation chez Wergo (1987), je ne sais si c'est le même enregistrement, mais ça ne m'avait pas emballé.
Un peu plat, manque de force, et même quelques imprécisions dans Vorgefühle.

La version du coffret est un live.

Les Renaissanceries du week-end...





Au programme :  

   B. Tromboncino – J.P. Sweelinck – L. Senfl – G. Mainerio
   H.L. Hassler – J. Praetorius – F. Guerrero – T. Tallis

Cololi a écrit:

Anaxagore a écrit:

arnaud bellemontagne a écrit:

Moussorgski : Boris Godounov (Karajan)
Grandiose.  

Mais Karajan a enregistré la version édulcorée de Rimsky ; ... tu ne préfères pas la version originale  ?

J'avoue ne pas comprendre ce bashing systématique de la version Rimski.

Pour ce qui me concerne ce n'est pas vraiment un bashing. Je ne rejette pas du tout la version Rimsky et l'enregistrement de Karajan est, comme le dit Arnaud, somptueux. Mais j'ai un faible pour la version originale et pour les supposées « maladresses » de Modeste .

1) Bartolomeo Tromboncino (c.1470-1535) :

Quanta mai leggiadria
Poi chal fin
Come harò dunque
Tu Dormi

= Denis Raisin-Dadre, Ensemble Doulce Mémoire

(Astrée, septembre-octobre 1996)

Philippe Manoury : Saccades pour flûte et orchestre        2017-18 / Pahud, Gürzenich Orchester Köln (Roth)

2) Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) :

Toccate SwWV 282-284, 286, 288-290, 292-293, 295-297

= Leon Berben, clavecin Hill d'après I. Ruckers (1624)

(Aeolus, décembre 2011)

Beethoven - Sonate pour violon, no.9
De Maeyer; Kende

Cage - In a landscape
Stephen Drury

Église Peace Church de Camp Hill (États-Unis, -Pennsylvanie)


3) Jan Pieterszoon Sweelinck (1562-1621) :

Toccata en ut majeur

= Mark Brombaugh, orgue Doll / Noack de l'église Peace Church de Camp Hill

(OHS, juin 2003)

Cette charmante église, la plus ancienne conservée intacte dans le comté du Cumberland même si aujourd'hui désacralisée, fut achevée en 1799,
sur l'instance d'une congrégation protestante qui en partagea la fréquentation avec une autre communauté luthérienne, de 1806 à 1865.
Les fidèles commandèrent un instrument au facteur Conrad Doll de Lancaster, achevé en 1809, mais qui fut dénaturé en 1887.
En 1973, la firme Noack a restauré ce petit orgue qui compte 6 jeux.
Excellente interprétation de cette toccata de « l'Orphée d'Amsterdam » !

Scelsi : Hymnos - Juan Pablo Izquierdo, Carnegie Mellon Philharmonic

Penderecki : Symphonie N°3 - Antoni Wit, Polish national orchestra

Weinberg : Quatuor n°5 - Quatuor Danel

--> Pas convaincu par ce que j'ai écouté jusqu'ici des quatuors de Weinberg. De beaux moments, mais j'ai l'impression dans ce n°5 d'entendre une succession de solos accompagnés; je trouve ça assez frustrant en fait en terme d'écriture pour quatuor. Les meilleurs moments sonnent vraiment comme du Chostakovitch copie conforme (même si je ne réduis pas l'ensemble de l'œuvre à ça). Par ailleurs Le son des Danel - ou/et la prise de son - est assez grisâtre.

Schoenberg : Concerto pour piano (Helffer/Gielen)

Emeryck a écrit:

Philippe Manoury : Saccades pour flûte et orchestre        2017-18 / Pahud, Gürzenich Orchester Köln (Roth)

Emi est enfin guéri !

Kurtág: Messages de feu demoiselle R.V. Troussava, 21 poèmes de Rimma Dalos op. 17 (Adrienne Csengery, soprano, Marta Fabian, cymbalum, Ensemble InterContemporain, Boulez).

Birtwistle: ...agm..., pour 16 voix et 3 groupes instrumentaux (Choeur John Alldis, Ensemble InterContemporain, Boulez).

Grisey: Modulations (Ensemble InterContemporain, Boulez).

Le disque vaut surtout pour le cycle de mélodies de Kurtág, qui, par son usage du Sprechgesang, rappelle le Pierrot lunaire ; mais j’ai hélas trouvé le timbre de la soprano Adrienne Csengery assez ingrat. La pièce de Birtwistle m’a pour sa part laissé complètement froid. Pour tout dire, j'ai trouvé ça assez moche. Quant à la pièce de Grisey, extraite des Espaces acoustiques, elle ne dépasse pas son propos expérimental. C’est juste un exercice de style spectral sans grand contenu. Mais peut-être le compositeur n’y recherchait-il pas davantage …

Schoenberg : Concerto pour violon (Marschner/Gielen)

Version raide et lourde, comme empesée.

Ma première déception Gielen dans Schoenberg...

Martinu : 4e symphonie, Turnovsky/CPO

Un chef-d'œuvre, et une interprétation à l'avenant.

arnaud bellemontagne a écrit:

Schoenberg : Concerto pour violon (Marschner/Gielen)
Version raide et lourde, comme empesée.
Ma première déception Gielen dans Schoenberg...

Si tu ne la connais pas déjà, il faut absolument que tu écoutes la version Kolja Blacher / Markus Stenz / Gürzenich (chez Oehms): moi qui ne raffole pas de ce concerto, j'avais trouvé ça tout à fait électrisant!

Horatio a écrit:

Martinu : 4e symphonie, Turnovsky/CPO
Un chef-d'œuvre, et une interprétation à l'avenant.

Oui, non seulement une grande réussite, mais aussi une façon complètement singulière de concevoir le langage de la symphonie. Cette version serait encore mieux que Weller / National de Belgique?

4) Ludwig Senfl (c.1486-1543) :

Mollis inertia cum tantam diffuderit imis
Non usitata nec tenui ferar
Petti, nihil me sicut antea juvat

= Paul Van Nevel, Huelgas Ensemble

(Harmonia Mundi, décembre 2000)

Illustration musicale tirée des Odes et Épodes du poète latin Horace.

Moeran - Trio pour piano
Joachim Piano Trio

Beaucoup moins connu que son œuvre symphonique (qui n’est déjà pas jouée très souvent), ce trio mérite pourtant d’être écouté. Selon moi, il s’agit des pages les plus intéressantes de sa musique de chambre (on fait vite le tour, certes, car peu d’opus).
Les interprètes sont solides à défaut d’être particulièrement enthousiasmants. L’œuvre fait penser à quelque chose entre des couleurs françaises, scandinaves, et Dvorak (notamment le dernier mouvement).
C’est peu audacieux, mais plutôt efficace. Ça retient plus l’attention que les quatuors, dans tous les cas.

Scharwenka - Concerto pour piano no.2
Markovich, Järvi, Estonian

Les concertos de Chopin, mais en mieux, et avec quelques années de retard.

5) Giorgio Mainerio (c.1535-1582) :

Pass'e mezzo della Paganina
Ballo francese
La Lavandara
L'Arbolesco balle furlano
La Zanetta
Pass'e mezzo moderno
Ballo anglese
Schiarazula Marazula
Ongarescha
Tedescha

= David Munrow, Early Music Consort of London

(Emi, novembre 1975)

Aujourd’hui, que du bonheur:

• Vaughan Williams: Pastoral Symphony (Symphonie nº3):

Sarah Fox (soprano), Sir Mark Elder / Hallé
Manchester, IX.2013
Hallé

Que cette symphonie est belle, décidément! Une très belle lecture (magnifiquement captée), à la fois très intense dans l’expression et très détaillée, avec des couleurs et des textures qui exaltent ce que le «pastoralisme» vaughan-williamsien doit en fait à Debussy.

• LULLY: Isis: Prologue:

Bénédicte Tauran (La Renommée, Melpomène), Ève-Maud Hubeaux (Thalie), Ambroisine Bré (Calliope), Cyril Auvity (Apollon, 1ᵉʳ Triton), Fabien Hyon (2ᵉ Triton), Philippe Esthèphe (Neptune), Christophe Rousset / Les Talens Lyriques, Chœur de chambre de Namur / Leonardo García Alarcón & Thibaut Lenaerts
Paris, VII.2019
Aparté

Rien que le Prologue - et c’est déjà totalement électrisant! Je crois n’avoir jamais entendu Rousset et les Talens Lyriques aussi bondissants, contrastés et tendus - et avec toujours ces couleurs et ces textures somptueuses! Et puis les chanteurs sont totalement exaltants - déclamation intense, timbres typés et un engagement incroyable (mention spéciale pour deux de mes chouchous de longue date: Bénédicte Tauran et Cyril Auvity.)

• Hahn: Chansons grises:

Tassis Christoyannis (baryton), Jeff Cohen (piano)
Venise, XI.2018 & I-II.2019
Palazzetto Bru Zane

J’aime les Verlaine de Reynaldo Hahn depuis très, très longtemps; l’entendre ainsi avec la sobre mais chaleureuse éloquence de Christoyannis et le piano magnifique de couleurs et d’élan de Cohen, c’est indicible (avec un effet «petite madeleine» qui me met au bord des larmes)...

à propos de Hahn : pour c'était pas mal de découvertes … mais je trouve ça génial !

Son Korngold et son Bartok I m'avaient séduit. Je découvre ici la remarquable fantaisie D934. Le pianiste, Michail Lifits, l'accompagne magnifiquement. C'est virtuose sans être emphatique, enlevé mais délicat. La captation, peut être un peu trop dans les basses du piano, est cependant aérée.
J'adore ce disque.

Rihm: Quatuors à cordes n° 1, 2, 3 et 4 (Minguet Quartett).

J’ai en général, et sauf exceptions, assez bien de mal avec l’écriture pour quatuor à cordes des tenants ou des héritiers plus ou moins fidèles de l’«école» de Darmstadt. La discontinuité, les sauts incessants de registre, les glissandi à gogo, les raclements de corde, les « bruits » divers et la hantise de tout ce qui pourrait rappeler l’écriture traditionnelle pour la formation ont le plus souvent rapidement raison de ma patience et de mes oreilles. Ma surprise a été d’autant plus heureuse à l’écoute de ces quatuors de Rihm. J’y allais à reculons mais force m’est de reconnaître que j’ai été fort séduit. Sans rien céder à la facilité ni à une quelconque tendance néo, le compositeur arrive à renouer avec la tradition en assurant une réelle continuité et une vraie direction à son écriture. Et il y a dans sa manière de gérer le dramatisme comme un souvenir de la geste beethovenienne (surtout les 3ème et 4ème). Le propos est en tout cas tout à fait intelligible et, même si l’écoute est exigeante, on a d’emblée le sentiment que la répétition de celle-ci permettra d’intérioriser les oeuvres. Une belle découverte à laquelle je reviendrai certainement.

Ah, moi je trouve que le musique de chambre de Rihm est justement la part la plus aride de son répertoire, et concentre pas mal des défauts des écoles contre lesquelles il s'inscrit – en tout cas, malgré mes sincères efforts répétés, je n'y comprends rien. C'est mieux par les Minguet que par les Arditti, assurément, mais le problème n'est pas résolu pour moi.

J'avoue que dans le domaine du quatuor, j'ai besoin d'un discours lisible, et il y a peu de choses récentes qui m'ont convaincu, hors de celles qui renouent avec la tradition (qui ne sont pas néo- pour autant, mais au moins assez tonale) : Boutry (dans la lignée de Ravel, il était de l'ancienne génération), Dessy (avec un violoncelle qui mène le discours !), Escaich (Scènes de Bal sur des carrures de danse, le disque vient de sortir !)…

Domaine de l'abbaye de Klosterneuburg (Autriche)


6) Hans Leo Hassler (1564-1612) :

Introitus du quatrième ton

= Joseph Kelemen, orgue Freundt de l'abbaye de Klosterneuburg

(Oehms, août 2014)

Un des plus prestigieux instruments baroques d'Autriche, qui préserve plus de deux tiers des tuyaux d'origine (35 jeux),
installés par Johann Freundt en 1642 en cette abbaye d'Augustins sise au nord de Vienne.
Les Cymbl et Mixtur (dont celle du Hauptwerk, 14 rangs !) ont été refaites en 1950 -la rénovation de 1990 s'est plutôt consacrée aux anches.
Un orgue similaire à celui que Hassler avait supervisé pour la Schlosskapelle de Dresde, construit par Gottfried Fritzsche en 1610-12.
Et dont les différents claviers permettent ces effets polychoraux que le compositeur avait appris lors de son séjour à Venise.
Kelemen alterne ici les effets de masse (plein-jeu en 16' hérité du Blockwerk de la Renaissance) avec des apartés solistes sur le Rückpositiv,
et aussi sur le positif de poitrine, comme à la mesure 114 (8'23) où l'on se délecte du croustillant mélange Regal-Colpflöten-Spitzflöten.
Durant un quart d'heure, le déploiement à tiroir de ces volumes et textures démultiplie les perspectives de cette pièce édifiante et hypnotique.

DavidLeMarrec a écrit:

Escaich (Scènes de Bal sur des carrures de danse, le disque vient de sortir !)…

Il y a aussi une version du quatuor Ludwig dans le CD consacré à sa musique de chambre nommé "Chorus" datant de 2004.

Rihm: Two Other Movements (2004) (Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Norrington).

Rihm: Abkehr (1985) (Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Christian Arming).

Rihm: Schattenstück. Tongemälde für Orchester (1982-1984) (Radio-Sinfonieorchester Stuttgart des SWR, Christian Arming).

Alors là, quelle surprise    ! Je savais, pour l’avoir lu, que Rihm pratiquait un pluralisme stylistique assez décoiffant, mais je n’imaginais pas que j’allais être décoiffé à ce point là   . Si le nom du compositeur n’avait figuré sur le CD, jamais je n’aurais imaginé qu’il puisse s’agir du même coupable que celui des quatuors commentés ci-dessus. Et David a raison, c’est infiniment moins aride que les quatuors… Rihm se raccroche ici avec un naturel confondant à une tradition post-romantique, issue de la seconde école de Vienne et de Mahler, mais qui n’aurait jamais été interrompue :  cela ne sonne jamais « néo » tant on a le sentiment que le compositeur se situe naturellement dans le prolongement de la tradition. Two Other Movements (2004) m’a fait plutôt songer à Berg dont Rihm prolonge et développe l’écriture lyrique, hyperexpressive et librement atonale. On pense aux trois Pièces pour orchestre op. 6, mais avec un sens du développement qui rappelle plutôt les symphonies ultimes de Mahler. Abkehr (1985) est un hommage direct à ce dernier. La pièce est atonale, avec d’ailleurs une écriture plus éclatée que la précédente, mais elle fourmille de citations très brèves et habillement dissimulées des Neuvième et Dixième symphonies. Schattenstück (1982-1984) se présente comme une tentative de transposition musicale des techniques de peinture du peintre danois Per Kirkeby et participe du même expressionnisme post-romantique. Tant Norrington qu'Arming me semblent impeccables à la tête d'un orchestre de Stuttgart très discipliné.
J’aime vraiment beaucoup tout cela. J’avais, il y a bien longtemps (début des années 90), distraitement écouté l’une ou l’autre pièces de Rihm qui m’avaient séduit, mais je n’avais jamais approfondi. Je suis bien décidé à réparer cela …

Beethoven

Rémi Geniet, piano

Sonate n°2 opus 2 n°2
Sonate n°9 opus 14 n°1
Sonate n°14 opus 27 n°2
Sonate n°31 opus 110

• Liatochynsky: Symphonie nº3 en si mineur, op. 50 «La Paix vaincra la Guerre» (1951):

Kirill Karabits / Bournemouth Symphony Orchestra
Poole, V.2018
Chandos

Pas absolument convaincu, mais au moins cet enregistrement de Karabits donne envie de réessayer (à la différence de celui de Kuchar.) Voir ici.

7) Jacob Praetorius (1586-1651) :

Veni in hortum meum
Surge propera
Sponse musarum
Indica mihi
Vidi speciosa
Quis novus hic oritur
Quam pulchra es
Forti animo esto

Susanne Rydén, soprano
Martin Post, Harry Geraerts, ténor
Rein de Vries, basse
Eva Maria Röll, violon
William Dongois, cornet
Yuji Fujimoto, Henning Plumeyer, trombone
Thomas Ihlenfeldt, chitarrone
Jörg Jacobi, orgue
Manfred Cordes, direction

(CPO, août 1995)

On connaissait surtout ce Praetorius, rejeton d'une illustre famille de musiciens d'Allemagne du Nord, pour son œuvre d'orgue,
un instrument auquel il s'était formé auprès de Sweelinck à Amsterdam, avant de tenir la tribune de la Petrikirche de Hambourg pendant un demi-siècle.
Cet album a exhumé des pièces vocales, en l'occurrence des motets de mariage, écrits pour des proches et des notables de la ville, tirés du Cantique des Cantiques,
du Livre de Tobit, et d'auteurs anonymes.
Le style s'inspire des techniques de la Renaissance, apprises avec son père Hyeronymus, mais aussi du madrigal italien.
Selon une pratique autorisée par l'Ordonnance de 1607 qui réglementait les cérémonies nuptiales, le chant s'accompagne ici d'instruments à vent et à cordes,
qui tiennent aussi un rôle soliste dans ces polyphonies réparties entre 5 à 8 voix.
Excellente interprétation pour ces pages qui connurent là leur premier enregistrement.

Bach: Matthäus-Passion BWV 244 (Bostridge, Selig, Rubens, Scholl, Gura, Henschel, Collegium Vocale Gent, Herreweghe) .

Hahn : Intégrale des mélodies - CD 2 (Christoyannis / Cohen)
Sibelius : Symphonie n°1 (Rouvali)
Koechlin : Quintette pour piano et cordes (Syntonia)

La 1° de Sibelius se bonifie encore à la réécoute, c'est assez exaltant.

Honegger : Symphonies, Orchestre de la Suisse Romande/Fabio Luisi

Une éternité que je n'avais pas écouté ces symphonies d'Honegger, qui ne m'avaient pas énormément marqué à l'époque. J'ai bien fait de me replonger dedans, c'est quand même vraiment de la très bonne musique, je ne me souvenais pas de ce côté très rythmique dans les mouvements rapides (un peu comme dans le premier mouvement de la troisième de Roussel, tiens).

8.) Francisco Guerrero (1528-1599) :

Ave Maria
Alma redemptoris Mater
Beara Dei genitrix, Maria
Pater noster
O Domine Jesu Christe
O Sacrum convivium
O laudate Dominum de caelis
Gabriel archangelus
Ave, Virgo sanctissima
Salve Regina
Regina coeli
O altitudo divitiarum
Trahe me post te, Virgo Maria
Duo seraphim
Ave Maria

= Jordi Savall, La Capella Reial de Catalunya, Hespèrion XX

(Astrée, mars 1992)

Nektarios Chargeishvili (1937-1971)
Symphonie pour grand orchestre (1967-70)
Orchestre inconnu
Alexander Dmitriev, direction
Enregistrement live de la première mondiale à la Grande Salle du Conservatoire de Moscou en 1990



/watch?v=_yFBYRdy2T8

Анастасия231 a écrit:

Nektarios Chargeishvili

Chargé au nectar, en somme... tout un programme! (Comme c'est un Géorgien, j'imagine que le nectar en question doit être un tchatcha maison qui titre à plus de 60°...)

9) Thomas Tallis (1505-1585) :

Missa Salve intermerata Virgo

= George Guest, Chœur du St John's College de Cambridge

(ASV, 1981)

Benedictus a écrit:

Анастасия231 a écrit:

Nektarios Chargeishvili

Chargé au nectar, en somme... tout un programme! (Comme c'est un Géorgien, j'imagine que le nectar en question doit être un tchatcha maison qui titre à plus de 60°...)

Je ne te le fais pas dire ! Et plus encore quand la partition défile.

Bruckner Symphonie n°9    Wiener Philharmoniker , Carlo Maria Giulini  

Søren Nils Eichberg (b.1973) : Symphonie n°2 * / Morpheus ** - Danish National Symphony Orchestra, *Christoph Poppen, **Joshua Weilerstein

J'aime beaucoup ce que j'entends là, particulièrement la symphonie que j'ai adorée. Une très belle découverte.

Iskender a écrit:

Søren Nils Eichberg (b.1973) : Symphonie n°2 * / Morpheus ** - Danish National Symphony Orchestra, *Christoph Poppen, **Joshua Weilerstein

J'aime beaucoup ce que j'entends là, particulièrement la symphonie que j'ai adorée. Une très belle découverte.

Oui !  j'aime bien , moderne et écoutable , mais je doute qu'un Benedictus par exemple puisse apprécier cette symphonie (peut-être les symphonies 1 et 2 plus moderne ), le coté hybride  atonal bruitiste / tonal presque très musique de films de la 3eme symphonie  pourrait gêner   )

Plein de belles choses ce weekend !

Schumann - Liederkreis, op.24
Ove Andsnes, Goerne

Chopin - Krakowiak, op.14
Davidovich, Mariner/LSO

Liszt - Grand duo concertant
Kodaly - Epigrammak
Miklos & Judith Szenthelyi

Maigre legs chambriste de Liszt. Pas inintéressant.
Le Kodaly est très juste et beau.


Delius - Sonates pour violon
Stanzeleit, Fenyo

Un peu inégal.

greg skywalker a écrit:

Iskender a écrit:

Søren Nils Eichberg (b.1973) : Symphonie n°2 * / Morpheus ** - Danish National Symphony Orchestra, *Christoph Poppen, **Joshua Weilerstein

J'aime beaucoup ce que j'entends là, particulièrement la symphonie que j'ai adorée. Une très belle découverte.

Oui !  j'aime bien , moderne et écoutable , mais je doute qu'un Benedictus par exemple puisse apprécier cette symphonie (peut-être les symphonies 1 et 2 plus moderne ), le coté hybride  atonal bruitiste / tonal presque très musique de films de la 3eme symphonie  pourrait gêner   )

Jusqu'ici je trouve justement que c'est plutôt néo-tonal mais avec de la modernité (atonalité et bruitisme comme tu dis) et une vraie signature, et que ça ne tombe pas dans l'easy-listening musique de film d'un Kevin Putts (avec qui je ne boude pas mon plaisir néanmoins). Peut-être parce que je n'ai pas écouté la 3è.