PP - OP Xu Zhong Angelich - Ravel-Rachmaninov - 06/11/2019

Orchestre de Paris / XU Zhong
Nicholas Angelich - Ravel, Rachmaninov

Maurice Ravel
Alborada del gracioso
Serge Rachmaninov
Rhapsodie sur un thème de Paganini
Maurice Ravel
Rapsodie espagnole
Boléro

Un magnifique concert auquel j'ai failli avoir la flemme d'aller !

Jamais entendu parler de ce chef, qui apparemment est pourtant une star. J'y allais principalement pour entendre la rhapsodie par Angelich que j'aime beaucoup.

Alborada del gracioso : l'interprétation de ce soir était très découpée, limite scientifique. Sûrement très intéressante pour ceux qui connaissent bien l’œuvre (ce qui n'est pas forcément mon cas). Le morceau reste tout de même plein de couleurs, de variations, avec des scintillements qui font comprendre en deux ou trois mesures que c'est bien du Ravel. Sept percussionnistes, ça envoie !

Rhapsodie : magnifique ! Bien menée, avec les variations très typées. Il faut dire que j'étais parfaitement placé pour bien entendre le piano. J'ai adoré !
Rappel : une scène d'enfant de Schumann.

Rapsodie espagnole : le morceau que je connaissais le moins. J'ai beaucoup aimé, encore une fois, les couleurs, l'ambiance, la force évocatrice de cette musique. Visiblement, l'orchestre prenait également du plaisir à jouer.

Boléro : si à chaque fois, je me dis qu'on l'a tellement entendu qu'on ne peut plu être surpris, je dois bien avouer qu'il me "choppe" à chaque fois. Mais, ce soir-là, c'était vraiment particulier. Démarré en trombes (j'ai même surpris un petit échange entre les percussionnistes se faisant signe que ça commençait très vite...), le chef a quasiment cessé de diriger au bout de quelques minutes, juste un petit geste d'épaules aux changements de phrases, avec même parfois le rythme marqué par des haussements de sourcils... Et pourtant, une impressionnante maîtrise du lent crescendo. Pour une fois, les musiciens étaient TOUS particulièrement enthousiastes, le faisaient savoir. Quel bonheur de les voir tous avec un immense sourire, donnant leur maximum, pour mener ce morceau à son climax impressionnant.

Public lui aussi très enthousiaste ! Ce chef dégage vraiment beaucoup de charisme : ses regards noirs sont à la fois puissants, évocateurs et bienveillants. Une personnalité à découvrir !

Tant mieux !

Ca me surprend, parce que je l'ai entendu il y a quelques mois dans Rachma et j'avais trouvé ça tout à faite détestable.
Je suis surpris qu'il ait les moyens pour jouer les Paganini en live, pour tout dire !

Tu parles d'Angelich, là?
Non parce que c'est quand même quelqu'un qui peut te jouer les Regards de Messiaen les doigts dans le nez...

Ben. a écrit:

je l'ai entendu il y a quelques mois dans Rachma et j'avais trouvé ça tout à faite détestable.

Oui, mais ça, ce n'est peut-être pas la faute du pianiste...

Xavier a écrit:

Tu parles d'Angelich, là?
Non parce que c'est quand même quelqu'un qui peut te jouer les Regards de Messiaen les doigts dans le nez...

Oui, et surtout c'est un pianiste extraordinaire (après, Rachma, ce n'est peut-être pas vraiment son truc, ce qui serait tout à son honneur)...

Voilà, on peut tout à fait discuter de l'interprétation, mais qu'il n'ait pas les moyens, ça m'étonnerait plus qu'un peu.

A vrai dire, je l’écoute assez peu, voire pas du tout, exception des concerts où je l’ai entendu parce que le´programme m’intéressait.
C’était peut être un mauvais soir, mais même techniquement, je l’avais trouvé un peu timide.
Mais dans l’ensemble, il ne m’a jamais ébouriffé par sa virtuosité. C’est propre, oui, mais pas virtuose.

J'étais justement surpris de constater, qu'années après années, même s'il se dégradait franchement physiquement, son jeu gardait toujours la même maîtrise et la même puissance.

Ben. a écrit:

A vrai dire, je l’écoute assez peu, voire pas du tout, exception des concerts où je l’ai entendu parce que le´programme m’intéressait.
C’était peut être un mauvais soir, mais même techniquement, je l’avais trouvé un peu timide.
Mais dans l’ensemble, il ne m’a jamais ébouriffé par sa virtuosité. C’est propre, oui, mais pas virtuose.

Pour moi, c'est un grand pianiste, pas un virtuose, il n'en rajoute pas, il ne fait pas du virtuose gratuit. (et tant mieux, quel intérêt?)

Xavier a écrit:

Ben. a écrit:

A vrai dire, je l’écoute assez peu, voire pas du tout, exception des concerts où je l’ai entendu parce que le´programme m’intéressait.
C’était peut être un mauvais soir, mais même techniquement, je l’avais trouvé un peu timide.
Mais dans l’ensemble, il ne m’a jamais ébouriffé par sa virtuosité. C’est propre, oui, mais pas virtuose.

Pour moi, c'est un grand pianiste, pas un virtuose, il n'en rajoute pas, il ne fait pas du virtuose gratuit. (et tant mieux, quel intérêt?)

Bien entendu. Je ne suis pas particulièrement excité par la virtuosité pure. Ce que je voulais dire, c’est que sur les cinq ou six fois où je l’ai entendu en live, je n’ai jamais trouvé ça « facile », mais plutôt très concentré, parfois très neutre, comme s’il appréhendait les traits de virtuosité ou qu’il se retenait.
Je parle d’un sentiment. Il est peut être excellent techniquement, en tout cas ça ne m’a jamais sauté aux oreilles.

Et dans Rachmaninov en live, ça avait été très moyen. Un peu figé et très crispé. D’où mes interrogations sur ses moyens !

Ben. a écrit:

A vrai dire, je l’écoute assez peu, voire pas du tout, exception des concerts où je l’ai entendu parce que le´programme m’intéressait.
C’était peut être un mauvais soir, mais même techniquement, je l’avais trouvé un peu timide.
Mais dans l’ensemble, il ne m’a jamais ébouriffé par sa virtuosité. C’est propre, oui, mais pas virtuose.

Ah, mais Angelich est toujours comme ça, peu expansif, parfois un peu gris (dans Rachmaninov, ça ne fait clairement pas très envie pour moi). En revanche techniquement, s'il paraît toujours un peu modeste, on s'aperçoit que dès que la virtuosité augmente, ça ne lui pose aucun problème… gros gros potentiel, qui se pare de pudeur.

Rien à ajouter, c'est exactement ça. (Et j'espère avoir l'occasion de le réentendre dans Brahms...)